Vivre le Bassin 4

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Nº4

Mémoires

Michèle

Une vie sur les parcs à huîtres

Coulisses

Chantier BOSSUET AIGUILLON

Green

Mode

Sophie Bégin

Mariez-vous en

Tessa Delpech

rame pour l’environnement

LA TESTE DE BUCH

ARÈS

H ugo ucine L Compagnon charpentier LÈGE-CAP FERRET

Portfolio

HIVER 2021

FRÉDÉRIC LAMOTHE

PHOTOGRAPHE DES FONDS MARINS

Le magazine des gens du Bassin !

L 11962 - 4 - F: 5,00 € - RD

– VIVRE LE BASSIN – TRIMESTRIEL – DÉCEMBRE 2021 - JANVIER / FÉVRIER 2022 –

Dessine-moi un voilier



édito • Vivre le Bassin 4

© Patrice Bouscarrut

Toutes les nuances de gris entre ciel et mer Retrouvez l’actualité au quotidien sur : Facebook: facebook.com/vivrelebassin Instagram: instagram.com/vivrelebassin

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« C’est comment l’hiver sur le Bassin, c’est bien aussi ? » Combien de fois m’a-t-on posé cette question ! Chaque fois, des images me reviennent, celles du froid humide dans les bois, lors de cueillettes des bidaous, des lumières vacillantes mais réconfortantes du poêle de mes grands-parents, du grondement parfois oppressant de l’océan que l’on entend même côté Bassin sur la Presqu’île. Oui, c’est bien, l’hiver, très bien même. Et il y a ce gris, ou plutôt ces gris qui s’expriment en strates entre ciel et mer. Et ça, on ne peut vraiment les contempler qu’en hiver. Je devine que chacun ici a conscience de ce privilège, voir le Bassin différemment, intensément, intimement, loin du bleu azur estival. Alors parlons couleurs. Le bleu est la couleur préférée de plus de la moitié de la population. Mais ce que préfère Michel Pastoureau, l’historien des couleurs, c’est le gris, « comme des dizaines de millions de personnes à travers le monde ». Devant le violet, l’orange, le brun, et autant que le rose et le jaune. Ce gris recèle des subtilités, comme l’expliquait Johannes Itten du Bauhaus, il change de couleur dès qu’il s’approche d’une autre. De la magie en camaïeu sans cesse renouvelée. Mais le Bassin nous livre parfois des couleurs là où l’on ne les attend pas. Dans le portfolio de ce numéro, le plongeur photographe Frédéric Lamothe nous dévoile que sous l’eau le microscopique devient une explosion chromatique. Le bois des charpentes d’Hugo Lucine, le blanc des robes de mariée de Tessa Delpech, le vert des potagers, du green d’un golf, et bien sûr du bleu, beaucoup de bleu… chacun a droit à sa couleur dans ce numéro. Bonne lecture. Patrice Bouscarrut

N° 4 – HIVER 2021 - 2022 / Prochain numéro mi-mars VIVRE LE BASSIN 501, avenue Gustave Eiffel 33260 LA TESTE-DE-BUCH Directeur de la publication Rédacteur en Chef Yann Crabé (infos@vivrelebassin.fr) Administration et finance : Marjorie Batikian (marjorie@vivrelebassin.fr)

Direction artistique & Design graphique Grand National Studio (hello@grandnationalstudio.com) RÉDACTION : Journalistes & photographes Pascal Bataille, Brigitte Canovas, Philippe Guillaume, Patrice Bouscarrut, Armelle Hervieu, Ineh, Sabine Luong, Brigitte Vergès Secrétaire de rédaction Isabelle Calmets

ABONNEMENTS : VIVRE LE BASSIN www.editionsvivre.fr Tél. : 01 58 88 37 00 (du mardi au jeudi 10 h-12 h / 14 h-17 h) VIVRE LE BASSIN est édité par CAPITALE PUBLISHING SARL de presse au capital de 5 000 € Siège social : 55, boulevard Péreire 75017 PARIS RCS Nanterre 517 815 908 Gérant : Yann Crabé

Vivre le bassin

PUBLICITÉ & PARTENARIATS : Karyn Juge : 06 74 35 94 41 karyn@vivrelebassin.fr DISTRIBUTION FRANCE : MLP Numéro commission paritaire : EN COURS ISSN : 2781-8357 Imprimerie : ROTIMPRES Girona, Espagne

La reproduction, même partielle, des textes, photos et illustrations est interdite sans l’autorisation de CAPITALE PUBLISHING. Le contenu des textes n’engage que la responsabilité de leurs auteurs respectifs. Photo de couverture : Patrice Bouscarrut


© Armelle Hervieu

SOMMAIRE • Vivre le Bassin 4

© Patrice Bouscarrut

© Patrice Bouscarrut

20

32

56

10 CULTURE 10 Lucie peint des pins sur les murs 12 Sabine Luong écrit le récit de votre vie

38 MER

20 Nathalie Imbert Sa peinture a du caractère

40 Les Vedettes, dégustations et balades

FOOD

24 Une affaire de famille

© Armelle Hervieu

32 Ambroisie Emmanuel Mathieu veut faire de la conserverie 2.0

14 Eva rêve d’être chanteuse

24

46

28 La reine du chocolat s’installe à Arcachon

26 La conserverie du bassin d’Arcachon

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42 Écho-Mer, agir à terre pour préserver la mer 46 Chantier Bossuet, dessine-moi un bateau

54 la MéMOIRE DU BASSIN Michèle Clément, la femme et la mer

56 EN COUVERTURE Hugo Lucine, le bois et les copains d’abord

62 PORTFOLIO Frédéric Lamothe, la beauté est dans la petite bébête



© DR

SOMMAIRE • Vivre le Bassin 4

© Armelle Hervieu

© Patrice Bouscarrut

74

88

106

72 MODE & DÉCO 94 SPORT & BIEN-ÊTRE 74 Muësa, une marque de famille 76 Les Tiny de Herman Hérichard 78 Tessa Delpech, créatrice de contes de fées

82 GREEN

© DR

84 Tom Perrin, passeur de savoirs

98

88 Sophie Bégin rame pour l’environnement

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96 Bains de mer de Marie-Cécile 98 Deux Arésiennes championnes de France 100 Damien Plaza, 100 ans de football sur la Presqu’île 102 Kozoom, l’entreprise qui ne perd pas la bille

104 ENFANTS Du vintage pour les petits 106 À l’école du golf, on apprend la confiance en soi 112 Le Glam, de la déco festive pour les enfants

114 LE BILLET de Pascal Bataille Y a que la vérité qui compte !





CULTURE 1re partie

Lucie peint des pins sur les murs Ce sont les arbres et uniquement les arbres qui inspirent la lumineuse Lucie. Les fleurs aussi, un peu, à la rigueur. « Les arbres me fascinent. Il n’y en a pas deux qui se ressemblent. Ils sont souvent plantés par trois, comme une petite famille », observe l’artiste. Ancienne étudiante en arts plastiques passée par tous les métiers depuis, c’est lors du confinement que l’Arcachonnaise Lucie Giraldes a replongé à fond dans sa passion première : l’expression artistique. Elle s’est mise à peindre d’abord sur des coussins, des cadres, des toiles tendues. Puis, finalement, l’enfant qui sommeillait en elle s’est dit : « Et pourquoi ne pas peindre sur les murs ? » Ce geste totalement transgressif et jouissif, Lucie en a fait aujourd’hui son métier et sa spécialité. À la tête de sa petite entreprise, Casa Luci, elle peint sur tous les murs de toutes les villas du Bassin, entraînant les propriétaires de ses fresques dans de jolis voyages immobiles au calme pays des pins. AH

© Armelle Hervieu

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VIVRE LE BASSIN


CULTURE • Portrait

© Armelle Hervieu

Sabine Luong écrit le récit de votre vie

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lle est chouette l’histoire de Sabine Luong ! Comme bon nombre de gens, c’est pendant le premier confinement, au printemps 2020, que cette correspondante de presse, qui officiait auparavant pour plusieurs journaux locaux, a décidé de mettre sa vie à plat et de prendre son destin en main. « La presse payait trop peu. Ce métier m’a beaucoup apporté et notamment la possibilité de rencontrer plein de monde mais j’étais souvent frustrée. Je rencontrais des gens dont je me disais qu’ils mériteraient qu’on leur consacre un livre entier mais je n’avais jamais le temps d’aller plus loin. »

“JE RETRANSCRIS L’HISTOIRE DE LA PERSONNE MAIS AUSSI SA FAÇON DE S’EXPRIMER” → Nouvelle vie De cette frustration est née une décision. Le 2 juillet 2020, jour de ses 50 ans, Sabine Luong s’offre la vie dont elle rêvait en ouvrant sa petite boîte d’écrivain biographe. La Testerine avait déjà commis un livre, un roman : Le Goût de la tomate, paru il y a une paire d’années et que l’on ne peut plus se procurer. Mais l’écrivaine songe à lui rédiger une suite. Si elle trouve le temps ! Car Sabine Luong est

­désormais fort occupée par son métier de biographe qui lui va comme un gant. → Passeuse de mémoire Elle, qui adore les gens mais se dit aussi solitaire, oscille entre entretiens en tête-à-tête avec ses clients et longues heures de mise en forme de ses entretiens. L’objectif pour Sabine est d’être le plus fidèle possible aux propos de ses interlocuteurs. Ces biographies, même si certaines seront éditées, sont

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avant tout destinées à la famille de celui ou celle qui témoigne. « Je me considère comme une passeuse de mémoire. Ainsi, je retranscris non seulement l’histoire de la personne mais aussi sa façon de s’exprimer. Je veux, en lisant son livre, que l’on puisse l’entendre parler, comme si elle était là. » Après avoir écrit la vie de Mireille Séverac, la danseuse, et de Ric Ridol’s, le chanteur, Sabine rédige quatre autres biographies de héros du quotidien. Si, vous aussi, vous souhaitez léguer le récit de votre vie en héritage à ceux que vous aimez, contactez Sabine qui se fera une joie de vous aider à la raconter. AH Sabine Luong – 06 07 35 32 54


Salaire intéressant

Planning adapté

Présence de nuit

Même client

Réseau national


CULTURE • Portrait

Eva rêve d’être chanteuse

© Brigitte Canovas

“ELLE A COMPOSÉ LES MUSIQUES DES CINQ TITRES DE SON PREMIER EP”

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va Labat, arésienne d’origine réunionnaise, aura bientôt 14 ans et rêve de devenir chanteuse. Passionnée de chant et de musique, elle avait 9 ans lorsqu’elle a chanté pour la première fois sur scène à l’occasion du concours Les Talents du cœur du Bassin à Lanton. Elle rêvait déjà de participer à The Voice Kids et cette première expérience de scène l’a confortée. Elle a envoyé une vidéo à l’émission, a passé un casting à Angoulême mais n’a pas été retenue. Elle a alors participé à de nombreux concours de chant, finissant toujours sur le podium

dans la catégorie enfants, accompagnée le plus souvent de sa mère et sa grand-mère maternelle, qu’elle appelait « Mutti ». En 2019, elle a gagné le concours de chant Mardi on chante, à Bergerac, toutes catégories confondues. Elle a été contactée par les producteurs de son émission préférée après avoir été repérée dans un concours et a participé à plusieurs castings à Paris en août, avant de participer à la Saison 6 de The Voice Kids, dans l’équipe de Patrick Fiori. Elle a franchi plusieurs étapes et a perdu aux battles contre Manon, qui a fini 3e de la saison. Depuis,

elle a participé à des premières parties de concert (Olivier Villa, Collectif Métissé, Alain Llorca) et à de nombreux concours, chanté plusieurs fois pour la Fête de la musique, à Arès. Cette année, elle a interprété plusieurs chansons d’Édith Piaf et Voilà de Barbara Pravi. → Interprète et compositrice Pour finir son tour de chant, elle a interprété son propre titre : Comme elle vient, puis a vendu et dédicacé son premier EP (Extended Play, format musical comportant plus de pistes qu’un single et moins de pistes qu’un

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album), Cosmomusik, avec cinq titres originaux, de plusieurs styles musicaux. Elle a composé les musiques de ces cinq titres et son père, Pierre Labat, a écrit les textes. Cet album est dédié à Mutti, sa grand-mère maternelle, décédée en avril, qui l’a toujours encouragée. Eva Labat peut être vue et écoutée sur sa chaîne YouTube. Collégienne souriante et réservée, elle vit les chansons qu’elle interprète, et son répertoire est varié : Édith Piaf, sa chanteuse préférée, mais aussi Johnny Hallyday, Jacques Brel, Kendji Girac. Elle prend des cours de piano. BC



CULTURE • Portrait

Jean Lacoste, une encyclopédie du Bassin à lui tout seul

© Armelle Hervieu

“OSTRÉICULTEUR DEPUIS L’ÂGE DE 14 ANS, JEAN N’A EU DE CESSE DE PRENDRE LA PETITE MER”

