VIVRE LE BASSIN 8

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HIVER 2022-2023 NUMÉRO 8 — VIVRE LE BASSIN Le magazine des gens du Bassin — Trimestriel — Décembre 2022 / Janvier / Février 2023

L’HERBE

L’histoire et les secrets de la Villa algérienne

LE MAGAZINE DES GENS DU BASSIN —

ANDERNOS

Les Nouveaux Apéritifs de Guillaume et Thibaud

Olivier,

le nettoyeur du Bassin ! Nettoyeurs Subaquatiques

Thomas construit les bateaux de l’avenir GUJAN-MESTRAS

Dans l’atelier de Jean-François Escande PETIT PIQUEY

Nouvelle formule

Naissance du groupe June’s Paradise ! CAZAUX

L 11962 - 8 - F: 5,00 € - RD



ÉDI TO

Vivre le Bassin 15 bis rue Gustave Loude 33260 LA TESTE-DE-BUCH Directeur de la publication Rédacteur en chef Yann Crabé infos@vivrelebassin.fr Administration et finance Marjorie Batikian marjorie@vivrelebassin.fr Direction artistique & Design graphique Grand National Studio hello@grandnationalstudio.com RÉDACTION Journalistes & photographes Pascal Bataille, Patrice Bouscarrut, Christine Heim, Ineh, JeanChristophe Lauchas, Sabine Luong, Mélanny Rodrigues, Brigitte Vergès Secrétaire de rédaction Isabelle Calmets ABONNEMENTS Vivre le Bassin www.editionsvivre.fr marjorie@editionsvivre.fr VIVRE LE BASSIN est édité par Capitale Publishing SARL de presse au capital de 5 000 € Siège social 55, boulevard Pereire 75017 PARIS RCS Nanterre 517 815 908 Gérant : Yann Crabé PUBLICITÉ & PARTENARIATS Contact : 06 08 68 33 88 infos@vivrelebassin.fr Distribution France MLP Numéro commission paritaire CPPAP : 0324 K 94831 ISSN : 2781-8357 IMPRIMERIE ROTIMPRES Girona, Espagne

Il n’y a pas de petites aventures, il n’y a que de grandes histoires

C

inq, quatre, trois… L’année touche à sa fin, précipitant le moment du bilan, du décompte, celui de se remémorer les bons moments et d’en imaginer d’autres. Le 31 décembre dernier, autour d’une bouteille de vin et d’une douzaine d’huîtres, je rencontrais Yann, l’éditeur et rédacteur en chef de ce magazine, la personne grâce à laquelle vous lisez ces lignes aujourd’hui. Douze mois, quatre numéros et des dizaines de parutions plus tard, je me réjouis toujours de pouvoir, grâce à lui, faire rayonner vos talents, vos minois, vos idées. Bercée sur le Bassin, c’est ici, sur cette terre d’iode et de joie que je m’accomplis et m’inspire le mieux. Acheter un camping- car, suivre le pèlerinage des gitans des Saintes-Marie-de-la-Mer, assister au championnat du monde d’œuf mayonnaise, photographier l’une des dernières populations au monde de gorilles des montagnes, de l’Ouganda à la Tanzanie, porteuse du festival Musettes, c’est en célébrant les femmes d’ici sur le domaine de la Montagnette que j’ai vibré de mes plus belles émotions. Dans les pages qui vont suivre, vous retrouverez un échantillon de tous ces hommes, ces femmes, artistes, créatrices,

entrepreneuses qui ont su d’une pulsation commune faire palpiter mon cœur, ma plume et celles de la rédaction. En attendant, puisque le temps file à vive allure, prenez bien soin de vos jolies personnes, de vos proches, choyez-les de mots doux, de pensées, de petites attentions. Ne laissez pas vos passions se distiller dans les regrets, vivez-les, avec plus d’intensité chaque jour, puisque l’amour sera toujours notre plus solide fondation. … deux, un : la légende voudrait que souhaiter une belle année à l’avance porte malheur, alors pour l’heure, je ne dirai rien de plus que merci infiniment, bonne lecture et à très bientôt !

Mélanny Rodrigues

Photo de couverture Jean-Christophe Lauchas

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SOMMA I RE

© Jean-Christophe Lauchas

© Mélanny Rodrigues

© Mélanny Rodrigues

V I V RE L E BASSI N H I V ER 2 0 2 2/2023

Culture — Jessica Saudout grave la peinture p. 10

Douceur et groove avec June’s Paradise p. 12 Fabien Abadie L’oreille des grandes maisons p. 14 Jean-François Escande L’architecte qui rêvait d’abstraction p. 18 Silver Coast Tattoo Shop, le tatouage dans la peau p. 22

Food —

Reportage —

Les fromages d’Annie Rouquette p. 26

Léon Lesca et son rêve mauresque p. 44

Le Club des Toqués au golf d’Arcachon p. 28 Les nouveaux apéritifs de Guillaume et Thibaud p. 30

Mer —

Olivier nettoie les fonds marins du bassin d’Arcachon p. 34 Cécile Peys-Sanchez La perle brute p. 40

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Portfolio — François Dhoury La photo pour révéler « son soi » p. 52



SOMMA I RE

Mode Déco — Solenn Tropée La couture en héritage p. 62

La Vie de bohème d’Émilie et Christelle p. 63 Catherine Mir Artiste nomade p. 64 Rose Pudding La déco dans la peau p. 68

© Ground Picture

© Mélanny Rodrigues

© Mélanny Rodrigues

V I V RE L E BASSI N H I V ER 2 0 2 2/2023

Green —

Enfants —

Thomas Serré construit les bateaux de l’avenir p. 72

Un concept original pour apprendre l’anglais ! p. 90 Douceur et petit bonheur en musique p. 92

Des vacances insolites axées sur le bien-être p. 76

Sport Bien-être —

Cap à l’équilibre transmet les bonnes énergies p. 80 Surya la Vie Entre l’eau et l’éther p. 82 Les mondes de Véronique Rabion p. 86

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De sacrées drôles de dames ! p. 96

+ Le billet de Pascal Bataille p. 98




Culture ×

“En art comme en amour, l’instinct suffit” Anatole France, Le Jardin d’Épicure

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Multidisciplinaire, Jessica Saudout a fait de ses mains son outil de travail. Étudiante en horlogerie, c’est en mettant plus de cœur à mouler la boite contenant sa pendule que la Testerine choisit finalement de s’orienter vers la gravure sur peinture. Entretien avec cette jeune artiste ambitieuse et tout en minutie. Pourquoi avoir délaissé l’horlogerie ? L’horlogerie, c’est mécanique, la gravure, c’est plus au feeling. Il faut être appliquée mais on peut partir où l’on veut ! Avant, c’était des pièces en métal, de l’ornement, la gravure que je travaille désormais ne ressemble en rien à celle que j’enviais au lycée. Quelques précisions à ce sujet ? Après l’école Boule à Paris, j’ai testé différentes techniques, les estampes, la pointe sèche, la linogravure. Aujourd’hui, grâce à la gravure sur peinture, je peux lier le dessin, la

Photos © Mélanny Rodrigues

Gravure au feeling Jessica Saudout

gravure, la couleur et les textures sur plusieurs reliefs ! Ça semble être un long processus, non ? La durée varie selon le modèle et les détails. Chaque jour, j’applique deux couches de peinture, à raison d’une cinquantaine, que je laisse sécher une semaine. Ensuite, je dessine comme les idées me viennent ou à partir d’une projection d’un dessin pensé à l’avance ! Quels supports utilisez-vous ? Au début, je récupérais les plateaux de ma grand-mère, des souches coupées par mon grand-père, puis un jour un ami m’a donné une planche de skate, grâce à laquelle j’ai fait ma première vente. Depuis, ça va du rondin à la planche de surf ! 010

Qu’est-ce qui vous inspire ? Les natures mortes, les squelettes… La vanité fige des émotions dans lesquelles tout le monde peut s’identifier. Sur ma dernière planche, j’ai gravé une pieuvre et un crâne, les sillons, les hachures, les ombrages donnent une impression de dynamisme à mes créations. J’aime ce paradoxe ! Des projets à venir suite à votre passage au festival Musettes en septembre dernier ? Depuis trois mois, j’occupe un atelier dans une résidence d’artistes en Normandie où je crée des œuvres en vue de prochaines expositions. J’aimerais aussi proposer des ateliers de gravure, dessiner des affiches, des cartes postales. Tout reste à faire ! MR instagram.com/artistil



Douceur et groove avec June’s Paradise BALLADES ROMANTIQUES. June’s Paradise, c’est l’histoire de Mat, un enfant du Bassin, et d’Alex, une Périgourdine. Tous deux auteurs-compositeurs se sont rencontrés en 2018 lors d’un festival. Un vrai coup de cœur artistique ! Lui, c’est un artiste blues-rock qui a beaucoup voyagé, trimbalant sa guitare, et toujours inspiré par tout ce qui groove. Elle, c’est une voix exceptionnelle et une douceur dans la musique. Le public, ils connaissent et se sont déjà produits, chacun de leur côté, dans de nombreux pays. Il y a quelques mois, ils décident d’unir leurs deux univers en créant le duo acoustique June’s Paradise. Avec élégance, professionnalisme et beaucoup de talent, ils proposent lors de concerts, événements ou mariages, des reprises et ballades romantiques essentiellement anglo-saxonnes de Norah Jones, Prince, Joe Cocker, Sade, The Beatles, Lou Reed, George Michael, Amy Winehouse, entre autres, et le succès est au rendez-vous. « On essaie de mélanger nos deux univers, trouver un équilibre. Moi je représente le feu et elle l’air, et il suffit d’une petite brise pour que tout s’enflamme », expliquent joliment les deux jeunes artistes, avant d’ajouter que ce qui les guide « c’est de faire plaisir, c’est créer, c’est le partage, c’est la connexion avec les gens ». Avec lucidité, humilité et complicité, ils construisent l’avenir de leur duo et débordent de projets artistiques. Ils sont actuellement en train d’enregistrer une nouvelle chanson, une reprise de Rickie Lee Jones. JCL

© Jean-Christophe Lauchas

junesparadise.com

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L’oreille des grandes maisons

Alors que les sons de notre quotidien, tels que celui du microonde, des clignotants ou du téléphone, peuvent sembler insignifiants, pour d’autres, à l’instar de Fabien Abadie, designer sonore et compositeur de musiques électroniques, ces petits bruits peuvent de manière insoupçonnée éveiller de véritables vocations. Du Bassin aux plus grandes expositions internationales, rétrospective du parcours atypique de cet enfant d’ici.

Texte & Photos Mélanny Rodrigues

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ernier d’une fratrie de quatre, le jeune Fabien Abadie a été entraîné vers ses premiers accords de guitare électrique et de piano sous l’influence de ses sœurs, dont l’une pratiquait la flûte et l’autre le chant. Au sortir de l’adolescence, délaissant le Bassin au profit des nuits bordelaises, il découvre la culture club et au-delà de la techno s’intéresse aux artistes qui la produisent. Des années plus tard, sans même penser qu’un jour il pourrait vivre de cette musique qui le fascine, il entame une reconversion dans l’ingénierie sonore et part s’installer à Paris. Stimulé par la fougue de la capitale, le créateur expérimente et s’interroge sur le rapport des passants à la rue. Lampadaires, bancs, poubelles, il raccorde des micros au mobilier urbain et laisse les sons bruts, magnifiés par un orchestre de percussionnistes, interpeller les piétons. De l’ambiance sonore des 015

toilettes de la RATP à l’exposition Neuroscent d’Yves Saint Laurent à Dubaï, de l’inauguration d’une usine aux spots publicitaires de Clarins ou Givenchy, l’artiste ne cesse depuis de conceptualiser, mixer, produire et d’animer ce qui en apparence ne semble pas l’être.

