REESEN 12 - 01/2024 - FR

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N°12 01/24

LE MAGA ZINE LUXEMBOURGEOIS D E S S AV E U R S & D E S V O YA G E S

E X TA S E C U LT U R E L L E

BALI : LORS DE LA FÊTE DE GALUNGAN, DANSE ET TRADITIONS SE REJOIGNENT

L’ Î L E A U X D R A G O N S

L’ É V O L U T I O N DE KOMODO : DU VILL AGE DE PÊCHEURS À L’ A T T R A C T I O N TOURISTIQUE

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É D I TO R IAL

Horizons culinaires Bienvenue dans la toute nouvelle mouture du magazine REESEN ! Dans notre numéro de février, vous allez assister à une métamorphose importante de REESEN visant à le rapprocher de l’esthétique et de l’éthique de KACHEN, notre magazine phare. Cette évolution est plus qu’une harmonisation visuelle ; elle est la promesse de la qualité et de la fiabilité que vous êtes en droit d’attendre de notre marque. Dans ce numéro, nous avons opté pour une nouvelle approche passionnante, véritable symbiose entre l’univers du voyage et la culture de la gastronomie. Nous vous invitons à parcourir avec nous ces pages riches en récits, de destinations exotiques en aventures culinaires. Chaque article, chaque photographie, chaque recette a été choisi avec soin non seulement pour vous offrir un aperçu de la diversité des cultures du monde, mais aussi pour titiller vos papilles et vous donner envie de voyager. Ce numéro marque un tournant à l’issue duquel REESEN entend poursuivre

sa mue tant sur le plan de l’apparence que du contenu. Nous avons choisi d’emprunter des chemins innovants à la croisée du voyage et de la gastronomie en laissant nos journalistes vous faire part de leurs expériences à la fois universelles et particulièrement intimes. À travers notre magazine, outre de belles lectures, nous aspirons à vous proposer un voyage sous le signe de la découverte afin d’élargir vos horizons et de nourrir votre passion pour l’esthétisme et les plaisirs culinaires. En véritables épicuriens de cœur, nos lecteurs nous ont motivés à associer gastronomie et voyage. Nous vous remercions pour votre fidélité et votre confiance dans cette fabuleuse aventure. En lisant cette édition, nous espérons que vous trouverez l’inspiration et prendrez du plaisir, et nous vous invitons à rejoindre notre communauté d’amateurs de voyage et de gastronomie en pleine expansion. Un numéro à savourer avec tous vos sens !

Bibi Wintersdorf Rédactrice en chef & directrice de publication

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S O M MAI R E


S O M MAI R E

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LIVRES LU X E M B O U R G TO U R I S M E D U R A B L E VOYAG E C U LT U R E L LA H A U T E - S AVO I E

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Le Travel book 2 Le monde de A à Z

100 Pépites pour découvrir la France

Les 101 merveilles du monde

De l’Afghanistan au Zimbabwe, en passant par l’Éthiopie, le Honduras ou le Vatican, partez à la découverte de la diversité du monde. Richement illustré, cet ouvrage donne les informations essentielles pour chaque destination (la période la plus favorable pour votre visite, les sites incontournables, les expériences uniques à vivre), complétées par des suggestions de lectures, de films, de musiques ou encore de cuisine. Il ne vous reste plus qu’à faire votre choix parmi les 200 pays présentés !

Le compte Instagram Les Pépites de France dévoile sa sélection des 100 lieux les plus photogéniques de l’Hexagone. De la baie du Mont-Saint-Michel au massif du Vercors, du château du HautKoenigsbourg au cirque de Gavarnie, des plages de Corse aux ruelles de Colmar, ce compte Instagram Les Pépites de France recense les plus beaux endroits d’un pays qui n’est pas avare en la matière. En voici les 100 joyaux, soigneusement sélectionnés et présentés, dans lesquels piocher vos prochaines idées de balade, de week-end... ou de vacances.

Les trésors de la planète à la portée de tous les voyageurs un livre pour rêver et surtout pour imaginer ses prochains voyages ! À la manière des Grecs anciens, Lonely Planet a dressé sa liste des Merveilles du Monde. Notre connaissance de la planète étant bien plus large qu’à l’époque antique, cette liste comporte 101 lieux et non 7. Elle couvre tous les continents et inclut nombre de sites naturels et de créations humaines. En plus de photos superbes, ce livre vous donne les éléments de base pour envisager un voyage vers chacun de ces sites, quel que soit votre budget : point d’accès le plus proche, hébergement et restauration. Et pour prolonger l’expérience une fois sur place, des suggestions d’itinéraires sont proposées.

432 pages Lonely Planet ISBN 978-2816198843

223 pages Grund ISBN 978-2324030802

368 pages Lonely Planet ISBN 978-2816183375

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LES SAVEURS DU LUXEMBOURG R ECE T TES , TENDANCES CULINAIR ES , LIFEST YLE & PLUS

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S O U T H T R E N DY

La créativité se reflète également dans le design cool.

EN HAUT

© Schräinerei

EN BAS Dans la Schräinerei, vous pouvez également savourer une délicieuse Pitsa (avec un « s » !).

© Schräinerei

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S O U T H T R E N DY

La gastronomie de l’univers industriel du sud du Luxembourg Texte Nikki Bonnal

Au début, les enfants pris de pitié pour leurs parents les traînaient encore au 1535° creative hub à Differdange pour leur montrer un peu ce qu’il s’y passait et leur faire remarquer d’un air ennuyé que l’on pouvait y manger un bon repas ou y savourer un cocktail.

La brasserie Schräinerei, qui se trouvait auparavant dans l’ancienne menuiserie d’ARBED, est aujourd’hui connue de tous et n’a pratiquement plus rien de confidentiel. Elle est d’ailleurs gérée par Concept & Partners, une équipe de professionnels qui chapeaute aussi notamment Hitch, Naga, Barrels ou encore Parc Le’h. L’ensemble du site de 1535° propose aux jeunes entrepreneurs du domaine créatif de louer des espaces de travail à des prix abordables et offre des infrastructures communautaires. L’univers de la création est donc mis à l’honneur dans un décor industriel : quoi de plus propice pour un restaurant interne doté d’une petite scène où organiser des évènements culturels ? Que diriez-vous de savourer un plat traditionnel luxembourgeois ? Judd mat Gaardebounen, Feierstengszalot, Kniddele mat Wäinzoossiss, Ierbsebulli mat Paangecher… ou bien peut-être vous laisserez-vous séduire par

une Véritable Fondue Savoyarde, une Pitsa (prononcer « ts » !) ou un Chicken Bowl ? On s’en lèche déjà les babines ! La brasserie Schräinerei est aussi une excellente adresse pour déguster un brunch dominical avec toute la famille ! Good beer makes good people Les bons plans de Gabriel à Luxembourg ne sont plus des secrets depuis longtemps : Bazaar, Urban, Paname ou Amore sont devenus des institutions et font partie intégrante de l’univers des bars et des restaurants de la capitale. N’oublions pas KANTIN, le petit nouveau : ce restaurant tendance situé dans le quartier NeiSchmelz de l’ancienne zone industrielle de Dudelange possède sa propre microbrasserie, dispose d’un bar et d’un lieu dédié à l’évènementiel, il est en excellente voie pour devenir lui aussi une référence ! L’équipe de Gabriel Boisante est composée de Ray Hickey, du

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S O U T H T R E N DY

brasseur Joël Back, d’Alison Adams ainsi que d’Andy Schleck, le champion cycliste. Nous avons pu pleinement profiter du restaurant KANTIN l’été dernier en savourant une pils de Dudelange fraîchement tirée sur la magnifique terrasse ensoleillée place Thierry Van Werveke, avec vue sur le sculptural château d’eau. On est ici à la croisée de l’histoire industrielle, d’une culture authentique et vivante et d’une gastronomie locale et moderne. Le mélange est réussi ! Les plats proposés sont aussi divers que les clients : le restaurant KANTIN séduira aussi bien les amateurs de viande (mon coup de cœur absolu : les succulents Sticky Lët’z Kola Ribs) que les amoureux de salade, les végétariens ou les aficionados de cuisine fusion grâce à sa carte aux spécialités du monde entier. Un petit conseil : jetez donc un œil au bar à houmous sur la carte et craquez pour De Laangen Tour(m) — idéalement à partager. Mais ce n’est pas tout : KANTIN, c’est aussi une carte de boissons et de bières sans pareille, une carte des desserts avec un cheesecake divin et un service aux petits soins. Que demander de plus ? Le Schmelz est l’une des dernières nouveautés du quartier d’Esch-Belval, au sud du pays. Schmelz reloaded Sur le chemin du restaurant, on est déjà ébloui : on passe pratiquement sous les hauts fourneaux dans un bâtiment industriel classé monument historique, juste à côté de l’université. Le propriétaire est le Fonds Belval, qui a loué les bâtiments au dynamique Paul Meyer, lequel gère également Coyote, un restaurant tex-mex.

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S O U T H © KANTIN

T R E N DY

La carte peut ravir aussi bien les amateurs de viande que les végétariens ou les adeptes d’une cuisine fusion originale.

À GAUCHE

À DROITE La cuisine authentique et contemporaine s’accorde parfaitement avec la bière Pils de Dudelange.

© KANTIN

EN BAS Kantin est un un bar et un restaurant cool.

© KANTIN

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S O U T H T R E N DY

Situé à proximité immédiate des hauts fourneaux, le branché Schmelz.

EN HAUT

© Schmelz

L’intérieur séduit par un mélange réussi de design et de couleurs.

À GAUCHE

© Schmelz

À DROITE Schmelz est synonyme de spécialités luxembourgeoises et de bons vins.

© Schmelz

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S O U T H T R E N DY Paul Meyer affirme avoir travaillé sur le projet Schmelz pendant plus de trois ans, le résultat témoigne de ses efforts ! Le chef de cuisine est Ibrahim Jashari, un des partenaires du projet. Enfin, jovial et détendu, Dan Vinkowski accueille les clients, qu’il connaît tous. L’environnement intérieur du bâtiment à deux étages n’a rien à envier à l’imposant cadre extérieur : le haut fourneau rougeoyant témoigne avec style de l’histoire des lieux et les anciens puits en acier côtoient le béton et le bois. Ici, pas de hamburger, mais de nombreux plats luxembourgeois : Gromperekichelcher, choucroute, träipen ou bouneschlupp, comme en faisaient nos grand-mères. La comparaison avec nos aïeux s’arrête là, car l’établissement propose aussi un espace lounge et bistrot décontracté, un bar à vin éclairé au premier étage et une nouvelle piste de danse pour des fêtes sensationnelles. C’est grâce à tous ces éléments que le Schmelz est devenu en un temps record et sans grande publicité un des incontournables les plus innovants dans le sud du pays ! Luxembourg: WE’RE IN! Ce ne sont là que trois exemples d’établissements originaux qui ne cessent de se multiplier et que nous n’avions pu jusque-là expérimenter que lors de nos sorties en ville à l’étranger. Anciennes usines, ex-fonderies, bâtiments industriels ou hangars abandonnés : ils sont nombreux à avoir retrouvé une seconde vie rayonnante après avoir été transformés en restaurants, lieux culturels et artistiques, bars ou salons. C’est justement ce que nous sommes nous aussi parvenus brillamment à faire au Luxembourg, et nous avons de quoi en être très fiers !

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D U RAB I L I T É

Voyager à l’ère du changement climatique Texte Joscha Remus

Il existe aujourd’hui de nombreuses possibilités de voyager de façon respectueuse de l’environnement, mais les propositions sont souvent déroutantes. Lorsque l’on planifie des vacances, peu d’éléments influent sur le caractère durable et écologique d’un voyage.

Dans le cadre d’un entretien accordé à Radio Brandenburg et en ma qualité d’auteur de récits de voyage, j’ai récemment dû aborder le thème Voyager à l’ère du Pyrocène, c’est-à-dire voyager à l’ère du feu et du réchauffement climatique. Certes, il s’agit là d’un sujet quelque peu brûlant et explosif. Mais même en plein Berlin, les forêts en flamme ont inquiété les amateurs de voyage. Voici donc quelques conseils réalistes, loin de toute mascarade écologique. Trajets courts et staycation Si vous souhaitez voyager en tenant compte du bilan environnemental et climatique désastreux des dernières années, il vous faut éviter les longs trajets. Sélectionner uniquement des vols directs lors de la planification de vos vacances permet déjà une baisse considérable de la consommation de CO2. En effet, la consommation en kérosène augmente fortement en cas d’escale. L’autre possibilité est de découvrir, tout simplement, la région environnante. Cette nouvelle tendance porte un nom, le staycation, et consiste à partir en vacances près de chez soi. Mieux vaut un seul long trajet… Bien sûr, rester chez soi ne suffit pas à régler tous les problèmes environnementaux de la planète. Si vous aimez partir en vacances dans des destinations lointaines, n’ayez pas mauvaise conscience. De fait, il vaut mieux partir pour un voyage de quatre semaines minimum à Bali, à Buenos Aires ou en Nouvelle-Zélande que se rendre dans des villes européennes le temps d’un week-end tous les

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quinze jours. Cette vision du voyage est plus durable. Volontourisme Voyager durablement, c’est découvrir les dessous du tourisme et aider localement, que ce soit en soignant des animaux au Costa Rica, en retirant du plastique en mer, ou en réparant des toits en Thaïlande. Cela inclut aussi des activités comme apprendre le tressage de feuilles de palmier, offrant des perspectives uniques sur la vie locale, contrairement aux voyages ordinaires. Compenser la pollution en respectant la nature La compensation financière des vols suscite désormais des critiques. Parfois, il vaut donc mieux enfourcher son vélo ou prendre un bus longue distance, ce qui est, soit dit en passant, plus écologique que le train. Ou bien, tout simplement, partir plus souvent en randonnée, ce qui permet également de compenser un long voyage en avion. Les composantes sociales de la durabilité L’aspect social du voyage est également important. Voyager plus souvent d’égal à égal avec les hôtes signifie, si possible, réserver parfois sur place pour soutenir les familles locales et les petites maisons gérées par des particuliers plutôt que les grands groupes internationaux du secteur du tourisme. Une autre suggestion est de veiller à choisir des entreprises certifiées par des labels sociaux et écologiques qui paient leurs employés (p. ex. personnel de chambre) de manière équitable. Les labels de qualité aident à s’y retrouver.


D U RAB I L I T É

Conseils pratiques pour l’Allemagne Vous y trouverez des astuces pour faire de magnifiques voyages sans partir à des kilomètres de chez vous. katzensprung-deutschland.de

Portail recensant les hébergements écologiques certifiés, depuis les campings aux hôtels de luxe. viabono.de

Logements adaptés aux touristes à vélo. bettundbike.de

Conseils pratiques pour l’Europe & le monde Portail de réservation pour voyager de manière durable. bookitgreen.com/en

Voyager et aider devient de plus en plus populaire, comme débarrasser les plages du plastique.

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Au lieu de prendre souvent l’avion pour voyager, il suffit de prendre le vélo ou même de faire des randonnées. EN BAS

Hébergements triés sur le volet, de la tiny house au chalet au bord du lac. goodtravel.de/en

Portail certifié « atmosfair » qui s’engage pour les voyages durables. renatour.de

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C U LT U R E L V OYA G E

De Chaplin’s World à Donaldville Texte & photos Annette Frühauf

Sur les rives du lac Léman, l’œuvre de Charlie Chaplin ne cesse d’impressionner les cinéphiles. En Alsace, la ligne Maginot et le fort de Schoenenbourg rappellent une époque sombre de l’Histoire. Dans le Fichtelgebirge, Donald Duck accueille les visiteurs dans le premier musée de la bande dessinée d’Allemagne.

La localité suisse de Corsier-sur-Vevey se trouve près du lac Léman, sur la Riviera vaudoise, dans le canton du même nom. Les contreforts des Alpes donnent l’impression de plonger dans le lac, dont les rives sont bordées de palmiers verdoyants. Cette vue suffirait à elle seule à enthousiasmer les nombreux visiteurs, mais c’est le manoir de Ban qui attire principalement les touristes. Niché au milieu d’un immense parc, il fut la résidence de Charlie Chaplin jusqu’en 1977. Aujourd’hui rebaptisé Chaplin’s World, il présente l’œuvre aux multiples facettes du génie de l’humour. Soupçonné de sympathies communistes, c’est ici que l’ar-

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tiste s’est installé avec sa famille à la fin des années 1950 après l’annulation de son visa par les États-Unis. L’ancienne propriété familiale des Chaplin offre depuis 2016 la plongée la plus personnelle dans l’univers du grand comique anglais. Un aperçu intime de sa vie au bord du lac avec Oona O’Neill et leurs huit enfants. Les panneaux d’affichage et les reconstitutions racontent les promenades dans le parc, la vie quotidienne, les fêtes en famille et entre amis. Une statue grandeur nature à l’effigie de l’ancien maître de maison accueille les visiteurs. Le manoir dévoile tout un pan de la vie privée de Charlie Chaplin : on apprend notamment qu’il a


C U LT U R E L V OYA G E Charlie Chaplin avec ses caractéristiques distinctives : le chapeau melon, la canne, ses chaussures trop grandes et son pantalon bouffant.