J

ean Lacoste est une figure incontournable du Bassin. À 81 ans, le gaillard est toujours plein de vigueur et d’entrain à l’idée de partager bons mots et anecdotes sur son pays et ses traditions. Fils d’ostréiculteur,

lui-même ostréiculteur depuis l’âge de 14 ans, Jean n’a eu de cesse de prendre la petite mer, ses chenaux, ses esteys et de jouer au ras des lattes (pignots). Aujourd’hui encore, il navigue. Tous les étés, Jean participe aux régates de

l’APTRA (Association pour la présence traditionnelle qu’il a longtemps présidée et dont le siège est basé dans sa cabane sur le port de La Teste, la cabane à Jean). Vous le verrez la plupart du temps à bord du Courbageot, sur les Copains d’abord parfois aussi. Toujours sur des bacs à voile et à la barre, évidemment. C’est lui qui décide de la tactique et du chemin, Jean, dit le Malin, toujours flanqué de son copain à quatre pattes, Hisséo. → Les mots d’ici Mais Jean n’est pas seulement un marin. C’est aussi un homme de culture. Tantôt conférencier, contant l’histoire de l’ostréiculture et de

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la navigation sur le Bassin (les deux étant fort liées), tantôt auteur comme l’an dernier lorsqu’il a sorti son premier livre, un petit guide : Recueil de mots d’ici. Si vous ne l’avez pas encore lu, foncez à la cabane à Jean vous le procurer. Vous y découvrirez l’abécédaire des mots du Bassin, mots des ostréiculteurs et des anciens qui, grâce à Jean, ne tomberont pas dans l’oubli. On vous en cite quelquesuns, juste pour le plaisir de les faire tourner dans votre bouche : espahoulit (l’étourdit), gouillate (la fiancée), le marin de craste (variante du marin d’eau douce !), trabuc (le maladroit), tiot (la grosse goutte de pluie)… AH



CULTURE • Rencontre

“SON PREMIER OUVRAGE, DATANT DE 1994, ÉTAIT CONSACRÉ À ANDERNOS ”

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Gérard Simmat Le docteur Gérard Simmat a suivi des études de médecine à Paris avant de devenir neurologue au CHU de Poitiers puis responsable d’unité au centre hospitalier Henri-Laborit de Poitiers en 1985, année où il a ouvert un cabinet libéral (jusqu’en 2015) tout en dirigeant le service de l’hôpital jusqu’en 2019. Texte & photos Brigitte Canovas

I

l a découvert le bassin d’Arcachon grâce à son épouse, Chantal, il y a près de cinquante ans. Celle-ci venait à Arès depuis toujours, dans une maison familiale datant de 1883. Et depuis, ils y ont passé la plupart de leurs vacances, transmettant leur passion du Bassin à leurs trois enfants puis leurs cinq petits-enfants. Au début des années 90, ce passionné d’histoire a noté un manque entre les ouvrages des historiens et ceux des collectionneurs. Dans les ouvrages historiques, il y avait peu ou pas d’illustrations, et dans les ouvrages de collectionneurs présentant photos et cartes postales anciennes, il n’y avait pas de recherches historiques. C’est ce qui lui a donné envie d’écrire son premier ouvrage, en 1994, non pas sur Arès car Max Baumann et Marc Jean-Jean venaient de sortir Arès – Le Temps retrouvé, mais sur Andernos : Andernos-les-Bains 1897-1937. Il a continué en 1995 avec un livre sur Poitiers puis en 1997 avec son premier ouvrage sur Arès, Arès – Mémoire en images.

→ Arès à l’honneur Parallèlement, il a constitué des fonds documentaires, sur la Vienne et Poitiers, ainsi que sur le bassin

! SES OUVRAGES SUR LE BASSIN

d’Arcachon, en commençant par collectionner des documents et cartes postales anciennes. Puis il a été alimenté par les vieilles familles poitevines et arésiennes rencontrées lors de ses séances de dédicace et dans les associations dont il est membre, notamment Arès Temps libre, Culture Loisirs arésiens, Association des amis de l’aérium d’Arès, Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch. Écrire un livre lui prend entre quelques semaines et quelques mois, selon la disponibilité des documents dans ses fonds. Gérard Simmat a offert à Arès tout son fonds documentaire sur la commune. Celui-ci

va être numérisé et mis en lumière à la médiathèque. À ce jour, il est l’auteur de 58 ouvrages, dont 42 consacrés à Poitiers et à la Vienne, et de 12 parlant des villes d’Arès, d’Andernos-les-Bains et du bassin d’Arcachon. À l’occasion des 170 ans d’Arès, il vient de sortir Arès 1851 – Le Livre des 170 ans*, avec en couverture une reprise de l’affiche « Arès 1851 », réalisée par Katia Bovez de Contre Courant, studio graphique à Andernos. Il l’a dédicacé à la médiathèque et offert le premier exemplaire à Xavier Daney, maire d’Arès. — * En vente à la Maison de la presse, 7 avenue de la Plage, au prix de 25 €.

VIVRE LE BASSIN

Andernos-les-Bains 1897-1937 — Arès – Mémoire en images — Les Quinconces – Arès et Andernos sur la côte noroît du bassin d’Arcachon — Andernos-les-Bains côté cœur — Arès côté cœur — Andernos-les-Bains – Métamorphoses — Se souvenir d’Arès — L’Aérium d’Arès – Le centenaire 1913-2013 — Arès raconté par ses rues et lieux-dits — Histoires et anecdotes du bassin d’Arcachon — Arès – Entre hier et aujourd’hui — Arès 1851 – Le Livre des 170 ans


CULTURE • Rencontre

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Nathalie

I mbert SA PEINTURE A

DU CARACTÈRE Elle est sacrément sympa Nathalie Imbert ! Avec son humour décomplexé, sa bonhomie et sa générosité, on aimerait tous l’avoir pour amie. À défaut, on peut déjà s’offrir un de ses tableaux. C’est un peu comme si elle était là : « Je mets un petit bout de moi dans chacune de mes toiles. » Texte & photos Armelle Hervieu

Pas fière pour un sou, Nathalie Imbert refuse qu’on la qualifie de peintre ou d’artiste. Elle juge que c’est trop beau pour elle et préfère se baptiser « artisaniste », entre artisan et artiste. « Je n’ai pas fait les Beaux-Arts. Je ne suis pas dans la technique. Je peins simplement mes nanas à l’instinct et à l’acrylique. » Dans son duplex de La Teste, la jolie blonde sort les pinceaux comme d’autres dégainent les mots. « Ma production artistique est liée à mes états d’âme. Toutes mes toiles ont une histoire. Elles me racontent. Elles sont un sentiment que j’ai ressenti, une chose que j’ai vécue, parfois mal vécue. Il y en a qui vont courir après je ne sais quoi, moi je peins ! C’est ma psychothérapie à moi », s’amuse-t-elle. → Nathalie dans tous ses états Si la vente de ses toiles décolle peu à peu, Nathalie Imbert ne vit pas encore de son art. Elle exerce toujours son métier d’infirmière libérale. Après avoir travaillé au bloc pendant des années à la clinique d’Arès, elle avait choisi, en 2007, de s’installer à son compte afin d’avoir plus de temps pour s’occuper de son fils unique. Le garçon est grand maintenant mais Nathalie a gardé le même métier, par goût pour l’autonomie et la liberté. C’est donc souvent la nuit ou le soir, à pas d’heure en général, que Nathalie se met à peindre, quand l’envie lui vient. « C’est pour ça que je ne veux pas d’atelier car j’ai besoin de vivre là où je peins. Ou alors je veux bien un grand loft pour tout conjuguer ! », se prend-elle à rêver au milieu

VIVRE LE BASSIN


CULTURE • Rencontre

“TOUTES MES TOILES ONT UNE HISTOIRE. IL Y EN A QUI COURENT APRÈS JE NE SAIS QUOI, MOI JE PEINS !”

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des nanas qui l’entourent. Pas franchement féministe, Nathalie Imbert revendique en revanche son amour de la féminité. « Les femmes, je trouve ça super beau. Il y a bien parfois un homme qui se perd dans mes toiles mais, la plupart du temps, je ne peins que des femmes. » Et c’est Nathalie « herself » que l’on retrouve le plus souvent projetée sur ses châssis. Nathalie dans tous ses états. Infirmière débordée, un brin alcoolique et révoltée en pleine épidémie de Covid. Aux toilettes, pas franchement réveillée et plutôt de mauvais poil dans Monday Morning : « On connait tous des lundis difficiles ! » Assise jambes écartées, masquant son intimité d’un simple polaroid pour dénoncer le puritanisme hypocrite des réseaux sociaux…

→ Des culottes arborant ses nanas De la centaine de tableaux sortis de son imagination et de ses pinceaux, c’est l’Origine du bordel qui a connu le plus grand succès. Une toile clin d’œil aux œuvres de Gustave Courbet (l’Origine du monde) et René Magritte (Ceci n’est pas une pipe). On est d’ailleurs tout étonné d’apprendre que son interprétation osée a trouvé sa place dans des salons feutrés. « Mes clients craquent pour le côté gai et impertinent de ma peinture. Ils ne connaissent pas toujours l’histoire de mes toiles. Je la leur raconte uniquement s’ils me la demandent », confie, amusée, Nathalie. Après avoir

été privée pendant deux ans d’exposition pour cause de pandémie, Nathalie a accroché de nouveau ses « nanas » mioctobre à la Guitoune. Un lieu que « l’artisaniste » aime bien car « il a de la personnalité » et il en faut pour accueillir ces toiles de caractère ! À l’avenir, Nathalie Imbert souhaiterait décliner ses personnages féminins sur des culottes pour grandes filles. Mais pas des culottes en dentelle, non, non ! De braves culottes en coton qui permettraient d’afficher son humeur du jour. « Des culottes qui parlent, histoire d’afficher son état d’esprit », détaille la créatrice qui, décidément, aime bien s’amuser !

“MES CLIENTS CRAQUENT POUR LE CÔTÉ GAI ET IMPERTINENT DE MA PEINTURE”

VIVRE LE BASSIN


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© Yann Crabé


FOOD 2e partie

Une affaire de famille Scarlet et Camille ont récemment ouvert l’Amour fou, un petit restaurant situé rue des Castaings, au Teich. Fortes d’une dizaine d’années d’expérience à la barre d’un restaurant à Lille, mère et fille ont décidé de fuir la turpitude de la capitale des Hauts-de-France en embarquant mari, enfants et savoir-faire pour venir s’installer sur le bassin d’Arcachon. Dans leurs bagages, la ferme intention de reproduire les secrets de leur réussite lilloise : ne travailler que d’excellents produits issus de la région et sélectionnés chez les meilleurs producteurs locaux. Maman est aux fourneaux et cuisine quotidiennement des petits plats 100 % maison, tandis que Camille arpente la salle du restaurant décoré comme si vous étiez dans votre salon. À noter, une jolie terrasse à l’ombre d’un immense érable qui fera le bonheur des déjeuners et dîners extérieurs au printemps prochain. YC

VIVRE LE BASSIN


FOOD• Traiteur

Conserverie du bassin d’Arcachon

DU FOIE GRAS AUX APÉROS DU BASSIN Raoul Gassian a repris la marque Foie gras du Bassin à l’été 2018 et a depuis créé deux nouvelles marques, les Apéros du Bassin et les Cuisinés du Bassin. Retour sur cette belle aventure qui est loin d’être finie. Texte & photo Brigitte Vergès

R

aoul a un parcours plutôt hétéroclite. À 35 ans, le jeune homme, qui en avait assez de Paris et de la finance, décide d’opérer un virage à 360°. Issu d’une famille de gastronomes, de gourmands et de gourmets, il intègre l’école d’Alain Ducasse qui jouit d’une bonne notoriété. Il suit une formation intensive et accélérée de huit mois avec un stage dans un restaurant bistronomique. « Le café de la Paix à Opéra était une excellente formation car je suis passé par tous les postes qui m’ont donné une expérience et une compétence en cuisine. » Il se met à la recherche d’une entreprise à reprendre de petite envergure et tombe sur les Foie gras du Bassin. C’est ainsi qu’il arrive à Gujan-Mestras à l’été 2018. Il garde le nom et conserve les quatre recettes historiques qu’il fait évoluer. Parallèlement, il crée la conserverie pour élargir la gamme des produits et mettre en conserve ses compétences en cuisine. Tout part de l’Arcochon, une vraie recette qui nécessite un travail en labo. Raoul veut mettre de la qualité dans le goût du pâté. Viennent ensuite l’Espelou, le Canou, les poissons et les légumes. « L’idée était de proposer une gamme complète. C’était comme une évidence de les appeler les Apéros du Bassin, marque que j’ai déposée. Des produits simples et abordables avec du goût. »

