VIVRE PARIS 55

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55 LE MAGAZINE DES PARISIENS —

ÉTÉ 2023 NUMÉRO 55 —

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Paris est-il paré au tri ?

supplément

AGENDA CULTUREL Juillet - août septembre

PARIS 19e

Tout pour les enfants et la musique !

Alix & Claire

COULISSES

Les trésors de

Yoga, mode et sororité

la Bibliothèque nationale de France

LUZ COLLECTIONS

10

AUBERVILLIERS

Rakajoo Le pinceau au bout du poing

PARIS D’ANTAN

L’histoire des terrasses parisiennes

ESCAPADES

ESTIVALES aux portes de la Capitale

FOOD

Udon, sando et rolls, les meilleures tables japonaises

L 16841 - 55 - F: 7,00 € - RD

VIVRE PARIS Le magazine des Parisiens — Trimestriel — Juin / Juillet / Août 2023

ENQUÊTE



ÉDI TO

Ce qui est nouveau À

tous ceux qui accusent Paris d’être une ville figée dans le passé, voilà des démentis de taille : la construction des structures olympiques géantes à ses abords, des nouvelles stations de métro et l’apparition d’un musée d’envergure mondiale dans son cœur avec la BnF Richelieu qui a rouvert ses portes en très, très grand, pour tous les publics, après dix ans de travaux. Une bonne nouvelle pour tous les amateurs de littérature et d’art, qui risquent d’être surpris par la richesse de ses collections que nous vous invitons à découvrir (p. 37). Ce qui est nouveau également, ce sont les obligations induites par la loi contre le gaspillage et pour l’économie circulaire qui vont entrer en vigueur début 2024 et sur lesquelles porte notre enquête (p. 80). Les Français vont être obligés de trier leurs biodéchets (déchets dégradables naturellement par des microorganismes vivants) afin de les séparer du verre, des emballages ou du reste de la poubelle indifférenciée. Et ici, le travail est colossal car les Parisiens et les Franciliens sont clairement les mauvais élèves de l’Hexagone : nous trions moins que les autres ! Cette situation honteuse est de notre responsabilité, mais aussi celle des collectivités qui doivent mettre à notre disposition beaucoup plus de lieux où déposer ces déchets-là. Pour chacun, ce sont des nouvelles habitudes à prendre, vitales pour l’avenir de notre planète et de nos enfants, alors on s’y met dès maintenant car comme l’écrivait Bernanos, « on ne subit pas l’avenir, on le fait ». Bon été ! 003

Estelle Surbranche Rédactrice en chef


RÉDACTION Vivre Paris 55 boulevard Pereire 75017 Paris Directeur de la publication Yann Crabé infos@vivreparis.fr Editor at large Estelle Surbranche estelle@vivre.paris Direction artistique & Design graphique Grand National Studio hello@grandnationalstudio.com Secrétaire de rédaction Marianne Ravel

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Administration et finance Marjorie Batikian marjorie@vivreparis.fr

VIVRE PARIS est édité par Capitale Publishing SARL de presse au capital de 5 000 € Siège social 55 boulevard Pereire, 75017 Paris RCS 517 815 908 Gérant : Yann Crabé PUBLICITÉ Mediaobs 44, rue Notre-Dame des Victoires 75002 Paris Tél. 01 44 88 97 70 Fax 01 44 88 97 79 Pour envoyer un mail, tapez pnom@mediaobs.com Directrice générale : Corinne Rougé (93 70) Directrice déléguée : Sandrine Kirchthaler (89 22) Directeur de publicité : Arnaud Depoisier (97 52)

Photographes/ illustrateurs Laure Cozic Estelle Surbranche Stéphane Bisseuil Nora Hegedus Florence Valencourt Carmen Vazquez

Distribution France MLP

Contributeurs Marie Dufour Juliette Le Lorier Thomas Thévenoud Marianne Hesse Caroline Ricard Florence Valencourt Carmen Vazquez Loreleï Boquet-Vautor Axelle Carlier

Photo de couverture Maxime Gautier

Numéro commission paritaire 1 224 K 90156 ISSN : 2106-9816 IMPRIMERIE Rotimpress. Girona, Espagne

Ce magazine comprend un supplément culturel de 16 pages. Ne peut être vendu séparément.

ABONNEMENTS Vivre Paris marjorie@editionsvivre.fr

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Le papier de ce magazine est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées. pefc-france.org



SOMMA I RE

Culture — S’immerger dans l’œuvre d’Alphonse Mucha p. 12 Rencontre avec Monica : la seule femme à la tête d’un comedy-club en France p. 18 Les terrasses parisiennes, aux racines de l’institution p. 28 Dans l’atelier de Rakajoo p. 32

Coulisses — Après une rénovation de fond en comble qui a duré près de dix ans, le site historique de la Bibliothèque nationale de France - Richelieu a rouvert ses portes et

© DR

© Chakaiseki

© Stephane Bisseuil, courtesy Galerie Danysz

V I V RE PARI S ÉTÉ 2023

révèle au monde tous ses trésors dans de nouvelles galeries. Vivre Paris vous y emmène pour une visite exclusive ! p. 37

Portfolio — Sylvia Galmot ne songe qu’à une seule chose : révéler la beauté de toutes les femmes p. 48

Food —

Rencontre avec le petit-fils de Raymond Berthillon, créateur de glaces « arty et artisanales » exceptionnelles p. 59 La folie du poulet frit dans Paris ! À la découverte du fried chicken américain, karaage japonais, dak gangjeong coréen, etc. p. 62

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Spécial Japon ! Udon, bols de riz iodé ou rituel méditatif d’un maître nippon virtuose derrière son comptoir gastronomique : le meilleur de la gastronomie japonaise se trouve désormais à Paris p.66

Green —

Joséphine Thebault de Urban Cuisine, le premier potager d’intérieur p. 77 Objectif Tri ! À partir du 1er janvier 2024, le tri de déchets biodégradables va devenir obligatoire. Est-ce possible dans la Capitale ? Vivre Paris a mené l’enquête. p. 80



SOMMA I RE

Enfants —

Rencontre avec Marie Pidancet de Louise Misha p. 91 Leslie Sawicka Namer, une « mom entrepreneuse » dans Paris p. 94 La Philharmonie de Paris et le musée de la Musique à la Villette mettent en musique les activités des enfants p. 98

Bien-être — Rencontre avec Anouk Le Terrier et Lisa Souloy, les deux cofondatrices de DIJO p. 106

Marre du jogging ou de la piscine ? Pour se bouger à Paris, il existe des concepts rigolos ou novateurs ! p. 108

© DR

© Pierre Morel

© Maxime Gautier

V I V RE PARI S ÉTÉ 2023

Mode —

En douze ans, Alix et Claire de Luz, deux sœurs, ont monté l’une des marques de sportswear les plus désirables du moment, en n’abandonnant jamais leurs écoconvictions et en suivant leurs intuitions de femmes. Interview. p. 114

Déco —

Claire Leblond-Faure de Debongout p. 122 Visite chez Sophie de la Rochefordière : maman solo, illustratrice et directrice artistique free-lance aux goûts parfaits p. 124 À la rencontre de Mathilde Herrero, une jeune mosaïste parisienne p. 130

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Escapade — Le top 10 Besoin de vous évader mais aucun jour de congé ? Voici 10 idées d’escapade en Île-de-France pour vous échapper selon vos envies, votre budget et votre tribu ! p. 133 Week-end à Annecy, « la Venise des Alpes » p. 142 L’humeur du moment de l’illustratrice Laure Cozic : reconnaître les Parisiens en vacances p. 146




Culture ×

“J’aurais pu mal tourner bien sûr, mais la boxe m’a sauvé et la peinture aussi.” Le peintre Rakajoo p. 32

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© Mucha Trust, Image de synthèse exposition Éternel Mucha au Grand Palais Immersif © Metrochrome pour GPI, 2023 © Maxime Chermat pour Grand Palais Immersif, 2023

En immersion avec Alphonse Mucha

Comprendre, en touchant, l’univers graphique de Mucha !

EXPOSITION. Le Grand Palais immersif met à l’honneur le peintre Alphonse Mucha dans une exposition sensorielle étourdissante. Pionnier de l’Art nouveau, Alphonse Mucha a inventé un nouveau langage visuel, marqué par des éléments décoratifs aux accents slaves, une typographie élégante et une représentation sensuelle et voluptueuse des femmes, Sarah Bernhardt en tête. Les visiteurs sont invités ici à découvrir autant l’œuvre du Tchèque que son influence sur les autres artistes jusqu’à aujourd’hui – par exemple, les décors de la série télé Arcane sont inspirés par Mucha. Cette exposition frappe également par sa scénographie. Pensée pour nous happer dans l’œuvre, elle fait vivre un véritable voyage grâce à des technologies de projection avancées, mais aussi un univers olfactif créé par TechnicoFlor, et une bande-son particulière, composée spécialement pour l’exposition par le Studio Radio France, Benoît de Villeneuve et Benjamin Morando. Des techniques d’avant-garde pour mieux mettre en lumière ce pionnier de l’art de l’affiche et précurseur de la publicité : Mucha aurait certainement apprécié ! MH Éternel Mucha au Grand Palais immersif, jusqu’au 5 novembre 2023 012



PARCOURS. Devenu presque un rite qui sonne l’heure de la rentrée pour les aficionados de culture, Les Traversées du Marais, initiative née du réseau Marais Culture +, se dérouleront du 1er au 3 septembre dans 27 institutions du quartier. L’idée est toujours d’offrir à tous une programmation plurielle gratuite, ouverte, et festive ! Les organisateurs multiplient donc les formats et les genres pour que chacun puisse trouver son bonheur durant ce week-end. On a repéré pêle-mêle une performance d’art mural à l’institut culturel du Mexique, une fête foraine au musée des Arts et Métiers, de la danse en roller à micadanses, du cinéma en plein air à l’Institut suédois ou des lectures à la maison de Victor Hugo… Et cette année, les galeries d’art du Marais jouent le jeu en ouvrant exceptionnellement pour l’occasion ! FH

© Paris Musées / Musée Bourdelle

Dans le Marais

Bourdelle, Antoine (Émile Antoine Bourdelle, dit), Le Jour et la Nuit, vers 1900. Marbre. Musée Bourdelle.

© Marielle Gaudry

lestraverseesdumarais.com

La déco du Rhodia a été imaginée par le studio SAME.

À côté de Montparnasse SCULPTURE. Il se niche dans une rue discrète du 15e : le musée Bourdelle, du nom du sculpteur, a rouvert ses portes, et c’est un must pour les amateurs – ainsi qu’un lieu à découvrir absolument pour les amoureux d’insolite. À noter aussi : havre de fraîcheur en été, il offre un nouveau café-restaurant, Le Rhodia, du prénom de la fille de Bourdelle, avec terrasse ombragée et goûter 100 % sain. Une très bonne idée pour un dimanche musée suivi d’un brunch ! MH 014



➀ Ron Mueck, Mass (2017) National Gallery of Victoria, Melbourne, Felton Bequest, 2018

SCULPTURE. Le sculpteur australien Ron Mueck expose à la Fondation Cartier pour l’art contemporain un ensemble d’œuvres jamais montrées en France, comme son installation monumentale Mass (2017) aux côtés de pièces emblématiques de sa carrière. MH Jusqu’au 5 novembre

À la rentrée

Sophie Marceau et François Berléand, lors des premières répétitions, avril 2023

SUPERSTAR. C’est l’événement de la rentrée ! Sophie Marceau retourne au théâtre aux côtés de François Berléand pour 90 représentations exceptionnelles de La Note, la seconde pièce d’Audrey Schebat (révélée par La Perruche). Elle y interprète une femme blessée et en colère car son mari a voulu la quitter, tout quitter, sans même un mot d’adieu. Les deux se voient obligés de faire le bilan de leur couple et de leurs vies le temps d’une nuit… Ça se passera au théâtre des Bouffes-Parisiens à partir du 27 septembre et les places risquent de s’envoler très, très vite (la grande star française n’est montée que quatre fois en quarante ans sur les planches !) : Vivre Paris préférait vous prévenir en amont… ES

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La Note, une pièce écrite et mise en scène par Audrey Schebat

© Gautier Deblonde

Hyper-réalisme

© David Parel

Ron Mueck, Ventnor, île de Wight, Royaume-Uni, 2023

© Tom Ross

➁ Atelier de


L’œil de Paris PHOTO. Franck Horvat était un amoureux insatiable de Paris, qu’il a beaucoup photographié. Le Jeu de paume lui rend hommage à travers une exposition de 170 tirages et 70 documents d’archives, qui se concentre sur les quinze premières années de sa carrière exceptionnelle, entre 1950 et 1965. À la fois beau et espiègle ! © Frank Horvat

Frank Horvat. Paris, le monde, la mode au Jeu de paume, du 16 juin au 17 septembre Frank Horvat, Chapeau Givenchy, Paris, pour Jardin des Modes, 1958

La beauté de l’argent

L’Argent dans l’art, à la Monnaie de Paris, jusqu’au 24 septembre

© Tracey Emin. All rights reserved / Adagp, Paris, 2023

EXPOSITION. L’art est-il un produit comme les autres, et les artistes des commerçants ? Ou bien le geste de l’artiste compte-t-il plus que la réalité matérielle de l’objet ? La question revient hanter régulièrement les débats, et la Monnaie de Paris remet une pièce dans la machine avec une belle exposition qui donne à voir « la manière dont les artistes traitent du thème de l’argent et de ses représentations dans la société », explique Marc Schwartz, présidentdirecteur général du musée. Le visiteur traverse ainsi des salles aux thématiques telles que « Le monde de la finance », « La valeur de l’art : que vend l’artiste depuis Duchamp ? » ou encore « L’argent exhibitionniste », traitées en 200 œuvres qui vont de l’Antiquité à nos jours. Une sélection de films, sur le thème de l’argent, sera également projetée en juillet. MH Tracey Emin. I’ve Got It All [J’ai tout ce qu’il faut], 2000 Impression à jet d’encre, 124x109 cm Courtesy of Tracey Emin and White Cube 017


Monika Bachowska, la fondatrice du Café Oscar, l’un des plus vieux comedy clubs de la Capitale, fête les 30 ans de son établissement qui a vu les débuts sur scène de Fabrice Eboué, Nawell Madani, ou même Cyril Hanouna. Rencontre.

Photos © Gautier Berr

Objectif talent ! Monika Bachowska à la fête des 30 ans de son comedy-club

je suis d’abord tombée des nues : je ne savais pas que les comédiens payaient leur location de salles. Et ensuite, j’ai tout de suite réagi. On lui a construit une scène sommaire avec des parpaings et des planches : le spectacle était reparti – et quelque part il ne s’est jamais arrêté !

Au départ, le Café Oscar n’était pas un théâtre ? Je suis née en Pologne et lorsque je me suis retrouvée en France, je rêvais d’un lieu pour rassembler les amis. L’humour, c’est une histoire de Lorsque j’ai visité le Café Oscar, à famille chez vous ? l’origine un restaurant, j’ai senti qu’il Comme on dit, une pomme ne avait une âme. Quand j’ai su qu’il tombe jamais loin du pommier : mon était à vendre, je l’ai tout de suite père avait déjà un café-théâtre en acheté. C’était en 1993. On a fait un Pologne. Même pendant la période café avec un décor à la speakeasy. Au communiste, il a réussi à faire vivre départ, les gens pensaient qu’on avait l’humour… J’ai toujours baigné ouvert une maison close ! Quand là-dedans. J’ai d’ailleurs encore le un ami comédien m’a dit qu’il n’avait miroir qu’il y avait dans son plus d’argent pour se payer son théâtre Sylvain Mante, Cédric Merouani et Mélaniegrand Canivet établissement. et continuer à jouer son spectacle, 018

Comment êtes-vous devenue cette véritable pépinière d’humoristes ? Il y a dix ans, on a créé les auditions publiques : tous les jeudis, à 19 h, on laisse monter sur scène des candidats humoristes pour qu’ils s’essayent. Et c’est le public qui vote ! On a vu les débuts de Fabrice Eboué, Cyril Hanouna, Nawell Madani, Roman Frayssinet, Maxime Gasteuil… On les voit débuter, évoluer, on leur donne plusieurs chances. C’est notre place : déceler les potentiels. Nous programmons ensuite les meilleurs le reste de la semaine, du mardi jusqu’au dimanche. L’entrée est gratuite, on se rémunère avec les boissons, le vestiaire, et au chapeau pour les artistes. ES cafeoscarparis.fr



© Brigitte Enguérand

Voyage, voyage ! MARIONNETTE. Si vous n’avez pas encore vu 20000 Lieues sous les mers de Jules Verne version Christian Hecq et Valérie Lesort : on vous envie ! Depuis 2015 à la Comédie-Française, le couple y ajoute sa passion pour l’art de la marionnette. L’effet est décalé et terriblement drôle, comme la majorité de leurs adaptations : La Mouche au Bouffes du Nord en 2020, Le Bourgeois gentilhomme au Français en 2021… Leur secret ? S’ils restent fidèles au texte, ils en font une lecture très personnelle. En concevant tous les monstres marins manipulés avec talent par la troupe, la plasticienne Valérie Lesort crée l’illusion fascinante des profondeurs. Quant à Christian Hecq, membre de la Comédie-Française depuis 2008, il incarne un Nemo misanthrope, savant humaniste et comique malgré lui. On retrouve ainsi avec plaisir cette première grande adaptation théâtrale mêlant plastique et jeu d’acteurs. 20000 Lieues sous les mers au théâtre de la Porte Saint-Martin, jusqu’au 23 juillet

Jeu de lumière

© Jérémy Nebot

« PIÈCE ENTIÈREMENT EN NOIR ET BLANC. » Cette prouesse est rendue possible grâce à un travail fou de maquillage et d’éclairage autour de Pauline Bression et Grant Lawrens, deux comédiens passés par Plus belle la vie qui jouent le rendez-vous qui aurait bouleversé la vie de Charlie Chaplin à Londres, en 1910. Smile au théâtre de l’Œuvre, jusqu’au 30 juillet 020


Mémoire de fille PARI OSÉ ET ATTENDU. Il y a des livres qui changent nos vies par leur faculté à concevoir des possibles. Combien sommes-nous à avoir été transformés par Mémoire de fille d’Annie Ernaux, cette manière faussement simple d’écrire des situations avec une puissance des mots implacable ? La vie d’une jeune femme un été 1958, ses premières fois dans un centre de vacances où elle est monitrice, ses désillusions vastes, profondes, la description d’un fait impactant, au demeurant banal. Et pourtant abyssal. Tout est dit : le corps de la femme, sa présence face au groupe, souvent monstre destructeur, et ce sentiment intrusif, la honte. La metteuse en scène Silvia Costa s’attaque ainsi à un monument de la littérature et confie son langage à trois comédiennes, Anne Kessler, Coraly Zahonero et Clotilde de Bayser, qui s’interrogent sur cette fille en 1958. Un spectacle qui parle de nous, tous. Mémoire de fille à la Comédie-Française (Vieux-Colombier), jusqu’au 16 juillet

© Simon Gosselin

Silvia Costa, metteuse en scène, interprète et scénographe

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© Arthur Crestani

BON PLAN. Depuis seize ans, ce festival permet de découvrir le nord de Paris et les villes du 93 en naviguant. À peine quelques mètres nous séparent des berges quand on se tient sur un bateau, et pourtant notre point de vue sur le paysage change radicalement quand on l’admire depuis le milieu du bassin de la Villette, du canal de l’Ourcq ou du canal Saint-Denis (jusqu’à la boucle nord de la Seine). En plus d’en prendre plein les yeux pendant ces balades en plein air, moult animations sont prévues tous les week-ends pour enchanter les familles, les groupes de copains ou les amoureux. Il y aura ainsi des bals sur les quais, des croisières pour découvrir du street art ou se régaler de brunchs, et énormément d’activités sportives sur les bases nautiques ou dans les parcs en honneur des Jeux olympiques et paralympiques 2024. Le bonus ? Toutes ces animations sont gratuites ou à petits prix ! MH L’Été du canal, du 8 juillet au 13 août 2023, tourisme93.com 022

© Eté du Canal Concerts flottants / Seine-Saint-Denis Tourisme

© Eté du Canal

Paris sur plage


La fête foraine

© Isabela Mayer

CURIOSITÉS. En 1900, Magic City, le premier parc d’attractions parisien, s’installait au pied de la Samaritaine, avec l’autorisation d’Ernest Cognacq, le fondateur du grand magasin. Cet été, la Samaritaine renoue avec cette histoire grâce à des animations inspirées par les fêtes foraines : le Ballet aquatique, une piscine à balles de couleur, un grand miroir déformant ou les Pinces magnétiques, une machine à pince, nichée sous le grand escalier, qui offre la possibilité d’attraper un cadeau de la maison. Les artistes ont également été appelés en renfort et offrent des bonbons pour les yeux comme Paon, une majestueuse pièce en Plexiglas recyclé de Pierre Brault, ou des œuvres numériques et animées de l’artiste 3D Clément Morin visibles sur la façade Art nouveau, rue de la Monnaie. MH Jusqu’au 30 août

À l’eau

Photos © Yoann Hervet

FACE À L’ÎLE SAINT-LOUIS. Dans le Marais, une nouvelle péniche de trois étages nous invite dans l’Italie des années 60 avec un décor imaginé par l’architecte d’intérieur Bettina Irlandini : Sena, « Italian Riviera Spot ». Entre deux spritz sur le rooftop ensoleillé, ne loupez pas la salle intérieure dédiée aux créateurs ! MH 023


De Pulcinella à Polichinelle, samedi 1er et dimanche 2 juillet de 13 h à 18 h, jardin des Tuileries et studio, spectacles gratuits

Cinéma Paradiso Louvre

Static Shot de la chorégraphe Maud Le Pladec

Comme dans les 90s

© DR

CONCERT. Même après toutes ces années sans avoir livré un tube, Guns N’ Roses reste à ce jour l’un des groupes de rock américains les plus écoutés au monde, avec une moyenne de 24 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify. Et ils viendront rejouer leurs plus grands succès à Paris La Défense Arena le 13 juillet 2023. PR 024

© Laurent Philippe

FESTIVAL. Les Parisiens n’auront jamais vu le Louvre comme ça ! Du 21 juin au 20 juillet, le domaine offre pour la première fois une programmation à ciel ouvert pour explorer toutes les facettes de ses différents monuments. Concerts sous la Pyramide, théâtre et danse dans la cour Lefuel, un joyau architectural méconnu, ou encore activités en famille dans le jardin des Tuileries : ces « étés du Louvre » ont été pensés pour que chacun puisse être tout autant étonné qu’ébloui. Parmi les dates à retenir, réservez votre weekend du 1er et du 2 juillet, où petits et grands seront invités à des spectacles et ateliers, en compagnie de Pulcinella et son cousin français, Polichinelle, dans la prolongation de la grande exposition Naples à Paris. Le Louvre invite le musée de Capodimonte. MH

© Cinéma Paradiso Louvre – mk2

Le Louvre autrement


© Aurélie Lamachère

LE CHAMPS-ÉLYSÉES FILM FESTIVAL

Sophie Dulac

La passionnée Charismatique propriétaire de cinq cinémas d’art et essai à Paris (dont L’Escurial dans le 13e, le Majestic Passy ou l’Arlequin dans le 6e), Sophie Dulac est également l’organisatrice du Champs-Élysées Film Festival, une semaine consacrée aux films indépendants français et américains sur la plus belle avenue du monde. Quels sont vos premiers souvenirs de cinéma américain ? Lorsque j’avais 16 ans, mon père ou mon grand-père [Marcel BleusteinBlanchet, le fondateur du groupe Publicis, dont le siège sur les ChampsÉlysées est l’un des hauts lieux du festival] me traînaient au Studio Bertrand voir des films américains d’époque tous les samedis après-midi. J’y allais avec des pieds de plomb mais grâce à eux, je connais très bien ce cinéma.

