VIVRE PARIS 53

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53 LE MAGAZINE DES PARISIENS —

VIVRE PARIS Le magazine des Parisiens — Trimestriel — Décembre 2022 — Janvier / Février 2023

Samira Bounhar

championne de boxe au grand cœur Paris 11

e

Les derniers secrets du Père Lachaise Paris 11e/20e

SÉLECTION

Les restaurants les plus épicés de la Capitale

Nouvelle formule

GUIDE

Où déguster du champagne dans la Ville Lumière ?

+

Nos 10 hammams préférés

L 16841 - 53 - F: 7,00 € - RD

HIVER 2022-2023 NUMÉRO 53 —



ÉDI TO

Bien vivant ! S

e sentir vivant. Jusqu’à la fin, la dernière seconde, de son temps sur terre. À mon sens, c’est une sensation forte qui se ressent en particulier dans les contrastes – et ce numéro de Vivre Paris en fourmille. Alors voilà : page 61, un reportage sur la destination finale de bien des Parisiens, avec les derniers secrets du Père-Lachaise – le cimetière voit passer 23 corbillards par jour ! Ici, tout est calme… mais pas si tranquille, comme vous le lirez. Mais juste avant, page 56, caramba ! Ça chauffe dans les palais parigots ! On vous emmène en virée dans les cuisines les plus pimentées de la Capitale tester votre seuil de tolérance aux épices. La vie encore, avec le spectacle vivant, en particulier les comédies musicales pour enfants, qui secouent Paris (page 84) ou la découverte des plaisirs de la boxe, aux côtés de Samira Bounhar, championne d’Europe de savate (page 106). Une athlète inspirante qui s’engage aussi aux côtés des malades et des handicapés. « Avec la boxe, on donne des coups, on prend des coups mais on va surtout au-delà de soi-même », affirmet-elle. Vous voyez, encore une histoire de contrastes ! Bonne lecture… et bonne année 2023 !

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Estelle Surbranche Rédactrice en chef


ABONNEMENTS Vivre Paris marjorie@editionsvivre.fr

RÉDACTION Vivre Paris 55 boulevard Pereire 75017 Paris Directeur de la publication Yann Crabé redaction@vivre.paris Editor at large Estelle Surbranche estelle@vivre.paris Direction artistique & Design graphique Grand National Studio hello@grandnationalstudio.com Secrétaire de rédaction Marianne Ravel Administration et finance Marjorie Batikian marjorie@vivreparis.fr facebook.com/ vivre-paris

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La reproduction, même partielle, des textes, photos et illustrations est interdite sans l’autorisation de CAPITALE PUBLISHING. Le contenu des textes n’engage que la responsabilité de leurs auteurs respectifs.

Photographes/ illustrateurs Laure Cozic Clémence Rivalier Lucile Casanova Estelle Surbranche Stéphane Grangier Philippe Vaurès Jérôme Galland Florence Valencourt Carmen Vazquez Benoît Gallot

VIVRE PARIS est édité par Capitale Publishing SARL de presse au capital de 5 000 € Siège social 55 boulevard Pereire, 75017 Paris RCS 517 815 908 Gérant : Yann Crabé PUBLICITÉ Mediaobs 44, rue Notre-Dame des Victoires 75002 Paris Tél. 01 44 88 97 70 Fax 01 44 88 97 79 Pour envoyer un mail, tapez pnom@mediaobs.com Directrice générale : Corinne Rougé (93 70) Directrice déléguée : Sandrine Kirchthaler (89 22) Directeur de publicité : Arnaud Depoisier (97 52) Distribution France MLP Numéro commission paritaire 1 224 K 90156 ISSN : 2106-9816 IMPRIMERIE Rotimpress. Girona, Espagne Photo de couverture Stéphane Grangier

Contributeurs Marie Dufour Juliette Le Lorier Thomas Thévenoud Marianne Hesse Caroline Ricard Florence Valencourt Carmen Vazquez Lucas Lahargoue Nadège Laurens

Le papier de ce magazine est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées. pefc-france.org

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SOMMA I RE

Culture —

Le photographe anglais Martin Parr, exposé deux fois à Paris p. 12 V13, la BD événement sur le procès des attentats de Paris p. 19 Le retour de la rock star du stand-up p. 20

© DR

© DR

© Renaud Monfourny

V I V RE PARI S H I V ER 2 0 2 2/2023

Portfolio —

Arts Factory explore la scène graphique contemporaine ; au carrefour du dessin, de l’illustration, de la bande dessinée et du graphisme. p. 34

Food —

À la découverte de trois nouveaux night-clubs p. 22

Le panettone remplacerat-il la bûche sur les tables de Noël ? p. 46

Le passé sulfureux du Palais-Royal p. 24

Louis Vuitton ouvre sa chocolaterie p. 49

À la découverte d’Artagon Pantin, un ancien collège situé dans le quartier des Quatre-Chemins à Pantin, devenu un tiers-lieu dédié à l’accompagnement de la scène artistique émergente du Grand Paris p. 28

Ça pétille à Paris ! Le meilleur du champagne et les plus belles adresses de la ville : l’association parfaite ! p. 50 Paris s’arrache ! Vous aimez le pimenté ? On a des adresses pour vous ! p. 56

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Enquête —

C’est le cimetière le plus célèbre du monde et chaque Parisien croit connaître par cœur ses 43 hectares où reposent 70000 sépultures… Et pourtant le PèreLachaise recèle encore 1000 secrets, que Benoît Gallot, son conservateur, et Camille Paix, auteure de Mère Lachaise, ont révélés à Vivre Paris ! p. 62

Green —

Ilfynn Lagarde, cofondatrice de youzd, un site de seconde main spécialisé dans l’équipement de la maison p. 73 Enquête sur le dépôt d’ordures sauvage en Île-de-France et focus sur les solutions inédites p. 76



SOMMA I RE

© Lucile Casanova

© Reypit

Stéphane Grangier

V I V RE PARI S H I V ER 2 0 2 2/2023

Enfants —

Le top 10 des hammams parisiens p. 99

Ezra & Kids, la nouvelle marque de tricot pour bébés p. 81

Samira Bouhnar, la boxeuse au grand cœur p. 106

Chez Madgolf, deux parcours de mini-golf pop et fun p. 82

Les nouveaux clubs de boxe à Paris p. 112

Les animations en lumières d’Île-de-France p. 83 Tour de piste des comédies musicales pour les enfants p. 84

Bien-être — Rencontre avec Kenza Keller, fondatrice de To All the Mamas p. 94

+

Carnet d’adresses p. 114

Déco —

Anne-France Basly chahute le linge de table p. 125 Success-story Laurent Taïeb, l’homme derrière le Too Hôtel, le projet hôtelier le plus extravagant de Paris p. 126 Visite chez Dana et Pat Muskat, les créateurs des peluches BigStuffed, à Oberkampf p. 132

Mode —

Tamara Brisk explique le fonctionnement de Mökki, l’appli pour faire le vide p. 118 Le monde en couleurs de Sandrine Ganem (Rose Carmine) p. 120

Dans les coulisses du show Chanel au Grand Palais éphémère p. 96

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Escapade — Marseille, on l’aime aussi en hiver ! p. 142

L’humeur du moment de l’illustratrice Laure Cozic : un Noël placé sous le signe de l’écoresponsabilité, chiche ? p. 146




Culture ×

“Même après toutes ces années, on met un point d’honneur à toujours recevoir les artistes quand ils passent à la galerie, avec leur book sous le bras.” Effi Mild de la galerie Arts Factory p. 34

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© Martin Parr / Magnum Photos

Martin Parr, GrandeBretagne, Blackpool, 1993

Martin Parr, Irlande, Dublin, 1986

© Martin Parr / Magnum Photos

EXPOSITION. Le photographe contemporain Martin Parr est célébré à travers deux expositions à Paris. La première a lieu au Centre culturel irlandais, un lieu charmant à découvrir en soi, au cœur du 5e arrondissement. Vous y contemplerez une vingtaine de photos du maître, ainsi qu’une dizaine de clichés de ses étudiants de la Belfast School of Art, consacrés à l’Irlande, ses habitants, leurs modes de vie et leurs passions. Martin Parr les connaît bien : dans les années 80, il s’est installé un moment sur l’île d’Émeraude. Ce regard espiègle, signature de Parr, on le reconnaît également à l’exposition Une réconciliation à la Fondation HCB. En face à face avec Henri Cartier-Bresson, cofondateur de l’agence Magnum Photo, ce sont véritablement deux conceptions de la photographie qui s’affrontent, « deux systèmes solaires différents » ira jusqu’à déclarer Cartier-Bresson ! À l’occasion de l’inauguration du nouvel espace d’exposition le Tube de la Fondation HCB, voici réunis leurs travaux, dont des tirages originaux, à trois époques différentes (1962, 1986, 2010) sur un même sujet, la société du nord de l’Angleterre, son évolution au travail comme dans les loisirs. Deux approches artistiques totalement différentes certes, mais tout aussi passionnantes ! ES

© Martin Parr / Magnum Photos

Martin Parr, d’une île à l’autre

Martin Parr, Grande-Bretagne, Hair salon, Wolverhampton, 2012

Henri Cartier-Bresson avec Martin Parr – Réconciliation, jusqu’au 12 février 2023 à la Fondation HCB, 10 € L’Irlande de Martin Parr, jusqu’au 8 janvier 2023 au Centre culturel irlandais, entrée gratuite. 012


LES MEILLEURES MARQUES AUX MEILLEURS PRIX




SECONDE VIE. Pour sa réouverture après travaux, le Lido change de nom pour Lido2Paris et propose un spectacle mythique avec une nouvelle production de Cabaret, mise en scène et scénographiée par Robert Carsen (Singin’ in the Rain, My Fair Lady au théâtre du Châtelet). 60 représentations sont prévues jusqu’au vendredi 3 février. MH À partir de 29 €

Sam Buttery dans Cabaret

© Bastien Seveno

Capitale du cinéma BON PLAN. La fréquentation dans les cinémas a chuté fortement depuis le Covid et pour l’expliquer, certains experts pointent le prix excessif des places. Après s’être retrouvés seuls dans une salle, trois entrepreneurs cinéphiles, Sylvain Mante, Cédric Merouani et Mélanie Canivet, ont imaginé Ozzak, une appli qui propose aux utilisateurs, sans conditions d’âge, de découvrir les prochaines séances à prix abordables dans les cinémas partenaires géolocalisés près de chez eux. À Paris, le Grand Rex (2e) et l’Épée de bois (5e) jouent déjà le jeu avec des places à partir de 5,50 €. Avec plus de 400 écrans et 88 cinémas recensés (en 2017), la Capitale reste l’une des villes qui proposent le plus de séances au monde en une journée : d’autres établissements devraient donc vite rejoindre l’appli. Une nouvelle raison de retourner dans les salles obscures ! MH

Sylvain Mante, Cédric Merouani et Mélanie Canivet

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© Felipe Sanguinetti

Wilkommen, bienvenue, welcome…



Photos © DR

Le Sommet des dieux

The Long Today

Black Ice

Le rendez-vous des aventuriers FESTIVAL. Certains railleurs affirment que la plus grande aventure pour un Parisien serait de changer de rive, ou de prendre le RER pour sortir de Paris intra-muros. Cette image d’Épinal fait sourire Sandrine Perrot, directrice du festival Objectif Aventure. « Ce serait une erreur de considérer que les Parisiens ne pratiquent pas de sports outdoor, ne partent pas à l’aventure dès qu’ils en ont l’occasion ! C’est aussi pour répondre à leur intérêt que nous avons lancé le festival Objectif Aventure à Paris il y a dix ans », contredit-elle. Pour cette édition, présidée par l’écrivain Sylvain Tesson, l’équipe proposera plus de 30 films mettant en scène, au plus près de chez nous comme au bout du monde, de nombreuses activités outdoor : de la marche à l’alpinisme en passant par le canoë, la highline, le vélo ou l’escalade. Chaque projection sera suivie d’un temps d’échange avec les aventuriers, réalisateurs ou acteurs du film, animé par Edwige Coupez et Daniel Fievet. Parmi les nouveautés, on a repéré des conférences menées par des aventuriers, des universitaires et des écrivains, ainsi que Bivouac, un lieu où se dérouleront des animations ludiques, des expositions et une grande librairie, autour d’un espace bar et restauration. De quoi rencontrer votre prochain partenaire de défis ! MH Festival de films Objectif Aventure, les 27-28-29 janvier 2023 au CENTQUATRE à Paris, pass 5 films, 35 € 018


Point de vue EXPO. Sur le toit de la Grande Arche de la Défense, le photographe Jean-Gabriel Bartélemy donne un aperçu à 360° de notre patrimoine avec des clichés de Notre-Dame de Paris, des parties « privées » de Versailles, en arrièreplan des salons d’apparat, mais aussi de la Cité des 4000 de La Courneuve. Surprenant ! MH

© Jean-Gabriel Barthelemy

Notre-Dame, Versailles, La Cité des 4000 : Secrets de notre patrimoine, à partir du 7 janvier 2023, accès au rooftop de la Grande Arche et à l’exposition avec le billet d’entrée, entre 8 € et 16 € Versailles - Le Pavillon français

© Jean-Laurent Hincelin

© TMC

13 novembre

Azzeddine Ahmed-Chaouch

Valentin Pasquier

DOCUMENT. Pas besoin de donner l’année… Cette date restera à tout jamais gravée dans l’esprit des Français, et des Parisiens en particulier, comme une nuit de terreur avec de multiples attentats qui ont tué 130 personnes et blessé des centaines d’autres à Saint-Denis et à Paris. En 2021, ces crimes ont donné lieu à la plus grande audience criminelle organisée en France. C’est ce procès pour l’histoire que relate la B.D. documentaire Dossier V13. Azzeddine Ahmed-Chaouch, journaliste, et Valentin Pasquier, dessinateur judiciaire, ont assisté aux neuf mois de débat : ils ne montrent pas le sensationnel, mais « l’intérieur », c’est-à-dire le comportement de chacun des acteurs de ce drame, policiers, victimes, magistrats ou terroristes. Ils décrivent également la complète palette des émotions ressenties, de l’horreur au rire, de l’admiration au dégoût : l’humanité dans tout ce qu’elle a de plus beau, mais aussi de plus ignoble… ES Dossier V13, d’Azzeddine Ahmed-Chaouch et Valentin Pasquier, Plon, 25,90 € 019


Les illusions perdues

© Jean Louis Fernandez

À TROIS. Cette pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce, écrite en 1988, est un monologue à trois voix pour la Fille, chanteuse fatiguée d’une réussite fantasmée, et ses deux Boys qui l’ont suivie dans cette époque révolue, peut-être même jamais vécue. Toute la force de l’écriture magique de Lagarce, admirablement interprétée par la grande Catherine Hiegel. MD Music-Hall au théâtre du Petit SaintMartin, jusqu’au 8 janvier 2023

Résiste ! MUSICAL ET SOCIAL. Une usine qui ferme dans l’est de la France, son lot de licenciements accompagné d’une déshumanisation jamais bien loin. Le thème pourrait sembler pesant, il est traité avec beaucoup de résistance. D’abord parce que le roman de Gérard Mordillat publié en 2005 fait de ce conflit une histoire aux images puissantes et captivantes : elles seront d’ailleurs arrangées en série télévisée à succès, en 2010. Ensuite parce que l’auteur l’adapte ici en théâtre musical. Huit comédiens chanteurs, dont deux musiciens en live et une chorale, interprètent ainsi cette fresque sociale avec une envie de vivre déconcertante. Les paroles chantées de François Morel, mises en musique par Hugues Tabar-Nouval, ajoutent une sensibilité poétique. Et jamais les mots ne priment sur le chant, égalité étant la mesure. MD © Mathilde Thiou

Les Vivants et les morts au théâtre du Rond-Point, du 14 au 26 février 2023 020


© Blvckvrtist

Fary SPECTACLE. Dans son troisième spectacle, la star du stand-up hexagonale, Fary, se demande si on peut l’aimer, malgré tous ses travers. Et il n’essaie pas de nous vendre du rêve ! Le comédien dévoile à la pelle son addiction frénétique à la mode, son infidélité chronique, ses obsessions sur le physique des femmes (et en particulier les grands pieds) ou sa morgue revendiquée de Parisien. À la réflexion, quatre ans après son spectacle Hexagone, à 31 ans, il s’assume d’ailleurs plus Parisien que Français, et excelle à se moquer des travers des habitants de la Capitale, en particulier du côté de son quartier, Strasbourg Saint-Denis. Le public hurle de rire et redemande tout autant de son humour grinçant que de sa repartie laser lorsqu’il échange avec les spectateurs présents. Les premiers shows de cette véritable rockstar du stand-up se sont joués à guichets fermés : alors un conseil, prenez vite votre place pour les dates au théâtre de la Renaissance qui viennent d’être annoncées ! ES Aime-moi si tu peux au théâtre de la Renaissance à Paris, à partir du 27 janvier jusqu’au 23 mars 2023 021


© Ludovic Balay

© Anthony Marco

L’Alma

Le Mikado

© puxanphoto.com

En avant la musique !

Le Melville

DANSER. De la musique et des spotlights déchirent l’obscurité hivernale : le cœur de Paris bat fort la nuit ! La preuve avec ces trois nouveaux spots qui viennent d’ouvrir et s’adressent chacun à un public très différent. Est-ce que vous vous souvenez de ces scènes mythiques filmées dans un cabaret par Jean-Pierre Melville dans Le Cercle rouge ? Nul doute que ce genre d’images a animé les fantasmes de Sébastien et Laurent, les deux fondateurs du Melville. Dans ce nouveau bar jazz et world music du 8e à la déco élégante, on écoute les artistes en dégustant une finger food bien sourcée par le jeune chef Malcom Ecolasse et des cocktails chics. Si vous avez besoin d’un « troisième service », avec une dose massive de décibels, les amateurs de tech house et de deep house prendront la direction de l’avenue Montaigne et de l’Alma, un club imaginé par Félix Wu et Antonin Cornet, désigné par Lola Ferrara. Ici on nous promet des DJ sets surprises des plus grands artistes électro et régulièrement des shows d’artistes aériens pour danser… tête en l’air, voire dans les étoiles ! Envie d’une ambiance plus cosy et un peu canaille ? Le Mikado, bar à musique et à danser désigné par le fameux duo déco Festen, vous attend dans le sous-sol de l’hôtel Rochechouart. Situé derrière la porte rouge, signalé au néon, ce dancing rappelle les anciens bars d’opium et le Paris des années 20. Oulalala ! ES 022


© Camilla Winther

Light: Bach Dances

Le chorégraphe d’En corps DANSE. L’incroyable danseur et chorégraphe israélien Hofesh Shechter vient réchauffer notre mois de janvier. Si vous avez vu le film En corps de Cédric Klapisch, l’homme ne vous est pas inconnu puisqu’il y joue son propre rôle. Il propose deux évènements inspirés par la nuit, festive, et toujours vivante. Aux Abbesses, huit jeunes danseurs nous hypnotisent en mettant en scène la danse libre, frénétique, ardente des boîtes de nuit, comme une ode à la joie. Autre ambiance à la Philharmonie de Paris où neuf chanteurs, vingt musiciens baroques et une dizaine de danseurs s’attaquent aux cantates de Bach et livrent une vision de la mort, d’après de réels témoignages. Le point commun ? Une approche particulière au déplacement du corps totalement fascinante et des scènes à couper le souffle. MD Contemporary Dance 2.0 Les Abbesses jusqu’au 5 janvier 2023 Light: Bach Dances, coproduction Théâtre de la Ville (programmation Hors les murs), Philharmonie de Paris, du 6 au 8 janvier 2023

Hip-hop sauce jazzy

© Julie Cherki

CHANT, BURLESQUE ET HIP-HOP. Cinq mafieux alcoolisés se déchirent une pin-up sur du Miles Davis ou du James Brown dans un speakeasy. Pour Dance n’Speake Easy, le chorégraphe Njagui Hagbé et le metteur en scène Philippe Lafeuille ont imaginé un show original performé par les champions du monde de hip-hop, les Wanted Posse. MH Dance n’Speake Easy au Théâtre libre, du 14 décembre 2022 au 15 janvier 2023 023


Texte Axelle Carlier

H I STOI RE

Photos Roger-Viollet.fr

Le Palais-Royal, lieu de tous les plaisirs

Photo 3655-1 © Roger-Viollet / Roger-Viollet

Sous son apparence aujourd’hui calme et sérieuse, le Palais-Royal cache un passé bien plus sulfureux qu’il n’y paraît… Il fut en effet autrefois le rendez-vous incontournable du Tout-Paris, lieu de plaisir par excellence, repaire des maisons de jeu, de la prostitution et de toutes sortes de vices ! Oublions donc l’espace d’un instant les jardins romantiques et les colonnes prises d’assaut par les touristes, pour nous replonger dans ses années folles, entre 1780 et 1830.

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La « redingote anglaise » Construit au XVIIe siècle par le cardinal de Richelieu, qui le lègue à son souverain Louis XIII, ce splendide palais se situe à deux pas du Louvre. Ses jardins sont ouverts au public par Louis d’Orléans, petit-fils et petitneveu du Roi-Soleil, et attirent vite les promeneurs : comme il s’agit d’une résidence princière privée, la police royale ne peut y intervenir… Ceci explique donc le développement de nombreuses activités illicites en son sein, et notamment la présence de plusieurs centaines de filles de joie ! En 1780, c’est naturellement ici que s’installe la première boutique de préservatifs de Paris, au niveau du 22 rue de Beaujolais. Cette Maison du Gros Millan vend des « redingotes anglaises » (alors en lin ou en boyaux d’animaux), dont le jeune Napoléon Bonaparte a peut-être fait usage lorsqu’il a perdu sa virginité avec l’une des filles publiques du palais, Mademoiselle Deschamps, le 28 novembre 1787 à l’aube de ses 18 ans…

Les « infox » avant l’heure Le lieu est aussi prisé des journalistes, comme le filme Xavier Gianolli dans Illusions perdues. Ils viennent échanger ici des informations sur l’actualité à l’ombre des marronniers du jardin. ‹ Paris. Prostitution sous les arcades du Palais-Royal, sous le Directoire. Gravure de Coqueret d’après Angelo Garbizza (1777-1813).

Photo 25091-24 © Roger-Viollet / Roger-Viollet

“Napoléon Bonaparte a perdu sa virginité avec l’une des filles publiques du PalaisRoyal, Mademoiselle Deschamps” Les infox existaient déjà de leur temps, puisque l’on surnomme même « arbre de Cracovie » celui sous lequel ils racontent des « craques » ! Une seule chose est vraiment sûre au Palais-Royal : l’heure. Une méridienne y est tracée rue des Bons-Enfants pour que tous les passants puissent venir régler leur montre à « midi vrai ». Elle est remplacée par un petit canon, réalisé par l’horloger Rousseau en 025

Un coin du Palais-Royal, sous Louis XVI, 1788, Paris (Ier arrondissement) Carte postale, vers 1900

1786, qui tonne sur le coup de midi les jours où les rayons du soleil provoquent l’allumage de sa mèche à « midi pétante ». Bien qu’il ait été déplacé, cassé, oublié et même volé aux siècles suivants, une réplique grandeur nature trône encore de nos jours à son emplacement.