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EN BAS Au Musée Erika Fuchs, on se sent comme faisant partie d’une bande dessinée.

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C U LT U R E L V OYA G E

À Chaplin’s World, près du lac Léman, les vieux films reprennent vie.

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EN BAS La ligne Maginot est une ligne de défense de près de 700 kilomètres le long de la frontière française.

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C U LT U R E L V OYA G E perdu sa mère à l’âge de quatorze ans, lorsque celle-ci a été placée dans un hôpital psychiatrique. Charlie et son frère se sont retrouvés livrés à eux-mêmes à Londres. Bon nombre de ses films, dont le plus connu est peut-être Le Kid, ont permis au comédien d’aborder ses propres expériences, souvent amères. En face de la maison, le studio fait partie intégrante du musée et se concentre sur ses films et sa vie artistique. Après le film d’introduction, l’écran s’ouvre telle une porte, comme pour vous faire pénétrer dans le monde du cinéma. Le Dictateur, plus pertinent que jamais à l’heure actuelle, Les Feux de la rampe, ode à la symbiose entre passé et présent, ou encore Les Temps modernes, véritable critique de la production de masse et réquisitoire contre le chômage de l’époque, prennent alors vie sous vos yeux. Laissez-vous captiver par les accessoires de films originaux, la salle de montage et le théâtre multimédia, sous le regard bienveillant de Sir Charlie Chaplin, anobli par la reine Élisabeth II en 1975. Derrière la vitre, la canne, le chapeau melon et les chaussures trop grandes rappellent la marque de fabrique du comédien, qui a fait rire des millions de personnes dans le monde entier. Classé parmi les plus beaux villages de France avec ses maisons à colombages, Hunspach offre une plongée dans un chapitre sombre de l’Histoire. Niché dans la forêt toute proche, le fort de Schoenenbourg, autrefois le plus grand ouvrage d’artillerie de la ligne Maginot, est aujourd’hui un mémorial pour la paix. En 1963, le traité de l’Élysée marquait le début de l’amitié franco-allemande, dont une association commune aux deux pays se charge de perpétuer le souvenir, à 30 mètres sous nos pieds : la ligne Maginot, du nom du ministre français de la Défense, André Maginot. Composée de toute une série de bunkers, elle avait pour but de garantir un vaste

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C U LT U R E L V OYA G E

système de défense le long de la frontière française avec la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne et l’Italie. Le gros œuvre fut achevé en 1935 après quatre ans de travaux, elle pouvait accueillir plus de 600 hommes. Sous l’éclairage froid des néons, la visite de ses couloirs souterrains, parfois longs de plusieurs kilomètres, vous fera découvrir les cuisines, les sites de production d’électricité, un hôpital de campagne, les lieux de vie et les dortoirs, le tout dans son état d’origine. Dans la cuisine, de gros morceaux de viande factices en plastique pendus au plafond par des crochets semblent attendre le cuisinier. Dans l’infirmerie, des fauteuils de consultation et des tables d’opération sont comme prêts à accueillir les blessés et les malades. Des centaines de soldats vivaient dans ce monde souterrain qui abrite même une petite chapelle. Difficile d’imaginer comment ils ont réussi à tenir et à se battre ici pendant des mois. Réputé indestructible, le site a résisté aux attaques allemandes jusqu’à la capitulation française. Le premier musée de la bande dessinée d’Allemagne se trouve à Schwarzenbach, dans le Fichtelgebirge. Vous y croiserez Donald Duck et toute sa tribu, ainsi que l’héritage d’Erika Fuchs, traductrice officielle du magazine de l’américain vers l’allemand dès 1951. Après la projection d’un petit film sur le genre de la BD, une grande porte s’ouvre ici aussi pour vous accueillir : « Willkommen in Entenhausen » (Bienvenue à Donaldville). « Duck Town », c’est le

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nom de la petite ville qui sert de décor aux dessins de Carl Barks, qu’Erika Fuchs a « germanisé » pendant trois décennies avec son propre art du langage et sa créativité débordante. Elle invente « l’érikatif » en raccourcissant les verbes pour ne garder que leur radical. Une technique qui faisait fi de la grammaire allemande, mais que l’on retrouve aujourd’hui dans le langage courant. La traductrice adapte également les noms de lieux en s’inspirant de sa région du Fichtelgebirge. On trouve ainsi la boulangerie Köppel, dont les biscuits à l’anis sont grignotés dans le numéro 33/1970 du Journal de Mickey, ou le restaurant Mondschein (numéro 1/1995 du Journal de Mickey). Lorsque la famille Duck se rend à la campagne, elle va à Schnarchenreuth ou à Oberkotzau, deux localités de l’arrondissement de Hof. Au fil de la visite, vous découvrirez l’atelier de l’inventeur Géo Trouvetou, la grange de Grand-Mère Donald et le coffre-fort de l’oncle Picsou. Vous trouverez également un plongeoir au-dessus du bain de pièces d’or. Pour vous offrir une vue d’ensemble, un arbre généalogique explique les liens de parenté de la famille de canards. Ne manquez pas la salle consacrée à Erika Fuchs. Son histoire y est racontée sous forme de bande dessinée, dont le personnage principal porte, comme la traductrice, des lunettes singulières. Vous pourrez ensuite vous asseoir sur le canapé du musée et vous plonger dans l’univers des personnages de la BD en parcourant les albums.


Dans la chapelle du système de défense, les soldats pouvaient trouver un moment de répit.

AU MILIEU

C U LT U R E L V OYA G E

Les kilomètres de labyrinthes de couloirs souterrains, puits, escaliers et ascenseurs du Fort Schoenenbourg en Alsace.

À GAUCHE

À DROITE Le Musée de la bande dessinée raconte également l’histoire d’Erika Fuchs en format bande dessinée. Elle a traduit les bandes dessinées en allemand pendant des décennies.

Conseils utiles pour le voyage Chaplin’s World, une étonnante immersion dans l’univers de l’artiste. chaplinsworld.com

Sur les rives du lac Léman, à dix minutes à peine de Vevey et du restaurant Ze Fork, où les plats du jour sont vivement recommandés. zefork.ch

Visite impressionnante d’un monde souterrain chargé d’histoire. lignemaginot.com

À cinq minutes du site historique, le restaurant Au Cerf, à Hunspach, propose dans son menu du jour des spécialités régionales comme la choucroute. au-cerf-hunspach.fr

La maison Erika Fuchs est située dans la paisible ville de Schwarzenbach an der Saale. erika-fuchs-haus.de

Le grand arbre généalogique explique les relations familiales au sein de la famille Duck.

Au restaurant Teschners Herrschaftliche Gastwirtschaft, prenez place dans le Biergarten ou dans la salle confortable pour déguster des plats régionaux, réinterprétés avec une touche de modernité. teschners-restaurant.de

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H AU T E - S AVO I E L A

Alpes françaises, la Haute-Savoie au naturel Texte & photos Philippe Bourget

Près d’Annecy, dans le massif des Aravis, Manigod et La Clusaz sont comme la carpe et le lapin. Station-village, la première défend les pratiques nordiques et un esprit familial, sur fond de gastronomie. Foyer de ski, la seconde vibre d’animations hivernales au pied de grands chalets. Par bonheur, les deux sont connectées. Parfait pour une immersion alpine authentique.

L’une est familiale et intimiste, c’est Manigod. L’autre est populaire et fréquentée, c’est La Clusaz. Sur le papier, tout oppose ces deux stations des Aravis, massif aiguisé dont les sommets enneigés s’élèvent à plus de 2 500 m d’altitude. Situées à 45 minutes d’Annecy et distantes d’à peine 15 km, ces demi-sœurs hautes-savoyardes sont en réalité plus proches qu’il n’y paraît. D’une part, leurs domaines skiables sont connectés par des remontées mécaniques et des forfaits communs. D’autre part, elles partagent une même identité, gardienne de traditions culinaires, culturelles et sportives. L’hiver, Manigod immerge le visiteur dans le grand bain de la Haute-Savoie éternelle. Vieux village à l’église rus-

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tique, hameaux de versants aux chalets de bois, hôtels et restaurants familiaux, savoir-faire héréditaires… C’est un monde alpin préservé, épargné par les constructions malheureuses. Au-dessus du village, le col de La Croix Fry est le point de départ du domaine nordique. En ski de fond, l’itinéraire panoramique mène jusqu’au plateau de Beauregard et aux pistes de La Clusaz. Par beau temps, la vue s’ouvre sur le mont Blanc. Manigod a inventé le paret ! À Manigod, on pratique aussi le traîneau à chiens et le… paret. Balade d’une demi-heure pour le premier (courte expérience…), sur une boucle enneigée où cavalent des huskies véloces et affectueux.


H AU T E - S AVO I E L A Chalets du village de Manigod, sur fond de chaîne des Aravis.

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EN BAS Depuis le sommet de la télécabine Beauregard, vue plongeante sur La Clusaz, dominée par la chaîne des Aravis et la Pointe Percée, au fond, à 2 750 m d’altitude.

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H AU T E - S AVO I E L A

Descentes de pistes pour le second, sur une luge en bois à un patin d’équilibre précaire. La station a ainsi fêté en 2023 les 30 ans du « Championnat du monde de vitesse » de paret. L’engin a été inventé au début du XXe siècle à Manigod pour que les enfants des hameaux rejoignent plus vite l’école du village. Les traditions à Manigod, c’est aussi — et surtout — la gastronomie. Le village n’est pas pour rien le fief de Marc Veyrat, grand chef au chapeau fan de plantes sauvages. Au col de la Croix Fry, l’ex Maison des Bois du cuisinier étoilé est devenue Le Hameau de mon Père, repris par sa fille Élise. Mais un Veyrat peut en cacher un autre… Au col, Renée Veyrat, 74 ans, tient ainsi de main de maître avec son mari Joseph et ses fils Christophe et Emmanuel l’hôtel-restaurant Les Sapins. Un lieu chaleureux où l’on vient manger (entre autres) la manigodine, un reblochon cerclé d’écorce d’épicéa. Le tout arrosé d’un verre d’Apremont ou de chignin-bergeron. Chalets-Hôtel de La Croix Fry, classieux et « tout bois » Dans le genre tradition, il y a aussi les Chalets-Hôtel de La Croix Fry, une institution. Certes, l’adresse n’est pas accessible à toutes les bourses, mais y passer une nuit rassure sur l’hospitalité à la française. Face au mont Charvin enneigé, le cadre, classieux et « tout bois », est l’image d’Épinal du chalet alpin. La table, élaborée, encense les recettes savoyardes (féra du Léman, tourte au reblochon, plateau de fromages…). Aux commandes ? Isabelle Loubet et son frère Éric, nièce et neveu de… Marc Veyrat.

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H AU T E - S AVO I E L A Chiens de traîneau sur le plateau de l’Étale, à Manigod.

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Les chalets individuels des Chalets-Hôtel La Croix Fry, à Manigod.

À GAUCHE

À DROITE Pizza à la truffe et salade du Grizzly, en terrasse du restaurant d’altitude Le Grizzly, à La Clusaz.

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H AU T E - S AVO I E L A

Fromages en affinage chez Joseph Paccard, à Manigod.

Marie-Ange Veyrat, la sœur du célèbre chef, a longtemps incarné ce lieu avant son décès et la reprise de l’affaire par ses enfants. Édouard Loubet, mari d’Isabelle et grand chef étoilé de son état, officie quant à lui au Grizzly, restaurant d’altitude de La Clusaz où il délivre des « plats maison » d’un standing certain. Pour s’y rendre, rien de plus simple : chausser ses skis de fond ou ses raquettes à neige depuis le col de la Croix Fry. En 30 minutes, on y est. Tout n’est pas « grand luxe » à Manigod. On croise les habitants du village à La Vieille Ferme, au col de Merdassier : ici, c’est à la bonne franquette. Depuis

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40 ans, Bertrand Basseux élabore tartiflettes et raclettes au reblochon. Ce fromage est d’ailleurs l’emblème des Aravis. Sa version fermière au lait cru est la plus goûteuse. Un savoir-faire à découvrir chez l’affineur Paccard (voir ci-contre, « À faire absolument »). L’atmosphère chaleureuse de La Clusaz La Clusaz plaira mieux aux inconditionnels de ski alpin et d’animations festives. Tout en conservant son cœur montagnard de village, la petite station devenue grande s’ouvre sur un domaine skiable de 125 km de pistes et 47 remontées mécaniques. Aux descentes panoramiques

en journée sur les pentes des Aravis succède l’atmosphère chaleureuse du centre-bourg. Hôtels, restaurants, bars musicaux et boutiques participent de cette ambiance renforcée par la présence d’une patinoire, d’un casino, d’un bowling et d’un escape game. Chaque jour ou presque, sur le front de neige, les animations musicales signent le début de l’after, parfois prolongé tard dans la nuit. Les non-skieurs peuvent aussi emprunter le téléphérique de Beauregard pour jouir du point de vue sur le mont Blanc et la chaîne des Aravis. Confidentiel ou ostensible, ce massif est un incontestable étendard du style French Alps.


laclusaz.com

H AU T E - S AVO I E

manigod.com/hiver

L A

Breviarium

45° N 6° E

SUISSE

FRANCE La Clusaz Manigod

Mont Blanc

ITALIE

À faire absolument Emblématique des Aravis, le reblochon se fabrique dans des fermes laitières et s’affine dans les caves de particuliers ou de maîtres-affineurs. C’est le cas de la maison Joseph Paccard, à Manigod. Depuis plus de 50 ans, cette famille élève et fait mûrir dans le respect des règles reblochons, mais aussi abondances, tomes, beauforts… sur des planches d’épicéa. La visite (les mardis et jeudis, sur réservation) comprend un diaporama sur les Aravis et le fromage, une présentation de l’entreprise, une découverte des caves et un passage à la boutique. Passionnant et odorant ! reblochon-paccard.fr

À éviter Petite déception pour la pratique du traîneau à chiens. Les grands espaces, versants boisés et champs de neige méritent mieux qu’une simple initiation de 30 minutes. Certes, la balade au départ du col de Merdassier est très agréable et recommandée à ceux qui n’ont jamais testé cette activité. Mais on aimerait tant prolonger le plaisir et s’enfoncer avec l’attelage dans le décor montagneux de Manigod… au moins une demi-journée !

Trésors cachés À La Clusaz, il faut s’aventurer sur la route de l’Étale et marcher 20 minutes depuis La Clusaz pour visiter le Hameau des Alpes, le chalet du patrimoine de la station. Dans une maison en bois plus vraie que nature, on apprend tout ce qu’il y a à connaître de l’histoire de La Clusaz, des débuts du ski jusqu’à nos jours, avec exposition d’objets d’époque. Un lieu conçu aussi pour les enfants, avec des animations et un jeu-quizz. lehameaudesalpes.com

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R EC E T T E

Le goût de la Haute-Savoie La Haute-Savoie dans les Alpes françaises, est célèbre pour sa cuisine riche et aromatique. La tartiflette est une recette emblématique de cette région. C’est un plat savoureux à base de pommes de terre, d’oignons, de lardons et de reblochon, le fromage caractéristique de la région.

Tartiflette au Reblochon 4 personnes 15 minutes 1 heure

∙ 1 kg de pommes de terre

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à chair ferme 2 c. à s. d’huile 200 g d’oignons émincés 200 g de lardons fumés (en dés ou en tranches) 1 reblochon bien fait 1 gousse d’ail sel, poivre

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Éplucher les pommes de terre, les couper en dés ou en rondelles, bien les rincer et les essuyer dans un torchon propre. Faire chauffer l’huile dans une poêle, y faire fondre les oignons. Une fois les oignons fondus, ajouter les pommes de terre et les faire dorer de tous les côtés.

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Ajouter les lardons et finir la cuisson. Éponger le surplus de gras avec une feuille de papier absorbant. Gratter la croûte du reblochon et le couper en deux dans la largeur. Préchauffer le four à 200 °C (chaleur tournante 180 °C) et préparer un plat à gratin en frottant le fond et les bords avec la gousse d’ail épluchée. Dans le plat à gratin, étaler une couche de pommes de terre avec les lardons, disposer dessus la moitié du reblochon, puis de nouveau des pommes de terre. Terminer avec le reste du reblochon (avec la croûte tournée vers les pommes de terre). Enfourner pour environ 20 minutes de cuisson.