Pourquoi avez-vous eu envie de monter ce festival ? Je me suis tout simplement dit que ce n’était pas normal que, sur les Champs-Élysées, une avenue où des milliers de personnes passent chaque jour, il n’y ait pas un festival d’envergure ! Dans les années 70, les Champs-Élysées comptaient 65 salles de cinéma. Si un film ne sortait pas sur les Champs, il ne sortait nulle part ailleurs. Aujourd’hui il n’en reste que cinq. 025

Le festival se déroulera comme chaque année dans l’ensemble des salles de l’avenue « la plus célèbre du monde » du 20 au 27 juin. Cette 12e édition se veut « une célébration de la liberté, un regard sur l’intime et une réinvention de l’amour », via les dernières productions indépendantes françaises et américaines comme Passages de Ira Sachs (un des invités d’honneur) qui sublime le triangle amoureux.

Et en plus, à la fin de l’année, le Gaumont-Marignan va fermer ! Il fallait urgemment faire revenir des jeunes sur les Champs afin de leur faire découvrir ces salles mythiques, et la magie du cinéma. Il y a une nouveauté cette année ? Oui ! Nous lançons une compétition de moyens métrages qui accompagnera les courts. ES champselyseesfilmfestival.com


Un duo singulier

Unstill Life avec Benjamin Millepied et Alexandre Tharaud, du 6 au 9 juillet au théâtre des Champs-Élysées

© Morgan Lugo

HAUTE-VOLTIGE. Imaginez le pianiste Alexandre Tharaud interprétant Bach, Rameau, Schubert, Ravel avec la dextérité et la poésie qu’on lui connaît, et face à lui, l’incroyable danseur, cinéaste et chorégraphe Benjamin Millepied. C’est le spectacle Unstill Life : trois dates intimes très attendues pour un shot d’émotions évident ! MD

Benjamin Millepied

Alexandre Tharaud

Le Tanztheater de Pina Bausch DANSE. Créée en 1978, Café Müller est un des ballets les plus connus de la chorégraphe allemande Pina Bausch (1940-2009) : six interprètes évoluent dans une salle de café comme abandonnée, chaises renversées, sur une musique de Henry Purcell. Pina Bausch y interroge les rapports humains et leur complexité, la difficulté à communiquer. Pour arriver à sa plus juste représentation, son approche chorégraphique n’est pas commune. Elle pose aux danseurs des questions très larges, ils doivent y répondre avec leur corps. Lui seul sait, même si la morale ou nos convenances sociales ont voulu qu’il oublie. Ce travail est ensuite accumulé, puis joué et dansé. On parle du mouvement Tanztheater, littéralement « danse-théâtre » : ni théâtre dansé, ni danse jouée. Magnifique ! MD

© Bettina Stöß

Michael Strecker, Azusa Seyama et Scott Jennings

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Pina Bausch, Tanztheater Wuppertal/Café Müller à La Villette, jusqu’au 12 juillet (dans le cadre de la programmation hors les murs du Théâtre de la Ville)


Gloire aux sages-femmes ! B.D. Aujourd’hui, leur présence auprès des femmes dans ce moment à la fois dur et émouvant, donner la vie, est aussi naturelle qu’essentielle. Mais comment la profession de sagefemme au sens actuel est-elle née ? Avec une femme, et à Paris ! Adeline Laffite et le dessinateur Hervé Duphot nous racontent ainsi l’histoire méconnue d’Angélique du Coudray, une femme indépendante et forte qui a révolutionné l’enseignement de l’accouchement et construit les bases de ce métier. Jusqu’à cette époque, les femmes étaient accompagnées par des « matrones » autoproclamées sages-femmes ou des chirurgiens qui n’entendaient pas grand-chose à l’obstétrique. Résultat, les mortes en couches ou les bébés mutilés étaient légion. Le livre décrit cette triste histoire… mais aussi le combat d’Angélique contre les préjugés, la misogynie et les superstitions pour transmettre ses mots et ses techniques d’accoucheuse qualifiée. Elle écrira ainsi un abrégé de l’art de l’accouchement, mettra au point une méthode pédagogique originale, un mannequin d’apprentissage, pour apprendre son art aux « matrones » dans toute la France, et contribuera ainsi au recul de la mortalité infantile de l’époque. Une magnifique histoire de femme pour les femmes qui fait encore écho aujourd’hui ! ES La Sage-Femme du roi par Adeline Laffite et Hervé Duphot (éd. Delcourt), 17,95 €

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H I STOI RE

LA PETITE HISTOIRE DES TERRASSES PARISIENNES Texte Axelle Carlier

Photos Roger-Viollet.fr

Photo 532-9 © LAPI / Roger-Viollet

Paris n’est ni la ville la plus ensoleillée de France ni celle qui bénéficie du plus d’espace pour dîner en extérieur, et pourtant… C’est bien là qu’est née la tradition des terrasses de café ! Ces dernières sont même devenues un véritable symbole de l’art de vivre à la parisienne. On s’y installe, avec vous, pour retracer leur histoire.

Passage de la course des garçons de café. Paris, place de l’Opéra, juillet 1941.

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Photo 7136-11 © Roger-Viollet / Roger-Viollet

U

ne idée qui ne vient pas forcément des restaurateurs… Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les premières terrasses n’ont pas été mises en place devant des restaurants. Pour le comprendre, il faut faire un voyage dans le temps, au XVIIe siècle. Le Roi-Soleil vient tout juste de libérer Paris de l’enceinte de Charles V. Il a fait planter des arbres le long des anciens remparts, et les flâneurs apprécient cette nouvelle promenade qui surplombe la ville. En effet, les Parisiens se retrouvent ainsi surélevés au-dessus des fossés, sur la terrasse au sens propre, c’est-à-dire le terre-plein qui tenait la muraille. Avec cette vue enfin dégagée, au loin, on peut même désormais apercevoir la campagne ! Certains propriétaires d’immeubles ont alors l’idée de louer leur pas-deporte à des cafetiers et des traiteurs, leur permettant de servir dehors, « en terrasse ».

Terrasse d’une brasserie. Paris, 14 juillet 1936.

En 1686, Francesco Procopio dei Coltelli – un Sicilien installé à Paris – quitte le bar où il travaille comme serveur, rue de Tournon, pour ouvrir son propre café. Il rachète l’établissement de M. Grégoire rue de l’Ancienne Comédie, à SaintGermain-des-Prés, et le renomme Le Procope. Son riche décor, le café qu’il y sert, et sa terrasse (généralement considérée comme la vraie première terrasse de café de Paris) attirent très vite les philosophes des Lumières. Ils en font leur quartier général, et apprécient, comme le dit Montesquieu, cette boisson en vogue « qui donne de l’esprit à ceux qui en prennent » ! Au siècle suivant, Diderot et d’Alembert réfléchissent à leur Encyclopédie,

Photo 7096-1 © CAP / Roger-Viollet

Le plus vieux café de Paris

Terrasse de café aux Champs-Élysées. Paris. Années 1950.

attablés au Procope. Ce lieu est aussi le foyer de la Révolution française, celui « où l’on fronde le plus les opérations de la Cour » comme en témoigne l’écrivain Louis-Sébastien Mercier. C’est même là que le citoyen Julian arborera pour la première fois ce qui allait devenir un symbole de la République : le bonnet phrygien ! 029

“Le Procope est aussi le foyer de la Révolution française”


Photo 1945-7 © Roger-Viollet / Roger-Viollet

H I STOI RE

Café des Deux Magots, boulevard Saint-Germain (6e arr.). Paris, vers 1950.

“En 1867, déjà, Paris est la ville où➀l’on dîne le plus au restaurant”

La Révolution La Révolution française joue un rôle crucial dans le développement des restaurants parisiens. En effet, beaucoup de cuisiniers qui travaillaient pour des familles nobles vont se retrouver au chômage et à la rue… Nombre d’entre eux vont donc migrer vers la Capitale pour y ouvrir leur propre établissement. Ainsi, alors qu’on ne comptait qu’une petite poignée de restaurants avant la prise de la Bastille, en à peine trente ans ce sont des milliers qui ont poussé comme des champignons aux quatre coins de la ville ! En ce début de XIXe siècle, Paris voit aussi naître le mot « chef », avec Antonin Carême 030

qui est même surnommé « le roi des chefs et le chef des rois ». Ce titi parisien est en fait le tout premier à porter cette appellation, à être reconnu au-delà des frontières du pays, et même à mettre une toque, qu’il invente lui-même lors d’un voyage à Vienne.

Quand les soldats russes alimentent le dictionnaire Le printemps 1814 est marqué par l’entrée des soldats russes dans Paris. Victorieux mais impatients, pendant les deux mois où ils occupent la Capitale, ils demandent aux cafetiers d’être servis « vite ». Et dans leur langue, le mot a une sonorité proche de « bystry ». Attablés aux terrasses de Montmartre, ils auraient ainsi


Photo 75147-19 © Roger-Viollet / Roger-Viollet

Terrasse de la Brasserie de Strasbourg. Paris, 1926.

donné naissance à notre fameux « bistrot » ! Une autre explication étymologique penche plus pour un mélange de deux mots d’argot parisien désignant des restaurants : le bistingo et le mastroquet, qui auraient donné ensemble le mot bistrot.

Paris, capitale gastronomique Avec l’arrivée des Auvergnats (surnommés les bougnats), des Aveyronnais, des Alsaciens, de tous ceux qui quittent leurs régions natales pour ouvrir un restaurant en ville, Paris ne cesse de développer son offre culinaire. Elle devient même la capitale gastronomique de l’Europe. Ainsi, 031

en 1867, L’Almanach de l’étranger à Paris indique que « Paris est, de toutes les villes du monde, celle où l’on dîne le plus au restaurant ; c’est celle où l’on peut faire la meilleure chère quand on ne regarde pas à la dépense ; c’est aussi la capitale où l’on peut le mieux se nourrir à des prix très modérés ». Bientôt, les grands travaux d’Haussmann vont également permettre d’élargir les trottoirs, laissant encore plus de place aux repas qui s’éternisent en terrasse. Cet art de la table et des dîners à rallonge va même être reconnu, puisque depuis 2010, le repas gastronomique des Français est considéré comme patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco.


Texte Thomas Thévenoud Photos Stephane Bisseuil, courtesy Galerie Danysz

Le pinceau au bout du poing Lauréat du prestigieux Prix des amis du palais de Tokyo en 2022, Bay-Dam Cissé, alias Rakajoo, s’impose progressivement comme une référence de la peinture figurative française aves ses grands portraits à l’acrylique et ses scènes de la vie quotidienne. Retour en sa compagnie sur le lieu qui a fait de lui un artiste, le club de boxe emblématique d’Aubervilliers : le Boxing Beats.

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akajoo a beau être né dans cette salle de boxe, ici personne ne l’appelle autrement que Baye-Dam. Un prénom qui lui vient de son grand-père qui avait quitté le Sénégal pour faire les BeauxArts à Paris et devenir architecte. À Aubervilliers, tout le monde connaît le Boxing Beats et son directeur charismatique Saïd Bennajem. Champion de France des welters à deux reprises, il a porté les couleurs nationales aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992 avant de faire boxer, entre autres, Sarah Ourahmoune, championne du monde 2008. Aujourd’hui, il s’occupe des gamins du quartier. « Par le poing naît l’espoir. De l’espoir naît l’histoire », c’est la devise du lieu.

La salle de boxe, première salle d’expo Tout commence par une erreur. Le jour où Baye-Dam a mis pour la première fois les pieds au Boxing Beats, en 2007, il cherchait une salle de musculation. C’était la porte à côté. En se trompant, sans le savoir, il a découvert un monde et trouvé sa vocation. Au lieu de soulever de la fonte, il est devenu boxeur, puis peintre… « Entre les entraînements, j’avais pris l’habitude de dessiner dans un coin. Ici c’était mon refuge, ma maison. Je m’amusais à reproduire de mémoire le visage de ceux que j’avais croisés dans le métro. Saïd s’en est aperçu et m’a proposé de peindre sur les murs ! C’est la première personne qui m’a fait confiance et qui m’a rémunéré pour faire ça. » Il commence par un immense portrait de Mohamed Ali. 034

Trois semaines de travail dans la salle et des nuits à dormir sur place. Aucune contrainte, liberté totale, Saïd lui demande seulement d’ajouter ces mots autour du visage de l’icône suprême : « Attaque/Esquive/Force/ Respect ». Le résultat étonne, éblouit les sponsors du lieu. Saïd résume l’impression des habitués : « En boxant les murs avec sa peinture, il a donné une âme à ce lieu. »

L’animation avec Arnaud Lagardère Et c’est vrai qu’il y a quelque chose d’unique ici. Deux rings de plainpied aux cordes rouges, des sacs de cuir qui pendent devant les miroirs et ces visages peints par Rakajoo. La lumière qui pénètre par les baies vitrées de l’ancienne usine de pièces d’avion donne au club


Rakajoo chez lui, en pleine création

de boxe d’Aubervilliers des allures new-yorkaises. Deux adolescents s’entraînent sous l’œil de leur coach, serviette autour du cou, chronomètre en bandoulière. On revoit des scènes de cinéma. Comme l’écho d’un monde meilleur. Dans un coin, les filles s’échauffent, se préparent à monter sur le ring. Avant les vestiaires, une bibliothèque et des livres. Saïd surveille la salle, « c’est notre grand frère, il est là tout le temps, nous aide à faire nos devoirs, surveille nos notes ». Le jour de l’inauguration de la fresque, en 2008, Arnaud

“Entre les entraînements, j’avais pris l’habitude de dessiner dans un coin” Lagardère repère le peintre-boxeur et lui propose d’intégrer une école d’animation. Baye-Dam n’en revient pas, la vie lui sourit. Lui, le gosse élevé par une mère seule, est un écorché vif : « J’aurais pu mal tourner bien sûr, mais la boxe m’a sauvé et la peinture aussi. Grâce à ce lieu, j’ai trouvé un sens à ma vie. » 035

Le retour au Sénégal Le dessin d’animation lui plaît, les exigences d’une entreprise un peu moins. « J’aimais dessiner et créer des récits, des histoires. Là je n’étais qu’un outil. » Il démissionne, reprend sa liberté et essaie de monter sa propre entreprise. Nouvelle période de galère, BayeDam est à la croisée des chemins. Il crée des jeux vidéo avec un ami, commence à écrire un scénario… Et si Aubervilliers n’avait été qu’une parenthèse sans lendemain ? Une voix, celle d’un ami, l’incite à


Rakajoo, Bleu Nuit 2022

© Courtesy Danysz

Rakajoo, En chemin 2022

© Courtesy Danysz

© Courtesy Danysz

Ces œuvres sont issues de la série Ville Lumière en hommage à Paris : Rakajoo les a créées pour sa première exposition individuelle en Chine, à la galerie Danysz Shanghai.

Rakajoo, Chemins croisés, 2022 036


continuer de peindre. « Finalement, c’est la peinture qui m’avait apporté les choses les plus positives dans la vie. Il avait raison. » Les années passent, il recrée des liens avec son père et fait la paix avec sa mère. Le Sénégal l’appelle. Il veut connaître ce pays qui est celui de ses parents. « Par la force des choses j’ai été forcé d’y retourner. Ma mère est morte. On l’a enterrée là-bas. Rakajoo, c’est le surnom que me donnait ma mère quand j’étais petit, ça veut dire tête de mule en wolof. » Il fera son deuil dans la grande maison de son oncle, seul, les pinceaux au poing. Il peint la nuit, le jour, tout le temps. Période de souffrance, de liberté et de travail intense.

En rentrant en France, il s’inscrit à l’école Kourtrajmé, fondée par le réalisateur Ladj Ly et l’artiste JR. Il va voir toutes les expos : « J’ai fait toutes les éditions de la FIAC… J’avais toujours un copain qui y travaillait, il me faisait rentrer par la porte de sécurité. Dans les foires d’art contemporain, les Noirs sont plus souvent à la sécurité qu’exposés. » Il défend une visibilité qui est encore à venir, sans militantisme mais avec détermination. Il cite le Français Jérôme Lagarrigue et l’Américain Kerry James Marshall comme exemples à suivre. Mais Rakajoo aime aussi Lucian Freud, James McNeill Whistler ainsi que les peintres classiques : « Quand j’étais plus jeune, le musée du Louvre était ma cour de récré. Je passais des heures dans les salles à regarder les toiles, à rêver… Delacroix c’est comme de la BD. La peinture française aime raconter des histoires. » L’école Kourtrajmé lui apprend les codes d’un milieu, le jeu de séduction avec les galeries, l’importance de se constituer un réseau. Quand, en septembre 2022, il est sélectionné pour participer au

© Courtesy Danysz

L’école Kourtrajmé

Rakajoo, Déambulation, 2022

“Rakajoo, c’est le surnom que me donnait ma mère quand j’étais petit, ça veut dire tête de mule en wolof” Prix des amis du palais de Tokyo, il demande à Saïd Bennajem d’être son rapporteur. Drôle de nom pour une drôle de mission.

Le cœur a gagné Il lui faut en dix minutes décrire le travail de Rakajoo. L’ancien champion n’est pas du genre à se défiler mais, là, le défi est immense : « C’était quitte ou double pour moi. Les autres artistes étaient représentés par des critiques d’art, des spécialistes, moi j’avais choisi mon prof de boxe. » Le cœur a parlé, Rakajoo a gagné et Saïd en a pleuré. 037

« À chaque fois que je coche une nouvelle case, je reviens au Boxing Beats à Aubervilliers. C’est d’ici que tout est parti. C’est mon point d’attraction, l’endroit où je me sens bien. Mon petit Louvre à moi. » Sur le mur, Mohamed Ali a vieilli. Cet été, on efface tout et on recommence. Rakajoo reprend les pinceaux pour refaire les fresques de la salle. Comme on repart au combat. Avec Saïd Bennajem comme coach, au bord du ring, comme toujours. instagram.com/rakajoo


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Texte Estelle Surbranche

Les trésors de la Bibliothèque nationale de France - Richelieu Photos Nora Hegedus

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Après une rénovation de fond en comble qui a duré près de dix ans, le site historique de la Bibliothèque nationale de France, dans le 2e arrondissement, a rouvert ses portes et révèle au monde tous ses trésors dans de nouvelles galeries. Vivre Paris vous y emmène pour une visite exclusive !

V “Plus de 22 millions de documents sont conservés entre ces murs !”

ous pensiez que la Bibliothèque nationale de France ne conservait que des manuscrits ? Faux ! Plus de 40 millions de documents y sont conservés, répartis entre deux sites, le « moderne » à la Bibliothèque François-Mitterrand et l’historique rue Richelieu. Le premier possède les imprimés et les documents audiovisuels. Le second, Richelieu, conserve les collections dites « spécialisées ». Ce terme désigne évidemment les manuscrits précieux, mais pas seulement ! Richelieu possède une collection fantastique 040

de dessins, gravures, photographies, cartes et plans, monnaies et médailles antiques, ainsi que des bijoux précieux… Plus de 22 millions de documents sont conservés entre ces murs ! Et parmi ces pièces, il y a de véritables trésors que la Bibliothèque peut enfin montrer au public. Car avant cette giga-rénovation, il était compliqué d’entrer dans ces lieux. Visiter la BnF relevait d’une curiosité : il fallait sonner à une grille, un préposé venait nous ouvrir, puis on pénétrait dans deux salles étroites afin de découvrir une toute petite partie de la collection numismatique. L’accès à la salle Ovale était interdit au public. Tout le contraire de l’esprit de cette nouvelle BnF, dont le projet est l’ouverture à tous – et de montrer enfin au monde qu’elle offre un fonds patrimonial de dimension mondiale. Un nouveau lieu culturel de très haut niveau, donc, dont la visite est à inscrire sur la liste des « must-see » parisiens.

Le symbole de la salle Ovale Avant la rénovation, la salle Ovale était réservée aux doctorants. Elle a aujourd’hui retrouvé sa destination initiale : être une salle de lecture publique, un lieu de travail et de médiation ouverte à tous, comme à la fin du XIXe. Il n’y a pas d’inscription au préalable et tout est en accès libre… Lorsqu’on pénètre dans son enceinte, on a le souffle coupé par la majesté de


Gennaro Toscano, conseiller scientifique pour le musée de la BnF

la visite de la BnF commence par là. Un petit conseil ? Une fois que vous en aurez fait le tour, collez-vous à l’une des portes vitrées sur la gauche (dos à l’entrée), vous pourrez admirer la statue de Voltaire dans le salon d’honneur. Son secret ? Enchâssé dans le socle dort dans le formol le cœur du philosophe, offert à la BnF par Napoléon III.