Photo 35186-3 © Musée Carnavalet / Roger-Viollet

H I STOI RE

Louis Brion de la Tour. Assassinat de Lepeletier de Saint-Fargeau par Pâris, à la cave de Février, restauranteur au 113 PalaisRoyal, le 20 janvier 1793. Paris, musée Carnavalet

“Le 48 rue de Valois est doté d’un escalier à double hélice pour que les clients des tripots clandestins qu’il abrite puissent monter et descendre ➀ sans se croiser”

Une double activité Le visiteur ne sait plus où donner de la tête au Palais-Royal tant les attractions sont nombreuses et variées. On peut y acheter les dernières tenues à la mode, faire graver un bijou pour sa tendre moitié, demander son portrait en peinture, manger une gaufre… ou encore voir la chemise pleine de sang que portait Henri IV lors de son assassinat, chez Curtius, le grand maître des statues de cire. Le salon qu’il tient ici est en quelque sorte l’ancêtre de notre musée Grévin (sa fille se marie d’ailleurs avec un certain M. Tussaud, qui l’emmène à Londres où ils ouvrent le célèbre musée éponyme !). Mais pour avoir pignon sur rue, ces commerces doivent payer des loyers exorbitants et sont parfois obligés de recourir à des pratiques malhonnêtes pour s’en sortir. Certaines échoppes ont ainsi une double activité, légale de l’extérieur et illégale en arrière-boutique. C’est le cas de l’hôtel Radziwill, alors le plus 026

haut immeuble de la Capitale et se trouvant au 48 rue de Valois, qui est même doté d’un escalier à double hélice pour que les clients des tripots clandestins qu’il abrite puissent monter et descendre sans se croiser.

Le café des Aveugles L’établissement qui cache le plus d’indécences est sans aucun doute le café des Aveugles, le plus ancien caveau du Palais-Royal. Ce véritable temple de la prostitution emploie une troupe de musiciens nonvoyants, venant de l’hôpital des Quinze-Vingts, pour qu’ils ne soient pas perturbés par ce qu’il se passe autour d’eux ! Forcément, ces bouges deviennent aussi le foyer des idées


Photo 158255-3 © Roger-Viollet / Roger-Viollet

La galerie d’Orléans au Palais-Royal. Paris Ier, 1912.

révolutionnaires. « C’est de là que les tempêtes et les sottises se répandent sur Paris », dira carrément l’abbé Cerutti. C’est bien ici en tout cas que, le 12 juillet 1789, le jeune avocat Camille Desmoulins monte sur une table du café de Foy pour haranguer la foule et l’inviter à prendre les armes. Il aurait alors cueilli la feuille d’un arbre voisin pour l’accrocher en cocarde, comme signe de rassemblement. Et c’est également dans l’un des restaurants du palais, chez Février, que sera tué l’homme considéré comme le premier martyr de la Révolution : Lepeletier de SaintFargeau, poignardé par Pâris (ancien garde du roi) pour avoir voté la mort de Louis XVI le 20 janvier 1793.

Et aujourd’hui ? Deux ans plus tard, le fervent révolutionnaire Joseph Lakanal souhaite faire démolir le PalaisRoyal pour élever à sa place une statue de la liberté. Mais c’est finalement l’interdiction du racolage et la fermeture des maisons de jeu en 1836 qui précipitent son déclin. De ces temps effervescents, il ne reste que le Grand Véfour, établissement gastronomique mythique aux décors somptueux. Actuellement dirigé par le chef étoilé Guy Martin, il est le témoin de trois siècles d’histoire et a vu défiler tout le gratin parisien : Napoléon y avait sa table, Victor Hugo son rond de serviette… qui ne sera plus d’actualité quelques 027

décennies plus tard, puisqu’on voit apparaître ici la toute première serviette en papier le 28 mai 1917 ! Elle disparaît cependant rapidement, n’ayant pas vraiment sa place dans ce restaurant haut de gamme. Aujourd’hui, le Palais-Royal accueille le Conseil constitutionnel dans l’aile Montpensier et le ministère de la Culture dans l’aile de Valois. Il n’est donc plus un lieu de perdition, mais continue d’attirer Parisiens et touristes pour la beauté de son architecture, la tranquillité de ses galeries et ses jardins fleuris. Un repos bien mérité pour ce monument au passé agité qui ne nous livrera probablement jamais tous ses secrets.


Texte Thomas Thévenoud Photos Clémence Rivalier (Sauf mentions)

Aux Quatre Chemins de la création

Dédié à l’accompagnement des artistes émergents installés en région parisienne, le projet Artagon rassemble 50 résidents dans un ancien collège de Pantin. Rencontre avec ses concepteurs et les premiers occupants de ce lieu qui prouve une fois encore que la création foisonne à Paris et au-delà du périphérique. 028


Atelier bleu

L

es lignes de métro sont faites pour être empruntées jusqu’au bout. Ligne 7 direction La Courneuve, à deux stations du terminus, il suffit de descendre à Aubervilliers-Quatre Chemins pour trouver le chemin de ce nouveau lieu de création. Car une deuxième vie est toujours possible, même pour les collèges. Au milieu de l’atrium, en regardant les coursives qui menaient aux salles de cours, on imagine sans mal les bousculades et les cris des collégiens au moment de la sonnerie. Aujourd’hui, le lieu est calme, presque recueilli, comme assoupi dans la lumière de ce jour d’automne qui décline. Encore en activité au début de 2022, le collège Jean Livolle a été désaffecté et les élèves sont allés apprendre à quelques mètres de là dans un établissement flambant neuf.

Que faire de l’ancien collège ? Avec son architecture « brutaliste », imaginée à la fin des années 1960 par Jacques Kalisz et Jean Perrottet, l’ancien établissement scolaire porte la marque du passé mais il garde son aspect fonctionnel. Alors lorsque la Ville de Pantin a confié à l’association Artagon, fondée par Anna Labouze et Keimis Henni, par ailleurs directeurs artistiques des Magasins Généraux, le centre culturel de Pantin, de transformer les lieux en seulement quelques mois en résidence d’artistes, ils confient qu’il « n’a pas été difficile d’organiser les lieux, de gérer la circulation des publics et des ateliers ». Pour l’instant, Artagon Pantin a une durée de vie prévue de quatre ans, avant une possible démolition. 029

“La durée de vie prévue pour Artagon Pantin ? Quatre ans” Une bulle de liberté pour les artistes Pourquoi Artagon ? Sous l’Antiquité, les agôn désignaient des joutes oratoires, des compétitions artistiques ou littéraires, parfois même sportives. Le 93, qui va bientôt accueillir les jeux Olympiques, est en pleine ébullition créative. Ça tombe bien : les deux Pantinois à l’origine du projet revendiquent haut et fort la vocation artistique du département. Keimis Henni rappelle que « la Seine-Saint-Denis est le département français où réside le plus grand


© Robin Plus

“Chaque résident paie 100 euros par an pour son atelier”

Keimis Henni et Anna Labouze, fondateurs et directeurs d’Artagon

nombre d’artistes ». Œuvre éphémère, le projet Artagon est d’abord un projet de territoire : les résidents doivent vivre en Île-de-France et proposer des projets en lien avec le tissu local. La pression immobilière a rendu la Capitale inaccessible pour beaucoup, la vitalité, le métissage et l’engagement des associations ont fait le reste. Ici, la Ville de Pantin a mis à disposition les locaux. Chaque résident paie 100 euros par an, à charge pour l’association de multiplier les partenariats pour se financer. Dans l’ancienne cantine du collège, un restaurant solidaire, géré par l’association Pas Si Loin, propose

des menus à prix réduits pour les résidents et les habitants du quartier. Dans la cour, le collectif Green Résistance a recréé des espaces verts et a aménagé un terrain de pétanque pour les habitants. La ludothèque de la ville s’est installée dans les anciens ateliers du collège. Mais le plus impressionnant, c’est l’intérieur de l’ancien collège.

Voir, partout Jeanne Turpault, la responsable d’Artagon-Pantin, nous accueille dans le bureau de l’ancien principal. Le chauffage n’est pas encore mis, sobriété énergétique oblige, et 030

l’Éducation nationale n’a laissé qu’une partie du mobilier : on s’installe donc dans un transat. Elle insiste sur la dimension panoptique de l’architecture. « La question du regard est ici centrale. Tout est visible. » L’atrium qui sert aujourd’hui d’agora et de lieu de projection est beau, vaste, impressionnant par son volume. On baisse la voix. Notre regard suit la rampe d’accès qui dessert les étages et zigzague au milieu de l’espace. Chacune des coursives, de couleur différente, donne à voir la structure du bâtiment. La leçon d’architecture est partout. Il faut toujours tenir compte de la mémoire des lieux. Avant d’être un collège, le lieu a été occupé par une usine d’allumettes de la SEITA. Une sculpture le prouve, en évidence dans l’atrium : élévation de plusieurs mètres faite de tiges en fer forgé qui mériterait peutêtre une réinterprétation, voire un démontage en bonne et due forme par les nouveaux résidents du lieu.


© Marie Genin

Artagon vu de l’extérieur

L’atrium du collège transformé en agora

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L’atelier de Seumboy

© Marie Genin

L’atelier d’Ismail

Atelier du collectif d’artistes Kourtrajmeuf

Atelier Gabriel

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Les premiers artistes sélectionnés Mais, « pour certains, la mémoire du collège est plus traumatique ». Manifestement, Lucie Camous n’a pas que des bons souvenirs du collège. Crâne presque rasé, petites lunettes rondes cerclées de métal, salopette de velours, elle m’explique avec un grand sourire sa démarche artistique : faire sortir le handicap d’une vision purement médicale et du système politique. Elle travaille sur les « disability studies », au croisement de la recherche universitaire et de la création artistique. Elle veut être commissaire d’exposition et prépare un podcast sur le sujet. « Être ici donne une légitimité à mes recherches », explique-t-elle. Dans la même pièce, une ancienne salle de SVT apparemment, Matthieu Foucher travaille à un nouveau projet cinématographique. Scénariste et réalisateur, il a déjà à son actif un court métrage de 29 minutes intitulé Nos nuits saturnides, consacré aux artistes d’un cabaret queer situé 33 rue des

Petits Champs à Paris. Un peu plus loin, Alassan Diawara nous accueille dans son nouvel atelier. Photographe, il travaille sur la forme, sur les détails du quotidien, sur le non-spectaculaire : des papiers froissés sur un terrain vague, des portraits de plantes séchées par le soleil… Sur une des portes de la salle de classe, il a collé un texte de Georges Perec qui invite à questionner nos petites cuillers. La pièce est grande, encore en cours d’aménagement : « Je vais me mettre bien ici. »

L’Île-de-France, génératrice de l’urgence Le reste du temps, il vit dans un petit appartement du 11e arrondissement. Chaque jour, il prend le métro pour venir à Pantin. Là, il a trouvé un lieu pour travailler au calme et avec les autres, une coupure entre le domicile et le travail mais aussi un lieu d’échanges et d’effervescence. Lors des premières journées portes ouvertes, en octobre dernier, près de 5 000 personnes sont venues visiter l’ancien collège Jean 033

© DR

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© Laura Lafon

“Pour l’artiste Lucie Camous, son travail doit servir à faire sortir le handicap d’une vision purement médicale”

➀ Lucie Camous, curateur.rice et

chercheur.euse résident d’Artagon Pantin

➁ Matthieu Foucher, auteur et réalisateur résident d’Artagon Pantin ➂ Jeanne Turpault, responsable d’Artagon Pantin

Lolive et voir ce qui allait en advenir. Comme le dit Keimis Henni, le cofondateur d’Artagon : « Ici, la ville crée l’urgence. À Marseille, où nous avons installé notre première résidence d’artistes, c’est paradoxalement plus calme, c’est comme une bulle. Ici, il y a urgence. » Urgence à imaginer, à réhabiliter et à transformer, à faire partager et à renouer avec l’histoire des lieux. Dans ce vieux collège de Pantin, quelque chose se crée qui associe des personnes venues d’horizons opposés et donne plus que jamais l’impression que la Seine-Saint-Denis est à la croisée des chemins, aux quatre chemins de la création. Artagon Pantin artagon.org


PORTFOLI O

Le triomphe du bizarre

Texte Aline Chambras Photo Nicolas Duffaure

En misant sur les arts graphiques contemporains avant tout le monde, la galerie Arts Factory est devenue une référence incontournable pour les amateurs de dessin, d’illustration et de bande dessinée alternatifs. Une véritable scène s’est d’ailleurs fédérée autour de ce label, en grande partie grâce à la personnalité chaleureuse, curieuse et surtout pas snob de ses fondateurs, Effi Mild et Laurent Zorzin. Après vingt-cinq ans d’existence, le duo a encore le feu sacré, comme le révèle cette interview suivie d’un portfolio des artistes programmés à la galerie. Propos recueillis par Estelle Surbranche

La Galerie fête cette année vos 25 ans. Vous imaginiez avoir une telle longévité ? Laurent : Pas du tout ! Et encore moins notre banquier ! (Rires) Effi : Nous étions jeunes et un peu inconscients. On a commencé en 1996 dans un petit local du 18e, en face du théâtre de l’Atelier. Nous avons créé la galerie en réaction au snobisme du monde de l’art,

au fait que personne ne prenait au sérieux le dessin ou la photo, à cette époque. À ce moment-là, les galeries photo étaient même interdites à la FIAC ! Nous ne connaissions personne. Internet n’existait pas. Nos premiers artistes, on les a trouvés par petites annonces ! Quand on a vu le déferlement de messages que ces dernières ont provoqué, on a compris qu’il y avait une vraie demande. 034

© Renaud monfourny

Photos Voir mentions


Effi Mild et Laurent Zorzin

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PORTFOLI O

Arts Factory – 25 ans au cœur de la scène graphique, textes de Jean-Claude & Alexia Volot, Effi Mild, Laurent Zorzin, Élodie Cabrera, Éditions de l’Abbaye d’Auberive, 30 €

“Nous avons créé la galerie en réaction au snobisme du monde de l’art, au fait que personne ne prenait au sérieux le dessin ou la photo, au début des années 90”

Aujourd’hui, vous êtes incontournables quand on parle d’arts graphiques contemporains… L. : Disons que nous sommes connus aujourd’hui comme la galerie qui explore un peu les marges du dessin contemporain, de la bande dessinée, du graphisme… À force de fédérer toutes ces marges-là, on a fini par fédérer toute une scène artistique, mais aussi tout un public intéressé par ces marges. Mais nous avons aussi grandi avec les artistes que nous avons eu l’occasion de rencontrer tout au long du chemin. Vous avez été les premiers à faire des galeries « popup », un concept très en vogue désormais… L. : On a inventé ce système de pop-up store un peu par hasard. On voulait juste des plus grands lieux afin de pouvoir faire des mises en scène différentes. Nous avions une base d’adresses et notre public. Pendant huit ans, on a été nomades. On organisait des expos partout. Cette idée de transformer Arts Factory en label était inspirée des premières soirées Respect de la French Touch. Ils louaient des lieux qui n’avaient pas d’identité propre et c’était le label qui faisait venir le public. Il faut dire qu’à partir de 2005, le marché de l’art a commencé à s’intéresser au dessin. Les artistes devenaient de plus en plus visibles, avec des collaborations… Je pense par exemple à Raymond Pettibon qui a fait la pochette de Goo de Sonic Youth. Et puis la bande dessinée dite indépendante a aussi pris son envol. Et puis votre nom, Arts Factory, était fait pour ! L. : Oui, nous avons une grosse influence musicale. Il vient de la Factory de Warhol, du Velvet Underground et de Nico, et du fameux label, Factory Records. 036

L’originalité d’Arts Factory, c’est le choix des artistes, mais aussi le choix des quartiers où vous vous installez : le 18e, des galeries pop-up entre 2006 et 2013, puis enfin Bastille – et jamais le 8e ? E. : Nous ne voulions pas être comme toutes les autres galeries : hors de question de s’installer dans le 8e ! On a toujours voulu être dans des quartiers vivants, là où ça se passe. Bastille, c’est un quartier très passant. Notre job, c’est que notre galerie devienne un point de rencontre entre artistes, passionnés, étudiants ou collectionneurs fortunés. Que chacun ose entrer comme on ose aller à un concert, une librairie ou un bar ! D’ailleurs c’est l’une des seules galeries où il y a de la musique tout le temps… Aujourd’hui nous avons 50 000 visiteurs par an. Et vous avez découvert énormément d’artistes : Pierre La Police, Joan Cornellà [le deuxième artiste le plus suivi sur Instagram après Banksy], Thierry Guitard… E. : On est passionnés par les découvertes, les rencontres avec les nouveaux artistes… C’est ce qu’aime notre public, il ne sait jamais ce qu’il va trouver ici. On alterne des expos entre des gens très connus et des newcomers afin de trouver un équilibre, notamment financier. L. : Notre carburant, c’est que le lieu est devenu important pour tout un tas de gens… qu’il nous dépasse ! E. : Et même après toutes ces années, on met un point d’honneur à toujours recevoir les artistes quand ils passent à la galerie, avec leur book sous le bras. Pas besoin d’un CV ou d’une introduction ! Du coup, on a constitué une famille d’artistes avec qui on travaille longtemps et en intelligence. Beaucoup d’artistes ont grossi mais ils sont restés chez nous, notamment pour leurs expos solos.


Atak est une figure emblématique de la scène artistique berlinoise depuis la chute du mur. Il expose jusqu’au 14 janvier 2023 à la galerie Arts Factory la série de peintures Still . Leben, où il reprend à son compte la figure imposée de la nature morte. En une soixantaine de grands formats aux couleurs flamboyantes, Atak dresse un inventaire de ses obsessions et références artistiques personnelles. Des grands classiques de la bande dessinée aux collections d’objets populaires qui hantent son atelier, les compositions dévoilent à la façon d’un portrait chinois l’intimité du peintre.

Atak My Favourite Comics 2020 acrylique sur papier 84 x 61 cm

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PORTFOLI O

Amandine Urruty est représentée par la galerie Arts Factory depuis 2009. The Model, son nouveau solo show, ouvre le 17 janvier 2023. Il est accompagné par la publication de la monographie Made in the Dark aux éditions Cernunnos. Cet impressionnant ouvrage de 300 pages revient sur quinze ans de production graphique par une virtuose de la mine de plomb et du fusain. Il sort simultanément en France et aux États-Unis.

Amandine Urruty Volcano, 2020/2021 graphite et fusain sur papier 80 x 120 cm

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Rebecka Tollens Eye of a Womb 2021 fusain sur papier 80 x 71 cm

Marie-Pierre Brunel et Rebecka Tollens – toutes deux trentenaires – font partie des artistes qui ont littéralement grandi avec la galerie Arts Factory, cochant au passage la case stagiaire à la fin de leurs études. Particulièrement habitées, elles développent depuis quelques années une œuvre forte et engagée où la sororité et la relation entre l’humanité et la nature occupent une place centrale.

‹ Marie-Pierre Brunel La Clown 2022 acrylique, craie et sérigraphie sur toile 130 x 97 cm

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Jean Lecointre Monsieur Patate 2021 photomontage numérique édition en Digigraphie signée et numérotée à 100 exemplaires 29,7 x 42 cm collection 25/25 éditions Arts Factory › Pierre La Police Fais-moi un slurp 2021 dessin numérique édition en Digigraphie signée et numérotée à 100 exemplaires 29,7 x 42 cm collection 25/25 éditions Arts Factory

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Pierre La Police et Jean Lecointre sont des artistes cultes pour les habitués de la galerie Arts Factory. Au-delà des expositions, leur sens de l’absurde communicatif se déploie depuis près de trois décennies sur tous types de supports : illustrations pour la presse, bandes dessinées, pochettes de disques, films d’animation ou encore costumes et décors d’opéra !

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PORTFOLI O

Référence incontournable pour le milieu du tatouage – option dark – dès le mitan des années 2000, le trait acéré de Jean-Luc Navette a également orné de nombreuses affiches de concerts et pochettes de disques. Il s’émancipe aujourd’hui de la contrainte de la commande pour développer son univers à travers ses livres et de rares expositions. Fruit de longs mois de travail, ses nouveaux dessins seront présentés au mois d’avril 2023 à la galerie Arts Factory.

Jean-Luc Navette Scène d’intérieur 2022 crayon sur papier 42 x 29,7 cm

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Food ×

“Au début, nous n’avions pas de niveaux ! Les Parisiens nous ont demandé de baisser le volume du piment. C’est comme ça que nous avons eu l’idée de cette échelle allant de 0 à 5.” Lee Cheng, fondateur de Plus de piment p. 50

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© Martin Colombeg

© Adrien Dirand, Courtesy of Louis Vuitton

Maxime Frédéric

© Adrien Dirand, Courtesy of Louis Vuitton

Vuitton et la chocolaterie

C’est la dernière pâtisserie-chocolaterie où le Tout-Paris gastronome se presse ces jours-ci : Maxime Frédéric at Louis Vuitton, orchestrée par le chef pâtissier du même nom, déjà à la tête de toute l’offre sucrée du palace le Cheval Blanc, de l’autre côté de la rue, à Pont-Neuf.

LOUIS VUITTON ET L’HÔTELLERIE-GASTRONOMIE Après cette ouverture événementielle au 1er étage de ce qui fut longtemps le magasin Belle Jardinière, Louis Vuitton va continuer à diversifier ses activités et à explorer de nouveaux territoires pour créer un univers global. La maison annonce que le siège historique de Pont-Neuf devrait en effet devenir un hôtel de luxe dans les prochaines années.