Du studio à la scène De retour à domicile, il évolue désormais au sein de son propre studio de création, Branks, et donne à sa musique une nouvelle impulsion, plus expérimentale. Distorsion de mouvements, intelligence artificielle, il synchronise sa partition sur les pas graciles d’Irina, une danseuse ukrainienne avec laquelle il collabore sur de nombreux projets visibles sur les panneaux digitaux de galeries numériques, partout dans le monde. L’an dernier, il offrait au public du théâtre Cravey sa première performance live aux côtés de la flûtiste Marine Thibault, cette


Ressentir les arbres

“Je fonctionne à l’instinct, c’est très compliqué de provoquer l’inspiration, je la saisis quand elle vient et je crée dans l’instant”

Microphones et capteurs

année, il réitère l’exploit et signe l’intégralité de la trame sonore du spectacle Voice of Gaia, mis en scène et chorégraphié par la talentueuse Gujanaise Marion Plantey. Imaginée dans le cadre de la deuxième édition du festival Mouvement d’arts, cette représentation unique avait pour thématique un sujet proche de ses aspirations, « Quand la nature reprend ses droits ». Texturée et organique, sa musique est un échantillon de ce que l’environnement a de plus simple. Le sable qui s’égraine jusqu’au pied de la dune, le ruissellement de l’eau, le murmure du vent, tout l’inspire, le ramène dans la forêt de son enfance et fait écho à ses émotions. 016

Avec autant de subtilité qu’il en prête à la nature, plus récemment, le compositeur s’est intéressé aux maisons de luxe hébergées au sein de la galerie 19M, en associant son travail à celui d’Anne de Vandière, photographe officielle de Chanel. D’une précision sans faille, il a saisi toute la minutie du travail des cordonniers, des bijoutiers et des maroquiniers ; le martèlement des outils, la tension du cuir, le froissement des chapeaux, le son des machines à tisser et de la soie qu’on déchire, autant de matières brutes qui, assemblées sous son oreille virtuose, témoignent de la grandeur de l’artisanat français. S’il puise son inspiration au grand air, c’est bien souvent en solitaire, face à son ordinateur, que la magie opère. Retranscrire les ondes sismiques captées avec un géophone, insérer des micros au cœur du bois pour saisir le craquement des branches… plus proche du chercheur que du musicien, Fabien travaille davantage avec des machines analogiques qu’avec des instruments. Synthétiseurs, dictaphones, samplers, quelques notes de guitare, un brin de voix, d’une boucle à l’autre, les notes se répètent, se tordent, s’unissent révélant à mesure l’infinie palette de son talent. Explorateur dans l’âme, ce trentenaire aimerait découvrir et documenter par le son les espaces encore vierges de l’Islande, de la Géorgie et des forêts du sud de l’Italie, mais pour l’heure, il se concentre sur son territoire, avec l’envie d’articuler des événements sur les thèmes de l’art et de l’écologie, mettant en valeur la biodiversité du Bassin. Ouvert à toutes les formes d’arts, passionné et discret, ce travailleur acharné espère pour l’année à venir s’engager dans des projets communs, collaboratifs, dénicher de nouvelles formes d’inspiration et trouver ici, sur sa terre natale, un lieu ouvert, propice aux échanges et à la création. branks.fr


L’artiste en pleine création.

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Texte & Photos Patrice Bouscarrut

L’architecte qui rêvait d’abstraction Architecte et artiste plongé dans l’abstraction, Jean-François Escande nous livre une œuvre géométrique en noir et blanc qui ouvre la porte vers d’autres mondes. Il a installé son atelier à Petit Piquey.

Jean-François Escande

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© Christian Désile

CFA de Sainte-Livrade

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Artiste plasticien à 100 % L’architecte bordelais n’en est pas à son coup d’essai. Il a largement influencé la capitale girondine de son empreinte. Parmi ses réalisations : le centre social et culturel Bastide-Queyries, l’îlot C5 Lucien-Faure des Bassins à flot, le parc-relais du tram La Buttinière à Lormont… c’est lui. Mais aussi des œuvres à Sainte-Livrade-surLot en Lot-et-Garonne. « J’avais voulu redonner une vraie place au CFA, à côté du lycée agricole, se souvient l’architecte. C’était un

projet politique. » Ça l’est aussi pour les Bassins à flot avec ses toitsterrasses, son jardin collectif et social. Et bien sûr le centre au cœur de la Zac Bastide. L’émotion pour l’homme était à son comble lorsqu’il a exposé ses œuvres plastiques, dans ce centre culturel Bastide, qu’il avait créé 14 ans plus tôt. « J’ai adoré l’architecture, glisse Jean-François, mais pas le métier d’architecte. » Depuis 2016, à 61 ans, il se consacre exclusivement à son activité d’artiste plasticien, sur la Presqu’île. Le premier choc de Jean-François Escande c’est à 18 ans, lorsqu’il 019

© Christian Désile / ESA

oute sa vie, Jean-François Escande a jonglé entre ses deux passions. L’architecture, c’est son métier, et les arts plastiques. « Comme Le Corbusier qui disait : je suis un peintre égaré dans l’architecture », s’amuse l’artiste. Difficile d’ailleurs de bien scinder ces deux activités tant elles sont parallèles, s’entremêlent. Aujourd’hui, JeanFrançois Escande s’est installé dans sa maison à Petit Piquey sur la presqu’île du Cap-Ferret. Il crée dans son jardin, son atelier, une sorte de bunker moderne et accueillant dessiné par lui-même.

Centre social et culturel Bastide-Queyries à Bordeaux


“Chaque série est comme un monde parallèle dans lequel l’artiste s’amuse à nous perdre” tombe sur un livre sur Kandinsky. « L’abstrait est pour moi un refuge, je ne suis jamais arrivé à rentrer dans un tableau figuratif en couleur », admet-il. Mais si Kadinsky adore la couleur, lui ne travaille que le noir. Même si sa couleur préférée est le jaune… Comme si de la lumière solaire, Jean-François puisait son inspiration dans son opposé, l’obscurité.

Encre et charbon Évidemment, quand on pense noir, on voit aussitôt surgir le maître incontesté, Pierre Soulages. Mais si Jean-François travaille aussi les textures pour y faire entrer la lumière, son discours n’est pas là.

Lui c’est la géométrie, l’espace, la mesure, l’équilibre et bien sûr l’abstraction. Le tout dans une concentration extrême, cutter en main, pour découper des carrés noirs dans une matrice. Ou des projections millimétrées d’encre sur la feuille pour libérer des fleuves en relief, toujours avec ce souci de la géométrie. On ne se refait pas quand on est architecte… Chaque découverte technique, il la décline en une série jusqu’à l’extrême. Cha pour le travail au charbon et Ink pour celui de l’encre. Il semble que cette dernière a la préférence de l’artiste, puisqu’il en est à sa huitième série. Avouons-le, j’ai un petit faible pour Ink 4. 020

Jean-François Escande, comme dans la série précédente, a dessiné des lignes à l’encre, mais ce coup-ci, on retourne la feuille pour découvrir des reliefs sur le papier, dont la trace de l’encre est devenue imperceptible. La lumière se pose alors sur ces lignes avec une rare subtilité. Ink 8, la toute dernière création, présente une multitude de petits carrés dont certains coins se sont relevés. Là encore, la magie opère. Chaque série est comme un monde parallèle dans lequel l’artiste s’amuse à nous perdre. Son obsession, sa rigueur, son côté pointilleux exacerbé livrent une œuvre poétique qui libère l’esprit. jfescandeart.com



Xavier et Lucie

Silver Coast Tattoo Shop, le tatouage dans la peau Texte & Photos Sabine Luong

Ouvert depuis quatre ans en centre-ville de La Teste-de-Buch, la devanture du magasin Silver Coast Tattoo Shop intrigue. Entrons dans l’univers de Xavier et Lucie. 022


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uand on pousse la porte, l’ambiance atypique nous saute à la figure. Un univers sombre, des objets d’art, des toiles de Xavier qu’il refuse de vendre, des terrariums avec serpents et pogona, sauvés d’un futur létal, piquent la curiosité. Lucie et Xavier accueillent tout sourire et impressionnent avec leurs tattoos dans le cou, sur les bras et sur le visage. Pourtant, il se dégage d’eux une douceur perceptible, une authenticité et une simplicité qui font tomber toutes les barrières.

De l’architecture paysagère au tatouage L’esprit artistique de Xavier s’est développé assez tôt grâce à sa tante, artiste-peintre, qui lui a donné les bases du dessin, des pinceaux et des palettes. À 16 ans, il tague les murs de Pessac où il a grandi, et décide de se faire tatouer en faisant fi de l’avis de ses parents. « Ils n’ont pas aimé quand je leur ai annoncé que je voulais être tatoueur. Pour eux, c’était clairement non. » Pour répondre à la pression familiale, il se forme aux Beaux-Arts, les arts appliqués,

l’infographie et l’architecture paysagère où il fait une belle carrière de quatorze ans avec sa propre boite. « Elle marchait super bien mais je n’étais pas heureux. Alors il y a six ans, j’ai tout lâché et je suis parti sur les routes pour devenir tatoueur et apprendre des autres. On m’a pris pour un fou. J’ai travaillé dur, en autodidacte pour en être là aujourd’hui. »

On the road De conventions en conventions, au Costa Rica, Venezuela, Roumanie, États-Unis, Canada, Xavier peaufine son art. Il s’inspire des 023

“Le tatouage, c’est comme une addiction, une fois que tu as commencé, l’envie de recommencer te hante.”


Silver Coast Tattoo Shop 3, rue Victor Hugo, La Teste-de-Buch 06 11 63 04 28

nombreuses techniques existant dans le monde et s’imprègne des différentes cultures. Lorsqu’il voyage, au moins deux mois par an, il prend des photos de paysages, de lieux cultes, qui plus tard lui servent de fond pour ses tatouages. « Où que j’aille, j’ai toujours ma machine à tatouer. Elle est comme mon poumon. Je sais que je vais rencontrer quelqu’un qui voudra que je le tatoue. » Très à l’écoute, il réalise des tatouages uniques, de véritables œuvres d’art. En décembre, il part au Costa Rica ouvrir un shop avec Andrés Martinez, une pointure locale.

« Le guest Tsing, qui travaille au tébori, une technique japonaise, et Lucie tiendront La Teste en attendant que je revienne. »

Tatouages à tout âge Il aime les gens qui, comme lui, se décident un jour à aller au bout de leur rêve. « Récemment, j’ai tatoué une mamie de 88 ans. Son mari venait de mourir et la première chose qu’elle a faite a été de venir se faire tatouer car elle en rêvait mais son mari était contre. Et moi ça me plaît de rendre les gens heureux. » Ici, on vient de partout pour avoir un tattoo de 024

Xavier tant sa renommée dépasse les frontières. « Le tatouage, c’est comme une addiction, une fois que tu as commencé, l’envie de recommencer te hante. Tu vois ton corps se métamorphoser, la douleur tu l’oublies. Pour certains, le tattoo est comme un journal intime, d’autres sont des collectionneurs. Ils parcourent parfois des kilomètres pour avoir l’œuvre d’art d’un tatoueur particulier. Après tout on est des artistes. J’ai mon style, si bien que je me réserve le droit de dire non, par honnêteté et par respect si je perçois que ce que je fais ne correspond pas au client. »


Food ×

“Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es.” Brillat-Savarin

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Les fromages d’Annie Rouquette

© Brigitte Vergès

DES MEULES. Le rêve d’Annie Rouquette serait de vendre ses fromages à la meule. Comme elle l’a fait pendant dix ans sur les salons de la gastronomie qui lui ont permis de rencontrer les meilleurs de la profession tant en fromage qu’en salaisons. Auparavant restauratrice en région parisienne avec son mari Christian qui a fait une reconversion spectaculaire, elle savait qu’un jour elle aurait sa boutique, ici à Arcachon, et pas ailleurs ! À l’entrée de Papillus (dont le nom leur est venu spontanément), un délicieux parfum des 85 variétés de fromage qui proviennent seulement de trois fournisseurs. « Je veux le meilleur, je cherche, fouine, goûte, me déplace une fois par mois à Rungis pour dénicher des pépites. Mon plaisir est de partager les découvertes que je fais. » Avec l’arrivée des soirées d’hiver, Annie dévoile une vitrine consacrée à la bonne dizaine de fromages à raclette. Et pour les salaisons savoyardes, elle a sélectionné la maison Mont Charvin. Bienvenue à l’hiver ! BV

Le petit café de Jennifer Darmon

© Brigitte Vergès

COSY ET GOURMAND. Jennifer a choisi Gujan-Mestras pour se poser avec sa famille, qui rassemblait à ses yeux tous les critères, l’école internationale, la proximité de Bordeaux, la mer et son côté calme. Mais il y manquait un endroit chaleureux, pas trop grand pour se poser. Qu’à cela ne tienne, elle a ouvert le Petit Café où elle propose de délicieuses boissons chaudes et froides accompagnées de non moins délicieuses pâtisseries « maison ». Enfin un lieu cosy pour se retrouver entre copines après avoir déposé les enfants… BV 026


Organisation sur mesure de vos mariages, séminaires, cocktails, buffets, petits déjeuners...