Nouvelles salles, nouvelle visite ! La statue de Voltaire

l’endroit, le décor immuable avec ses opalines vertes et la hauteur sous plafond. Sur la voûte sont inscrits les noms des villes où sont installées les plus grandes bibliothèques du monde, d’Alexandrie à Washington. Les étages ne sont toujours pas accessibles à tous, seulement aux chercheurs, mais les ouvrages présents ici sont généralement des glossaires qui leur permettent de se repérer dans leurs demandes. Comme ce sont en partie les habitants de Paris qui

ont financé la restauration de la salle Ovale, via une campagne de don, les noms des donateurs ont été gravés dans certains meubles ou étagères. Ils font écho à des souvenirs : ainsi cette dame explique qu’elle a « acheté » une chaise au nom de son défunt mari qui venait étudier des heures dans la salle mythique. Aujourd’hui, la salle Ovale est bondée. C’est un véritable nouveau lieu de vie pour les touristes, les étudiants comme pour les habitants du quartier. Et bien souvent 0 41

Grâce à la rénovation, de vraies salles d’exposition ont été créées, mais qui gardent toutes leur caractère historique. « Il faut comprendre que l’histoire de la Bibliothèque nationale de France débute bien avant le bâtiment, sous le règne de Louis XI dans la seconde moitié du XVe siècle, sur les bords de la Loire, car les rois de la Renaissance ont réuni une collection considérable de livres qui les suit dans leurs pérégrinations », rembobine Gennaro Toscano, conseiller scientifique pour le musée de la BnF. « C’est Colbert, le puissant ministre de Louis XIV, qui va déménager en 1667 toutes les collections royales à la bibliothèque rue Vivienne, juste en face de la


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Le Cabinet du roi Son décor et son mobilier XVIIIe constituent un ensemble unique au monde.

rue de Richelieu. Jusqu’ici, tous les objets précieux étaient gardés au Louvre. Mais il y a eu des vols. Il veut protéger, réunir et conserver au même endroit les manuscrits, les cartes, les globes, les collections archéologiques, numismatiques, les grands camées de France… » Le Cabinet du roi, sa collection personnelle, avait trouvé sa place et n’en bougera pas ! Ce caractère spécifique et unique de la BnF, entre expositions et conservation, commence à cette époque, et cette histoire a été ininterrompue depuis. Elle n’a pas été pillée pendant la Révolution et aucun manuscrit n’a été détruit. Au contraire, elle n’a fait que s’enrichir avec les biens saisis pendant la Révolution aux églises ou aux nobles. « La seule bibliothèque comparable à la BnF dans sa continuité, son histoire et son ampleur sur un même site est la bibliothèque du Vatican », conclut Gennaro Toscano. 0 42

Le Cabinet du roi La visite débute par ce fameux « Cabinet du roi », là où avaient été installés les collections numismatiques et les manuscrits des rois au XVIIe siècle. C’est une salle remplie de médailliers, encadrée par un portrait de Louis XIV et un portrait de Louis XV qui se font face. Pour la petite histoire, ce lieu est d’ailleurs le plus ancien musée parisien au sens moderne car, à partir du milieu du XVIIIe siècle, deux fois par semaine, il est ouvert au grand public – et le reste du temps réservé aux érudits. « Il a été pensé comme une period room, c’est-àdire que la pièce a été reconstituée à l’identique. Les boiseries, les tableaux, la scénographie sont les mêmes qu’au XVIIIe siècle, lorsque la BnF a commencé à exposer des pièces », révèle Gennaro Toscano. Colbert conserve, mais il achète aussi pour la France : des estampes et des dessins


“La seule bibliothèque comparable à la BnF dans sa continuité, son histoire et son ampleur sur un même site est la bibliothèque du Vatican” de Dürer, Raphaël… Cette tradition se poursuit au cours des siècles, et suit les évolutions techniques. Au milieu du XIXe siècle, la bibliothèque va ainsi devenir le premier conservatoire de la photo. Résultat de cette longue histoire, la BnF possède aujourd’hui l’une des plus grandes collections au monde d’estampes et de photographies, entre acquisitions et dons. Et elle continue d’en recevoir chaque jour. « C’est un musée vivant ! » résume Gennaro.

Un parcours sur 1 200 m2 Une partie de l’exposition est fixe : vous pouvez admirer des pièces uniques comme le trésor de Berthouville, un trésor d’argenterie trouvé dans un temple gallo-romain (le seul complet en France à ce jour), mais aussi le trésor de Saint-Denis, le trésor de la Sainte-Chapelle déposé par Louis XVI lui-même ou le trône du roi Dagobert. Mais une partie du musée bouge environ tous les quatre mois dans la galerie dite Mazarin, l’ancien cabinet d’exposition du cardinal Mazarin (levez la tête pour admirer les plafonds ornés de magnifiques fresques italiennes !), afin de faire sortir des coffres toutes les merveilles de la BnF. Elles sont si nombreuses : Bible de Gutenberg, partition originale de Don Giovanni par Mozart (sans aucune rature) ou l’originale des Pensées de Pascal ! Hélène Tromparent de Seynes, cheffe du service du musée de la BnF, est en charge d’organiser ces roulements.

En haut : la salle de Luynes À gauche : le trésor de Berthouville présenté dans le « cabinet précieux »

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De nombreux réseaux (EDF, fibre, Télécom) passent dans le pont.

La salle Mazarin en plein changement des collections

de choisir parmi tous nos documents. Là nous terminons un cycle sur les trésors du pouvoir. En septembre prochain, il y aura une thématique sur les révolutions, avec par exemple un ouvrage de Newton et sa traduction par madame du Châtelet, puis en 2024, nous parlerons des échanges culturels. »

La galerie Mansart

➀ Hélène Tromparent de

Seynes, cheffe du service du musée de la BnF

➁ Maxence Hermant, conservateur en chef au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, retourne le psautier de Charles le Chauve pour limiter l’exposition à la lumière.

« Cette rotation est également nécessaire car certaines œuvres en papier sont si fragiles qu’elles ne peuvent rester plus de quatre mois dans la lumière, précise-t-elle, et ensuite elles ne peuvent plus être présentées pendant quatre ans. » Il s’agit donc de se rendre régulièrement au musée pour découvrir les nouveaux chefsd’œuvre ! « Nous fonctionnons par thématique, ce qui nous permet 044

Autre toute nouvelle salle d’exposition à la BnF, la galerie Mansart. « Ici on fait une exposition et demie par an », s’amuse Elsa Rigaux, adjointe à la cheffe du service des expositions. « Exposer ici suppose en effet une grande préparation, avec des contraintes techniques énormes. Comme c’est une salle historique, tous les éléments de l’exposition doivent être entièrement autoportants, sans fixation dans les murs ou au sol », nous expliquet-elle pendant qu’elle est en train de mettre la dernière touche à l’exposition Degas en noir et blanc, une facette méconnue de Degas et pourtant essentielle puisque l’artiste a même dit à la fin de sa vie que s’il devait recommencer


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son œuvre, il ne ferait que du noir et blanc. On apprend ainsi que le département des estampes et de la photographie de la BnF possède la plus belle collection au monde d’estampes de Degas, riche de nombreuses épreuves d’essais, d’états successifs rares et de dix monotypes. Certains seront présentés pour la première fois au public. La collection compte également 29 carnets de dessins rarement montrés, ainsi que l’ensemble le plus représentatif des recherches photographiques de Degas. Encore de nouvelles merveilles qu’il aurait été dommage de laisser dormir dans les coffres !

Trois étages de coffre-fort Justement, en parlant de coffre, nous voici arrivés dans l’un des lieux les plus protégés de Paris : le sous-sol de la BnF Richelieu, un immense coffre-fort sur trois étages, où sont conservés les trésors de France. L’accès y est drastiquement réglementé. Aucune salle n’est marquée, ce qui permet aux seuls initiés de pouvoir y naviguer. On entre dans des grandes salles,

remplies de rouleaux et de cartons, ou parfois de meubles de bureau. Notre guide Julie Garel-Grislin, cheffe de service conservation et communication au département des cartes et plans, dispose elle de 30 pièces pour conserver toutes ses merveilles. Sur une étagère, elle se saisit d’une banale boîte de bureau, déplie avec grande précaution sa protection intérieure et… on reste bouche bée : elle tient devant nous le fameux « globe vert », une mappemonde datant de 1506-1507, attribuée au géographe humaniste Martin Waldseemüller. Sur ce globe de bois, pour la première fois, le Nouveau Monde est désigné sous le nom d’America. Une scène des Aventuriers de l’Arche perdue nous vient à l’esprit : lorsque des agents du gouvernement certifient à Indy que l’Arche est étudiée en lieu sûr par des experts et qu’elle est en réalité vulgairement entreposée dans un gigantesque hangar poussiéreux rempli de centaines de caisses au contenu mystérieux ! À la BnF, c’est pareil : chaque caisse peut potentiellement contenir un trésor archéologique ! 045

➀ La galerie Mansart en préparation de l’expo Degas en noir et blanc ➁ Elsa Rigaux, adjointe à la cheffe du service des expositions, BnF ➂ Julie Garel-Grislin, cheffe de service conservation et communication au département des cartes et plans, BnF


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Un environnement sous contrôle

La carte « pisane », la plus vieille carte marine au monde, est détenue par la BNF. C’est un portulan du XIIe siècle, où le monde est décrit tel que se le représentaient les hommes de l’époque : tout tournait autour de la Méditerranée.

Cela dit, il y a une différence, et de taille, avec le film : ici, on ne voit pas une poussière. « Et la température et l’humidité sont surveillées au millimètre, ajoute Julie Garel-Grislin. De même, comme dans toutes les institutions, nous traquons les rongeurs et les insectes. Ils se régaleraient un peu trop par ici avec tous ces vieux papiers ! sourit-elle. De manière générale, nous surveillons quotidiennement les documents. Nous les reconditionnons tout le temps pour qu’ils soient mieux protégés. Ils sortent beaucoup car ils sont consultés par des scientifiques, ou par nous, lorsque nous avons des demandes d’exposition. » 046

Le fameux « globe vert », un trésor archéologique du XVIe siècle !

Au dernier étage, une deuxième vie Vous l’aurez compris, dans cette BnF nouvelle génération, les documents sont chouchoutés. Mais il n’en a pas toujours été ainsi, et parfois certaines pièces ont été abîmées par des hommes, le temps ou des souris ! Dans ce cas-là, elles se retrouvent entre les mains de Nathalie Trion, cheffe du service restauration, et de Jacques Sicre, chef d’atelier restauration. Dans leurs locaux baignés de lumière au dernier étage du bâtiment, ils recueillent les documents endommagés. Spécialistes des livres et feuillets, ils forment avec leur équipe une sorte de « top guns » de la restauration, la


crème de la crème du métier. Datant de 1859, le service de la restauration est le premier de ce genre à avoir été créé en interne dans une institution, ce qui explique qu’il possède encore tout le matériel ancien comme les fils, les sceaux ou les instruments de dorure. Et puis « on jette rarement à la BN », ajoute malicieusement Jacques Sicre. Pas moins de 600 documents sont restaurés ici chaque année dans les règles de l’art. « Nous nous mettons d’accord au préalable avec le conservateur sur le travail qui doit être réalisé. Et après il nous fait confiance. Il y a une déontologie et une pratique connues

de part et d’autre, souligne Nathalie Trion. Par exemple, on ne retouche jamais. Certains livres sont connus avec des dégradations et on les laisse en place. »

Des labos et des livres Pour les livres les plus abîmés ou les plus délicats, toute une procédure est mise en place. « Nous faisons analyser la composition de l’encre, la stabilité des pigments et des matériaux dans un laboratoire interne ici à la BnF pour savoir quels types d’interventions on peut faire », détaille Jacques Sicre. « Nous avons un devoir de mission

“On ne retouche jamais. Certains livres sont connus avec des dégradations et on les laisse en place” publique, alors nous n’avons pas de secret, ou de petit maquillage. Dans une collection publique, tout est documenté. Nous prenons en photo le document au minimum avant et après. Et surtout, comme je dis souvent à mes équipes, l’important c’est de dire quand on ne sait pas faire ! » Les papyrus par exemple ne sont pas traités dans ce service, car ils demandent un travail spécifique. « Nous évitons de trop spécialiser les gens, car cela conduirait à terme à faire disparaître des compétences, confirme Nathalie Trion. Nous préférons que nos agents soient polyvalents. Le fait que tout le monde touche à tous les styles et toutes les problématiques permet aussi de maintenir un niveau de compétence et d’excellence ! Et puis c’est plus agréable de travailler sur plusieurs choses : des feuilles, des rouleaux de toutes époques… du XIIe au XXe siècle. » Pour le plaisir de nos yeux et l’honneur de la France !

Nathalie Trion, cheffe du service restauration, et Jacques Sicre, chef d’atelier restauration 0 47


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Sylvia Galmot, un portrait avec un supplément d’âme

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Parmi les portraitistes, chacun affiche une méthode différente pour révéler l’âme de leur client. Certains aiment brusquer, diriger pour voler une photo. Tout le contraire de Sylvia Galmot qui ne songe qu’à une seule chose, révéler la beauté de son sujet, tout en douceur. Texte Estelle Surbranche Photos Sylvia Galmot

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J’aime la beauté car je suis persuadée, comme Dostoïevski, qu’elle sauvera le monde. Alors je traite tous mes sujets comme des stars. Je révèle ce que les gens ont de mieux en eux, avec une mise en place très simple, en tête à tête. Dans mon œil, même leurs défauts deviennent beaux car les petites imperfections, quand elles sont assumées, font tout le charme d’une personne. » Devant son objectif sont passés les plus grands artistes – même ses 050

premières photos étaient destinées à des books de comédiens. « Très vite j’ai compris que j’étais faite pour embellir les gens et les mettre dans la lumière », se souvient-elle. S’ensuivent des parutions pour des magazines prestigieux, des photos d’art comme la série La Parisienne (à découvrir dans ce numéro de Vivre Paris), les clichés que préférait Pierre Cardin – un fan de son travail –, et une réflexion photographique de longue haleine autour de la féminité au sens


large. Sylvia a ainsi immortalisé des personnes transgenres en transition pour devenir la femme de leurs rêves ou des détenues, à la féminité diluée par la vie en prison. Cette dernière série devrait d’ailleurs faire bientôt l’objet d’une exposition de grande envergure dans un lieu symbolique, comme celle qu’avait faite Sylvia sur les grilles du palais de Justice de l’île de la Cité autour des violences faites aux femmes, intitulée Libres et égales. « Mon combat aujourd’hui, ce sont les femmes. J’aime les mettre en avant. Elles doutent tellement d’ellesmêmes comparées aux hommes. Peut-être parce que la société leur a toujours donné l’injonction de plaire ? C’est ça mon féminisme à moi, leur redonner confiance en elles quel que soit leur âge ou leur physique via mon image. Car une photo vaut mille mots. » Et on ajoutera qu’avec un cliché de Sylvia Galmot, on a l’assurance de se plaire sur une photo – et c’est suffisamment rare pour être épaté !

Le travail de Sylvia est à découvrir sur son Instagram @sylviagalmot et @sylviagalmot_art

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“Tout est parti du fait que mon fils était intolérant au lait de vache. C’est pour lui que j’ai commencé à créer des glaces aux laits végétaux : noisette, pistache, nougat ou nocciolata, le parfum préféré de ma fille, à base de noisette, chocolat et vanille.” Lionel Chauvin, de Enzo et Lily p. 57

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Lionel Chauvin de Enzo et Lily

Enzo et Lily, c’est le nom de vos enfants ? Je ne voulais pas mettre mon nom, « Lionel Chauvin », en avant, alors j’ai pensé aux noms de mes enfants car j’aime leurs consonances à la fois italiennes, anglaises et provençales. Et pour la petite histoire, il y a un troisième bébé qui vient d’arriver, Paisley… Je ne peux pas changer le nom de la marque mais je lui ai créé une glace à la framboise, cannelle et orange sanguine rien que pour elle, et j’ai rajouté son nom sur le panneau d’entrée de la glacerie du 16e ! Vous êtes vous-même l’héritier d’un grand nom de la glace puisque vous êtes le petit-fils de Monsieur Berthillon. Vous n’avez pas eu envie de « juste » reprendre ce nom et l’affaire familiale ? J’ai travaillé avec mon père et mon grand-père dans l’affaire pendant vingt-deux ans. Mais je voulais tracer ma propre route. Aujourd’hui, c’est ma sœur qui aide mon grand-père et ma mère chez Berthillon. Moi, je complète leur offre très classique : je fais des parfums qu’ils ne feront jamais. Mon objectif est d’amener la glace à toutes les étapes du repas, en apéritif, dans les entrées, dans les plats… et pas seulement en dessert.

Photos © DR

Dans sa glacerie ouverte du 16e arrondissement, le petit-fils de Raymond Berthillon crée des glaces « arty et artisanale » exceptionnelles. Interview.

Dans votre glacerie, il y a une spécialité à goûter absolument, ce sont vos sublimes glaces aux laits végétaux ! Je les fais moi-même pour diminuer au maximum les ingrédients ajoutés. Tout est parti du fait que mon fils était intolérant au lait de vache. C’est pour lui que j’ai commencé à créer des glaces aux laits végétaux : noisette, pistache, nougat ou nocciolata, le parfum préféré de ma fille, à base de noisette, chocolat et vanille. Par ailleurs, j’ai des activités qu’ils ne proposent pas : je crée des glaces pour les chefs qui leur sont exclusives. Par exemple, le chef du restaurant Nectar m’a demandé une glace à la levure boulangère. Je l’ai faite, elle est excellente et tu ne la trouves que chez lui. Idem pour la glace au wasabi, avec de la vraie racine fraîche qui vient du Japon, servie avec un ceviche de daurade au Maresquier dans le 8e… En revanche, au Mathusalem, mon restaurant qui est en face de la boutique, il y a mes créations classiques et toutes mes inspirations du moment. 058

Vous avez une boutique-atelier ouverte dans le 16e : les clients peuvent vous voir travailler… C’était une volonté ? Oui ! Les gens sont invités à rentrer pour parler avec moi, goûter la glace à la sortie de la turbine car c’est là qu’elle est la meilleure. Et puis je n’ai rien à cacher : ils peuvent voir comment je travaille… C’est à la mode, les chocolatiers le font aussi beaucoup. enzoetlily.com


© Carole Cheung

HYPE. Une fois franchi le seuil de Bao Express, on se retrouve plongé dans un diner hongkongais, avec une carte qui propose un choix large de dim sum, les raviolis fourrés, tous délicieux. En partant, passez prendre un bao (brioche) chocolat au Bao Bakery and Café, la boulangerie accolée au restaurant, une perfection ! ES

© Berenice Bonnot

Express pour Hong Kong !

Au bord de l’eau

© DR

À CHATOU. Après moult travaux, la Maison Fournaise, là où Renoir a peint son fameux Déjeuner des canotiers, a complètement rouvert. Et c’est une bonne surprise ! D’abord parce que le lieu est assez féérique : il a su garder son âme de guinguette malgré les changements (bétonnés) dans les environs. Et puis la carte joue le traditionnel heureux remis au goût du jour, sans faire de la cuisine de musée, à l’image de ces éperlans frits en persillade ou ce cochon « de la tête aux pieds » escorté de son chou vert pointu. Après ces agapes, on file à l’embarcadère juste en face du restaurant pour faire un tour de barque en bois avec l’association Sequana ou sur l’île des Impressionnistes à côté pour une balade digestive. De quoi passer une très bonne journée en dehors du XXIe siècle ! ES 059


Photos © Guillaume Belvèze

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Joshua Fontaine, le mixologue créateur de ce nouvel apéritif

APÉRO. Fondateur de deux bars à cocktails parmi les plus courus de Paris, la Candelaria et le Mary-Céleste, Joshua Fontaine, un Américain amoureux de la Capitale, vient de lancer le Lutèce, un apéritif pour les Parisiens. « L’idée de Lutèce m’est venue en réalisant que Paris manquait d’un apéritif vraiment iconique. L’apéritif à la française est sacré à Paris, mais les références datent. Lutèce est cette recette française, née pour matcher avec l’esprit et les goûts des Parisiens d’aujourd’hui », explique-t-il. Le natif du Connecticut, ex de l’Experimental Cocktail Club, a ainsi imaginé un alcool allégé en sucre sur une base de gentiane, associée à de vrais fruits, à des herbes comme du laurier et des plantes. Il peut se déguster en version tonic, mais aussi façon Paris spritz ou margarita. À découvrir dans les établissements suscités, mais aussi au bar de l’hôtel Pigalle ou du Lutetia ! MH

Livraison à domicile

© DR

Les barquettes pour les chiens et les chats les plus gâtés

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SANS CONSERVATEURS ET SANS COLORANTS. Créé par Félicie Dutertre, elle-même propriétaire de Marcel, un magnifique persan, le service Nos Truffes propose la livraison à domicile de nourriture fraîche pour les chiens et les chats franciliens. Ces barquettes scellées sont garanties équilibrées : tout a été élaboré avec Maud Clavel, une vétérinaire, consultante en nutrition ! Barquette pour chien à partir de 12,25 € par semaine, chat à partir de 11,40 €


Photos © Nina Bruno

Gwilherm de Cerval

Daniela Capuano

Le café, les Parisiens TORRÉFACTEUR. Au début du XIXe siècle, des artistes comme Baudelaire, Chateaubriand ou encore Courbet se réunissaient au Momus, un célèbre troquet parisien, pour taquiner la muse. Inspiré par cette histoire et dingue de café, Lionel Giraud vient d’ouvrir rue des Martyrs la boutique Momus, avec Daniela Capuano, meilleure ouvrière de France en torréfaction. Éditeur de cafés d’exception issus d’une agriculture naturelle et durable, Momus permet à chacun d’acheter les graines les plus nobles, et offre même un petit salon de dégustation. Et ici, vous pourrez vivre une expérience étonnante : créer votre propre assemblage signature, à partir des variétés de la maison, en compagnie d’une barista confirmée. L’atelier est gratuit, vous payez juste la marchandise. Si vous avez des amateurs de café autour de vous, cela sonne comme un joli cadeau original, non ? Le premier à s’être pris au jeu est Gwilherm de Cerval, le médiatique sommelier français qui vient de signer Millésime, un café qu’il a assemblé « comme un grand vin ». MH 061

Lionel Giraud


Le poulet frit fait croustiller Paris La street food de qualité ne jure plus que par le poulet frit et le met à toutes les sauces : fried chicken américain, karaage japonais, dak gangjeong coréen… Vivre Paris vous emmène sur les traces des volatiles les mieux panés de la Capitale ! Texte Florence Valencourt

© SDP

Photos Voir mentions

version frite, c’est un vrai mode de consommation à part entière pour la nouvelle génération : on peut la préparer à l’avance, la faire recroustiller à la dernière minute et surtout la consommer dehors, ou même la partager. Sans compter que le frit, c’est gourmand et réconfortant. À Paris, en ce moment, cinq versions se disputent les faveurs des amateurs : le karaage japonais, le dak gangjeong coréen, le poulet frit revisité « à l’africaine », la version taïwanaise et le soul food américain, parmi les premiers connus et les plus courus.

Popeyes

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epuis un an, le poulet frit pond (oui, oui) des petits un peu partout dans Paris. Et à toutes les sauces. Pourquoi ce succès ? Cela tient d’abord à celui du poulet tout court, puisque c’est la première viande consommée dans le monde. Il présente en effet plusieurs avantages comparatifs de taille : aucun interdit religieux, des qualités nutritionnelles certaines, la possibilité de l’élever rapidement, un coût accessible. Quant à sa

Bonchon

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© DR

Version chaîne XXL Ouvert en début d’année en face de la gare du Nord, le restaurant de la chaîne américaine Popeyes ne désemplit pas. Matraquage publicitaire, prix attractifs, emplace-ment affinitaire, tous les ingrédients du succès sont réunis. L’enseigne aux 3 900 restaurants


© Simon Detraz

Mao Fry


© Maki Manoukian

© Maki Manoukian

En haut : Charles et Matthieu, les deux associés de Nakatsu.