Maxime Frédéric at Louis Vuitton Du lundi au dimanche, de 11 h à 20 h Entrée gratuite sans réservation (pour l’expo LV Dream, sur réservation)

Quel est le rapport entre LV Dream, l’expo, et la pâtisseriechocolaterie ? À travers son exposition LV Dream, Louis Vuitton veut valoriser l’artisanat. Cette pâtisserie-chocolaterie en est en quelque sorte un prolongement naturel. Malletiers comme pâtissiers, nous sommes tous des artisans, pour qui la matière première et la main sont primordiales. La rencontre a donc été immédiate et logique. Qui plus est, j’ai eu l’opportunité de faire appel à douze pâtissiers-chocolatiers de plus pour concevoir à mes côtés les créations ici. C’est une belle vitrine pour notre savoir-faire, en plein cœur de Paris. En quoi cet endroit est-il typiquement parisien à vos yeux ? Regardez autour de vous, on est au 046

cœur de Paris et on donne sur la plus belle avenue de la Capitale, la Seine ! Quelles sont les créations dont vous êtes le plus heureux ? Toutes ! Mais je dois avouer que les chocolats, réalisés avec l’un de mes mentors, Nicolas Berger, me rendent particulièrement fier… Surtout La Vivienne, une pièce en chocolat avec un petit mécanisme intégré, comme une boîte à musique. Pour les pâtisseries, je dirais l’éclair au chocolat [16 €]. Je me suis demandé quelle pâtisserie le fondateur de la maison aurait aimé déguster dans un salon de thé parisien et j’ai tout de suite eu cette image de mon grand-père savourant un éclair au chocolat, son dessert favori ! FV


À Faidherbe

Photos © DR

BISTRONOMIE. Rhézome vient d’ouvrir dans le gastro-branché 11e arrondissement, mais se veut plus qu’un énième spot à durée de hype limitée. Son ambition : faire du restaurant un écosystème vertueux, pour de vrai et pas seulement sur le menu… Ici, les chefs sont en résidence (en ce moment et pour six mois, Maxime Van De Casteele), les producteurs vertueux, les salariés mieux payés et l’assiette sourcée bien tarifée. FV

Paris (very good) food trip

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ALERTE CADEAU DE RÊVE. Le tout nouveau Paris Food Trip n’est pas seulement un guide d’adresses de plus, c’est surtout un pass pour un « food tour » dans une belle sélection de commerces de bouche de la Capitale. En effet, munis de votre sésame, vous pourrez organiser votre propre petit circuit des 30 lieux distingués pour la qualité du produit proposé, mais aussi pour l’accueil et la passion des artisans qui l’ont réalisé. Sans dévoiler tous les noms, on peut vous dire que la sélection a été chapeautée par une pro : Raphaële Marchal (C8, En rang d’oignons…) et qu’on peut y croiser quelques grands noms (Alléno & Rivoire) et des nouveaux venus (Petibon). Bonus, sur présentation du guide, vous pourrez déguster gratuitement et sans réservation leurs créations. FV Paris Food Trip, Guide d’adresses gourmandes, 28 € (avec 30 dégustations chez 30 artisans avant le 30 juillet 2024) 0 47


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© Mathieu Fiol

Benoît Castel

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Bulgari Hôtel Paris

Pierre Hermé

Maison du whisky

Panettone, le rival rital de la bûche TENDANCE. Les Parisiens délaissent cette année les bûches de créateurs facturées à prix d’or pour se tourner vers la brioche festive de leurs amis italiens, moins sucrée et plus raisonnable pour leur budget : le panettone. Qu’on le choisisse en VO ou réinterprété par les pâtissiers de la Capitale, il a tout pour plaire. À Vivre Paris, on a évidemment nos préférés. Le « césar » du panettone reste Luigi Biasetto, médaille du meilleur panettone italien en 2018 et en 2021 (entre 31,90 € et 35,90 € chez RAP Épicerie dans le 9e). Mais les Frenchies se défendent ! On pense notamment à Pierre Hermé pour sa réinterprétation briochée de son fameux Ispahan (29 €), au boulanger Benoît Castel pour son « pain de partage, convivial et familial » (18 €) ou au chef Niko Romito qui le livre pour la première fois en deux versions (classique et chocolat, 55 €) au restaurant du Bulgari Hôtel Paris. Enfin, on adore la version réservée aux plus de 18 ans par la Maison du whisky, avec ses notes ambrées de Hampden Estate, un rhum jamaïcain infusé à même la pâte (49 €). Faites votre choix ! FV 048


Photos © Julie Limont

Au galop ! SORTIE. Voici une idée originale pour égayer les dimanches d’hiver : l’hippodrome de Paris-Vincennes organise les « Dimanche plaisirs » avec, évidemment, de grandes courses de chevaux (et l’excitation qui va avec) mais aussi des animations pour les enfants comme des baptêmes de poney, la visite des coulisses et des écuries ainsi que le bus racing tour (un tour de la piste de course), gratuites pour les petits (et 2 € pour les grands)… L’option gourmandise marche, elle, pour toute la famille. Le Food Market est en effet de la partie et a concocté une programmation par thème alléchante : spécialités italiennes durant le dimanche « Dolce vita en Italie » le 15 janvier ou le spécial « Cheese et sports d’hiver » le 19 février. MH Dimanche Plaisirs, chaque dimanche jusqu’au 26 février, entrée gratuite (invitation sur le site de l’hippodrome)

Dans le 12e

© WS-Studio/Shutterstock.com

PIZZA. Rue Cotte vient d’ouvrir Pizzou, une pizzeria dont l’originalité est d’employer uniquement des produits français : burrata de la Ferme 4 étoiles dans les Yvelines, farine des Grands Moulins de Paris, charcuterie de la maison Conquet à Laguiole ou encore Lonzu de Corse. Mention spéciale pour la pâte, laissée reposer 48 à 72 heures avant d’être cuite à température modérée, elle est parfaitement croustillante, moelleuse et digeste. ES 049


L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération

Texte Florence Valencourt Photos Voir mentions

ÇA PÉTILLE À PARIS ! Déguster un merveilleux champagne dans la Ville Lumière : ça peut ressembler à la définition d’un rêve, non ? Afin que la magie opère, mieux vaut bien choisir sa maison de champagne et le lieu où le déguster… Vivre Paris vous livre ses coups de cœur !

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© Th3lastpeace

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© Florence Valencourt © Romain Ricard

Donovan, le barman en chef de Bonnie, surnommé « la machine »

Bonnie, le nouveau bar le plus branché de la Capitale et sa vue époustouflante

MOËT & CHANDON EN POP-UP Moët & Chandon s’installe au Hoxton pour l’ouverture de Claude, le premier restaurant éphémère des lieux. La designer d’intérieur Livia Marica a imaginé une maison de verre pouvant accueillir jusqu’à 40 couverts. Des chefs talentueux comme Thomas Coupeau, Louise Bourrat ou Daniel Morgan se succéderont jusqu’à janvier 2023 pour proposer une expérience culinaire de street food gastronomique, en accord avec la cuvée emblématique de la maison, Moët & Chandon Impérial Brut. Restaurant éphémère Moët & Chandon au Hoxton Paris, expérience sur réservation uniquement.

En mettre plein la vue Siroter une coupe avec Paris à ses pieds ? Dans ces deux lieux, c’est vraiment le cas. Le premier s’appelle Bonnie et c’est sans conteste le bar le plus branché du moment depuis qu’il a ouvert à la rentrée. Il est ouvert au sein de l’hôtel SO/ Paris et il faut faire preuve de patience pour y monter. On vous le dit, le jeu en vaut la chandelle : vous y dégusterez le « mirabelle », un excellent cocktail à base de champagne avec une vue à couper le souffle sur la Capitale. Donovan, le barman en chef – surnommé « la machine » par ses collègues pour sa dextérité et sa régularité – l’a créé spécialement pour ce nouveau lieu. « Le champagne est compliqué à travailler. À cause de son acidité, il se marie avec peu de choses et surtout il représente un coût important sur une carte, car une bouteille ouverte ne peut pas dépasser 052

vingt-quatre heures, même dans de bonnes conditions de conservation. Pour autant, dans un lieu comme Bonnie, cela a tout son sens, et puis c’est Paris ! révèle-t-il. Pour le mirabelle, j ’ai travaillé dans l’esprit d’un mimosa ou d’un bellini, mais avec un mélange maison, à base de confiture de mirabelle et d’eau-de-vie de mirabelle. Cela donne plus de corps et de gourmandise au cocktail et cela fonctionne bien avec le brut. » (Cocktail mirabelle chez Bonnie, 18 €)

Version monumentale Autre must à faire au moins une fois dans sa vie : le combo tour Eiffel + champagne. On vous donne un conseil d’initié : délaissez la microscopique guérite du 3e étage pour vous poser confortablement et siroter vos bulles dans le nouveau Madame Brasserie, au 1er. Maxime Bouré, le directeur de salle, nous expose son ambition : rendre la tour Eiffel aux Parisiens. Quatre barmen, tous formés par Romain Gallego, l’ambassadeur spiritueux de la maison Richard, se relaient


© Victor Bellot

“Impossible de ne pas avoir du champagne à la carte à Paris !”

Un peu d’histoire ? Les bulles pétillent-elles mieux dans un monument historique ? En tout cas, chez Canard & Champagne, situé dans l’adorable passage des Panoramas, premier passage couvert de Paris, édifié en 1799, elles sont sélectionnées chez des petits vignerons (Sélèque, Savart, Moussé) ou des maisons familiales

d’excellence comme BillecartSalmon, tous respectueux de la nature ! La carte propose même certaines raretés qui raviront les connaisseurs. Un repas des plus gourmands (foie gras, magret, confit, etc.) et très français avec du champagne tout du long (car oui, le champagne peut se boire tout au long d’un repas) pour une addition qui ne décolle pas ? C’est oui ! (Menu dîner pairing avec 3 coupes : 66 €)

Les puristes de la bulle Si la vue vous importe peu, mais que vous désirez de la bulle d’exception, rare ou singulière, direction Pétillance ! C’est en quelque sorte l’ambassade des champagnes de vignerons à Paris. Ici, il n’y a que des pépites, des vins d’artisans, et non pas des bulles standardisées. Mais que les néophytes se rassurent : Emmanuel et Hugo adorent initier tous les 053

© Victor Bellot

pour offrir le meilleur des vins et spiritueux exclusivement français, en version brut ou cocktail, selon l’humeur, de 10 h à 23 h en continu. Comment se dégustent les bulles ici ? Brutes bien sûr : Devaux à la coupe, Krug, Dom Pérignon ou Moët & Chandon en bouteille… et un cocktail signature, La vie en rose (vodka française Fair, liqueur de Chambord, champagne Devaux, jus de canneberge, framboises). (Coupe Devaux « Grande Réserve », 16 € / Cocktail La vie en rose, 20 €)

Madame Brasserie, le restaurant de la tour Eiffel, avec Thierry Marx aux manettes


© Alexis Anice

© Alexis Anice

Canard & Champagne. Connaisseurs, les sommeliers de cette institution n’hésitent pas à « carafer » le champagne.

© Florence Valencourt

“Les vrais pros ne servent pas le champagne en flûte, mais dans des verres à vin”

Pétillance, la cave dédiée aux vins à bulles dans le 9e

palais. D’ailleurs, ils proposent une formule dégustation, qui change tous les mois, avec trois à cinq cuvées à la coupe : 100 % pinot noir, 100 % pinot meunier, blanc de blancs, rosé et un coup de cœur (parcellaire ou millésime avant 2016). Leurs derniers coups de cœur ? La cuvée des Jean de Jean-Félix Josselin pour le pinot noir, Histoire de famille de Denis Salomon, pour le meunier ; ou encore Rémy Massin pour le rosé. Cet hiver, ils lancent des soirées dégustation et musicales dans le local attenant qu’ils viennent d’acquérir. Ici, ils se prêtent au jeu 054

du cocktail, tout en restant au plus près du produit. « Nous ne sommes pas des mixologues. On n’a ni la formation ni le matériel, mais on trouvait cela intéressant de se challenger », sourient-ils. Pari réussi avec le spark, un cocktail champagne, citron, expresso et ratafia… « Surtout, on le sert dans un verre Zalto Universal. Ce sont des verres d’une grande finesse et cela change l’expérience du tout au tout. » On confirme ! Car vous l’aurez remarqué, les vrais pros ne servent pas le champagne en flûte, mais dans des verres à vin normaux (pas géants). Le champagne va pouvoir s’y exprimer, vous pourrez le sentir… et mieux l’apprécier. À siroter dans la grande salle, devant le piano, entre décembre et février – pour l’instant. (Cocktail spark, 15 €)


LE CHAMPAGNE « COUP DE CŒUR »

© DR

Olivier Machado, le sommelier de Mordu, vote pour le champagne avec sept cépages !

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Olivier Machado, le chef sommelier du restaurant Mordu, ex du Ô Château, un bar à vins avec l’une des plus belles cartes de Paris, nous révèle son champagne coup de cœur ! « Mon meilleur ami habite une maison dans l’Aube, au sud de Troyes, très proche de la Bourgogne. J’y ai découvert des vignerons que j’ai à cœur de défendre car ils sont un peu oubliés, un peu écrasés par la proximité de Reims et d’Épernay alors qu’ils font des produits incroyables. Et mon Champenois préféré est définitivement Olivier Horiot, que j’ai surnommé le Elvis Presley des Riceys, son village ! Avec lui, j’ai découvert que le champagne pouvait contenir sept cépages, pas seulement du chardonnay, pinot noir et pinot meunier… Mais aussi le pinot blanc, le pinot gris et deux cépages oubliés, l’arbane et le petit meslier. Sa cuvée Solera est faite avec ses sept cépages. C’est un brut nature, c’est-à-dire qu’il n’y ajoute pas de sucre. Il a vraiment le goût du raisin. C’est un champagne exceptionnel, aromatique, qui allie l’oxydatif avec un côté pâtissier. Tout simplement exceptionnel ! » ES


Texte Carmen Vazquez Photos Voir mentions

ALLUMER LE FEU ! Le piment, grand oublié de la cuisine hexagonale, commence à prendre ses aises dans la Capitale pour jouer de son piquant et dynamiter les palais locaux : Vivre Paris a rencontré les chefs responsables de l’incendie !

Le pionnier du Paris piquant Avez-vous déjà succombé au niveau 5 de chez Deux, Trois ou Cinq fois plus de piment ? Dans cette enseigne star de la cuisine sichuanaise où mitonnent nouilles, sautés de poulet et autres marmites de poisson, le client annonce son choix suivi d’un chiffre, égal à l’intensité en piquant. Lee Cheng, le fondateur,

nous révèle en souriant que rares sont les aventureux qui dépassent le niveau 2. Mais cela n’empêche pas les clients de se presser dans ses restaurants ! Débarqué en France pour ses études, M. Cheng se languit des saveurs pimentées de sa région d’origine. Il se met aux fourneaux et devant l’enthousiasme de ses amis, ouvre une première 056

adresse, Deux fois plus de piment, dans le 11e, en 2008. Le comptoir de poche est d’abord plébiscité par la communauté chinoise avant que les locaux s’y affairent pour leur baptême du feu. Le succès est tel qu’il ouvre Trois fois plus de piment rue Rambuteau en 2015, et peu de temps après, Cinq fois plus de piment. Le groupe compte désormais


© Carmen Vazquez

À mi-chemin


© Efren Garcia

© Carmen Vazquez

À gauche : Lee Cheng, à Deux fois plus de piment À droite : Mercedes Ahumado dans sa cuisine de Chicahualca

“Le Mexique recèle plus de 200 variétés de piments autochtones”

une dizaine d’adresses mettant le feu aux quatre coins de la ville, avec leur piment séché puis grillé sur le poulet croustillant, leur chili oil sur les nouilles et raviolis, les bouillons teintés de piment moulu… Chez monsieur Cheng, il y a beau avoir 50 nuances de piment, c’est le poivre du Sichuan qui joue la star. Son côté acidulé apporte un vent de fraîcheur renforcé par de légers picotements chatouillant la langue. Tout un jeu de sensations dont témoigne le plat signature de la maison, le Mapo Tofu.

Le piment comme marqueur identitaire De l’autre côté du globe, le Mexique recèle plus de 200 variétés de piments autochtones. Il ne pouvait donc pas manquer à la table de la cheffe mexicaine Mercedes Ahumado, 058

Chicahualca, dont l’ouverture est prévue prochainement dans le 17e. « Le piment est culturellement très cher au Mexique », confirme-t-elle. Dans son écrin gastronomique, Mercedes travaillera le piment importé en version sèche de son pays, ou frais. « Notre patrimoine culinaire s’articule autour de deux types de sauces : le condiment comme la salsa verde à base de piments habanero ou serrano, citron vert, coriandre… Chacun peut gérer le piquant à son gré. Puis il y a les plats en sauce comme le molé composé d’une quarantaine d’ingrédients, dont des piments, des fruits secs, des épices. » Ces derniers seront adaptés au palais français pour une meilleure dégustation, sans omettre pour autant la piqûre spicy.


Amis de longue date, Mads Christensen et Carlos Peñarredonda, le premier danois, l’autre colombien, se sont associés autour de leur passion commune, le piment, à leur première, BangBang, à Belleville. « C’est notre sel, c’est dans notre ADN », rigolent-ils. Dans cet antre du spicy, le piment fait le tour du monde. « Le piment est présent dans tellement de cuisines, sous différentes variétés. Notre point de départ créatif n’est pas de s’ancrer dans des identités culinaires arrêtées, mais plutôt de s’inspirer de tous les melting-pots qui peuvent en découler », explique Carlos. À la carte, les empanadas argentines révèlent la ‘nduja calabraise, une pâte de porc pimentée, les brochettes grecques d’halloumi se lustrent

d’huile pimentée, le porc tomahawk est pimpé par une salsa au piment rocoto péruvien et les croquettes de tofu plongent dans une mayonnaise au jalapeño mexicain. Cet hiver, la carte révèle une quinzaine de piments internationaux. « Nous partageons autant l’amour du voyage que celui du piment. Nous voulons créer un pont entre ces deux univers », ajoute Mads. L’assiette joueuse a ce « je ne sais quoi » d’irrévérence, jonglant entre associations de piments étonnants, amour de la fermentation, clins d’œil à la junk food comme avec ces chili cheese croquetas, un ersatz élégant des croquettes au cheddar pimentées servies au Burger King. Et même dans les boissons, ça chauffe dans le shaker ! Leur shot au mezcal se pulse au Carolina 059

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© Depth.Exposed

Du Mexique à la Thaïlande

En haut : L’équipe de BangBang au grand complet. En bas : Qui osera rajouter de la salsa maison sur ces croquettes ?


Maîtriser l’incendie ! Quartier Kléber, chez Octave, Juliette Ju, petite-fille d’une ancienne cheffe travaillant pour le gouvernement coréen, y va en douceur à l’heure de fouetter les palais locaux. « Je voulais mettre à l’honneur le produit coréen le

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Chez Octave, Juliette Ju, la spécialiste du kimchi, le chou fermenté pimenté

Reaper, l’un des piments les plus explosifs au monde, entre 1,5 et 2,2 millions sur l’échelle de Scoville – l’unité mesurant la force des piments, allant de 0 à plusieurs millions pour les espèces les plus puissantes.

plus connu : le kimchi, un chou fermenté pimenté. » Mais la cheffe l’ancre dans le terroir français en l’associant à des penne, puisque les Français raffolent des pâtes. Pour unir ces deux nations, elle les lie à la crème. « Sa douceur atténue la puissance du kimchi. » Le piment se diffuse alors en bouche sans créer d’incendie. Le gochujang, une pâte de piment fermenté légèrement sucrée, renforce la profondeur du plat. Le piment fait partie de l’histoire. Il y a toujours un plat relevé, mais jamais dans l’excès. La philosophie est la même chez À mi-chemin, où le chef tunisien Nordine Labiadh met à l’honneur les terroirs français, avec comme toile de fond les souvenirs de son enfance en Tunisie. « Adapter une harissa au goût de ses clients ou sa famille, c’est essentiel. » La harissa, purée de piment locale, est ici façonnée avec des piments baglouti séchés au soleil, quelques piments passés au four pour le côté fumé, de la coriandre, de l’ail et de la bonne huile d’olive. Elle vient assaisonner différentes créations comme le tartare de veau ou encore son couscous – élu meilleur de Paris. Allumer le feu, sans provoquer

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“L’échelle de Scoville est l’unité mesurant la force des piments : elle va de 0 à… plusieurs millions !”

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l’incendie pour qu’il y ait encore du plaisir : tel est le challenge de ces enseignes. « Au début, nous n’avions pas de niveaux… Les Parisiens nous demandaient de baisser le volume niveau piment. C’est comme ça que nous avons eu l’idée de cette échelle allant de 0 à 5 », nous révèle monsieur Cheng.

Une tendance lourde Ce qui est certain, c’est que la tendance « spicy » est en marche dans la Capitale et n’est pas près de s’arrêter ! On en veut pour preuve l’ouverture de lieux comme Mala Boom - A Spicy Love Story, une table chinoise servant pour la première fois dans la Capitale le Málà Xiāngguō, un wok du Sichuan bien pimenté ou le lancement de Matshi,

une marque de hot sauces par le duo de photographes et concepteurs culinaires The Social Food. Autre signe qui ne trompe pas : la liste des clients de Pierre Gayet, dealer en légumes rares et piments d’exception, est un véritable name-dropping des meilleurs chefs parisiens. On ne peut que s’en réjouir, car le piment serait excellent pour la santé. En Chine, le piment est même considéré comme un médicament naturel, une sorte de purifiant. « Dans la même logique que le sport, il nous fait transpirer et éliminer les toxines », ajoute Lee Cheng. Pour Nordine, la sensation d’un corps en feu suite à la dégustation d’un piment s’apparente à une session de sauna fort intense. De quoi se détendre un bon coup ! 061

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“En Chine, le piment est considéré comme un médicament naturel. Une sorte de purifiant”

© Antonello Veneri

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À mi-chemin, le chef Nordine Labiadh en cuisine

Pierre Gayet, dealer en piments d’exception, en expédition


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LES DERNIERS SECRETS DU PÈRE-LACHAISE

C’est le cimetière le plus célèbre du monde et chaque Parisien croit connaître par cœur ses 43 hectares où reposent 70 000 sépultures. Pourtant le Père-Lachaise recèle encore 1 000 secrets, que Benoît Gallot, son conservateur, et Camille Paix, auteure de Mère Lachaise, ont révélé à Vivre Paris ! Réalisé par Estelle Surbranche

Photos Benoît Gallot (sauf mention) 062


REPORTAG E

C’est maintenant la tombe de Bashung plutôt que celle d’Oscar Wilde qu’on recouvre de baisers au rouge à lèvres

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Les mythes occultes

Né Hippolyte Léon Denizard Rivail à Lyon, ce spirite a pris le nom d’Allan Kardec : sa tombe est l’une des plus visitées du cimetière.

Du Père-Lachaise, vous connaissez forcément l’impressionnant mur des Fédérés ou les tombes des artistes célèbres, comme celle de Jim Morrison, Oscar Wilde, Jean de La Fontaine ou plus récemment Bashung. Mais connaissez-vous celles qui font l’objet de mythes ésotériques ? Selon les énergéticiens, le Père-Lachaise serait parsemé d’au moins quatre points énergétiques où les adeptes pourraient venir se « recharger » plus vite qu’à une borne électrique ! L’un de ses points se trouve évidemment à côté de la tombe du médium Allan Kardec (division 44, chemin du Quinconce) qui est l’une des plus fréquentées du cimetière. Ce nom ne vous dit rien ? Des adeptes de spiritisme viennent pourtant du monde entier, et en particulier du Brésil, se recueillir sur la tombe en forme de dolmen de l’auteur de « Naître, mourir, renaître encore et progresser sans cesse, telle est la Loi »… Et au passage, faire un vœu en posant leur main sur la nuque de sa statue. « Si vous êtes exaucé, revenez avec des fleurs », avait précisé le médium à l’époque. Du coup, son dolmen est constamment fleuri. Un « malin, cet Allan » apprécie Benoît Gallot, le conservateur des lieux, pince-sans-rire.

Résolution de tous les problèmes

La dernière fantaisie des fans de Jim Morrison ? Coller des chewing-gums sur l’arbre le plus proche de sa tombe…

Cet élégant quadragénaire est plutôt du genre cartésien, formation de juriste oblige, mais cela ne l’empêche pas de connaître par cœur les tombes réputées pouvoir résoudre un problème. Sur celle de mademoiselle Lenormand, la cartomancienne préférée de l’impératrice Joséphine, déposez un as de cœur et la légende dit que vous rencontrerez bientôt l’amour. Pour les soucis de fécondité, précipitez-vous sur le sépulcre du jeune journaliste Victor Noir et posez votre main sur les 063


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REPORTAGE

Camille Paix, auteure de Mère Lachaise

Benoît Gallot, conservateur du Père-Lachaise

RÉSERVÉ AUX VIP ?

les familles sont tellement contentes ! Malgré le contexte dramatique, avoir une place ici atténue un peu la peine. » Mais si vous avez une place dans le cimetière le plus connu du monde, cela entraîne des obligations concernant les monuments funéraires. Tout est surveillé par l’architecte des bâtiments de France. Pour préserver le site, on ne peut utiliser que de la pierre calcaire ou du granit bouchardé. L’édile veille aussi à ce qu’il y ait de la verticalité : le monument ne doit pas être ramassé, trop plat. Côté épitaphe, en revanche, vous pouvez presque tout dire. L’originalité et la personnalisation sont bienvenues, comme ce taquin « Attends-moi longtemps » en bordure de l’avenue SaintMorys, ou la mystérieuse plaque « Qui a pris cette décision ? Au casino de Tanger, le 6 octobre 2017 ». Un autre moyen de reposer au PèreLachaise ? La crémation, car il y a de la place au columbarium. « À Paris, 40 % des Parisiens choisissent la crémation… Nous réalisons ainsi 6000 crémations par an, soit 23 corbillards par jour ! » confirme Benoît Gallot.