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M A N C H E ST E R

Le Viaduc de Castlefield combine la culture industrielle avec une oasis urbaine.

EN HAUT

EN BAS MediaCityUK se distingue par ses constructions modernes en verre et acier et sa forte concentration de stations de radio et de télévision.

À partir du 29 mars, Luxair propose des vols aller-retour vers Manchester le lundi, mercredi et vendredi. luxair.lu

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M A N C H E ST E R

Manchester — un temple du football au charme indéniable Texte & photos Karsten-Thilo Raab

En dépit des vestiges toujours bien présents de son passé industriel, la ville anglaise de Manchester a beaucoup à offrir, et pas seulement dans l’univers du ballon rond.

À l’évocation du nom de Manchester, beaucoup pensent automatiquement au « roi football » à juste titre, car cet ancien centre de l’industrie textile britannique héberge deux des meilleurs clubs européens : Manchester United et Manchester City. Ce dernier, qui a réalisé le triplé Premier League, FA Cup et Champions League en 2023, est actuellement considéré comme la meilleure équipe du continent, voire de la planète. Malgré tout, la ville de 550 000 âmes, située au nord-ouest de l’Angleterre, a bien plus à offrir que sa fascination pour le ballon rond. Et elle ne souhaite aucunement renier son passé industriel. « Manchester a tout ce qu’il faut, y compris une plage », affirment fièrement les Mancuniens ou Mancs, comme aiment se surnommer ses habitants. Dans les faits, quand on visite le centre animé

de la capitale du football britannique, difficile de tomber sous le charme au premier regard. Néanmoins, entre les affreux bâtiments des années 1960 et 1970 se cachent de véritables pépites architecturales. Le Cathedral Quarter aux abords de la cathédrale vieille de 600 ans est considéré comme l’un des plus beaux quartiers de Manchester. Ici, on peut admirer de splendides maisons à colombages, l’emblématique Corn Exchange (l’ancienne bourse au grain), mais aussi l’ultramoderne National Football Museum. L’église anglicane séduit elle aussi avec ses sculptures médiévales et ses vitraux colorés. Sur le plan visuel, la John Rylands Library néo-gothique évoque également une église. Cette célèbre bibliothèque est un véritable joyau qui renferme plus de 500 collections thématiques et des

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M A N C H E ST E R

trésors littéraires comme l’extrait le plus ancien du Nouveau Testament ou une édition des Canterbury Tales de Geoffrey Chaucer datant de 1392. Juste en face de ce magnifique bâtiment, Manchester a érigé une immense statue en hommage à l’illustre musicien et compositeur Frédéric Chopin, alors même que le génie polonais n’a fait qu’une brève halte dans la métropole industrielle au cours de sa vie. En août 1848, bien qu’affaibli par une grave maladie, Chopin a offert aux 1200 spectateurs du Gentlemen’s Concert Hall un concert dont on se souvient encore et qui a fait passer le virtuose à la postérité. Voyage fascinant dans le temps à Castlefield Pour continuer votre visite, un détour dans le quartier de Castlefield s’impose. Ce dernier est parcouru par d’étroits canaux sur lesquels de longs bateaux appelés « narrow boats » évoluent paisiblement. D’innombrables bâtiments en brique rouge s’étirent le long des rives. Ces anciens complexes industriels et usines ont depuis longtemps été transformés en lofts modernes. Çà et là, de charmants pubs aux terrasses accueillantes attendent les visiteurs. Érigé en 1892, le Castlefield Viaduct long de 330 mètres et haut de 17 est une autre destination secrète. En réponse au déclin de l’industrie à Manchester, l’ancienne voie de chemin de fer a été mise à l’arrêt en 1969 et les rails ont été démontés. Depuis, ce viaduc ferroviaire historique situé près du canal de Bridgewater a été entièrement rendu à la nature. Non loin de là, à proximité de la Liverpool Road Station, la plus ancienne gare encore debout au monde, se trouve le Science and Industry Museum. Il offre un aperçu de l’histoire technologique et

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M A N C H E ST E R

Des bâtiments en brique et des voies navigables dominent le quartier de Castlefield.

À GAUCHE

À DROITE Les emblématiques Narrow Boats naviguent sur les pittoresques canaux de Manchester.

EN BAS C’est autour de l’ancien port du Canal de Manchester Ship, que la moderne MediaCityUK a été développée.

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M A N C H E ST E R

Le quartier de Castlefield unit le passé et le présent.

EN HAUT

L’espace dédié à l’art et à la culture se trouve à MediaCityUK.

À GAUCHE

À DROITE Manchester est une ville de contrastes avec des bâtiments historiques et des complexes modernes.

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M A N C H E ST E R industrielle, ainsi que du passé mouvementé de Manchester. Il permet notamment d’admirer l’une des plus importantes collections de machines à vapeur en état de marche. En plus d’historiques métiers à tissus, ce musée accessible gratuitement propose un florilège de voitures et d’avions anciens. Vieux de près de 2 000 ans, les vestiges des fortifications et du fort de l’ère romaine visibles entre le musée et le Castlefield Viaduct sont souvent négligés par les visiteurs, à tort. Ils offrent un contraste saisissant avec le quartier MediaCityUK de Salford, sorti de terre il y a seulement quelques années. Au cœur de cette immense zone en bordure du Manchester Ship Canal et de l’ancien port, la BBC et ITV, principales chaînes de télévision du pays, ont installé leurs studios dans de majestueux palais de verre et d’acier. Aux alentours, de nouvelles résidences hébergeant de luxueux appartements, des restaurants et l’emblématique bâtiment de l’Imperial War Museum ont vu le jour. Ce dernier a été bâti selon les plans du célèbre architecte Daniel Libeskind. Par le biais de contenu multimédia, il relate l’histoire des guerres auxquelles le Royaume-Uni a participé au cours de sa longue histoire. Sur les traces de l’équipe de succès Depuis 2002, ce sont des combats d’une tout autre nature qui font rage à l’Etihad Stadium. Le stade de résidence de Manchester City est considéré comme la Mecque des fans de football. Et pourtant, cette arène de 54 000 places a été bâtie à l’origine sur le site d’une ancienne mine à l’est de la ville, à

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M A N C H E ST E R

Le cœur du stade Etihad est le vestiaire circulaire de l’équipe culte Manchester City.

l’occasion des Jeux du Commonwealth ayant eu lieu dans la ville en 2002. D’ici 2025, sa capacité d’accueil devrait être augmentée de 7 000 places. Environ 300 millions de livres sterling (soit près de 347 millions d’euros) devraient être dépensés pour l’agrandissement du stade, la construction d’un hôtel de 400 lits et l’aménagement d’un musée à la gloire du club. La visite du stade vaut déjà le détour, et pas seulement pour les fans de foot invétérés. En plus d’offrir un aperçu de la vaste pelouse enrichie de 20 millions de fibres synthétiques, elle permet d’accéder au Graal des lieux : les étonnants

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vestiaires circulaires des Citizen. Les visiteurs peuvent également emprunter le tunnel des joueurs, accéder à la zone mixte et découvrir la place occupée par la défunte reine Élisabeth II le 25 juillet 2002 lors de l’inauguration du stade. Le clou du circuit est la visite de la salle de presse où les intéressés peuvent prendre part à une conférence de presse virtuelle en compagnie de Pep Guardiola et se faire photographier aux côtés du célèbre coach. Outre le football, Manchester se distingue par une scène culturelle et musicale dynamique. Le très tendance Northern Quarter, en particulier, regorge

de bars à cocktails, de clubs de jazz et de cafés musicaux. Le Night & Day, sur Oldham Street, est un classique intemporel pour les amateurs de musique live. Le Band on the Wall, sur Swan Street, qui accueille un concert pratiquement tous les soirs, est tout aussi populaire. Histoire de boucler la boucle, rendez-vous au Cloud 23. Ce bar stylé perché au 23e étage de l’imposante Beetham Tower haute de 169 mètres offre une sublime vue panoramique sur Manchester. Castlefield et son viaduc s’étendent littéralement au pied de ce building tout de verre et d’acier. Le plaisir à son apogée, au sein propre du terme.


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R EC E T T E

Le goût de Manchester La cuisine de Manchester reflète un mélange fascinant d’influences mondiales et de préservation de plats traditionnels anglais. Le Lancashire Hotpot, un ragoût de viande d’agneau ou de mouton enrichi d’oignons et de pommes de terre, est une spécialité régionale savoureuse et authentique. La culture du fish and chips, souvent accompagné d’une purée de pois cassés, est également très enracinée. La cuisine mancunienne moderne possède une offre culinaire variée aux influences internationales, de l’Asie à la Méditerranée. La tarte de Manchester est également un plat typique de Manchester. Ce dessert anglais traditionnel est composé d’une pâte brisée farcie d’une couche de confiture de framboises et de pudding à la vanille, puis garnie de noix de coco râpée et d’une cerise au marasquin.

Tarte de Manchester 8 personnes 15 minutes 20 minutes

∙ 1 pâte brisée prête à l’emploi ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙

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(env. 230 g) 200 g de confiture de framboises 500 ml de lait 2 c. à s. de sucre 1 gousse de vanille 4 jaunes d’œufs 30 g de fécule de maïs 50 g de noix de coco râpée grillée quelques cerises au marasquin pour la décoration

Préchauffer le four à 190 °C (chaleur tournante 170 °C). Tapisser un moule à tarte de 23 cm avec la pâte brisée et piquer le fond avec une fourchette. Chemiser avec du papier sulfurisé et couvrir de petits pois séchés et faire cuire à blanc pendant 10 minutes. Retirer le papier sulfurisé et les petits pois et faire cuire encore 5 minutes jusqu’à ce que le fond soit doré. Laisser refroidir.

Répartir uniformément la confiture de framboises sur le fond de tarte refroidi. 3 Pour le pudding à la vanille, faire chauffer le lait avec le sucre et la gousse de vanille fendue en deux dans une casserole. Battre les jaunes d’œufs et la fécule de maïs dans un bol. Dès que le lait est chaud (pas bouillant !), verser quelques cuillérées de lait chaud dans le mélange d’œufs pour le tempérer. Verser ensuite le mélange d’œufs dans la casserole et mélanger à feu moyen jusqu’à ce que le pudding épaississe (environ 5 minutes). 4 Passer le pudding au tamis pour éliminer les grumeaux, puis étaler sur la couche de confiture. Réserver au réfrigérateur pendant au moins 1 heure. 5 Au moment de servir, saupoudrer de noix de coco râpée grillée et décorer avec des cerises au marasquin. 2

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N EWS

Sweet Dreams Inspirés par le démarrage en grande pompe du film Wonka de Warner Bros au mois de décembre, Booking.com et Highgate Hotels ont présenté des chambres d’hôtel uniques au monde. Sous le nom « Wonka’s Sweet Suites », des chambres spéciales ont été aménagées à New York et à Los Angeles dans l’esprit des univers féériques de Wonka afin d’offrir une expérience mémorable aux voyageurs. Ces suites regorgeant de commodités et d’activités fantastiques reflètent l’univers créatif du film et plongent les hôtes au cœur de la magie de Willy Wonka. Proposées depuis la mi-décembre, ces chambres thématiques reflètent un engouement croissant pour les voyages à thème, auquel booking.com entreprend de répondre dans le monde entier. Réservations sur booking.com

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N EWS

La maison de Barbie Airbnb l’a fait : quelques chanceux ont eu l’occasion de réaliser leur rêve d’enfant en passant une nuit dans la légendaire DreamHouse de Barbie à Malibu. Dans le cadre d’une action unique organisée à l’occasion de la sortie du film Barbie au cinéma l’année dernière, Ken a ouvert les portes de ce paradis rose bonbon. Les hôtes ont vécu une aventure unique entourés de tous les objets chers au cœur de Barbie, depuis ses rollerblades à un dressing à faire pâlir notre héroïne de jalousie. Cette action, placée sous le signe de la nostalgie, a également contribué à l’éducation des filles grâce à un don à « Save the Children ». Cette expérience Airbnb unique restera dans les mémoires. La maison est visible (malheureusement pas ouverte à la réservation pour le moment) sur le site airbnb.com/kendreamhouse

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CAL AB R E

Calabre : plaisir et contemplation entre deux côtes Texte & photos Karsten-Thilo Raab

Un voyage en Italie vaut toujours le détour. Avec ses terres riches de contrastes blotties entre deux côtes, la Calabre, au sud de la botte, demeure largement inexplorée et particulièrement authentique.

On utilise généralement l’adjectif « hirsute » pour qualifier des personnes ou des animaux. Or, cette description sied également à la Calabre. Contrairement à de nombreuses autres régions de l’Italie, celle-ci, située à l’extrémité de la botte, est plutôt sauvage et authentique — et pas toujours très disciplinée. Pourtant, la Calabre n’est pas moins attirante que le reste de la splendide Italie : elle est juste un peu moins fréquentée. Ses paysages dominés par les montagnes et les collines abritent avant tout des plantations d’olives et d’agrumes, mais aussi une spécialité locale : l’oignon rouge. Celui-ci est doux, moins piquant que les oignons habituels et légèrement sucré. Cette particularité n’est pas due à sa teneur en sucre, mais à son acidité moindre. Pour révéler ses incomparables arômes, l’oignon « Cipolla Rossa di Tro-

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pea » a besoin de l’air frais des montagnes en hiver, de la brise marine en été et des sols riches en sable de la région. « Nos oignons ont une teneur réduite en eau », affirme Marco Furchì. Selon lui, le léger vent constant et la sécheresse qui règnent autour de la superbe station balnéaire de Tropea contribuent à réduire la teneur en eau des oignons. Cet Italien particulièrement sympathique répond à tous les clichés habituels en matière de vivacité. Il gesticule dans tous les sens et décrit sa passion pour l’agriculture dans un anglais parfait en s’accompagnant de ses mains et de ses pieds. L’agriculteur de 29 ans et ses proches cultivent ces oignons protégés par un label de qualité européen depuis trois générations. La famille Furchì produit chaque année entre 2 500 et 3 000 kilos d’oignons sur une superficie de


CAL AB R E Le pavé des ruelles de Tropea crée des effets de secousse sur deux roues.

EN HAUT

EN BAS Perchée en haut des falaises, la vieille ville de Tropea, littéralement distinguée, domine.

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CAL AB R E

Marco Furchi est un cultivateur d’oignons passionné.

À GAUCHE

À DROITE La Cipolla Rossa di Tropea est protégée par la marque IGP de l’UE.

EN BAS Avec sa basilique Santa Maria dell’Isola, Tropea est le lieu de baignade le plus célèbre et le plus beau de Calabre.

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CAL AB R E seulement un hectare. Un véritable travail de forçat que Marco accomplit toutefois avec beaucoup d’enthousiasme. « Les oignons de Tropea ne sont pas seulement plus digestes que les oignons classiques ; ils évitent également d’avoir mauvaise haleine », se félicite-t-il, manifestement emballé par le « fruit de son labeur ». Glace à l’oignon dans le plus beau village d’Italie L’oignon rouge est omniprésent dans la charmante vieille ville de Tropea. Perchée sur les falaises, la localité a décroché le titre de « plus beau village d’Italie » en 2016. Tous les commerçants ou presque vendent des « Cipolle Rosse » ou des produits à base de ce trésor local. La boutique Gelati Tonino prépare même une glace spéciale à l’oignon. Ce glacier, installé non loin de la cathédrale Madonna di Romania sur le Corso Vittorio Emanuele, propose également d’autres curiosités en pot ou en cornet : l’éventail des saveurs couvre aussi bien la citrouille et l’huile d’olive qu’un mélange de thon et de poulpe. Autant de variantes qui peuvent effrayer nos palais de prime abord, mais qui sont en réalité délicieuses. Les saveurs gourmandes d’oignon et de glace ne sont pas les seules à hisser Tropea au rang de station balnéaire calabraise fortement recommandée. Le cœur historique de cette petite ville pittoresque se dresse majestueusement au-dessus des flots turquoise de la mer Tyrrhénienne et d’une sublime plage de sable. Les ruelles étroites de cette commune de 6 000 âmes sont ponctuées d’églises, de petites chapelles et de palais. Ici et là, les murs ont manifestement connu des jours meilleurs, mais les façades lézardées confèrent au quartier un charme unique.