→ Un an et une quinzaine de recettes Raoul est ensuite passé aux terrines régionales qu’il a logiquement dénommées les Cuisinés du Bassin. L’idée étant d’avoir une cuisine associée à des ingrédients qui soient des marqueurs régionaux? « C’est un virage, de la haute couture, une cuisine travaillée et soignée. » Sa dernière création est un pâté hybride façon crépinette, cette tradition qu’il avait à cœur de remettre au centre des tables ostréicoles. Laissons le mot de la fin à cet artisan conserveur : « Ce produit, je n’en suis pas content, j’en suis fier ! C’est ma signature. »

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FOOD• Chocolaterie

© DR

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© Marion Prima

La reine du chocolat s’installe à Arcachon

A

lors qu’il existe déjà deux enseignes à Bordeaux, la chocolaterie Grands Crus d’Hasnaâ et Vincent Ferreira vient de s’installer à Arcachon. Et ce n’est pas un hasard car le Bassin, situé aux portes des Landes, est très vivant en été et il n’y a pas encore d’artisans chocolatiers d’excellence, si bien que les livraisons d’Hasnaâ ont explosé durant le premier confinement. Hasnaâ a déjà fait parler d’elle lors de sa participation à Master Chef 2012 et lors de l’obtention de son titre de Chocolatière de l’année 2016 par le club des croqueurs de chocolat. Il fallait du courage en 2014 pour faire ses marques à Bordeaux où de grandes maisons de chocolat trônent depuis 200 ans. Son succès ? Son audace à marier les saveurs marocaines de son enfance, telles que l’anis ou la coriandre,

“PURISTE, ELLE TORRÉFIE, CONCASSE ET CONCHE LA FÈVE JUSQU’AU PRODUIT FINAL” à celle du chocolat. Son idée de génie est surtout d’avoir allié grands vins et chocolat dans ses bonbons fourrés et ses ganaches au vin, nouant des partenariats avec les domaines bordelais. Puriste, sa passion du chocolat la pousse à travailler la fève, qu’elle torréfie, concasse et conche jusqu’au produit final, dans sa fèverie de la rue Fondaudège. C’est le Bean to Bar. Elle ne manque pas de mettre en avant équitablement ses producteurs qu’elle visite au Mexique, au Pérou, en Bolivie… sans négocier leurs prix. Innovante, elle crée des produits selon le moment, comme son calendrier de l’Avent qui se déguste à deux, permettant la découverte de ­subtiles

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saveurs. La boutique hybride d’Arcachon de 75 m2 aux tons blancs, or et bois brut, accueille un espace de vente, un bar à chocolat, un salon de thé, un comptoir à mousses et, au printemps 2022, une glacerie. Son équipe de cinq collaborateurs formée par le pâtissier Jonathan Bezuit comprend deux baristas. La chance ! Il n’y a plus qu’à déguster en fermant les yeux pour se transporter sur toutes les latitudes du cacao et fondre de plaisir. SL — Boutique Hasnaâ Chocolats Grands Crus 8 place Lucien de Gracia à Arcachon 05 57 15 80 79 Du mardi au dimanche midi


• Spécialités Plateaux de fruits de mer • Plats cuisinés maison • Tous produits de la mer • Arrivages direct journaliers • poissons sauvages du bassin et de l’atlantique 51, Bd Mestrézat, 33120 Arcachon 05 56 83 70 53 - poissonneriedelaiguillon.fr

Épicerie fine • Produits artisanaux Caviar • Vins • Champagne Coffrets cadeaux

Rendez-vous en face dans l’ancienne Poissonnerie...


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FOOD• Restaurant Chez les sœurs

Le poisson de mille façons C

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­sélectionne méticuleusement ses poissons que l’on retrouve sur son étal, cuisiné à la plancha par le chef. Merlu grillé à partager, turbot sauvage, dorade, poulpe sauce au curry, homard. Que les carnivores se rassurent, Chez les sœurs propose aussi des entrecôtes et magrets. BV

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harly Gonter a ouvert ce restaurant de poisson fin juillet, dans le quartier du Moulleau. Chez les sœurs sonne comme une déclaration d’amour à ses filles Jeanne, 13 ans, et Manon, 10 ans. Déjà bien connu sur le Bassin par son restaurant Chez Juliette à Cazaux, à 47 ans, Charly a songé que s’il voulait s’orienter vers une cuisine différente, c’était maintenant. Pourquoi le poisson ? Parce qu’il y a peu de restaurants de poisson, spécialité qu’il maîtrise fort bien pour avoir été pendant dix ans directeur commercial chez Merrick. Tous les matins, il appelle la criée et


Traiteur pour particuliers et entreprises Organisation sur mesure de vos mariages, séminaires, cocktails, buffets...

Nicolas Flori 06 37 60 31 75 lestoquesdubassin@gmail.com Les Toqués du Bassin, chez So Bio, Centre Commercial Cap Océan, Rue Lagrua, 33260 La Teste-de-Buch


FOOD• Produits de la mer

Ambroisie EMMANUEL MATHIEU VEUT FAIRE DE LA CONSERVE 2.0

Emmanuel Mathieu, le patron d’Ambroisie, la nouvelle conserverie de produits de la mer et ingrédients bio du Bassin, aime à s’entourer de mystère. Difficile en effet de trouver ses coordonnées, son adresse sur la presqu’île du Cap-Ferret. Aussi le nom Ambroisie fait référence à la mythologie grecque, à la nourriture divine qui rend l’immortalité. Ce qui suscite encore plus la curiosité. Texte & photos Patrice Bouscarrut

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ais Emmanuel ne se prend pas pour un dieu intouchable du mont Olympe, il préfère se consacrer exclusivement à la fabrication de ses conserves. Donc ça ne sert à rien d’essayer de le trouver pour lui acheter une boîte de rillettes d’huîtres à l’heure de l’apéro. C’est beaucoup plus judicieux de pousser la porte d’une épicerie fine, d’un caviste, d’un fromager ou même d’un office de tourisme, parmi les 200 points de vente qui distribuent ses trésors *. Le nom Ambroisie colle aussi très bien aux produits de la marque. Des conserves premium avec des poissons sauvages, des ingrédients bio et des recettes originales. Voyez plutôt : rillettes d’aile de raie aux épinards et aux câpres, rillettes de mulet à la moutarde à l’ancienne et à l’estragon, terrine de bonite au chorizo et tomates confites. Pourtant, rien ne destinait vraiment Emmanuel Mathieu à se mettre dans la conserve. Après un master d’école de commerce, un boulot dans les télécoms à Paris, puis à Bordeaux dans l’agroalimentaire, ce natif de la presqu’île du Cap-Ferret a

cherché tout simplement à créer une boîte pertinente sur le Bassin. « Alors que l’on trouve beaucoup de conserveries de produits de la mer en Bretagne, j’ai remarqué qu’il n’y avait encore rien de fait ici. J’ai voulu faire de la conserve 2.0 et biosourcée », résume le chef d’entreprise. → Des recettes primées Un gros coup de pouce pour commencer, avec des recettes de l’ancien chef du Rouf, Marc Le Guiel, et l’aventure commence. Certes, la mise en conserve se fait à l’Esat de Captieux en Sud Gironde, mais il faut bien avouer que l’identité d’Ambroisie, c’est bien le Bassin. « Je voulais produire moi-même, faire la cuisine. Pas un pot ne sort de Captieux sans que je sois dans la production », explique Emmanuel. Depuis l’aide de Marc Le Guiel, Emmanuel s’est émancipé et propose aujourd’hui ses propres recettes, au nombre de 15. Avec déjà quelques reconnaissances, comme deux prix Épicures de l’épicerie fine avec ses rillettes d’huîtres et d’aile de raie. Aujourd’hui, Ambroisie compte trois personnes dans les effectifs,

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Emmanuel, un autre à la logistique, transport et communication et un commercial à Paris. → Xxxxxxxxx « On a commencé en se débrouillant avec rien », reconnaît Emmanuel. Une production à Captieux, un entrepôt à Mérignac, un siège social à Petit Piquey. C’est vrai que pour l’instant, ça ressemble à une usine à gaz. Mais Ambroisie pourrait dans le futur trouver son identité 100 % Bassin. « J’aimerais tout faire ici, la production… Je cherche un local pour monter un labo, mais aussi ouvrir une cabane de vente en direct, pour expliquer ce que l’on fait », espère Emmanuel. « Aujourd’hui, j’ai plus de mal à produire qu’à vendre. En ce moment, à Arcachon, les ventes cartonnent, il faut suivre. » Ambroisie produit 30 000 conserves par an. Emmanuel espère sortir plus de boîtes et imagine déjà une autre marque spécialement pour les grandes surfaces. Créée il y a à peine deux ans, Ambroisie devrait poursuivre son ascension. * www.maisonambroisie.com


“JE VOUDRAIS OUVRIR UNE CABANE DE VENTE EN DIRECT, POUR EXPLIQUER CE QUE L’ON FAIT”

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FOOD • Un jardin partagé

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MÈRES & FILLES DE LA TERRE NOURRICIÈRE C’est un jardin extraordinaire, ouvert, sans barrière. On y nourrit la terre qui vous nourrit en retour. À l’origine de ce lieu magique, où manger prend un sens presque cosmique, trois femmes libres. Gabrielle, Maryse et Tann ont donné naissance au jardin des Gamatann. Rencontre in situ, allée Édouard Gaffet à Arcachon. Texte & photos Armelle Hervieu (sauf mentions)

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FOOD • Un jardin partagé

l’origine de cette histoire, il y avait une envie commune et profonde de changer sa façon de s’alimenter et de s’approvisionner. Quitter les supermarchés. Ne plus être un consommateur lambda. Devenir acteur de ses repas et adopter ainsi un mode de vie plus sain. Ce désir, Gabrielle, Maryse et Tann le partageaient chacune de leur côté sans le savoir, avant que la vie ne

­ ropriétaire du lieu, Tann n’a pourP tant jamais eu l’instinct de propriété. Pour elle, « la terre est à tous et surtout à celui qui la travaille ». Longtemps bénévole à Solidarité Tiers-Monde, elle prêche : « La terre n’a pas été donnée à certains hommes. Elle a été donnée à tous les hommes. » → Les mères de la terre Alors, lorsque Tann rencontre Maryse il y a seize ans et que cette dernière lui propose de cultiver ensemble son jardin, elle n’hésite pas longtemps ! « On commence demain ! », répond-elle, du tac au tac. « Je suis arrivée le lendemain et je ne suis jamais repartie », note Maryse, tout sourire. Maryse justement, parlons-en. C’est l’autre maman du jardin des Gamatann. Mère de trois enfants, femme de médecin, menuisière à Gujan, puis décoratrice à Paris avant de revenir sur le Bassin. C’est en voulant stocker son bois allée

“LA TERRE A ÉTÉ DONNÉE À TOUS LES HOMMES” les fasse se rencontrer. D’un côté, il y avait Tann (Anne-Marie, qu’on appela d’abord Tante Annie, puis Tanni, Tannit et enfin Tann), enfant d’Arcachon, née avenue Saint-Arnaud, à quelques mètres du jardin des Gamatann. Elle est revenue sur ses terres natales avec ses deux filles sous le bras ; mère célibataire, à l’époque, cela ne se faisait pas.