© Jean-Christophe Lauchas

Le Club des Toqués au golf d’Arcachon

Le restaurant du golf d’Arcachon – Le Club des Toqués 35 bd d’Arcachon, 33120 Arcachon 05 56 66 60 07

NEW LOOK. Le Club des Toqués, c’est le restaurant nouvellement relooké du golf d’Arcachon. Pour le plaisir des papilles et des yeux ! Du nouveau au restaurant du golf d’Arcachon qui vient de faire peau neuve et d’être repris par trois potes, Nico, Fred et Wil, professionnels de la restauration notamment connus pour avoir créé en 2015 les Toqués du Bassin. Cette belle adresse gourmande à retenir, qui s’appelle désormais le Club des Toqués, vous accueille toute l’année dans son écrin de verdure, que vous soyez joueur de golf ou pas. Dominant le Bassin à l’est et la forêt au sud, la vue panoramique qu’offre le restaurant est tout simplement unique et le cadre exceptionnel. Les autres atouts : une très belle terrasse et des salles à l’intérieur synonymes de raffinement, avec un décor à la fois sobre et chaleureux, c’est lumineux et confortable. Dans l’assiette ? C’est une belle surprise, avec une cuisine bistronomique créative élaborée avec des produits de qualité, essentiellement locaux, avec une carte qui va changer régulièrement en fonction des arrivées du marché, de la saison et des inspirations de la cheffe Alicia (meilleure apprentie de France issue de l’ancienne Guérinière à Gujan-Mestras). Cuisine brasero également et de délicieuses tapas. Le restaurant est ouvert toute l’année, même hors saison, la semaine le midi, et les soirs du jeudi, vendredi et samedi. Le dimanche c’est brunch. De bons produits, une cuisine créative, un lieu exceptionnel où on se sent vite bien, cette adresse gourmande et de partage va vite devenir votre coup de cœur. JCL 028


Réouverture le 25 mars


Les Nouveaux Apéritifs de Guillaume & Thibaud À l’image de Dérive ou de Laca Boïate, fraîchement récompensée par le prix des entrepreneurs, depuis quelques années, le Bassin voit émerger de nombreuses brasseries artisanales. Inspirés par ces dernières, Guillaume Manthé et Thibaud Sorin ont fait le choix d’entreprendre à contre-courant et d’orienter leur production vers les Nouveaux Apéritifs, une gamme de boissons locales, pétillantes et sans alcool. Rencontre avec ces deux alchimistes du goût. Texte & Photos Mélanny Rodrigues

M

is en lien par Géraud, qui deviendra plus tard le graphiste de leurs étiquettes, les deux amis se rencontrent à Andernos, sur les bancs du lycée Nord Bassin. Après l’obtention de leurs diplômes, tous deux empruntent des chemins diamétralement opposés, réunis quelques années plus tard par le confinement. Avant de laisser sa phobie des aiguilles l’éloigner de ses plans de carrière, Guillaume rêve de devenir biologiste marin spécialisé dans les milieux aquatiques glacés. Puis de l’Irlande à SaintPétersbourg, travaillant dans les séjours linguistiques, de même qu’il

s’exerce à l’anglais, au russe, de la blonde à la brune, il se laisse séduire par la bière sur toute sa palette de teints. Thibaud quant à lui a des objectifs, une soif d’indépendance, un besoin de concrétisation. Après plusieurs années d’alternance dans la grande distribution, il intègre à son tour l’univers du malt et du houblon, auprès d’un des leaders en la matière.

La recette idéale Leur amitié réunie par la passion du terroir et les balades du couvrefeu, l’imagination au-delà des dix kilomètres réglementaires, ils réfléchissent à des projets communs. Convaincus que mieux vivre passe par l’alimentation, ils souhaitent s’éloigner du circuit industriel, revenir à une consommation plus saine. Ainsi, si tous les grands 030

projets naissent au coin d’un bar, le leur ne dément pas le proverbe. Accoudés au comptoir, sans avoir envie d’alcool, de boissons trop sucrées ni de céder à la facilité d’un Perrier tranche, les deux amis imaginent une alternative et laissent germer l’idée que si ça n’est pas à la carte aujourd’hui, il faut y remédier demain. Déterminés, ils consacrent dès lors la plupart de leurs weekends à l’élaboration de la recette idéale, pétillante, longue en bouche et sans sucre ajouté. Inspiré par le Michelada, un cocktail mexicain à la bière, Thibaud invoque ses souvenirs de voyage et rapporte la touche épicée à ce qui était à la base plus proche d’une infusion. Du grammage au choix du piment, de Cayenne à Espelette, leurs premiers essais anesthésient les palais les plus résistants. Mais au bout de six mois


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“Derrière chaque référence prime la rencontre avec un artisan, son histoire, ses aspirations” d’expériences et de dégustations, la recette se concrétise et trouve dans son assemblage le parfait équilibre sous le nom de Lena. Citron jaune et vert, gingembre et piment doux, subtile et rafraîchissante, pour exister, cette boisson se contente de ses propres saveurs. Idéale pour la mixologie, elle se marie si bien avec de la vodka, du gin ou du cognac que l’un de ses créateurs confesse avoir commencé à boire de l’alcool après son invention.

Du jardin à la brasserie Même si elle n’en est qu’à ses premiers battements d’ailes, depuis son lancement en avril dernier, Lena profite d’un engouement digne d’un effet papillon. Découvertes dans une maison d’hôte du Teich puis recommandées par Natasha 032

de Csibon, leurs jolies bouteilles jouissent d’une belle vitrine, de la buvette du festival Musettes aux coulisses du théâtre Cravey. Portés par l’envie d’entreprendre, les deux alchimistes greffent à Lena Alter Voluptas (latin signifiant « autres plaisirs »), un réseau de distribution de boissons innovantes et locales. Au-delà des plaisirs gustatifs que le nom évoque, ils entendent développer une entreprise vertueuse, humaine et respectueuse de tous ceux avec qui ils travaillent. Ainsi, derrière chaque référence de leur catalogue, prime la rencontre avec un artisan, son histoire, ses aspirations. Par évidence, s’ils n’hésitent pas à vanter la puissance aromatique du spiritueux sans alcool de Guyome, l’originalité des bières de Pauline, le savoir-faire de Cédrik et de sa vodka à base d’alcool de raisin, ils pensent surtout à Gaspard, Antoine et à la genèse de Baga, une délicieuse gamme de boissons au CBD, conçue pour soulager les effets secondaires du traitement contre la maladie autoimmune de l’un des créateurs. En synergie avec leurs fournisseurs, ils sourcent de nouveaux produits, gins, jus de fruits, cidres…, avec la volonté de construire ensemble. Élaborée dans le jardin familial avec une Sodastream, la production de Lena a depuis été rapatriée sous l’œil formateur de Pauline et Fabrice, dans les locaux de Mascaret, la plus vieille brasserie de Gironde. Lena est distribuée dans l’hôtellerie, chez les cavistes ou dans des épiceries fines telles que la maison Laborde ou les Sens du goût. Pour l’heure, Lena ne compte qu’une recette, mais ses deux créateurs œuvrent pour étendre leur gamme et surprendre pour l’année à venir davantage de tables, d’étals et de palais.

les-nouveaux-aperitifs.fr


Mer ×

“Il y a souvent plus de choses naufragées au fond d’une âme qu’au fond de la mer.” Victor Hugo

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Texte & Photos Jean-Christophe Lauchas

Olivier nettoie les fonds marins du bassin d’Arcachon Chaque année, le club testerin NSA (Nettoyeurs subaquatiques) effectue près de 100 plongées dans les eaux du bassin d’Arcachon, entre loisirs, formations et nettoyages des fonds marins avec de plus en plus de déchets récoltés. Rencontre avec son président, engagé, passionné et passionnant, Olivier Linardon.

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« Il faut agir » Ils sont plongeurs, passionnés mais aussi engagés, et toute l’année, ils s’investissent pour dépolluer les eaux du Bassin. Équipés de poches, ils ramassent de grosses quantités de déchets comme des bouteilles en verre, des déchets de professionnels de l’ostréiculture, des filets de pêche, du plomb, des tables, des échelles de bateau, des téléphones, des cannes à pêche, des objets de cuisine, de la ferraille, des piles, des pneus, et beaucoup de plastique… Tous ces valeureux plongeurs appartiennent au club NSA, cette association qui existe depuis 2020 et est présidée par Olivier Linardon, un homme charismatique qui ne mâche pas ses mots pour dénoncer les dégâts causés par l’homme sur les fonds marins et qui dépense une

énergie considérable pour alerter les pouvoirs publics, les élus, les locaux, les touristes… « Il y a de grosses opérations de communication aujourd’hui, avec des affichages, on en parle dans les médias, à l’école, mais il y a encore trop de gens qui sont indifférents et ne se sentent pas concernés par ce désastre. » Il ajoute que « beaucoup considèrent que l’impact de l’homme ne peut pas avoir un effet aussi dévastateur que ça sur la planète. Ce qu’on trouve dans l’eau est gargantuesque ! » Pour cet amoureux du Bassin, « il ne faut plus être spectateur, il faut agir ».

Une prise de conscience collective Cette association est née un soir, chez Olivier, lors d’un dîner entre amis. « J’avais fait une très 036

Avec son équipe de bénévoles, et depuis la création du club, Olivier Linardon a participé au nettoyage de nombreux sites sur le Bassin.

grosse opération de nettoyage dans un autre club de plongée. On était trois à l’origine de ce projet. Marine, J.C. et moi avons très vite et naturellement décidé, avec le soutien de quasiment une trentaine de personnes, de créer le NSA », explique Olivier, avant de poursuivre. « Quand on a commencé, on était plus de 30 et je pense qu’à la fin de cette année, on devrait être pas loin d’une centaine. C’est extraordinaire pour un club de plongée, car c’est compliqué de faire bouger des plongeurs, de leur faire quitter un club pour venir dans un autre. »


L’équipe est composée d’hommes et de femmes, une vraie famille attachée à des valeurs de partage, avant, pendant et après la plongée.

“Il y a encore trop de gens qui sont indifférents et ne se sentent pas concernés par ce désastre” De valeureux plongeurs Avec eux, et depuis la création du NSA, Olivier a participé au nettoyage de nombreux sites sur le Bassin, comme à Arcachon à la jetée de la Chapelle, la jetée Pierre Lataillade, Saint-Yves, ou du côté de la presqu’île du Cap-Ferret, à la Vigne, Hortense et face à la villa algérienne, et dernièrement dans le lac de Cazaux au niveau du port. « L’équipe est composée d’hommes et de femmes extraordinaires et très efficaces. Sans eux, rien ne serait possible. Tout ce qu’on vit se déroule dans une très bonne ambiance et dans le partage, avant, pendant et après la plongée », explique Olivier. Pour Laurianne, qui fait partie de l’association depuis ses débuts, « allier la plongée et le nettoyage des fonds marins m’a vite séduite. Se sentir utile est gratifiant. Quand on est sous l’eau, on se rend compte qu’il est important de préserver cette richesse ». « C’est une vraie famille », ajoute Olivier qui fait de la plongée depuis 25 ans, avant de rendre hommage à son épouse, « une 037


Olivier a grandi dans le respect de la nature avec des parents passionnés par le Bassin.

femme extraordinaire et patiente car tout ce que je fais demande un temps de fou ». Il parle aussi de ses enfants « qui sont pire que moi et qui passent beaucoup de temps sur le bateau », et de son enfance « avec des parents passionnés par le Bassin et un papa qui a toujours été très communiquant sur le besoin de respecter la nature et de changer les choses ». La générosité du club ne s’arrête pas là puisque les sommes récoltées lors de la vente du plomb qu’ils trouvent sous l’eau leur permettent d’aider la SNSM, les Sauveteurs en mer.

Des valeurs écologiques et de camaraderie Parmi les valeurs de l’association : former en piscine ses adhérents ( jeunes et moins jeunes) à la plongée, les sensibiliser à la protection de l’environnement, à la collecte des déchets sousmarins et au cycle et traitements

“Arrêtez de jeter afin de maintenir la biodiversité riche et propre au bassin d’Arcachon. Venez nous soutenir et venez plonger avec nous !” des déchets, sensibiliser dans les écoles sur la fragilité du milieu aquatique. Le message d’Olivier est clair : « Arrêtez de jeter afin de maintenir la biodiversité riche et propre au bassin d’Arcachon. Venez nous soutenir et venez plonger avec nous ! » Soutenir ? L’association a en effet besoin de davantage de moyens. « Toutes ces opérations et ces sorties, ça a un coût pour nous. On paye le gonflage, on paye l’essence, le 038

matériel spécifique et l’entretien du bateau, les combinaisons et bouteilles, tous les services sont payants », alerte Olivier qui travaille et communique pour récolter des fonds, trouver des soutiens ou des partenariats. Le club recherche aussi des moniteurs. Contacts 06 25 05 61 99 nsa.pepsup.com Facebook @nsaplongee



Cécile Peys-Sanchez, la perle brute

Commune à l’ensemble des villes du Bassin, l’huître est une ambassadrice de choix à laquelle Cécile Peys-Sanchez a choisi de dévouer son temps. Ne pouvant se résoudre à considérer le coquillage comme un déchet, la créatrice déterminée à le rendre éternel ouvre son entreprise, l’Huître nacrée.