© Simon Detraz

En bas : Chez Mao Fry, le poulet se roule dans une double panure pomme de terre et patate douce.

répartis dans plus de 30 pays doit son succès en grande partie à son iconique Chicken Sandwich « élaboré avec quatre ingrédients de qualité : du bon poulet frais d’origine locale, mariné pendant douze heures minimum dans notre mélange exclusif d’épices cajun traditionnelles, un pain façon brioché pour le moelleux, de la mayonnaise pour le crémeux et enfin des pickles pour une touche d’acidité ». Devant le succès, Popeyes compte ouvrir une vingtaine de points de vente dans toute la France d’ici la fin de l’année. La production hexagonale de poulets va-t-elle suivre ? C’est une autre affaire… Surtout que Bonchon, le concurrent coréen qui a ouvert sa première enseigne rue Saint-Denis, a des ambitions similaires (boulevard de Belleville et rue Saint-Honoré, dans un premier temps). Son directeur France indique que s’il met un point d’honneur à choisir du poulet français de plein air, il ne peut pas se permettre de le prendre fermier car « ça ne suit pas en termes de quantités. On écoule déjà 1 à 1,2 tonne par semaine ! ». 064

“Trouver le bon poulet a nécessité un an de recherches !” Japonais et vertueux Aux antipodes de ces grosses machines, dont les sandwiches au poulet sont malgré tout plutôt convaincants gustativement, des petits jeunes essaient de faire rimer poulet frit et engagement écologique. C’est le cas des deux associés de Nakatsu, qui se sont lancés dans la version japonaise rue Ramey (Paris 18e). Charles et Matthieu expliquent : « Le poulet a nécessité à lui seul un an de recherches ! On a trouvé un petit producteur français, proche de Paris, dans le Perche, qui élève ses volailles durant 120 jours (contre 80 pour le Label rouge) et produit sur place leur alimentation. Ce “poulet à col nu” produit une chair ferme et fine, dont le gras offre une saveur unique. » Pour l’avoir goûté en version donburi, il est effectivement particulièrement savoureux… Et vertueux.


En bas : le médiatique Mory Sacko séduit avec Mosugo, une enseigne street food avec déjà deux adresses à Paris.

© Quentin Dressy

Chez BMK, qui compte deux cantines à Paris, l’engagement est tout autant culinaire que culturel. Comme l’explique Fousseyni Djikine : « La mission de BMK est de participer au rayonnement du continent africain, de contribuer durablement au développement des pays africains par la promotion de leurs spécificités culturelles et notamment de leur patrimoine culinaire, traditionnel ou revisité. C’est le cas de notre BFC. Nous avons voulu mettre en place une recette de poulet frit, mais avec de la farine de banane plantain et de la chapelure de maïs. Ce qui permet d’obtenir une recette, délicieuse certes, mais aussi sans gluten ! Nous servons ce poulet avec des bananes plantains frites (allocos) et de la salade pour la touche healthy. » On s’en lèche encore les doigts ! Quant à Adrien Zheng (23 ans), à la tête du Mao Dumpling Bar, il signe une nouvelle adresse autour de la variante taïwanaise du poulet, Mao Fry : le poulet frit taïwanais se roule ici dans une double panure de pomme de terre et de patate douce, et ça change tout au goût.

Hors catégorie Si vous aimez la volaille qui sort des sentiers battus, trois adresses sont absolument à tester. Il y a évidemment l’historique, Gumbo Yaya (soul food) dans le 10e et son « chicken & waffle », soit du poulet frit sur une gaufre moelleuse à arroser de sirop d’érable, comme dans le sud des États-Unis. Version french twist, on n’oublie pas non plus un pionnier, Grégory Marchand, qui trempe son poulet fermier dans du lait ribot au cœur du Sentier, chez Frenchie To Go… et évidemment Mory Sacko. Le chef cartonne avec ses deux Mosugo (Paris 14 e et aux Galeries Lafayette Gourmet) qui proposent une version originale, à base de blanc de poulet mariné plus de douze heures dans l’huile et les épices cajun, panure panko et pain bretzel, pour un résultat affolant de gourmandise. Et le phénomène n’est pas prêt de s’arrêter, puisqu’on annonce encore beaucoup de nouveaux venus sur ce créneau juteux dans les prochains mois… Jusqu’à saturation ? 065

© Ilya Food Stories

Afrique ou Taïwan : impossible de choisir !

© Ilya Food Stories

© Quentin Dressy

À gauche : Fousseyni Djikine, le boss du BMK Paris-Bamako.


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© Chakaiseki Akinoshi

Chakaiseki Akinoshi


© Chakaiseki Akinoshi

LES TABLES JAPONAISES À PARIS Photos Voir mentions

Texte Carmen Vazquez

Udon, bols de riz iodé ou rituel méditatif d’un maître nippon virtuose derrière son comptoir gastronomique : le meilleur de la gastronomie japonaise se trouve désormais à Paris. De quoi oublier le menu C2 maki et brochettes bœuf-fromage des fausses échoppes japonaises du coin de la rue !

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© Carmen Vazquez © Léo Kharfan

Kaito Hori, ou le sandwich 5 étoiles avec du pain de mie shokupan

Kaïto et ses hand rolls roulés minute par un chef étoilé

© DR

« Les coups de baguette sur le pouce »

Enni Udon, le nouveau repère des amateurs de ces fameuses nouilles japonaises

La cuisine nipponne est souvent marquée par une dualité : elle peut soit être croquée sur le pouce, debout au comptoir, soit nécessiter un arrêt spatio-temporel pour profiter d’une expérience hautement gastronomique. Les bouchées les plus fulgurantes se dégustent ainsi en un coup d’éclair chez Kaito, nouveau comptoir iodé germanopratin télétransportant illico au marché de Tsukiji. Dans cet écrin de poche aux teintes bleu ciel, on déguste débout, comme là-bas, des hand rolls roulés minute sous nos yeux par le chef étoilé Takuya Watanabe et son disciple de longue date, Marvin. L’algue nori, d’une croustillance rare – le chef en 068

teste plus d’une dizaine parmi les meilleures sur le marché – couve le nec plus ultra de la mer travaillé en ikéjime et maturé une fois sur place en fonction du poisson. Parmi les recettes stars, le Toro Taku à la ventrèche de thon Bluefin, radis daïkon, shiso et sésame, et le Kaïto maki à la ventrèche et akumi, thon rouge taillé à la verticale, courge marinée, shiso et sésame. Comptez 30 € pour quelques rolls et une salade. Toujours dans le 6e, chez Kaito Hori, vous pouvez déguster un « sando » sandwich d’exception avec du pain de mie shokupan, un pain nippon immaculé et extra-aérien : salade d’œuf-mayo pimpée au yuzu pour la version salée entre deux tranches grillées (9 €) ou fruits de saison bien mûrs et juteux pour l’option sucrée bombée à la combinaison fatale mascarpone-chantilly (8 €). Petit prix et assis, il y a Enni Udon où le chef façonne à la main des udons, des nouilles à base de farine de blé à l’épaisseur XXL. La texture est étonnante : tout à la fois résistante et parfaitement élastique. Ici on les déguste chaudes ou froides dans un joli décor tout en bois (environ 20 € le bol).


À la recherche des spécialités japonaises méconnues

© Kaï

© Kaï

“La cuisine nipponne est soit croquée sur le pouce, debout au comptoir, soit nécessite carrément un arrêt spatio-temporel pour en profiter”

© Chakaiseki Akinoshi

Charbon Kunitoraya ou les brochettes comme vous ne les avez jamais mangées !

© Carmen Vazquez

© Carmen Vazquez

Chez Chakaiseki Akinoshi, prévoyez du temps pour un véritable voyage spatio-gustatif.

Chez Ogata, la véritable cérémonie du thé

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Vous connaissez le sando ou les udons, et vous cherchez plus exotique ? Direction Kyoto – ou plutôt chez Chakaiseki Akinoshi ! Dans ce havre de paix, tout en bois et silencieux, Misuzu Akiyoshi accueille les convives en kimono pour les installer à l’une des rares places du comptoir, derrière lequel son mari Yuichiro ficelle un omasake, une sorte de menu du chef en treize étapes, où chaque plat réunit technique et modestie nipponnes. Le spectacle se clôt par un thé matcha infusé dans une eau thermale. Un beau voyage contemplatif en quinze plats le midi (240 €) et seize plats le soir (360 €). Tout aussi inspirant, on redécouvre le thé avec le designerrestaurateur Shinichiro Ogata dans son hôtel particulier du Marais, Ogata. Passé le hall où se vendent de beaux objets nippons, direction le Sabō, salon de thé au sous-sol. Le silence règne dans la salle tamisée habillée d’un long comptoir derrière lequel opère le maître de thé Katsuhito Imaizumi. La cérémonie du thé révèle quatre infusions entrecoupées de bouchées sucrées comme le wagashi de saison, un mochi à la fleur de cerisier, ou salées avec les pickles de légumes ou les feuilles de thé infusées titillées d’une sauce ponzu. Le premier thé sencha est infusé trois fois à températures différentes


© DR

© Nicolas Lobbestael

À gauche : L’Abysse, le comptoir sushi-ya du pavillon Ledoyen À droite : Pages Blanches ou l’art de « nipponiser » les iconiques de la pâtisserie française

“Loin de se la jouer tout le temps « tradi », ces personnalités explosent les codes… pour le meilleur !”

pour une évolution gustative. L’infusion glacée invite les premières fraises. Un thé au choix puis c’est déjà l’heure du Hōjicha final. (L’art du thé selon Ogata. Rendez-vous bimensuels le weekend, 200 € par personne). Oubliez tout ce que vous croyez connaître sur les brochettes japonaises dites yakitori. Chez le tout nouveau Charbon Kunitoraya, elles sont hors-norme : une aile de poulet de Bresse ornée de truffe ou une cuisse au poivre sancho (deux menus dégustation le soir, 120 € ou 180 €).

« Le sucré à la nipponne » Tout aussi étonnantes – et délicieuses –, les douceurs japonaises sont à découvrir dans ces deux nouvelles adresses à 0 70

tomber. Chez Pages Blanches, salon de thé-pâtisserie, petite sœur du restaurant gastronomique franco-nippon Pages, la cheffe pâtissière Kaori Akazawa « nipponise » l’iconique sainthonoré à coups de matcha et de yuzu, et révèle un cheesecake d’un soyeux inégalable avec du sésame. Le cheesecake est d’ailleurs la spécialité de M. Sakimoto, un pâtissier d’Osaka qui a ouvert deux échoppes parisiennes, l’une dans le 13 e et l’autre à Opéra, appelées Pablo. Il faut goûter ce gâteau aux allures de cheesecake basque – passé au four pour un fini doré – ceinturé d’une pâte croustillante, friable et légèrement saline, à dévorer dans une version nature, matcha, chocolat ou de saison…


© Adrien Toubiana

Le duo Olivier Leone et Arthur Cohen avec le chef Yuji Mikuriya pour Ojii : une table nocturne et japonaise de haute volée.

© Julie Limont

Loin de se la jouer tout le temps « tradi », ces personnalités explosent les codes… pour le meilleur ! Dernière œuvre de l’équipe gastro-branchée derrière Onii-San, avec le chef Yuji Mikuriya aux manettes, Ojii affiche rive gauche un décor éroticoténébreux où l’on jouit d’une orgie d’otoro (plat à base de thon). On y a dégusté des plats fusion de haute volée, comme ce nigiri ponctué de caviar ou ce carpaccio d’akami œufs de truite et crème de wasabi (menu à partir de 80 €). Lorsque la technicité moderne de Yannick Alleno s’associe au savoir-faire du maître sushi Yasunari Okazaki : l’émotion est garantie ! Ça se passe à L’Abysse, le comptoir sushi-ya du pavillon Ledoyen et vous y dégusterez un exceptionnel barachirashi, un riz assaisonné aux trois vinaigres coiffé de ventrèche et muscle de thon, sériole, bar… « Entamez votre bol uniquement aux trois quarts », prie le directeur de salle. Lorsqu’il y verse un bouillon de poisson aux arêtes de bar et algues kombu et saupoudre de thé genmaicha et algues nori frites, le bol se transforme et nous, on est épatés ! (Menu déjeuner, 98 €/Menu Omakase 320 €.) Enfin, ne ratez pas Akabeko, une fabuleuse nouvelle table tenue par Yasuo Nanaumi (ex-maison de l’Amérique latine) et son fils Ken. Peintre à ses heures perdues, le chef délivre des assiettes belles comme des toiles d’art moderne, où les saveurs trouvent un équilibre parfait entre le meilleur de la France et du Japon. Un pur ravissement sublimé par un service parfait et une décoration poudrée. (Déjeuner en cinq étapes, 79 €. Accord mets et vins en trois temps, 39 € ou dîner en sept étapes, 129 €. Accord mets et vins en cinq temps 65 €.)

© Romain Roucoules

Les personnalités qui explosent les codes

Chez Akabeko, une cuisine sublime et des assiettes belles comme une peinture moderne.

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L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération

Le saké secoue les chefs Longtemps méconnu et cantonné à un rôle de « dijo » qui ne lui sied pas du tout, le saké séduit aujourd’hui de plus en plus de chefs et de gastronomes parisiens en quête d’accords plus subtils et moins alcoolisés. Texte Florence Valencourt Photos Voir mentions

À ne pas confondre svp !

© Ya-Wen Chang

Rien que ces derniers mois, toutes les nouvelles tables parisiennes qu’on a aimées, Vive, Nonos, Villa9Trois ou Akabeko, proposent des accords mets et saké et mettent clairement en avant la « boisson des dieux » sur leur carte. Jusqu’à présent, le saké était très confidentiel et réservé aux seuls chefs étoilés. Car le drame du saké c’est que, pendant longtemps, il a été victime d’un quiproquo. Pour la plupart des gens, il était ce tord-boyaux servi en fin de repas, dans une petite coupelle qui découvrait une femme nue… Pas vraiment l’idée qu’on se fait d’un produit raffiné. Or, cet alcool fort, c’est de l’eau-devie de sorgho chinois. Rien à voir avec la délicatesse du saké, alcool de riz produit exclusivement par 072


Wakaze À mi-chemin 073


© Ya-Wen Chang

© Ya-Wen Chang

Wakaze, la première sakagura française, s’est installée dans le 5e.

© Depth.Exposed

“Le drame du saké c’est que, pendant longtemps, il a été victime d’un quiproquo”

Xavier Thuizat, le sommelier du Crillon, fondateur d’un concours de sakés

fermentation et titrant entre 11 et 20 degrés. Une boisson complexe et umami s’il en est. Et un formidable suppléant ou complément au vin sur une carte de restaurant, si celle-ci est végétale et/ou tournée vers la mer.

Parfait avec les produits de la mer Car, « là où le vin échoue, le saké réussit », résume Xavier Thuizat, sommelier au Crillon, grand défenseur du saké en France, devenu même l’un de ses meilleurs

ambassadeurs en fondant le Kura Master – un concours avec un jury 100 % français qui évalue chaque année des centaines de sakés. Pour lui, il n’y a pas meilleur accord avec les plats iodés, vinaigrés ou très végétaux. Mieux, il est convaincu que seul le saké « peut se fondre avec l’œuf, tellement difficile à marier, le végétal, les fruits de mer… le foie gras chaud et même les fromages. C’est un caméléon ». Nos appétits beaucoup moins viandards et plus voyageurs que par le passé peuvent donc expliquer ce nouvel engouement.

Plus léger que le vin L’attrait de la nouvelle génération pour des repas moins roboratifs et moins alcoolisés, également. En effet, le saké, très pauvre en fer, très pur – et dont le goût ne prend pas le pas sur celui des plats – laisse une sensation de légèreté en fin de repas. La bistronomie parisienne 0 74

y met donc le bout de son nez : Chez Eugène, Les Fines Gueules, Polissons, Le Mermoz… Tous ont participé à la deuxième édition de des Semaine du saké, organisée par JFOODO (centre de promotion de produits alimentaires japonais à l’étranger), en février dernier. Et ce n’est que l’un des nombreux événements autour du saké à Paris. En avril, il y a le Saké nouveau (oui, oui, comme le Beaujolais nouveau), fin septembre, le Salon du saké ; sans oublier le formidable salon Spirits of Japan, lancé par Liquid Liquid l’an dernier et dont on attend le retour avec impatience ! Last but not least, Wakaze, la première sakagura (brasserie de saké) française, s’est installée en région parisienne et a ouvert son restaurant il y a tout juste un an dans le 5e arrondissement pour faire découvrir ses nectars et faire le pont entre France et Japon. Kampai !


Green ×

“Les restaurateurs du 11e sont les plus investis sur la valorisation des déchets.” Clara Duchalet, fondatrice de Vepluche, p. 80

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Antoine Lorcy (à gauche) et Joséphine Thebault, les deux fondateurs de Urban Cuisine

Un jardin chez soi À peine 30 ans et Joséphine Thebault a déjà monté deux sociétés « green » : la première, Seabubbles, fabriquait des bateaux volants à hydrogène ; la seconde, Urban Cuisine, propose le premier potager d’intérieur permettant de récolter jusqu’à 3 kilos par mois de fruits, légumes et herbes aromatiques. Frais, savoureux et garantis sans pesticides ! Combien de plantes pouvons-nous faire pousser dans ce potager ? Faut-il avoir la main verte ? Il est possible de cultiver 16 plants concomitamment, à choisir parmi plus d’une vingtaine de variétés : piment, poivron, navet, radis, laitue, basilic, menthe, mâche, épinard, tomate… Ces 16 plants permettent jusqu’à 3 kilos de récoltes par mois, toute l’année. Et non, pas besoin d’avoir la main verte ! Nous avons justement imaginé ce potager pour tous les gens qui ont des difficultés à faire vivre leur basilic ou leurs cactus ! Nous avons

passé trois années à développer et optimiser le produit : température, humidité, luminosité, arrosage, oxygénation de l’eau… Tout est géré automatiquement et le potager est autonome pendant trois semaines. De quoi partir en vacances et revenir pile à temps pour déguster ses récoltes 100 % maison ! Une fois que la plante a poussé, est-ce qu’il faut que je recommande des mottes ? Exactement, notre potager fonctionne sur le même modèle que Nespresso : la machine d’un côté et 0 76

les capsules de l’autre. Dans notre cas, le potager Liv d’un côté et les Mottes de culture de l’autre. Nous proposons deux formules pour les Mottes de culture : 4 ou 8 mottes par mois. Nous nous sommes alignés sur les tarifs de la GSA premium pour les fruits et légumes et sur la grande distribution pour les herbes aromatiques [le potager Liv coûte 999 € ; vous pouvez ajouter une formule où vous recevez 4 mottes ou 8 mottes par mois pendant 12 mois pour respectivement 16,90 € par mois et 29,90 € par mois]. Pour l’instant votre potager Liv est disponible en un seul format (80 cm de hauteur, 60 cm de largeur et 60 cm de profondeur), vous travaillez à d’autres formats ? Le potager a les mêmes dimensions qu’un lave-vaisselle ou qu’une cave à vin : il peut ainsi être installé sous un plan de travail en cuisine ou directement dans une salle à manger ou une pièce de vie. Mais nous travaillons sur d’autres modèles ; le premier d’entre eux, pour les professionnels, devrait voir le jour d’ici la fin de l’année 2023 ! ES urbancuisine.io


BALADE. Fondé par Christophe de Hody, le Chemin de la Nature organise des balades de 1 heure à 6 heures à Paris et en région parisienne (Buttes-Chaumont, bois de Vincennes, forêt de Fontainebleau) afin de faire découvrir aux Franciliens la richesse naturelle de leur environnement. Avec lui, vous pourrez reconnaître les plantes sauvages, les champignons, et connaître leurs usages. Menées par des experts de la biodiversité, ces formations sont ouvertes aux petits comme aux grands, quel que soit le degré d’expérience. Ces promenades sont au prix de 20 à 30 € en moyenne, et certaines d’entre elles sont même en participation libre (à réserver sur le site en avance car elles sont prises d’assaut). Et si vous voulez vous perfectionner, l’association organise également des stages de deux jours en région parisienne (225 €). MH

© Lionel Beylot

Opération Champignon !

Christophe de Hody

Lechemindelanature.com

© Anne-Emmanuelle Thion

Trésors d’Île-deFrance

© Stephane Lanoux

© Jean-Luc Dargent

93 - « Zone sensible » à la ferme urbaine de Saint-Denis

75 - Fondation GoodPlanet Exposition Sebastião Salgado

77 - Le bassin de Scylla au château de Champs-sur-Marne

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ANIMATIONS. La 7e édition de Jardins ouverts en Île-deFrance, organisée par la région Île-de-France, s’étendra du 1er juillet au 27 août 2023 : plus de 200 jardins seront ainsi animés par des installations artistiques, du théâtre, de la danse, du cirque, de la musique, de la littérature ou de la poésie. De nombreuses visites guidées gratuites seront également au programme, afin de faire découvrir ou redécouvrir les trésors du patrimoine vert de la région. MH


Un week-end de vélo et de solidarité !

À bicyclette TIERS LIEUX. Le CycloTour vous invite à la découverte de 11 tiers-lieux à vélo le temps d’un week-end. Cet événement collectif et contributif (chacun peut participer à son organisation) vous fera pédaler sur 110 km, en partant du 18e à Paris jusqu’à Vernon en Normandie, en passant par le parc naturel régional du Vexin. MH Photos © DR

CycloTour des tiers-lieux du 7 au 9 juillet, inscription de 15 € à 105 € selon ses revenus apluscestmieux.org/cyclotour

© DR

L’écoute

Des psys à l’écoute, gratuits, et sans rendez-vous dans la rue

SANTÉ. La question de l’inégalité sociale face à la santé mentale devient un véritable enjeu de santé publique avec des besoins grandissants dans les grandes villes comme Paris. L’association Les Écouteurs de Rue propose des écoutes bénévoles de passants dans l’espace public par des professionnels de la santé mentale, psychothérapeutes, psychologues ou praticiens. Pas de rendez-vous à prendre, pas de seuil mental à dépasser : une fois par mois, ils se mettent tout simplement dans la rue, dans le quartier de la Goutte d’Or, et tendent l’oreille aux autres afin qu’ils racontent leurs gros problèmes ou se sentent tout simplement moins seuls. C’est gratuit et confidentiel. MH Les prochaines dates d’écoutes auront lieu en face du 3 rue des Poissonniers dans le 18e, les samedis 08 juillet, 16 septembre et 14 octobre de 14 h à 16 h. 0 78


À vos outils !