« Être enterré au Père-Lachaise, c’est comme avoir des meubles en acajou. L’élégance se reconnaît là », écrivait Victor Hugo au début des Misérables. Cent cinquante ans plus tard, la phrase est toujours d’actualité. On pense qu’être enterré au Père-Lachaise est réservé aux artistes, comme au début d’année 2022 le très regretté Gaspard Ulliel ? Pas du tout ! « Il y a une centaine d’emplacements qui se libèrent par an et que nous revendons aux familles, révèle Benoît Gallot. Il faut appeler, tenter sa chance en quelque sorte et si ce jour-là une place s’est libérée, je peux l’accorder tout de suite. Lorsque je l’annonce,

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(généreuses) parties génitales de son bronze (vous ne pourrez pas les louper : la couleur n’est plus la même à cet endroit !)… Pour les problèmes de vue, il vous faudra trouver le tombeau de la spirite Rufina Noeggerath, surnommée Bonne Maman, puis passez sur vos yeux une plante fleurissant dessus. Si ces étranges rituels font plutôt sourire Benoît Gallot, d’autres rendent sa vie quotidienne plus compliquée. Ça a longtemps été le cas de la stèle d’Oscar Wilde. « La tradition était d’embrasser sa tombe. Mais le rouge à lèvres attaque la pierre… Alors quand les descendants ont restauré la tombe, classée monument historique, en 2011, ils ont eu l’autorisation de mettre un entourage de plexiglas pour mettre fin au rituel, détaille-t-il. Depuis deux ans, cette tradition s’est déplacée vers la tombe d’Alain Bashung qui est recouverte de baisers. » Quant aux fans de Jim Morrison qui avaient l’habitude de venir se souler et se droguer sur son sépulcre, ils ont vieilli et se sont considérablement assagis avec l’âge : plus de fiestas autour de la dernière demeure de l’auteur de Break on Through (To The Other Side)… Mais ils ont inventé un nouveau rituel : coller leur chewing-gum sur l’arbre le plus proche, que les équipes du jardin ont dû entourer d’une canisse ! Si cette tradition est un peu dégoûtante, d’autres prêtent plutôt à frissonner comme celles des rituels sataniques et autres offices vaudous qui ont lieu dans la nécropole.

Une Marianne sataniste « Il y a beaucoup de rumeurs autour de la tombe du sculpteur Auguste Clésinger, Berthe de Courrière sa maîtresse et modèle – une demimondaine assez fantasque, adepte de satanisme et d’orgie – et l’écrivain Remy de Gourmont. Ils sont enterrés tous les trois : c’est Berthe qui a fait enterrer de Gourmont, son deuxième amant, avec eux. C’est en quelque sorte le premier trouple du Père-Lachaise », dévoile Camille Paix, auteure de Mère Lachaise, 100 portraits pour déterrer le matrimoine funéraire. « C’est une tombe pointée régulièrement du doigt comme celle où l’on vient faire des messes noires au Père-Lachaise. Et il est vrai que lorsqu’on se rend sur les lieux, on trouve toujours des signes d’une activité bizarre, comme des pièces aux quatre coins de la tombe ou des gris-gris. Ceci montre bien qu’il se passe des choses puisque c’est paradoxalement une petite tombe anonyme, plutôt difficile d’accès


Merles, pics-verts, mésanges, perruches… Les oiseaux ont trouvé un refuge au Père-Lachaise.

[dans le secteur de Chopin] et le nom de Berthe de Courrière n’est même pas inscrit sur la tombe. Il n’y a que le nom des hommes. Il n’y a peut-être plus de messes noires, mais elle est clairement visitée sous ce biais-là », conclut-elle. Fun fact, cette fameuse Berthe a servi de modèle pour la Marianne du Sénat, sculptée par Clésinger et qui est encore d’usage aujourd’hui : un patronage étonnant pour nos élus ! Plus spectaculaire, Benoît Gallot révèle que les équipes du PèreLachaise se sont aussi retrouvées à devoir vider des centaines de corps sans tête de poulets d’un caveau qu’un prêtre vaudou avait manifestement élu pour pratiquer ses rituels… Le conservateur est cependant formel : il n’y plus de messes noires au Père-Lachaise, après sa fermeture en tout cas. « Depuis les années 90, il est en effet difficile de rentrer dans le cimetière car des herses, comme celles des prisons, ont été installées sur les murs. Et puis nous faisons des rondes toute la nuit pour surveiller les allées. »

Les équipes du Père-Lachaise se sont retrouvées à devoir vider des centaines de corps sans tête de poulets d’un caveau qu’un prêtre vaudou avait élu pour pratiquer ses rituels 065


REPORTAGE

Les voyous du Père-Lachaise ? Les corneilles, belliqueuses et qui traînent en bande !

Quand les ayants droit ont disparu ou ne peuvent plus l’assurer, la Ville de Paris reprend l’entretien de certaines tombes avec un intérêt patrimonial. Récemment, la Ville a ainsi restauré celles d’Honoré de Balzac et de la poétesse Élisa Mercœur. En 2023, la chapelle d’Hé-

loïse et Abélard, les deux amants contrariés, classée monument historique, sera également rénovée. Comme le budget des institutions n’est pas extensible, une équipe du Père-Lachaise réfléchit à la mise en place d’un mécénat afin de récolter des fonds pour la retape de certaines sépultures. La première concernée par

cette nouvelle politique serait celle de mademoiselle Dias Santos, une tombe singulière et remarquable avec son obélisque. Ce monument fait d’ailleurs l’objet d’une légende urbaine : quiconque réussirait à passer 365 jours et 365 nuits dans la crypte de la dépouille de cette jeune fille décédée en 1827 recevrait deux millions de

roubles. Tout aussi fantaisiste que cela puisse paraître, des gens dans le monde y croient. L’année dernière, Benoît Gallot a ainsi reçu deux candidatures en provenance de l’étranger.

› La chapelle d’Héloïse et Abélard, où les amoureux du monde entier viennent échanger leurs vœux.

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© Pierre-Yves Beaudouin-wikipedia

PARRAINER UNE TOMBE


Les voyous du Père-Lachaise L’évocation des prisons nous amène au sujet des crimes au Père-Lachaise. Fort heureusement, il n’y en a plus eu depuis 2014 où un homme s’est fait assassiner allée des Acacias par un dément. Plus récemment, en 2021, la tombe du musicien kurde Ahmet Kaya a été profanée. En revanche, chaque été, des pickpockets sévissent dans la nécropole, profitant de l’inattention des touristes. Si vous visitez les lieux, gardez donc vos affaires à l’œil ! Plus léger et drôle, il y a des voyous méconnus qui vivent carrément sur place… les corneilles ! « C’est une espèce très intelligente. Par exemple, elles lâchent des marrons dans la rue du Repos, puis attendent que les voitures passent dessus et les cassent. Ensuite elles les récupèrent et les mangent, admire Benoît Gallot. Mais elles sont aussi très territoriales. Elles traînent en bandes et elles sont rivales. Il n’est pas rare de les voir se battre entre elles, à mort. Ce sont les animaux qui causent le plus de nuisances : elles arrachent les plantations et elles peuvent aussi attaquer. Par exemple, elles avaient fait un nid boulevard de Ménilmontant et pour le protéger, elles faisaient des piqués sur les usagers. Elles n’ont peur de rien, ni des hommes, ni des autres animaux ! »

Nous pensons que seules deux familles de renards vivent aujourd’hui au Père-Lachaise

Les nouvelles stars Si vous pensiez que les légendes fantastiques qui entourent certaines tombes constituent le mystère le plus impressionnant aux yeux de Benoît Gallot, qui habite sur place avec femme et enfants, vous vous trompez ! Pour lui, le vrai secret du Père-Lachaise réside dans la diversité nouvelle et inouïe de sa faune et de sa flore, symbolisée par la famille de renards qui vit sur les lieux. Depuis leur apparition juste avant le premier confinement, ils sont devenus les vraies nouvelles stars du cimetière ! « Je ne sais pas comment ils sont arrivés là… c’est un mystère ! sourit le conservateur. Tout ce que je peux dire, c’est qu’ils ont surgi juste avant le premier confinement. Et pendant celui-ci, j’ai soudain vu les renardeaux jouer entre deux tombes. Lorsque je les ai croisés, je n’en ai pas cru mes yeux ! » Ce photographe amateur dégaine alors son appareil photo et réalise des clichés qui feront le tour de la presse… et le succès de son compte Instagram, La vie au cimetière. Il y poste régulièrement des photos des animaux et des fleurs du cimetière : les fouines, les chats, les perruches, les mésanges qui nichent dans les chapelles… « Aujourd’hui, nous pensons qu’il y

Une apparition magique : un renardeau au détour d’une allée !

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REPORTAGE

LE PRINTEMPS DES CIMETIÈRES Tout au long de l’année, les agents du Père-Lachaise veillent à ce que les lieux soient le plus tranquille possible… Sauf lors de l’évènement le Printemps des cimetières, qui vise à faire découvrir le patrimoine funéraire français. Sa 8e édition aura lieu cette année les 12, 13 et 14 mai. À cette occasion, des visites commentées, des pièces de théâtre et autres spectacles seront interprétés aux quatre coins des allées mythiques.

Une fouine veille, entre deux tombes.

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Il faut vraiment s’intéresser à chaque nom qu’on voit sur les tombes du Père-Lachaise : on est à peu près sûr de découvrir avec eux un pan de l’Histoire a uniquement deux familles de renards au PèreLachaise. Il n’y a pas de prolifération comme à Londres ou à Bruxelles où ils viennent manger dans la main du public car les gens les nourrissent. Au Père-Lachaise, nous ne nous les nourrissons pas. Ils chassent… et ils craignent encore les humains. Du coup, on ne les voit jamais en journée. En revanche, trente minutes après que la cloche du cimetière, qui signifie la fermeture des lieux, a résonné, les adultes se montrent ! Ils ont compris le système ! Cela dit, les croiser reste dur : je mets parfois deux heures à avoir un cliché. Après les renardeaux, j’aimerais maintenant voir le retour des écureuils : je n’en ai pas encore vu mais je les attends. »

Un poumon vert pour Paris Et il a raison d’y croire ! Avec la politique « Zéro phyto » mise en œuvre par la Ville de Paris depuis 2015 (et en 2022 en France), le Père-Lachaise devient un vrai havre pour la biodiversité, avec des animaux mais aussi des insectes comme des papillons, des herbes, des fleurs parfois rares, 4 000 arbres de 80 essences différentes… Des ruches ont été installées en 2018 à la division 78, quinze pieds de vigne en 2022 le long des murs des divisions 75 et 76 et des nichoirs dans certains arbres. Il est devenu un véritable poumon vert pour les habitants de la Capitale. « Plus il y a de vert, plus il y a de la fraîcheur et de la biodiversité. Cela, tout le monde l’a compris. Notre prochaine ambition est de végétaliser peu à peu les 13 hectares de chemin du cimetière pour continuer à recréer de la biodiversité dans le futur », nous apprend le conservateur.

Les oubliées du Père-Lachaise Un des derniers secrets du Père-Lachaise demeure également celui de toutes ces femmes tombées

dans l’oubli, alors qu’elles ont vécu une vie tout aussi formidable, pleine d’aventure et inspirante, que certains hommes encore célébrés aujourd’hui. « On connaît Édith Piaf, Sarah Bernhardt ou Colette, mais beaucoup d’autres méritent qu’on s’attarde sur leur parcours ! C’est pour elles que j’ai écrit la Mère Lachaise, 100 portraits pour déterrer le matrimoine funéraire », abonde la journaliste Camille Paix. « Certaines commencent à sortir de l’ombre, comme Rosa Bonheur, mais hélas, beaucoup y restent, comme Laura Marx, la fille de Karl Marx et la femme de l’écrivain Paul Lafargue, enterrés tous les deux face au mur des Fédérés. C’était une femme très instruite, polyglotte. 069


REPORTAGE

L’aspect du cimetière change complètement selon les saisons : la balade est différente à chaque fois.

À LIRE La Vie secrète d’un cimetière de Benoît Gallot, 21,90 € (éd. Les Arènes) Mère Lachaise de Camille Paix, 19 € (éd. Cambourakis)

Avec son mari, ils se sont installés en France dans le but de répandre le marxisme. C’était des militants professionnels : ils faisaient des tournées, des meetings… Laura a traduit les ouvrages de son père. Dans les quelques écrits qu’il reste d’elle, on se rend compte de sa personnalité incroyable… Et puis après, on ne sait plus rien. C’est une histoire d’effacement par la vie domestique, notamment avec les enfants qui sont en plus morts jeunes, et le poids des hommes célèbres autour d’elle. 0 70

Son histoire m’a beaucoup touchée car elle fait résonnance aux combats actuels des femmes qui doivent lutter pour lier vie professionnelle et vie personnelle. Il y a aussi Nelly Roussel [une des premières femmes à se déclarer en faveur de la contraception et de l’éducation sexuelle]. Je ne comprends pas pourquoi cette femme n’est pas plus reconnue aujourd’hui ! Elle n’a aucune rue à son nom, par exemple. Il faut vraiment s’intéresser à chaque nom qu’on voit sur les tombes du Père-Lachaise : on est à peu près sûr de découvrir avec eux un pan de l’Histoire ! » conseille cette fine connaisseuse des lieux, qui organise d’ailleurs des visites guidées des tombes des femmes célèbres via son compte Instagram. Alors, message à l’attention de celles et ceux qui décident du nom des rues, des écoles et autres hôpitaux en France, n’hésitez pas à faire un tour au Père-Lachaise : vous y trouverez très certainement l’inspiration pour féminiser intelligemment l’espace public !


Green ×

“Mon objectif est d’optimiser la circulation des camions pour qu’aucun ne circule à vide à l’aller comme au retour, tout en travaillant sur la traçabilité des déchets pour éviter qu’ils se retrouvent en décharge sauvage.” Natacha Hulmel, fondatrice de MyBen p. 76

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À chaque baisse de prix, l’annonce remonte en tête des résultats pour une visibilité optimale. Les acheteurs intéressés sont prévenus de la baisse de prix mais aussi de l’intensité de la concurrence… Le premier qui achète remporte la vente ! L’acheteur peut alors choisir d’aller retirer l’objet chez le vendeur, mais la plupart utilisent nos services de livraison intégrés : c’est plus simple d’acheter un gros canapé, un frigo ou un lave-linge d’occasion quand la livraison est possible !

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EXPOSITION. Misant sur la manipulation de dispositifs interactifs et l’observation des œuvres, la Philarmonie a conçu un parcours afin d’explorer les liens entre la musique et les sons du vivant sur la planète. On adore tout autant écouter le chant des baleines en pleine mer que découvrir comment on imite le coq aux quatre coins du monde ou faire sonner des appeaux et apercevoir les oiseaux auxquels ils correspondent. L’exposition donne ainsi également à ressentir la disparition d’espèces et questionne le devenir de la biodiversité si l’homme continue à ignorer cette extinction… Car en 50 ans, ce ne sont pas moins de 50 % des sons du vivant qui auraient disparu ! MH Musicanimale, à la Philarmonie de Paris, entrée gratuite à l’exposition pour les moins de 16 ans, à partir de 6 ans

Alain Séchas, Hugh, chat guitariste, 1997, coll. Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris

Bio depuis 50 ans OUVERTURE. Après le succès de sa première boutique dans le 15e, Fleurance Nature, spécialiste des compléments alimentaires et des produits de beauté et ménagers bio venus du Gers, ouvre une seconde adresse rue de Rennes avec ses propres références, ainsi qu’une sélection XXL de ses autres marques bio favorites. MH

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Alain Séchas / Adagp, Paris 2022 © Florian Kleinefenn

La musique des animaux

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Corinne Ngotat et Juliette Karpa

Du côté du Marais RÉPARER. Une lampe qui ne s’allume plus à cause d’un faux contact ? Un aspirateur qui refuse de dérouler sa prise ? Avant, vous les auriez peut-être jetés car aucun Repair Café (atelier de réparation collaboratif éphémère) n’était prévu prochainement. Maintenant, vous pouvez les amener aux Établis – un magasin tenu par des artisans locaux qui propose aux Parisiens un service sur mesure de réparation de tous leurs objets (sacs, lampes, électroménager, bijoux, ordinateurs, petit mobilier…). Cette boutique chaleureuse offre également un espace dédié à la vente de vêtements de fabrication artisanale ou issus de filières écoresponsables, ainsi qu’un café ouvert toute la journée. ES

Du côté du Carrousel du Louvre

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SECONDE VIE. L’espace Pre-Loved réunit CrushON, un réseau de friperies en ligne, Label Emmaüs et Murfy, le réparateur d’électroménager à prix fixe. Vous pourrez y acheter des produits 100 % recyclés ou reconditionnés par les trois enseignes, n° 1 de la consommation responsable dans leurs domaines… et peut-être ainsi contribuer à réduire l’empreinte écologique des 23 millions d’appareils ménagers et des 20000 tonnes de vêtements jetés chaque année en France. ES 0 74


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La pasta contre la mafia ! À DÉCOUVRIR ! Voici un restaurant avec un supplément d’âme : la Poesia, qui vient tout juste d’ouvrir rue de la Fidélité dans le 10e. Dans cette trattoria italienne, le chef Giuseppe prépare non seulement des succulentes pâtes fraîches chaque matin, faites maison… mais en plus, tous ses ingrédients (bio) sont sourcés auprès de producteurs qui exploitent les terrains agricoles confisqués à la mafia. Le restaurant travaille en effet avec Libera Terra, un réseau italien de coopératives sociales, qui est une structure anti-mafia très puissante et populaire en Italie. D’ailleurs, au moment de déguster l’apericena (comme le principe des tapas, mais à l’italienne), on découvre que chaque vin raconte une histoire différente sur des assassinats de juges, de policiers, etc. Entre une parfaite Zucchine fritte, de la Peperonata di legumi, ou une Polpette di Melanzane, on apprend par l’un des boss, Christophe, que la Poesia est également un lieu de rencontres et de culture. En décembre auront ainsi lieu un débat en hommage aux assassinats des juges Falcone et Borsellino (en présence de magistrats italiens), un récital d’opéra ou un concert de pizzica (musique traditionnelle des Pouilles). ES 075

La bonne nouvelle, c’est que la Poesia propose également ses pâtes à emporter !


Texte Estelle Surbranche

À l’attaque des déchets sauvages !

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Une collecte organisée par l’appli Spotter !

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Que vous soyez Parisien ou Grand Parisien, cela a déjà dû vous arriver. Alors que vous vous baladez tranquillement, émerveillé par la beauté de la Ville Lumière ou de la nature francilienne, voilà que vous tombez sur un énorme tas de déchets, fatras de vêtements, de cartons ou de reliquats de chantier de construction. Le dépôt d’ordures sauvage est une véritable plaie qui pourrit tout autant le paysage que les sols. Heureusement, de nouvelles solutions voient le jour…


L’Île-de-France, la région la plus sale La région parisienne est hélas finaliste des régions les plus touchées par ce fléau : selon un rapport de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) de février 2019, 25 kg de déchets sont jetés dans la nature par an et par habitant dans notre région contre 21,4 kg dans le reste de la France. Cela est certainement dû à la concentration de population, mais aussi aux nombreux chantiers, de particuliers ou du Grand Paris. En cause dans ce sujet, il y a aussi l’incivilité de certains Franciliens ou d’artisans crapuleux qui ne veulent pas payer les frais de mise en déchèterie – alors même qu’à Paris, par exemple, ce service est gratuit pour les particuliers…

Heureusement, bien plus nombreux sont les Franciliens qui se mobilisent pour lutter contre ce fléau ! Les maires sont en première ligne car les décharges sauvages coûtent très cher aux communes – et donc aux contribuables. Des associations de particuliers proposent aussi des initiatives intéressantes. Alban Bernard, fondateur du collectif Déchargeons la Plaine, a imaginé l’application Stop Décharges Sauvages afin que chacun puisse signaler les lieux de dépôts de déchets dans la nature, avant que ceux-ci ne se transforment en déchèterie sauvage. L’application Trash Spotter permet d’aviser la présence de déchets abandonnés, mais aussi d’indiquer leur ramassage en quelques clics. L’idée, c’est que tout le monde peut devenir acteur du changement. Des professionnels du bâtiment prennent aussi le sujet à bras-le-corps.

Green… et moins cher ! C’est le cas de la très dynamique Natacha Hulmel. Membre de l’association les SouterReines qui promeut les métiers du BTP auprès des femmes, elle s’est attelée à

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L’application de signalement

Natacha Hulmel, fondatrice de la solution MyBen

contrer ce fléau de manière à la fois pratique et maligne, car elle fait gagner du temps et de l’argent aux entreprises. Les patrons ont donc tout intérêt à revoir leur business ! « Je travaille depuis dix ans dans la gestion de déchets de chantier et je connais bien ces problématiques… Mon idée avec MyBen a été de créer une plateforme de mise en relation entre les entreprises du BTP, les centres de traitement, les carrières, avec les transporteurs spécialisés en vrac, nous explique-t-elle. L’objectif est d’optimiser la circulation des camions pour qu’aucun ne circule à vide à l’aller comme au retour, tout en travaillant sur la traçabilité des déchets pour éviter qu’ils se retrouvent en décharge sauvage. Sur un chantier, les entrepreneurs sont bien sûr obligés de sortir tous 07 7

“25 kg de déchets sont jetés dans la nature par an et par habitant dans notre région contre 21,4 kg dans le reste de la France”


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Tracer les déchets

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Le chantier de la ligne 14, un des nombreux chantiers du Grand Paris

Des déchets sauvages dans une forêt francilienne : à signaler avec l’appli Spotter !

“Avec Myben, l’entrepreneur économise du temps et de l’argent. Du coup, il a moins la tentation de se débarrasser de ses déchets au coin d’un bois…”

les déchets. Mais il faut savoir que ça prend vraiment beaucoup de temps, car il leur faut trouver des transporteurs disponibles, que ces derniers aient les bonnes autorisations pour transporter ce type de déchets, etc. Avec MyBen, je leur simplifie la vie. L’entrepreneur pose son annonce en cinq minutes, et elle est envoyée à l’ensemble des transporteurs. Il a très vite une réponse et les tarifs sont négociés à l’avance. Il économise ainsi du temps et de l’argent. Du coup, il a moins la tentation de se débarrasser de ses déchets au coin d’un bois… Une fois qu’il a acté son achat, la benne arrive, charge et le client peut suivre en direct son camion-benne avec une géolocalisation. Il voit donc quand et à quel endroit son camion décharge ses ordures. » 0 78

Et c’est une petite révolution ! Aujourd’hui, les entreprises qui veulent se débarrasser proprement de leurs déchets sont obligées de faire confiance à leurs soustraitants, parfois peu scrupuleux et qui peuvent décharger n’importe où. C’est le cas par exemple de certains chantiers du Grand Paris. Ces travaux hors-norme créent évidemment beaucoup de déchets – dont de la terre, car des énormes trous sont creusés dans toute l’Îlede-France pour faire passer les futures lignes de métro. Dans les contrats, tous ces déchets doivent être traités, mais dans les faits, c’est beaucoup plus compliqué. Les entreprises « propres » ont une marge très limitée pour vérifier cette question, notamment parce qu’elles ne reçoivent que très tardivement les informations sur le traitement de leurs déchets… et qu’il est impossible de tout vérifier a posteriori. Avec MyBen, les entrepreneurs retrouvent le contrôle et peuvent s’assurer une traçabilité en direct de leurs déchets. Le souhait de Natacha ? Transformer peu à peu la flotte de camions qu’elle propose en véhicules verts, qui roulent à l’électricité ou au gaz. Et le sujet est loin d’être anodin ! Le milieu du BTP produit environ 227 millions de tonnes de déchets par an, le tout transporté à 80 % par voie routière. Une prestation de transport routier, par un véhicule roulant au gazole, d’un lot de 500 kilos (soit 0,5 tonne) sur une moyenne de 150 kilomètres aboutit à une émission d’environ 30,7 kg de CO2. Alors on vous laisse sortir les calculettes avec nous : 13 937 800 000 kilos, soit près de 14 milliards de kg de CO2 pourraient être ainsi évités…

myben.fr stop-decharges-sauvages.fr


Enfants ×

“C’est tout l’intérêt du spectacle vivant : il propose un vrai moment de partage en famille. Il faut absolument en parler après : les émotions ressenties, le jeu des acteurs, les costumes…” Morgane Abegg – Psychologue et neuropsychologue pour enfants et adolescents dans le 17e à Paris p. 84

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Photos © DR

Laura Bohbot d’Ezra & Kids

Accro à la maille ! MODE. Devenue adepte du crochet un peu par hasard, une trentenaire parisienne, Laura Bohbot, a lancé une adorable marque de tricot pour bébés, Ezra & Kids. Elle nous explique comment elle est tombée dans les mailles (du filet) !