Texte & Photos Mélanny Rodrigues

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epuis douze ans coiffeuse thérapeutique à l’Ephad Saint-Georges sur le port du Rocher, la Testerine arrange les mises en plis de ses aînées, avec autant d’affection que si elles étaient ses propres grands-mères. Empathique et bienveillante, elle veille à ce que chaque rendezvous soit unique, en offrant une oreille attentive et un petit carré de chocolat. Pourtant, en 2021, le confinement lui fait baisser le rideau. Quand d’apparence tout parait vain, à la vie comme à l’ouvrage, cette pétillante cinquantenaire 040

sait entrevoir le potentiel, et c’est ainsi que l’histoire de sa petite entreprise commence. Loin de l’atmosphère feutrée de son salon, la coiffeuse, triste et impuissante de ne pouvoir ni exercer ni aider ses collègues soignants, trouve dans la création de quoi canaliser ses émotions. Dans une démarche écoresponsable, sans pouvoir profiter de l’opulence des magasins, la créatrice s’interroge et se met en quête d’objets que l’on jette, des bouchons, du papier, du carton, jusqu’à ce que l’huître lui apparaisse comme une révélation.



Pour l’heure, à défaut d’atelier, vous pouvez retrouver ses créations éparpillées chez elle, dans l’enceinte de son jardin japonais, exposées à la vente, dans les offices de tourisme et, par évidence, à la maison de l’Huître de Gujan-Mestras. 06 81 32 98 89

Le coquillage est magnifié Résistantes et riches en calcium, si les coquilles sont d’ordinaire recyclées pour servir de complément alimentaire ou de remblais, la créatrice, sans les dénaturer, préfère les considérer comme de la matière première. À peine saisies sur les monticules qui bordent les cabanes, elle 0 42

commence par les laver avant d’apprendre à respecter leurs aspérités, sublimer leurs défauts, faire briller la vase incrustée et le varech, et vernir l’huître à même les déchets organiques. Fille d’un mécanicien de marine, depuis petite, elle navigue, se balade et se laisse inspirer par son environnement. La pinède, la grande étendue de la plage Pereire, la dune et sa vue imprenable, tant de coins qui ont marqué son histoire et imprègne aujourd’hui, l’ensemble de ses créations. Perceuse, pistolet à colle, meuleuse… Comme certains préfèrent marcher ou faire du yoga, Cécile lâche prise en laissant surgir sa créativité. Porte-clés, bijoux, magnets, perles formées dans un agglomérat de coquilles et de colle, sous ses mains expertes, rien ne se perd, tout se sublime. Tandis que la dune est à La Teste ce que le phare est au Ferret, ses huîtres magnifiées, locales et abordables, sont pour tous le parfait souvenir du Bassin.


“À la brillance de ses coquilles elle associe du cordage, des matières brutes, et crée des miroirs, de gigantesques lustres et de petites panières”

À la pointe des tendances actuelles, passionnée de décoration et de mode, Cécile est une femme de goût. À la brillance de ses coquilles elle associe du cordage, des matières brutes, et crée des miroirs, de gigantesques lustres et de petites panières. De même que cette ancienne élue municipale a toujours œuvré pour rendre au port de La Teste son attractivité, en accord avec ses valeurs, elle perpétue son engagement auprès du monde ostréicole, à travers cette activité enfantine qui finit par l’habiter.

confondues, nécessitant pas moins de 255 heures de travail et quelque 4 960 coquilles, cette forêt comme un symbole a fait de la nacre son manteau de neige. Une prouesse qu’elle aurait souhaité voir exposée sur le parvis de l’hôtel de ville, chez des commerçants ou à la Thalasso. À l’approche de la nouvelle année, elle ne manque pas de projets

Un Noël nacré Proche de son territoire, en hommage à notre forêt incendiée, depuis plus d’un mois et demi, la Testerine s’affaire dans le secret. Pour les fêtes, avec la même application qu’une orfèvre, elle a érigé cinq sapins de Noël entièrement assemblés à partir des coquilles des parcs avoisinant sa maison. Toutes tailles 043

et s’imagine sans mal vendre ses créations sur les marchés du dimanche, mais ouvrir un atelier dans un coin typique en bord de mer semble être son vœu le plus cher. Tandis que son adresse, rue des Conchyliculteurs, semblait toute pensée pour elle, cette perle brute se projette dans ce qu’elle imagine déjà comme sa bulle, son petit cocon.


© Archives municipales Lège-Cap-Ferret / fonds François Bisch

REPORTAGE

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LÉON LESCA ET SON RÊVE MAURESQUE

On la voyait depuis Arcachon, majestueuse, imposante. Le symbole d’un progrès humaniste sur une langue de terre sauvage. Depuis la destruction en 1966 de la Villa algérienne, il ne reste qu’un souvenir d’une époque révolue. L’œuvre d’un homme d’exception qui aura modelé la Presqu’île : Léon Lesca. Après avoir fait fortune en construisant le port d’Alger, l’entrepreneur achète en 1863 des terres de Claouey à Bélisaire. Il construit sa villa de style néo-mauresque en 1865 dans le village de L’Herbe dans un parc de 25 ha. Dans une ambiance fastueuse, les grands de ce monde se pressent pour profiter de l’hospitalité légendaire du maître des lieux. Et les autochtones vivent plus sereinement sous son aile protectrice. Le mimosa, la vigne en passant par les réservoirs à poissons, la première école, le premier lieu de culte… Léon Lesca est une sorte de démiurge du bout du monde. Sa mort en 1913 aura été le début d’un long déclin. Texte par Patrice Bouscarrut

Photos Voir mentions


REPORTAGE

La vie douce au temps de la Villa algérienne « Mais qu’est-ce que c’est que ce vacarme ? » Cette question à la fois autoritaire et amusée vient du salon. Mme Lesca entend en effet des rires sortir par le passeplat. Dans les couloirs qui mènent aux chambres… « C’est encore Jeanne qui fait des farces, madame », répond le valet, étouffant ses gloussements. Il faut dire que la femme du jardinier a toujours plus d’un tour dans son sac. La vie coule doucement dans la Villa algérienne.

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nstallé dans un fauteuil sur la terrasse, Léon Lesca profite d’un petit vent chaud pour admirer la vue. Au loin, la ville, Arcachon, si loin de cette presqu’île à l’apparence désertique. Les quelques ostréiculteurs hissent les voiles de leur pinasse pour aller travailler dans les parcs. Il entend les voix des enfants qui jouent devant l’école toute proche, installée entre sa villa et la chapelle. « L’école des dunes de l’océan » rassemble

“Tout le gratin se presse pour découvrir ce havre de paix” les enfants des 80 employés sous ses ordres, mais aussi ceux des pêcheurs et ostréiculteurs. Un sourire lui vient aux lèvres. C’est lui qui aura permis l’instruction de la population dans ce pays qui était à l’état sauvage. Il aura aussi installé le curé dans son presbytère, une cabane à l’entrée du 046

village de L’Herbe. S’il dresse encore plus l’oreille, il peut entendre les communiants chanter des louanges. Il grommelle, en levant sa canne, contre ce groupe de jeunes qui ont décidé de se baigner en costume d’Ève juste devant sa villa, obligeant le maître d’école, horrifié, à faire rentrer les élèves dans la classe. Il faut dire que les citadins en mal de nature voient ici un endroit propice pour laisser libre court à leurs instincts refoulés de bons sauvages. Dans son champ de vision, à droite, son débarcadère. Il scrute alors l’horizon à la recherche de son yacht à vapeur, l’Oasis, qui doit amener d’Arcachon le courrier, mais aussi la reine Ranavalo de Madagascar. En effet, après les participants du congrès de médecine à Bordeaux venus profiter des fastes et de son hospitalité, c’est au tour de la reine de sabrer le champagne. Tout le gratin et les têtes couronnées se pressent pour découvrir ce havre de paix sorti de nulle part. « Madame Lesca, avec son exquise affabilité, a fait les honneurs de la Villa algérienne, dont on ne se lasse jamais d’admirer l’architecture mauresque, le parc luxuriant de végétation, l’enclos où courent, à travers les pelouses et les rocailles, des eaux limpides arrosant une forêt de mimosas et de plantes exotiques », résument d’autres congressistes. Eh oui, à l’aurore de ce XXe siècle, Léon Lesca expérimente, innove. Sort de terre une sorte d’Éden dans le style ambiant de l’orientalisme, cher à Ingres ou Delacroix. L’entrepreneur de travaux publics né à La Teste a fait fortune en participant à la construction du port d’Alger. Si de retour en France, il achète aux enchères pour une bouchée de pain un territoire allant de Claouey à Bélisaire, c’est à L’Herbe qu’il choisit de s’installer. La villa mauresque reprend les codes d’une architecture orientale, en y associant, dans un souci œcuménique, les symboles des religions


© Archives municipales Lège-Cap-Ferret / fonds François Bisch

© Archives municipales Lège-Cap-Ferret / fonds Luc Dupuyoo

© Archives municipales Lège-Cap-Ferret / fonds François Bisch

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➀ L’Herbe. La Villa algérienne (19-7-1963, Éditions La Cigogne)

➁ L’Herbe. La Villa algérienne et son parc côté ouest (1931)

➂ L’Herbe. Le débarcadère de la Villa algérienne (13-4-1908)

➃ L’Herbe. Chemin conduisant de la Villa algérienne à L’Herbe


© DR

© Archives municipales Lège-Cap-Ferret / fonds François Bisch

REPORTAGE

➀ Léon Lesca ➁ L’Herbe.

Le golf et la Villa algérienne (23-8-1957, Editions modernes Théojac)

➂ L’Herbe.

La plage à la Villa algérienne et le golf miniature (1960, Combier Imprimeur Mâcon)

➃ L’Herbe.

La treille de la Villa algérienne (23-07-1932)

➄ L’Herbe.

Un pont rustique dans le parc de la Villa algérienne

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musulmane, chrétienne et juive. Le croissant, la croix et une devise universelle pour tous les croyants : Gloria deo, que l’on trouve en façade de la chapelle. À l’intérieur, des fresques louant la beauté de mère nature, des objets, du mobilier rapportés de ses voyages sur le continent africain. La face ouest de la villa donne sur ce jardin majestueux de 25 ha. Nul doute que Monet aurait aimé peindre cette forêt de mimosas, de palmiers, de cèdres du Liban, de bananiers, d’eucalyptus… Mais aussi ce petit pont enjambant le ruisseau qui mène au bassin, cette cascade sortant d’une grotte

© Archives municipales Lège-Cap-Ferret / fonds François Bisch

“Le mimosa, la vigne, c’est Léon Lesca qui les a introduits à L’Herbe” inventée de toutes pièces ou encore ces statues allégoriques représentant des muses des « cinq parties du monde », l’Afrique, l’Europe, l’Amérique, l’Asie et l’Océanie. Cette petite « fiction », certes parfois anachronique, concentré de la vie de la Villa algérienne, permet de sentir l’étendue de l’empreinte indélébile façonnée par Léon Lesca sur la presqu’île. Il y a un avant et un après. Le mimosa, c’est lui qui l’introduit. Véritable coqueluche des 049

Photos © Patrice Bouscarrut

© Archives municipales Lège-Cap-Ferret / fonds Luc Dupuyoo © Archives municipales Lège-Cap-Ferret / fonds François Bisch

Et si la villa algérienne existait encore aujourd’hui… Il est certain qu’elle serait un atout touristique majeur.

Arcachonnais, les jardiniers de la villa, Jeanne en tête, avec les ostréiculteurs, le vendaient aux visiteurs. La vigne, c’est lui aussi. Même si le nom du village éponyme existait avant, peut-être dû à la cartographie de la côte en forme de feuille de vigne. Léon Lesca commence les plantations avec 5 hectares au fond du parc de la villa et près des réservoirs à poissons de La Vigne. Puis d’autres à Piraillan et aux Jacquets. Pour un temps totaliser 40 hectares. Il arrivait à produire, dans les belles années, 150 tonneaux de ce vin de dune réputé, blanc ou rouge. Belle époque. Mais à la mort de Léon Lesca en 1913, ça se complique. L’indivision entre ses quatre enfants n’arrange rien. C’est Frantz Lesca qui tire au sort le lot de la villa, mais il fait sa vie au Maroc. L’Occupation n’arrange rien. Réquisitionnée, la villa et notamment le parc tombent en désuétude. Le site commence sa longue agonie. Pour être vendue et détruite en 1966.


REPORTAGE

La chapelle, dernier vestige d’une époque glorieuse Les promeneurs font souvent la confusion entre la villa et la chapelle algérienne. Et non, le dernier bâtiment encore debout de cette épopée, c’est bien SainteMarie-du-Cap, la chapelle, face au bassin, à 150 mètres au sud de l’emplacement de la villa détruite.