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Gaffet que sa vie a basculé. Le jardin des Gamatann n’a finalement jamais servi de lieu de stockage. Il est devenu lieu de vie, lieu d’échange et de partage. Et, c’est au moment de lancer les cultures que Gabrielle, la troisième maman, est entrée en scène. Tout à la fois fille de la campagne, disciple de Rudolf Steiner et férue de biodynamie (agriculture biologique à la fois holistique, régénérative et positive), Gabrielle a amené ses connaissances à la « consœurie » des jardinières. Depuis, l’aînée du trio est partie vivre au loin, près de ses enfants, mais ses « sœurs vibratoires » ne l’oublient pas. « Elle est là, tout le temps, dans le jardin. Petit bout de femme, petit elfe bienveillant », assure Tann. Si la première année fut exceptionnelle – il paraît que c’est toujours comme ça –, la suivante fut franchement mauvaise. « On nous avait conseillé de mettre de la chaux. Cela n’a pas ­marché du tout… »,


“VENEZ AU JARDIN QUAND VOUS VOULEZ, SANS PRENDRE RENDEZ-VOUS”

— lejardindesgamatann @gmail.com confie Maryse. Alors les trois amies sont parties se former. « On a visité des jardins permacoles, appris le compostage. Cela nous a permis d’être en contact avec le vivant et de comprendre qu’il fallait nourrir la terre. » Rien n’a jamais plus été pareil. Les voilà devenues mères de leur terre qui, depuis, n’a cessé d’être généreuse et nourricière. Il y a désormais quelque chose de très beau qui lie les Gamatann à leur jardin, un respect, une harmonie, une entente, un lien magique que l’on ne peut saisir qu’en

les écoutant et en les regardant vivre ensemble. « Venir ici, c’est plus que de la joie. C’est un état permanent de bien-être », traduit Maryse qui ne cache pas avoir eu pourtant des moments de découragement. Mais ce lieu leur apporte tant à elle et Tann : « Il nous permet de garder notre corps en mouvement et de manger sainement. » Maryse, contrairement à Tann, n’habite pas sur place. Elle prend tous les jours son vélo pour se rendre au jardin, quel que soit le temps : « J’ai un rendez-vous que

j’honore tous les jours avec le vivant. Ça me remplit. » Ce jardin, les Gamatann l’ont voulu offert à tous. C’est un jardin partagé, au sens large. On peut venir s’y servir ou simplement y passer un moment. « Certains cueillent nos légumes et reviennent nous donner ce qu’ils ont préparé avec. D’autres y entrent pour s’asseoir et se ressourcer. » Tann et Maryse en sont persuadées : « C’est un lieu guérisseur. » Généreuses et solaires, elles invitent ceux qui le souhaitent : « Venez au jardin quand vous voulez, sans prendre rendez-vous. C’est ouvert. »

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© Couach


LA MER 3e partie

Couach met à l’eau son premier navire de secours hauturier Il porte le nom d’un homme qui fut pendant trente ans le patron de deux canots de la station SNSM de l’Herbaudière à Noirmoutier. Le 20 octobre dernier, tous les bénévoles de la station vendéenne étaient d’ailleurs présents pour accueillir le « Gustave Gendron », tout juste sorti de son chantier au port de Larros à Gujan. Ce premier « bébé » blanc et orange de 17 mètres et équipé de deux moteurs de 700 chevaux fait la fierté du chantier Couach qui l’a réalisé en collaboration avec le cabinet d’architectes Barreau & Neuman et Philippe Stark pour l’identité visuelle. Ce navire de secours hauturier fabriqué par Couach est le premier d’une longue série que doit concevoir le chantier gujanais. Ce contrat prévoit la construction de 140 bateaux d’ici dix ans pour un coût total de 100 millions d’euros. AH

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LA MER • Rencontre

© Patrice Bouscarrut

Avec les Vedettes, dégustations et balades sont toujours une aventure

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uillaume Huguet et Charles Pinaud sont de sacrées vedettes. « C’est ce qu’on nous dit souvent quand on balade des gens sur l’eau. On est passionnés et on parle beaucoup, surtout de la vie des huîtres. On nous dit : arrêtez de parler, on veut manger maintenant ! On met l’ambiance et ça dure toujours deux heures de plus que prévu », sourit Guillaume Huguet. Et dans la dégustation qu’ils viennent de reprendre à Hervé Pontet aux ­Jacquets sur la presqu’île du Cap-Ferret, c’est la même joie de vivre. Le nom de leur entreprise était donc bien trouvé : Les ­Vedettes. Certes, ça sonne bien mais il y a aussi plusieurs sens. Car avant d’attaquer la dégustation, Guillaume et Charles s’étaient lancés il y a quatre ans et proposaient des balades sur le Bassin, sur une vedette

j­ustement, une belle Dubourdieu de 1974 : le Cormoran. Elle servait autrefois à amener les élèves du lycée de la Mer sur les parcs à huîtres. Aujourd’hui, entièrement refaite aux chantiers Dubourdieu, elle peut accueillir une douzaine de passagers. → Du bateau à la table Côté balade, l’équipe est bien rodée. D’avril à septembre, il y a les incontournables découvertes de la côte ferretcapienne, des cabanes tchanquées, mais aussi « le fond du Bassin ou la remontée de la Leyre, je vois que les gens aiment de plus en plus visiter les coins sauvages », souligne Guillaume. Et côté dégustation, lancée fin juillet dernier, l’esprit des Vedettes fait aussi mouche. « On essaye de mettre une ambiance guinguette, explique Guillaume. On est installés à côté du Petit Chenal, avec Clothilde et

Loris, on est sur la même longueur d’onde. Je connais bien la ville de Toulouse, et j’ai découvert là-bas des endroits formidables. On veut le même esprit ici : une table, des gens qui se rencontrent, des rires, bref, la vie ». Ces deux copains, 38 ans tous les deux, se connaissent depuis longtemps. Charles est ostréiculteur depuis qu’il est majeur, c’est donc lui qui est tous les jours sur les parcs, ou au chai à Petit Piquey. Guillaume, lui, est commerçant. « On ne se voit quasiment jamais, reconnaît Guillaume, on est chacun de notre côté pour travailler. » Entre la dégustation, les marchés à Bordeaux, place Paul-Doumer, les livraisons dans des restaurants, notamment à Toulouse, les journées sont bien chargées. Déjà cette fin d’été a été prometteuse. « En août, les soirs, les gens arrivaient de la balade en bateau directement à la dégustation,

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ça faisait son effet. Ils parlaient de leur aventure à ceux qui étaient à table, et le bouche-à-oreille a fonctionné. On a eu plein de réservations pour embarquer », explique Guillaume. C’est clair qu’arriver en bateau à la cabane aux Jacquets, ça fait de bons souvenirs à raconter. L’équipe va mettre à profit cette pause hivernale pour engager de gros travaux : doubler la terrasse, en installer une autre au bord de la plage. « On installera juste une grande table, on mangera debout. On pense que l’on pourra même amarrer la vedette juste devant. Ça devrait être très sympa », s’impatiente Guillaume. Entre le Petit Chenal, la Conche, les Parcs de l’Impératrice et maintenant les Vedettes, le village des Jacquets devient un spot incontournable. PB — www.lesvedettes.fr



LA MER • Écologie

AGIR À TERRE POUR PRÉSERVER LA MER Écho-Mer existe depuis vingt ans à La Rochelle et s’est implantée en octobre sur le Bassin. L’ambition de cette association : sensibiliser le public à la fragilité du milieu marin et revaloriser des matières destinées à être jetées : bâches, poches à huîtres, bouchons de bouteille ou voiles de bateau… Texte & photos Armelle Hervieu (sauf mention)

© DR

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omme souvent, les belles histoires débutent par de jolies rencontres. C’est ainsi qu’en 2015, Roman Briones et Céline Duris, de retour des Antilles, ont croisé le chemin de David Beaulieu. « On venait s’installer en métropole tous les deux. En Guadeloupe, on était déjà très sensibles aux questions environnementales, notamment à la pollution du milieu marin. On faisait partie d’une Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne)… », relate Roman. « Quand on est arrivés à La Rochelle, où nous avions d’abord choisi de vivre, on était en quête de sens. On voulait retrouver une association qui nous permette de nous engager », se souvient Céline. La route du couple croise alors celle de David Beaulieu, le fondateur d’Écho-Mer. « On a tout de suite eu un coup de cœur. David est un grand amoureux de la mer qui a longtemps travaillé sur des bateaux de pêche et des bateaux de croisière. On s’est rapidement dit qu’on avait envie de faire quelque chose avec lui », explique Céline. Mais le hic, c’est que la jeune femme ne se plaît pas à La Rochelle, un milieu trop urbain, pas assez sauvage pour elle. Alors, le couple met le cap sur le Bassin sans couper pour autant le lien avec le créateur d’Écho-Mer. L’association, née en 2001, ne cesse de se développer et de créer des antennes le long de la côte atlantique. « David veut agir, avec le soutien de l’Association des ports de plaisance de l’Atlantique [APPA], tout le long de notre façade maritime. » L’arrivée à Arcachon de Roman et Céline est une belle occasion pour l’as-

“DAVID BEAULIEU VEUT AGIR SUR TOUTE LA FAÇADE MARITIME” sociation de s’implanter sur le Bassin. Sitôt dit, sitôt fait. Roman continue d’être kiné mais s’engage bénévolement dans l’antenne arcachonnaise. Quant à Céline, elle quitte

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l’univers du commerce, qui ne correspondait de toute façon plus à ses valeurs de jeune maman, et devient salariée de l­ ’association. → Que faire ? Agir ! C’est dans l’ADN de leur association, alors Roman et Céline vont agir sur tous les fronts. Agir dans les ports d’abord, puisque c’est dans les ports de plaisance de La Rochelle que sont nées les premières actions d’Écho-Mer. « David a commencé par


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LA MER • Écologie

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aller voir les plaisanciers pour récupérer les piles qu’ils jetaient et pour leur faire signer la charte de l’éco-marin. Une charte qui explique quoi faire et ne pas faire sur son bateau. » À Arcachon aussi, Céline et Roman ont commencé le travail de sensibilisation, sur les pontons, au Salon nautique, ou auprès des élèves du Cercle de voile arcachonnais… → Recyclage local Outre le volet pédagogique, le duo compte aussi s’activer à fond sur le plan de la revalorisation de matières, autre axe d’engagement d’Écho-Mer. Depuis 2001, en effet, l’association collecte différentes matières usagées, principalement issues des activités maritimes : voiles, poches à huîtres, combinaisons en néoprène mais aussi bâches publicitaires ou bouchons de liège. Ces déchets, initialement destinés à l’enfouissement ou l’incinération, sont ensuite revalorisés en collaboration avec des partenaires locaux et si possible à vocation sociale (ESAT, atelier pénitentiaire). Les produits ainsi obtenus sont ensuite commercialisés par l’association. Avec ce réseau d’économie circulaire et solidaire, Écho-Mer souhaite

“L’ACTIVITÉ OSTRÉICOLE GÉNÈRE 50 TONNES DE DÉCHETS PAR AN”

réduire le volume de déchets. « Nous avons déjà commencé à récupérer des bouchons de liège via quelques points de collecte sur le Bassin (Jardin gourmand, pharmacie de

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Mios…). Chez les commerçants intéressés (bars, restaurants, cabanes ostréicoles), nous déposons une affiche “Ici, ça bouchonne” ainsi qu’une corbeille en poche d’huîtres recyclée et on repasse quand il ont fait le plein », propose Céline. Avis aux intéressés ! Les particuliers peuvent eux aussi participer. Le liège ainsi récolté est ensuite broyé en Charente-Maritime puis utilisé comme isolant, notamment. Écho-Mer s’est aussi rapprochée du CRC (Comité régional de la conchyliculture) du bassin d’Arcachon afin de récupérer des poches à huîtres usagées. « Sur le Bassin, l’activité ostréicole génère 50 tonnes de déchets par an. Il faut aider les ostréiculteurs à revaloriser ces déchets », conclut Roman qui évoque un partenariat possible avec l’ESAT (Établissement ou service d’aide par le travail) Arca-Baie de Gujan. Pour l’instant, le couple stocke tout à domicile faute de local. Mais bientôt, on espère, une ville du Sud Bassin les accueillera…


LA MER • Construction navale

Chantier

Bossuet DESSINE-MOI UN BATEAU…

Chez les Bossuet, comme chez les Bonnin juste à côté, on est charpentier de marine de père en fils depuis six générations. Les deux chantiers frères sont cachés, quartier de l’Aiguillon, au milieu des immeubles d’habitation. Ils résistent à l’urbanisation en témoignant d’un Arcachon jadis voué à la pêche, l’ostréiculture et la construction, de bateaux évidemment ! Texte & photos Armelle Hervieu (sauf mention)

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e jour-là, Jean-Baptiste Bossuet arrive l’air chafouin. L’été vient de s’achever. Les hordes de touristes ont quitté Arcachon mais leur passage a laissé un goût amer. « Je suis là depuis quarante ans. Il y a toujours eu du monde ici mais, ces derniers temps, les choses ont changé. Les gens n’ont plus de respect pour ce que l’on fait. » Et le charpentier de marine de nous citer des réflexions qu’il a dû encaisser cet été : « C’est pourri ici », « Ça va bientôt être démoli », « Ce sera remplacé par un bel immeuble ». Ces mots lui font mal au cœur à Jean-Baptiste, sixième génération de Bossuet à fabriquer des bateaux en bois dans le même atelier, qui date de 1874. « Avant, on sentait que les gens avaient une forme de respect pour ce que l’on fait. Parfois,

même, ils s’émerveillaient. Maintenant, ils rentrent dans l’atelier sans rien demander et font des commentaires désobligeants. » Pour éviter les accidents et se protéger de ces désagréables visites, Jean-Baptiste Bossuet ferme désormais les portes de son mythique chantier pour travailler l’été. Ainsi va le monde quand il va mal. Heureusement, le charpentier de marine est un battant et, on le sent, il n’est pas encore né celui qui lui fera définitivement fermer la porte de son chantier ! « Avec Alexis [Bonnin], Aloir [dernier ostréiculteur d’Arcachon] et Gentil [travaux sous marins], on est les derniers des Mohicans. On se croirait presque au zoo parfois ! Les gens viennent nous voir comme des animaux ! Dire qu’avant, ici, c’était le quartier le plus

“NOUS SOMMES LES DERNIERS DES MOHICANS” ­ ynamique d’Arcachon, celui où d il y avait le plus de chantiers ! » → Repeupler le Bassin d’élégants voiliers Mais parlons maintenant de ce qui va bien du côté de l’Aiguillon. La santé économique du chantier Bossuet, par exemple. Mais aussi celle de son voisin Bonnin et de l’entreprise Bô Yachting que ces deux frères de destin ont créée ensemble. Connaissez-vous l’histoire des Bonnin-Bossuet ? Si ce n’est pas encore le cas, il faut absolument qu’on vous la raconte. En quelques mots.