© Envie Le Labo

© Matthieu Gauchet

© Tarik Yaďci

BRICOLAGE. Pour lutter contre l’obsolescence et la surconsommation, l’idée de savoir réparer ses propres petits appareils électroménagers de cuisine, bouilloire ou grille-pain a fait son chemin dans l’esprit des Parisiens. Ces objets, parfois peu chers, sont ceux qui tombent le plus souvent en panne – et se retrouvent ainsi à la poubelle à la moindre anicroche ! Envie Le Labo dans le 20e propose justement à des non-spécialistes des ateliers pratiques pour apprendre les bases de la réparation. « Le but de la formation est d’abord d’inciter les gens à oser démonter, se lancer en un mot, et puis apprendre à diagnostiquer les pannes les plus courantes », nous détaille Stéphane, le professeur de ces cours. Il en profite pour expliquer au groupe (12 personnes max) les bases de l’outillage, de la sécurité, ou donner des conseils sur l’entretien des appareils. À date, il y a un seul atelier disponible, celui de réparation de bouilloire (atelier Envie de réparation, 2 heures, gratuit, inscription obligatoire). Du côté du 18e, l’espace Pajol continue lui son écodéveloppement en accueillant les Inventeurs, un lieu dédié à l’apprentissage et au bricolage imaginé par François des Courtils et Nadine Dupré. Vous y trouverez aussi des ateliers pour apprendre la mosaïque ou la soudure à l’arc, et pour les enfants, la fabrication d’un bateau à hélices ou d’un coffre au trésor. MH

À gauche, Les Inventeurs François des Courtils et Nadine Dupré

© Matthieu Gauchet

Ci-dessus, Envie Le Labo Le cours de bricolage de Stéphane

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ENQU ÊTE

À partir du 1er janvier 2024, le tri des déchets biodégradables va devenir obligatoire. Est-ce possible dans la Capitale ? Vivre Paris a mené l’enquête.

Dossier par Estelle Surbranche Photos Voir mentions

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© Felipe Segura

Site du Compost de l’Insurrection, au square de l’Insurrection (Ivry)


ENQU ÊTE

est l’une des obligations introduites par la loi contre le gaspillage et pour l’économie circulaire : en 2024, tous les ménages devront pouvoir trier leurs biodéchets (déchets dégradables naturellement par des micro-organismes vivants) et les séparer du verre, des emballages ou du reste de la poubelle indifférenciée. Et il y a de quoi faire ! Selon le ministère de la Transition écologique, ces derniers représenteraient un tiers du contenu de nos poubelles, et les Français produiraient 18 millions de tonnes de déchets alimentaires par an, soit près de 3,2 millions de tonnes rien que pour l’Île-de-France. Lorsqu’on habite une maison avec jardin, créer un espace compost au fond du potager est plutôt simple. Mais si on loge dans un appartement parisien, toujours un peu exigu, l’affaire peut devenir plus compliquée.

Le tri à la source Trier est aussi une affaire d’habitude à prendre : autant se lancer dès maintenant dans cette aventure ! La partie la plus simple ? On investit dans une jolie poubelle de tri, avec plusieurs bacs, ou dans un récipient de table spécifique pour ces déchets. Votre commune vous aide aussi dans cette démarche : la Ville de Paris fournit un kit de pré-tri (un bio-seau, deux rouleaux de 30 sacs compostables). Il suffit de le demander au service local de propreté de 082

votre arrondissement. Que met-on dans cette nouvelle poubelle ? Les épluchures de fruits et légumes, les sachets de thé, mais aussi les pâtes, le riz ou les coquilles d’œuf. Pour les restes d’origine animale comme de la viande, tout dépend de leur destination. Si c’est un compost dans votre jardin, évitez car cela peut attirer les rongeurs… Si c’est un collecteur collectif en ville, ils sont normalement équipés pour résister avec une grille sous le récipient qui interdit l’accès aux rongeurs.

Poubelles marron ou point de dépôt ? Vous avez trié, mais vous n’avez pas envie d’un lombricomposteur chez vous. Alors, que faire de vos déchets ? Pas de panique ! Les collectivités territoriales doivent vous fournir « une solution permettant de trier les déchets biodégradables à partir du 1er janvier 2024 », rappelle Sylvie Mariaud, chargée de mission au Syctom, l’agence métropolitaine des déchets ménagers. Colombe Brossel, adjointe en charge de la propreté à la Mairie de Paris, s’est ainsi donné pour objectif d’« apporter une solution de tri à chaque Parisien à moins de 300 mètres de son domicile ». Est-ce que le système de « poubelle marron » spécifique collectée par les services de la Ville « en porte à porte », comme le sont les emballages ou le verre, sera la norme ? Rien n’est moins sûr. Pour l’instant, seuls le 2 e, le 12 e et le 19e arrondissement le proposent avec un bilan mitigé. « Les quantités récupérées sont plutôt faibles au regard du coût de ces collectes », affirme Colombe Brossel. L’élue souligne par ailleurs que seuls 60 % des immeubles parisiens disposeraient de la place dans leur espace commun pour accueillir ces poubelles marron.


© Brabantia

La France produirait 18 millions de tonnes de déchets alimentaires par an, soit près de 3,2 millions de tonnes pour l’Île-de-France

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Bo Touch Bin de Brabantia, avec trois seaux intérieurs, 193 €

Site de compostage au parc Audin à Bagnolet 083


ENQU ÊTE

Aujourd’hui ces biodéchets sont soit enterrés – et polluent les sols – soit brûlés – et produisent ainsi des gaz à effet de serre L’intérêt écologique du tri

À LIRE Encore mieux que de valoriser ses déchets : ne pas en faire du tout ! La journaliste Delphine Le Feuvre vient de sortir un guide très pratique sur le sujet avec 120 adresses à Paris pour réduire son empreinte carbone. Guide du Paris zéro déchet par Delphine Le Feuvre, illustrations de Coline Girard, éd. Alternatives, 14 €

La Ville s’orienterait donc vers des composteurs collectifs de proximité, comme un « chalet de compostage » en pied d’immeuble. Mais où installer ces fameux chalets ? Pas d’écho d’un quelconque plan de ce type à ce jour à la Mairie. D’une part, certains riverains risquent de ne pas vouloir un chalet en bas de chez eux, craignant des nuisances. D’autre part, une telle installation nécessite une coordination entre une multitude de services (la voirie, les architectes des bâtiments de France…) qui, aujourd’hui, ne semble pas encore en place. Enfin, il y a un vrai chantier de sensibilisation des Parisiens, et des Franciliens, à mettre en œuvre afin de les investir dans le tri. À ce jour, seul un tiers des déchets recyclables (verre, carton ou plastique) sont triés en Île-de-France ! Il faut donc répéter que les effets du tri valent vraiment le coup. Ces biodéchets sont enterrés – et polluent les sols – ou brûlés – et produisent ainsi des gaz à effet de serre. Alors que nos restes pourraient trouver une seconde vie valorisante, soit en compost, soit en combustible pour les bus, grâce à la méthanisation.

L’objectif des « 300 mètres » Pour l’instant, Colombe Brossel multiplie donc l’installation de points d’apports volontaires, un peu comme les grands 084

bacs à verre, à côté des marchés en plein air parisiens. Ils auraient permis de collecter 500 tonnes de biodéchets en 2021. Certaines bornes sont devenues fixes, accessibles tous les jours, comme au marché de l’Olive. Reste que pour l’instant, on est loin du fameux objectif des 300 mètres…

Le compost « home made » Vous voulez tenter de valoriser vos déchets vous-mêmes ? Alors il vous faut investir dans un lombricomposteur d’appartement (un composteur individuel, basé sur la digestion de déchets alimentaires par des lombrics). Vous mettez vos déchets dedans, et là des lombrics s’agitent pour les digérer et les transformer en compost, un excellent fertilisant pour les jardins, au bout de cinq à neuf mois. Précision pour les angoissés, les lombrics n’ont normalement pas envie de s’échapper du composteur où ils sont heureux – dans le noir, l’humidité et la fraîcheur. Vous ne devriez donc pas vous retrouver avec des lombrics en train de surfer au milieu du tapis du salon en rentrant du boulot ! Et normalement ces composteurs ne créent aucune nuisance : ni odeurs ni moucherons, sauf si on s’en occupe mal…


Photos © Vepluche

Clara, entourée de ses « Véplucheurs » !

Et les pros ? Les professionnels sont aussi concernés par la loi avec, en plus, une obligation de résultat. Certains restaurants et fleuristes parisiens ont déjà opté pour Vépluche, une société qui récolte les biodéchets pour les transformer en terreau. Rencontre avec Clara Duchalet, sa fondatrice. Comment est venue l’idée de Vépluche ? Chez moi dans la campagne, à côté de Montauban, le compostage était très naturel. Lorsque je suis arrivée à Paris en 2011 pour faire des études, j’ai vu que personne ne pratiquait… tout simplement parce que ce n’était pas facile de valoriser ses biodéchets. Ce n’était pas à la mode non plus. L’idée de Vépluche a pourtant germé pendant mes études pour aboutir en 2018. Entre-temps, il y avait eu la COP21 et l’écologie est devenue un sujet important pour tous. Quel service proposez-vous ? Nous récoltons des biodéchets en vélocargo, une à deux fois par semaine, à Paris et en proche banlieue, pour les valoriser ensuite à Châtillon. En 2022, nous en avons collecté plus de 100 tonnes. Ça correspond à 30 tonnes de compost, 2,6 tonnes de CO2 évités, 24 000 km2 de terrains

fertilisés. Nous revendons notre terreau issu de cette économie circulaire aux paysagistes et pépiniéristes dans toute la France, en particulier en Île-de-France. Seuls les restaurants et les fleuristes ont accès à vos services ? Non ! On s’adresse aussi aux hôtels, aux entreprises… On est experts dans la micrologistique. Ensuite, ils payent soit sous une forme d’abonnement, soit au réel. Nous facturons le nombre de passages et la quantité de déchets. Par exemple, avec notre forfait d’entrée à 89 euros, on passe une fois par semaine pour récupérer 120 kilos par mois de biodéchets. À votre niveau, il y a un arrondissement champion de la valorisation aujourd’hui ? Le 11e ! Beaucoup de restaurateurs de ce quartier sont très investis sur ces questions. 085

En 2022, nous avons collecté plus de 100 tonnes de biodéchets


Le processus de compost est naturel, mais il faut qu’il soit géré, sinon l’affaire peut tourner à la catastrophe

© DR

ENQU ÊTE

Florian Nouvel, du Réseau Compost Citoyen

Les bons « tips »

L’été de tous les dangers

Pour faciliter le compostage des aliments, il existe quelques gestes simples. Tout d’abord, il faut qu’ils soient les plus petits possible, alors prenez l’habitude par exemple de broyer la coquille des œufs. Ensuite, l’apport entre matière humide et matière sèche (comme des boîtes d’œufs déchiquetées) doit être équilibré. Lorsque cet équilibre n’est pas respecté, le processus de décomposition ne marche plus et c’est là où les nuisances commencent. Par exemple, s’il y a des déchets sucrés (pastèque, melon…) qui ne sont pas recouverts de matière sèche, les moucherons s’empressent de venir y pondre. Avec option prolifération dans l’immeuble !

Que vous ayez un composteur chez vous ou un bac à compost dans l’immeuble, l’été est la saison compliquée à gérer car il demande de l’entretien. Par exemple, il doit être brassé régulièrement et doit être constamment humide – et pas trop chaud – pour que les lombrics ou les larves de mouches soldats fassent leur travail… Sinon fourmis, cloportes les remplacent et le processus de décomposition est arrêté. C’est pourquoi, si vous êtes absent pendant les vacances, il faut que vous trouviez quelqu’un pour s’occuper de votre compost à domicile. Et dans les composteurs collectifs, il doit y avoir au moins deux « référents compost » pour qu’ils ne soient pas laissés à l’abandon. Avoir un composteur dans un immeuble pose en effet le sujet de la responsabilité. Le processus de compost est naturel mais il faut qu’il soit géré, sinon l’affaire peut tourner à la catastrophe.

LA VISITE D’UN CENTRE DE TRI Les visites du centre de tri à Paris 15e sont suspendues d’avril à septembre 2023, un nouveau parcours de visite étant actuellement en travaux. Pour tout savoir sur le tri des déchets et sur leur réduction, le Syctom propose d’autres parcours pédagogiques : à l’Espace Infos Déchets à Paris 13e et à l’Espace découverte à Issy-les-Moulineaux.

(Re)apprendre le compost Le compost est un savoir-faire millénaire, mais il demande la main de l’homme… et l’urbain a clairement oublié ce savoir. 086


© Les Transfarmers

LE COMPOSTEUR DESIGN

Le composteur Transfarmers

© Ceercle

© Les Transfarmers

Le composteur Ceercle

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Des designers ont relooké les composteurs pour qu’ils s’intègrent joliment dans nos intérieurs. Transfarmers propose par exemple un pot de fleurs composteur, en terre cuite et liège. Le composteur Ceercle peut, lui, faire office de table basse (159 €), ou même devenir un totem végétal (359 €) pouvant accueillir jusqu’à 35 plants de fleurs, légumes ou aromates avec des unités qui s’imbriquent les unes au-dessus des autres.


© Jerome.Romme

ENQU ÊTE

Le tri et la collecte des biodéchets engendrent un coût supplémentaire Il convient donc de s’éduquer à ces pratiques pour se les réapproprier. « Faire du compost permet de s’inscrire dans une logique de sobriété qui n’est pas très coûteuse en termes de geste au quotidien », souligne Florian Nouvel, du Réseau Compost Citoyen, une association qui partage les meilleures pratiques techniques de compostage, et qui propose des formations aux deux métiers de guide et maître composteur. La Mairie de Paris offre également des formations gratuites pour les personnes souhaitant s’équiper ou participer. 088

Mieux trier, moins d’impôts ? Si les habitants trient mieux leurs déchets ou font du compost, on pourrait penser que les dépenses de la ville vont baisser, puisqu’il y aura moins de camions ou de personnel nécessaires à la collecte. Elle pourrait donc diminuer la taxe d’enlèvement des ordures ménagères… Sauf que les spécialistes affirment, eux, le contraire : le tri et la collecte de ces biodéchets engendreraient aujourd’hui un coût supplémentaire de l’ordre de 10 € par an et par habitant. Un autre sujet à travailler rapidement pour nos élus afin de motiver les Parisiens…


Enfants ×

“Ici, on n’est pas dans la performance ou la surexcitation, on cherche à composer et à être ensemble.” Mathilde Michel-Lambert, directrice générale de la Philharmonie des enfants, p. 98

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Marie Pidancet est une femme de cœur qui place les liens, la famille et la loyauté au centre de tout. C’est avec ce même cœur qu’elle imagine Louise Misha il y a onze ans, avec pour seule ambition d’habiller les filles de sa famille. Mais c’est le monde entier qui a craqué pour cette adorable marque ! Comment avez-vous imaginé Louise Misha ? J’ai travaillé pendant sept ans dans la mode féminine et j’ai eu envie de changer d’univers. En 2012, j’ai lancé Louise Misha avec une amie et associée à l’époque. Toutes les deux très proches de nos familles, on a voulu créer une marque colorée pour nos nièces. Depuis, l’univers bohème de Louise Misha s’est agrandi avec une ligne bébé, femme et maison ! Est-ce que le nom de la marque a une signification particulière pour vous ?

Photos © DR

Histoire de famille Marie Pidancet : la science des jolis imprimés

Tout à fait ! Louise, c’est le prénom de mon arrière-grand-mère, une artiste qui a passé sa vie sur les routes. Elle ne s’est jamais mariée et a suivi ses passions sans jamais rentrer dans le moule que la société a voulu lui imposer. Quant à Misha, c’est le surnom de la maman de ma première associée. C’est bien plus qu’une simple marque, c’est un projet très personnel, une histoire de famille… Vous avez ouvert un nouveau lieu un peu hybride, à mi-chemin entre l’atelier, le showroom et vos bureaux… Oui, et ça a été extrêmement compliqué de le trouver, car je cherchais avant tout un lieu qui ne ressemble pas à un bureau ! Ce lieu incroyable, situé villa Riberolle dans le 20e arrondissement, était un atelier de verrerie. Il est plein de charme et de cachet, très rare, car finalement c’est 090

comme une maison dans une ruelle piétonne, le tout en plein Paris ! Le rez-de-chaussée était assez vétuste, sans chauffage ni cuisine. Pour nous accompagner dans ce projet, j’ai décidé de faire appel à Zoé de Las Cases. J’adore son univers et je savais qu’elle allait imaginer une base épurée et authentique, idéale pour mettre en valeur les pièces colorées de Louise Misha. La cuisine est très brute en béton, le sol repeint tout en blanc, des anciennes portes-fenêtres servent de cloison et elle a chiné des tables de ferme de Normandie. Quelles sont les adresses que tu aimes dans le quartier ? Dans la même rue que notre showroom, il y a trois restaurants exceptionnels dont Caché, géré par une équipe hyper sympa et très talentueuse. Je recommande ! CR louisemisha.com


Tradi et dingue, à la parisienne

© DR

Aude Sergent, avec ses filles

RÉTRO-CHIC. Aude Sergent, fondatrice de la toute nouvelle marque Allegra, remet de la fantaisie et de l’ornement dans les vêtements pour enfants, en s’inspirant des codes vestimentaires d’autrefois. Chaque produit est confectionné en France ou en Espagne avec des matières nobles et, petit détail que les « fashion moms » vont adorer, Allegra propose également un habillage de poussette assorti ! MH allegra.paris

Maman pleut des cordes

Jusqu’au 9 juillet. Adulte 7,20 € et enfant 4,50 € (moins de 14 ans)

Tout en haut du monde

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© Sacrebleu Productions / Maybe movies

CINÉMA. Les jeunes héroïnes sont à l’honneur au Forum des images avec une programmation spéciale de dessins animés autour des filles avec des super-pouvoirs. En plus, chaque séance est suivie d’un goûter et d’une animation, sympa non ? On a noté par exemple Encanto, la fantastique famille Madrigal (21 juin à 15 h), suivi de la confection d’une fresque géante, ou pour les tout-petits, dès 18 mois, Warna, les couleurs du monde, en ciné-concerts live par Serena Fisseau et David Gubitsch (2 juillet à 16 h). Qu’elles soient sorcières, aventurières ou très courageuses, les filles montrent qu’elles n’ont rien à envier aux garçons ! MH

© LFDP

Les petites intrépides !


Jouer au détective JEU. Avec Enquêtes à Paris, il s’agit d’aiguiser son sens de l’orientation pour résoudre des mystères, comme le vol des chaussons de la danseuse étoile de l’Opéra ou l’identité de l’arroseur de l’Arc de triomphe : l’occasion de se balader dans la Capitale. MH Enquêtes à Paris, d’Estelle Vidard et Sébastien Chebret (Flammarion Jeunesse/Père Castor), 13 €

Histoires d’ailleurs

Photos © Atelier Maciej Fiszer

MUSÉE. Le musée national de l’Histoire de l’immigration rouvre ses portes avec une toute nouvelle scénographie qui déroule un récit chronologique en onze dates, de 1685 à nos jours, afin de raconter comment l’immigration est indissociable de l’histoire française, grâce à des archives sonores, des sculptures, des peintures ou des photographies. Un livret enfant et un parcours spécifique sont dédiés au jeune public, avec en particulier une bonne idée : un circuit sonore basé sur un échange entre une petite fille et son grand-père. Cette expérience narrative et immersive rappelle que l’immigration est aussi une histoire de transmission entre les générations. De quoi nourrir la réflexion de toute la famille ! MH 092


Photos © Palta Studio

Entrez dans l’histoire ! Ci-dessus : la marmite de Cornebidouille est prête à recevoir les ingrédients magiques !

MUSÉE. Qui n’a jamais rêvé de rentrer dans un livre, façon L’Histoire sans fin ? Ça sera (presque) possible avec l’ouverture de la Maison des histoires. Dans le prolongement de la librairie Chantelivre, la plus ancienne librairie spécialisée jeunesse de Paris, un « musée à jouer » permet aux enfants de 0 à 7 ans de s’immerger dans les chefs-d’œuvre publiés par les éditions l’école des loisirs en faisant « comme si » : préparer des soupes dégoûtantes chez Cornebidouille, monter sur le navire des Chiens Pirates, ou traverser la jungle de Max et les Maximonstres… Outre ces neuf expériences, les lieux seront régulièrement animés par une programmation de lecture bruitée ou jouée, d’ateliers créatifs, de ciné-lecture ou des stages d’éducation artistique. Pour ne pas la louper, Vivre Paris vous indique l’entrée secrète de cet endroit magique : il vous suffit de pousser les portes de la grande cabane au fond de la librairie… Toutes les entrées donnent accès à l’expo, au café et à une « lecture surprise » animée par un comédien. MH Entrée enfant 10 € (gratuit pour les - 18 mois)/adulte 8 € Ateliers créatifs : enfant 15 €/adulte 10 € 0 93


SU C C ESS STORY

Texte Thomas Thévenoud Photos Voir mentions

Une « mom entrepreneuse » dans Paris Leslie Sawicka Namer a commencé par donner des conseils aux futures mamans. Elle est aujourd’hui à la tête de deux lieux insolites qui réinventent le concept de musée, et d’un salon de thé aux allures de décor pour Alice au pays des merveilles dans Paris. Rencontre.

«

On n’a jamais trop d’amour », dit-elle avec les yeux qui pétillent. Quand je m’installe en face d’elle, Leslie, bracelet de cuir, petite robe noire, vient d’envoyer le message du matin à ses trois enfants sur la boucle WhatsApp familiale. Un rituel auquel elle ne déroge jamais,

comme une preuve d’amour pour eux et de confiance pour la journée qui commence. Sa trajectoire de multi-entrepreneuse a pris naissance quand elle était enceinte. À l’époque, elle travaille dans une banque à la Défense, mais sa grossesse va tout changer : « Quand un bébé arrive, la 094

vie se met à tourner autour de lui. Il faut changer de voiture, refaire l’appartement, acheter des centaines de choses qu’on ne connaissait pas quelques semaines avant. On est souvent pris au dépourvu. Il n’existe pas de Pages jaunes pour les nouvelles mamans. »


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© Julien Cresp/Inside by I


Photos © Musée de l’Illusion

SU C C ESS STORY

“Avec ses musées ludiques et instagrammables, Leslie veut « faire sortir les jeunes de leur chambre »”

© Agnès Iatzoura / MNHN

Influenceuse avant l’heure

Le musée de l’Illusion, rue Saint-Denis. Galeries interactives avec miroirs, jeux de perspective et effets d’optique pour s’amuser.

Partant de ce constat, elle décide de créer le Guide des mamans, avec des conseils pratiques et des recommandations de produits : « Finie la recommandation horizontale de la sortie d’école, j’avais envie d’aller plus loin et d’être utile aux nouvelles mamans. Je ne suis jamais retournée dans ma banque après mon congé maternité. » Grâce au ministre de la Santé de l’époque, Philippe Douste-Blazy, qu’elle rencontre par hasard à un concert de Jennifer, elle obtient le droit de distribuer son guide dans toutes les maternités. C’est un succès immédiat. « Réussir sa vie, c’est quoi ? C’est avancer. Toujours avancer. C’est aussi avoir de la chance et du culot. Je ne sais pas faire un business plan. Comment peut-on savoir comment sera la société dans un an ? Quelles seront les tendances du marché ? Il 096

suffit de regarder ce qui s’est passé au moment du Covid… Ce qui compte, c’est la vision. » En quelques mois, le guide se transforme en magazine, puis en média, et finit par être racheté par TF1. « J’ai fait de l’influence avant l’heure », résume-t-elle.