Vous aviez fait la fameuse école de Berçot à Paris, vous aviez un œil très mode : est-ce que vous imaginiez faire finalement un vestiaire enfant ? Pas forcément de l’enfant, mais j’étais déjà très attirée par l’univers de la maille. Le vestiaire pour enfant est finalement venu un peu par hasard… Ceci dit, parmi nos projets de développement, nous aimerions agrandir la gamme et pourquoi pas faire des collections spéciales « mère/fille ».

Comment est arrivée l’idée de Ezra & Kids, la marque de maille pour bébés ? Durant l’été 2021, j’ai pris goût au travail de la maille, j’ai commencé à crocheter et tricoter quelques maquettes à motifs. Petit à petit, l’une d’elles est devenue un adorable gilet miniature : de là est née l’envie d’aller plus loin et d’habiller les bébés.

Vous travaillez à trois, quasiment en famille… Oui. Il faut dire que j’ai toujours vu ma maman tricoter. C’est donc naturellement qu’elle a rejoint l’aventure en réalisant une partie des pièces. Leonor, une amie qui tricote à merveille, confectionne les chaussons, béguins et bloomers durant son temps libre. Quant à 080

moi, je dessine les collections et tricote les prototypes des pièces. La touche Ezra, ce sont les contrastes de couleurs… Oui ! J’aime aussi travailler différents types de finitions : sur un fond de tricot, j’apporte une ligne de broderie ou de crochet pour ajouter une touche personnelle sur chaque pièce. Vous travaillez chez vous à Paris ou vous avez un atelier ? Je travaille chez moi à Paris. Ma mère et Leonor travaillent également de chez elles, mais au Portugal. Paris est très stimulant pour moi. Je passe du temps dans les musées et les librairies pour m’inspirer de motifs, de couleurs… J’admire aussi la culture artistique très riche de villes comme Lisbonne ou Séville. ezraandkids.fr


Le village du jeu

Photos © DR

JOUER. Bercy Village muscle encore son offre divertissement avec l’installation de 3Bis, un restaurantbar à jeux qui réunit sur deux étages des jeux de société, un karaoké, du rétrogaming, des fléchettes ou du baby-foot. Tout a été pensé afin de se sentir hors du temps, à commencer par les décors inspirés par les rues de New York. Pour les gamers, le bar à jeux est ouvert sans réservation et il coûte 3,50 € par heure et par personne. Ce prix inclut la compagnie d’un explicateur de jeu et un accès illimité aux jeux disponibles dans la bibliothèque. Les grandes tribus devraient adorer les salons privatifs qui permettent de se réunir dans un espace pensé comme un appartement, et décoré dans un univers inspiré de grands classiques : 80’s, sitcom, Big Brother (1984), maison de poupée… MH Sur réservation depuis le site, entre 11 € et 14 € par personne et par heure

Mystère à l’Opéra AVENTURE. Après les livres et la série télé, Arsène Lupin fait son show à l’opéra Garnier dans un tout nouveau jeu immersif, Arsène Lupin et le secret de l’Opéra. La famille doit enquêter aux côtés de comédiens sur les pas du gentleman cambrioleur dans le grand foyer, le grand escalier ou encore la rotonde du glacier. Une belle manière de découvrir les lieux ! MH

© M. Wojtenka

À partir du 21 décembre 2022, parcours ouvert à tout âge, seul ou en équipe, recommandé à partir de 10 ans, à partir de 20 € Réservations : lupin-opera.cultival.fr 081


Le green autrement ACTIVITÉS. Voici une adresse dans le 2e qui revisite avec un esprit pop réjouissant le mini-golf ! L’idée est évidemment toujours de s’amuser en famille en tentant de rentrer quelques balles, mais le décor a complètement changé. Exit la vieille moquette verte ! Chez Madgolf, les deux parcours 9 trous ont été décorés pour plus de fun. Le premier parcours « Flashback » pullule de références aux années 80, 90 et 2000 avec des clins d’œil au jeu Tetris et aux vidéoclubs. Le second, dit « Sunset », vous transporte dans une Californie de fantasme avec une piste de skateboard, un peu de surf et même une fabrique de donuts. De quoi faire des photos souvenirs pas comme les autres ! MH

Photos © DR

Pour 1 parcours de 9 trous : (13 €) la journée, 10 € pour les moins de 16 ans Tarif unique 16 € en soirée

Dans le 17e

Photos © DR

MAGASIN. Cyrillus vient d’ouvrir une grande boutique aux Batignolles avec ses collections enfant et bébé, ainsi que du linge de maison et des objets de décoration. Sur place, on nous promet tout au long de l’année des nouveautés, des surprises, des avantages personnalisés… et même des cadeaux ! MH cyrillus.fr 082


Rallumez les étoiles ! FESTIVAL. Comme chaque hiver, les jardins parisiens s’illuminent, pour le plus grand plaisir des petits et des grands. Lumières en Seine au domaine national de Saint-Cloud offre un parcours lumineux, musical et immersif avec des créations artistiques originales et inédites. Tom&Lien Dekyvere offrent par exemple un magnifique spectacle de light art avec Rhizome. Bonus ! Cette année, ces illuminations féériques sont constituées de LED 100 % réutilisables. Le festival Lumières ! dans le parc de la Villette propose, lui, huit œuvres lumineuses et installations ludiques pour une déambulation nocturne placée sous le signe de l’émerveillement, avec des illusions visuelles, des installations hypnotiques… Enfin, du côté du jardin des Plantes, Mini-Mondes en voie d’illumination oblige les humains à changer d’échelle : alors qu’ils deviennent tout petits, la faune minuscule grandit démesurément… De quoi se faire gentiment peur ! MH Mini-Mondes en voie d’illumination au jardin des Plantes, jusqu’au 15 janvier 2023, à partir de 15 € (gratuit pour les moins de 3 ans) Lumières en Seine au domaine national de SaintCloud, jusqu’au 8 janvier 2023, à partir de 16 € (gratuit pour les moins de 3 ans)

© DR

Le festival Lumières ! à la Villette, du 15 décembre au 1er janvier 2023, gratuit

© DR

© Vincent Nageotte

Mini-Mondes en voie d’illumination

Le festival Lumières !

Lumières en Seine

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Texte Estelle Surbranche Photos Voir mentions

VOUS AVEZ DIT VIVANT ?

Le Livre de la jungle

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© Stéphane Parphot

Si les petits Parisiens manquent bien souvent de grands espaces verts, ils sont en revanche gâtés en termes d’offres culturelles, notamment dans le spectacle vivant. Cet hiver, la programmation pour enfants se révèle particulièrement riche grâce à de nombreuses comédies musicales. On fait le tour (de piste) ?

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“Toutes les grandes personnes ont été des enfants mais peu d’entre elles s’en souviennent”

La comédie musicale, un spectacle pour tous Un coup d’œil dans les agendas spectacles de cet hiver permet de se rendre compte de l’engouement actuel pour les comédies musicales jeune public, avec pas moins d’une trentaine de représentations dédiées. Certes, le genre a toujours existé : on se souvient d’Émilie Jolie, des shows de Chantal Goya (qui vient d’annoncer repartir en tournée en 2023 avec son spectacle La Route enchantée), ou plus récemment du triomphe de Peter Pan revu par Guy Grimberg ainsi que du Bossu de Notre-Dame d’Olivier Solivérès. Mais depuis deux ou trois ans, les choix se 086

sont multipliés… et cela s’explique. « La comédie musicale est un spectacle qui peut rassembler tous les goûts et un même public sur un même lieu et une même représentation. Il contient tous les arts du spectacle, le théâtre, le chant, la danse… Et, en termes de rythme et de mode narratif, il n’y a jamais de temps morts. Le public est toujours tenu en haleine », analyse Nicolas Nebot, le metteur en scène des Mystérieuses Cités d’or actuellement au théâtre des Variétés. « Le chant et la danse sont incontestablement des moyens d’accès au spectacle plus faciles pour les enfants, quel que soit leur âge », complète-t-il.

© Sebastien Mizermont

Blanche Neige et les sept nains


© Sebastien Mizermont

© Sebastien Mizermont

© Sebastien Mizermont

Les Vacances de Capucine Le Livre de la jungle

Peter Pan

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Les Mystérieuses Cités d’or Onze artistes-chanteurs au service d’un spectacle au rythme effréné

La tendance « madeleine de Proust » « Toutes les grandes personnes ont été des enfants mais peu d’entre elles s’en souviennent », écrivait Saint-Exupéry en préambule du Petit Prince. Alors pour embarquer aussi les grands, les concepteurs de spectacle n’hésitent pas à jouer sur la corde de la nostalgie en adaptant des histoires connues des parents. « Pour penser Les Cités d’or, je me suis dit que j’allais essayer de parler à l’enfant qui est en chacun de nous. Il y a évidemment un côté madeleine de Proust… » assume Nicolas Nebot. Du coup toute la famille regarde avec plaisir le spectacle, et les parents retrouvent leurs émotions, leurs souvenirs de bambins (ainsi que les paroles, « Esteban, Zia, Tao » !)… Et puis, la mise en scène, les décors, l’ambition artistique de manière générale, n’ont souvent rien à envier au spectacle pour les grands. Blanche Neige et les sept nains d’Olivier Solivérès au théâtre de la Gaîté-

© Stéphane Parphot

© Stéphane Parphot

“La mise en scène, les décors, l’ambition artistique de manière générale, n’ont souvent rien à envier au spectacle pour les grands”

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Montparnasse propose une écriture à double niveau et fait appel aux effets spéciaux, aux hologrammes et au mapping.

La morale de l’histoire Et il y a un bonus non négligeable pour les parents ! Tous ces spectacles pour enfants distillent bien souvent une morale autour du vivre-ensemble, de l’écologie, de l’amitié… L’occasion d’une jolie conversation en famille à la sortie. « C’est tout l’intérêt du spectacle : il propose un vrai moment de partage en famille. Il faut absolument en parler après : les émotions ressenties, le jeu des acteurs, les costumes… C’est un moment d’échange précieux », développe Morgane Abegg – psychologue et neuropsychologue pour enfants et adolescents dans le 17e à Paris. En plus de ce dialogue, l’intérêt pour le développement neuropsy de l’enfant et de l’adolescent a été démontré par des études. « Plusieurs recherches ont été menées sur ce qui se passe dans le cerveau lorsqu’on regarde une pièce de théâtre. On a découvert que le spectacle activait des aires cérébrales particulières comme celle de l’empathie et de la théorie de l’esprit », ajoute Morgane Abegg. « La théorie de l’esprit, c’est la capacité à se mettre à la place de l’autre : à imaginer ce qu’il pense, ce qu’il ressent, à anticiper ses réactions… C’est une capacité primordiale dans nos relations avec les autres et elle est donc très intéressante à entraîner chez les enfants. Elle se développe entre 3 et 5 ans, mais elle se perfectionne tout au long de l’enfance et de l’adolescence. Aller au théâtre, c’est donc une belle opportunité de mobiliser les capacités relationnelles de nos enfants et de stimuler leurs cerveaux, leurs émotions. D’autant qu’on les vit tous ensemble en riant ou en applaudissant ! Les études montrent que ces aires cérébrales sont d’autant plus actives lorsqu’on est devant un spectacle, probablement parce qu’on a la personne physique devant nous. » Du plaisir, des rires et en plus du développement cognitif : qu’est-ce qu’on attend pour prendre nos billets ?


INCONTOURNABLE DEPUIS 170 ANS

© Coonyang Camera

© Francois Dehurtevent

© Petr Smaha

© Dominique Secher

Dans un autre genre qui mélange également tous les arts, il y a évidemment le cirque ! Le show y est souvent encore plus spectaculaire et les numéros des circassiens ou des dresseurs se font en musique. Incontournable depuis 170 ans, le cirque Bouglione au cirque d’Hiver présente un nouveau spectacle chaque année. Le millésime 2022 se nomme Fantaisie et fait la part belle à l’esprit clownesque, au burlesque… « Les univers sont variés, novateurs, les numéros très forts et la performance et la surprise se conjuguent à merveille », souligne Michel Palmer, le Monsieur Loyal du show. Des clowns comme les Mangeurs de lapins font éclater de rire petits et grands, tandis qu’Antony Cesar fait rêver tout le monde avec un numéro entre danse et acrobatie. Sur la pelouse de Reuilly, le cirque Phénix propose, lui, les numéros de haut vol de 18 acrobates, sur une bande-son pop-rock jouée live par 18 musiciens, et plaide pour une union entre tous les hommes.

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Notre sélection Fantaisie au Cirque d’hiver Bouglione (Paris 11e), dès 3 ans, jusqu’au 5 mars 2023, à partir de 29 € Rhapsodie par le cirque Phénix, sur la pelouse de Reuilly (Paris 12e), dès 3 ans, jusqu’au 15 janvier 2023, à partir de 20 € Les Mystérieuses Cités d’or le dessin animé en version musicale, au théâtre des Variétés (Paris 9e), dès 3 ans, jusqu’au 3 mars 2023, à partir de 16,50 €

Miraculous Ladybug le dessin animé en version musicale, au Palais des sports de Paris (Paris 15e), dès 18 mois, du 20 décembre 2022 au 1er janvier 2023 Le Bossu de Notre-Dame au théâtre de la GaitéMontparnasse (Paris 14e), dès 5 ans, jusqu’au 1er mai 2023, à partir de 25 € Sherlock Holmes l’aventure musicale au théâtre Le 13e art (Paris 13e), dès 5 ans, jusqu’au 4 mars 2023, à partir de 17 €

Émilie Jolie au Casino de Paris (Paris 9e), dès 3 ans, jusqu’au 8 janvier 2023, à partir de 29 € Blanche Neige et les sept nains au théâtre GaîtéMontparnasse (Paris 14e), dès 6 ans, jusqu’au 7 mai 2023, à partir de 16 € Le Roi Lion Au théâtre Mogador (Paris 9e), dès 10 ans, jusqu’au 26 janvier 2023, à partir de 26 € Le Livre de la jungle au théâtre de Paris (Paris 9e), à partir de 5 ans, jusqu’au 30 décembre 2022

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Aladin au théâtre du Palais-Royal (Paris 1er), pour les 4-10 ans, jusqu’au 30 décembre 2022, à partir de 14,50 € Peter Pan à Bobino (Paris 14e), dès 3 ans, jusqu’au 28 janvier 2023, à partir de 20,50 € Petit Ours à l’Antre magique (Paris 9e), dès 18 mois, jusqu’au 24 juin 2023, à partir de 24 € Au lit Molie ! au Théâtre BO Saint-Martin (Paris 3e), dès 2 ans, jusqu’au

1er janvier 2022, à partir de 15 € Les Comptines de Capucine à la Comédie de Paris, pour les tout-petits (dès 1 an), jusqu’au 29 décembre 2022, à partir de 11 € Le Sortilège du prince Thao à Bobino (Paris 14e), dès 4 ans, jusqu’au 28 janvier 2023, à partir de 39 € Le Magicien d’Oz au théâtre Les Enfants du paradis (Paris 9e), dès 3 ans, jusqu’au 31 décembre 2022, à partir de 19,50 €


Bien-être ×

“Les femmes tentent chaque jour de nouveaux défis. Elles essayent donc dans le sport des disciplines qui ne leur étaient soi-disant pas destinées, comme la boxe. Et ça marche aussi pour leurs vies professionnelles : elles expérimentent des métiers soi-disant réservés aux hommes…” Samira Bouhnar, championne d’Europe de boxe française p. 106

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© DR

Après deux grossesses et dix années passées dans l’industrie cosmétique, Kenza Keller a créé talm, « to all the mamas », une marque de soins inclusive pensée pour toutes les mères, sans exception. Avec la sensorialité et l’esthétisme comme ADN, Talm vient dépoussiérer lescodes des produits habituellement destinés à la maternité. Vous avez lancé talm en 2021. Quelles étaient vos motivations ? Pendant mes grossesses, je me suis rendu compte que c’était hyper difficile d’avoir accès à des produits à la fois rassurants et qui donnent envie. Alors avec talm, j’ai imaginé une marque 100 % sûre pour les femmes, qui puisse les accompagner dans toutes les étapes de leur maternité. Le tout, en replaçant une dimension hyper importante de plaisir et de sensorialité, mais aussi d’écoresponsabilité et d’approche vertueuse.

© Som Chantapitch

Au nom de toutes les mères Kenza Keller, la créatrice des soins talm

« To all the mamas », ça signifie « pour toutes les mères ». C’est important pour vous cette notion de diversité ? C’est un projet qui est vraiment né de mon expérience personnelle : j’ai ressenti que la manière dont on représentait la femme enceinte et la mère était toujours une image très stéréotypée, voire dépassée. Alors qu’en réalité, il n’y a pas de schéma classique ni de parcours sans encombre. De mon côté j’ai également la chance d’avoir accès à deux cultures : je suis franco-marocaine et je trouvais ça primordial de représenter différentes familles, carnations, types de cheveux, etc. Collaborations, image de marque… : l’esthétisme et l’art sont très présents chez talm ! Pour moi, le beau fait écho à la notion de plaisir ! Je trouve ça 092

intéressant d’écrire l’histoire de la marque au contact de personnalités créatives, c’est une façon de célébrer la maternité en lui donnant corps à travers différents regards et points de vue. Pour Noël par exemple, on a lancé une collaboration avec Natacha Paschal, une artiste peintre parisienne, qui a un regard très « empouvoirant » sur les femmes. Vous êtes née à Paris. Qu’est-ce que représente Paris pour vous ? Je dois l’avouer, je suis amoureuse de Paris, elle m’émerveille toujours ! J’adore son mélange, sa diversité, que je retrouve d’ailleurs dans l’arrondissement dans lequel je vis : le 19e. CR Vous pouvez retrouver talm dans toutes les boutiques Oh My Cream, aux Galeries Lafayette Haussmann et Champs-Élysées, au BHV, au Centre commercial Kids ainsi qu’à La Grande Pharmacie Bailly.


Relancer un cycle

© Zoriana Zaitseva

SOIN. Afin de commencer l’hiver en pleine forme, on s’offre le nouveau soin Bel Hiver chez Lanqi spa. Il commence par un massage crânien et des cervicales avec des appuis précis permettant la relaxation mentale, suivi de manœuvres sur les bras et les mains afin de dénouer les tensions corporelles, et se conclut par un massage sur mesure du corps. Un soin incroyable dont on ressent les effets bénéfiques pendant des jours ! ES Bel Hiver, 78 €, 1 h

Lunettes du sommeil

© Izipizi

DORMIR. Les lumières artificielles (les ampoules, les écrans, les leds) perturbent le sommeil car elles empêchent notre cerveau de sécréter de la mélatonine. Les nouveaux verres Sleeping pensés par le lunetier Izipizi visent précisément ce problème. Par leur teinte spécifique, ils bloquent la lumière artificielle de haute intensité et relancent ainsi la production naturelle de mélatonine pour mieux s’endormir. Les 300 premiers utilisateurs affirment qu’au bout de cinq jours, le temps d’endormissement peut-être divisé par deux et le repos, plus profond et réparateur. Autre solution, arrêter les écrans deux heures avant de dormir et les remplacer par un bon livre… Dans les deux cas, l’occasion peut-être de dire au revoir aux somnifères chimiques (auxquels plus de 10 millions de Français sont accros) ! MH Lunettes Sleeping, Izipizi, 40 € 093


TECHNOLOGIE. Pour toutes celles – et ceux – qui veulent en finir définitivement avec leurs poils, mais qui craignent la douleur ou d’éventuelles brûlures, direction les deux nouveaux centres Estheclinic, soit dans le Sentier soit dans le 16e. Ces deux adresses proposent en effet une technologie de lumière pulsée qui permet de balayer de manière dynamique la zone concernée, plutôt que de la « flasher » point par point pour détruire le bulbe du poil. L’opération est ainsi beaucoup moins agressive pour la peau. Le système, surnommé « le No Pain System » délivre aussi des énergies faibles combinées à une fréquence de tirs élevée (pour détruire le follicule pileux), ce qui promet non seulement un traitement efficace, mais également indolore et bien sûr sur tous les types de peau, même les plus foncées. ES La séance à partir de 40 € pour les femmes et 50 € pour les hommes

Culte aux US

© Sony Pictures Releasing GmbH

Photos © DR

À poil !

Laura Harrier dans Spider-Man : Homecoming

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COSMÉTO. Aux États-Unis, c’est la marque dont les célébrités raffolent : Is Clinical, et notamment son fameux Gel nettoyant à l’acide salicylique (60 ml, 28 €) qui vient à bout de l’acné adulte, approuvé par la mannequin Rosie HuntingtonWhiteley, la chanteuse Kelly Rowland ou la comédienne Laura Harrier. Après le site internet, la marque est désormais disponible à Paris, à l’institut Nyude dans le 16e. MH


© Benoit Linero

Tout pour mes cheveux

© Estelle Lefevre

La Maison de Beauté Carita, un nouveau temple de la beauté à Paris

Le salon Furterer, des espaces repensés afin de faire des économies d’eau

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MAGASIN. En cette fin d’année, deux temples du cheveu parisien ont fait peau neuve. Le plus impressionnant est sans aucun doute la réouverture de la Maison de Beauté Carita, après deux ans de rénovation sous la houlette du studio Rev : une véritable splendeur tout en noir et blanc, très graphique. On retrouve dans l’hôtel particulier de 1800 m2 ses soins mythiques et la coiffure, avec John Nollet, le hair artist préféré de Vanessa Paradis ou Monica Belluci, comme directeur artistique du salon. Il y a désormais aussi un espace médecine esthétique et de la restauration avec Rosy, où Amandine Chaignot propose une cuisine parisienne délicate. Une véritable nouvelle destination beauté pour les aficionados du monde entier – et un must see pour les Parisiens ! Non loin, l’institut René Furterer a, lui, déménagé de la place de la Madeleine à l’avenue de l’Opéra et opère sa révolution au passage avec une politique d’économie de l’eau, des espaces plus design… mais propose toujours une expérience capillaire divine avec les fameux massages aux huiles chaudes ou froides ! Notre conseil : demandez la cabine privée, si elle est disponible, son occupation est gratuite. ES


Texte Estelle Surbranche Photos CHANEL

Le show de Chanel

Et si vous découvriez quel héros ou quelle héroïne Chanel sommeille en vous ? C’est la proposition de la célèbre maison qui vous invite cet hiver au Grand Palais éphémère à faire votre numéro lors de l’exposition Le Grand Numéro de Chanel ! Comment ? Suivez le guide… 096

Un peu plus qu’un simple parfum… Attention, il ne s’agit pas d’une exposition comme les autres ! Il s’agit ici, ni plus ni moins, de partir pour un voyage olfactif afin de découvrir votre personnalité – et savoir in fine quelle femme ou quel homme Chanel sommeille en vous. « L’idée est de se laisser aller à rêver, se laisser happer d’un univers à l’autre en choisissant son propre parcours. Ce n’est pas une exposition où vous allez d’un endroit A à un endroit B dans un ordre chronologique imposé. C’est très ouvert ! » explique Thomas du Pré de Saint-Maur, directeur général des ressources créatives parfums beauté et horlogerie joaillerie Chanel à l’origine du projet. « C’est aussi une


vos peurs, votre désir et c’est ce que nous souhaitons faire expérimenter à tous », ajoute-t-il.