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CAL AB R E

Des vues magnifiques et des détails insolites se dévoilent au détour de la moindre venelle. Rapidement, on comprend pourquoi Tropea fait partie des plus beaux villages d’Italie. Une sortie en bateau le long de la Costa degli Dei, la « côte des dieux », permet d’admirer Tropea sous un angle différent. Au pied du sanctuaire de Santa Maria dell’Isola perché sur un imposant rocher, le parcours longe des criques sublimes aux eaux translucides bordées de petites plages poétiques. Pendant longtemps, les alentours de Tropea ont été une sorte de grenier à grain, comme en témoignent les vestiges de pas moins de 26 moulins qu’il est possible de découvrir en randonnant à travers de somptueuses forêts ombragées. Routes avec un facteur de secousses Cependant, chaque Paradis a une face moins reluisante. En Calabre, il s’agit de l’état des routes qui s’apparentent plus à un parcours du combattant ou à des pistes de test pour amortisseurs. Si vous souffrez du dos, attendez-vous à vivre une véritable torture. Il s’agit toutefois d’un passage obligé, du moins si vous voulez découvrir l’arrière-pays de Tropea ou la mer Ionienne, de l’autre côté de la botte. Une particularité vous attend devant les portes du village de San Floro. Ici, trois jeunes Calabrais ont redécouvert l’art ancestral de la sériciculture et vous invitent à les admirer à l’œuvre. La coopérative Nido di Seta a planté quelque 3 000 mûriers afin d’assurer la subsistance de 60 000 vers à soie. Il faut dire que chaque larve est une petite chenille insatiable. Pendant 28 jours, elle s’affaire à dévorer les feuilles 24 heures sur 24, avant de commencer à produire jusqu’à deux kilomètres de fil de soie. On fabrique des soies de grande qualité à partir de cet amas de fil collant. La coopérative Nido di Seta s’est imposée depuis

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CAL AB R E De nombreuses cascades déferlent dans les Valli Cupe.

EN HAUT

Les chenilles du ver à soie de San Floro sont extrêmement voraces.

À GAUCHE

À DROITE Partout en Calabre, le charme italien prend vie.

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CAL AB R E

La pittoresque réserve des Valli Cupe s’étend de Presila jusqu’à la côte ionienne.

longtemps parmi les producteurs les plus réputés du continent, si bien que l’illustre maison Gucci est désormais son principal client. La réserve des Valli Cupe, avec ses magnifiques sentiers de randonnée et ses forêts luxuriantes, est une autre destination secrète qui vaut le détour. Ce fascinant parc naturel protégé s’étend du cœur de la Presila jusqu’à la côte ionienne. À la belle saison, les chutes d’eau du Crocchio ainsi que les cascades du Campanato et dell’Inferno vous réservent un spectacle naturel envoûtant. Même l’air y est spécial. En effet, la commune de Zagarise a récemment été distinguée par l’UE comme le territoire offrant « l’air le plus pur d’Europe ». Cette récompense

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est d’ailleurs fièrement affichée sur les panneaux routiers. Pendant longtemps, cette région montagneuse est restée endormie. Ce n’est qu’au début des années 2000 que les premiers sentiers de randonnée y ont été aménagés à 700 mètres d’altitude, à l’ombre des chênes, des saules, des lauriers et des châtaigniers. Entre les arbres, on peut découvrir les ruines de fermes abandonnées dans lesquelles les familles pauvres faisaient jadis sécher des châtaignes sur le feu. Aujourd’hui encore, le goût sucré du pain à base de farine de châtaigne est très apprécié dans cette partie de la Calabre. Sersale est le point de départ de divers circuits à travers la réserve des Valli Cupe.

Ce village de montagne réserve une belle surprise : des artistes locaux ont laissé libre cours à leur imagination sur les portes de nombreux bâtiments en partie désertés, créant ainsi un parcours artistique unique. La côte ionienne, quant à elle, séduit par ses plages bien plus vastes qui font battre les cœurs des passionnés de farniente au soleil. Sachez toutefois que sur ces plages longues de plusieurs kilomètres, les fonds marins sont extrêmement pentus. On y a rarement pied, si bien que les nageurs doivent se montrer particulièrement vigilants. En résumé, pour profiter pleinement de la Calabre, il ne vous reste plus qu’à découvrir le meilleur des deux mondes entre côte tyrrhénienne et côte ionienne.


CAL AB R E

Breviarium

CAMPANIE

BASILICATE

CALABRE

Catanzaro Borgia Tropea

38° N 16° E calabriastraordinaria.it/en

SICILE

Restauration En plus des vins locaux, le Calabro Spritz Piccante préparé à partir de tonic à la bergamote, d’amaro (bitter) et de prosecco est une boisson très appréciée en Calabre. Vous pourrez notamment déguster de la glace à l’oignon chez Gelati Tonino, Corso Vittorio Emanuele 50, 89861 Tropea.

Restaurant Dans une étable réaménagée, venez déguster un savoureux mélange de plats calabrais et argentins. La Stalla, Viale Europa 10, 88021 Borgia CZ, Italie, Tél. : +39 352 030 9492. agriturismolastalla.com

Hébergement Dressé sur les falaises de Tropea, ce magnifique complexe surplombe une plage privée, à seulement dix minutes de marche de l’impressionnante vieille ville. Labranda Rocca Nettuno Tropea, Piazza S.S Annunziata, 89861 Tropea VV, Italie, Tél. : +39 963 998 111. labranda.com/rocca-nettuno-tropea

Cet établissement apprécié des familles se situe juste à côté d’une immense plage sur la mer ionienne. Voi Floriana Resort, Via del Mare, 8, 88050 Simeri Crichi CZ, Italie, Tél. : +39 961 791 150. voihotels.com/meeting-events/voi-floriana-resort

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R EC E T T E

Le goût de la Calabre La cuisine calabraise, région du sud de l’Italie, est connue pour ses plats rustiques et copieux. Elle se caractérise par l’utilisation abondante de légumes frais, de légumineuses, de poisson, de viande de porc et d’agneau, ainsi que par la fameuse ‘nduja, une saucisse épicée à tartiner. Les plats calabrais sont souvent simples, mais leur goût est intense grâce à l’ajout de piment, d’huile d’olive et de fromages locaux. Les Spaghetti alla chitarra con ‘nduja sont une recette typique de la Calabre. Les spaghetti alla chitarra (guitare, en français) sont une forme de pâtes, traditionnelle de la région italienne des Abruzzes, qui est également populaire dans d’autres régions d’Italie, y compris la Calabre. Le nom vient de l’outil utilisé pour fabriquer les pâtes : une chitarra est un cadre doté de cordes métalliques tendues semblables à celles d’une guitare. La plaque de pâte fraîche est placée sur les cordes de la chitarra. Ensuite, on roule dessus avec un rouleau à pâtisserie, de sorte que les cordes coupent la pâte en spaghettis droits et réguliers. Ces pâtes ont une texture un peu rugueuse qui absorbe particulièrement bien les sauces. Les spaghetti alla chitarra sont plus épais que les spaghettis normaux, ce qui leur confère une consistance plus agréable et généreuse en bouche. Ils conviennent parfaitement aux sauces épicées et rustiques, comme la sauce ‘nduja de la recette.

Spaghetti alla chitarra con ‘nduja 4 personnes 15 minutes 20 minutes

∙ 400 g de spaghetti alla chitarra ∙ 200 g de ‘nduja (saucisse calabraise) ∙ 2 gousses d’ail finement hachées ∙ 400 g de tomates cerises mûres coupées en deux

∙ huile d’olive ∙ sel ∙ fromage pecorino fraîchement râpé

Dans une grande casserole, porter de l’eau salée à ébullition et faire cuire les spaghettis al dente (environ 10 à 12 minutes). 2 Pendant ce temps, faire chauffer un peu d’huile d’olive dans une poêle. Ajouter l’ail et le faire revenir pendant environ 1 minute. Ajouter la saucisse ‘nduja et faire fondre à feu moyen pendant environ 3 à 4 minutes. 3 Ajouter les tomates cerises coupées en deux et laisser mijoter pendant environ 5 à 6 minutes, jusqu’à obtention d’une sauce. 4 Égoutter les spaghettis cuits et les mettre dans la poêle avec la sauce. Bien remuer pour que les spaghettis absorbent la sauce, pendant environ 2 à 3 minutes. 5 Servir avec du fromage pecorino fraîchement râpé. 1

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Z AM O RA

La saveur de l’Ouest sauvage Texte & photos Stefanie Bisping

Presque oubliée et située aux confins de l’Espagne, Zamora rêvait depuis longtemps. Le fromage, le vin et le chocolat sont de bonnes raisons d’aller visiter cette très ancienne ville et la région environnante, mais il y en a une autre : les vacanciers peuvent y faire l’expérience d’un morceau d’Espagne à l’état sauvage et naturel.

Le fromage de brebis fruité se mêle à l’arôme sucré du chocolat. De puissants effluves de vin s’ensuivent, puis la saveur intense du miel de chêne vert s’unit au chocolat dans le palais et fait naître dans l’esprit du touriste la vision d’une matinée estivale ensoleillée. « Nous souhaitions capturer toutes les saveurs de la province de Zamora dans un seul et même bonbon au chocolat, » raconte José Luis Refart pour décrire cette explosion d’arômes, un modeste sourire aux lèvres. Troupeaux de moutons sur les pâturages verdoyants de chênes verts et de chênes-lièges, vignobles, anciens villages avec leurs fromageries et bodegas (caves à vin) : voilà l’ensemble du cadre naturel de l’ouest de l’Espagne où le Douro serpente entre les monts escarpés et marque la frontière entre l’Espagne et le Portugal — la campagne et ses produits se retrouvent enveloppés dans un chocolat artisanal. L’expérience a été couronnée de succès : ce

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chocolat compte désormais parmi les friandises primées de l’assortiment des chocolatiers José Luis et Cruz Refart. Tous deux dessinateurs en bâtiment de formation, ils ont dû emprunter une nouvelle voie lorsque la crise financière s’est abattue sur l’Espagne en 2007. « Nous nous sommes rappelé nos rêves d’enfance », révèle José Luis. « Enfant, j’aimais le cacao et le chocolat et je demandais toujours à ma famille de me rapporter du chocolat d’Allemagne et de Suisse. La saveur de pays aux montagnes enneigées était comme un rêve pour moi. » Le couple a décidé de faire de ce rêve son métier et, pour ce faire, les Refart ont suivi une formation en chocolaterie à Barcelone — finalement, ce n’est pas en vain que la fève de cacao est parvenue en Europe, rapportée par les conquistadors espagnols ! Aujourd’hui, ils produisent plus de trente sortes de chocolats et de friandises dans leur fabrique située à Zamora, à proximité du


Z AM O RA La situation de Zamora au-dessus du Douro était autrefois stratégiquement avantageuse, aujourd’hui elle est magnifique.

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EN BAS Dans la Bodega Jarreño, le vigneron Guillermo Freire conserve sa collection de cruches et propose des dégustations de vin.

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Z AM O RA

José-Luis Refart a fait de sa passion pour le chocolat son métier.

À GAUCHE

À DROITE La Puerta del Obispo de la cathédrale de Zamora possède l’une des façades romanes les plus luxuriantes qui soient.

EN BAS Au total, soixante magnifiques fresques ornent la vieille ville.

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Douro. Cette gamme leur a valu de nombreuses distinctions. Zamora se trouve à 50 kilomètres de la frontière portugaise, sur la Vía de la Plata (la « route de l’argent »), l’une des voies secondaires du chemin de SaintJacques-de-Compostelle, venant du sud. Bien qu’importante dans le monde antique, cette ville de l’ouest de l’Espagne est presque tombée dans l’oubli. Tout son charme réside aujourd’hui peut-être dans le fait qu’elle a su garder ses secrets. En effet, malgré ses remparts puissants, sa cathédrale du XIIe siècle et ses 60 peintures murales colorées, presque personne, en dehors des Espagnols, ne connaît cette ville à la fois spectaculaire et placée sur un emplacement stratégique sur le Douro. Même en Espagne, elle est principalement connue pour sa longue Semana Santa, solennelle et recueillie, qui commence le jeudi précédant la Semaine sainte et dure dix jours. Les tableaux que l’on peut admirer lors des processions sont conservés dans le musée de la cathédrale romane le reste de l’année. Le Lundi saint, les membres de la confrérie du Santísimo Cristo de la Buena Muerte (Saint-Christ de la bonne mort) déambulent sur la Plaza Santa Lucía à la lumière de torches, vêtus de longs costumes, et chantent « Jérusalem, Jérusalem ». Pour de nombreux habitants de Zamora, il s’agit du point culminant de la Semaine sainte. La tradition est si profondément ancrée dans la ville que les enfants deviennent membres de la confrérie de leur famille à leur naissance. Dans le même temps, la ville de 60 000 habitants compte l’une des plus importantes collections d’églises romanes en Europe, de beaux édifices Art nouveau, des vestiges d’un château où ont été tournées des scènes du film de 1976 La Rose et la Flèche avec Sean Connery et Audrey Hepburn, et des curiosités à découvrir toute l’année dans le centre historique parfaitement préservé, sans parler de ses environs et des produits qui y sont élaborés, notamment le vin, le fromage et l’huile d’olive. À quelques kilomètres hors de l’enceinte de la ville, Felix élève des moutons ; il appartient à la sixième génération d’une famille de bergers. Pour la génération suivante, le statut de berger est toujours source de fierté : son fils et deux

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de ses neveux ont déjà rejoint la fromagerie. Depuis ce matin, sa nièce est à la maternité. La famille comptant beaucoup de garçons, il espère qu’elle mettra au monde une petite fille. Pour abriter son troupeau de la pluie, Felix vient de rentrer ses moutons dans la bergerie. Il fait maintenant découvrir à des visiteurs la station de traite et le local d’affinage, où les meules de fromage au lait cru sont retournées tous les deux jours. Ensuite, les voyageurs peuvent goûter le queso Zamorano. « Commencez par le regarder, » conseille-t-il. « La couleur indique de quel animal le lait provient. » Le fromage de chèvre est nettement plus clair que le fromage de brebis. Si le fromage a un arrière-goût de bergerie, cela signifie que les animaux n’ont pas passé assez de temps au pâturage. « Découpez un morceau de fromage et reniflez-le. » De succulents arômes de lait et de beurre devraient parvenir à vos narines. Ensuite, il est temps de passer à la dégustation à proprement parler. « Mâchez bien afin de sentir la texture. » La dégustation se poursuit avec vin et fromage. Il ne faut pas les goûter en même temps, mais l’un après l’autre, afin d’éviter de mélanger les saveurs. Le berger a débouché une bouteille et conseille aux visiteurs d’aller plus loin dans leur analyse. Vignerons par passion. La Route des vins de Zamora, qui conduit aux bodegas mais également aux producteurs de fromage et de miel ainsi qu’à des restaurants, apporte des suggestions utiles. Les petites exploitations sont familiales et leurs activités sont parfois accessoires. Juan Miguel Fuentes, viticulteur de sixième génération dans la commune de Cabañas de Sayago, au sud de Zamora, cultive des ceps de vigne noueux vieux de 150 ans sur un terrain de cinq hectares. « Nous vendangeons et nettoyons le raisin à la main, et nous ne conservons que les meilleures grappes. » En est issu le vin rouge charpenté 150 de sa cave Dominio de Sexmil, à laquelle appartient un autre vignoble, plus grand encore. Propriétaire de 30 hectares de vignes, il compte parmi les principaux exportateurs de la région. L’Espagne comptant quelque 37 régions viticoles d’appellation DOC (Denominación de Origen Calificada), il n’est

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Z AM O RA Le fromager Felix Pastor a mis ses moutons à l’abri après une averse.

EN HAUT

La dégustation est incontournable : les fromages de Pastor s’accordent parfaitement avec les vins de la région.

À GAUCHE

À DROITE Des vins puissants bordent la route des vins de Zamora. On déguste toujours et partout.