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e qui surprend, c’est la multitude de références culturelles et cultuelles de l’islam, du christianisme et du judaïsme. On dit que le diable est dans le détail, mais ici c’est le contraire, il faut regarder de plus près pour apprécier l’ouverture d’esprit de Léon Lesca, son humanisme universel. La façade permet déjà de se faire une idée de l’architecture de la villa, construite vingt ans plus tôt. Des arcs outrepassés polylobés, si reconnaissables, des croissants de lune, des carreaux de céramique aux motifs géométriques et floraux… On peut passer

“Une ode à la tolérance et à l’amitié des peuples” des heures à décrypter les moindres recoins. On retrouve dans les lignes ocres et beiges les mêmes inspirations que sur la façade de la villa. L’intérieur est tout aussi spectaculaire. Avec ce lustre imposant, aux ornementations soignées, ses verres d’opaline, ses pompons colorés rappellent les fantasias équestres du Maghreb. Sur les murs, le chemin de croix du Christ. Sur la rosace côté 050

est, une lyre en son centre entourée de l’étoile de David. Une ode à la tolérance et à l’amitié des peuples. La chapelle est ouverte au public tous les jours, sauf le dimanche. Des messes y sont proposées et parfois des mariages. Aujourd’hui propriété de la commune, elle a été entièrement rénovée en 2011. Outre la chapelle, il reste encore quelques vestiges de l’époque. La clôture surmontée de croissants de lune devant l’immeuble qui remplace la villa algérienne. Le fond de la grotte artificielle du parc est toujours là, contre la dune, ornée de coquillages formant les initiales « LL » pour Léon Lesca et la date 1900. On peut la découvrir au 21 avenue d’Arguin, à plus de 400 mètres à vol d’oiseau de la villa. Cela donne une idée de l’étendue du parc autrefois. On trouve aussi quelques constructions de l’ancien minigolf sur un terrain privé, au nord de la villa. C’est à peu près tout ce qu’il reste. Triste inventaire.


SUIVEZ LE GUIDE

Photos © Patrice Bouscarrut

Ostréicultrice et guide de la chapelle pour l’office de tourisme, Véronique Lenoir est intarissable sur le sujet. Elle a cette tristesse dans le regard, quand elle parle de la « verrue », cet immeuble qui a remplacé la Villa algérienne. Mais l’étincelle renaît quand elle rentre dans la chapelle. Comme si, lorsqu’on ouvre la double porte d’entrée, une bouffée d’histoire se glissait avec l’air marin, le soleil, dans ce lieu mythique. Avec ses anecdotes, ses impressions, Véronique nous transporte aussitôt au temps de Léon Lesca.

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Je serai demain

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François Dhoury, la photo pour révéler « son soi » Texte Sabine Luong Photos François Dhoury

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PORTFOLI O

Ancrage Rêve ou réalité…

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D’aussi loin qu’il se souvienne, François Dhoury a toujours eu un appareil photo entre les mains. Déjà au collège, il faisait partie du club photo où tous les secrets de l’argentique et du développement en chambre noire l’ont fasciné. Il prenait plaisir à faire toutes les photos de famille et lorsqu’il est parti faire son service militaire en Nouvelle-Calédonie, il est désigné pour être le photographe du régiment. Malgré tous ces signes avant-coureurs, en plein complexe de l’imposteur, il ne s’accorde pas le droit de devenir photographe professionnel. Il se dirige pendant quinze ans vers des métiers qui n’ont rien à voir, le génie civil du bâtiment, qui nécessite parfois ses talents de photographe pour des photos techniques. Vers 40 ans, des opportunités le conduisent vers le commercial où il travaille pour un parc des expositions à monter un salon « Bio, nature et environnement ». Pile poil dans sa fibre ! Il y va, pensant rester dans ce domaine qu’il affectionne. Mais la vie le conduit vers d’autres opportunités qui le verront devenir directeur commercial, sans trop de convictions, pour une boîte qui travaille le polyester.

Le capitaine de son propre bateau À force de faire ce qui ne lui correspond pas, il y a à peine cinq ans, François décide de tout lâcher et, du nord de la France, déménage sur le bassin d’Arcachon, pour son climat tempéré, sa proximité avec l’océan et sa vie culturelle si proche de Bordeaux. Ici, il flâne d’expositions en expositions, rencontre des artistes et commence à accepter l’idée de se consacrer entièrement à la photographie. Il travaille à distance avec une société de production de films vidéo, une compagnie de théâtre de guignols, en tournant son travail vers les entreprises et l’immobilier sans vraiment s’accorder la photo d’art, sinon quelques photos de paysages qu’il n’a jamais montrées, qui racontent des histoires.

Photographe de l’ombre et de la lumière Puis le confinement est arrivé. « J’étais coincé chez moi. J’étais déjà branché sur des photos noir et blanc très épurées. Alors je me suis mis à photographier les objets que j’avais sous la main. Inspiré par Pierre Soulages, je voulais arriver à faire un travail qui fasse un pont entre la calligraphie et le noir. » Trouver de la lumière là où il n’y en a pas l’a occupé tout ce temps. Et c’est la révélation ! La série « Confiné » est née. Son nounours, son bouddha, une pierre de tourmaline seront ses premiers modèles. Ils se

© Sabine Luong

Le complexe de l’imposteur

Francois Dhoury 06 10 70 53 38 / alkana-photographe.com instagram.com/francoisdhoury facebook.com/FrancoisDhouryPhotographe

révèlent dans leur contour et procurent l’apaisement et l’ancrage recherchés en cette période de questions sans réponse. Avec son œil incroyable, il tenait quelque chose. Enfin, il ose montrer son travail artistique, très graphique. Il en surprend plus d’un. Le disquaire du Bassin à Gujan-Mestras le contacte et souhaite une série sur les instruments de musique.

Photo pour se reconnecter à soi Après un stage de photo thérapie à Paris, son travail actuel a pour ambition de révéler ses modèles humains dans ce qu’ils sont, sans retouche ni tricherie. Se mettre à nu devant l’œil bienveillant de François Dhoury révèle la beauté de l’âme, son soi profond. Tout le contraire de ce que l’on voit partout, et ça, ça fait du bien à voir. La série « Les nus calligraphiés » est à découvrir à la galerie La Source du 31 janvier au 12 février en collaboration avec l’écrivaine Colette Prévost. L’association Art Sens occupera le local avec Jérôme, Marie Mélys, Ingrid Christoffels, François Dhoury et leurs invités, de décembre à février 2023.

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PORTFOLI O

Cornet

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Diffusion

Une histoire de bulle sur un livre

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4à4?

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C’est fini

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LES MEILLEURES MARQUES AUX MEILLEURS PRIX


Mode Déco ×

“La mode est ce que l’on porte. Ce qui est démodé, c’est ce que portent les autres.” Oscar Wilde

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Le wax de Solenn Tropée LA COUTURE EN HÉRITAGE. Affairée devant sa machine à coudre, Solenn Tropée est un oiseau de nuit qui, le soir venu, invente sans discontinuité, assemble et confectionne sous l’étiquette d’Arsène & Georgette toute une gamme d’accessoires en wax, sa matière de prédilection. Importé par les colons hollandais, le wax est un tissu vibrant, coloré, où chaque motif porte dans ses fils un nom, une histoire, une signification que la Gujanaise aime à rappeler à travers ses créations. Bijoux, petite maroquinerie, vestes et turbans, mixés à des tissus d’ameublement, du cuir, du liège, à la demande de ses clients, elle personnalise et crée des pièces uniques, en petite série, à défaut de vouloir les répéter. Initiée à la couture et au tricot par sa grand-mère, l’enfance façonnée par un père brocanteur, elle trouve dans l’art un exutoire, dans lequel transparaissent tous les traits de sa personnalité. Pétillante, sensible et instinctive, cette artiste nocturne, en quête constante de renouveau, entretient un lien paradoxal entre ses différentes passions. Inspirée par les matières, les textures, la musique, du classique au métal, le toucher, la vue et l’ouïe en exergue, cette couturière des sens transpose ses goûts dans ses créations, sensuelles et féminines. Depuis le marché de Noël du Garage moderne de Bordeaux le 10 décembre dernier, la créatrice déborde de projets et souhaite pour l’année à venir s’implanter dans des boutiques locales, organiser des ventes privées dans sa maison atelier et donner ainsi, à ses collections, l’opportunité d’être portées par les femmes du Bassin. MR

Solenn Tropée

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Photos © Mélanny Rodrigues

Arseneetgeorgette.com


Photos © Sabine Luong

Émilie Géry & Christelle Lefebvre

Une vie de bohème pour les créateurs locaux À la tête de la boutique Une Vie de bohème, Émilie Géry et Christelle Lefebvre ont à cœur de mettre en valeur les créateurs locaux. Émilie, racontez-nous ce que l’on trouve ici ? Christelle et moi sommes toutes les deux passionnées de couture. Ici, il y a un atelier de retouche et une boutique showroom de créateurs locaux.

Quels genres de créations ? Il y a nos deux marques, Mademoiselle Arcachonnaise pour Christelle qui fait des accessoires de mode, sacs, cabas de plage, déco d’intérieur. Eiliem pour moi, qui regroupe des créations de vêtements, accessoires, sacs, bijoux. Nous sommes assez complémentaires, c’est pour cela qu’il était intéressant pour nous de s’associer et de tenir la boutique ensemble. C’est très dur de travailler seules et de pouvoir montrer son travail de créatrice, aussi, nous louons des petits corners à d’autres artisans locaux. Pour l’instant, nous exposons l’Atelier d’Aura qui fait de très beaux bijoux en pierre, spécialisée en lithothérapie, huiles 063

essentielles et roll-on. Elle va faire des coffrets avec des bougies aux huiles essentielles agrémentées de pierres semi-précieuses pour répondre aux besoins de chacun. Handmade with love présente des créations en macramé sur mesure. Zabel réalise de très beaux objets en béton colorés. Ombellessence des bougies en cire végétale et Colt Canvas de la peinture sur bois. Mon frère Kevin de Bläke Bois nous a fait les cabines d’essayage et tous les portants sur mesure. Est-ce que le showroom va s’enrichir d’autres artisans créateurs ? Oui c’est prévu. De plus, on collabore avec le Réservoir des créateurs, pas si loin de nous, pour présenter des objets à eux, et vice versa dans leur boutique. Le responsable Joël Sicard nous a fait les chaises en bois, les bancs et il va mettre un buffet. Car il n’y a pas de concurrence entre nous puisque toutes les créations sont uniques, et puis, il faut être solidaire entre créateurs. SL Une Vie de bohème 880 avenue Gustave Eiffel, La Teste 06 75 33 42 25 Instagram et FB : Une Vie de bohème Du lundi au samedi de 10 h à 18 h 30


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Texte & Photos Mélanny Rodrigues

ARTISTE NOMADE On entre chez Catherine Mir comme on pénètre un pan d’histoire, la sienne, colorée, vibrante et sans chichi. Des cascades de livres, des centaines de tableaux, des petites figurines et, comme s’il fallait couvrir chaque mur, chaque commode, parmi tous ces souvenirs d’ailleurs, l’art, omniprésent. Sur fond de jazz, son porte-cigarette dans une main, un thé dans l’autre, c’est avec élégance que l’artiste nous reçoit, et nous entraine au cœur des archives de sa vie partagée entre le Bassin et les Antilles.

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out commence l’année de ses 16 ans où, par curiosité, par loisirs, elle franchit la porte de l’atelier du père François. Au centre de Bordeaux, dans le quartier Saint-Pierre, sur les conseils du vieux sculpteur, elle se familiarise avec l’argile et apprend à modeler cette matière, dense et malléable, à la mécanique si particulière. Quelques années plus tard, en 1982, sans avoir pourtant persévéré dans son apprentissage,

elle laisse filer ses boucles blondes jusqu’en Guadeloupe, avec l’envie d’en travailler la terre. Ainsi, sans se laisser dicter la méthode par ce qu’elle n’a pas à sa disposition, la jeune artiste façonne les perles de ses colliers à la main et, à défaut de four, les cuit dans le feu. Vendus sur la plage, imposants, primitifs, ses bijoux ne manquent pas de caractère et en disent long sur la détermination qui la mène là où elle est aujourd’hui. 065

Catherine Mir ne s’est pas trompée de destination, la baie des Saintes est considérée comme l’une des plus belles du monde. Tombée en amour pour ce paradis bleu, elle oscille entre les eaux turquoise des Antilles et celles du Bassin, y revenant plus vite encore que les fois précédentes, parfois même embarquée sur un bateau de course. Les poches vides, après avoir traversé l’Atlantique et campé sur la plage, la jeune femme enchaîne les saisons de la même


Contact Cathy_mir@hotmail.com 07 81 00 17 88 lebelinstant.gp

manière des années durant. À six et dix ans d’intervalle de son arrivée aux Saintes, elle ouvre ses premières boutiques, un restaurant, délaissant peu à peu la terre. À l’aube de la soixantaine, c’est une céramique murale, devant laquelle elle tombe en extase, qui lui redonne le goût de la création. Fascinée par la technique de Talou, la céramiste méditerranéenne à l’origine de l’œuvre, elle intègre ses stages et revient, cette fois plus motivée que jamais, pour exprimer sa créativité. Fier de la voir renouer avec ses premières passions, David, son compagnon de vie, son bras droit, son amour, transforme leur adresse gujanaise en atelier. Près de quarante ans après son premier contact avec l’argile, la céramiste investit finalement dans un four et 066

un laminoir, ces outils qui, à l’inverse du tour, ne la limitent pas dans sa création.