Pour tous… sur invitation ! Pour participer à ce show de la maison de la rue Cambon, il faut tout d’abord s’inscrire sur le site internet dédié. L’exposition est gratuite, mais il s’agit d’offrir la visite la plus optimale au visiteur. Ici, on ne se presse pas. On flâne. On se découvre. Tous les sens en éveil. On choisit un rôle et le parfum Chanel va nous aider à entrer dans le personnage. « Cela rejoint l’idée de performance artistique, notion très importante dans l’univers de Chanel. Ce spectacle nous rappelle que Gabrielle Chanel est devenue Coco à Moulins vers 1901, quand elle chantait sur 097

© Photograph Courtesy of Sotheby’s, Inc.

expérience conviviale, un moment à partager dans un esprit festif, un peu comme on découvre les vitrines des grands magasins parisiens à Noël. J’aimerais que le public retienne l’idée de ce que peut être le rôle d’un parfum, comment il révèle la singularité de chacun et impacte notre vision de la beauté. Le parfum ce n’est pas qu’un nom, un flacon et un jus, c’est tout ce qu’il convoque dans notre esprit quand on l’achète et tout ce qu’il évoque quand on le vaporise puis quand on le porte. C’est un produit extraordinaire. Beaucoup de personnes pensent que le parfum est un accessoire ou la touche finale d’une silhouette, mais c’est bien plus que cela. Le parfum a un réel impact sur vos sentiments, votre confiance,

Oskar Schlemmer Birthday Collage for Gunta Stadler-Stölzl, 1927 Collage, photomontage et aquarelle sur papier, 42 x 33,6 cm Collection Chanel


© 2011 Joel Sternfeld

Joel Sternfeld New York City (#2), 1976 Impression pigmentaire, 92 x 114 cm Collection Chanel

“Une fragrance raconte parfois plus sur une personne, sur ses aspirations, qu’un beau discours…”

© Chantal Stoman

Chantal Stoman 5th Floor (from the series A Woman’s Obsession 2005) Tirage argentique, 88 x 124 cm Collection Chanel

scène », souligne Thomas du Pré de Saint-Maur. Olivier Polge, le nez de la maison, le dit encore autrement : « Lorsqu’une personne porte un parfum Chanel, cela se voit. » Oui, une fragrance raconte parfois plus sur une personne, sur ses aspirations, qu’un beau discours…

Une exposition à plusieurs visages

Le Grand Numéro de Chanel du 15 décembre 2022 au 9 janvier 2023 au Grand Palais éphémère (place Joffre, Paris 7e) Inscription sur grand-numero.chanel.com

Alors dans une pièce de l’exposition, on tente sa chance. Dans l’autre, on suit sa bonne étoile ou on entre dans la légende avec le célèbre N° 5, star de la maison. Aux côtés du jus mythique est ainsi exposée une rétrospective des meilleures campagnes, mais aussi des œuvres d’art qui dialoguent en miroir avec le parfum dans l’esprit 098

pop art de Warhol. On y découvre notamment un collage dadaïste d’Oskar Schlemmer (1888-1943), ainsi que des clichés de Chantal Stoman ou Joel Sternfeld (dont vous avez un aperçu dans ces pages). Un simple parfum ? Non, décidément. Plutôt une icône qui inspire tous les artistes depuis sa création.

Des souvenirs collector Pour cet événement particulier, Chanel a imaginé des « souvenirs » à acquérir exclusivement à la boutique de l’exposition dans le Grand Palais éphémère – et nulle part ailleurs. Un jeu de tarot (78 cartes, 40 €), un jeu d’échecs (coffret contenant un plateau en bois et 32 pièces, 700 €) ou des disques en collaboration avec Bertrand Burgalat… Tout est ultra désirable et en édition limitée. Autant dire des collectors qui risquent de s’arracher à prix d’or dans quelques années… Si vous avez l’âme d’un chasseur de trésors, vous voilà prévenus !


Sélection Caroline Ricard & Estelle Surbranche

SÉLECTI ON

NOS 10 HAMMAMS PRÉFÉRÉS Quand le froid étreint la Capitale, rien de mieux qu’un hammam pour se réchauffer ! Voici nos 10 adresses favorites qui allient jolie déco, propreté irréprochable et bon accueil.

© Philippe Barbosa

O’Kari

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SÉLEC TI ON

Le plus « authentique »

© Philippe Barbosa

HAMMAM PACHA. Cela fait trente-cinq ans que les Parisiennes se refilent la bonne adresse ! Hammam Pacha est situé dans le 6e arrondissement, à quelques mètres seulement de la pâtisserie de Cyril Lignac. L’établissement est impressionnant : 700 mètres carrés agrémentés de faïence et de boiseries marocaines ; authentique oui, mais loin d’être dans son jus ! Ouvert tous les jours de la semaine (week-end compris), il propose également deux nocturnes : le jeudi et le vendredi, le tout sans rendez-vous. Hyper pratique ! Profitez de votre passage chez Hammam Pacha pour vous faire dorloter : gommage, massage aux galets ou à l’huile chaude (à la rose, à l’argan et même à la fleur d’oranger, un pur délice). C’est d’ailleurs l’une des adresses préférées de l’ancienne Miss Sonia Rolland, et on comprend pourquoi ! La cerise sur le makrout ? Après ce pur moment de détente, vous pouvez même choisir de déguster sur place (et en peignoir !) un succulent tajine traditionnel et bio s’il vous plaît !

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À partir de 39 €, réservé aux femmes

Le plus « complet »

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O’KARI. On nous prévient d’office : « Prévoyez 2 h 30 pour vivre la véritable expérience O’kari. » Et on comprend pourquoi ! Bain de vapeur, exfoliation au savon noir à l’eucalyptus, gommage complet avec un gant de soie végétale, le tout sur une pierre de granit chauffée, shampooing à l’amande douce, massage du cuir chevelu puis du corps… Karima Lasfar, la fondatrice, voit les choses en grand. En même temps, elle a une vision claire : aller à l’encontre des concepts de bien-être express, en offrant aux femmes un véritable moment suspendu dans le temps. On adhère ! À partir de 69 €, réservé aux femmes 100


Le plus « magique » dans un univers à couper le souffle. Les murs sont revêtus de tadelakt (un enduit marocain réalisé à base de chaux), et les nombreuses lumières proviennent de lustres et de lanternes anciennes. Sur le sol, on distingue une accumulation de tapis, du parquet et de la

mosaïque artisanale. Tout pour vous faire voyager sans pour autant quitter la Capitale. Surtout, ne passez pas à côté du gommage ! La peau est préparée en amont avec le savon noir traditionnel et les vapeurs d’eau. Puis, le gommage est réalisé à l’aide du gant Kessa :

Photos © Marion Delattaignant

LES CENT CIELS. Proche du métro Parmentier, le hammam les Cents Ciels rend hommage aux palais d’Orient et aux traditions de beauté des femmes orientales. Il vous suffit d’ailleurs de passer la porte magistrale du 7 rue de Nemours pour plonger immédiatement

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il est dynamique sans jamais être douloureux. Il laisse la peau toute douce, et donne aux jambes une sensation de légèreté. Et c’est l’essentiel ! À partir de 45 € Certains jours sont réservés aux femmes, les autres sont mixtes


Photos © DR

SÉLEC TI ON

Le plus « balnéo » LA SULTANE DE SABA. La Sultane de Saba (Paris 16e) vient tout juste d’installer une salle avec balnéothérapie et chromothérapie : vous pouvez donc allier les bienfaits d’un soin hammam et gommage

au savon noir classique avec les bénéfices de la balnéo, parfaite pour soulager certaines douleurs comme l’arthrose. La bonne idée, c’est que la salle projette pendant tout le bain bouillonnant (vingt

minutes) une gamme de couleurs sur notre corps afin d’harmoniser physique, psychique et émotions. Une variation sympathique pour permettre toujours plus de lâcher-prise, d’autant que cette séance est 102

suivie d’un massage hydratant de vingt minutes dans la formule de base. Hammam gommage Balnéo, 1 h 15, 120 €, hammam réservé aux femmes


Le plus « à la mode turque » LES BAINS DU MARAIS. Les Bains du Marais ont déménagé dans le 2e arrondissement, non loin de la boutique déco de The Socialite Family. Dans ces 800 m2, Soledad, la cofondatrice, a modernisé les codes du hammam pour leur conférer une connotation plus zen, propice à la relaxation. Les couleurs des murs se déclinent en sable, taupe ou brique tandis que les meubles font la part belle aux matières naturelles, bois, paille ou marbre. Côté hammam, il faut absolument essayer le rituel turc avec un gommage au gant de kessa, puis savonnage au foulard turc, c’est-à-dire un grand foulard de soie gonflé d’air imbibé d’un savon liquide fabriqué maison. Notre gommeuse n’a pas voulu nous en révéler la composition, mais nous avons reconnu une bonne dose d’amande douce. La sensation est divine : on a un peu l’impression de se faire toucher par un nuage ! Pour l’après, un grand restaurant au rez-dechaussée, Le Life, propose des brunchs, goûters, jus…

Photos © DR

Gommage au gant kessa et savonnage au foulard turc, 70 €, hammam mixte sauf le mercredi réservé aux femmes, le jeudi réservé aux hommes. Hammam gommage balnéo, 1 h 15, 120 €, hammam réservé aux femmes

Le plus « chantant »

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LES BAINS MONTORGUEIL. C’est l’un des secrets les mieux gardés de Paris ! Dans une petite cour d’un immeuble de la rue Montorgueil se niche Les Bains Montorgueil, un hammam authentique et intime. Et pour cause : ils n’acceptent que dix femmes à la fois et c’est plutôt agréable quand on connaît le surpeuplement de certains établissements de la Capitale. Les gommeuses sont extraordinaires et accompagnent souvent leurs mouvements de chants traditionnels marocains : dépaysement total assuré ! Ensuite, un massage à l’huile d’argan chaude achève de nous détendre : quelques heures chez le « docteur silencieux » (le petit nom donné par les Marocains au hammam), et normalement vous devriez repartir parée pour l’hiver ! Après les soins, le thé à la menthe et de délicieuses pâtisseries orientales sont servis à discrétion. Une adresse que les stars adorent, comme en témoigne l’Instagram des lieux, un véritable livre d’or où apparaît la chanteuse Jennifer, dont c’est l’adresse fétiche, ou la comédienne Sabrina Ouazani. À partir de 69 €, uniquement sur réservation 103


SÉLEC TI ON

Le plus « zen » SPA CINQ MONDES. C’est au cœur de La Samaritaine, située juste en face du Pont-Neuf, qu’est venu se loger le dernier spa Cinq Mondes. On a pu le découvrir dès la réouverture du grand magasin en juin 2021 et une chose est sûre : c’est un véritable écrin dédié au bien-être, une pause bien méritée dans nos vies citadines qui vont toujours trop vite ! Déjà, on adore l’ambiance du spa, avec son jardin intérieur et ses canapés poudrés, en suédine douce et confortable. Mais au-delà du côté esthétique et de l’ambiance cosy, le spa Cinq Mondes possède également un sublime hammam, niché sous des voûtes épurées. Les couleurs sont neutres, la lumière est tamisée, vous n’avez plus qu’à vous laisser guider ! Et s’il existe un soin Grand Rituel du hammam (gommage au savoir noir, enveloppement au rassoul et massage oriental), une nouvelle expérience a récemment vu le jour : le Stretch Hammam ! Elle mêle assouplissement, exfoliation au gant et savon et enveloppement purifiant. Déconnexion garantie !

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124 € les 50 minutes

Le plus « vivant »

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MEDINA CENTER. Vous cherchez un hammam de quartier, sans fioritures et hyper efficace ? Alors vous devez absolument vous rendre chez Medina Center ! Les puristes du hammam sont unanimes : l’établissement rappelle avec émotion les traditionnels hammams marocains. Il vous faudra descendre quelques marches pour accéder à la salle vapeur, l’espace de gommage ou encore la piscine fraîche. Le petit plus ? Medina Center diffuse des huiles essentielles d’eucalyptus et de menthe, idéales pour décongestionner le nez durant la période hivernale ! À partir de 49 €. Réservé aux femmes, le samedi est mixte. 104


Le plus « chaleureux » YEMA. Chez Yema, vous vous sentirez comme à la maison. Ça tombe plutôt bien puisque « yema » signifie en réalité « maman ». Dans ce hammam proche de la station de métro Stalingrad, vous serez choyée par une équipe de pro. Sarah, Fatima, Louisa, Abir ou encore Nacera se feront une joie de vous prodiguer les soins issus de la culture traditionnelle orientale. Quatre rituels sont proposés, dont le Rituel oriental (48 €). Il comprend l’entrée au hammam bien sûr, mais aussi un gommage et une dégustation de thé à la menthe et de pâtisserie. Miam ! Mais ce qui rend Yema hyper accueillant et chaleureux, c’est sa capacité d’accueil limitée. Seules huit clientes peuvent être présentes en même temps : on vous conseille donc vivement de réserver votre créneau sur internet ! Et si vous voulez faire d’une pierre deux coups, sachez que Yema propose également un institut de beauté avec épilation, soins du visage… Prenez (enfin) un moment pour vous faire chouchouter !

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À partir de 48 € pour 1 h 30. Réservé aux femmes.

Le plus « marin »

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VILLA THALGO CLUB & SPA. Saviez-vous qu’un véritable havre de paix se cachait à deux pas du Trocadéro ? Il vous faudra passer la porte de la Villa Thalgo et suivre son éclairage doré (une métaphore de la lumière au bout du tunnel !) pour avoir accès au Grand Hammam marin. Prenez une douche tiède et profitez de ce lieu hors du temps qui allie les bienfaits du hammam et ceux de la mer. Au programme ? Vapeur chaude de sels minéraux marins, ions négatifs reminéralisants et la cerise sur le gâteau, un bassin central d’eau froide pour stimuler la circulation. Vous cherchiez une détox ? Wait and sea ! 40 € les 30 minutes, 20 € avec un soin. Mixte. 105


Texte Estelle Surbranche Photos Stéphane Grangier

Les superpouvoirs de la boxe Samira Bounhar vient tout juste de remporter le titre de championne d’Europe de boxe française. L’occasion de parler avec elle de boxe, de santé, de féminisme, et aussi de son engagement auprès des handicapés.

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Comment avez-vous découvert la boxe française ? J’ai commencé à 8 ans ! J’ai toujours été attirée par les sports de combat et les arts martiaux à cause des films et des dessins animés à la télé. J’ai regardé ce qui était proposé dans ma ville, Créteil, et il y avait la boxe française qui pouvait me plaire. Mon père connaissait ce sport. Il m’a expliqué, j’ai testé et j’ai accroché tout de suite. Mon désir de donner des coups de pied aériens a été exaucé… (Sourire.) Et surtout j’ai découvert tous ses autres bienfaits. Quels sont les avantages physiques de ce sport ? Je l’aime parce qu’il est très complet. On travaille le cardio, la coordination entre les différents membres et la souplesse afin de pouvoir toucher en hauteur. Il sollicite toutes les parties du corps : il faut être aussi puissante dans les bras que dans les jambes. Enfin, la savate est très stratégique. Il s’agit d’aiguiser son sens de l’observation : regarder l’autre pour savoir comment il agit, afin de s’adapter et réagir. Enfin, la boxe permet de mieux gérer ses émotions, favorise la concentration, et a un réel pouvoir sur la confiance et l’estime de soi. Quelle est votre routine d’entraînement ? Je m’entraîne cinq fois par semaine. Je fais de la piste, de la course en fractionné. En début de saison, beaucoup de longs footings… Puis progressivement, encore plus de fractionné pour m’adapter au temps de boxe. Nous sommes sur des rounds de cinq fois deux minutes : il faut donc pouvoir tenir une courte période, mais très, très intense. On doit aussi imposer son rythme… C’est important dans un match.

Je fais aussi beaucoup de sparring : je boxe avec des partenaires sur des thèmes ou sur du libre. Mon entraîneur me fait aussi des « pattes d’ours » [une cible attachée à un gant], avec un travail spécifique pour moi. Vous avez également un titre de championne du monde amateur en kickboxing ? Oui, il date de 2014. J’ai marqué une pause dans ma carrière sportive juste après… Je n’avais plus le même élan. J’avais besoin de voir autre chose : la vie sans la boxe. (Rires.) Ça a aussi correspondu à un moment où j’ai déménagé dans l’est de la France avec mon copain de l’époque, qui était aussi boxeur. J’ai perdu mes repères, mon entraîneur et mon équipe de Créteil. Quand je suis revenue en région parisienne en 2019, j’avais à nouveau envie de boxer. Je m’y suis remise sans pression, mais j’ai très vite retrouvé mes sensations. Alors je me suis inscrite à des compétitions et ça s’est très bien passé ! Très, très bien passé, puisque vous venez d’obtenir le titre de championne d’Europe ! J’ai ressenti tellement de joie à ce moment-là, et puis aussi le sentiment du travail accompli. C’était l’aboutissement de beaucoup d’années de travail et de sacrifices. Cette année, j’ai repris le kickboxing et la boxe anglaise. En kickboxing, j’ai déjà pas mal de galas prévus. Et je suis inscrite aux championnats de France de boxe anglaise qui vont commencer en février. On imagine la boxe avec des bleus et des nez cassés… À vous voir, pas du tout ! Je n’ai jamais eu le nez cassé, non ! 109

“Ce que j’aime dans la boxe ? On repousse toujours ses propres limites”

Mais on peut avoir des bleus. Je me souviens de mon tout premier travail dans un collège où j’étais arrivée avec un coquard et l’œil injecté de sang : ça avait fait bizarre. (Rires.) Aujourd’hui, je suis coach de boxe à l’Apollo Sporting Club de Paris 19e et du 94, donc mes bleus étonnent moins. Il y a de plus en plus de femmes qui commencent la boxe ? J’ai pu voir l’évolution car j’ai commencé très tôt : nous étions très peu, alors. Aujourd’hui, beaucoup de femmes pratiquent. En boxe française, il y a autant de femmes que d’hommes. Comment expliquez-vous ce succès ? C’est venu des salles de sports classiques, qui proposaient aux usagers de mettre des gants et de taper dans des sacs pour se défouler, sans faire de combats. Les femmes ont pu constater que c’était un sport vraiment génial. La boxe résonne aussi avec l’air du temps et le réveil du féminisme. Elles veulent retrouver de la puissance. Elles tentent chaque jour de nouveaux défis. Elles essayent donc dans le sport des disciplines qui ne leur étaient soi-disant pas destinées, comme la boxe. Et ça marche aussi pour leurs vies professionnelles :


“Avec la boxe française, on travaille le cardio, la coordination entre les différents membres et la souplesse afin de pouvoir toucher en hauteur” LA BOXE FRANÇAISE, KÉSAKO ? « C’est un sport de combat qui allie technique de poings et technique de pieds. On peut toucher en bas, le médian et le visage… explique Samira. Il y a deux parties, la partie assaut et la partie combat. On peut juste aller à la touche et ne pas donner de puissance dans les coups. C’est la partie assaut. On vise juste l’esthétique, et à toucher le plus possible, un peu comme à l’escrime, avec les bras ou les pieds. Et il y a aussi la partie combat où on va plutôt viser le K.O. et chercher à faire mal. »

elles expérimentent des métiers soidisant réservés aux hommes… C’est aussi ce que j’aime dans la boxe : on repousse toujours ses propres limites. On donne des coups, on prend des coups mais on va surtout au-delà de soi-même. J’ai coaché des femmes qui s’étaient d’abord inscrites en « ladyboxing » car elles avaient peur de l’opposition… et qui finissent par aller au combat ! Maintenant c’est même moi qui dois les calmer ! (Rires.) Le plus dur, finalement, c'est d'apprendre à donner vraiment des coups ? Ça dépend des gens, mais c’est vrai que souvent ils n’osent pas… Même se toucher, ça les gêne ! La boxe nous apprend que c’est possible de toucher l’autre sans lui faire mal, car on peut avoir la maîtrise totale de son corps et de ses actions. Vous êtes également engagée auprès des handicapés ? Je donne des cours à des handicapés, du public en situation de fragilité, et des malades atteints de la maladie d’Alzheimer via l’association Apollo de l’Apollo Sporting Club. J’ai fait une formation auprès de la fédération pour pouvoir le faire correctement. En ce moment, j’interviens dans un ESAT [établissement ou service d’aide par le travail] de Vitry auprès de personnes avec des handicaps différents. Je m’adapte pour que le cours leur apporte vraiment quelque chose. J’essaie 110

aussi de leur redonner confiance… Et puis c’est aussi un lien social avec l’extérieur. La boxe lutte contre la maladie d’Alzheimer ? Nous avons mis au point notre programme avec un neuropsychologue et une psychomotricienne et il a des bienfaits merveilleux. Il leur permet de travailler sur la coordination et la mémoire, en les faisant mémoriser les enchaînements qu’ils doivent réaliser. Qu’est-ce que cet engagement vous a appris dans votre pratique ? D’être humble. J’ose beaucoup avec eux, je leur fais confiance pour connaître leurs limites… et peut-être les dépasser ! Et franchement ils m’épatent ! Je suis très admirative de mes groupes, car je vois leur progression et leurs capacités quand on leur fait confiance. Vous habitez toujours à Créteil ? Juste à côté, mais c’est ma ville de cœur. J’apprécie sa grande mixité sociale et ethnique. C’est une richesse ! J’adore aussi Paris car on a accès à tout ! On ne s’en rend pas compte, mais quel bonheur d’avoir un tel choix d’expos, de films… toujours ouverts ! Mais mon plaisir favori reste de fouiller dans les arrondissements pour trouver des bonnes adresses de restos. J’avoue : la gourmandise est mon péché mignon !


Veste Oakwood coloris camel en polyester, 199 € spartoo.com Top, perso


Sélection Estelle Surbranche

LA BOXE À PARIS Le succès de la boxe à Paris se traduit par la multiplication des choix de salles d’entraînement. Panel des nouveautés, chacune avec ses spécificités.

Le coach des stars anglais Toby HuntingtonWhiteley (frère de la fameuse mannequin) vient tout juste d’ouvrir sa première salle française, Outboxe. Le studio se veut premium, avec des cours de boxe « à haute intensité » en petit comité et sur mesure pour chaque client, avec 50 % de boxe et 50 % d’entraînements fonctionnels où on nous promet de brûler « 600 à 900 calories par cours de 50 minutes ». Sur place, les clients – et leurs amis – peuvent aussi profiter d’un coffee shop healthy.