Le musée nouvelle génération Femme de caractère, bien dans ses baskets et son époque, Leslie Sewicka Namer « n’aime pas la figure de l’entrepreneur en haut de sa chaise », elle sait renvoyer la balle et monter au filet quand il le faut. « Après l’aventure du Guide des mamans, il me fallait un nouveau défi. Avec Steven Carnel, nous avons découvert le concept du musée de l’Illusion en Croatie, pendant nos vacances. » À leur retour, ils décident d’en ouvrir un à Paris, rue Saint-Denis. Nous sommes début 2020… À peine ouvert, déjà fermé. Mais ils


s’accrochent. Depuis la fin de la pandémie, la fréquentation ne cesse d’augmenter. Plus de 200 000 visiteurs se pressent à l’année pour découvrir sur deux niveaux un parcours fait de 70 illusions d’optique, d’objets insolites, de casse-tête et d’expériences inédites. Au premier étage, le Tunnel Vortex est le clou du spectacle. Les images vous font tourner la tête. Personnes sensibles s’abstenir. Ludique, créatif et instagrammable, le lieu déconstruit l’image que les plus jeunes se font du musée : « Je voulais les faire sortir de leur chambre. »

Photos © Science Experience

Sweet-Bazar Brunch à volonté et déco « Alice au pays des merveilles »

Photos © Sweet-Bazar

Serial entrepreneuse Avec son associé Grégory Houel, qu’elle appelle son « homme de paix », elle ouvre en 2021 un nouveau lieu d’éveil à la science : Sciences Expérience à Bercy Village. Un hologramme d’Albert Einstein vous accueille et sur 850 m2, avec le concours d’étudiants qui assurent la médiation, les visiteurs voyagent en réalité virtuelle dans l’espace, sur la Lune ou au centre de la Terre. Là encore, il faut avoir le cœur bien accroché. « Je suis issue d’une famille de médecins. Pour moi, la science permet de tout expliquer et de combattre les préjugés. En créant ce lieu, j’ai aussi voulu contribuer à l’intelligence collective. C’est pour ça que nous nous sommes entourés d’un comité scientifique composé des meilleurs spécialistes français de l’astronomie… » Retour sur Terre. On retrouve Leslie au Sweet-Bazar, 0 97

Sciences Experience à Bercy Village un musée immersif dédié à la science ou comment s’amuser en s’instruisant !

sa dernière création, un salon de thé situé en face du musée de l’Illusion, au concept là encore étonnant. On réserve sa place pour un créneau précis, comme au musée, et on profite d’un « buffet des merveilles », dans un univers régressif, coloré et insolite. Brunch à volonté, machine à bonbons et donuts personnalisables. Ce soir, la rue Saint-Denis a des allures de contes pour enfants. Il ne manque que le lapin et le gros chat d’Alice… Quel sera son prochain défi ? Leslie Sawicka Namer l’ignore et avoue qu’elle aimerait bien commencer une cure de détox : « Je me suis promis de ne pas créer de nouvelle boîte. » Mais elle n’est pas sûre d’y arriver. « Pour cela, il faudrait que je me fasse interdire, comme pour un joueur au casino… »


© Vincent Leroux

En action dans un atelier de la Philarmonie !

Musique en tête !

Et si nos bambins chantaient et jouaient tout l’été, et même la rentrée venue ? C’est le projet de la Philharmonie de Paris et du musée de la Musique à la Villette. Texte Estelle Surbranche Photos Voir mentions

Chanter tout l’été Vos rejetons ont besoin de se défouler, et vous avez fait mille fois le tour du parc à côté ? Alors direction la Villette, du côté de la « Grotte », l’espace en plein air au rez-de-chaussée du bâtiment de Jean Nouvel. Du 14 juillet au 31 août, la Philharmonie de Paris 098

y propose une installation libre et gratuite, accessible dès 4 ans, appelée Play with me. Sur ce grand terrain de sport éphémère, des équipements sportifs type agrès (balançoires, tourniquets, vélos nordiques…) spéciaux sont installés : lorsque les enfants jouent dessus, leur mouvement produit de la musique ! Et cette composition musicale va évoluer au gré du nombre de participants et de leur pratique. « C’est parfait pour se défouler dehors, mais pas seulement », détaille Mathilde Michel-Lambert, directrice générale de la Philharmonie des enfants.


© Vincent Leroux

Un concert interactif Ce parcours de santé musical propose ainsi aux enfants de revisiter le mot « concert » en créant une expérience collective qui sera de toute façon harmonieuse. Conçue par Éric Arnal-Burtschy et le musicien, producteur de

musique électro, Chapelier fou, l’installation émet en effet des tonalités très douces, comme des petites cloches, des tintements, des nappes… et les sons déclenchés par les dispositifs sont harmonisés avec les autres à l’avance. Même quand tous les instruments-agrès marchent ensemble, la séquence est mélodique (heureusement pour les parents accompagnateurs !). Les 22 et le 23 juillet, Chapelier fou viendra d’ailleurs faire un concert sur les instruments de ce dispositif, et de nombreuses animations gratuites encadreront le parcours pendant tout ce week-end de fête. Des associations seront sur place pour vous apprendre à breaker ou à danser, et vous pourrez fabriquer votre smoothie tout en pédalant en musique… Cette installation sur le parvis est également l’occasion 099

© Nora Houguenade

« Quand il est sur une balançoire dans cette installation musicale, l’enfant ne fait pas le geste de la même manière que sur une aire de jeux classique. Le corps est en mouvement, il marche, il rebondit mais le petit doit aussi se concentrer. Ici, on n’est pas dans la performance ou la surexcitation, on cherche à composer et à être ensemble. Notre but est aussi que des gens qui ne se connaissent pas puissent se retrouver ensemble afin de coconstruire quelque chose, faire de la musique en l’occurrence. »

© Constance Guisset Studio

“Dans la « grotte » de la Philharmonie s’installe cet été un immense terrain de jeu musical et interactif ”

Mathilde Michel-Lambert, directrice générale de la Philarmonie des enfants


© Pierre Morel

parfaite de (re)faire un tour à la Philharmonie des enfants, ou au musée de la Musique, deux institutions dont on peut faire dix fois la visite et continuer à y découvrir des merveilles !

© Nora-Houguenade

Les ateliers pédagogiques

Contes au musée

D’ailleurs, le musée de la Musique tout près offre également des ateliers pédagogiques passionnants jusqu’au 14 juillet, et qui se renouvelleront ensuite toute l’année scolaire. « Nos ateliers sont une manière transversale de visiter le musée et de travailler sur l’écoute », explique Delphine de Bethmann, responsable du service des activités culturelles du musée de la Musique. « Le guide, lui-même musicien, se focalise sur certaines vitrines qui correspondent à l’histoire qu’il raconte. Il y a également toujours un jeu de rythme 100

L’atelier musique, qui clôt la visite du musée de la Musique.

et de création sonore. Notre but est de transmettre le goût de la musique, de faire découvrir des instruments nouveaux et de travailler sur l’imagination. » En juillet, le musée se met particulièrement à la hauteur de 4/6 ans avec quatre visites-ateliers comme le « Concert des animaux » – où les instruments prêtent leurs voix aux bêtes – ou « Des dragons au musée ». Ici les petits vont devoir apprivoiser des dragons cachés dans le musée en imaginant en atelier la musique des quatre éléments que symbolisent les dragons : l’eau, la terre, l’air et le feu. « Il y a un point qui est important pour nous : c’est le plaisir. Tout doit être ludique. On n’est pas au Conservatoire ! », sourit Delphine


“Notre but est de transmettre le goût de la musique, de faire découvrir des instruments nouveaux et de travailler sur l’imagination”

de Bettman. « Et chaque atelier implique les parents, pour que toute la famille participe. C’est souvent l’occasion de changer les rôles : les grands deviennent apprenants, et les petits, les chefs d’orchestre. »

La Philharmonie des enfants Plein tarif 14 € Tarif réduit de 5 à 11 € Musée de la Musique Gratuit pour les moins de 26 ans, ou 9 € pour une entrée dans la collection permanente Ateliers enfant du musée de la Musique Tarif enfant 10 €, adulte 14 €, entrée du musée incluse

© William Beaucardet

En septembre 2023, tous les ateliers susmentionnés continuent… et une quantité d’autres commencent pour les 7/11 ans, ainsi que pour les ados, avec des séances « Rock » ou « Free son » : tous les âges de la famille devraient trouver leur bonheur lors de leur visite au musée. Le bon plan Vivre Paris ? Chaque jour, des musiciens viennent jouer de la musique dans l’espace XVIIIe siècle du musée. Pendant les vacances d’été, ces concerts ont lieu à 15 h et 16 h. C’est le seul musée qui propose un concert quotidien, alors ça serait dommage de le louper en programmant votre visite le matin. Et toute l’année, les dimanches à 15 h, un conteur vient faire découvrir les instruments du musée, en musique, à travers des histoires. Magique !

© Pierre Morel

Et à la rentrée ?

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Bien-être ×

“La danse – en plus de nous apporter un sentiment de liberté – nous fait nous reconnecter, dans une période où l’on est de plus en plus déconnecté !” Julie Granger, ancienne danseuse étoile et fondatrice de la Brooklyn Barre®, p. 108

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© Château de Versailles - Didier Saulnier

Une odyssée olfactive JARDIN. La passion française pour les parfums a débuté à la fin du XVIIe siècle. Louis XIV décide de faire cultiver des parterres de fleurs aux odeurs prononcées, jasmins, tubéreuses ou encore jacinthes, au Trianon : leurs émanations enivrent la cour qui dès lors se pique pour les fragrances. Ce sont les débuts du métier de parfumeur, avec des artisans qui fournissent aux souverains et aux courtisans des produits toujours plus sophistiqués, parfum, sachets, gants ou encore éventails parfumés. Grâce au mécénat de la maison Francis Kurkdjian, l’un des plus grands nez français et auteur du Sillage de la Reine, le « parfum de Marie-Antoinette » recréé grâce à des documents originaux d’époque, le château de Versailles rouvre ce « Jardin du parfumeur » exactement dans le même esprit qu’au XVIIe. Des centaines d’essences odoriférantes sont ainsi désormais accessibles au grand public pour une balade olfactive enivrante ! MH 104

© Château de Versailles - T. Garnier

© Château de Versailles - M. Daviau

Des plantes historiques (roses, jasmins…), certaines aux odeurs originales (chocolat, pomme…), d’autres porteuses de mauvaises odeurs et des fleurs dites « muettes » telles que les jacinthes, les pivoines et les violettes composent ce nouveau jardin d’exception situé à l’orangerie de Châteauneuf, au cœur du Trianon.


© CHANEL

Coup de cœur

© CHANEL

© DR

VERNIS. Chanel a reformulé ses vernis, et repensé leur pinceau, et le résultat est franchement épatant avec un produit qui conjugue facilité d’application et tenue. Quant au nuancier, il est toujours aussi addictif grâce à 24 nuances, dont 17 inédites. Nos préférés ? Un lilas vibrant « Immortelle », un rouge bleuté « Pirate » et un jaune acidulé « Ovni ». ES Le Vernis, Chanel, 32 €

Le corps

© Studio Amelie Marzouk

FORME. Réunir en un seul endroit toutes les techniques qui concernent le corps pour mincir, sculpter, tonifier et muscler : c’est l’idée de la docteure Sandra Texier avec la nouvelle Maison Magnifisens, sise dans un élégant immeuble du 16e. Équipée avec le matériel dernier cri, elle pratique des techniques non invasives et performantes – comme la cryolipolyse, la cavitation, l’emtone ou l’emsculpt. Mais elle accompagne aussi ses patients sur le long terme en diététique comme dans la reprise du sport, avec un coach sportif dans le même bâtiment qui aide à atteindre ses objectifs. L’idée est de prendre en charge de manière globale les clients dans leur désir de perte de poids ou celui de remodeler sa silhouette. À vous le corps de vos rêves ! ES 105


À Bastille CHEVEU. Les passionnés de capillaire connaissent déjà l’adresse : Bleu Libellule, un magasin sur cinq étages qui propose tous les produits de coiffure et d’esthétique professionnels. D’abord réservé aux pros, le magasin s’ouvre aux particuliers qui veulent découvrir les nouvelles tendances et tester des produits ou techniques impossibles à trouver dans le circuit normal. On y trouve ainsi des pépites comme K18 et son masque réparateur au Peptide K18™ ou Gen 7, la marque de Montpellier qui a mis au point un protocole de lissage au tanin enrichi à l’huile d’açaï et au panthénol, qui discipline absolument toutes les boucles. Attention, il y a de grandes chances pour que vous ayez envie d’y rester des heures ! MH

Voyage, voyage SAVON. Pas de vacances ? Pas grave ! Le Bon Marché Rive Gauche distribue désormais Casanera, la marque « made in maquis » qui nous emmène sous le soleil de Corse avec sa nouvelle gamme Botanica Corsa, des savons aux huiles essentielles corses bio. On craque sur le myrte qui sent délicieusement bon et laisse les mains toutes douces ! MH

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© Yuriy Zhuravov

Savon à l’huile essentielle de myrte de Balagne, 500 ml, 45 €


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Anouk Le Terrier et Lisa Souloy, cofondatrices de DIJO

Aimons notre nombril ! Anouk Le Terrier et Lisa Souloy sont les deux cofondatrices de DIJO, une jeune marque de complément alimentaire 100 % française, dédiée au bien-être du ventre. D’où venez-vous ? Nous avons grandi en Touraine, à Chinon. Nous sommes amies d’enfance, nous faisions du poney ensemble. Aujourd’hui, nous habitons à Paris, nos bureaux sont dans le 8e avec une jolie terrasse. C’est important pour nous d’avoir un cadre de travail agréable pour venir au bureau avec le sourire tous les matins. On a nos habitudes de Parisiennes. Est-ce que vous avez l’impression que les Parisiens et Parisiennes sont plus concernés que les autres par les problèmes de microbiote ?

Oui ! Notre microbiote intestinal est un écosystème de bonnes bactéries. Comme une forêt tropicale, lorsque certaines espèces de bactéries disparaissent, c’est tout l’écosystème qui est déséquilibré. Avec nos modes de vie, les bonnes bactéries sont moins présentes dans notre quotidien, surtout quand on vit à Paris. Nous avons moins les mains dans la terre, nous sommes moins en contact avec les animaux. Sans parler de nos modes de vie modernes : alimentation transformée, prise de médicaments régulière, stress… Autant de facteurs qui réduisent l’efficacité du microbiote… On ne fait pas toujours le lien, mais un déséquilibre de cet ensemble de micro-organismes présent dans notre système digestif entraîne bien souvent des problèmes de peau, de poids, des troubles digestifs, des constipations, des maladies auto-immunes, des intolérances alimentaires, etc. Le ventre est la clé de notre santé et de notre bien-être. C’est pourquoi nous croyons à l’importance de consommer régulièrement des probiotiques pour maintenir l’équilibre de son microbiote. 1 07

Longtemps on a cru que maux de ventre et mauvaise digestion ou stress étaient liés, ce n’est pas le cas ? Tout passe par le ventre, c’est l’origine même de notre bien-être et de notre santé mentale. Le stress impacte directement l’équilibre du microbiote intestinal et inversement. Un microbiote déséquilibré est source de stress et d’anxiété. Le ventre est notre deuxième cerveau, on parle de l’axe intestin-cerveau. On a longtemps pensé que seul le cerveau envoyait des messages au ventre mais on sait aujourd’hui que le ventre aussi envoie des messages au cerveau. Il y a plus de 200 millions de neurones tout au long du tube digestif, on parle du système nerveux entérique. Où est-ce qu’on peut trouver DIJO à Paris ? Dans toutes les boutiques Oh My Cream, dans les Monop’Beauty, aux Galeries Lafayette, à la Samaritaine ou encore au Printemps. Et sur notre site internet dijo.fr pour faire son diagnostic personnalisé du ventre ! ES

dijo.fr


Par Estelle Surbranche & Loreleï Boquet-Vautor

BOUGER, OUI… MAIS AUTREMENT ! Marre du jogging ou de la piscine ? Pour se bouger à Paris, il existe des concepts rigolos ou novateurs comme nulle part ailleurs !

Défier l’apesanteur Vous aurez un peu l’impression de devenir SpiderMan avec ce tout nouveau cours, le bungee fitness chez Magic Form dans le 14e ! Attaché par un élastique et un harnais accrochés au plafond, c’est parti pour une heure de bumps et autres pompes vraiment très rebondissantes dans l’air. L’élastique sollicite une énergie de tout instant (cardio), et en même temps, vous travaillez sur le renforcement musculaire et votre agilité, en osant des mouvements, notamment des sauts, que vous ne feriez pas habituellement.

© Blast

La séance : 20 €

Jouer au chat et à la souris

Photos © Magic Form

Vous voilà de nouveau dans la cour de récréation à jouer au chat et à la souris… Sauf que là, c’est version XXL dans une salle spécialement dédiée. Ça s’appelle le « chase tag » et ça se passe à Pantin chez Blast. 1000 m2 aménagés avec des parcours d’obstacles pour que vous puissiez varier les plaisirs. Très rigolo, mais aussi très intense niveau cardio puisqu’il vous faudra sauter (haut), vous baisser (très bas), rouler, etc. L’activité ressemble un peu au parktour (où des cours sont dispensés ici). C’est plutôt réservé aux personnes avec une bonne condition sportive qui voudraient changer de leur entraînement bootcamp. Et vous l’aurez compris, il faut être au minimum deux pour cette activité. 10 € l’heure en accès libre - Cours collectif à partir de 6 ans (20 €) et cours pour adulte à la rentrée 2023 108


Groover en boîte de nuit (ou presque) À vous les sorties en boîte de nuit avec Decibel, un lieu où vous pourrez vous déhancher furieusement sur les derniers sons hip-hop dès… 10 h 30 ! Ici, on est plongés dans le noir, seulement éclairés par la lumière des spots, et la prof nous attend sur la piste de danse – pardon, la salle de gym – pour un cours de 45 minutes de dance workout immersif. Encouragés par ses soins, protégés des regards par l’obscurité, on se lâche comme jamais sur la musique (cardio) et on se dessine un corps de rêve avec des haltères. Pas besoin d’être pro pour ressortir en sueur, heureuse et délestée de quelques calories !

© Decibel

Carte de 10 cours : entre 179 € et 249 €

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Pédaler (et mincir comme jamais)

© T he Studio+

Vous avez 15 jours pour vous affiner ? Alors direction un centre Astrabody qui dispose de la technologie infrabike, des appareils de fitness qui combinent vélo en allongé et infrarouges pour brûler 1000 calories en 40 minutes. Dans une sorte de soucoupe spatiale, seul le haut de votre corps est à l’air libre. Vos jambes sont dans une capsule vidée d’air, en train de pédaler, tandis que les infrarouges disposés dans l’appareil permettent de chauffer cet espace jusqu’à 50 °C. Résultat, on dépense beaucoup plus de calories et on se muscle, tout en activant le drainage, en détoxifiant le corps, et en luttant contre la cellulite.

Se muscler comme une danseuse étoile

Carte de 10 séances : 410 €

Photos © Anna Ellouk

Danseuse étoile du Boston Ballet, Julie Granger s’est reconvertie au yoga, à la barre et à la danse-fitness avec sa propre méthode dont le Tout-New York s’est délecté pendant des années. Après une blessure, elle rentre en France et fonde The Studio+, permettant à ses clients de suivre ses cours, partout et tout le temps. Ses cours phares ? Le Brooklyn Barre®, qui allie les bienfaits de la danse classique, du Pilates et du cardio sur des sons ultra dynamiques ; le 80s Vibe®, inspiré de l’aérobic US des années 80 et développé sur un flow énergique reprenant les plus gros hit(t)s de l’époque ; ou encore le Brooklyn Flow®, combinaison de power yoga, de cardio et de danse sur une playlist électro. Sans contrainte de niveau, ces concepts ont pour objectif de danser sans peur du regard des autres. Pas de compétition ni de quête de perfection, l’idée est d’exploiter tout le potentiel du mouvement pour aligner les trois piliers du bien-être : physique, mental et relationnel. Une manière festive et inclusive de bouger, en somme. « La danse – en plus de nous apporter un sentiment de liberté – nous fait nous reconnecter, dans une période où l’on est de plus en plus déconnecté ! » conclut Julie. Cours disponibles sur les plateformes The Studio+ (30 € par mois ou 280 € l’année) et Le Tigre (dès 24 € par mois) et ponctuellement au MVMT Club (29 € le cours) et chez Charlotte Muller Yoga (27 € le cours) 110


Mode ×

“On arrive dans une ère où le legging devient un vêtement mode que tu peux mettre tous les jours” Alix Mougenot, cofondatrice de Luz p. 114

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3 TENDANCES JEAN DE LA SAISON

Photos © LabDip

Jean ballon Jemma, Labdip, À partir de 110 €

À la recherche du jean parfait !

Lea, Kelly et Johnny, les fondateurs de Labdip

Avec Lea et Kelly, ses deux sœurs, Johnny a fondé Labdip, une marque experte dans le pantalon qui vient d’ouvrir une cabine d’essayage pas comme les autres dans le 11e, le « Lab ». Pourquoi faites-vous uniquement du pantalon, en particulier du jean ? Le pantalon, cette pièce importante du vestiaire, nécessite une attention et une expertise particulières : à un centimètre près, une coupe peut être ratée. Alors nous nous sommes vraiment spécialisés dedans. Nous passons beaucoup de temps à faire des essayages sur des types de morphologie différents pour voir si le pantalon convient, et on le retravaille jusqu’à ce qu’il aille à toutes les morphologies, en se concentrant sur le « bien-aller ». Comment est venue l’idée du Lab ? On parle beaucoup avec nos clientes et on s’est rendu compte que le plus difficile pour elles, c’était de savoir quel jean acheter. Il y en a tellement ! Au moment d’ouvrir notre point de vente, à l’occasion de nos 10 ans,

on s’est donc dit que nous allions proposer une expérience particulière, un service en plus avec un conseil personnalisé. Comment se passe concrètement l’expérience Lab ? La cliente prend rendez-vous en ligne avant sur notre site labdip, à l’onglet lelab. C’est un format où elle est accompagnée ; une experte lui donne des conseils sur les formes qui pourraient le mieux lui aller parmi la vingtaine de coupes proposées, avec trois ou quatre délavages à chaque fois. Comme elle est seule dans la cabine, c’est plus agréable. Le regard des autres ne pèse pas sur elle. L’expérience « Lab » est gratuite et le prix des jeans reste abordable : de 99 € à 170 € ! ES labdip.fr

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Le faux baggy en blanc, Adriano, Balzac Paris, 110 €

Jean patchwork, Colombe, Call It By Your Name, 300€


À côté du PalaisRoyal

© Clément Guegan

BIJOUX. Fascinée par les bijoux rituels dans les temples hindous, Titya Tin crée des bijoux hautefantaisie, délicats et plein de symboles, à l’image de son collier-talisman Sriphala. Elle vient d’ouvrir sa première boutique Tityaravy, un bel écrin pensé par Benjamin Guedj, rue Chabanais. À voir. MH

De Dakar à Paris EXPOSITION. À la suite du défilé de la collection Métiers d’art 2022/2023 de la maison Chanel présenté à Dakar, le 19M, un lieu pluridisciplinaire dédié aux métiers d’art et de la mode, célèbre la richesse et la diversité des artisanats de broderie et de tissage au Sénégal. On y découvre le magnifique savoirfaire sénégalais autour de ces deux arts, mais aussi autour de la teinture indigo, car les jeunes créateurs du pays se sont approprié et modernisent cette pratique durable, et particulièrement répandue dans le pays. L’exposition sera accompagnée d’une programmation d’ateliers, d’événements et de conférences animés par des artisans et artistes invités. MH

Photos © le19M x Elea Jeanne Schmitter

Le 19M, à la porte d’Aubervilliers, célèbre le savoir-faire sénégalais.