Des œuvres architecturales Catherine aime la texture du grès, qu’elle n’émaille pas, même si au fond elle sait qu’un jour elle y viendra. Épurées, graphiques et contemporaines, supportées par des plaques de métal qu’elle fait rouiller dans l’eau du port, ses œuvres, inspirées par l’infini ruban de Möbius, nécessitent de nombreuses heures de travail, de lissage, de ponçage avant qu’elle en obtienne la pleine satisfaction. Instinctive, bien qu’elle soit rigoureuse, l’artiste se laisse porter par les aléas. Après un passage remarqué à Alios, la biennale d’art contemporain


“Je dis que je suis céramiste et non potière, parce que mes créations relèvent plus de l’abstrait que de l’objet utilitaire !” de La Teste-de-Buch, et un autre l’été dernier à la Maison bleue d’Audenge, la sculptrice ne s’arrête plus de modeler des œuvres qui de près ou de loin la rappellent à ses origines. Des poissons, des vagues, des voiliers tandis que les formes restent abstraites, les lignes du Bassin demeurent omniprésentes. De mai à octobre, son atelier est ouvert aux visites et ses mains prêtes à satisfaire les commandes, et le reste de l’année, elle repart profiter du lagon de Sainte-Anne où elle gère une série de gîtes avec son amoureux. Même si là-bas, elle décore plus qu’elle ne crée, la céramiste a de jolis projets et espère dès septembre prochain réunir son ami, le peintre François Trottier, et quelques musiciens de bossa nova au cœur de son charmant atelier.

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La déco dans la peau

Créatrice de décoration événementielle, Lili P. met en scène les grands moments de la vie avec Rose Pudding. de nous voir partir, nous traitant de romanichelles. » L’héritage que ces deux femmes lui ont légué, Lili devait capitaliser dessus.

Une affaire de femmes

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Texte & Photos Brigitte Vergès

athalie Petrillo ou Lili P., son nom d’artiste, est une passionnée. « J’ai toujours fait ce qui me plaisait et écarté tout ce qui me pesait. L’artiste donne droit à de la fantaisie et peut se permettre des choses qu’on ne supporterait pas. » On comprend mieux à l’évocation de son enfance, entourée de femmes : « Maman était juriste la semaine, artiste le week-end. Petite, elle me réveillait à 4 h 30 pour aller aux puces. Dans sa petite Renault 5 synonyme de liberté, elle rentrait tout ce qui nous faisait envie. Elle n’avait pas une âme de vendeuse ni de commerçante. L’idée était plutôt de chiner, retaper, distribuer, donner, échanger. Ma grand-mère, avec peu de moyen, dressait des tables magnifiques de châteaux avec de jolies nappes et de beaux services de table. Elle avait un peu honte 068

Elle écrit quatre romans, crée la Scribouille, un atelier pour enfants qui devient Rose Pudding puis Confiture de bisous. Sous cette marque, elle fabrique des milliers d’articles dans des tissus soigneusement choisis qu’elle conçoit de manière éco-réfléchie dans une optique zéro déchet. Elle est d’ailleurs présente chaque deuxième vendredi du mois au P’tit Mercat. La créativité de Lili ne s’arrête pas là. « Si je devais me marier demain, est-ce que je pourrais me payer une prestation qui ne sert qu’une fois ? » Elle constate par ailleurs que les gens ne veulent plus de « made in China » mais du fabriqué-main par une créatrice. « Je chine beaucoup dans les magazines, sur internet. Chaque fois, je me pose la question, est-ce que tu serais capable de le fabriquer toi-même ? » Elle tenait l’idée et revoilà Rose Pudding. Elle propose des prestations de location qui s’adressent aux futurs mariés, anniversaires, baptêmes, baby shower… Lili tient à préciser qu’elle n’est pas wedding planner mais peut travailler avec, car elle est parfaitement complémentaire. Son


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“Je suis une workaholic. Je dors très peu, mon cerveau continue à tourner la nuit. Au réveil, je fourmille d’idées.”

RosePudding.com 06 33 22 53 46

offre s’étend du dressage de tables avec plans de table aux marqueplaces et à la décoration du lieu. Pour les espaces shooting, elle invente un univers à l’intérieur d’un lieu féerique, une mise en scène avec fond en 3D. Elle ne jette rien et récupère tout, ramasse du feuillage qu’elle fait sécher, ponce et décape depuis l’âge de 8 ans. Son atelier ressemble aux loisirs créatifs des grandes enseignes avec toutes les matières qu’elle utilise et réutilise telles que le bois, le kraft pour les étiquettes des menus, le raphia, l’osier, le lin, la toile de jute. Lili réalise ses lettres pochoir sur sa machine avec du cartonnage de récupération qu’elle va pleurer à droite et à gauche. Elle réalise son premier mariage à l’été 2021. Sur 80 invités, il y a forcément 0 70

quelqu’un qui connait quelqu’un qui justement se marie prochainement et ça fait boule de neige. La saison 2022 a battu son plein avec une quinzaine de prestations et le planning 2023 commence déjà sérieusement à se remplir, mais Lili prévient de suite : « Je privilégie la qualité à la quantité. »

Maison Lacoste Lili est ravie car sa fille Marie la rejoint dans cette aventure dès qu’elle a une seconde de libre, en apportant sa patte à la décoration. Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, elle se réjouit de sa récente collaboration avec la maison Lacoste, traiteur et numéro un de la gastronomie événementielle en Aquitaine. Laissons-lui le mot de la fin : « Je fais un vrai métier très sérieux, sans me prendre au sérieux. Chaque événement est un sacré challenge, sans deuxième essai, pour que ce soit le plus beau jour de leur histoire. » Comme pour les jeunes mariés, souhaitons longue existence à Rose Pudding.


Green ×

“La nature est la source de tout ce qui existe ; son langage n’est point inintelligible et variable, comme celui des hommes et de leurs livres ; les hommes font des livres, mais la nature fait des choses.” Bernardin de Saint-Pierre La Chaumière indienne

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Thomas Serré construit les bateaux de l’avenir Rencontre avec Thomas Serré, le PDG d’Ibaïa boats. Cette jeune entreprise construit à Gujan-Mestras un bateaumaison en bois à propulsion solaire. Une première en France.

Photos Voir mentions

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homas Serré n’aime pas beaucoup parler de lui. Souriant et posé, il préfère évoquer son chantier naval, ses idées pour construire des bateaux moins polluants. Sa passion pour son métier, auquel il consacre plus de 70 heures par semaine, est sa colonne vertébrale, le moteur qui le fait avancer et lui permet de déployer une trajectoire hors norme. La première image ? Les bateaux de son père, sur lesquels il est monté avant de savoir marcher, l’amour du travail manuel qu’il y développe, des heures à bricoler, la mer jamais très loin même si le nom des villes où il grandit change souvent. L’orientation professionnelle n’est pas une question mais une certitude. C’est dans la prestigieuse école de Southampton qu’il se forme durant trois ans à l’architecture navale. L’apprentissage à l’anglo-saxonne lui 072

convient parfaitement : des heures de recherche dans des bibliothèques universitaires, peu d’heures de cours. À la sortie, il suit sa femme en Pologne où il est embauché sur un chantier en train d’émerger. Il y restera neuf ans : « Au départ, il y avait 50 salariés, on construisait un bateau et demi par an. Quand je suis parti, on était 400. Les bateaux étaient passés de 18 à 35 mètres. J’ai participé à la construction de yachts de luxe et des plus gros catamarans au monde. » Et franchi tous les échelons : commercial, chef de projet, architecte, chef du bureau d’études. Il s’en va lorsque sa vision des choses s’éloigne trop de celle de son patron. La course s’accélère. 2015, arrivée en famille sur le bassin d’Arcachon où il lance son propre bureau d’études, SB Yacht design, dont le siège est à La Teste. Parmi les objectifs de

© DR

Texte Christine Heim


© DR

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l’architecte, celui de construire des bateaux moins polluants, « l’inverse des yachts de luxe en Pologne ». Avec son équipe, il conçoit cinq à six projets par an : « J’adore mon métier mais j’ai toujours rêvé d’avoir un chantier. Je connaissais les contraintes, les risques, alors je reculais le moment. »

Mise à l’eau en avril

© Saïd Gharbi

Le moment arrive avec ce client belge, à la recherche d’un bateau à propulsion solaire. « On a conçu le bateau, mais on ne trouvait pas de chantier pour le réaliser. J’ai fini par me lancer », sourit l’architecte.

C’est ainsi que naît Ibaïa boats, constructeur de bateaux non polluants. Et c’est dans les locaux loués au chantier Debord, au port de Meyran à Gujan-Mestras, que quatre personnes travaillent depuis avril à la construction du houseboat, destiné à la navigation fluviale. La mise à l’eau est prévue en avril prochain. Ibaïa boats prépare aussi la construction d’un coche solaire, sur les mêmes principes de réduction de la pollution. « Je prône l’écologie, mais pas punitive. On n’est pas parfaits non plus. On essaye d’aller vers des matériaux

biosourcés qui n’ont pas fait le tour du monde, ce n’est pas simple. » Le chef d’entreprise se donne trois ans pour se constituer un carnet de commandes et passer à une production plus industrielle. Il songe déjà à des bateaux non polluants dont l’autonomie leur permettrait cette fois de naviguer en mer. Son univers.

Le confort d’une maison Présenté comme l’alliance parfaite entre éco-habitation et mobilité douce, le houseboat offre le confort d’une maison. Construit en contreplaqué/époxy, il est autonome en énergie et sans émissions polluantes grâce aux 24 m2 de panneaux solaires installés sur son toit qui suffisent à alimenter la propulsion électrique mais aussi toute l’énergie à bord. Chef de production, Saïd Gharbi suit le projet depuis sa conception : « Le houseboat a 8 heures d’autonomie, mais ne peut pas aller trop vite, il convient à la navigation sur fleuve. Il est entièrement vitré et isolé avec du double vitrage. » D’une longueur de 16,75 mètres, il propose 50 m2 d’espace de vie avec deux chambres, une salle de bain, un salon et son poêle à granules, une cuisine, une salle à manger, 30 m2 de terrasses. ibaiaboats.fr

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© Christine Heim

© Christine Heim

“J’adore mon métier mais j’ai toujours rêvé d’avoir un chantier.”



Des vacances insolites axées sur le bien-être

Retour à la nature et à soi, c’est ce que propose le Domaine du pas de l’âne, où l’on séjourne en gîte ou en camping atypique. On y fait du yoga, de la méditation de pleine conscience lors de stages, de formations ou de retraites.

Texte & Photos Sabine Luong (sauf mentions)

“La méditation de pleine conscience MBSR est une technique laïque inspirée du bouddhisme”

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l faut s’imaginer un terrain de 8 hectares classés Natura 2000, avec des arbres majestueux, trois gîtes et des champs pour que puissent gambader les trois ânes en pension de l’association L’Eyre des Anges. Fermez les yeux pour visualisez les deux chiens, les trois chats, les canards et les poules qui vaquent en liberté autour du verger et du potager fleuris. Il y a même une timide tortue au bord des cours d’eau du Lacanau et du Biard. Vous êtes au Domaine du pas de l’âne. Ici tout est calme et volupté.

Une aventure familiale Tout a commencé il y a cinq ans lorsqu’Isabelle Prince et son compagnon Laurent ont voulu changer de vie. Isabelle est infirmière libérale et nutritionniste diplômée d’État, activité qu’elle continue d’exercer quatre jours par mois. Par le biais de la formation 0 76

continue, elle se forme au yoga et à la méditation de pleine conscience. Au départ, elle pensait à l’achat d’un camping, mais tout ce qu’elle visitait ne correspondait pas à ses valeurs écoresponsables et de nature sauvage. C’est ici, au Domaine du pas de l’âne, où les arbres ne sont pas alignés, doté de trois gîtes, qu’elle décide de monter son projet pour reconnecter les visiteurs à la nature et au bien-être. Laurent, électricien de profession, est d’une grande aide. Leur notion du camping est à la fois confortable et insolite et n’accueille pas plus de 15 à 20 personnes à la semaine. En plus des trois gîtes tout confort, ils installent des bulles wigwam, des tipis avec des lits confortables et des hamacs au-dessus des cours d’eau cristallins pour des siestes mémorables. Les sanitaires et le coin cuisine sont collectifs. Sa fille Célia gère les réservations et l’accueil des


© Domaine Le Pas de l’âne

Isabelle Prince

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© Domaine Le Pas de l’âne

© Domaine Le Pas de l’âne

“Ici tout est fait pour que les gens se sentent en famille et vivent l’instant présent”

vacanciers. Son gendre Clément fait office de chef et régale les hôtes qui le souhaitent.