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LA MER • Construction navale

“MES DEVOIRS DU SOIR : DESSINER DES BATEAUX !” Alexis et Jean-Baptiste ont presque tout en commun. Même âge, même milieu d’origine, même profession, même lieu d’exercice, mêmes pères… Ces deux-là sont des frères, sans le même sang. Ils ont grandi tous deux dans le chantier de construction navale de leur papa, qui était déjà celui de leur grandpère, arrière-grand-père, etc. Sixième génération de charpentier de marine pareillement. Ils ont perdu tous les deux leur père la même année, à quelques jours d’écart seulement. « On s’est retrouvés orphelins de père et de patron en même

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temps. Pour leur rendre hommage, pour les rendre fiers et pour montrer ce qu’ils nous avaient appris, on a décidé de créer Bô Yachting et de fabriquer des voiliers élégants pour repeupler le Bassin de jolis bateaux. » Jean-Baptiste et Alexis, déjà orfèvres de la restauration de navires en bois, ont ainsi relancé la construction de voiliers made

contre 10 Ti’bacs sortis de chantier et 3 autres commandés. « Notre carnet de commandes est rempli jusqu’en 2023 ! », note, satisfait, l’associé Bossuet.

in Arcachon. Il y eut d’abord, en 2011, le Bô 28, qui porte bien son nom, tant il est séduisant. Il est le digne descendant des maquereautiers du Bassin. Puis, en 2015, le Ti’Bac qui s’inspire des bacs à voile du Bassin. Large, grand cockpit, stable, petit tirant d’eau, pas trop de gîte et bon marcheur, c’est le bateau que l’on voudrait tous avoir pour passer la journée sur l’eau ! Le concept fait encore plus d’adeptes que le Bô, 6 bateaux réalisés

sur ses acquis, il aime entreprendre et dessiner de nouveaux bateaux. Être à la planche à dessin, c’est ce qu’il préfère. « Dessiner des bateaux, c’était mes devoirs du soir avec mon père ! » Et la leçon a été fort bien apprise ! On en a eu l’illustration cet été encore avec la victoire de la seconde pinassotte Bleu de mer, plus réussie encore que la première. Objet de jouissance totale pour son créateur, Jean-Baptiste, qui aime tant

→ Dessiner un gagnant Jean-Baptiste, de son côté, fourmille encore de projets. Pas du genre assis

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naviguer en régate et qui, non content de l’avoir dessinée, s’est aussi imposé avec elle et ses coéquipiers lors du dernier championnat du monde de pinasses à voile. L’homme, au sommet de son art, confie : « Le plus satisfaisant, c’est de concevoir et de réaliser l’objet que l’on avait en tête et de lui donner les performances qu’on voulait Cette seconde pinasse Bleu de mer ressemble en tout point à ce que je souhaitais. »


La mémoire du bassin • Michèle Clément, ostréicultrice pionnière

Elle a été, à la fin des années 60, l ’une des premières femmes du Bassin inscrites maritimes en tant qu’ostréicultrice. Avant, les femmes n’étaient considérées que comme les épouses des ostréiculteurs. Michèle Clément a passé sa vie sur les parcs, sur l ’eau et dans sa cabane au chevet de ses huîtres. Elle nous livre ici le témoignage sensible et touchant d’une vie consacrée à son métier et marquée par son amour pour la mer et les bateaux. Texte Armelle Hervieu Photos Collection personnelle de Michèle Clément

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© Armelle Hervieu


La mémoire du bassin • Michèle Clément, ostréicultrice pionnière

vieux marin pêcheur en point de croix trône au-dessus du petit salon. Sur la table basse est posée la jolie maquette d’une pinasse. Sur le mur, une grande photo du Belem, un baromètre en forme de barre à roue, une ancre, des coquillages, une petite mouette… « Je suis une grande amoureuse de la mer et des bateaux ! », avoue Michèle quand on lui parle de sa déco. Chez elle, place Jean Jaurès à La Teste, c’est comme si le temps s’était arrêté. Il s’est sans doute un peu arrêté, en effet, le

jour où elle a dû cesser d’aller en mer, pour être auprès de son mari et de sa maman qui était malade. → Un rêve d’enfant Michèle Clément est une femme de devoir et de courage aussi. Volontaire comme son père dont

A sur l ’eau, “ il ller n’y a que ca qui compte”

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elle parle très pudiquement mais avec un amour qui déborde de toutes ses phrases. « Papa était un homme vaillant. De toute façon, on ne réussit pas dans le métier d’ostréiculteur si on n’est pas vaillant. » Petite, elle était toujours « collée à lui ». « Il a d’abord eu des vaches et des chevaux avec lesquels il travaillait en forêt pour transporter le bois et la résine. Puis, petit à petit, il a vendu les vaches pour se mettre à l’ostréiculture. » Michèle ne ratait jamais une occasion de l’accompagner sur le Bassin. « Aller sur l’eau, il n’y avait que ça qui comptait ! Mon père ne voulait pas que j’y aille par mauvais temps. Alors, je guettais à la fenêtre et dès que j’apercevais un rayon de soleil, je disais : “Papa, il y a du ciel bleu. Je viens !” On a plaisanté longtemps dans la famille de Michèle à ce sujet.


→ Le CAP d’abord À l’époque, dans les années 40-50 (Michèle est née en 1943), l’ostréiculture était un métier d’homme. Même si, déjà, elles allaient parfois aux parcs, les femmes passaient la majorité de leur temps dans les cabanes à désatroquer les huîtres (séparer les huîtres les unes des autres). Alors, évidemment, les velléités de la petite Michèle étaient assez mal perçues par ses parents. « Le jour où j’ai eu mon certificat d’études, j’ai dit : “Bon, je vais aller sur l’eau.” Mais ils n’ont pas voulu et m’ont envoyé à Victor Duruy à Arcachon pour apprendre à coudre… » ­M ichèle y passe trois ans, jusqu’à son CAP. Le jour de ses 17 ans, ses parents lui font la plus belle surprise qui soit : lui offrir une paire de bottes et une capote (un ciré). Un geste qui voulait tout dire. « J’étais contente ! », se rappelle Michèle, le sourire jusqu’aux oreilles.

→ La vie de couple La vraie vie commence alors pour elle. Elle part en mer avec son père, travaille à la cabane avec sa mère et ne tarde pas à tomber amoureuse de Marcel Clément, ostréiculteur lui aussi. « Sa cabane était en face de la nôtre. » Cela facilite le rapprochement ! Ils se marient en 1962 et commencent à exercer tous les deux.

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“ J ’aimais tout dans ce métier. Le grand air, l ’eau, les bateaux”


La mémoire du bassin • Michèle Clément, ostréicultrice pionnière

Marcel est épaté par l’entrain et la vigueur de Michèle. « Il me disait : “Je ne sais pas comment tu fais, mais quand tu travailles on dirait que tu t’amuses !” » En effet, elle le confesse aujourd’hui : « J’aimais tout dans ce métier. Le grand air, l’eau, les bateaux. Même quand il faisait froid, ça ne me dérangeait pas. » Michèle ajoute aussi, le regard au loin, plein de nostalgie : « Par moment, ça me manque… »

, is fa tu t en m m co s a p is a s e n e “mJ ais quand tu travailles on dirait que tu t ’amuses !”

→ Un héritage solide Michèle et Marcel avaient leurs parcs sur le sol au Tes (en sortant d’Arcachon) et au Palourdey (vers l’île aux Oiseaux). Leurs collecteurs étaient à la Vigne. « À l’époque, l’ostréiculture sur le banc d’Arguin n’existait pas. » Michèle note aussi que le métier n’était pas le même qu’aujourd’hui. « C’était beaucoup plus physique. Maintenant, ils ont les grues, les transpalettes… Mais il y a d’autres inconvénients peut-être. » De vigueur, Michèle n’a jamais manqué. Héritage de son père et peutêtre aussi de sa grand-mère, que tout le monde connaissait bien à La Teste et qu’on appelait Madeleine Culotte, car elle refusa toute sa vie de se mettre en robe, leur préférant de loin les pantalons. Madeleine était ostréicultrice elle aussi. Mais pas inscrite maritime. C’était interdit. Alors elle était au régime agricole. C’était un phénomène, Madeleine Culotte ! Une femme de poigne qui a vécu jusqu’à 100 ans sans avoir manqué un seul jour de boire ses Ricard au bar et de fumer un paquet de cigarettes, tandis que son compagnon préparait le dîner ! → La patronne À la fin de sa carrière d’ostréicultrice, Michèle a été la « patronne » de Marcel qui était devenu son matelot. C’était pour

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des questions de retraite mais cela amusait bien le couple. Il aimait la taquiner en lui répondant parfois « Oui, patron ! ». « Je détestais ça ! », se souvient Michèle qui, du fait de ses dix-sept ans d’écart d’âge avec Marcel, a continué à travailler après lui. Pas dans l’ostréiculture. Marcel ne voulait pas. Il trouvait que c’était trop dur. Alors, Michèle a eu un petit bateau, l’Hippocampe, avec lequel elle allait à la pêche aux couteaux. Elle fut quelques années une experte du maniement de la baleine de parapluie qu’elle bricolait elle-même pour attraper l’animal dans son trou ! Mais, quand sa mère et Marcel eurent tous deux besoin d’elle, Michèle a pris la sage décision d’arrêter. Non sans regret. On ne quitte pas la mer sans la pleurer. Souvent.

Elle est devenue “experte de la pêche aux couteaux”

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EN COUVERTURE • Hugo Lucine

e bois L & les copains d’abord C’est l’histoire d’un petit garçon qui ne voulait pas faire comme ses parents. Hugo Lucine est le fils de Patrice, le poissonnier du Cap-Ferret, véritable institution. Une voie toute tracée, mais le poisson, ce n’est pas trop son truc. « J’avais la pression de mon père mais pas la passion de son métier. En revanche, j’ai toujours gardé ce même acharnement qui l’habite », confie Hugo. × Texte & photos Patrice Bouscarrut

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EN COUVERTURE • Hugo Lucine

Instagram/hl_constructions bois il ne fera pas dans le poisson, mais c’est pourtant son père qui lui a donné sa voie, par hasard. « Gamin, à 6 ans, je le vois construire sa maison, se souvient-il, je lui pique ses outils, des chutes de bois et je me fabrique une cabane, j’ai même fait un étage ! » Depuis, cette cabane historique n’est plus de ce monde mais cette passion le suivra toujours. Avec ses potes, il commence à bricoler avec du bois, fabrique des skates… Au collège, il fait son stage chez Hadrien et Martin Bartherotte, les rois des cabanes en bois de la Presqu’île. « J’ai appris à faire une terrasse, à découvrir un toit, c’était magique. Avec Ali Boumghait, compagnon ébéniste, ce sont eux qui m’ont mis le pied à l’étrier », reconnaît le novice d’alors. C’est le déclic, il sait ce qu’il veut faire dans sa vie : charpentier. Mais dans la famille Lucine, la mère prend le relais et dit alors : « Passe ton bac ! » Malin, il choisit génie mécanique, option bois STS. « Maintenant que j’ai mon bac, je fais ce que je veux », lance-t-il alors. CAP menuisier, charpentier, puis les Compagnons charpentiers des devoirs du tour de France en 2015. Descartes, Montluçon, Roanne, Paris, Nantes. Des chantiers passionnants égrènent cette vie de nomade et d’apprentissage. « Je me souviens avoir vécu des expériences extraordinaires, comme dans le restaurant Troisgros à Ouches, dans des châteaux, à la Bibliothèque de Paris », note Hugo. Ensuite, il passe son BTS, en alternance chez ECSB, un bureau d’études de

Nantes, spécialisé dans la charpente et la structure en bois. « Je voulais apprendre à dessiner sur ordinateur, j’ai touché à tout, l’expertise, l’étude de l’état sanitaire de la charpente… », résume Hugo. Le voilà enfin charpentier. → Le premier chantier De retour au Cap-Ferret, le jeune diplômé crée aussitôt son entreprise, HLCB, pour Hugo Lucine Constructions Bois. Et là, la bande de copains, qui se connaissent depuis leur plus tendre enfance, se retrouve sur le projet de sa première maison en bois à construire. La fine équipe a du boulot sur cette superbe villa dans le quartier de Jane de Boy, avec vue sur le Bassin. Ici tout est taillé à la main, avec des chevilles à tire, dans l’esprit de la charpente traditionnelle, avec poteaux et poutres apparentes. Chaque centimètre carré de la villa est pensé avec soin. À la fois pour la beauté et la noblesse du bois, mais aussi pour le côté pratique, comme cette tablette au-dessus des fenêtres qui fait le tour de

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“JE VEUX DÉCLINER L’IDÉE DES PILOTIS, FAIRE DES CABANONS, DES CHAMBRES...”