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Au domaine viticole Dominio de Sexmil, le vigneron Juan Miguel Fuentes verse l’échantillon directement depuis le tonneau.

pas facile de s’affirmer dans ce paysage. Malgré tout, de nombreux agriculteurs produisent depuis toujours du vin d’appellation d’origine Tierra del Vino dans la région, principalement destiné à leur propre usage. « Mes grands-parents faisaient leur vin dans le coin il y a 80 ans encore, période à laquelle des nuisibles ont malheureusement détruit leurs vignes, » raconte Guillermo Freire, chef de la bodega Jarreño, dans la commune de Moraleja del Vino située à dix kilomètres de Zamora. Cet épisode a marqué la fin de l’ère viticole dans un village où chaque maison disposait d’une bodega il y a tout juste deux générations. Le père de Guillermo a repris cette activité à petite échelle, produisant du vin pour sa famille et ses amis. Il a pris la suite, ses fils se sont joints à lui et, aujourd’hui, la famille remplit entre 18 000 et 20 000

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bouteilles de vin issu de son exploitation de quatre hectares et demi — principalement du tempranillo, mais également du malvasia et un peu de muscat. Cette année, la forte sécheresse a entraîné une baisse d’environ vingt pour cent de la production, mais la qualité en est meilleure. « Ce n’est pas même un dixième de ce que mes grands-parents produisaient, » explique le viticulteur âgé de 71 ans. Toutefois, il s’agit aujourd’hui de la seule exploitation viticole professionnelle de Moraleja del Vino. Ses fils ont tous les deux d’autres activités ; l’un travaille dans une usine du village et l’autre ne rentre à la maison que le week-end. Ils souhaitent néanmoins agrandir ce domaine viticole et espèrent pouvoir s’y consacrer entièrement un jour. « J’en suis très heureux — et ce qui me fait plus plaisir encore, c’est que ma petite-fille de 18 ans m’accom-

pagne maintenant à des foires aux vins, » se réjouit Guillermo Freire. Les vins sont élevés dans des fûts de chêne français, entreposés dans une cave située à sept mètres sous terre, au pied d’un escalier en colimaçon. La collection personnelle de bouteilles rares de Guillermo y prend la poussière, et l’on y trouve également toute une ribambelle de pichets à vin qu’il collectionne. On y propose des dégustations : sur une longue table, des assiettes remplies de fromage et de jambon ainsi que tout un assortiment de verres sont disposés à chaque place. Des groupes d’amis réservent souvent la cave pour décompresser. « Ici, il n’y a pas de réseau téléphonique et aucune nuisance de l’extérieur, » explique Guillermo. « Bien souvent, il est impossible de dire depuis combien de temps on est arrivés ni comment on va en sortir. »


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Breviarium

FRANCE

Zamora

Madrid PORTUGAL

ESPAGNE

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41° N 5° O spain.info/fr/reiseziel/zamora

Hébergement Un palais de la Renaissance construit au XVe siècle propose des chambres en plein cœur de la vieille ville, dans l’hôtel Parador de Zamora. À la différence de l’époque des comtes d’Alba de Aliste, qui l’ont construit, une grande piscine extérieure est à la disposition des visiteurs qui viennent y loger de nos jours à la belle saison. À partir de 112 euros pour une chambre pour deux personnes avec petit déjeuner (Plaza de Viriato 5, Zamora, tél. +34 980 51 44 97). paradores.es/fr/parador-de-zamora

La route des vins Pour repérer les attractions, les exploitations agricoles et les établissements gastronomiques situés sur la Route des Vins de Zamora, il suffit de vvisiter ce site. Tous les établissements qui y sont répertoriés proposent des dégustations ou des ateliers. rutavinozamora.com

Se restaurer La Taberna Lasal propose de délicieux tapas. Les tomates de Zamora à l’huile d’olive éveillent les sens et permettraient presque d’élargir sa conscience (Calle de los Herreros 29, Zamora, tél. +34 980 98 46 69). L’excellent restaurant La Bercera (tapas, morue séchée populaire au nord de l’Espagne, steaks tendres), situé à 30 kilomètres de Zamora, dans la circonscription de Peñausende, comprend également un petit hôtel (70 euros pour une chambre double, petit déjeuner compris). Castillo 1, Peñausende. la-becera.com

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R EC E T T E

Le goût de Zamora Marqué par un environnement rural robuste et la proximité du Portugal, le paysage culinaire de Zamora offre une palette de saveurs à la fois rustiques et raffinées. Cette région est particulièrement connue pour ses produits carnés de première qualité, dont le fameux « lechazo » (agneau rôti), le chorizo et le très convoité queso zamorano, un fromage à base de lait de brebis. La cuisine de Zamora se caractérise par l’utilisation d’ingrédients frais et locaux, transformés en plats simples, mais savoureux. La proximité du fleuve Douro apporte également une grande variété de plats de poisson.

Mantecadas de Astorga 10 personnes 15 minutes 12 minutes

∙ 125 g de farine de blé ∙ 125 g de sucre ∙ 125 g de beurre clarifié ∙ 3 gros œufs ∙ ½ c. à c. de cannelle en poudre ∙ sucre

Battre les œufs pendant trois minutes au robot ou à la main et ajouter le sucre. 2 Ajouter le beurre clarifié et bien mélanger. 3 Ajouter ensuite la farine et la cannelle en faisant des mouvements circulaires jusqu’à ce que la pâte soit lisse. 4 Déposer deux cuillères dans chaque cavité d’un moule à muffins, saupoudrer de sucre et faire cuire 12 minutes à 190 °C (chaleur tournante 170 °C). Retirer et laisser refroidir avant de déguster. 1

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C A N A R I E G R A N D E LA

Appartement moderne dans une grotte avec électricité et eau courante près d’Agüimes.

EN HAUT

EN BAS Les célèbres dunes de Maspalomas offrent une ambiance désertique.

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C A N A R I E G R A N D E LA

Exploration insulaire Texte & photos Susanne Freitag

La Grande Canarie est une destination prisée toute l’année, dotée de magnifiques plages. Ces six idées originales offrent de la variété à chaque saison sur l’ île des Canaries.

Avec ses températures clémentes, La Grande Canarie attire du monde toute l’année. Mais l’île a bien d’autres choses à offrir, avec sa plage de presque 60 kilomètres, ses célèbres dunes à Maspalomas et sa capitale Las Palmas pleine de vie. Nous vous proposons ici six idées pour animer vos vacances. Prenez du bon temps dans ce village troglodyte Situé au nord-ouest d’Ingenio et d’Agüimes dans la gorge Barranco de Guayadeque, le village troglodyte de Cueva Bermeja constitue un puissant témoignage de l’histoire de La Grande Canarie. On vit encore dans ces habitations creusées dans la pierre par les Guanches, le peuple autochtone de La Grande Canarie, quoiqu’avec plus de confort que jadis. Aujourd’hui, les logis nichés dans la roche rouge-brune de la gorge reçoivent l’électricité, l’eau cou-

rante, et même le courrier. Il n’en a pas toujours été ainsi : d’après Doña Isabel, les habitants s’approvisionnaient tout seuls avant que la route traversant la vallée ne soit construite dans les années 1970. Âgée de 85 ans, cette dame vit depuis des décennies dans la grotte portant le numéro 17 et a bien l’intention d’y rester, tout comme deux de ses huit enfants. Quand l’envie lui prend de voir du monde, elle va au Bar Restaurante Guayadeque, situé au pied du village. Le restaurant ainsi que la petite église Ermita de Guayadeque sont également construits dans une grotte. Si l’expérience troglodyte vous tente, vous pouvez louer un des quatre logements des Casas Rurales de Guayadeque. Dégustez un rhum nappé de crème On associe spontanément le rhum à Cuba. Mais on cultivait la canne à sucre à La Grande Canarie avant même que

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C A N A R I E G R A N D E LA

cette plante ne soit importée à Cuba. La Fábrica de San Pedro, une des usines de rhum les plus modernes de l’époque, a été créée en 1884 dans la commune d’Arucas, à environ douze kilomètres de Las Palmas, la capitale de l’île. Destilerías Arehucas est aujourd’hui une marque renommée des îles Canaries et la première rhumerie vieillissant le rhum à être née en Europe. Des visites guidées (qui comprennent bien sûr une dégustation) de la plus ancienne cave à rhum d’Europe sont organisées et attirent chaque année plus de 95 000 personnes. La cave compte plus de 4 300 fûts, dont environ 300 ont été immortalisés par des célébrités internationales comme Tom Jones et Julio Iglesias. Willy Brandt et Walter Scheel, des hommes politiques allemands, ont eux aussi visité la rhumerie dans les années 1970 et y ont signé un fût. César Arencibia, le directeur touristique de la distillerie, confie qu’il aimerait bien y accueillir l’écrivain allemand Ferdinand von Schirach pour parler de ses livres avec lui. Chaque année, la rhumerie met en bouteille plus de 3,5 millions de litres de rhum – une quantité suffisante pour remplir toute une piscine olympique. M. Arencibia explique que l’Arehucas Ron Miel est la boisson nationale de La Grande Canarie : cette liqueur de rhum enrichie de miel est servie avec un nappage de crème tiède. L’héritage des Guanches À 1580 mètres d’altitude au centre géographique de La Grande Canarie, le point de vue de Pinos de Gáldar offre aux visiteurs un panorama grandiose des montagnes de l’île et du cratère éponyme. Depuis ce promontoire, on peut apercevoir à l’ouest quelques anciens spécimens de pins des Canaries. La zone est classée réserve mondiale de la biosphère par l’UNESCO depuis 2005. C’est aussi là que convergent de nombreux chemins de randonnée et routes de campagne. En à peu près quatre heures et demie de marche, on peut rejoindre le Pico de las Nieves, le « sommet des neiges », situé à 1 949 mètres d’altitude. Ce site doit son nom aux trois réserves de neige qui y ont été aménagées au XVIIe siècle pour la conservation de la glace. Plus loin sur la route menant à Tejeda, deux autres imposants sommets se profilent au loin :

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C A N A R I E LA

À DROITE Dégustation de rhum avec César Arencibia.

G R A N D E

La distillerie de rhum Destilerías Arehucas est une marque bien établie aux Canaries.

À GAUCHE

EN BAS Vue depuis Pinos de Gáldar sur le cratère du même nom.

PAGE SUIVANTE La vue sur le Roque Nublo et le Roque Bentayga, au milieu des montagnes.

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C A N A R I E G R A N D E LA

Près du village de Tejeda se trouve le monolithe Roque Bentayga.

EN HAUT

Teror séduit par son artisanat, ses délices culinaires et ses petites boutiques.

À GAUCHE

À DROITE Les produits faits maison sont un incontournable sur tous les marchés hebdomadaires des villages de montagne de La Grande Canaria.

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C A N A R I E G R A N D E LA

il s’agit des monolithes Roque Nublo et Roque Bentayga, que les autochtones considéraient comme des lieux saints et où ils se rendaient pour effectuer leurs pratiques rituelles et religieuses. Les Montañas Sagradas (les montagnes sacrées) de La Grande Canarie ainsi que l’ensemble troglodyte découvert sur le site de Risco Caído à Artenara ont été inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2019. Ce village est le plus élevé de La Grande Canarie : si vous voulez plonger dans le passé et dans la vie des Guanches, nous vous recommandons de visiter le centre d’interprétation de Risco Caído et les Montañas Sagradas. Le joyau de l’exposition est une reproduction fidèle à l’original d’une grotte qui servait aux autochtones de calendrier astronomique et où l’on peut admirer un impressionnant spectacle lumineux. Venez danser au marché hebdomadaire Vous découvrirez une tradition particulièrement belle sur les marchés des villages montagnards de Teror, de San Mateo et de Tejeda. Dès 9 h du matin, un groupe de musique joue dans une tente des tubes et des chansons traditionnelles sur lesquels viennent danser des couples toujours plus nombreux au cours de la matinée. Manuel Medina, employé à l’office du tourisme de La Grande Canarie, explique que si cet événement a été créé pour les couples d’un certain âge, certains rythmes attirent également des danseurs plus jeunes. Le marché de Teror est l’un des plus anciens de l’île. Les quelque 140 étals proposent des saucisses ou des fromages régionaux, comme le chorizo de Teror, mais aussi des biscuits aux amandes ainsi que toutes sortes de produits artisanaux. Les nombreux petits commerces où l’on peut acheter des paniers, des tissus et des souvenirs de la Plaza del Pino (la place des pins) invitent aussi à la flânerie. La basilique de la place abrite la Virgen del Pino, la « Vierge des pins », qui est la sainte patronne de l’île. À deux pas d’ici, on peut visiter la Casa del Perfume Canario pour y découvrir les secrets de la fabrication du parfum. Découvrez l’endroit où tout a commencé Des personnalités de premier plan telles que le roi Charles III, l’homme d’État britannique Winston Churchill ou encore

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C A N A R I E G R A N D E LA

Le propriétaire de plantations de bananes, Juan Carlos Santana, est un véritable artiste du divertissement.

des légendes de la musique comme Maria Callas et Louis Armstrong ont apprécié l’atmosphère particulière de l’hôtel Santa Catalina, situé au beau milieu du parc Doramas. Fondée en 1890 par des Anglais dans le quartier de Ciudad Jardín de Las Palmas, la maison a marqué le début du tourisme dans toute la région. Classé monument historique, ce Royal Hideaway Hotel appartient au groupe hôtelier Barceló depuis 2019 sous le nom de « Santa Catalina ». On se retrouve plongé dans le passé dès que l’on pénètre dans le hall de l’hôtel. Des peintures murales datant du XIXe siècle décorent toute la maison ; les clients des suites peuvent accéder à un bar exclusif sur le toit ainsi qu’à une piscine infinie et

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manger au restaurant gastronomique du chef étoilé Juan Carlos Padrón. Les bananes sont à l’honneur « Qui dit plus d’estaudes [de plantes vivaces] dit plus de kilos, et donc plus de money [d’argent] » : le mélange d’espagnol, d’allemand et d’anglais de Juan Carlos Santana justifie à lui seul une visite de la bananeraie La ReKompensa à Arucas. Le jeune propriétaire, qui se fait appeler « J. C. », réalise des visites guidées du terrain pour ses invités avec un style indiscutablement divertissant. Les 8 000 plantes de l’exploitation produisent 200 tonnes de bananes par an, dont 20 % restent sur l’île tandis que l’autre partie est exportée vers le continent. J.C. ex-

plique que les bananes sont trop petites pour être exportées dans l’espace européen. Les visiteurs apprennent que ce fruit exige beaucoup de soins. Une plante consomme 20 litres d’eau par jour et les fleurs de chaque banane sont coupées à la main. Une fois mûre, la plante pèse environ 70 kilos. Un travailleur la porte sur son épaule jusqu’au camion. Au total, J.C. cultive 13 variétés, parmi lesquelles le Plátano Canario, une version plus petite de la banane Cavendish bien connue, ou encore le Plátano Manzana, au goût de pomme. L’Hacienda de 1804 abrite également un musée et une boutique, dans laquelle l’artiste Pilar Urena vend des sacs, des boucles d’oreilles et des colliers faits main.


CANAR I E L A

G RAN D E

Breviarium

Las Palmas de Gran Canaria Arucas

Teror

San Mateo

Tejeda

LA GRANDE CANARIE

Pico de las Nieves

Cuevas Bermeja Santa Lucía de Tirajana

27° N 15° O grancanaria.com

Maspalomas

À faire absolument Il y a longtemps, des milliers et des milliers de voyageurs ont débarqué de leur navire sur cette île pour s’y établir et y créer une culture d’une grande originalité. Les étroites ruelles de La Vegueta, la vieille ville de Las Palmas, portent encore des effluves de cette lointaine époque de marins. En plus des nombreux bâtiments historiques que l’on peut y admirer, la maison Casa de Colón vaut le détour. Cette maison ancienne, dans laquelle Christophe Colomb aurait fait halte au cours de son voyage vers l’Amérique en 1492, mérite le coup d’œil, ne serait-ce que pour son architecture de style colonial et pour sa belle cour intérieure. Enfin, treize salles d’exposition offrent un aperçu de l’histoire des îles Canaries et de leur lien avec l’Amérique.

À ne pas manquer N’oubliez surtout pas d’aller visiter les dunes de Maspalomas au sud de La Grande Canarie, même si ce lieu est particulièrement fréquenté par les touristes. Cet impressionnant paysage désertique s’étire sur deux kilomètres entre la Playa del Inglés et le phare de Maspalomas. Vous pouvez aussi arpenter le sable fin des dunes à dos de chameau.

Trésors cachés La commune de Santa Lucía s’étend de la côte jusqu’à environ 680 mètres d’altitude dans les montagnes. L’église de Santa Lucía de Tirajana, avec sa belle façade en pierre taillée et son dôme blanc, se trouve au centre du village. D’ici, la vue dépasse largement la côte sud-ouest. Nous vous recommandons tout particulièrement de vous promener dans les belles ruelles romantiques pour y admirer leurs maisons restaurées avec amour et leurs étonnantes sculptures. Les tapas du restaurant Casa Antonio viendront parfaire votre expérience.

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R E C E T T E

Le goût de La Grande Canarie La cuisine canarienne offre un aperçu impressionnant de la fusion culturelle qui s’est opérée au fil des siècles aux îles Canaries. À l’origine, le régime alimentaire des anciens Canariens, qui remonte à 500 av. J.-C., reposait sur les produits de l’élevage, l’orge et la cueillette de fruits et de légumes. Des éléments uniques comme le gofio, une farine d’orge, et les produits laitiers de chèvre et de brebis constituaient la base de leur alimentation. La conquête castillane du XVe siècle a vu l’introduction de nouvelles méthodes agricoles et de nouveaux aliments. Les conquérants originaires d’Andalousie ont apporté des éléments de leur propre cuisine, notamment du blé, différents légumes et du vin. Ces nouveaux ingrédients ont été intégrés aux traditions culinaires existantes, qui ont conservé certains aspects originaux comme l’utilisation de la viande de chèvre et du gofio. La cuisine des îles s’est encore enrichie de l’influence de l’Amérique, à qui l’on doit de nouveaux ingrédients comme les pommes de terre, le maïs et une grande variété de fruits. La cuisine canarienne moderne est un mélange unique de recettes traditionnelles et d’influences de différentes cultures, toujours ouverte à la nouveauté, mais profondément enracinée dans son passé.