Le mannequin et coach anglais, Toby Huntington-Whiteley dans sa salle du 1er arrondissement

10 séances : 270 €

Apollo Sporting Club Fondé par trois passionnés du noble art, l’Apollo Sporting Club propose dans des salles au décor soigné une multiplicité de cours : boxe anglaise, savate, ladyboxing… Ils se démarquent par des salles à « taille humaine » avec des cours en petit comité (moins de 10) et des coachs prestigieux comme Samira Bounhar à Paris. Les sportifs apprécient et le concept a essaimé d’abord en Île-de-France (cinq salles à Paris, dont la petite dernière à Rosa Parks, sur les quais, là où nous avons rencontré Samira, un à Alfortville et un à Val d’Europe) puis dans toute la France. © DR

10 séances : 160 € 112

Photos © DR

Outboxe


V Punch Gym

© DR

Cet espace au cœur de Pigalle a été pensé par son créateur Kamel Abdesselam en hommage aux salles de boxe new-yorkaises des années 30, avec des sacs de frappe en cuir vintage et un ring homologué. Dans cet espace baigné de lumière naturelle, vous pouvez aussi bien suivre des cours de boxe que faire du cardio avec du kickboxing sans contact (réservé aux femmes). Au rez-de-chaussée, un bar healthy propose des pokebowls tandis qu’un écran géant diffuse en continu des matchs de boxe. 10 séances : 260 €

Punch Studio

Photos © DR

Entre boîte de nuit et cours de sport, le concept de Punch séduit les Parisiens – la preuve avec l’ouverture d’une seconde salle, cette fois-ci à deux pas des Champs-Élysées. Le programme propose une session de 50 minutes qui mixe un combo de boxe sur un aquabag et des exercices de renforcement musculaire, dans une salle semiobscure illuminée aux néons avec la musique à fond pour un max de fun. À la fin du cours, vous pouvez siroter un smoothie healthy au Punch Café dans le studio. 10 séances : 249 € 113


C A RNET D ’ A D R E S S E S

Culture

Fondation Henri Cartier-Bresson 79 rue des Archives 75003 Paris Centre culturel irlandais 5 rue des Irlandais 75005 Paris

Rhézome 35 rue Faidherbe 75011 Paris Maxime Frédéric at Louis Vuitton 2 rue du Pont-Neuf 75001 Paris L’Hippodrome Paris-Vincennes 2 route de la Ferme 75012 Paris

Le Mikado Dancing Hôtel Rochechouart 55, boulevard Marguerite du Rochechouart 75009 Paris

Bonnie – Le Bar SO/ Paris 10, rue Agrippa d’Aubigné 75004 Paris

Le Melville 28 rue Jean Mermoz 75008 Paris

Madame Brasserie – Tour Eiffel 6 av. Gustave Eiffel 75007 Paris

Alma 5 avenue Montaigne 75008 Paris

Cave Pétillance 19, rue Condorcet 75009 Paris

Le Centquatre 5 rue Curial 75019 Paris

Canard & Champagne 57 passage des Panoramas 75002 Paris

Artagon Pantin 34 rue Cartier-Bresson 93500 Pantin Galerie Arts Factory 27 rue de Charonne 75011 Paris

Food

Hoxton 30-32 rue du Sentier 75002 Paris Mordu Saint-Germain des Prés 2 rue Félibien 75006 Paris

Enfants

Jardin des Plantes 57 rue Cuvier 75005 Paris Mad Golf 137 boulevard de Sébastopol 75002 Paris

Palais Garnier place de l’Opéra 75009 Paris

Mode

3 BIS Entrée située au 41 rue des Pirogues 75012 PARIS

La Pendulerie 19 rue de la Paix 75002 Paris

Bien-être

Salon et spa capillaire René Furterer 22 boulevard des Capucines 75009 Paris Maison de Beauté Carita 11 rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris

Les Établis 73 rue de Beaubourg 75003 Paris

Lanqi Spa 62 rue des Entrepreneurs 75015 Paris

Bulgari Hôtel Paris 30 avenue George V 75008 Paris

La Poesia 3 rue de la Fidélité 75010 Paris

EstheClinic 21 rue des Jeûneurs 75002 Paris

Pizzou 4 rue de Cotte 75012 Paris

Mökki 17 bd Morland 75004 Paris

EstheClinic 5 rue François Ponsard 75016 Paris

Apollo Sporting Club 3 quai du Lot 75019 Paris Punch 3 rue Richelieu 75001 Paris

Lanqi Spa 48 avenue de Saxe 75007 Paris

Luigi Biasetto chez RAP Épicerie 4 rue Fléchier 75009 Paris

Outboxe 13 rue de la Sourdière 75001 Paris

Cyrillus 73 rue Legendre 75017 Paris

Green

Nyude 140 avenue Victor Hugo 75116 Paris

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Legion Paris 5 rue du Marché Saint-Honoré 75001 Paris

Déco

Maison Fragile/ « Chez Marcel » Café – Madeleines et Surprises café-boutique éphémère (jusqu’au 24 décembre 2022) 32 rue de Turenne 75003 Paris Hôtel Mercedes 128 av. de Wagram 75017 Paris

Escapade

Les Étangs de Corot 53/55 rue de Versailles 92410 Ville-d’Avray


Mode ×

“Certaines « belles » marques se revendent quasiment au même prix que le neuf : une raison supplémentaire d’acheter de la qualité plutôt que de la quantité au départ !” Tamara Brisk, de Mökki p. 116

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Photos © Ilya Kagan

Tamara Brisk, la fondatrice de Mökki, devant ses locaux boulevard Morland (Paris 4e)

Après une première vie dans l’immobilier, Tamara Brisk, une Canadienne qui habite à Paris depuis quinze ans, a eu l’idée de Mökki, une plateforme qui prend en charge la vente – ou le don – des vêtements dont vous ne voulez plus. Comment avez-vous eu l’idée de Mökki ? Parce que j’ai rencontré quelqu’un ! Il fallait faire de la place pour qu’il s’installe chez moi. Comme beaucoup de personnes de ma génération, j’ai passé ma jeunesse à accumuler autant de fringues que possible. Ma paix, c’était m’acheter des chaussures ! (Rires.) Je n’avais pas de conscience environnementale. Du coup, j’avais des placards pleins… et j’ai passé le week-end à faire le tri dans mes armoires. En bonne consultante, j’ai commencé à faire un tableur Excel avec toutes les fringues dont je ne voulais plus et l’endroit où je pensais pouvoir soit les déposer en vente, soit les donner… Et là, je me suis rendu compte que ça allait me prendre

un temps fou… Même pour faire du Vinted, il faut aller à la Poste ! Quand j’ai commencé à interroger des amis autour de moi, ils avaient la même interrogation : que faire de tout ça ? Avec en prime beaucoup de culpabilité d’avoir beaucoup consommé. C’était en 2018. J’ai quitté mon poste et créé Mökki en 2019. Mökki, c’est un service facile : on apporte nos vêtements dans les points de collecte. Vous les réceptionnez puis vos équipes les trient. De là, vous établissez une sorte de diagnostic et proposez au client soit de les donner, soit de les vendre, soit de les upcycler. Exactement ! Nous avons plusieurs points de collecte : nous organisons 116

Qui fixe le prix ? Nos magasins partenaires… Mais nous avons aussi construit un outil qui nous permet de placer le produit dans une grille de prix. Il faut aussi dire qu’il y a un gros travail d’éducation à faire auprès du public : pour l’instant, seuls 17 % des vêtements qu’on nous confie peuvent être revendus. Les marques de fast fashion ou les vêtements trop usés, ou ceux dont on a coupé l’étiquette, ne se revendent pas. En revanche, certaines « belles » marques se revendent quasiment au même prix que le neuf ! Une raison de plus d’acheter de la qualité plutôt que de la quantité au départ ! ES

© DR

Mökki, l’appli pour faire le vide

des pop-ups dans des entreprises, dans des clubs de sport… ou vous pouvez venir dans notre local au sein du tout nouvel immeuble Morland Mixité Capitale, c’est-à-dire l’ancienne préfecture de Paris. Au moment de déposer vos vêtements, on vous attribue un identifiant pour accéder au suivi des pièces déposées. Vous avez le contrôle tout le long. Dans le cas d’une vente, vous recevez 100 % des gains. Nous ne prenons pas de commission.


© Vincent Luc et Jérémie Beylard - Agence Phar

Maître du temps ANTIQUITÉ. Incontournables des intérieurs parisiens classiques, les pendules de cheminée et autres bronzes décoratifs ont un temple à Paris : la Pendulerie. Dirigé depuis 1985 par Christophe Guérin, le lieu connaît un tel succès dans la Capitale – et dans le monde – qu’il vient de s’agrandir dans une plus grande boutique, non loin de la place Vendôme. MH

Au cœur de Saint-Germain

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MAGASIN. Fleuron historique de l’horlogerie française, la maison Michel Herbelin fête ses 75 ans en inaugurant une première boutique à Paris, rue Bonaparte dans le 6e. Les toquantes pour hommes et femmes se répartissent ici sur deux niveaux, dans un grand espace clair de 140 m2. L’occasion de voir de plus près – et d’essayer au calme – la nouvelle star de la maison, primée montre de l’année 2022, la Newport Slim Mechanical Skeleton (1799 €), dont le design osé met à nu son mouvement mécanique ! Est-ce pour marquer cet anniversaire ou montrer qu’elle n’a rien perdu de sa modernité ? La marque change même de nom en disant… bye Michel ! Michel Herbelin devient ainsi tout simplement HERBELIN (en majuscules). Le mouvement perpétuel serait-il donc le secret de la longévité ? MH 117


Paris Roller GLISSE. Le motif emblématique du monogramme de Karl Lagerfeld s’affiche sur les nouveaux patins à roulettes Impala Skate. Chic… et flashy puisque la paire est montée sur des roues pailletées noires ! De quoi être la plus stylée à la grande balade Paris Roller du vendredi soir. MH

Lucie Lebrun et Angela Oheix (à droite), deux joaillières atypiques !

Rock à Vendôme BIJOUX. Joncs frappés, portant l’empreinte du marteau ou de la lime, bracelets de chaînes, bagues avec des pierres naturelles aux couleurs étonnantes : la joaillerie de Legion Paris casse clairement les codes traditionnels. Lucie Lebrun et Angela Oheix, les deux artistes joaillières, affichent leur goût pour la brutalité de la nature et l’associent au savoir-faire ancestral de l’artisanat, comme en témoigne l’ancien établi du XIXe siècle sur lequel elles travaillent. Vous ne pouvez pas le louper : il est placé au milieu de leur toute nouvelle boutique-atelier, rue du marché Saint-Honoré. Chez Legion Paris, chaque bijou est unique, rock et profondément original : un cadeau idéal pour les personnalités singulières, homme ou femme. MH 118

Photos © DR

© DR

Patins à roulettes quad KARL LAGERFELD x IMPALA SKATE, 179 €


© Yves Saint Laurent © Guy Marineau

Chercheuse d’or EXPO. Petit coup de mou quand vous regardez la couleur (grise) du ciel parisien ? Besoin d’éclat dans votre vie ? Direction le musée Yves Saint Laurent Paris où l’exposition Gold va vous en mettre plein la vue – et vous donner quelques idées à chiper pour vos dégaines. « J’aime l’or, c’est une couleur magique ; pour le reflet d’une femme, c’est la couleur du soleil », déclarait le couturier. Et le « gold » a été une source d’inspiration constante dans sa carrière. Simple touche dorée sur les boutons des cabans au défilé haute couture printemps-été 1962, l’or, dans toutes ses nuances, s’est ensuite coulé dans l’ensemble des collections. Dans le parcours chrono-thématique de l’exposition, vous découvrirez ainsi les magnifiques bijoux-sculptures en cuivre galvanique réalisés par Claude Lalanne qui électrisent une simple tenue noire, mais aussi les robes pailletées ou la robe-bijou dédiées au vestiaire noctambule. Mine de rien, ces pièces somptueuses racontent tout à la fois l’émergence du clubbing à Paris, l’esprit de fête insatiable, et une nouvelle femme puissante, sensuelle et solaire – incarnée à l’époque par Betty Catroux, la muse de Yves. Étincelant ! ES GOLD, Les ors d’Yves Saint Laurent Exposition au musée Yves Saint Laurent Paris jusqu’au 14 mai 2023 119

➀ Robe du soir longue en

paillettes or incrustée de pierreries multicolores. Collection haute couture automne-hiver 1966-1967.

➁ Yves Saint Laurent

en coulisses du défilé Saint Laurent rive gauche automne-hiver 1977, Paris. Photographie de Guy Marineau.

➂ Ensemble du soir porté par

Karen Mulder. Collection haute couture automne-hiver 1995. Photographie de Guy Marineau.

© Yves Saint Laurent © Guy Marineau

© David Bailey / Vogue Paris


La fête des couleurs

Alors qu’elle vient tout juste d’ouvrir une boutique-atelier dans son showroom du côté du canal Saint-Martin, la conceptrice des beaux pulls Rose Carmine, Sandrine Ganem, nous fait quelques confidences sur les secrets de sa créativité.

Texte Estelle Surbranche Photos Voir mentions

Quand avez-vous commencé l’aventure Rose Carmine ? Pendant dix-huit ans, j’ai travaillé dans les arts de la table : je peignais à la main sur porcelaine. C’était déjà très créatif. À mes 40 ans, j’ai eu envie de changer, et je me suis mise au tricot. Je peignais déjà beaucoup… J’ai eu alors l’idée de réaliser mes tricots comme des tableaux pour tricoter le pull de mes rêves. Je voulais un dégradé de couleurs, mais qui ne soit pas fait de rayures. Et là, j’ai eu l’idée de mon fameux pull tie and dye, qui est l’ADN de la marque. J’adore les

couleurs… Quand j’ai découvert les variétés de teintes possibles et la diversité des matières dans les pelotes, j’ai carrément plongé dedans ! Je n’avais pas forcément l’idée de créer une marque car je ne tricotais pas très bien à l’époque, même si j’ai vite appris car je suis très manuelle. Vous commencez donc à tricoter toute la journée pour réaliser cette idée ? Oui, je restais toute la journée à la maison pour réaliser ce pull de mes rêves. J’étais même un peu gênée car à l’époque, il y a treize ans, le tricot n’était pas très à la mode. Mes enfants me regardaient et disaient « Maman est à la maison et elle tricote », pas très flatteur… (Rires.) Alors qu’en fait, je cogitais et c’est précisément à cette période que j’ai créé la base de Rose Carmine : le tie 120

and dye, le fait-main et évidemment le durable. Je rapportais des pelotes de mohair de couleurs différentes, je les mettais sur mon lit, je les bougeais pour créer une mer de couleurs… et ça me faisait vibrer. Entre faire son pull de rêve pour soi et lancer une marque, il y a quand même une marge… Oui, mais c’est ma personnalité. Quand j’aime quelque chose et que j’ai envie, je vais jusqu’au bout. Je suis absorbée jusqu’à la totale réussite du projet. Ça m’a pris six mois pour tricoter mes trois premiers pulls car je tricote lentement. Après, je me suis attelée à trouver des solutions pour développer l’idée. À chercher des dames qui vont pouvoir tricoter à ma place, puis des acheteurs… Aujourd’hui, je suis vendue dans le monde entier et nous sommes


© Reypit


Photos © DR

quatre. Même mon mari nous a rejoints : il s’occupe de notre toute nouvelle boutique-atelier. Mais pendant sept ans, j’ai été toute seule dans la boîte. Je faisais tout : de la sélection des fils de laine jusqu’au dépôt des colis de pulls à la poste…

“Le pull tie and dye est l’ADN de la marque”

Rose Carmine du lundi au vendredi, de 11 h à 18 h, 6 bis rue Yves Toudic, Paris 10e

Les pulls Rose Carmine coûtent toujours très cher… C’est du très beau travail, à la main, quasiment de la couture, avec des fils de la plus haute qualité… Du coup, c’est vrai que le pull coûte cher. Mais l’idée, c’est de le garder toute la vie. Comment expliquez-vous le succès du tricot actuellement ? Pas seulement le tricot, la céramique aussi ! Je pense qu’on a besoin de revenir à des choses authentiques. Nous vivons une période trouble et très violente, et le tricot nous ramène à des périodes plus rassurantes, à des souvenirs avec une mère ou une grand-mère… Et puis c’est lent, tout le contraire de la fast fashion. Ça fait du bien. 122

Vous habitez à Paris ? Je suis 100 % parisienne ! Je suis née à Saint-Germain-des-Prés. J’ai habité longtemps dans le Marais… et aujourd’hui je suis à côté du canal Saint-Martin. Pas loin de mon bureau-showroom. Je suis toujours près de mon travail ; je ne veux surtout pas me retrouver dans les embouteillages, etc. Je veux pouvoir me laisser happer par mes pensées, mes rêves, pour nourrir ma créativité. Paris a beaucoup de défauts, mais quand on se balade dans la ville, quand il y a une bonne lumière, tout le monde – y compris les Parisiens – est médusé par sa beauté. Chaque jour, je passe sur le canal et je suis émerveillée, quelle que soit la saison ; j’ai envie de m’arrêter pour prendre une photo parce que c’est trop joli ! Je m’émerveille beaucoup : en cela, je suis restée une enfant. Je peux rester pendant des heures devant la mer à décortiquer ses couleurs, ses bleus, le gris du ciel… Mais je crois que ce je préfère par-dessus tout, ce sont les couchers de soleil !


Déco ×

“Nous ne nous réclamons d’aucune tendance ou même d’aucun style en particulier. Nous sommes « éclectiques ». Mais, les parents de Dana résidant en Israël et les miens en Espagne, nous ne possédions pas d’objets de famille, alors nous avons eu à cœur de tisser notre histoire ici au travers des pièces que nous collectons et que nous allons transmettre…” Pat Muskat, fondateur de BigStuffed p. 132

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La toute nouvelle marque Les Chahutées fait souffler un vent de bonne humeur sur le linge de maison avec ses illustrations poétiques et messages humoristiques… Un label plein de peps à l’image de sa créatrice, Anne-France, une Parisienne amoureuse du 10e ! Comment est née l’envie de créer « les chahutées » ? Quand j’étais enfant, avec mes cousins, un joli chahut régnait autour de la table, on se disputait la place… J’adorais ! J’ai voulu recréer ce brouhaha de début de repas. J’ai alors pensé aux serviettes à message, colorées, différentes, qui surprennent, permettent de sourire et d’engager la conversation avec son voisin, notamment via des illustrations…

leschahutees.com

© Les Chahutées

© Franck Schmitt

AnneFrance Basly des Chahutées

Anne-France Basly accompagne chaque paquet d’un petit mot !

Puis les copines m’ont aiguillée vers les torchons, qu’elles adorent offrir pour un dîner, à la place de fleurs. Alors j’ai cherché dans cette direction, et l’histoire des Chahutées a débuté ! Pouvez-vous nous parler des premiers artistes avec qui vous avez choisi de travailler ? C’est Cléo Wehrlin qui m’a fait confiance en premier. J’adore ses silhouettes, son humour et sa poésie. Puis j’ai travaillé avec Jesus Ortiz qui marie photo et crayon, Sandrine Péron, qui réalise de magnifiques gravures, m’a prêté ses animaux pour créer Les Rébus… et enfin ma graphiste, Valérie Perreau, a mis en images mes délires autour des Fish et toute la famille On s’en Fish. Matías Larraín m’a offert deux illustrations que j’ai appelées Art Modern. Les illustrations restent mon moteur… Je suis fan de Voutch, Soledad, j’adore leur univers qui me fait sourire et celui de Sempé me touche par sa poésie et son humour. 124

La déco a peut-être aussi besoin de se prendre un peu moins au sérieux ? L’univers de la cuisine est très statique, statutaire, et détenu par de grandes marques. Il n’y a pas d’humour, or on passe plus d’une heure et demie par jour dans sa cuisine ! Pour moi, la table, c’est l’un des meilleurs moments de la journée, alors il faut sourire et la rendre festive. Vous proposez aussi un service à la demande : comment ça se passe ? Oui, j’aime tellement les serviettes brodées… Les miennes sont réalisées en France, dans les Landes, selon vos désirs. Il suffit de m’écrire un mail. Il faut moins de deux semaines (hors période de fêtes) pour les recevoir. Les gens apprécient que le savoir-faire français soit maintenu, que les acheminements soient réduits, comme nos emballages. Ils sont minimalistes mais faits avec beaucoup d’amour : c’est moi qui réalise chaque paquet, accompagné d’un petit mot personnel. ES


ParisMiami

© Dimaj Studio

© Herve Goluza

DÉCO. Les amateurs d’Art déco – et on sait qu’ils sont nombreux à Paris ! – devraient apprécier le nouveau style du bar de l’hôtel Mercedes, icône du genre à Paris depuis cent ans. Repensé par l’architecte et décoratrice Dorothée Delaye en hommage au Miami des années 30, il se pare de rose laqué, de moquette graphique et de vitraux qui font instantanément voyager. YS

Marcel, à table ! VAISSELLE. Les arts de la table français lui doivent une fière chandelle : Mary Castel, avec son label Maison Fragile, a rendu à nouveau désirable la délicatesse de la porcelaine… à tel point que ses coupelles, de la collection Make Earth Great Again, illustrées par Safia Ouares, trônent sur la table du palais de l’Élysée ! Pour les fêtes, elle invite ses amis artistes à interpréter leur vision de la madeleine de Proust pour son café éphémère à l’intérieur de sa boutique rue de Turenne, rebaptisée Chez Marcel. L’occasion aussi de remettre en lumière la collection Chers Parisiens en porcelaine fine de Limoges réalisée avec Jean-Michel Tixier. Ses dessins délicats sont peints à la main sur des assiettes, des tasses à café et des mugs, en or 24 carats. Très chic ! Jusqu’au 24 décembre. MH 125


SU C C ESS STORY

Laurent Taïeb & Philippe Starck

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Texte Thomas Thevenoud Photos Jérôme Galland (sauf mention)

L’autre moitié du ciel

Self-made-man aux plusieurs vies, Laurent Taïeb a connu des succès fulgurants en ouvrant des restaurants d’exception comme le Kong ou Madame Rêve. Avec son fidèle complice Philippe Starck, il s’est lancé un défi proprement renversant : ouvrir un hôtel au sommet d’une des deux tours conçues par Jean Nouvel dans le 13e arrondissement à Paris. Portrait d’un homme qui a pris l’ascenseur social pour monter jusqu’au rooftop sans jamais oublier d’où il vient.


SU C C ESS STORY

Sur le toit du Madame Rêve

© DR

“Comment on fait pour créer de la vie ? C’est la question de ma vie”

Son quotidien ? Les chantiers, comme ici celui du Too Hôtel.

© Philippe Vaurès

et blanches mais aussi, à nos pieds, les images d’un nouveau Paris qui se construit et donnent à la ville des allures américaines : la perspective de l’avenue de France et ses immeubles futuristes, les voies de chemin de fer qui s’infiltrent sous la Station F et le chassé-croisé des vélos et des tramways. Et puis, à 360 degrés, en activant la fonction panoramique de notre œil : le vaste monde de la banlieue, celui qu’on appelle le Grand Paris et qui n’a jamais aussi bien porté son nom. Finalement, Paris n’est pas si petit. Au 27e étage, Paris est même immense, Paris est vivant, Paris est lumineux.