© Domaine Le Pas de l’âne

Yoga et méditation de pleine conscience Aider les gens à aller mieux, lors d’épisodes de fort stress ou de dépression, de douleurs chroniques ou de troubles alimentaires, c’est l’objectif d’Isabelle. Ici est organisé, en collaboration avec Nathalie Drogoul, un programme de huit séances de méditation de pleine conscience MBSR à raison de 2 h 30 par semaine, plus une journée entière et un engagement de 45 min de pratique journalière. « C’est une technique laïque inspirée du bouddhisme, pratiquée au CHU de Bordeaux. Elle permet de créer une perception positive et d’acceptation, et renforce les circuits neuronaux avec bienveillance. » Il y a même une 0 78

salle pour la pratique du yoga. Avec sa collègue infirmière, Julie Bégu, Isabelle anime aussi 4 heures de méditation à la salle Koré Studio de Mios le mercredi de 10 h 30 à 11 h 30 le jeudi de 18 h 30 à 19 h 30 et à Gujan-Mestras le mercredi à la salle Providence de 18 h 15 à 19 h 15 et de 19 h 15 à 20 h 15. « L’an prochain, on pourra louer le domaine à des séminaristes, ou à des praticiens pour le yoga, le tai-chi, le développement personnel. Ici tout est fait pour que les gens se sentent en famille et vivent l’instant présent. »

Le Domaine du pas de l’âne Route de La Moulasse à Mios domainedupasdelane@gmail.com 07 86 42 71 58 isavolleprince@orange.fr 06 81 71 02 47 mediation-mbsr-gironde.fr


Sport Bien-être ×

“Le plus grand secret pour le bonheur, c’est d’être bien avec soi.” Fontenelle, Du bonheur

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© Patrice Bouscarrut

Cap à l’équilibre transmet les bonnes énergies ZEN COLLECTIF. Créée il y a déjà 3 ans, l’association Cap à l’équilibre s’est donné pour mission de développer le bien-être sur la Presqu’île. Toute l’année, et particulièrement au Cap-Ferret, où l’hiver, il faut bien l’avouer, habitants et activités ne sont pas légion comme en pleine saison estivale. Autour de Quentin Dost, le président, ostéopathe au Cap-Ferret, un groupe de près d’une dizaine de professeurs de yoga s’est constitué. « Nous recherchons des activités alternatives, cherchons à expérimenter de nouvelles choses », explique Quentin. Des activités aussi diverses que le yoga, bien sûr, mais aussi des stages d’expression corporelle, comment trouver une vibration sonore dans son corps avec l’aide d’une chanteuse lyrique, un atelier ouverture du cœur sur la conche du Mimbeau, bain sonore de gong traditionnel, slow sunday flow, marche yogique (breathwalk) et même acupuncture. Une liste à la Prévert qui en dit long sur l’éclectisme du groupe. « Nous voulons travailler ensemble, solidariser les gens, créer des ponts », explique Quentin, « prendre les bonnes énergies de chacun, communier avec la nature. » Cap à l’équilibre donne aussi une meilleure visibilité aux acteurs du bien-être installés à l’année sur la Presqu’île. « Le but est d’utiliser un matériel commun, se réunir autour de projets », explique le président. Aujourd’hui, Cap à l’équilibre devient un acteur majeur au Cap-Ferret. Tous les dimanches matin de 9h30 à 11 h, des cours sont proposés dans la salle Sésostris, à côté du stade du Cap-Ferret. Et peut-être dans un avenir proche aussi les samedis et lundis matin. PB supersaas.fr/schedule/Capalequilibre 080



Surya la vie, entre l’eau et l’éther

Inspiré par le janzu, une pratique héritée de la tradition chamanique mexicaine, l’ATMA, art de la transformation et méditation aquatique, permet de soulager l’anxiété, les tensions physiques et offre l’opportunité de réconcilier son corps après des épisodes traumatiques liés à l’enfance, la grossesse et à l’accouchement. Depuis mars dernier, dans le centre Aquabulle du Teich, Isabelle Romain propose ce soin dans le cadre de son projet Surya la vie. Portrait d’une femme solaire et bienveillante, experte dans l’art de la transformation intérieure. Texte Mélanny Rodrigues

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rrière-petite-fille de guérisseur, des années plus tôt, bien que son aïeul utilisât les plantes pour soigner les pêcheurs de l’Aiguillon, aujourd’hui, celle qui ne croit pas moins au pouvoir des éléments préfère l’eau plutôt que les potions pour raccorder en profondeur l’âme et le corps de ceux qui passent entre ses mains. Elle est depuis toujours plus à l’aise

sur l’eau que sur la terre ferme. Si l’île Maurice l’a vu faire ses premières brasses, c’est sur le Bassin, au Canon, que son père amateur de voile et de pinasse a su ancrer son amour pour les flots. Il faudrait mille vies pour raconter la sienne, de l’Irlande au Maroc, en passant par le Népal, et c’est sur la côte basque pourtant, qu’elle renaît, introspecte et démarre son histoire spirituelle. 082

© Mélanny Rodrigues

Photos Mélanny Rodrigues & Francois Dhoury


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Comme dans un cocon

© Francois Dhoury

© Francois Dhoury

“Être positive c’est l’état d’esprit le plus radical que l’on puisse avoir”

Formée à la kinésiologie, cette pratique où l’émotionnel et le corps physique sont indissociables, c’est en voulant soulager ses maux de ventre et de dos qu’elle découvre le pouvoir guérisseur de l’eau. Après s’être spécialisée auprès d’un couple de précurseurs dans le domaine, de retour sur le Bassin, elle étoffe son offre de soins par des séances de méditation aquatique ; l’ATMA. Profond et libérateur, adapté à tous les profils, ce soin encore méconnu et qui tend pourtant par ses résultats à se démocratiser a le pouvoir de reconnecter ceux qui s’y prêtent à leur matrice, à leur état initial. En phase de flottaison, ramené à l’état fœtal, embryonnaire, le corps uni à l’eau se laisse bercer dans un ballet fluide et réconfortant. Vous êtes plongé dans une eau proche de 34°, les oreilles immergées, les yeux

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clos ; la praticienne vient de ses mains rassurantes amorcer la communion du corps et de l’eau. Testé par des psychologues et des sages-femmes, ce soin, idéalement conçu pour les femmes enceintes, permet d’établir une véritable connexion et de partager des sensations communes avec le bébé. Ouvrir le bassin, les hanches, laisser filer les douleurs et les appréhensions, expérimenter la « puissance de la douceur », sentir l’eau s’immiscer. Tisseuse de liens, Isabelle aime provoquer de véritables moments de complicité. Marraine, filleule, mère et filles, frère et sœur, elle entrevoit la piscine comme un cocon, un lieu de dépose où tous peuvent, en confiance, lâcher prise et s’ancrer dans l’instant. Cris, larmes, éclat de joie… à l’aise avec les émotions des autres, grâce à sa sensibilité énergétique, elle est la personne idéale pour accueillir toutes les formes d’expression qui surgissent. Même si elle en est convaincue, le travail sur les peurs, les phobies, commence au moment de la prise de rendez-vous. Consciente de l’importance des détails, elle ritualise chaque séance avec minutie. Tisane servie dans une céramique tournée à partir de la terre du Bassin, tirage d’une carte de tarot inspirée par les forces marines. Si le requin évoque la puissance, toutes révèlent un mot, un symbole, qui fait sens avec la vie des personnes qu’elle accueille. Depuis l’été dernier, en symbiose avec Sophie Piccolo, professeure de yoga, elle propose des sessions de Yog’Atma, un soin mêlant leurs deux pratiques. Une occasion de plus pour partir à la rencontre de votre moi sacré guidé par l’écoute discrète de cette femme au cœur d’or ! Suryalavie.com 06 33 53 69 13


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© Francois Dhoury

© Mélanny Rodrigues

© Francois Dhoury

© Francois Dhoury


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Les mondes de Véronique

Pourtant bien ancrée dans notre réalité, insaisissable, Véronique est aussi difficile à traduire que son activité de guideuse complexe à résumer. Douce et bienveillante, loin de l’occulte et de la magie noire, elle nous ouvre une fenêtre sur les mondes parallèles dans lesquels elle évolue.

Texte & Photos Mélanny Rodrigues

“Les pieds sur terre, s’il y a un bruit dans la maison, je soupçonne d’abord un courant d’air avant de penser au paranormal !”

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ée cancer en juillet 1983, petite déjà, Véronique entretenait le sentiment d’être à part, spéciale, destinée à aimer ceux qui ne l’étaient pas. Empathique et sensible, si dans la cour de l’école elle n’hésitait pas à prendre la défense des plus fragiles, à la maison, solitaire, seule la Lune lui tenait compagnie. Elle était étroitement liée à sa grand-mère, et comme par devoir de transmission, c’est au décès de cette dernière que les manifestations s’amplifient et que ses prémonitions s’exacerbent. Portée par ses prédictions, elle se confronte à cet héritage, prend à revers ses peurs et achète ses premiers oracles. Des années plus tard, comptable dans un cabinet d’expertise, fascinée par les tornades et les ouragans, malgré son aversion pour la ville elle s’envole pour New 087

York. Avec la sensation d’avoir toujours été mal réincarnée, c’est dans cette fourmilière où toutes les cultures se confondent qu’opère le changement et qu’elle donne une nouvelle impulsion à sa vie. Dès son retour, la comptabilité mise à part, elle met ses capacités divinatoires au cœur des Deux Mondes, le cabinet ésotérique où elle reçoit depuis 2014.

Passé, présent, futur Thérapie de développement personnel, dégagement d’entités, écriture automatique, voyance, et les cartes qui viennent parfois supporter ses séances. Pourtant, détaillée et précise, elle ne prédit rien de plus que ce que ses guides lui murmurent. Dénouer le passé de constellations familiales compliquées, traiter les vies antérieures, harmoniser le corps,


“Les chevaux sont bavards, pour les chats, il faut faire vite, ils peuvent même être très vulgaires !”

l’âme et l’esprit, la médium remonte les maillons de blocages transgénérationnels pour permettre à ceux qui la consultent de se réaliser dans le présent. Connectée, lors de ses soins énergétiques, elle recentre, panse et soigne les maux du corps, les douleurs, les brûlures autant en surface qu’à l’intérieur. Enfant, si elle avait pour habitude de prendre soin des animaux blessés, aujourd’hui, messager de leurs émotions, elle a la faculté de communiquer avec eux, pour aider les humains à mieux comprendre leur comportement. Tandis que pour les chiens il suffit d’ajuster des manquements d’éducation, pour les chevaux, il s’agit surtout de les libérer de traumatismes passés, liés au labeur, à la guerre ou à la maltraitance. Grâce à des images subliminales, des intuitions, des ressentis, elle arpente leurs souvenirs pour les soulager et reporter leur historique de vie à leurs nouveaux propriétaires. Formée par ses guides et capable de percevoir le même degré de

Les gri-gris de la médium

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palpable dans la matière que dans l’au-delà, la voyante sert de pont entre le visible et ce qui ne l’est pas. Chargée d’humour, Véronique rassure, casse les croyances et les idées reçues, car si, dans l’imaginaire collectif, l’invisible est associé au ciel et aux anges pourvus d’une paire d’ailes, dans sa vision du monde, ce sont des fluides bienveillants répandus tout autour de nous, au service de tous et perceptibles seulement par quelques initiés. Ouvert aux curieux, aux méfiants et aux convaincus, son agenda ne cesse de se remplir, et sa pratique fait défiler sur les visages de ses patients une large une palette d’émotions. Présente lors du festival Musettes en septembre dernier, elle espère intégrer de nouveaux événements et, bien qu’elle soit active jusqu’en Australie, étendre son activité plus localement, des montagnes pyrénéennes jusqu’au Portugal. veroniquemedium.jimdo.com


Enfants ×

“Il n’y a pas d’enfants difficiles. Ce qui est difficile, c’est d’être un enfant dans un monde plein de gens fatigués, toujours occupés, pressés et sans patience.” Henning Köhler

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© Ineh

Contact recreanglais.com/ nos-ecoles/ ecole-anglaislatestedebuch 06 31 32 25 66

Un concept original pour apprendre l’anglais ! LET'S TALK ! Depuis le début du mois d’octobre, Marine Coulomban gère la sortie des classes des petits Testerins. Durant le temps périscolaire, cette formatrice bilingue certifiée RécréAnglais propose des cours d’anglais originaux. Le midi ou à l’heure du goûter, elle récupère les bambins et se charge de leur transport, de leur repas ou de leur collation et des activités, le tout en anglais ! Les enfants profitent ainsi d’un bain linguistique 100 % anglophone au domicile de Marine. « C’est un peu comme s’ils étaient en immersion chez une amie anglophone. Nous pratiquons l’anglais naturellement à travers le quotidien et des activités ludiques. Ayant une fibre artistique et sportive, je leur propose des activités autour du chant, du mouvement, des jeux de rôle, des activités en extérieur, mais également du craft et des jeux de plateau. Le but est de se faire plaisir et de respecter le rythme de chacun. » De retour à la maison, les enfants peuvent continuer leur apprentissage aux côtés de leurs parents en se connectant à la plateforme d’e-learning qui leur permet de revoir les notions acquises durant le lunch ou le tea time. Marine ouvre ses portes aux enfants de 3 à 11 ans, scolarisés à La Teste-de-Buch et dans les communes limitrophes. « Je prends 6 enfants maximum par atelier. Ils sont répartis par tranche d’âge et par niveau, de la petite section de maternelle au CM2. » Enfin, le mercredi matin, c’est place au brunch time pour tous les enfants du Bassin désireux de se familiariser avec la langue anglaise tout en s’amusant ! Ineh 090


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Texte & Photos Ineh (sauf mention)

Douceur et petit bonheur en musique L’atelier enchanté. C’est le nom qu’aurait pu donner Rachel Dalbigot à l’atelier d’éveil musical créé par ses soins, il y a quelques mois, à Audenge. Les enfants y découvrent la magie des notes de musique qui transportent, apaisent et imprègnent leur être.