Papas arrugadas con mojo verde 4 personnes 30 minutes 20 minutes

∙ 1 kg de petites pommes de terre ∙

fermes à la cuisson avec la peau 250 g de gros sel marin

Pour le mojo verde ∙ 1 bouquet de coriandre ∙ 2 gousses d’ail ∙ 1 poivron vert ∙ 1 c. à c. de cumin ∙ ½ c. à c. de sel ∙ 2 c. à s. de vinaigre de vin blanc ∙ 100 ml d’huile d’olive

Laver soigneusement les pommes de terre et les mettre dans une casserole. Couvrir d’eau à hauteur. Ajouter le gros sel marin et porter à ébullition. 2 Faire cuire les pommes de terre à feu moyen pendant environ 20 minutes, jusqu’à ce qu’elles soient tendres. Vider l’eau et agiter les pommes de terre dans la casserole sur la plaque de cuisson éteinte jusqu’à ce que la croûte de sel se forme. 3 Pour le mojo verde, mettre tous les ingrédients dans un mixeur et mixer jusqu’à l’obtention d’une sauce lisse. 4 Servir les papas arrugadas avec le mojo verde. 1

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R ÊV E D E H ÔT E LS

Corinthia London Séjour de luxe entre la Tamise et les palais

Verdura Resort Détente et sport au bord de la mer

Londres

Sicile

Situé à quelques pas seulement de la Tamise, de la place de Trafalgar et du palais de Buckingham, l’hôtel Corinthia London, avec ses 283 chambres, se dissimule derrière une façade grandiose et impeccablement restaurée. Dans ce lieu, vous pouvez vous évader du quotidien, profiter d’un bon thé en après-midi, selon la coutume, et vous accorder une pause bien méritée au spa de l’espace thermal primé ESPA Life at Corinthia. Pour couronner une journée passée en ville, les restaurants Kerridge’s Bar & Grill et The Northall vous garantiront des délices gastronomiques extraordinaires. Le style moderne, le design bien pensé et l’accueil réconfortant offert par les commodités traditionnelles et le service chaleureux restent inégalés à Londres.

Le Verdura Resort fait partie du groupe hôtelier Rocco Forte Hotels et est membre du consortium The Leading Hotels of the World. Il surplombe les eaux cristallines de la Méditerranée sur la côte sud de la Sicile. Établi sur une colline en pente douce au cœur d’un grand parc de 230 hectares sur une côte privée de 1,8 km de long, cet hôtel dispose de 203 élégantes chambres et suites ainsi que de vingt nouvelles Rocco Forte Private Villas. Les restaurants et les bars du resort font honneur à la cuisine méditerranéenne, en y intégrant des ingrédients de saison typiques de l’île. Le spa du Verdura est un refuge exclusif, adoptant une approche holistique de la santé et du bien-être. Par ailleurs, le resort compte un grand centre des congrès de 4000 m2. Sur place se trouvent des terrains de golf de compétition, conçus par Kyle Phillips et des personnalités de premier plan de l’Open sicilien Rocco Forte. Par conséquent, Verdura est un incontournable pour les joueurs de golf. Six courts de tennis, une piscine à débordement de 60 mètres, un terrain de foot, une salle de gym avec un vaste programme d’activités de remise en forme et de méditation ainsi qu’une piste de jogging viennent étoffer la palette des sports offerts.

corinthia.com

bit.ly/verdura-roccoforte

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R ÊV E D E H ÔT E LS

Grand Hotel Son Net Un refuge élégant et porteur d’histoire

L’Apogée Courchevel Un hébergement élégant au chic alpin

Puigpunyent

Courchevel

La chaîne de montagnes de la Serra de Tramuntana, située au nord de l’île de Majorque, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Au pied de ces montagnes se trouve une magnifique enclave, à seulement 20 minutes de Palma, dans un cadre unique donnant sur le village pittoresque de Puigpunyent : Son Net, un lieu d’art et de culture tout en élégance. L’hôtel se trouve dans un manoir de Majorque sur un domaine privé appartenant à la même famille depuis le XVIIe siècle. Durant son passé glorieux, il servait de refuge luxueux, doté d’une architecture d’une grande finesse. Il abrite d’autres éléments distinctifs, tels que sa cour intérieure d’origine du XVIIe siècle, sa fontaine alimentée par une source et sa chapelle privée. L’hôtel classique et élégant a été magnifiquement restauré et témoigne d’un riche passé – Son Net est le synonyme du luxe ultime et authentique. Son Net dispose de 31 suites et cottages, qui ont fait du luxe, de la tradition et de l’exclusivité le signe distinctif de l’enseigne et invitent les visiteurs à vivre une expérience unique sur l’île de Majorque.

Situé au cœur du Jardin Alpin, dans les Alpes françaises, L’Apogée Courchevel est la destination par excellence des amateurs de sports d’hiver qui aiment le luxe. Outre le sport, la beauté et la détente sont les maîtres-mots de cet hôtel. À la fin d’une longue journée sur les 600 km reliant les merveilleuses pistes du domaine skiable mondialement connu des Trois Vallées, directement accessibles en empruntant un remonte-pente destiné à l’usage exclusif de la clientèle de l’hôtel, un salon de beauté et un espace bien-être invitent au repos. 33 suites, un penthouse et 20 chambres doubles spacieuses offrent un luxe absolu. L’aménagement intérieur authentique du complexe hôtelier a été créé par les designers India Mahdavi et Joseph Dirand – son style est sans pareil. Joyau du Masterpiece Hotel, le chalet L’Amarante, avec ses cinq chambres luxueuses dotées d’une salle de bain, son cinéma privé, son spa et son bar lounge, se distingue tout particulièrement. Si vous vibrez à la vue d’un paysage alpin enneigé, alors L’Apogée Courchevel sera pour vous un petit coin de paradis.

sonnet.es bit.ly/lapogee-courchevel

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M E RV E I L L E S S E P T L E S

Le Colisée, une des nouvelles Sept Merveilles, construit de 72 à 80 après J.-C. sous l’empereur Vespasien, divertissait les Romains avec des spectacles et jeux de gladiateurs.

EN HAUT

EN HAUT Chichén Itzá, bâtie par les Mayas entre 600 et 800 après J.-C. et dotée de la célèbre pyramide de Kukulcán, est un chef-d’œuvre d’architecture, de mathématiques et d’astronomie.

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M E RV E I L L E S S E P T L E S

Le retour des Sept Merveilles du monde Texte Nikki Bonnal

Les Sept Merveilles du monde nous invitent sans cesse à la rêverie. De l’Antiquité à nos jours, d’innombrables listes de diverses « merveilles du monde » ont été établies afin de recenser les monuments et miracles de la nature les plus spectaculaires.

À cette occasion, nous osons affirmer que la plupart d’entre nous ne connaissent absolument pas les Sept Merveilles du monde antique, et aucune liste, même la fameuse liste des Sept nouvelles Merveilles du monde, n’englobe tous les joyaux de ce monde. La plus ancienne de toutes les « listes des merveilles » est celle des Sept Merveilles du monde antique. Outre la grande pyramide de Gizeh, elle inclut le colosse de Rhodes, les jardins suspendus de Babylone, le phare d’Alexandrie, le mausolée d’Halicarnasse, la statue de Zeus à Olympie ainsi que le temple d’Artémis à Éphèse. Cette liste se base sur des rapports de voyage dans la Grèce antique et comprend par conséquent principalement des monuments du bassin méditerranéen et de l’ancien Orient. La grande pyramide de Gizeh, en Égypte, est la seule de ces merveilles du monde antique encore debout aujourd’hui. Il n’est donc pas étonnant que de nouvelles listes présentant de « nouvelles » merveilles du

monde aient régulièrement vu le jour au cours des époques qui se sont succédé. Aux environs du tournant du millénaire, la discussion visant à définir la meilleure liste est devenue plus animée, toujours ponctuée de vifs débats. Le fondement de la nouvelle liste a été jeté en 2000, lorsque le cinéaste, auteur et aventurier suisse Bernard Weber a décidé de lancer une campagne pour choisir les Sept nouvelles Merveilles du monde. Les citoyens du monde entier ont été invités à voter et, en 2007, la liste des Sept nouvelles Merveilles du monde a été présentée à Lisbonne. Voici celles qui ont été retenues ∙ la cité rupestre de Pétra, en Jordanie, ∙ la Grande Muraille de Chine, ∙ le Christ du Corcovado, à Rio de Janeiro, au Brésil, ∙ le Colisée, à Rome, en Italie, ∙ le Machu Picchu, au Pérou, ∙ le temple maya de Chichén Itzá, au Mexique, ainsi que ∙ le Taj Mahal, à Agra, en Inde.

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M E RV E I L L E S S E P T L E S

Les pyramides de Gizeh, pour ainsi dire « hors compétition », ont été classées « merveilles du monde éternelles » et n’ont donc pas eu à être sélectionnées. Bien que l’UNESCO ait été invitée à plusieurs reprises à soutenir le projet des Sept nouvelles Merveilles du monde, elle s’est opposée à toute collaboration avec monsieur Weber. Le but et la mission de l’UNESCO consistent à aider les pays à repérer, protéger et préserver leur patrimoine mondial. De fait, la campagne médiatique de monsieur Weber n’est pas comparable au travail scientifique et pédagogique de l’UNESCO. La liste de l’UNESCO comprend actuellement environ 1 200 sites dans 168 pays. Notre pays y est représenté par le centre historique de la ville de Luxembourg. L’importance d’une classification par l’UNESCO est cruciale pour les différents pays, car elle est synonyme d’aides indispensables et de flux de visiteurs considérables. Mais soyons honnêtes : devant la multitude de sites classés, la tentation était en effet grande de dresser un « palmarès » beaucoup plus restreint… Regardons de plus près la nouvelle liste sur 7Wonders.org. 1. La cité rocheuse de Pétra La splendide cité rocheuse de Pétra est une merveille antique restée inconnue du monde extérieur pendant des siècles. La « cité perdue » n’a été « découverte » par le Suisse Jean Louis Burckhardt qu’en 1812. Depuis lors, il s’agit du principal site touristique en Jordanie.

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Le temple de Petra, tombeau d’un roi nabatée construit au Ier siècle av. J.-C., a été redécouvert il y a 200 ans après avoir été abandonné suite à la conquête arabe.

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M E RV E I L L E S S E P T L E S

e EN HAUT La cité du Machu Picchu, bâtie au XV siècle par les Incas à plus de 3 000 mètres d’altitude dans les Andes péruviennes, est célèbre pour ses constructions complexes. C’est un exemple d’architecture et d’aménagement paysager harmonieux.

La statue du Christ Rédempteur à Rio, haute de 30 mètres, est un des plus jeunes merveilles du monde. Elle a été érigée il y a près de 100 ans.

À GAUCHE

À DROITE La Grande Muraille de Chine, longue de plus de 20 000 km, a été érigée pour protéger contre les invasions des nomades du nord.

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M E RV E I L L E S S E P T L E S

2. La Grande Muraille de Chine À propos de site touristique : la Grande Muraille de Chine, facilement accessible depuis Pékin et dont les premiers tronçons ont été construits au VIIe siècle, s’étend sur près de 9 000 km et offre un panorama montagneux et naturel indescriptible. La visite de la Grande Muraille passe par le site de Badaling ou par celui, moins fréquenté, de Mutianyu, où l’on trouve même un toboggan qui descend jusque dans la vallée. 3. Le Christ Rédempteur Même si, pour des raisons de sécurité, nous vous recommandons de visiter la métropole brésilienne de Rio de Janeiro au sein d’un groupe de voyageurs, ne passez en aucun cas à côté de la statue mondialement connue du Christ Rédempteur, de 30 mètres de haut, située au sommet du mont Corcovado. La construction de cette imposante statue a débuté en 1926 et, depuis, le Brésil est l’une des principales destinations touristiques au monde. 4. Le Colisée de Rome De nombreux Luxembourgeois aiment passer leurs vacances en Italie et connaissent déjà le célèbre Colisée, à Rome. Cet amphithéâtre construit au Ier siècle a servi de décor à de nombreux films qui sont entrés dans l’histoire du cinéma. Ils reviennent sur le passé sanglant du Colisée, témoin du combat à mort des vaillants gladiateurs et de l’issue fatale des chrétiens persécutés, autrefois jetés en pâture aux lions. 5. Le Machu Picchu Perchée à plus de 2 400 mètres d’altitude dans les Andes, la cité inca de Machu Picchu, bâtie au XVe siècle et découverte en 1911 seulement, a amplement mérité sa place sur la liste des Sept nouvelles Merveilles du monde en raison de sa beauté et de son emplacement unique. En passant par la porte du Soleil pour parvenir au temple (prévoyez TOUJOURS deux jours pour la visite, car la principale montagne est souvent enveloppée de

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Le Taj Mahal, mausolée palatial du XVIIe siècle, est célèbre pour ses proportions harmonieuses et son histoire romantique, faisant de lui l’attraction la plus populaire en Inde.

brouillard !), vous serez récompensé par une vue époustouflante, qui restera gravée dans votre mémoire ! 6. Chichén Itzá La cité maya de Chichén Itzá, située sur la péninsule mexicaine du Yucatán, date du IXe siècle et est considérée comme un chef-d’œuvre de l’architecture et de l’astronomie. La grande pyramide de Kukulkán en est la pièce maîtresse. Ses 365 marches, partant des quatre points cardinaux, mènent au temple, situé au sommet, dans lequel se trouve une statue du dieu de la pluie Chac Mool, allongé sur le dos.

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7. Le Taj Mahal Le Taj Mahal, un superbe mausolée semblable à un palais situé à Agra, en Inde, et l’un des plus beaux exemples de l’architecture moghole, a, lui aussi, été désigné comme l’une des Sept Merveilles en raison de sa perfection et de l’harmonie de ses proportions. Je sais ce que vous vous dites maintenant… Et qu’en est-il des spectaculaires temples hindous d’Angkor, au Cambodge, debout depuis plus de 1000 ans ? Sur quelle liste figure le sanctuaire de Borobudur, en In-

donésie, qui est après tout le plus grand monument bouddhique au monde ? Et pourquoi les mythiques statues moaï de l’île de Pâques du Pacifique Sud ne figurent-elles nulle part ? Ou encore l’Alhambra, la tour Eiffel, la Cité interdite ou la basilique Sainte-Sophie… À toutes ces questions, une seule réponse : où que vous soyez, gardez l’œil ouvert pour repérer les joyaux qui vous entourent ! Seul compte votre répertoire personnel de toutes les merveilles que vous portez dans votre cœur ou que vous souhaitez ajouter à votre liste de rêves à l’avenir !


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S E PT

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La cité rupestre de Pétra La Grande Muraille de Chine Le Christ du Corcovado Le Colisée à Rome Le Machu Picchu Chichén Itzá au Mexique Le Taj Mahal à Agra

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L’île aux dragons Texte & photos Laurent Nilles

L’Indonésie compte plus de 17 000 îles. C’est sur deux d’entre elles, dans le Parc national de Komodo, que vivent les varans de Komodo. Ces animaux rares, qui ont déjà infligé leur morsure venimeuse à des humains, sont les plus grands sauriens du monde. On peut découvrir cette île préhistorique paradisiaque en toute tranquillité à bord d’un voilier traditionnel.

Cela fait maintenant douze ans qu’Ahmed a laissé son ancienne vie derrière lui. Comme la plupart de ses voisins, il vivait jusqu’alors de ce qu’il parvenait à tirer de la mer de ses propres mains. Chaque nuit, il hissait la voile de sa petite embarcation en bois. Le lendemain matin, il faisait sécher au soleil les poissons multicolores qu’il avait attrapés dans son filet. Les touristes étrangers étaient rares et ne s’égaraient pas souvent dans son village natal, situé sur l’île indonésienne de Komodo. Lors de la création du Parc national de Komodo en 1980, seule une petite centaine d’intrépides pionniers se rendirent dans cette région sauvage. Vingt ans plus tard, l’île accueillait déjà chaque année 30 000 touristes désireux de découvrir ces sauriens indigènes — les plus

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grands du monde — et en 2019, avant que la pandémie de coronavirus n’interrompe brutalement le flux de visiteurs, ce sont chaque année plus de 200 000 personnes qui bourlinguaient sur la mer bleu turquoise en direction des îles de la réserve naturelle. Les îles voisines de Komodo et de Rinca sont les seuls endroits où l’on peut voir les varans mythiques de Komodo à l’état sauvage. Des prédateurs préhistoriques Le nouveau travail d’Ahmed l’occupe à plein temps : il ne part plus en mer, mais fait visiter son île natale aux touristes venus du monde entier et les emmène voir les dragons. Ici, il n’y a ni routes ni voitures, la visite avec le guide expérimenté se fait à pied. Armé d’un long bâton


KO M O D O Quelque 1 000 personnes vivent à Komodo, leur village natal qui a donné son nom au parc national. Elles travaillent pour la plupart dans la pêche ou le tourisme.