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la pièce principale et servira au rangement. Aucune vis n’est apparente, du bois et encore du bois, quel que soit le coin où l’on pose le regard. Côté outils, les vieux ciseaux à bois et les fausses équerres côtoient les machines électriques ; la rencontre entre tradition et modernité. Avec ses poutres cintrées en façade, sous l’auvent à l’entrée, Hugo apporte sa touche personnelle, et participe ainsi à l’esthétique architecturale de ce nouveau Bassin. Pour ce premier chantier, Hugo n’a pas fait dans la facilité, la maison est tout simplement construite sur pilotis, posée sur des micropieux. Une méthode, pour lui, encore jamais expérimentée sur le Bassin pour une villa de cette taille. Ce qui devrait apporter une sensation de bien-être incomparable avec cette ventilation naturelle, ce vide sanitaire au-dessous. « Je veux décliner l’idée des pilotis, faire des cabanons, des chambres, des dépendances dans les jardins, à 3 ou 4 mètres de hauteur », souligne-t-il. Et des projets, Hugo en a plein la tête.


EN COUVERTURE • Hugo Lucine

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Surf spirit

Le premier chantier de sa nouvelle entreprise, Hugo le vit avec ses potes d’ici. À 27 ans, il retrouve sa vie ferretcapienne après quelques années de formation. Un retour aux sources. D’abord Maxime Donnat, devenu architecte, mais aussi Arthur, spécialisé dans la construction bois, ou encore Tom… « C’est mon meilleur ami, d’habitude, il est barman, mais là il est venu bosser sur le chantier, car il est aussi du métier, sourit le jeune patron. Même mon père est venu me donner un coup de main. » Pour ainsi dire, la boucle est bouclée.

Après le déclic à l’âge de 6 ans, quand Hugo, marteau dans la main, regardait admiratif les gestes sûrs de son père, c’est à présent lui le spécialiste. Le dernier de la bande est breton : Baptiste est venu s’installer sur la Presqu’île. Dénominateur commun : le surf. « C’est le spirit que je recherche dans mon équipe, explique Hugo. On bosse ensemble, on surfe ensemble. C’est important de partager autre chose que du travail. » Baptiste, le nouveau, est aussi surfeur ; Hugo reconnaît que c’était un critère important pour rejoindre l’équipe. Le soir

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après le boulot, entre midi et deux. Il y a toujours un créneau pour se lancer dans les rouleaux. Hugo a toujours sa planche de surf posée dans un coin du chantier, sa combinaison sèche souvent à un fil. Et avec ses allures de dieu grec, Hugo donne aussi un coup de pouce à ses potes de l’entreprise locale de vêtements Oh Les Jolis installée à Andernos. Il sert de temps en temps de modèle avec sa classe et sa coolitude innées. C’est d’ailleurs eux qui ont dessiné et produit la gamme de vêtements pour l’équipe du chantier d’Hugo.


© Patrice Bouscarrut

Portfolio

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Frédéric

LLe amothe beau est dans la petite bête

Frédéric Lamothe est un oiseau de nuit. Ou plutôt un poisson de nuit. Dans l’obscurité, sur la plage à côté de chez Hortense, on peut voir passer sa grande carcasse, dans sa combinaison de plongée, chargé d’un attirail imposant, le souffle court sous le poids de son fardeau. Puis disparaître peu à peu dans le Bassin, entouré du halo de sa lampe torche. Au moins trois fois par semaine, il plonge pour y remonter des photographies sous-marines insolites. Il a choisi de se consacrer à la faune minuscule que l’on peut trouver ici. Pourquoi ? « Quand je plonge, je veux voir du beau, les petits spécimens sont idéaux. Cela évite d’avoir la turbidité de l’eau sur l’image, c’est aussi pour ça que je ne plonge que la

nuit », explique Frédéric Lamothe. Ce chasseur du monde aquatique minuscule peut faire 15 à 20 sorties pour sortir une photo exploitable, selon ses critères rigoureux. Comme ce Janolus cristatus, nudibranche semi-transparent assez rare ici. « J’ai passé cinq ans sans le voir, se souvient le photographe, je suis resté 1 h 40 sur lui cette nuit-là. » Ces spécimens font généralement un centimètre, voire flirtent avec le millimètre. Et à regarder de plus près sur la photo, les grains de sable ressemblent à de gros cailloux. On devine alors la taille microscopique de ces êtres vivants aux couleurs vives, aux transparences déroutantes. Comme un feu d’artifice aquatique. Eh oui, dans le Bassin, les

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petites bêtes sont surprenantes et l’on peut passer juste à côté sans les voir. D’ailleurs, tout est petit avec Frédéric Lamothe, même quand il prend un « pisse-vinaigre » ou une étrille, c’est toujours des jeunes bébés d’à peine un centimètre. S’il s’agit d’une seiche ou d’une vive, il ne prend que des détails, comme les yeux, pour un résultat totalement irréel. Inutile de dire que les photographies de Frédéric Lamothe sont une véritable prouesse technique. Déjà sur terre, ce qu’on appelle la macrophotographie demande des connaissances particulières et sous l’eau, cela paraît être proche d’une mission impossible. PB www.fredericlamothe.com


Portfolio

Je pense que c’est grâce à une baisse de la salinité de l’eau due à de fortes pluies durant le confinement, que j’ai fait cette rencontre hors du commun avec ce discret grand chétoptère.

© Frédéric Lamothe

Quoi de plus banal qu’une sèche ? Pourtant, lorsque la lumière sculpte son œil, elle prend une autre dimension et laisse votre imagination vagabonder.

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© Frédéric Lamothe

L’anémone verte est la plus urticante du bassin d’Arcachon. Mais comme souvent sous l’eau, la beauté fait oublier la dangerosité.

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Portfolio

© Frédéric Lamothe

Tel un cygne prenant son envol, la serpule est un ver que je ne me lasse pas de photographier, bien qu’il ait trop tendance à se réfugier dans son tube dès que l’on s’approche.

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C’est un moment fort, magique et inoubliable que d’assister à la reproduction d’une anémone et une chance inouïe d’avoir pu l’immortaliser.

© Frédéric Lamothe

Les anémones bijoux sont le trésor du Bassin, dont l’éclat n’a d’égal que la diversité de leurs couleurs.

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© Frédéric Lamothe

Portfolio

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Quand l’anémone dahlia prend des allures de ’’comics’’, on plonge en pleine science-fiction.

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Portfolio

Qui aurait cru que Pikachu fréquentait les eaux du bassin d’Arcachon ? Cette limace appartient à la famille des Polycéridés, espèce commune dans le Bassin.

© Frédéric Lamothe

L’antiopelle est une délicate limace au rayonnement bleuté. Il m’a fallu passer 1 h 30 avec ce sujet pour réussir cette photo du fait de la finesse de sa texture.

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© Frédéric Lamothe

Quand la lumière transforme le lanice en arbre à bijoux, on comprend que la beauté n’est qu’affaire de point de vue.

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MODE & déco 4e partie

Nous sommes tous des “Enfants du Bassin” L’histoire de Camille et des « Enfants du Bassin » n’a pas encore un an. C’est à la naissance de son fils Albin que tout a commencé. La jeune maman n’était pas satisfaite de ce qu’elle trouvait pour la décoration de sa chambre. Elle l’a donc réalisée elle-même ; facile quand on est illustratrice ! Sa première affiche aux couleurs pastel a immédiatement séduit ses copains jeunes parents. Tout est allé très vite, les réseaux sociaux, la boutique en ligne et les marchés qu’elle a écumés tout l’été. En véritable amoureuse du Bassin, Camille décline à l’envi les visuels du Pyla au Cap-Ferret. On en compte pas moins d’une trentaine, qu’elle réalise aussi à la demande car elle prend beaucoup de plaisir à créer. Camille imagine déjà une déclinaison sur une marinière parents/enfants, toujours dans l’esprit Bassin. Camille sera présente au marché de Noël d’Arcachon. BV

© DR

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MODE • Fait main

Cabas et accessoires Muësa : une marque de famille univers soient représentés dans la marque. Ce qui les inspire, c’est la plage, la nature, la famille et bien sûr le bassin d’Arcachon où Muriel vit maintenant depuis 24 ans.

Q

ui aurait cru que Muriel, 56 ans, et Auriane, 27 ans, réaliseraient leur envie de créer leur entreprise ? Muriel a toujours cousu et créé des sacs et des accessoires pour elle-même ou ses proches. Cette passion de la couture, c’est seule qu’elle l’a développée. Elle a toujours eu un pied dans le monde de la mode et du commerce puisqu’elle a tenu la franchise Sud Express de La Teste-de-Buch et d’Arcachon pendant des années. Tout a commencé lorsqu’elle s’est mise à réaliser des cabas de plage à son goût juste avant que la pandémie mondiale nous tombe sur le coin du nez. Le succès auprès de ses amies et les commandes qui ont suivi sur le compte Instagram géré par Auriane a fini par les décider à créer leur propre marque et à lancer leur eshop en avril 2021.

→ Une marque écoresponsable C’est l’envie de proposer des produits écoconçus loin de la « fast-fashion » qui a lancé le projet Muësa. Toutes les créations sont faites à la main par Muriel dans son atelier à Gujan-Mestras. Les tissus ne sont pas choisis n’importe où : ils viennent pour la plupart de France, pour certains d’Espagne ou du Portugal. La consommation raisonnée fait tant partie du projet que Muriel ne produit qu’à la commande pour éviter le gaspillage de tissu, avec un délai de livraison de dix jours. Muriel et Auriane s’attachent à ne proposer que des modèles avec de belles matières, des formes pratiques, de bonne résistance et aux finitions travaillées. Elles répondent aux désirs de leurs clientes en personnalisant leurs créations. Puisque les cabas sont réversibles, les clientes peuvent choisir le tissu intérieur, extérieur

→ Une affaire de famille Muësa, c’est avant tout une histoire de famille : le nom de la marque est d’ailleurs tout trouvé. Ce sera Muësa. Mu pour Muriel, « ë » pour et, « s » pour l’aînée Sandra, qui a participé au projet, et « a » pour Auriane. Cyril, le designer de la fratrie, a créé le logo de la marque et sa charte graphique. Auriane qui a fait des études de marketing s’occupe de développer le projet, de la communication sur les réseaux sociaux, des partenaires et du site. Muriel gère la partie création, le choix des modèles, la confection et les commandes. Elles choisissent ensemble les tissus pour que leurs deux

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et la couleur des anses pour les cabas. Il est également possible d’ajouter une broderie avec un prénom ou une phrase. → Des collections tous les quatre mois et bientôt leur propre tissu Outre les sacs et accessoires personnalisables, des collections de cabas intemporels sont proposés : ce sont des modèles qu’elles imaginent de A à Z, tant par le format que par les couleurs et les matières. L’hiver dernier, le velours côtelé était à l’honneur. Pour cet été et cet automne, le choix s’est porté sur le lin lavé. La nouvelle collection devrait sortir d’ici janvier 2022 avec un renouvellement des tissus. D’ailleurs, Muriel et Auriane songent à créer leurs propres imprimés sur les futurs tissus. En cela, Cyril s’attachera à dessiner des motifs qui leur ressemblent, avec l’esprit de cette bien belle famille… SL — De 20 à 80 € www.muesa.fr Instagram : Muësa (@muesa_fr)


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Déco • Mini-maisons/Mini-commerces

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Tiny, conteneur… HABITER LE BASSIN AUTREMENT

Herman Hérichard a lancé son entreprise, les Tiny du Bassin, en 2019. En 2021, il va encore plus loin en proposant aux habitants du Bassin un nouveau type d’habitat différent : le conteneur. Il a livré mi-octobre son premier client, un coiffeur dont le salon s’appelle le Conten’Hair, évidemment ! Texte & photos Armelle Hervieu (sauf mention)

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erman Hérichard est un homme de défi. La vie n’a pas toujours été tendre avec lui et il n’a pas grandi dans les plus beaux quartiers de Paris mais sa plus grande richesse est son audace. Il n’a peur de rien, ni de personne, lui qui a commencé tout en bas de l’échelle sociale. « J’ai été ouvrier à l’usine jusqu’à l’âge de 24 ans. Puis, j’ai repris les études. Un bac pro d’abord, puis un BTS, toujours dans le bâtiment. » Il entre ensuite chez Bouygues par la petite porte avant d’en ressortir cadre sup. « On m’a dit que j’étais fou quand j’ai quitté Bouygues. J’avais un bon salaire, une bonne situation. Je travaillais sur de gros chantiers. J’étais apprécié de mes ouvriers. Mais je souffrais de cet univers inhumain… » En 2016, il vient passer quelques jours avec sa douce et ses petits chez des amis qui habitent le Bassin. « Tout s’est décidé sur une glace au Moulleau. On était là, trop bien. Je leur ai demandé si leurs week-ends se passaient toujours ainsi. Ils m’ont répondu oui. J’ai dit à ma femme : ok, on bouge ! » → Les coiffeurs l’adorent ! Quelques mois après, ils quittent Paris. Après avoir de nouveau travaillé dans une entreprise de travaux publics, Herman prend du temps pour réfléchir à ce qu’il veut vraiment faire. « J’ai toujours eu envie d’entreprendre, depuis tout jeune. Et cela faisait très longtemps que je m’intéressais aux tiny, à ce type d’habitat différent », retrace le jeune homme qui fut attiré, aussi, par le côté cocon et cabane