Sur le fil : de Dakar à Paris à la galerie du 19M à Paris/ Aubervilliers jusqu’au 30 juillet, gratuit

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Alix & Claire de Luz Photos Maxime Gautier (sauf mentions)

Texte Estelle Surbranche

En douze ans, les deux sœurs ont monté l’une des marques de sportswear les plus désirables du moment, en n’abandonnant jamais leurs éco-convictions. La prochaine étape ? Proposer des événements « bien-être » à tous les Parisiens !

Lorsque vous avez lancé la marque en 2011, être « green » n’était pas aussi évident qu’aujourd’hui… Claire : C’est clair ! Avec Virginie Courtin [aujourd’hui directrice générale de Clarins], l’amie d’enfance avec qui j’ai débuté l’aventure, nous partagions les mêmes valeurs sur l’écoresponsabilité. Les respecter dans notre entreprise était une condition impérative. Il fallait que le monde change et nous devions apporter notre pierre à l’édifice. Alix nous a rejointes un an plus tard en portant les mêmes convictions.

Vous avez commencé avec les maillots de bain en coton bio mais le succès est venu lorsque vous vous êtes lancées dans l’active wear… C. : À l’époque, il y avait peu de marques de maillots. L’idée était d’imaginer des maillots de bain écoresponsables, mais aussi flatteurs, pour toutes les formes, comme je voyais en Argentine où j’habitais à l’époque… Nous voulions également beaucoup de couleurs, alors qu’en Europe le noir était dominant. Les maillots marchaient bien, mais nous avions pas mal de réflexions 114

de clientes qui nous disaient que le coton bio, ça n’allait pas avec les maillots car ça ne séchait pas assez vite, ce n’était pas assez technique, etc. De plus, l’activité était très saisonnière. Là-dessus, j’ai eu mon premier enfant en 2015… Et comme beaucoup de mamans après leur premier enfant, j’ai eu moins envie de porter de maillot de bain. L’idée de l’active wear et de vêtements plus couvrants est venue de là. La maternité change tellement de choses chez une femme. Elle donne de la confiance en soi et en même temps, elle apporte plein de doutes.


Alix (à gauche) et Claire, sœurs, amies et associées dans Luz


© Y.Jorquera

“Nous avons créé des retraites bien-être dans des hôtels à Paris et en Île-de-France”

© Y.Jorquera

de-France. Ce sont comme des retraites d’une journée dans un hôtel avec trois ou quatre cours de sport, un déjeuner healthy, et une tenue Luz ! Et tous les lundis matin, nous proposons une offre avec le restaurant Forrest de Julien Sebbag : un cours de yoga avec un déjeuner pour 79 € !

Surf, kitesurf, marche dans l’eau, paddle… Les maillots de bain Luz sont dédiés à la sportive dans l’eau !

Aujourd’hui, le legging est votre best of ? Alix : Oui ! On l’a lancé d’abord en coton bio, en collaboration avec Alexandra Cousteau, la petite fille du commandant Cousteau. Puis, nous l’avons proposé en tissu recyclé, dès que cette matière est arrivée sur le marché en 2017, accompagné de la ligne complète d’active wear. La période Covid vous a fait changer de stratégie ? C. : Au lieu de se démoraliser, nous

avons choisi d’être très actives. Nous avons donc proposé, via nos réseaux sociaux, des cours de sport, des méthodes pour respirer, des conférences avec des naturopathes… C’est à ce moment-là que nous avons décidé de devenir une marque de lifestyle, pas seulement une marque de mode. Depuis un an et demi, on offre donc de plus en plus d’événements à nos clientes. On a créé un groupe de femmes, ainsi que des retraites bien-être dans des hôtels à Paris – et parfois à l’extérieur, en Île116

Et puis l’uniforme sport devient mode… A. : Tout à fait ! On arrive dans une ère où le legging devient un vêtement mode que tu peux mettre tous les jours. Notre legging léopard, un de nos best of, en est la parfaite illustration : les filles le portent tous les jours pour aller au travail, avec par-dessus une chemise ou un pull. Je suis persuadée que Paris va évoluer comme Los Angeles : les filles vont aller au boulot en legging, sweat et un teddy par-dessus.


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Ainsi habillées, elles pourront faire du sport au moment du déjeuner ou en fin de journée. Elles portent de moins de moins de talons. Les femmes ont besoin de confort. Vous avez toujours fait du sport ? A. : Claire fait du yoga depuis ses 20 ans, moi je suis une amoureuse d’équitation. C. : En Argentine, où j’ai habité six ans, j’ai découvert la connexion avec la nature, le bien-être. Là-bas, j’ai constaté les bienfaits de la respiration, j’ai suivi des stages de silence aussi… Ma famille me prenait pour une hippie et se demandait ce que je fabriquais (Rires). Quand on a créé Luz, « Lumière » en espagnol, nous avons imaginé des vêtements pour les sports de notre vie, le yoga, le Pilates, la marche, la salle… Vous proposez aussi une ligne de maillots spécifique pour le kitesurf cette année ? C. : Pareil, on pratique… Ce sont des maillots de bain pour la sportive dans l’eau, faits pour le kite, mais aussi la marche dans l’eau, le wake, le paddle… Nous les avons élaborés avec Marine Lorphelin, l’ancienne Miss France, qui en plus d’être médecin, est une grande sportive. A. : Nous proposons également des combinaisons protection 50 via une collab avec Anne-Charlotte Pontabry [connue pour son rôle de Cachou dans la série Classe mannequin]. Le public est grandissant pour ces modèles, car il y a énormément d’allergies au soleil, de personnes avec des mélanomes…

“Quand tu es une entrepreneuse, ta société, c’est aussi un peu ton enfant. Même en vacances, je prends mon ordinateur” Vous êtes tombées enceintes au même moment : ça ne vous a pas fait peur qu’en tant qu’entrepreneuses ? C. : Oui, nous avons accouché presque en même temps l’année dernière, en 2022 ! Nous avons eu des petites galères pour avoir nos enfants, donc lorsque nous sommes tombées enceintes au même moment, on a vu ça comme un signe. On savait que tout allait bien se passer… Ça fait douze ans qu’on est entrepreneuses. On a vécu tellement de galères dans le taff, en perso, et puis le Covid… 118

Désormais on essaie d’avoir une attitude alignée : on prend les choses comme elles viennent et on trouve toujours des solutions. Et surtout, nous avons eu la joie d’accueillir deux adorables petites filles ! C’est elles qui nous ont donné l’envie d’une ligne « minime » [des petits leggings en coton bio et un maillot de bain, du 3 mois au 6 ans]. A. : Après, il faut être honnête : ça n’a pas toujours été évident. Il y a eu des gros moments de fatigue, on n’a quasiment pas pris de congé maternité. On a géré, mais tout


© Y.Jorquera

© Y.Jorquera

Marine Lorphelin porte les maillots de la collection été 2023 qu’elle a créés avec Luz.

n’est pas passé dans la facilité ! De bosser à deux, ça nous a beaucoup aidées. Quand l’une ne va pas bien, l’autre lui fait remonter la pente. C. : Ce qui nous sauve aussi, c’est que nous avons beaucoup de plaisir dans notre travail. Quand tu es une entrepreneuse, ta société, c’est aussi un peu ton enfant. Même en vacances, je prends mon ordinateur. Avoir un mode de vie « wellness » à Paris, ce n’est pas simple. Comment faites-vous ? C. : Malgré ce qui se passe, j’essaie de faire abstraction des désagréments de la ville et d’appliquer ici ce que j’ai connu à l’étranger. Vivre bien la ville, ça dépend aussi de soi et de comment on veut prendre les

choses. J’ai la chance d’habiter à côté du bois de Boulogne où je me balade tous les week-ends… Dans le 16e, on a plus facilement accès à la nature. Et il ne faut pas se laisser agacer par les évènements perturbants : il y en aura toujours, où qu’on aille. À Paris, tu peux voir des expos fabuleuses, des concerts, manger dans des restaurants de dingue… La ville est magnifique. Habiter en ville et être bien dans sa vie, dans son couple, ne sont pas antinomiques… A. : Moi, je ne pourrais plus retourner à Paris centre, même si j’ai adoré plus jeune. J’habite à la campagne à Appoigny dans les Yvelines entre Montfort-l’Amaury et Rambouillet. J’ai mon cheval, mon chien, la forêt en face où je vais faire de longues balades… 119

Pour cet été, vous voyez les choses en grand puisque vous préparez un festival de wellness chez Hangar Y, un ancien hangar à dirigeables collé à la forêt de Meudon, au sud-ouest de Paris… C. : Le lieu est fabuleux, en pleine nature et il peut accueillir jusqu’à 6 000 personnes. On aimerait bien y monter deux ou trois événements par an. Le premier, intitulé Your Harmony, se déroulera les 1er et 2 juillet. On a invité des personnalités telles que Marie Robert (Philosophie is sexy), Véronique Reimonenq, prêtresse du kundalini et de la méditation, Ludi Pilates… Les gens ont besoin de se réunir depuis le Covid. On a vraiment envie d’offrir cela à nos clientes. luzcollections.com


C A RNET D ’ A D R E S S E S

Culture

Grand Palais immersif 110 rue de Lyon 75012 Paris Café Oscar 155 rue Montmartre 75002 Paris Musée de la monnaie quai de Conti 75006 Paris Musée Bourdelle 18 rue Antoine Bourdelle 75015 Paris

Le Maresquier 12 place Saint-Augustin 75008 Paris Le Mathusalem 5 bis bd Exelmans 75016 Paris Enzo et Lily 2 rue Auguste Maquet 75016 Paris Akiyoshi 59 rue Letellier 75015 Paris Pâtisserie Pages Blanches 11 bd de Courcelles 75008 Paris

Sena, Italian Riviera Spot Descente face à la place PierreKaufmann, au port de l’Hôtel de Ville, voie Georges Pompidou 75004 Paris

Akabeko 40 rue de l’Université 75007 Paris

Food

Envie Le Labo 10 rue Julien Lacroix 75020 Paris

Maison Fournaise Île des Impressionnistes 78400 Chatou Momus 44 rue des Martyrs 75016 Paris Bao Express 10 rue Bréguet 75011 Paris

Green

Bien-être

Décibel 60 rue Quincampoix 75004 Paris MVMT Club 37 rue Saint-Marc 75002 Paris Charlotte Muller Yoga 9 rue Chaptal 75009 Paris Magic Form Paris 14 12 rue Pierre Larousse 75014 Paris

Enfants

Librairie Chantelivre 11 rue de Sèvres, 75006 Paris Palais de la Porte Dorée 293 avenue Daumesnil, 75012 Paris Forum des images Westfield Forum des Halles, 2, rue du Cinéma, porte SaintEustache, 75001 Paris Philharmonie des enfants et musée de la Musique 221 av. Jean-Jaurès 75019 Paris Science Expériences à Bercy Village 16 cour Saint-Émilion 75012 Paris Musée de l’illusion 98 rue Saint-Denis 75001 Paris

La Ferme de Châtenoy 1 rue de la Mairie 77167 Châtenoy Château de la Bûcherie 5 rue du Parc 95510 Saint-Cyr-enArthies Restaurant Cambrousse ouvert à tous du mercredi midi au dimanche midi sur réservation en ligne ou au 01 88 60 76 13 Le Barn moulin de Brétigny 78830 Bonnelles Dream Castle Hotel 40 av. de la Fosse des Pressoirs 77703 Magny-leHongre Maison du Val – Les maisons de campagne Route forestière des Brancas 78100 Saint-Germainen-Laye

Mode

Les Étangs de Corot 53/55 rue de Versailles 92410 Ville-d’Avray

LabDip 58 rue Amelot, 75011 Paris

La Minotte 7 rue Versailles 78490 MontfortL’Amaury

Escapade

Domaine de Courances place du Général de Gaulle 91490 Courances

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Déco ×

“Avec ma mosaïque dans la rue, j’ai l’impression que je vais en quelque sorte « marquer » ma ville.” Mathilde Herrero, artisane mosaïste p. 130

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© Chloé Bruhat

© Wonderland © Wonderland

Claire Leblond-Faure

Claire Leblond-Faure de Debongout La pétillante Claire Leblond-Faure multiplie les projets professionnels : une collaboration à long terme avec H&M Home et l’ouverture de son premier magasin Debongout dans le 10e, un joli espace où elle mélange les pièces qu’elle édite et ses trouvailles chinées. Comment est venue l’idée de Debongout ? Au moment où nous avons acheté notre premier appartement à Paris avec mon mari, en arrivant de Lyon, il a fallu le meubler sans dépenser des fortunes : avec la brocante. L’idée m’est alors venue d’offrir ce service : proposer des jolis meubles, tout en rendant accessible le côté chiné. Tout le monde ne va pas dans le Perche tous les week-ends faire des brocantes ou n’arrive à se projeter dans les meubles vus sur le Bon Coin ! C’est la spécificité de Debongout : proposer du neuf que vous éditez et des pièces chinées… Oui, nous effectuons tout un travail de sélection auprès de brocanteurs ou de

particuliers passionnés de chine : ils nous envoient des photos et nous leur achetons directement des pièces. Une fois qu’ils ont un nombre suffisant de pièces, un transporteur vient récupérer leurs trouvailles. On chine d’ailleurs pour nous, mais aussi désormais pour la partie seconde main de H&M Home boulevard des Capucines. Et en septembre, nous aurons un pop-up au BHV. Quel est le style des pièces que vous éditez ? J’aime les choses versatiles et intemporelles. En termes de design, cela se traduit par des lignes épurées qui iront dans tous les intérieurs. La brocante va apporter le cachet et le style. C’est la seconde main qui permet de changer 122

de ces années de consommation de masse où tout le monde avait le même intérieur ! J’aime aussi quand il y a un double usage, par exemple une coiffeuse qui peut servir de bureau. On travaille également sur des pièces assez compactes, car on s’adresse plutôt à des gens qui ont des appartements, et donc qui n’ont pas énormément de place. Quelle est la gamme de prix ? Ça commence à 2e le petit verre basque pour aller jusqu’à 700e pour un miroir Louis Phillipe. Nous voulions être abordables autant dans le ton qu’en termes de prix. Au départ votre sélection n’était disponible que sur internet. Pourquoi avoir décidé d’ouvrir une boutique avec pignon sur rue ? Nous voulions aller à la rencontre de nos clientes ! Alors nous avons commencé à chercher une boutique, sachant que nous voulions rester dans le 10e. J’habite dans ce quartier : je le connais bien et en plus, il correspond à l’ADN de la marque avec son côté bohème. ES debongout-paris.com


Pour les terrasses

© Jerome Galland

EXTÉRIEUR. Bien plus joli que le pied de parasol, le Pot Parasol de BacSac utilise le poids de la terre comme lest : 75 litres de terre pour planter des fleurs, des arbustes ou encore des grimpantes… Et dessus, il ne reste plus qu’à monter une jolie toile d’ombrage perméable, à dresser pour nous abriter du soleil parisien ! MH Pot en toile géotextile à partir de 164 €

Objet de désir

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INTÉRIEUR. Les rues de Paris ne sentent pas toujours la rose, mais elles nourrissent l’imaginaire des créateurs ! David Benedek, fondateur de BDK Parfums, a ainsi créé la bougie Pleine Lune, premier opus de la collection Les Nocturnes, hommage à Paris la nuit et à son ambiance électrique. La première balade à laquelle nous sommes conviées ? Les quais de Seine à 22 h, qui embaument ici l’iris. Quand à Trudon, la manufacture de cire des rois, elle lance à l’occasion de ses 380 ans une collection baptisée Tuileries, là même où la famille royale a dû déménager en 1789. Marie-Antoinette, que la maison a fournie en bougies jusqu’à sa fin tragique, a aussi inspiré cette édition dans la senteur, la rose (sa fleur favorite) comme le design (écho d’un tissu utilisé pour confectionner une de ses robes). Un pan parfumé de l’histoire de France ! MH

© DR

Pleine Lune, Les quais de Seine à 22 h, BDK Parfums, 250 g, 80 € Bougie Tuileries, Trudon, 270 g, 95 € 123


Texte Juliette Le Lorier Photos Nora Hegedus

Petit espace, petits budgets mais grandes idées ! Paris, 13e arrondissement. Si, dehors, la ville tambourine et trépigne, le charmant petit appartement de Sophie de la Rochefordière semble se réveiller doucement sous la lumière diffuse qui nimbe l’espace. En réalité, Sophie est debout depuis bien longtemps : maman solo, illustratrice et directrice artistique free-lance, elle a déposé ses deux enfants à l’école et profite maintenant du calme pour se concentrer sur les dernières touches décoratives à apporter à la cuisine qu’elle vient de remettre à neuf… 124


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l’électricité qui me fait un peu peur, je suis bricoleuse et je fais beaucoup de choses, depuis la peinture jusqu’à l’accrochage des rideaux… », se félicite cette créative émancipée, équipée d’une perceuse et traversée de lumineuses idées. En témoigne sa cuisine, récemment rénovée et entièrement conçue par ses soins, avec l’aide du service « conception de cuisine personnalisée » de chez Ikea qui facture 29 euros pour une visioconférence avec un agenceur. « L’ancienne cuisine était en bois avec un aspect un peu vieillot, et surtout je n’avais ni lave-vaisselle ni congélateur, ce qui est indispensable avec des enfants ! » Sophie réfléchit

“Savant mix and match, l’espace est habillé de pièces éclectiques qui fonctionnent ici en symbiose” CUISINE Suspension : Les Puces de Lyon Cuisine : Ikea Petites étagères : H&M Home

Les trouvailles du Bon Coin Redevenue parisienne après avoir vécu à Lyon dans un grand appartement pendant cinq ans, Sophie est tombée par hasard grâce au Bon Coin sur ce trois-pièces disposant d’un salon en angle naturellement inondé de lumière naturelle, d’une salle à manger et d’une chambre pour ses deux enfants. « Au départ, je voulais avoir ma chambre à part. Ici j’ai dû m’installer dans l’ancienne salle à manger ouverte sur le salon, mais en transformant ma bibliothèque en cloison, j’ai réussi à véritablement créer mon espace. Et puis, j’ai bien veillé à me mettre à hauteur d’enfant pour disposer habilement les livres dans les étagères en créant des zones

aveugles, pour m’assurer de préserver mon intimité lorsque je suis au lit. Du coup, j’adore les deviner passer les matins de week-end tandis que je grappille quelques minutes de sommeil en plus ! » sourit-elle.

Peindre… et recommencer Installée dans l’appartement depuis une petite année, Sophie a mis un peu de temps à s’approprier les lieux. « Au départ, je voulais un mur de couleur dans le salon, mais après deux essais infructueux, j’ai opté pour une teinte neutre qui contribue à donner du volume et de la luminosité à la pièce, et j’ai misé sur des touches de couleurs avec les accessoires déco. » La teinte en question, un beige sable, a été mise au point par la jeune femme elle-même à partir d’une base achetée chez Leroy Merlin qu’elle a mélangée à des peintures acryliques qu’elle utilise pour son travail d’illustration. « En dehors de 126

aujourd’hui à la fresque qu’elle s’apprête à peindre à la main audessus du plan de travail. « J’hésite encore entre un motif façon terrazzo et un panoramique beaucoup plus graphique et conceptuel. Mais je me laisse le temps de bien y réfléchir… »

Tous les chemins mènent à la création Férue de décoration depuis l’adolescence, Sophie a testé ses premières fresques dans sa chambre d’enfant en dessinant et découpant des lettres dans du papier pour les coller au mur, à défaut de pouvoir y taguer ! « Jeune adulte, j’ai eu un peu peur d’embrasser une carrière artistique, du coup, j’ai fait une école en web design, puis travaillé en agence en tant que graphiste digitale. Au fil des années, je suis revenue vers mes premières amours en créant mon statut d’artiste-auteure et en ouvrant mon blog d’illustrations grâce auquel j’ai obtenu mes premières


SALON SALLE À MANGER Nappe : Mango Home Carafe : Monoprix (collaboration Château Rouge) Chaises : Sklum Suspension : Silly and Billy Affiches sur le radiateur : Sophie de la Rochefordière Fauteuil façon transat : Ferm Living Table basse : Noo.ma Lampadaire : chiné et repeint Gros fauteuil : Selency Petite bibliothèque : AMPM Canapé : BoConcept Applique à droite du canapé : Made in Design Rideaux : AMPM

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CHAMBRE Appliques : Leroy Merlin Coussins : Maison du Monde et Bar à Linge Linge de lit : Mango Home Bougies : Fleux

“J’ai créé des zones aveugles, pour m’assurer de préserver mon intimité lorsque je suis au lit”

missions en tant qu’illustratrice. Aujourd’hui, je travaille pour des architectes et décorateurs, mais aussi des particuliers, des hôtels ou des magasins, qui me commandent des fresques murales personnalisées. L’avantage lorsque l’on s’adresse à moi, c’est que l’on n’est pas contraint par les formats du papier peint, et que je propose des dessins sur mesure qui s’adaptent aux dimensions des murs mais aussi à l’esthétique générale et à l’ambiance particulière de chaque lieu que je décore. Et je travaille aussi sur des identités visuelles et des dessins pour des marques, ou encore sur des illustrations en presse ou en édition », explique-t-elle. Passionnée, la jeune maman n’a pas manqué de transmettre son goût pour le dessin à ses enfants, dont les créations ornent les murs de la cuisine, « mais j’ai un droit de veto quant aux 128

dessins qui y sont exposés », s’amuse Sophie qui compile religieusement par ailleurs dans des classeurs plastifiés les réalisations enfantines de second plan.