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© Ground Picture

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ès l’ouverture des portes, le ton est donné : la musique, c’est sa vie! Sur les murs mais également au sol, de nombreux instruments prennent place : instruments à vent, instruments à cordes, percussions, cloches… Une caverne d’Ali Baba réjouissante pour toutes les petites têtes blondes qui pénètrent cet atelier depuis le mois d’octobre. Chaque mercredi matin, Rachel Dalbigot accueille les enfants de 3 à 8 ans et leur offre une approche originale de la

musique, une véritable parenthèse musicale tout en douceur, faite d’apprentissage et de jeux.

Une musicothérapeute à Audenge Cet espace, elle en a rêvé. Cela faisait un petit moment que l’idée de mettre en place des ateliers d’éveil musical pour les enfants trottait dans son esprit. « Arrivée sur le bassin d’Arcachon, j’ai travaillé en tant que musicothérapeute au sein de la résidence pour seniors les Girandières et à l’Ehpad les Baccharis. Mais, j’ai ressenti le besoin de retrouver les enfants. » En effet, c’est à leurs côtés que cette passionnée de musique depuis le plus jeune âge a débuté sa carrière. Titulaire d’un master en psychologie du développement, elle a d’abord évolué durant quelques années comme intervenante psychoéducative auprès d’enfants TDAH et souffrant d’un trouble du spectre autistique. Avec eux, elle a expérimenté. Elle a

utilisé la musique comme outil pédagogique, véritable vecteur d’un mieux-être. Témoin privilégié de l’évolution de ces enfants, Rachel Dalbigot prend conscience des bienfaits de cet art et décide de le mettre au service des petits comme des grands en devenant musicothérapeute. Aujourd’hui, elle propose des séances individuelles de musicothérapie. « Les ateliers de musicothérapie sont spécifiques à chaque enfant. À la suite d’un bilan psychomusical effectué en collaboration avec les parents, je réalise des exercices en fonction de la problématique vécue par l’enfant. Par exemple, pour un enfant TDAH, je vais concentrer la séance sur des exercices attentionnels afin de l’aider à maintenir son attention le plus longtemps possible. Je peux aussi l’orienter vers des exercices de discrimination auditive pour apprendre à écouter et à se concentrer ou encore axer la séance sur le rythme, pour un enfant souffrant de troubles de l’apprentissage. » La musicothérapie améliore les capacités d’attention, de concentration et d’apprentissage des enfants.

L’éveil des sens en musique En ce qui concerne les ateliers d’éveil musical, l’approche est différente. Pour Rachel, il s’agit avant tout d’inviter les jeunes enfants à explorer la musique dans sa globalité. Lors de ces ateliers, ils développent leur musicalité en profitant d’une initiation à la fois musicale et sensorielle. Ils s’enrichissent culturellement et découvrent les notions musicales comme le solfège, de façon ludique. « À chaque début d’atelier, j’aborde l’histoire de la musique avec les enfants à partir d’une petite question toute simple autour de laquelle l’atelier va s’articuler. Qui est l’inventeur de la musique ? Quel est le 094


“Il n’y a pas d’âge, ni de barrière pour apprendre” Rachel Dalbigot

rôle du chef d’orchestre ? S’ensuivent alors des jeux autour du toucher, de la rythmique, du chant, de la danse et même du dessin avec la reproduction de la clé de sol ou de notes de musique. » Bien évidemment, l’atelier permet la découverte d’instruments. « En ce moment, nous travaillons sur les instruments à vent, alors les enfants s’amusent à souffler dans des pailles ou de petites bulles. » Chaque séance se termine par l’écoute d’un morceau et une discussion sur le ressenti de chacun. Cet atelier

favorise avant tout le plaisir, l’éveil des sens et l’épanouissement des enfants. Il contribue au développement de leur motricité fine, de leur oreille musicale et de leur sens du rythme. Chaque atelier est l’occasion d’apprendre une petite nouveauté. Afin de développer la sensibilité musicale des plus petits, Rachel envisage l’ouverture d’un atelier d’éveil musical parent-enfant. « L’idée, c’est aussi de permettre aux parents de tout-petits de se retrouver pour 095

un moment de complicité avec leurs enfants. Ensemble, ils apprendront des comptines à gestes toutes simples, de petites danses et petits jeux de doigts à reproduire à la maison. » Parce qu’il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour apprendre, Rachel dispense également des cours de piano aux enfants comme aux adultes. Rachel Dalbigot 1 rue de Coubajos, Audenge 06 07 56 72 38 Facebook : @Rachel.Dalbigot


Texte & Photos Sabine Luong

De sacrées drôles de dames !

Murielle Garrigues, Corinne Cazade et Sophie Terrades se sont lancées dans l’invention de jeux de plateau et de cartes inspirés des livres de Murielle. On ne les arrête plus. Retour sur leur parcours.

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T

out a commencé en 2016 lorsque Murielle a sorti son petit livre fantastique Pour les yeux d’Efeldie. Sa nièce Sophie et son amie Corinne lancent une idée en l’air : « Et si nous en faisions un jeu ? » En peu de temps, elles créent leur maison d’édition de jeux de société, Somuko, Jeux et créations, et La Quête d’Olan, un jeu de plateau tout public voit le jour. Mais ce n’est pas si simple de se faire remarquer dans ce milieu. Deux ans plus tard, elles sortent un second jeu, cette fois-ci de cartes, qui intéresse les ados, Potions et Sortilèges, toujours inspiré par les histoires de Murielle, et illustré par Alex Erceau. Elles se transforment en commerciales en parcourant tous les salons et les boutiques du Bassin pour faire connaître leurs jeux. Mais il leur manquait un jeu à destination des petits enfants. Elles s’appuient sur des prototypes de créateurs de jeux de l’association Phoenix Eden, qui organisent le salon de Cestas, et peaufinent un projet qui deviendra le jeu de cartes Les Chiens chapardeurs, qu’elles commercialisent avec les illustrations de Jean-Luc Saphar. Cela leur vaudra d’obtenir enfin la reconnaissance grâce au 1er prix des Trophées des entreprises CACBN (du Bassin nord) en janvier 2020. Malheureusement la crise du Covid passe par là et stoppe tout. « Nous avons fait un appel sur les réseaux pour pouvoir continuer l’aventure.

La solidarité et le mécénat se sont mis en route. Les trois jeux sont même partis en Afrique grâce à Élisabeth Lartigau à laquelle nous avons donné des jeux pour la remercier de ses dons. D’ailleurs, ils sont présents à La Réunion, en Belgique, au Canada, en Suisse, Espagne, Allemagne et Angleterre. D’autant plus que notre dernier jeu, Les Chiens chapardeurs, est traduit en quatre langues. » Pour relancer la machine, d’avril à septembre 2022, elles prennent un stand au marché nocturne d’Arcachon. Corinne et son mari Jean-Claude décident de faire tous les festivals médiévaux et de partir au festival Trolls et Légendes en Belgique où les jeux rencontrent un grand succès.

Accompagnatrices pour la création de jeux et nouveaux projets Depuis un an, elles sont accompagnatrices et éditent un guide gratuit du créateur de jeu sur leur site. Elles sont alors contactées par le Secours catholique national qui leur demande de créer un jeu de cohésion sociale pour 097

“Notre dernier jeu, Les Chiens chapardeurs, est traduit en quatre langues” leurs équipes On the road again. Elles interviennent également à la ludothèque de Mérignac pour animer des ateliers de création de jeux financés par le département. Actuellement, elles travaillent sur plusieurs projets, dont ce jeu sur le harcèlement sexuel, Harcelée plus jamais ! Leur 4e jeu, Les Combattants d’Astaroth, jeu de rôle participatif, sera présenté au salon de Lacanau le 1er février 2023. À chaque jeu, il y a un livre fantastique associé de Murielle. D’ailleurs, pour Noël, sort son histoire sur l’écologie, le bassin d’Arcachon, la protection des océans, On est fou de Kyou. Il faudra attendre encore un peu pour le jeu. Somuko Jeux Les jeux se trouvent à la Cabane à jeux, King Jouet, Tabac presse l’Éden, Hyper U, Leclerc Arès et sur le site : somuko.fr


LE BI LLET DE PA S C A L BATA ILLE

© Patrice Bouscarrut

La vérité qui compte…

C

haque semaine ou presque, l’actualité nous amène à nous poser cette question : comment des gens sensés peuventils croire à d’énormes bobards ? Je suis sûr que lire cette phrase vous a en même temps fait rire et penser à de multiples anecdotes illustrant mon propos… Le spécialiste du management Olivier Sibony nous propose une analyse intéressante. Les mensonges ou les absurdités deviennent crédibles, explique-t-il, en partie et tout bêtement (si je peux me permettre), parce qu’ils sont répétés. C’est ce qu’on appelle « l’illusion de vérité » : une affirmation sans fondement, voire une contre-vérité, finit par sembler vraie à certains (et parfois au plus grand nombre) si elle est suffisamment répétée et relayée. Là, vous avez envie de me répondre : « Peut-être pour des crétins, mais pas pour moi ! » Et pourtant. Les études prouvent que l’effet de cette

illusion de vérité ne se limite pas à des idées ambiguës ou complexes. Même des énormités (« La Terre n’est pas ronde mais parfaitement carrée », « Le vaccin empêche de transmettre le Covid ») peuvent finir par être perçues comme plus crédibles si elles sont suffisamment répétées. Elles ne seront pas totalement crédibles, bien sûr, mais plus crédibles que la première fois. Et ainsi de suite au fur et à mesure qu’elles seront relayées. Autre enseignement de ces études : il apparait que même lorsque l’on connait le sujet, on n’est pas totalement protégé pour autant contre cette illusion de vérité. Car quand une affirmation est familière (« Tu vas attraper froid si tu sors sans te couvrir », « Il ne faut pas se baigner juste après le repas », « La Sepanso se bat utilement pour protéger les sternes », « L’UBA est un vrai service public », « Le maire de Bordeaux est un vrai démocrate »…), 098

nous avons tendance à ne pas faire l’effort de nous interroger sur sa véracité, même si nous le pouvons et si nous détenons le savoir nécessaire. Enfin, dernier élément étonnant : peu importe la fréquence des répétitions : relayer un mensonge après un mois est presque aussi efficace qu’après quelques minutes… Alors, que faire ? Souvenez-vous de Descartes et de son « Dubito ergo cogito, cogito ergo sum », « Je doute donc je pense, je pense donc je suis »… Sans surprise, les études démontrent que l’on peut réduire les effets de l’illusion de vérité en se comportant aussi souvent que possible en « fact checker » . Oui je sais, c’est à la mode, mais c’est terriblement utile, sinon même nécessaire. Comment procéder ? Tout simplement : la première fois que vous découvrez une information, efforcez-vous de la mettre en cause et de mesurer son degré de véracité. Faites-le TOUT DE SUITE. Que ce soit cette info que vous entendez à la radio, ce post que vous lisez sur Facebook, cette photo que vous voyez sur Instagram, ce comportement de tel ou tel que l’on vous rapporte ou cette déclaration de votre politique préféré(e), partez du principe que c’est peut-être faux, ou en partie erroné. Faites-le dès que vous en prenez connaissance car, ensuite, il sera trop tard… une fois répétés et relayés, la désinformation, l’erreur, le mensonge ou l’absurdité commenceront à prendre les habits de la vérité, jusqu’à devenir la croyance du plus grand nombre. Première illustration : croyez-vous que ce que vous venez de lire est vrai ?




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