“CETTE ANNÉE, HERMAN A DÉCIDÉ D’INNOVER” de la tiny. En 2019, il reçoit sa première commande d’une mini-maison. C’est une coiffeuse gujanaise, Élodie Blancher, qui lui fait d’abord confiance. « Je crois que les gens viennent avant tout pour la personne qui dirige l’entreprise. Ma sincérité et mon côté cash ont dû rassurer Élodie ! », estime Herman qui, depuis « la Tiny coiffée », a construit quatre autres mini-maisons tandis qu’une cinquième est en cours de réalisation. Cette année, loin de se reposer sur ses lauriers, Her-

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man a décidé d’innover encore en proposant à ses clients un autre type d’habitat différent : le conteneur. Et, amusant, c’est encore un coiffeur qui a craqué le premier ! Il s’appelle Kelian Poumeyrol, exerce au domaine de la Forge et a troqué, en octobre, son cabanon/tiny pour un conteneur. « J’ai beaucoup plus d’espace dans le conteneur. Il fait le double de la tiny que j’avais avant en longueur. C’est hyper agréable. D’autant que j’ai créé des pièces différentes avec des cloisons et qu’Herman m’a fait une belle terrasse en bois », se réjouit le jeune coiffeur qui a nommé sa nouvelle boutique le Conten’Hair. Et, à ce jour, Kelian est le seul coiffeur de France à exercer dans un ancien conteneur maritime aménagé ! — www.lestinydubassin.fr 06 03 68 37 79


MODE • Mariage

Tessa Delpech, créatrice de “contes de fées” Tessa Delpech s’est formée dans l’une des meilleures écoles de stylisme, à l’atelier Chardon-Savard, et a d’abord créé une marque de vêtements à Paris avant de s’installer, il y a six ans, sur le Bassin pour lancer sa première collection de robes de mariée baptisée Dune blanche.

© Céline C.

Texte Armelle Hervieu Photos Voir mentions

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→ Du sur-mesure Au numéro 4 de la rue Alexandre Dumas, à La Teste, elle présente ses modèles de base aux futures mariées qui peuvent ensuite entièrement les adapter à leur goût. « Je suis reconnue comme spécialiste du dos nu mais je peux tout faire, de la petite robe basique à la grosse robe de princesse tout en dentelle. » C’est une robe 100 % sur mesure que propose Tessa Delpech qui adore surprendre ses clientes. « Elles arrivent en général avec une idée bien précise de ce qu’elles veulent mais, moi, j’aime leur proposer des choses qui les étonnent. Une grande partie de ma clientèle repart avec quelque chose de différent de ce qu’elle s’était imaginé ! » → Émue aux larmes La plus grande joie de Tessa est de faire le bonheur des femmes qui l’ont choisie pour réaliser leur robe de mariée. « La

© Armelle Hervieu

fille, elle se rêvait princesse aux mille robes. « Comme toutes les petites filles, non ?! », s’amuse Tessa Delpech qui vit aujourd’hui un vrai conte de fées. Elle habite « au paradis », sur le Bassin, dans la maison qu’elle voulait, avec mari et enfants, et passe ses journées à dessiner et à coudre des robes de mariée, son vêtement préféré. Ce qui lui a donné l’idée de se lancer dans la confection de « la tenue d’une vie », c’est son propre mariage. « J’ai fait quatre robes pour mon mariage. Je suis comme toutes les femmes, j’adore ça ! » Plutôt que de dessiner toute une ligne de prêt-à-porter pour femmes, hommes et enfants, comme elle le faisait à Paris, elle choisit ici de se spécialiser. « Cela m’a d’ailleurs facilité la vie », note celle qui travaille désormais chez elle, dans une petite dépendance au bord de la piscine. « Cela me permet de m’occuper plus facilement de mes deux garçons qui ont 5 et 6 ans et d’accueillir mes clientes dans un cadre très cocooning. »

© Armelle Hervieu

MODE • Mariage

“MA ­RELATION AVEC MES CLIENTES EST TRÈS PROCHE” relation est souvent très proche avec elles. J’aime beaucoup les chouchouter et les voir heureuses. Je ne vous cache pas que, parfois, je suis aussi émue qu’elles lorsqu’elles enfilent leur tenue. Il m’arrive même de verser quelques larmes… », confie la jeune femme qui aimerait se remarier, même si son mari ne veut pas. Les robes de mariée, il n’en peut plus ! « Il sature, je crois », rigole Tessa. Tant pis, pour ses 40 ans, dans trois ans, la belle couturière compte bien organiser une grosse fête où la robe de mariée sera de rigueur pour toutes les invitées !

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→ Des robes pour toutes les femmes En attendant, Tessa continue de confectionner une dizaine de robes par an pour ses clientes qui sont issues de tous les milieux sociaux et qui ont tous les âges. « J’ai vraiment tous les types de profil, de la dame de 60 ans à la petite jeune fille. Des femmes du Bassin, des Bordelaises mais aussi des Parisiennes, car j’ai gardé une belle clientèle là-bas et le TGV rend la collaboration possible. » Les qualités de Tessa sont reconnues de celles qui ont fait appel à elle : gentillesse, minutie et patience aussi… Il lui faut parfois passer jusqu’à 15 jours, à temps plein, pour réaliser une robe compliquée. → Elle accepte les défis Après avoir débuté avec la collection Dune blanche, ainsi nommée en référence à la dune du Pilat, Tessa réalise, pour l’instant, des robes à la demande. Le dernier défi qu’on lui a lancé et qui l’amuse beaucoup est de confectionner une robe en forme de kimono avec une grosse ceinture. « Je suis impatiente de commencer ! », lance-t-elle, avec gourmandise. Si elle devait relancer une collection, ce serait à coup sûr des robes 2 en 1. Le concept lui plaît beaucoup : une robe simple pour la mairie que l’on peut adapter le soir en lui ajoutant, par exemple, une traîne de folie. « Histoire de surprendre, toujours ! »


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© Laurène Quiros

© Céline Joudet

© Katy Lunsford

© Céline C.

© Joanna Germain


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© Armelle Hervieu


GREEN 5e partie

Les collégiens de Marie Bartette font leur potager En cette année scolaire 2021/2022, le Foyer socio-éducatif du collège Marie Bartette fourmille d’idées ! Des parents bénévoles ont eu l’envie et l’énergie de créer des activités pour les enfants entre midi et deux. Parmi ces activités proposées gratuitement à tous les élèves, un cours de chinois, un club d’échecs et un jardin potager ! Trois générations seront aux petits soins avec ce jardin. Des grands-mères (dont Maryse Herpin des Gamatann), des mères, des pères et, bien entendu, des enfants. Car ce sont bien eux qui apprendront de A à Z la vie, de la graine à la plante en passant par le compost qui permet au jardin de pousser avec force et vigueur. À noter aussi, la participation de la cantine du lycée Grand Air, qui est aussi celle du collège. Cette dernière donnera ses épluchures pour le compost. Comme disait l’autre : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! AH

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GREEN • Suivez le guide !

© Armelle Hervieu

Tom Perrin, passeur de savoirs

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om Perrin est un original érudit qui connaît tant de choses sur la nature qu’il pourrait vous entretenir toute une journée du mode de reproduction de l’if ! Le guide naturaliste arcachonnais propose des visites passionnantes et éclairées du Parc mauresque, de la forêt de Camicas, de Pereire… → Un pédagogue… Tom Perrin a lancé sur le Bassin, il y a dix ans, un tourisme à l’approche différente : l’éco-tourisme. Un tourisme qui met en valeur le patrimoine naturel dans le but de participer à sa préservation. « Quand on est guide naturaliste, on a toujours une arrière-pensée. On veut amener les gens à connaître, à

“TOUT NATURALISTE A LE SOUHAIT DE PARTAGER” apprécier et donc à protéger les richesses naturelles. » Un jour de novembre, Tom a accepté de nous emmener, comme il le fait avec ses clients de l’office de tourisme d’Arcachon, à la découverte de l’arboretum du Parc mauresque. Et c’est ainsi que l’on a découvert le parcours atypique de cet autodidacte aux savoirs reconnus, ayant exercé pour la LPO et la Sepanso au banc d’Arguin. Apprécié pour ses talents de pédagogue, Tom s’est naturellement tourné vers le métier de guide : « Tout naturaliste a le souhait de partager ce qu’il connait. »

→ … au Parc mauresque Et les connaissances de Tom sont impressionnantes ! Il sait, par exemple, la vie de chacun des arbres du Parc mauresque. Aucun de leur secret ne lui est étranger. Grâce à lui, on a appris que l’if est l’un des rares arbres dioïques : gamètes mâles et femelles sont portés par des individus différents. Monsieur et Madame doivent donc être plantés proches l’un de l’autre si l’on veut qu’ils fassent des fruits ! L’if, encore lui, nous dit Tom, contient des molécules anti-cancéreuses bien que presque tout l’arbre

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soit toxique. Fasciné par les ligneux (plantes faites de bois), qui lui inspirent une grande humilité, le naturaliste ne se lasse jamais de les observer pour mieux les comprendre. Il sait que les 50 espèces différentes du Parc mauresque communiquent toutes entre elles via le même réseau micellaire. « Les champignons permettent aux arbres d’être connectés. Ils forment ensemble un méta organisme capable de se prévenir en cas de danger mais aussi d’échanger à boire et à manger. » On n’a pas la place d’écrire ici tout ce que Tom Perrin nous a appris. Alors, si vous souhaitez bénéficier, vous aussi, de son immense savoir, prenez rendez-vous sous un arbre… AH



GREEN • Initiative

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es ADOS Green Teens LDES DU BASSIN

ENGAGÉS POUR LA PLANÈTE C’est une petite bande d’anciens membres du club Ado de La Teste qui s’est réunie en junior association. Au départ, ils envisageaient juste de faire un voyage ensemble. Rapidement, ils se sont dit que la sauvegarde de la planète était plus importante que leurs vacances. Alors, ils ont enterré la Grèce et intensifié le combat !

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Texte & photos Armelle Hervieu

ls étaient quinze au départ, en 2019, quand l’association a été créée. À l’époque, elle avait pour objet de permettre à la bande de jeunes de la Travel Green Teens de partir en voyage. Aujourd’hui, ils ne sont plus que neuf. Certains d’entre eux sont partis à l’université, d’autres ont préféré renoncer parce que les clean walks sont moins séduisantes que les séjours au soleil ! C’est donc les plus déterminés pour la cause environnementale qui sont restés et, si le nom de leur association n’a pas encore changé, les Green Teens (littéralement « adolescents verts ») ne rêvent plus de travel (« voyage », pour ceux qui ne parlent pas anglais) mais plutôt de contribuer à sauver la Terre. → Besoin de sang neuf « C’est évidemment ça le plus important », scandent Adèle, Flora et Mathieu, venus avec beaucoup d’enthousiasme à la rencontre de Vivre le Bassin pendant les vacances de la Toussaint. Ces jeunes-là sont heureux que l’on parle d’eux. Surtout si ça peut aider à rallier d’autres recrues à leur cause. « Notre association a besoin de sang neuf. L’an prochain, la plupart d’entre nous part étudier à l’université et ne pourra plus s’investir de la même façon. Il est capital que d’autres jeunes s’investissent à leur tour », débute Flora, 17 ans, scolarisée au lycée Grand Air d’Arcachon. L’an prochain, elle partira faire Sciences Po. Quant à Adèle, 17 ans aussi, scolarisée au lycée de la Mer, elle se formera au métier d’ingénieure agronome. Le plus jeune de la bande, Mathieu, n’a que 14 ans. Il étudie au collège Henri Dheurle et ne sait pas encore ce qu’il veut faire. → Nettoyage autour des lycées Quels que soient leur âge et leur projet d’avenir, les Green Teens sont toujours

partants quand il s’agit d’aller nettoyer leur environnement. Le plus souvent les prés salés ouest, car ils sont tous originaires de La Teste, mais aussi les environs de leurs établissements scolaires. « On va dans la craste derrière le lycée de la Mer et aussi autour du lycée Grand Air. C’est impressionnant le nombre de déchets jetés pas terre par les lycéens ! Pas mal de déchets issus du McDo situé à côté. Mais aussi des canettes, des mégots, des emballages de bonbons… », déplore Flora. « C’est honteux », se révolte Adèle. « Aujourd’hui, on connait les conséquences de ce genre d’actes. Je ne vois que la flemme pour expliquer ça », ajoute Mathieu. → Un ensemble d’actions écolos Outre les ramassages de déchets, les Green Teens appliquent chez eux les gestes qu’ils aimeraient voir se répandre et mènent un travail pédagogique de fond auprès de ceux qu’ils côtoient. « Nous sommes tous les trois végétariens et nous sommes en