EN HAUT

EN BAS Photographier un varan dans la nature et dans un tel décor demande beaucoup de patience et un peu de chance.

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KO M O D O

Un guide expérimenté escorte les visiteurs en toute sécurité à la découverte des îles.

À GAUCHE

À DROITE Un varan mâle cherche à attirer l’attention d’une femelle plus petite. Malheureusement, ses efforts sont vains, il ne parvient pas vraiment à susciter l’intérêt de la dame.

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KO M O D O EN BAS Le varan est capable de flairer le sang frais à des kilomètres de distance. Le saurien se jette sur sa proie à une vitesse pouvant atteindre 18 km/h.

PAGE SUIVANTE Les couchers de soleil sur la petite île de Padar sont parmi les plus spectaculaires d’Indonésie.

fourchu de deux mètres pour des raisons de sécurité, Ahmed nous enjoint à la prudence : si les sauriens semblent patauds, nul n’est à l’abri d’un incident. Les dragons sont extrêmement sensibles aux mouvements brusques et leur odorat extraordinairement développé leur permet de flairer le sang frais à plusieurs kilomètres de distance. Lorsqu’ils attaquent, ils peuvent atteindre les 18 km/h, et une seule morsure peut être mortelle si elle n’est pas traitée. En effet, les varans sécrètent un venin spécial perturbant la coagulation sanguine, de sorte que leurs proies succombent parfois des jours après avoir été mordues. Le menu de ces animaux comprend notamment des cerfs, des sangliers et, plus rarement, des buffles d’Asie. Cannibales, les sauriens dévorent même leurs propres jeunes, qui se cachent dans de grands arbres durant les premières années de leur vie pour rester hors de portée de leurs aînés. Les humains ne sont pas des proies intéressantes pour les varans, mais des accidents arrivent malgré tout. En 2009, alors qu’il s’asseyait à son bureau, un guide expérimenté s’est fait mordre par un de ces dangereux sauriens,

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qu’il a découvert avec horreur sous la table. Ses collègues ont ensuite dû repousser plusieurs congénères de l’animal attirés par la plaie sanglante pour transporter le blessé par bateau vers l’hôpital le plus proche. En 2017, un touriste a été attaqué après avoir eu l’imprudence de s’approcher d’un varan pour prendre une photo-souvenir. Le dernier incident en date remonte à 2020, un ouvrier du bâtiment ayant été mordu dans un moment d’inattention sur un chantier de travaux d’agrandissement d’un parking. Les décès d’humains sont rares, car les victimes sont rapidement évacuées et reçoivent des soins médicaux. Ainsi, « seules » cinq personnes ont été tuées par les sauriens depuis 1974. Une relation ambiguë Nous repérons notre premier dragon dans l’épaisse broussaille de la forêt tropicale : c’est un remarquable spécimen adulte, que notre présence ne semble pas tellement troubler. Si cet animal venu du fond des âges me fascine, sa réputation suscite aussi en moi une certaine nervosité. Il suffit au saurien géant de lever brièvement la tête et de tourner son regard dans ma direction pour que je sente monter le malaise en moi : les récits que j’ai entendus résonnent encore à mes oreilles. Je n’ai pas envie de lui servir de petit déjeuner et je recule lentement en évitant tout mouvement brusque, comme me l’a recommandé Ahmed. Le jeune varan que nous observons peu après au cours d’une balade matinale sur la plage de sable clair de l’île me paraît plus mignon : d’une longueur d’un de-

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KO M O D O Les enfants des pêcheurs grandissent avec la mer : à marée basse, ils s’amusent à construire des pyramides d’étoiles de mer.

EN HAUT

Les rebon, de minuscules crevettes séchées, sont souvent utilisés comme condiments dans les cuisines de l’île.

À GAUCHE

À DROITE Les poissons pêchés pendant la nuit sont séchés au soleil avant d’être vendus dans tout le pays.

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L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt : avant même le lever du soleil, les marins lèvent l’ancre de notre pinisi dans la baie de Komodo.

mi-mètre à peine, il est moins menaçant… mais tout aussi venimeux. Les varans n’ont pas très peur des humains et il n’est pas rare d’en trouver près d’habitations, où ils se nourrissent de restes de repas ou de poissons en train de sécher, ou bien attrapent une chèvre. En 2009, un enfant de neuf ans a malheureusement été attaqué par un dragon. Les habitants de l’île de Komodo ont donc une relation ambiguë avec ces animaux. En effet, si ces prédateurs carnivores sont une constante menace pour leurs biens et leurs vies, le tourisme qu’ils

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génèrent leur offre de nouvelles sources de revenus prometteuses. Comme Ahmed, de nombreux habitants de l’île travaillent maintenant comme guides pour les étrangers, vendent des souvenirs sculptés à la main ou louent leurs services de capitaine, de matelot ou de cuisinier sur les pinisis, des embarcations de bois prisées des visiteurs. Une île paradisiaque tropicale C’est à bord d’un de ces navires d’inspiration traditionnelle que l’on peut découvrir en toute tranquillité le monde tropical

des îles du Parc national de Komodo. En plus de Komodo et de Rinca, qui sont les meilleurs endroits pour observer les dragons, l’île de Padar est elle aussi incontournable : vous pourrez y admirer des couchers de soleil dans un paysage aux allures préhistoriques, explorer l’une des nombreuses plages de sable accessibles uniquement par l’eau, passer un après-midi avec les accueillantes familles de pêcheurs de Papa Garang, ou encore plonger dans le riche monde sous-marin pour y découvrir ses innombrables poissons multicolores.


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Breviarium

8° S 119° O bit.ly/reesen-komodo

KOMODO BALI FLORES

LOMBOK SUMBAVA RINCA

SUMBA

À faire absolument Si vous êtes pressé, vous pouvez faire une excursion à la journée sur l’île de Rinca au départ de Labuan Bajo. Cela dit, je vous recommande vraiment de prendre plusieurs jours pour voyager en bateau, car le Parc national renferme bien d’autres trésors à découvrir en plus des varans. Si vous passez la nuit sur le bateau, vous serez à bord dès le petit matin et pourrez explorer les îles avant l’arrivée des visiteurs de la journée.

À éviter Il faut soigneusement panser toute blessure ouverte avant d’arriver sur les îles de Komodo et de Rinca, car les sauriens géants peuvent flairer le sang frais à des kilomètres de distance. Bien sûr, il faut aussi respecter à tout moment les consignes du guide : par exemple, ne vous approchez pas trop d’un varan pour prendre un selfie.

Trésors cachés Nous vous conseillons de demander au capitaine du navire quels sont ses endroits préférés : une merveilleuse plage isolée avec du sable rose et fin, le meilleur site pour plonger, un authentique village de pêcheurs accueillants… Les guides touristiques ne vous révéleront pas tous les points remarquables du monde des îles.

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R EC E T T E

Le goût de Komodo La cuisine indonésienne reflète l’histoire culturelle du pays. Elle combine les traditions locales avec des influences de la Chine, de l’Inde et de l’époque coloniale néerlandaise, ce qui se manifeste par une multitude de plats différents. Le nasi goreng est un plat caractéristique. C’est un riz frit aromatique, souvent combiné avec des œufs, des crevettes ou du poulet et assaisonné avec de la sauce soja et du tamarin. Le satay, composé de brochettes de viande marinée, grillées sur un feu ouvert et généralement servies avec une sauce épicée aux cacahuètes, est tout aussi populaire. Cette cuisine utilise une variété d’ingrédients tels que le galanga, la citronnelle et la coriandre, qui créent des profils de goût uniques. Le lait de coco donne une texture crémeuse aux currys et aux soupes comme le soto, un bouillon riche. Les sambals, des pâtes de piment épicées, sont indispensables et offrent une variété de saveurs explosive.

Nasi Goreng 2 personnes 10 minutes 30 minutes

∙ 200 g de riz cuit ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙

(refroidi de préférence) 2 c. à s. d’huile végétale 2 gousses d’ail finement hachées 1 petit oignon rouge finement émincé 1 piment rouge épépiné et finement haché 100 g de poitrine de poulet en lanières 50 g de crevettes décortiquées 2 c. à s. de sauce soja 1 c. à c. de pâte de tamarin 1 c. à c. de sucre de palme 1 oignon de printemps coupé en rondelles 1 œuf battu sel, poivre

Faire chauffer l’huile dans une poêle, ajouter l’ail, l’oignon et le piment et faire revenir jusqu’à ce qu’ils dégagent un parfum. 2 Ajouter les lanières de poulet et les crevettes jusqu’à ce qu’elles soient presque cuites. 3 Incorporer le riz et le répartir uniformément jusqu’à ce qu’il soit chaud. 4 Ajouter la sauce soja, la pâte de tamarin et le sucre de palme. Bien mélanger. 5 Verser l’œuf battu sur le riz et faire cuire en remuant jusqu’à ce que l’œuf se solidifie. 6 Assaisonner avec les oignons de printemps, le sel et le poivre. 7 Servir le nasi goreng comme plat principal avec de la salade fraîche ou des concombres marinés. 1

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Baigneurs à Treasure Beach, au sud-ouest de l’île.

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EN BAS Balade avec un ranger dans le Blue and John Crow Mountains National Park, dans les Blue Mountains.

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Jamaïque, tropiques atypiques Texte & photos Philippe Bourget

Caribéenne jusqu’au bout des ongles, l’île vaut mieux que les hôtels-resorts de sa côte nord, trustés par la clientèle américaine. Ses sites naturels luxuriants, ses montagnes forestières pluvieuses, son sud rural et son influente culture rasta révèlent une destination plus authentique, fière et exclusive.

Qu’est-ce qui distingue une côte touristique tropicale d’une autre ? Souvent, rien. On y trouve les mêmes complexes hôteliers all inclusive, les mêmes excursions formatées, les mêmes services chèrement payés. Le nord de la Jamaïque n’échappe pas à la règle. Sans atteindre l’outrance immobilière de Punta Cana ou de la Riviera Maya, les 120 km de littoral entre Montego Bay et Ocho Rios sont scandés d’hôtels-resorts sécurisés aux plages privées, qui n’invitent guère à en sortir. Certains ont tout de même une « histoire ». C’est ainsi le cas du GoldenEye Resort, à Oracabessa. Sur une propriété ayant appartenu à Ian Fleming, le romancier créateur du personnage de James Bond, villas et cottages de luxe reçoivent des

clients (très) aisés. L’hôtel a été fondé par l’actuel propriétaire du site, Chris Blackwell, producteur historique de Bob Marley. Rastafari Indigenous Village Mais la vérité jamaïcaine est ailleurs. Elle se niche dans les interstices d’une île fière et pauvre, à la nature prodigue taillée pour les activités outdoor. Même si le réseau routier s’améliore, il faudra supporter mille ornières et chemins de terre pour approcher cette réalité. Près de Montego Bay, tiens, combien sont-ils les croisiéristes et clients d’hôtels yankees à visiter le Rastafari Indigenous Village ? Dans un bout de vallée perdue à l’écart d’une « Babylone » considérée comme dévoyée, une poignée de rastafaris vit

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d’autosuffisance, entre musique kumina (à base de percussions), nourriture végétarienne et spliffs — cigarettes de ganja. Si l’envie y est, on peut même effectuer une retraite dans des bungalows plutôt bien aménagés. La route du sud-ouest recèle d’autres surprises. Ainsi de Middle Quarters, village carrefour de l’intérieur. On s’y arrêtera pour déguster les pepper shrimps, des crevettes pêchées dans la rivière voisine, assaisonnées avec du poivre et préparées sur le bord de la route par d’honorables cuisinières. Épicé et strictement local. Plus loin, le village balnéaire de Treasure Beach a gardé des accents authentiques. Dominés au loin par les Santa Cruz Mountains, des boutiques-hôtels se glissent entre des havres tranquilles où sommeillent quelques barques de pêche, devant des terres fertiles cultivées par de petites mains habiles. Le sud-ouest, « jardin maraîcher » de Jamaïque Le prestataire Treasure Tours propose d’ailleurs d’intéressantes balades en scooter pour aller à la rencontre des fermiers. On croise ainsi un paysan venu chercher de l’eau à la citerne du village. Près de son véhicule garé devant un bar braillant de la musique DJ, tenu par une Jamaïcaine trop maquillée, il attend que le « pompiste » daigne achever sa sieste… On s’arrête chez Cleve, agriculteur d’âge mûr, fier de nous présenter, près de sa case en bois, une parcelle plantée de thym et de coco, un gros tubercule caribéen. Tout ou presque pousse dans ce sud-ouest, l’un des « jardins maraîchers » de la Jamaïque. Quant à l’hébergement, une adresse s’impose : le Jakes Hotel. Ses bungalows colorés dispersés sous la végétation et son restaurant, Jack Sprat, dédié au reggae et

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JAMAÏ Q U E Un village dans les Blue Mountains…

À GAUCHE

À DROITE Un torrent dans les Blue Mountains, à Gordon Town.

EN BAS Paysage côtier au sein du mythique hôtel Golden Eye Resort, à Oracabessa, sur la côte nord-est.

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Au Rastafari Indigenous Village, près de Montego Bay, on produit plantes et légumes pour tendre vers l’autosuffisance.

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JAMAÏ Q U E Cueillette du café dans les Blue Mountains.

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Blue Hole, à Island Gully Falls, un des sites naturels les plus beaux de Jamaïque, près d’Ocho Rios.

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Vieille maison à Falmouth, sur la côte nord-ouest.

À GAUCHE

À DROITE À Treasure Beach, au sud-ouest de l’île.

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JAMAÏ Q U E à Jimmy Cliff, en font un lieu typique. L’hôtel appartient au fils du réalisateur jamaïcain Perry Henzell. Dans les années 1970, il a tourné un film dont le célèbre musicien de reggae, toujours en vie, est la vedette. Dans ce sud-ouest décidément riche, le village de Crawford, près du port de Black River, propose une autre expérience. La communauté locale protège depuis plusieurs années le sanctuaire marin de Malcolm Bay, 5 km de côte vierge à mangrove. En bateau, on ira observer les lamantins (au printemps) et les tortues marines en compagnie des pêcheurs locaux. Il restera à embarquer à nouveau pour aller boire un rhum au Pelican Bar, un « café » en planches sur pilotis construit de bric et de broc à quelques encablures du rivage, tenu par le charismatique rasta Floyd. YS Falls, Island Gully Falls, Martha Brae River… Partout en Jamaïque, des sites naturels sont prétextes aux loisirs. On remontera le cours de la Black River en bateau, depuis le port éponyme, pour aller observer oiseaux et crocodiles. Près de Middle Quarters, on se baignera dans les YS Falls, ensemble de cascades rafraîchissantes. Au centre nord, on dénichera dans les hauteurs d’Ocho Rios, le vrai Blue Hole. Ce trou d’eau d’un bleu intense s’étale au pied d’une cascade échappée d’un torrent. Aménagé pour la baignade et les plongeons, le site se nomme Island Gully Falls. À l’orée du Cockpit Country, territoire isolé de l’île (au nord-ouest), on testera la descente en radeau. Sur la Martha Brae River, des bateliers font glisser comme jadis leur embarcation légère

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Descente en radeau de bambous de la Martha Brae River, au nord-ouest de l’île.

sur la rivière ombragée, en poussant sur une longue perche en bois. L’attraction peut être perçue comme trop touristique, mais c’est une façon originale de s’immiscer dans la forêt. Trails dans les Blue Mountains Surtout, ne pas omettre d’aller dans les Blue Mountains ! À l’est de l’île, dominant Kingston, ce massif culminant à 2 256 m d’altitude se rejoint par de mauvaises routes étroites et tortueuses, au milieu

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d’une végétation qui semble vouloir avaler le bitume. Luxuriantes et noyées de brumes, soumises à des pluies soudaines, les Blue Mountains se prêtent aux randonnées et aux trails, comme dans le Blue and John Crow Mountains National Park. Sous un air frais qui fait oublier la chaleur étouffante de Kingston, plusieurs trails sont accessibles aux marcheurs depuis le chalet d’accueil Holywell. Avec un peu de chance, on pourra même apercevoir l’oiseau national, le colibri Red-billed Streamertail.