Au 27e étage, Paris est immense Depuis quelques mois, les tours Duo imposent leur présence oblique et contrariée dans le paysage parisien. Fausses jumelles mais vraie prouesse architecturale, elles donnent une raison de plus d’aller à la découverte de ce 13e arrondissement qui porte décidément bonheur au nouveau Paris. Lorsque je monte au sommet du Too Hôtel, le nouveau bébé de Laurent Taïeb, je me dis que le ciel de la Capitale n’a jamais semblé aussi vaste. Des vagues de nuages déferlent sur nous comme si Paris avait rejoint la mer, le vent souffle fort et le phare de la tour Eiffel, familier et rassurant, balaie la ville qui s’éclaire peu à peu. Tout Paris est là, pris dans un seul regard mais comme à rebrousse-poil. Les monuments historiques, icônes du tourisme mondial alignées comme à la parade, la Seine puissante et imperturbable qui s’écoule avec l’assurance de l’éternité, le ruban du périphérique et sa poésie ininterrompue de lumières rouges 128

De la rue Curial au Canada Élégant en veste et tee-shirt noirs, l’œil attentif et rieur, Laurent Taïeb m’attend au TacTac, le bar du Too Hôtel, sa dernière création. Il n’a jamais douté qu’il serait celui qui aménagerait les lieux. Pas par forfanterie, mais parce qu’il savait que Paris attendait un projet comme celui-là. L’avenir vient de loin. Il interroge la ville du regard : « Ici, on concentre tous les possibles de Paris. Comment on fait pour créer de la vie ? C’est la question de ma vie. » Il est né à Tunis en 1965 et a dû en partir à l’âge de 9 ans. « Quand ils ont quitté la Tunisie, mes parents ont tout perdu, même la joie de vivre. » Dans le petit appartement de la rue Curial près de la porte d’Aubervilliers où la famille a trouvé refuge, les vis-à-vis sont proches et les vues sont dures. Le jeune Laurent veut s’en sortir : l’école publique lui enseigne la mixité, aux Puces de Saint-Ouen il s’initie à la beauté des choses… Deux ans à la fac de Tolbiac, dans le 13e arrondissement déjà, suffisent à le convaincre que les études ne sont pas faites pour lui. Aujourd’hui, il se dit autodidacte. À l’époque, celle de Téléphone, il rêve lui aussi


Vous voyez ce cube tout en haut de l’immeuble ? C’est là où vous pourriez passer la nuit !

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SU C C ESS STORY

“Dans le 13e, son ambition prend une envergure XXL avec le Too Hôtel”

d’un autre monde. Il va le découvrir de l’autre côté de l’Atlantique : à Montréal, sur le rooftop de l’Hôtel de la Montagne. Là, des jolies filles se baignent en bikini dans une piscine, le ciel est immense, il a 22 ans et il décide de prendre l’ascenseur.

50 appartements à Paris Alors il rentre à Paris. Fin des années 80, l’immobilier parisien flambe, on achète, on vend en

quelques semaines. Il épluche les petites annonces du Figaro et pose toutes ses économies pour acheter et revendre, retapé, un premier logement. Il se révèle brillant à ce jeu-là. Un an plus tard, il est à la tête de 50 appartements dans Paris. C’est l’époque où on va écouter Prince au Palace en jogging de cuir. Juste avant la guerre du Golfe, il revend tout et part faire le tour du monde. À Tokyo, il découvre, fasciné, les bars à sushis et leur tapis roulant mécanique. Il décide d’importer le concept à Paris avec l’aide, déjà, de son ami Philippe Starck et de celle, plus inattendue, des ferrailleurs de Stains pour la partie technique. Succès immédiat.

Approuvé par Carrie Bradshaw ! Il ne suffit pas de proposer un endroit où on a plaisir à se retrouver, un restaurant où « ça bougeotte un peu », un bar où on peut grignoter. Comment créer de nouveaux concepts ? « Se projeter dans ce que les gens vont être demain », c’est l’ambition de Laurent Taïeb. Début des années 2000, la Samaritaine, cette vieille dame où on trouve tout depuis si longtemps, a besoin d’un sacré lifting. En avant-première d’une rénovation qui va durer quinze ans, Laurent Taïeb ouvre le Kong, rooftop de verre avec vue sur le Pont-Neuf. Un épisode de Sex and the City y est tourné et c’est le buzz mondial. Est-ce la célèbre série ou ses souvenirs dans son cinéma de quartier dont il était un fervent aficionado ? Toujours est-il que dans les années 2010, il s’essaiera producteur de cinéma : il met des billes dans Il reste du jambon ? (2010), En solitaire (2013) ou Le Temps des aveux (2014). Aujourd’hui, il ne veut plus en parler. Il a tourné cette page de sa vie et préfère créer des lieux où le client se sent comme une star de 130


La vue à couper le souffle depuis le Too Hôtel !

cinéma, à l’image du Madame Rêve dans la poste du Louvre. Un rooftop étonnant, où même Carrie Bradshaw serait bluffée par cette vue imprenable sur les toits de Paris !

Un palace abordable Mais, ici, dans le 13e, son ambition prend une envergure XXL. L’originalité des tours Duo conçues par Jean Nouvel réinvente l’idée même de verticalité et offre à ce nouveau quartier une signature exceptionnelle, comme une empreinte pour l’Histoire et un symbole de la réinvention de Paris, après des années difficiles. Laurent Taïeb n’oublie pas cette dimension urbaine et historique. Passionné de philosophie, il cite Confucius et Goethe. « Quand Paris a perdu les JO

contre Londres, il a fallu se retrousser les manches. Paris avait besoin de nouveaux projets. » Avec le Too Hôtel, il a voulu concevoir un hôtel de luxe mais abordable. Manière de prouver que tout le monde peut s’offrir une expérience unique, et aussi pour lui de renouer avec son histoire : « En permettant à tout le monde de venir ici, je lutte à ma manière contre le communautarisme. » Au bar, le verre de vin est à 10 euros. À l’hôtel, la chambre la plus chère à 400 euros. Rien à voir avec les palaces du centre de Paris.

Le Too Hôtel, une expérience hors du commun L’expérience commence au 17e étage. En dessous, ce sont les bureaux de la BPCE. Même vue 131

certes, mais imaginaire bancaire. Quand on sort de l’ascenseur, l’ambiance est feutrée et les couleurs pastel. Le rose poudré et le beige cassent la rigidité du bâtiment, le béton devient sensuel. Le plus impressionnant est encore la vue – une vraie signature dans les projets Taïeb. Le ciel de Paris remplace le home cinéma. Pour ceux qui craignent la lumière, la domotique a prévu une fonction black-out. Pour les autres, c’est le spectacle de la ville : grandiose et hypnotique. Les yeux de Laurent Taïeb brillent toujours. On pourrait penser que ce projet à 128 mètres de hauteur l’aurait épuisé… Il n’en est rien. L’homme d’affaires est déjà en train d’imaginer la déclinaison du Too dans une autre ville française.


Texte Juliette Le Lorier Photos Lucile Casanova

Le repaire des créateurs des peluches BigStuffed Heureux parents de BigStuffed, une marque de peluches aussi singulière qu’attachante, et d’un joyeux petit garçon de 4 ans, Dana Muskat et son mari Patrick ont investi une ancienne fabrique de modèles réduits du 11e arrondissement, du côté d’Oberkampf, pour y établir leur showroom atelier, au rez-dechaussée, et leur domicile, deux étages plus haut… 132



Patrick et Dana

Déménager enceinte…

“Atelier et bureau au rez-de-chaussée, appartement au deuxième étage du même immeuble : Dana et Pat ont raccourci au maximum leur temps de trajet”

« En fait, tout s’est fait par étapes et par opportunités : nous avons d’abord trouvé l’atelier via une annonce sur le Bon Coin, et quelques années plus tard, la gardienne nous a annoncé que l’appartement le plus vaste de l’immeuble se libérait au deuxième. Dana étant enceinte de 8 mois et demi à l’époque, nous cherchions à nous agrandir : cela tombait à pic ! Depuis, nous avons aussi investi un troisième espace du rez-de-chaussée pour y établir le département commercial de BigStuffed », explique Patrick, architecte de métier, qui a rejoint Dana en 2017 afin de développer cette marque de peluches hors normes et hors gabarits qui s’adresse autant aux petits qu’aux grands enfants.

Un bestiaire aquatique L’histoire de BigStuffed elle-même s’est construite au fil du temps, sans suivre les traditionnelles stratégies marketing ou autres business plans d’usage… « Nous sommes avant 134

tout des créatifs ! », se plaisent à rappeler Dana et Pat. Tout a donc commencé par hasard en 2014, à l’occasion de la naissance de sa petite nièce. Dana, fashion designer d’origine israélienne installée à Paris pour travailler auprès de grandes maisons de couture, s’est alors mis en tête de fabriquer une peluchepieuvre géante en guise de cadeau de naissance. « Ce spécimen a eu tellement de succès que j'ai commencé à en faire d’autres pour des amies : en piochant mes inspirations dans les fonds marins, puis en étendant mon univers à toute la faune », se rappellet-elle. Pieuvres, baleines, crabes, mammouths et diplodocus viennent bientôt coloniser le salon de Dana et Pat avant d’être mis en vente sur le compte Etsy de BigStuffed qui fait rapidement un carton aux États-Unis. « Dana cousait jusqu’à sept peluches par jour depuis la maison, elle a dû épuiser l’intégralité du catalogue Netflix à cette époque ! » s’amuse Pat.

Une petite entreprise qui devient grande Au gré des ventes et des retours de propriétaires conquis, la petite entreprise s’est professionnalisée, Patrick venant assurer toute la partie commerciale, et Dana délaissant la production artisanale pour la confier aux bons soins d’un atelier en Lituanie. « Mais le concept est toujours le même : outre le look inhabituel et les dimensions XXL de nos peluches, elles se distinguent par leurs matières premières. Nous avons à cœur de proposer des objets qui durent et qui puissent être considérés comme de vrais accessoires de décoration, alors nous n’utilisons que des tissus issus de la mode, de grande qualité et de belle facture », expliquent Dana et Pat dont l’appartement, deux étages plus haut, où s’ébattent les animaux marins en toute liberté des chambres jusqu’au salon, illustre merveilleusement les dires !


➀ Bureaux :

La Redoute Banc : Vintage Chaises : Vintage Suspensions : Faites par Dana

➁ Suspensions : faites par Dana Chaise main : marché aux Puces Scène/ présentoir : faits par Patrick

➂ Canapé : made.com Coussins : faits par Dana Vases : vintage et céramiques de Dana Table basse : vintage

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“Nous avons à cœur de proposer des objets qui durent et qui puissent être considérés comme de vrais accessoires de décoration”

Une décoration à transmettre Locataire depuis bientôt cinq ans, le couple a effectué très peu de travaux de rénovation à l’étage, si ce n’est dans la partie salle de bains, et a préféré conserver les murs blancs en l’état dans un souci d’intemporalité. En ce qui concerne la décoration, en revanche, Dana et Pat ont à cœur de mettre la main à la pâte. Chineurs avertis, ils ne manquent jamais l’occasion de courir les brocantes, les vide-greniers, les sites internet ou même les réseaux sociaux pour dénicher les pépites vintage, pièces Art déco ou autres coups de cœur qui ponctuent leur décoration intérieure. « Nous ne nous réclamons d’aucune tendance ou même d’aucun style en particulier. Nous sommes “éclectiques”.

Mais les parents de Dana résidant en Israël et les miens en Espagne, nous ne possédions pas d’objets de famille, alors nous avons eu à cœur de tisser notre histoire ici au travers des pièces que nous collectons et que nous allons transmettre… » souligne Pat. Entouré d’amis artistes, le couple collectionne par ailleurs les œuvres qui viennent habiller les murs de l’appartement : depuis les dessins originaux de Joann Sfar dans la chambre d’enfant jusqu’aux appliques d’Assi Joseph Meidan dans l’entrée du salon. Enfin, créatifs et manuels eux-mêmes, le couple est à l’origine de nombreuses pièces de décoration ou autres agencements, tels que l’armoire de la chambre qui s’avère être un assemblage astucieux et 137

➀ Suspensions :

pomponbazar.com Vase bleu cheminée : latelierdepablo.com Tapis : instagram.com/ bohemian chicinteriorshop Fauteuil : trouvé dans la rue et retapissé

➁ Suspension : pomponbazar.com Peluches : bigstuffed.com Canapé : homespirit.fr ➂ Table : brocante Chaises : brocante Lampe : Habitat Vases : brocante


➀ Chaise : Ron Arad

Armoire : Habitat (hack)

fonctionnel de caissons IKEA montés sur pieds. « Pat sait tout faire ! » s’émerveille Dana en nous montrant les céramiques qu’il a réalisées dans un atelier du 10e arrondissement et qui garnissent avantageusement les étagères de la grande bibliothèque du salon… « Aujourd’hui, il travaille surtout le bois, c’est d’ailleurs lui qui a confectionné notre table basse. » Dana elle-même n’est pas en reste,

“Nous avons eu à cœur de tisser notre histoire ici au travers des pièces que nous collectons et que nous allons transmettre…”

puisqu’elle a conçu et fabriqué toutes les suspensions pour le showroom et certaines pour l’appartement…

Une maison de campagne Pour l’heure néanmoins, le couple confesse délaisser quelque peu la décoration du quatre-pièces et du showroom parisiens pour se consacrer pleinement à la rénovation de la maison de campagne qu’ils viennent d’acquérir en Bourgogne. « La naissance de notre fils et surtout les innombrables vacances scolaires qui s’ensuivent ont rendu indispensable l’acquisition d’un lieu de vie en dehors de Paris. Là-bas, il peut s’amuser tranquillement tandis que nous retapons tout nous-mêmes : depuis le parking que nous avons transformé en jardin jusqu’aux pièces à vivre que nous redécorons. Et Pat a enfin son atelier pour travailler le bois ! » 138

Des collabs avec des marques de mode Pour autant, les heureux parents de BigStuffed ne s’imaginent pas du tout pour le moment abandonner trop longtemps leur nid parisien. S’ils vantent les mérites du télétravail, leur petite entreprise, de plus en plus florissante, multiplie les collaborations et les événements. Leur présence régulière dans la Capitale est donc nécessaire. « Après Bonpoint, The Animal Observatory ou encore Jacquemus avec qui nous avons créé des collections capsules de peluches créées à partir de chutes de tissus d’anciennes collections, nous aimerions beaucoup travailler avec d’autres marques de mode sur des projets de récupération. C’est aussi une façon de montrer que nous ne sommes pas circonscrits à l’univers du jouet ! » s’exclament-ils de concert… Alors à bon entendeur !


× “Premier parc national périurbain, terrestre et marin d’Europe, le parc des Calanques est le dernier-né des dix parcs nationaux français. Falaises vertigineuses, garrigue sauvage, eaux cristallines, de quoi ravir les marcheurs et vivre une expérience forte au contact de la nature !” Nadège Laurens, p. 142

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© Michel Figuet

Voyage impressionniste Comment imaginer un tel havre de paix à seulement quinze minutes de l’Arc de triomphe ? Au bord des étangs de Corot à Ville-d’Avray se dresse une bâtisse étrange et attirante, une ancienne guinguette du XIXe siècle tout en bois lie-de-vin, classée, accolée à une grande maison : il s’agit du fraîchement rénové hôtel et spa Les Étangs de Corot. POUR LES ÉPICURIENS. La décoration est au diapason de cette demeure atypique : en l’honneur de la nature environnante et du peintre Camille Corot, elle fait la part belle aux dessins représentant la flore, aux couleurs franches, et porte les animaux en majesté à travers leurs portraits « humanisés » qui ornent les couloirs. La nature est effectivement omniprésente – et c’est bien étonnant pour un Parisien – autour de cet hôtel qui est à cinq minutes à pied de la luxuriante forêt du domaine de Saint-Cloud. Les runners, promeneurs et cyclistes se délecteront de ce bain de verdure ! Cette nature à portée

de main a inspiré le chef, Rémi Chambard, qui tient les deux restaurants des lieux, le bistrot Le Café des Artistes et le gastronomique, Le Corot. Il propose dans cet étoilé une « Promenade » en six services (130 €) ou une « Grande Balade » en huit services (165 €) à travers les trésors gustatifs des artisans de la région, cueilleurs, éleveurs ou vignerons. Et la féerie est véritablement dans l’assiette lorsqu’il sert en mise en bouche un bouillon de champignons du coin, comme un souffle magique de sous-bois, ou une tarte d’Avray aux champignons de Saint-Ouenl’Aumône, farce à la viande et oignons 140

confits dans un friand fondant, réinterprétation d’une exquise finesse d’un classique de la cuisine française. Les épicuriens apprécieront cette très belle table, mais aussi le spa en partenariat avec Kos et Phytomer, qui propose une expérience inratable. Sur les terrasses de l’ancienne guinguette ont été aménagées des « bulles », soit des jacuzzis privatifs extérieurs (à partir de 70 €). Ces bains donnent directement sur l’étang, une manière vraiment privilégiée de se détendre en admirant le paysage. Les Étangs de Corot, ou une multitude d’expériences qui permettent de se couper véritablement du train-train parisien, en un minimum de kilomètres ! ES Les Étangs de Corot 53/55 rue de Versailles 92410 Ville-d’Avray Chambre classique, à partir de 209 € Suite Junior, à partir de 379 € Suite, à partir de 419 €


Le chef étoilé Rémi Chambard

Repensée par l’architecte Christophe Bachmann, chaque chambre de l’hôtel est différente.

Photos © Michel Figuet

Le champignon de Saint-Ouen-l’Aumône, une des stars de l’assiette au restaurant Le Corot

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Texte Nadège Laurens Photos OTCM (sauf mentions)

Vivre l’expérience d’une ville multifacette

Marseille, ville de contrastes en perpétuel mouvement, offre de multiples visages aux visiteurs. Côté mer ou côté ville, elle met en lumière son patrimoine, ses quartiers et son art de vivre. Entre balades thématiques, visites insolites et shopping, le voyage à Marseille offre la possibilité de découvrir la ville sous un angle toujours nouveau. Suivez le guide !


L

’hiver, bien loin de l’agitation estivale, Marseille est idéale pour passer un séjour en famille, entre amis ou en couple. Marseille, forte d’un riche héritage historique, dispose d’une diversité étonnante, à travers ses 111 quartiers notamment, et mille et un trésors qui méritent le déplacement. Cet hiver dans la cité phocéenne, vous aurez amplement le temps d’explorer ses lieux d’intérêt comme la basilique Notre-Dame de la Garde, datant du XIXe siècle, ou la Cité radieuse, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Pour cette dernière, les visites guidées exclusives de l’office de tourisme sont fascinantes. Un temps de découverte aussi pour quelques expositions qui méritent le détour : Vingt-Deux ! Les moutons de François-Xavier Lalanne au château Borély, Vues sur mer à Regards de Provence, Alexandrie au Mucem ou encore la fabuleuse Cosquer Méditerranée.

Une balade piétonne Débutez cette aventure à pied sur le fameux Vieux-Port, où vous serez entouré de bâtiments historiques comme l’hôtel de ville ou le palais du Pharo, dont la construction fut ordonnée par Napoléon III pour l’impératrice Eugénie dans la seconde moitié du XIXe siècle. Direction les ruelles du centre, avec un stop de rigueur aux halles du Vieux-Port, ouvertes récemment, chez Maison Empereur, la plus vieille quincaillerie de France,

Inaugurée en 1952, la Cité radieuse de Le Corbusier fête ses 70 ans cette année.

“Envie d’une pause inspirante, n’hésitez pas à faire un tour dans le Panier, le quartier le plus ancien de Marseille” et chez Espigas pour découvrir les espadrilles de Marseille. Si vous avez envie d’une pause inspirante, n’hésitez pas à faire un tour dans le Panier, le quartier le plus ancien de Marseille, sur la rive nord du Vieux-Port, que les Phocéens investirent pour fonder Massalia. Avec ses étroites ruelles, ses lieux culturels, ses boutiques de créateurs. En outre, ce quartier a un intérêt particulier : il expose des œuvres d’art… à ciel ouvert ! Il est d’ailleurs devenu depuis longtemps l’autre référence du street art de la ville, en complément du quartier du cours Julien ! Un petit creux ? Option le Golda aux allées Gambetta ou le rooftop Les Réformés. De là, admirez la vue panoramique. 143

Il a aussi l’avantage de se situer tout proche du tissu culturel du quartier, de la librairie Maupetit en passant par l’Odéon ou encore le théâtre du Gymnase. À dix minutes de marche, le parc Longchamp, le préféré des Marseillais, un îlot de verdure de 8 hectares parsemés d’arbres, de pelouses et de musées.

Un hypercentre bouillonnant Il regorge d’adresses shopping en tout genre : des grandes marques aux petites adresses appréciées pour


© Maisons du Monde Marseille

SE LOGER

Les calanques

Maisons du Monde

© Casa Youm

Vicartem fait rayonner des lieux, en complément de l’offre Maisons du Monde Hôtel Marseille : 16 appartements Maisons du Monde Hôtel & Suites du 2e au 5e étage d’un immeuble d’exception au cœur de la ville depuis plus de vingt ans. 31 rue Paradis, 6e

Casa Youm

© Hôtel 96

Avec son grand jardin et sa piscine surplombant la ville phocéenne, cette maison d’hôte sera le lieu idéal pour se prélasser, partager, vous rencontrer. 12 plateau du Peintre, 16e

Hôtel 96

Labellisé Clef verte et idéalement placé pour des balades hivernales dans les Calanques. Construit au XVIIIe siècle, un élégant hôtel à l’atmosphère décontractée, dont vous apprécierez assurément la sérénité ambiante et une cuisine de saison mettant à l’honneur les produits du terroir, du potager et du verger. 96 av. de la Soude, 9e

leurs objets originaux, des boutiques de terroir aux brocantes… Ainsi, de détours en retours, on ne saurait que trop vous conseiller d’aller chez Azul, le concept store et cantine qui met en avant le savoir-faire des artisans et créateurs méditerranéens, et chez Jogging pour la sélection pointue d’Olivier Amsellem. Plongez aussi dans le quartier en plein renouveau de Noailles et ses nombreuses boutiques : tisane marseillaise du Père Blaize, Saladin, Jiji, L’Épicerie, etc. Toujours dans le même périmètre, il est plus qu’intéressant de tester le Livingston, élu meilleur bar à délices par le Fooding en 2022, et labellisé Écotable.

Une ville nature Marseille effervescente, mais ville de nature et de sérénité grâce à sa topographie si parfaite, à la croisée de la Méditerranée et de la nature exceptionnelle de ses collines comme de ses calanques. Loin du tumulte, l’archipel du Frioul, que 144

l’on gagne à bord d’une navette au départ du Vieux-Port, ou que l’on peut admirer depuis la Corniche en toute quiétude, notamment lors des week-ends « La voie est libre », opération qui consiste à rendre piétonne une partie du littoral marseillais un dimanche par mois. Premier parc national périurbain, terrestre et marin d’Europe, le parc des Calanques est le dernier-né des dix parcs nationaux français. Falaises vertigineuses, garrigue sauvage, eaux cristallines, de quoi ravir les marcheurs et vivre une expérience forte au contact de la nature. Autre ambiance, la Treille, petit village dans les quartiers est de Marseille, est perché sur une colline du massif de l’Étoile qui vous conduit sur les pas de Pagnol. Aux heures vespérales, il est temps de renouer avec le monde et la tradition locale… de l’apéro. Oui, l’apéro fait partie du séjour, croyez-nous. Les adresses sont nombreuses, mais pour que l’expérience soit une réussite, rendez-vous au Comptoir d’Endoume ou place des Canailles aux Docks. INFOS PRATIQUES Office métropolitain de tourisme et des congrès de Marseille 11 La Canebière, 13211 Marseille 0 826 50 05 00 marseille-tourisme.com Réservez votre City pass, visites, balades… sur marseilleexperience.com En train, Paris-Marseille 3 h 20 en TGV


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