Touches ludiques Car si la décoration est un jeu d’enfant qu’elle cultive joyeusement en s’inspirant sur les réseaux sociaux ou en feuilletant des magazines de décoration, la jeune femme ne transige sur aucune pièce de son intérieur. « Je marche avant tout au coup de cœur et je ne suis jamais à la lettre les recommandations que je peux lire. En revanche, j’ai toujours besoin de m’inspirer et c’est aussi mon travail auprès d’architectes qui nourrit quotidiennement mon univers intérieur. » Savant mix and match, l’espace est habillé de pièces éclectiques qui fonctionnent


ici en symbiose. « À l’origine, c’est un appartement meublé, j’ai donc conservé quelques meubles, à l’instar de la console du salon que j’adore, tandis que les autres ont été remisés dans la cave de mes parents. J’ai rapatrié d’autres pépites qui m’ont suivie dans de nombreux déménagements, comme la colonne grecque que j’ai trouvée dans un vide-grenier et que j’ai repeinte. Enfin, j’ai acheté quelques accessoires à des prix accessibles, comme les luminaires, les rideaux, ou les poignées des placards dans la chambre des enfants que j’ai trouvées sur Amazon et qui changent toute l’esthétique de leur chambre. » Ultime touche décorative : les nombreuses affiches encadrées, signées par Sophie elle-même ou quelques-uns de ses illustrateurs préférés, contribuent à scénariser gaiement cet espace cocon habité par la joie de vivre !

CHAMBRE ENFANTS Papier peint : papierpeintun.fr Animaux en bois : Holztiger Tête de chien en feutrine et caisses en plastique : Sostrene Grene Dînette : Les Enfants du Design Bureau : fabriqué par Sophie sur mesure Poignées de porte des placards : Amazon Tabourets : India Mahdavi pour Monoprix et Bubu de Philip Starck trouvé sur Selency Affiches : Sophie de la Rochefordière Appliques : Sklum

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Si la mosaïque au sol est la première chose que l’on remarque quand on franchit le seuil d’un restaurant ou d’un hôtel, ses maîtres-artisans d’art sont encore assez méconnus. Vivre Paris est allé à la rencontre de Mathilde Herrero, une jeune Parisienne qui lui redonne ses lettres de noblesse, en marbre ou en grès.

Mosaïste, un travail de l’ombre pour une façade inoubliable Texte Florence Valencourt Photos DR

On a souvent une vision enfantine de la mosaïque, avec des petits cubes de couleur, mais à titre professionnel, qu’en est-il ? Je vous rassure, la vocation vient souvent d’une passion de gamin. Cela a été mon cas et c’est celui de pas mal de monde autour de moi. Cela dit, la mosaïque telle que je la pratique aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec un loisir créatif du mercredi. D’autant que je suis spécialisée dans la « mosaïque appliquée à l’architecture ». Autrement dit, je travaille essentiellement avec des architectes d’intérieur, pour lesquels je réalise des œuvres

mur/sol/surface. Tout sauf des objets, en somme. Souvent, on me laisse pas mal de liberté dans la création et, même si certains clients arrivent avec une idée bien arrêtée, ils me laissent les orienter. Par exemple, pour les hôtels et restaurants, on évite de mettre du verre au sol et on utilise des colles spécifiques pour que cela tienne dans le temps. Une fois ces précautions prises, cela peut tenir des décennies, sans problème ! Concrètement, comment procédez-vous pour réaliser une mosaïque ? Vous la faites directement sur place ? Je pratique la « pose inversée sur kraft ». C’est une technique ancienne, importée d’Italie, qui permet de travailler dans son atelier et pas au milieu du chantier, avec tous les autres corps de métier. Une fois que j’ai fait le choix des matériaux avec le 130

client (grès cérame, marbre, émaux ou encore pâte de verre), je construis la mosaïque d’un seul bloc, sur du papier kraft donc, à même la grande table de mon atelier. Mes outils principaux : la pince et la colle. Une fois qu’elle est terminée, je découpe au scalpel des petites plaques de 40x40, que je numérote. C’est idéal pour le transport. Sur place, je me retrouve avec un immense puzzle, que je dois juste reconstituer, à l’aide de mon plan et des numéros. Êtes-vous nombreux à Paris à faire ce métier ? De plus en plus ! J’ai eu 30 ans cette année et cela fait huit ans que je suis à mon compte. Or, depuis mes débuts, les choses ont déjà beaucoup évolué. Jusqu’à présent, on devait être dix à quinze à Paris et il y avait une grande concurrence, ainsi qu’un certain culte du secret. Moi, j’ai


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“Il y a un vrai retour en grâce de la mosaïque en ce moment, dans l’hôtellerie-restauration bien sûr, mais aussi chez les particuliers” justement voulu faire l’inverse et être dans la transmission. Et, comme à la suite de la crise sanitaire, on observe beaucoup de reconversions, j’ai beaucoup de demandes de stages et d’anciens cadres qui se lancent plus volontiers dans l’aventure. Cela crée un cercle vertueux. Quand on donne, on reçoit. Et, à mon sens, plus on voit de mosaïque un peu partout, plus on en a envie ! Il y a un vrai retour en grâce de la mosaïque en ce moment, dans l’hôtellerie-restauration bien sûr, mais aussi chez les particuliers, qui me passent de plus en plus commande directement. À ce sujet justement, comment fait-on appel à vous et quel est le coût d’une fresque ? Je ne m’y attendais pas à ce point, mais Instagram a vraiment

révolutionné la visibilité de l’artisan. C’est simple, je ne démarche même plus, on me contacte directement par « MP » ! J’ai toujours un site internet, ça rassure les architectes et les institutionnels, mais franchement c’est presque devenu superflu. Quant au coût d’un projet, c’est très variable. Je ne sais pas comment procèdent les autres mosaïstes, mais moi j’établis une sorte de ratio matière première/ m2/motif et temps de travail. Pour l’instant, la fourchette est large, entre 500 et 30 000 €. Quel parcours conseillez-vous à une personne qui voudrait devenir mosaïste elle aussi ? Il n’y a pas 36 solutions, à Paris il y a une seule formation et c’est à Olivier de Serres. C’est celle que j’ai faite. 132

Une année de prépa après le bac appelée MANAA (Mise à niveau en arts appliqués) et deux ans de DMA (Diplôme des métiers d’art). La formation mixe les cours généraux et les cours en atelier. Mon conseil : faire le plus de stages possible. Quel est le prochain défi qui vous attend ? L’architecte Tristan Auer, pour l’hôtel Saint James Albany, m’a confié la réalisation d’une fresque en marbre de 40 m2, sous les arcades de la rue de Rivoli. Dans cette rue si connue, j’ai l’impression que je vais en quelque sorte « marquer » ma ville. Ça me rend extrêmement fière !

mathildeherrero.com


× “Le clou du spectacle ? Se faire réveiller au petit matin par le hurlement des loups au lever du soleil.” Top 10 des escapades franciliennes p. 134

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SÉLEC TI ON

Par Estelle Surbranche & Florence Valencourt

10 IDÉES D’ESCAPADE AUTOUR DE PARIS Besoin de vous évader, mais aucun jour de congé ? Voici 10 idées d’escapade en Île-deFrance pour vous échapper 24 heures selon vos envies, votre budget et votre tribu !

© Eric Sander

Domaine de Courances


Hôtel et spa Les Étangs de Corot

Photos © Eric Sander

92 I POUR LES ÉPICURIENS Au bord des étangs de Corot à Ville-d’Avray, l’hôtel et spa Les Étangs de Corot offre un séjour où tous les plaisirs des sens sont satisfaits. Les esthètes apprécieront l’architecture des lieux : une ancienne guinguette du XIXe siècle tout en bois lie-de-vin, classée, accolée à une grande maison avec une décoration originale en hommage au peintre Camille Corot. Les gourmands se délecteront de la cuisine du chef Rémi Chambard qui propose une balade dans les trésors gustatifs des artisans de la région. Enfin, ne loupez pas un soin Bulle au spa : des jacuzzis privatifs extérieurs (à partir de 70 €) qui donnent sur la luxuriante forêt du domaine de Saint-Cloud. À partir de 189 € (sans petit-déjeuner)

Domaine de Courances

Photos © Michel Figuet

91 I PATRIMOINE Situé à 1 h 15 de Paris, au cœur du Gâtinais, le domaine de Courances s’étend sur 75 hectares, cerné par l’eau, les arbres et le ciel. Tout est à découvrir, au fil des saisons : le château, les jardins (dont un splendide jardin japonais), la foulerie, le potager… Et, pour déconnecter, le mieux est encore d’y séjourner ! En partenariat avec Pierres d’Histoire, collection d’adresses confidentielles et patrimoniales dans toute la France, il est possible de poser ses valises dans le hameau, la métairie ou la régie et d’en profiter, en toute autonomie. Magnifiquement rénovées dans un esprit d’authenticité et bien équipées, ces anciennes dépendances offrent l’écrin idéal pour un week-end hors de la ville. À l’intérieur même du domaine, il est possible de cuisiner ou de se sustenter au restaurant-boutique des jardins (qui met en avant les produits du potager), d’aller au salon de thé du domaine et même de s’offrir un massage ou un cours de yoga au vivier (sur réservation). À quelques kilomètres, Barbizon, le château de Rosa Bonheur ou encore la maison de Cocteau, accessible grâce aux vélos à disposition. 160 € la nuit avec petit-déjeuner inclus (late check out offert) 135


SÉLEC TI ON

Hôtel Dream Castle

Photos © Ferme de Chatenoy

77 I FAMILLE ET MAGIE Une journée à Disneyland, c’est l’assurance de faire plaisir aux enfants. Et si on a envie de prolonger la magie une nuit, direction l’hôtel Dream Castle, un établissement tout juste rénové à quelques kilomètres du parc (navettes gratuites, et toutes les vingt minutes). Ce quatre-étoiles présente un très bon rapport qualité/prix dans le coin grâce à des chambres spacieuses. Au-delà du prix, les décors et les activités dans l’hôtel permettent de passer une journée supplémentaire dans une ambiance ludique dédiée aux enfants. Les kids s’éclatent dans le Dragoon Lagoon, une piscine intérieure chauffée de 1,04 mètre de profondeur, avec un toboggan pour un max de fun, ainsi que dans la forêt enchantée, un parcours de jeux en bois et un sol sécurisé. Quant aux ados, ils devraient trouver leur bonheur dans une grande salle de jeux d’arcade (jeux payants). Petit tip pour les parents : il y a une grande piscine à l’extérieur pour se prélasser, avec vue sur les jardins à la française. À partir de 160 € par nuit

La Ferme de Châtenoy

Photos © FDream Castel Hotel

77 I BALADE À VÉLO ET AUTHENTICITÉ Le sud de Fontainebleau, à quelques coups de pédale de Nemours, est le paradis des amateurs de vélo et de grimpe en plein air. Pour faire une halte bien méritée entre deux virées sportives, voici une chouette chambre d’hôte à la ferme. Le luxe, ici, c’est la nature, le calme, les animaux… Sans oublier les bons produits 100 % bio de la ferme et alentour à retrouver au petit-déjeuner gargantuesque, ou à la boutique de vente directe. Carine et Simon Thierry, architectes paysagistes, ont repris la ferme de 140 ha du père de Simon il y a plus de quinze ans et l’ont convertie en agriculture biologique. Un sacré pari, en plein milieu des grandes exploitations céréalières conventionnelles de la région. Blé, pommes de terre et élevage de moutons, voilà leur quotidien. Les trois chambres d’hôtes et le dortoir (pour les petits budgets), c’est pour partager leurs valeurs et leur passion. L’accueil est simple, chaleureux, direct. Une vraie petite pépite, hors radars. Et on y dort comme un bébé ! Entre 115 et 150 € - Petit-déjeuner biologique 15 € Dortoir (8 lits) : 35 € (salle de bains partagée et toilettes au RDC) 136


Le Barn puisque le lieu est situé à côté du haras de la Cense. Et comme ici, tout est pensé pour faire aussi plaisir aux enfants, il y a évidemment la possibilité de les initier aux poneys ! Cet hôtel quatre étoiles met également à leur

disposition des jouets, des jeux de société, des ballons de football ou des raquettes de badminton. Il y a même des cannes à pêche pour les amateurs ! Et le samedi, c’est soirée cinéma pendant que les parents

Photos © Nomades Studio

78 I KID-FRIENDLY ET BRANCHÉ Le Barn est noyé dans un océan de verdure, 200 hectares en pleine forêt de Rambouillet, où on peut se balader à pied, à vélo (prêté par l’hôtel) ou à cheval

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dînent tranquillement dans le restaurant des lieux (attention, les prix peuvent vite s’y envoler…). À partir de 213 € la nuit, petit-déjeuner inclus (late check out le dimanche soir)


SÉLEC TI ON

Les Tanières de Thoiry lodge hors de prix (il n’y a pas de chauffage, par exemple) : avec ces cabanons, vous faites le choix de l’authenticité et d’une proximité unique avec les animaux. Équipés d’un paquetage d’aventurier à votre arrivée, vous bénéficiez d’abord d’une balade vespérale dans le zoo vide avec un ranger. Puis la nuit venue, on a tout loisir

d’observer la faune et la flore via des jumelles à vision nocturne (fournies) depuis notre perchoir… Le clou du spectacle se déroule à l’aube lorsque les hurlements des loups, assis juste en contrebas, nous réveillent. La forêt et ses habitants se mettent alors à vibrer avec eux et on se sent vraiment connecté à la nature. Ce contact privilégié avec

les animaux se prolonge avec une visite matinale en camion brousse pour le réveil des bêtes, avant l’ouverture du parc. Inoubliable ! « Pack aventurier tout compris » comprenant l’accès au parc 2 jours, dîner et petit-déjeuner, les deux visites exclusives avec un ranger, 550 € pour 2 adultes et 2 enfants

Photos © Alexandre Alloul

78 I AMOUREUX DES ANIMAUX Vivre une nuit en pleine nature, à quelques mètres des ours baribals et des loups : voici l’expérience extraordinaire que propose le zoo de Thoiry avec ses « tanières », des sortes de cabanes qui surplombent le parc. Même si le lit king size est tout confort, vous n’êtes pas ici dans un luxueux

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Mob House 93 I PISCINE EXPRESS Une chaleur étouffante est annoncée à Paris, et vous rêvez juste d’une piscine à vous ? Direction le Mob House. Collé aux puces de Saint-Ouen, le Mob est un écohôtel où l’on peut passer toute la journée sans s’ennuyer car c’est un petit village qui propose nombre d’activités, dont une piscine extérieure de 20 mètres de long. Pour en profiter, on peut soit booker une chambre dans les lieux ou, nouveauté de cette année, prendre un day pass juste pour la piscine. Ce nouveau Pass Piscine & Sport coûte 75 €, valable à la journée pour une personne (adulte ou enfant de plus de 2 ans), accessible en semaine de 7 h à 21 h. Le week-end, elle reste réservée aux résidents du Mob House.

Photos © S. Arnould

À partir de 149 € la nuit

Château de la Bûcherie

Photos © Aldo Paredes

95 I EN AMOUREUX Aux confins du parc du Vexin, à 45 min de Paris, le château de la Bûcherie est l’escapade bucolique ultime pour les amoureux de nature et de bonne chère. Joli château romantique ayant appartenu à la famille Firmin-Didot, il a été racheté et rénové en 2020 par Terres de Natures. Ici, on fait rimer nourriture et permaculture, au sein du restaurant Cambrousse, mené par le chef Robin Schroeder (ex-second de Christophe Saintagne chez Papillon) et alimenté presque entièrement par les jardins maraîchers de Benoît di Francesco (3000 m2). Une parenthèse au vert, qui comble tous les sens sans oublier d’en avoir. De 135 € à 280 € par nuit et par chambre (en basse saison) 139


SÉLEC TI ON

La Minotte

Photos © Les Maisons de Campagne / Maison du Val

78 I SOLO ET STYLÉ Nichée dans le charmant village médiéval de Montfort-l’Amaury, La Minotte fait partie de ces adresses qu’on préférerait garder pour soi. Une oasis de tranquillité, qui ne compte que quatre chambres et quatre lofts, tous décorés avec goût, dans un style épuré qui invite au repos le citadin épuisé. Nouveauté cette saison : un loft lumineux, où l’on se verrait bien se retirer. On profite aussi ici de cours de yoga, d’un hammam, de massages et d’un couloir de nage en pleine verdure. Last but not least : la table d’hôtes, qui accueille des chefs invités du jeudi au dimanche soir. On reste. Chambre à partir de 185 €, pour deux personnes, deux nuits minimum, petit-déjeuner inclus/Loft à partir de 245 €, entre 2 et 4 personnes, deux nuits minimum, petit-déjeuner en supplément. Table d’hôte sur réservation du jeudi au dimanche.

La Maison du Val Saint-Germain-en-Laye

Photos © Juliette Berny

78 I ENTRE COPINES Le concept des Maisons de campagne ? Vous offrir votre maison de campagne idéale : spacieuse, avec du cachet, meublée avec goût et sertie comme un diamant dans un grand terrain. La maison où vous pourriez inviter toute votre tribu, mais sans vous prendre la tête avec les histoires d’intendance (zéro charge mentale !)… Dans cette maison bourgeoise récemment rénovée, tout est inclus et à volonté : l’hébergement bien sûr, mais aussi la nourriture, les boissons (oui, même le cocktail de minuit) et les activités. Et il y en a pléthore, à réaliser solo et en groupe : bains nordiques en pleine nature, balades à vélo, pétanque, raquettes ou clubs de golf, tout est disponible et gratuit, à prendre en libreservice… Le week-end, des animations supplémentaires sont organisées : une prof vient nous réveiller pour un bootcamp matinal ou une séance de yoga en plein air, par exemple. Et pour les troupes de copines en folie, la soirée se termine dans un salon privatisé avec un karaoké bien fourni en chansons françaises ! (A réserver auprès de la réception.) À partir de 150 € par personne pour un séjour en formule tout inclus 140



Un week-end à Annecy

© NicoElNino

Elle est surnommée « la Venise du Nord » en raison de ses charmants canaux qui la parcourent, mais Annecy est une ville vivante qui joue de tous les clichés touristiques, et où il fait bon passer un week-end ou des vacances.

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Texte Estelle Surbranche Photos Voir mentions


© Keitma

© Gilles Piel

Le bord du lac au Pâquier

En ville Bâtiments anciens couleur ocre et canaux fleuris : la balade dans la vieille ville d’Annecy est splendide – sauf qu’il y a souvent beaucoup, beaucoup de monde ! Une halte

“Itinéraire en ville et en plein air, Annecy Paysages est ponctué par des installations artistiques et paysagères très « instagrammables »” s’impose pour se rafraîchir avec une glace au Glacier des Alpes, célèbre pour ses 180 parfums de glaces et sorbets artisanaux. Puis on prend le chemin de traverse, afin de grimper jusqu’à la Visitation, une magnifique basilique où reposent les corps de François de Sales et Jeanne de Chantal. De là, le point de vue sur la ville coupe le souffle ! En été, vous pouvez également découvrir les trois sites principaux de la ville, le centre historique, les jardins de l’Europe et le parc Charles Bosson avec Annecy Paysages. C’est un itinéraire en ville et en plein air, ponctué par des installations artistiques et paysagères, très « instagrammables ». Cette 6e édition se déroulera du 8 juillet au 24 septembre. Plus d’une 143

© Gilles Piel

Époustouflant ! C’est le mot qui vient à l’esprit lorsqu’on s’approche du Pâquier, une longue esplanade verte plate, de plus de sept hectares, qui fait face au lac d’Annecy. Joyau oscillant entre bleu, vert ou gris selon la couleur du ciel, le lac est littéralement serti entre des montagnes majestueuses. On peut d’ailleurs en faire le tour grâce à une grande piste cyclable partagée avec les piétons et les rollers. Sa longueur est de 40 km et son dénivelé de 300 mètres : en se ménageant des pauses, elle est parfaitement accessible. Adeptes de farniente, la plage de ville de l’Impérial, située à l’extrémité du Pâquier, vous attend pour une sieste et une baignade dans une eau cristalline. Pour un plongeon un peu plus exclusif, louez un pédalo à l’un des nombreux commerçants du bord du Pâquier et faites marcher vos muscles jusqu’à un coin tranquille au milieu du lac.

Festival Annecy Paysages

© Françoise Cavazzana

Au bord du lac

Shopping à Annecy


© Monica Dalmasso Photos © Matthieu Cellard

© Little Italy

Sis dans les anciens hospices de la ville, l’hôtel Le Pelican dispose d’une situation de choix pour rayonner, car il se situe à l’entrée de la vieille ville, non loin du lac. Chambre élégante, bonne literie, ce quatre-étoiles offre en plus une ambiance conviviale grâce à des soirées DJ. Mention spéciale à la piscine extérieure chauffée. Chambre classique avec petitdéjeuner à partir de 160 € la nuit pour 2 personnes

© M&G Photographic - E.Cagnart

UN HÔTEL

La tarte aux myrtilles de Patrick Agnellet

Little Italy

trentaine d’installations ainsi qu’un parcours d’une dizaine d’expos sont proposés (gratuitement) aux promeneurs.

pizzas françaises sur Tripadvisor. Pour les becs sucrés, rendez-vous chez Patrick Agnellet à Annecy-leVieux. Cet extraordinaire pâtissier professe un sourcing de qualité, avec des produits du terroir. Il lui arrive même de les cueillir dans son propre verger ! À goûter impérativement, sa tarte à la myrtille, une relecture en subtilité d’un dessert montagnard classique, qu’il twiste grâce à des notes coco dans une délicieuse pâte sablée aux amandes.

© Stef Candé - Nouvelles Galeries

Plaisirs des sens

SHOPPING Après de gros travaux, les Nouvelles Galeries, un grand shopping center, viennent de rouvrir dans le quartier Parmelan et toute la famille peut y traîner des heures, notamment en cas de pluie ! On y essaye les dernières marques à la mode, mais aussi de nombreux restaurants ou des activités sportives, comme des cours d’escalade.

Ville de gastronomie, Annecy est connue pour ses grands chefs, les médiatiques Marc Veyrat (qui a passé les clés de son restaurant La Maison des Bois à Manigod, sur les hauteurs d’Annecy, à sa fille Élise) ou Jean Sulpice qui tient L’Auberge du Père Bise à Talloires, de l’autre côté du lac. Ces tables offrent des moments extraordinaires, mais la note peut s’y avérer salée… Pour un budget plus modeste, la ville offre des alternatives gourmandes délicieuses comme Racines et sa cuisine bistrotière (menu à 37 €) ou Little Italy, une pizzeria aux produits ultra frais qui fut longtemps classée numéro 1 des 144

INFOS PRATIQUES Y aller De Paris, le TGV est direct. Après 3 h 40 de voyage, vous arrivez à la gare d’Annecy, située au cœur de la ville – plutôt pratique quand on ne veut pas louer de voiture. Déposez les bagages et commencez tout de suite la balade à pied ou à vélo urbain (à réserver par exemple chez Vélonecy) !



L’ H U MEU R DU MOME NT

Comment reconnaître avec certitude un Parisien et une Parisienne en vacances ? L’Illustratrice Laure Cozic a une petite idée sur le sujet… 146




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