Les Blue Mountains sont aussi la région du café. La variété d’arabica produit un jus doux et fort en goût, dépourvu d’amertume. C’est l’un des plus chers au monde. Il est possible de visiter plusieurs fermes, comme l’UCC Blue Mountain Coffee Craighton Estate, à Irish Town. Quelques hôtels et lodges disséminés sur les hauteurs offrent l’occasion de passer une ou deux nuits hors du temps. Aller dans les Blue Mountains, c’est découvrir un autre pays !


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Breviarium

18° N 77° O visitjamaica.com

Montego Bay Ocho Rios

JAMAÏQUE Blue Mountains Black River

Kingston

À faire absolument Kingston, capitale chaotique, abrite toutefois un lieu incontournable : la maison-musée de Bob Marley. Située sur les hauteurs de la ville, elle révèle avec tact l’intimité de l’artiste. Photos, lettres, disques d’or, objets personnels, studio d’enregistrement… s’offrent au public sous les commentaires et les reprises émouvantes des chansons du maître par le guide Ricky, un pur rasta. Vous voilà au cœur de la légende — yah man ! —, avec en prime la présence d’une boutique et d’un coffee-shop.

À éviter Si Kingston n’est plus le coupe-gorge des années 80 soumis aux gangs, la capitale reste peu reluisante et sans charme. Certes, Downtown se relooke un peu autour du street art. Mais l’on ne traînera pas seul le soir ni en journée dans certaines zones déshéritées, à l’image de Trench Town, le quartier populaire qui a vu naître le reggae et où vécut Bob Marley. Hormis la maison-musée du chanteur, on pourra également visiter la belle demeure géorgienne Devon House.

Trésors cachés La « jungle » des Blue Mountains recèle bien des trésors. Le massif abrite des villages « marrons », du nom des descendants d’esclaves échappés jadis des plantations, réfugiés en communautés dans les hauteurs, tels Charles Town et Moore Town. Ne pas manquer aussi l’étonnante expérience d’un petit déjeuner au Pretty Close 876, à Gordon Town. Il s’agit d’un « restaurant » aménagé sous une case, posé au creux d’un torrent. On y déguste une excellente cuisine traditionnelle i-tal (végétarienne).

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R EC E T T E

Le goût de la Jamaïque La cuisine jamaïcaine se caractérise par un mélange d’influences africaines, européennes et asiatiques. Elle se distingue par l’utilisation d’épices fortes comme le piment Scotch bonnet et par une prédilection pour les arômes de grillades et de fumage. L’un des aliments de base est l’épice jerk, utilisée pour les plats de viande. Les ingrédients typiques sont la noix de coco, les haricots, le riz et divers fruits tropicaux. La cuisine offre une grande variété de saveurs, allant du piquant et de l’épicé au sucré ou au salé.

Jerk Chicken 4 personnes 15 minutes 40 minutes

∙ 1 poulet entier coupé en morceaux ∙ 4 c. à s. de pâte d’épices pour jerk ∙ 2 c. à s. de sauce soja ∙ 2 c. à s. d’huile végétale ∙ 1 c. à s. de sucre brun ∙ 1 c. à c. de gingembre frais râpé ∙ 2 gousses d’ail écrasées ∙ 1 citron vert, jus

Dans un bol, mélanger la pâte d’épices pour jerk, la sauce soja, l’huile, le sucre brun, le gingembre, l’ail et le jus de citron vert pour obtenir une marinade. 2 Faire tremper les morceaux de poulet dans la marinade de manière à ce qu’ils soient entièrement recouverts. Laisser mariner pendant au moins une heure au réfrigérateur, idéalement toute la nuit. 3 Préchauffer le barbecue. Placer les morceaux de poulet sur le barbecue et faire griller à feu moyen pendant environ 30 à 40 minutes, en les retournant de temps en temps jusqu’à ce que le poulet soit bien cuit. Servir avec du riz et, par exemple, de l’ananas grillé, de la mangue fraîche ou des bananes plantain frites. 1

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BAL I

L’île des dieux Texte & photos Laurent Nilles

L’île la plus connue d’Indonésie, dont la superficie est environ deux fois supérieure à celle du Luxembourg, attire chaque année plus de quatre millions de visiteurs étrangers. Les plages et les lieux de villégiature du sud de Bali sont particulièrement populaires chez les amateurs de bronzette, les surfeurs et les fêtards. En mettant le cap au nord, un bref trajet en voiture suffit toutefois pour découvrir la culture balinaise authentique et un patrimoine hindou unique.

Luh ne cache pas son excitation. Après des semaines de répétition, le grand jour est enfin arrivé pour elle. Le jour du Galungan est l’une des principales fêtes balinaises et tout le village s’est rassemblé dès le lever du jour entre les murs couverts de mousse du vieux temple afin de célébrer la victoire du bien sur le mal, le triomphe de la vertu sur le vice. Il s’agit du coup d’envoi d’une période de festivités de onze jours durant laquelle, selon les croyances des habitants de l’île, les esprits de leurs ancêtres ainsi que les dieux descendent sur terre. Afin d’accueillir et de divertir leurs invités spéciaux venus de l’au-delà, Luh exécutera la célèbre danse du legong accompagnée de deux autres enfants. Pour apporter la touche finale, son père

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l’aide à ajuster son costume doré scintillant serti de pierres colorées. Le prêtre hindou dépose ensuite solennellement sur la tête des trois fillettes une tiare décorée de fleurs. Au son des gongs, des tambours et des xylophones de l’orchestre traditionnel, le gamelan, et sous les yeux attentifs des adultes, elles commencent leur performance complexe, dont la pureté doit être source de plaisir pour les dieux, par des gestes de mains gracieux et coordonnés. Une symbolique riche en tradition Le jour du Galungan, tout Bali s’affaire. Dans les temples, on dit des prières, on allume des bâtonnets d’encens et on fait des offrandes. On réalise des danses traditionnelles. Les prêtres hindous bénissent les fidèles à l’eau bénite. Les


BAL I EN HAUT À GAUCHE Vêtue d’un costume traditionnel, Luh exécute la danse du legong en l’honneur des dieux.

EN HAUT À DROITE Le prêtre principal du temple s’est également paré de ses plus beaux atours à l’occasion des festivités du Galungan. Son accessoire essentiel est un keris, une dague spéciale à laquelle on attribue des pouvoirs magiques.

EN BAS Pura Besakih est le « temple mère », le principal temple de l’île.

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BAL I

Les offrandes aux dieux sont un élément indispensable du festival religieux.

À GAUCHE

À DROITE Un musicien du gamelan profite d’une courte pause pour fumer une cigarette.

EN BAS Pendant les festivités, les rues de l’île sont décorées de penjors en forme d’arcs, un symbole de prospérité et de richesse.

PAGE SUIVANTE Selon la mythologie balinaise, la figure du Barong, semblable à un lion, attire les forces du bien et protège la communauté.

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BAL I hommes sont vêtus de blanc de la tête aux pieds et portent le traditionnel udeng noué autour de la tête. Les femmes portent des kebayas en dentelle fine et des sarongs colorés. Les enfants revêtent également d’élégantes parures. Toutefois, notons que les habitants ne sont pas les seuls à se présenter sous leur meilleur jour. Pour cette fête, chaque famille a décoré la rue devant sa porte en y plaçant des tiges en bambou pouvant mesurer jusqu’à dix mètres de haut, ornées de fleurs, de feuilles de cocotier et de fruits. Ces penjors constituent un symbole de prospérité et les insulaires se surpassent en érigeant des créations spectaculaires. La forme courbée des penjors représente la montagne sacrée Agung, trône des dieux et Olympe de Bali, mais l’arc formé par les tiges de bambou rappelle également le Barong, créature mythique dont la queue présente une courbe similaire. Le roi des esprits L’animal mythique, à l’apparence de lion, constitue une figure centrale de la mythologie balinaise. Le Barong est le roi des esprits et le chef des forces du bien. Il est vénéré dans de nombreux temples de l’île, même si son origine remonte à plusieurs milliers d’années, bien avant la diffusion de l’hindouisme sur cette île indonésienne. Avec la sorcière Rangda, son adversaire la plus ténébreuse, il est la métaphore de l’équilibre entre le bien et le mal et symbolise le fait que le bien ne peut pas exister sans le mal. Il est parfois capable de le repousser, mais jamais de le vaincre ni de l’éradiquer. Il n’est donc pas étonnant que le Barong joue un rôle important lors du Ga-

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lungan. Dans les villages, les enfants et les jeunes se rendent de maison en maison, revêtant le costume du Barong. Ils exécutent une danse qui doit porter chance aux habitants, en échange de laquelle ils espèrent un petit don. Le spectacle est enchanteur ! Lors de cette coutume divertissante, le « vrai » Barong, vénéré au temple et protecteur de la communauté doté de pouvoirs magiques, n’intervient toutefois pas. Seuls quelques élus peuvent le déplacer au cours de cérémonies sacrées. Lorsque le Barong du temple, somptueux et sacré, entre en procession en fin d’après-midi à travers le village de Penglipuran dans une ambiance festive, accompagné de centaines de personnes, l’atmosphère est bien différente de celle de la représentation joyeuse des enfants : les fidèles sont assis respectueusement devant leurs maisons et joignent leurs mains avec recueillement en signe de prière avant de se joindre au long cortège, munis de corbeilles tressées colorées remplies d’offrandes. Le Barong se rend dans différents temples durant onze jours avant de revenir à son emplacement d’origine le dernier jour des festivités, lors de la fête de Kuningan. Une fin solennelle Selon la légende, lors du Kuningan, les esprits et les dieux retournent bel et bien dans leur demeure céleste. Dans le village de Tista, à l’est de l’île, les jeunes filles vierges exécutent à cette occasion la singulière danse du rejang, pendant laquelle elles s’offrent elles-mêmes aux dieux. De la fin de l’après-midi au coucher du soleil, les danseuses élégamment vêtues tournoient inlassablement au son

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BAL I Au cours d’une procession solennelle, les habitants de Penglipuran apportent leurs offrandes au temple.

EN HAUT

La danse du Barong doit porter chance aux habitants et rapporter aux jeunes musiciens un peu d’argent de poche.

À GAUCHE

À DROITE Les danseuses se préparent à leur représentation au temple. Dans le rétroviseur d’un scooter, elles contrôlent une dernière fois leur maquillage et vérifient que leur couvrechef, un type de couronne, est bien placé sur leur tête.

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Le volcan actif et montagne sacrée Gunung Agung, vénéré comme la demeure des dieux, veille sur les rizières de l’île.

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À DROITE Les terrasses de riz de Tegallalang, situées non loin de Ubud, comptent parmi les plus pittoresques de Bali.



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Lors du Kuningan, les jeunes filles vierges s’offrent aux dieux à l’occasion de la danse du rejang.

Pendant ce temps, les courses de buffles traditionnelles du makepung, d’une vitesse incroyable, vont bon train.

du gamelan dans la cour du temple, tour après tour, et répètent d’innombrables fois les mêmes mouvements, dans une espèce de transe. La danse n’est interrompue que par de courtes pauses. En dehors du temple, l’ambiance est beaucoup plus animée alors que le makepung a commencé. Installées dans des chars colorés et finement sculptés rappelant les anciens chars de combat romains, des dizaines d’équipes s’af-

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frontent lors de courses passionnantes. Contrairement aux Romains, les Balinais ne se font pas tirer par des chevaux, mais par des buffles élevés spécialement pour ces courses. Des jockeys fumant nonchalamment une cigarette mènent les animaux à leur vitesse de pointe ; l’attelage donne tout pour recevoir la gloire et les honneurs. Bali, souvent décriée comme le fruit du tourisme de masse, réserve en ré-

alité quelques surprises. À l’écart des sentiers parcourus chaque année par quatre millions de visiteurs étrangers, une culture pleine de vie reste à découvrir notamment au nord-est et à l’ouest de l’île. Bien sûr, les périodes festives en valent particulièrement la peine. Galungan est fêté tous les 210 jours : les prochaines occasions d’y assister se présenteront le 28 février et le 25 septembre 2024.


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Breviarium

8° S 115° E balitourismboard.id/en

Tamblingan

Batur

Jembrana

Mount Agung BALI

Penglipuran

Tista

DENPASAR JAVA

Kuta

À faire absolument Foulée par plus de quatre millions de visiteurs en 2023, la petite île de l’océan Indien est désormais bien connue. Toutefois, la plupart des touristes déambulent sur les plages prisées aux alentours de Kuta, de Seminyak et de Canggu, au sud de l’île. Dans les villages de l’est et du nord, en revanche, on peut se sentir un peu comme des explorateurs, notamment le matin et en fin d’après-midi, lorsque les excursionnistes sont encore attablés à leur petit-déjeuner ou regagnent déjà leurs hôtels. La contrée autour des lacs de Tamblingan et de Batur ainsi que le district de Karangasem, aux environs du mont Agung, la montagne sacrée, m’ont par exemple beaucoup plu.

À éviter Les Balinais en ont assez des touristes irrespectueux qui profanent les temples de l’île en y pénétrant en maillot de bain ou en bikini et des (prétendus) influenceurs qui escaladent les arbres ou les monuments sacrés ou font obstacle aux prêtres et à ceux qui prient pour faire un selfie. Afin de sensibiliser les visiteurs à la culture de l’île, chacun reçoit depuis 2023 un livret à son arrivée à l’aéroport lui indiquant douze choses à faire (« Do’s ») et huit choses à ne pas faire (« Don’ts »). Faites preuve de respect face aux sensibilités locales et comportez-vous en conséquence !

Trésors cachés Dans le district de Jembrana, à l’ouest de Bali, des courses de buffles sont organisées tous les dimanches et à l’occasion de certains jours de fête lors de la saison sèche : le makepung est un spectacle dangereux au cours duquel des chars sont tirés par des buffles de course spécialement élevés à cet effet autour d’un circuit poussiéreux. Si vous êtes dans la région, ces courses effrénées en valent vraiment le détour !

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R EC E T T E

Le goût de Bali La cuisine de Bali reflète la culture et l’histoire uniques de l’île. Elle est connue pour son utilisation prononcée d’ingrédients frais et locaux et d’épices intenses. Cette tradition culinaire se caractérise par un équilibre harmonieux de saveurs sucrées, piquantes et umami que l’on retrouve dans chaque plat. Elles sont typiques du mode de vie balinais.

Sate Lilit Bali 4 personnes 30 minutes 15 minutes

∙ 500 g de filet de poisson ou ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙ ∙

de blanc de poulet finement hachés 100 g de noix de coco fraîchement râpée 2 échalotes finement hachées 2 gousses d’ail finement hachées 1 c. à c. d’ail balinais finement haché (facultatif) 2 feuilles de kaffir finement ciselées 1 c. à c. de coriandre en poudre 1 c. à c. de sel ½ c. à c. de poivre noir 2 c. à c. de sucre de palme 1 œuf brins de citronnelle pour l’assemblage

Dans un bol, bien mélanger le filet de poisson ou le blanc de poulet avec la noix de coco, les échalotes, l’ail, l’ail balinais, les feuilles de kaffir, la coriandre, le sel, le poivre et le sucre de palme. 2 Ajouter l’œuf et travailler le mélange jusqu’à l’obtention d’une pâte homogène. 3 Façonner la pâte autour des tiges de citronnelle comme des petits kebabs. 4 Faire cuire les sate lilit sur un barbecue ou dans une poêle à feu moyen jusqu’à ce qu’ils soient uniformément dorés et bien cuits. Servir avec un accompagnement au choix. 1

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En avril, le voyage gourmand continue Ne manquez aucun numéro – abonnez-vous à REESEN ! abo@reesenmag.lu Directrice de publication & rédactrice en chef Bibi Wintersdorf Journalistes Nikki Bonnal, Joscha Remus, Annette Frühauf, Philippe Bourget, Karsten-Thilo Raab, Stefanie Bisping, Susanne Freitag, Laurent Nilles Relectrice Lara Alloggio Traductrice Emilie Di Vincenzo Directeur artistique Marc Dostert Graphiste Enia Haeck Photo de couverture Laurent Nilles Directeur général Maurizio Maffei Imprimeur johnen-print Luxembourg

Le magazine REESEN et le site reesenmag.lu sont des médias d’information publiés par la société d’édition © Luxe Taste & Style S.à r.l. détenue à 50% par Bibi Wintersdorf et 50% par Maurizio Maffei. Siège social 4a, rue de Consdorf - L-6230 Bech Siège opérationnel 11, Um Lensterbierg - L-6125 Junglinster Rédaction redaktion@tasty.lu Annonces sales@tasty.lu Informations complètes sur le site www.tasty.lu ISSN : 2658-977X La publication périodique est dûment déposée à la Bibliothèque nationale du Luxembourg (BnL) conformément aux dispositions légales. © Tous droits réservés. Toute reproduction, ou traduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans l’autorisation écrite délivrée au préalable par l’éditeur.


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