VIVRE LE BASSIN

pleine forme ! On essaye de convaincre nos copains du lycée mais ils ont souvent une mauvaise image des plats ­végétariens parce qu’ils ne sont pas terribles à la cantine. C’est dommage car un dahl de lentilles, des pâtes aux courgettes ou une quiche aux poireaux, c’est bien meilleur que McDo ! », assurent les trois ados. Pour les habits aussi, nos ados écolos font attention. Sus aux marques, ils s’habillent en friperie ou à la Croix-Rouge et fabriquent leurs propres vêtements, comme Adèle. Ils constatent d’ailleurs avec joie que de plus en plus de lycéens font comme eux. « On voit davantage d’affaires originales, visiblement d’occasion », note Flora. Mathieu conclut : « Les choses commencent à bouger. La plupart des gens sont désormais conscients des problèmes climatiques et environnementaux. Mais les actes ne suivent pas. Il ne manque qu’une étincelle pour que les gens agissent ! » Et si l’étincelle venait de cette jeunesse engagée ? — travelgreenteens@gmail.com


GREEN • Bassin et prés salés

Sophie Bégin MONITRICE DE KAYAK ET ÉDUCATRICE À L’ENVIRONNEMENT Sophie Bégin, doublement diplômée d’État, a découvert le kayak au cours d’un stage à 12 ans, est partie en sport études à 14 ans, pratiquant le kayak en eaux vives, excellant en descente et slalom. Puis elle a suivi des études pour devenir professeur d’éducation physique. Texte & photos Brigitte Canovas

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A

près avoir enseigné dans différents collèges et lycées dans la région et en Corse, elle a saisi l’opportunité en 1998, à l’âge de 25 ans, de créer Becalou, une base de location de kayaks, à Arès au port ostréicole. Elle transmet sa passion du kayak et de la nature à travers les sorties qu’elle propose, sur le bassin d’Arcachon. Adaptées à tous, notamment aux familles, les balades de 2 heures sont axées sur la sensibilisation à l’environnement. Des sorties de 5 heures, plus sportives, permettent de découvrir l’île aux Oiseaux en partant de Grand Piquey. En parallèle, elle a pratiqué le sport de haut niveau en kayak-polo, évoluant au niveau international (titres de vice-championne d’Europe en 2001, vicechampionne du monde en 2002, médaille de bronze au championnat du monde en 2004).

“DES SORTIES DE 5 H PERMETTENT DE DÉCOUVRIR L’ÎLE AUX OISEAUX EN PARTANT DE GRAND PIQUEY”

→ À la découverte du patrimoine naturel Sa seconde passion est l’environnement. Elle s’est formée et a obtenu un brevet professionnel de la Jeunesse et de l’Éducation populaire et du Sport – Éducation à l’environnement vers un développement durable, et a suivi de nombreux MOOC (formations en ligne) en botanique, tourisme durable, trame verte et bleue. À travers l’association Arès

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GREEN • Bassin et prés salés

Kayak nature, affiliée à la Fédération française de canoë kayak, elle propose des initiations au kayak avec Cap33 l’été, et participe aux journées pédagogiques à destination des collégiens de 6e « Billet Courant Vert Environnement » sur le thème « Découverte et sensibilisation à l’environnement proche ». L’objectif principal est de faire découvrir à l’enfant son patrimoine naturel proche, en observant les impacts de l’homme sur son environnement (positifs et négatifs) et montrant la nécessité de sa préservation par une gestion raisonnée des milieux naturels. → Un accompagnement au long cours En septembre, toutes les classes de 6e du collège d’Andernos, soit près de 200 élèves, ont ainsi découvert l’écosystème « prés salés » (caractéristiques, particularités, faune, flore, adaptation des êtres vivants à l’environnement), notion de réserve naturelle et son rôle, à travers une balade à pied à marée basse avec l’association Captermer dans la Réserve naturelle des prés salés et à marée haute, en kayak, mode de déplacement non polluant et non bruyant, permettant de circuler facilement, avec Sophie Bégin. Elle leur donne les bases d’utilisation d’un kayak,

les consignes de sécurité, puis leur fait découvrir les esteys, leur faune et leur flore, leur faisant observer à l’aide d’une loupe salicorne, lavande de mer et aster, troscard, scirpe et jonc maritime et leur expliquant comment les plantes s’adaptent à leur milieu, plus ou moins

“APRÈS LA SORTIE, UN DIPLÔME DE ­PAGAIE BLANCHE EST DÉLIVRÉ”

salé. À l’issue de la journée, un diplôme de pagaie blanche est délivré, ou pas, aux collégiens. Sophie a une autre mission verte : elle participe à un programme national du Muséum national d’histoire naturelle de suivi des plantes à fleurs, en les répertoriant sur trois points de 2 m sur

5 m et en notant leurs noms latins. Elle souhaite devenir référente dans le cadre des aires éducatives, mises en place par l’Office français de la biodiversité. Il s’agit d’accompagner les enseignants et les élèves du cours moyen à la 3e pour protéger un bout de leur territoire.

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Entendez vous LE BRUIT DU VENT ?

GREEN • Mobilité

Eh oui, ce sont des SUV, mais ce genre très prisé est en train d’effectuer sa révolution culturelle… en se muant en silence, partout sur nos routes, ou du moins en ville, a minima. Voici les dernières tendances du marché. Texte Philippe Guillaume Photos Constructeurs

MERCEDES-BENZ EQA 250 L’ÉTOILE FILANTE

! EN CHIFFRES Moteur : électrique, 190 ch Batteries : 66,5 kWh Autonomie théorique : 399-426 km Autonomie réelle constatée : environ 360 km À partir de 47 900 ¤

Mercedes avance à marche forcée et toute la gamme thermique va disposer d’un équivalent électrique, y compris les engins les plus statutaires, comme la limousine EQS, le van EQV parfait pour transporter les VIP, voire l’extravagant EQG. Plus à l’aise dans nos cités est l’EQA avec son format compact de 4,46 m de long, l’EQA est ainsi la déclinaison 100 % électrique du petit SUV GLA, et s’en distingue par son absence de sortie d’échappement, sa calandre pleine et une barre de LEDs qui relie les feux arrière, absente sur la version thermique. On retrouve à l’intérieur une ambiance techno et épurée à la fois : beaux placages d’aluminium sur le tableau de bord et les contreportes, excellents sièges (dans notre

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version AMG Line), tableau de bord confié à deux dalles numériques paramétrables et à l’ergonomie impeccable, doublée par l’excellente assistante vocale « Hey, Mercedes », qui n’est autre que la meilleure du marché. Le confort est un point fort de cette auto : le silence de fonctionnement est très agréable et les suspensions, plutôt souples, font de cette auto un cocon. Deux autres raisons de se réjouir ? Une autonomie réelle très correcte et un surcoût plutôt faible par rapport à sa version thermique équivalente. LE VERDICT : voici une auto bien née qui vous place dans une ambiance parfaitement zen, faite de silence et de bien-être.


JEEP RENEGADE 4XE

BMW IX3 LE CHOIX DU ROI

PEUGEOT 3008 HYBRID4

Une Jeep dans un magazine urbain ? Pas d’ingratitude : sans Jeep, on parlerait probablement allemand à Paris ! Jeep a su évoluer pour rendre ses autos plus acceptables dans nos cités avec la technologie hybride rechargeable, qui concerne toute la gamme, du baroudeur Wrangler à ce Renegade, plus compact (4,24 m de long) et aux dimensions faciles à cerner grâce à ses formes « carrées », modernisées récemment par un éclairage à LEDs. La batterie de 11,4 kWh nous a permis d’effectuer quasiment 45 kilomètres en mode « zéro émission », et pour profiter de cette vertu, il faudra bien entendu la recharger dès que possible, dans le cadre des trajets boulot-dodo, d’autant que sur route, le petit réservoir (un compromis pour loger les batteries et conserver du volume de coffre) impose des ravitaillements fréquents. Pour les vacances, elle reste une vraie Jeep avec des aptitudes tout-terrain inégalées.

Plus d’un million de X3 ont déjà été vendus, démontrant la pertinence de ce SUV familial by BMW. Avec l’iX3, l’offre se décline en électrique sans bouleverser les habitudes des fans de cette auto : en effet, les apparences extérieure (quelques petites teintes de bleu viennent souligner la propulsion électrique) et intérieure sont extrêmement proches de la version thermique, légèrement restylées récemment avec notamment des feux arrière à effet 3D. À l’intérieur, silence et confort sont les vertus cardinales de cette auto, qui incite à une conduite apaisée. De fait, l’autonomie constatée lors d’un essai est tout à fait appréciable, puisque la barre des 400 kilomètres peut être franchie facilement entre deux recharges. De quoi faire sa semaine de commuting l’esprit libre.

Vendue à plus de 800 000 exemplaires, le Peugeot 3008 a la faveur des particuliers comme des flottes d’entreprise, et cette version Hybrid4 devrait continuer à lui garantir un certain succès grâce à ses faibles émissions. Concrètement, un moteur électrique placé sur le train arrière vient seconder un moteur thermique, faisant de ce 3008 un quatre-roues motrices occasionnel. Les batteries, d’une capacité correcte de 13,2 kWh, garantissent presque 60 kilomètres d’autonomie (un peu plus de 40 constatés, avec chauffage et radio) et lui permettent de se mouvoir en silence et en mode zéro émission en ville. L’ambiance intérieure, au design unique, est très agréable. Au besoin, une version 225 ch, en simple traction avant, est également disponible, moins performante mais un peu plus efficiente encore.

LE VERDICT : Jeep a su évoluer et se mettre à la page de l’électrification légère. Ce Renegade offre un look affirmé et un gabarit compact.

LE VERDICT : BMW étend sa gamme électrique avec des berlines et SUV. Cet iX3 ne dépaysera pas les habitués.

LE VERDICT : Que ce soit avec la berline 508 ou le SUV 3008, Peugeot a su se diversifier grâce à la technologie hybride rechargeable.

! EN CHIFFRES Moteur : hybride rechargeable, 190 ch

! EN CHIFFRES Moteur : électrique, 286 ch

! EN CHIFFRES Moteur : hybride rechargeable, 300 ch

Batteries : 11,4 kWh

Batteries : 80 kWh

Batteries : 13,2 kWh

Autonomie électrique théorique : 50 km

Autonomie théorique : 461 km

Autonomie électrique théorique : 59 km

Autonomie électrique constatée : 45 km

Autonomie réelle constatée : 400 km

Autonomie électrique constatée : 40 km

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L’ICÔNE DE L’ÉLECTRIFIÉ

VIVRE LE BASSIN

LE FLEURON TRICOLORE


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© Ride on experience


SPORT & BIEN-ÊTRE 6e partie

Faire le grand saut avec Arcachon Parachutisme

Un club sportif, c’est parfois un peu comme une seconde famille. Chez Arcachon Parachutisme, c’est un peu comme ça que l’on voit la vie associative : un pour tous et tous pour un ! « Nous sommes tous des passionnés, amoureux du parachutisme et désireux de partager notre passion avec le plus grand nombre », résume Murat Yasar, le président du club. Ça tombe bien, ici, on fait aussi école. « Nous sommes en mesure de proposer des tandems au public qui veut juste découvrir l’activité mais aussi, pour ceux qui veulent vraiment s’initier, on peut les accompagner dans toute leur progression car nous disposons de moniteurs diplômés et du matériel nécessaire. » On attend plus que vous pour décoller sur le tarmac de l’aérodrome de Villemarie à La Teste-de-Buch. Il paraît que le Bassin, vu d’en haut (environ 4 000 mètres quand on saute), c’est ce qu’il y a de plus beau ! AH

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bien-être • Témoignage

Les bains de mer quotidien de Marie-Cécile

M

arie-Cécile Bodier est une jeune femme pleine d’énergie ! Cette amoureuse du Bassin, installée à Arcachon depuis 2008 mais qui y vient depuis bébé, a toujours adoré se baigner. Depuis dix ans, elle s’immerge tous les jours dans l’eau de mer, qu’il neige, qu’il vente, qu’il pleuve. C’est son secret bien-être, sa soupape de décompression, son passeport détente, son moment à elle. Depuis la naissance de son fils Hélio, Marie-Cécile Bodier se

baigne tous les jours, quel que soit le temps. Après avoir couru et très tôt le matin de préférence, quand il n’y a encore personne sur la plage et que la mer lui appartient. « Les moments que je préfère c’est la nuit, l’hiver, quand il n’y a vraiment personne et que je suis seule sous les étoiles. » → Une aide contre les coups durs Ces petits moments d’éternité volés sont essentiels au bonheur et à l’équilibre de Ma-

rie-Cécile. Rien ni personne ne peut l’empêcher de se baigner, même pas la tempête. « Parfois, on me dit que je suis folle ou que ce n’est pas prudent. Mais cela me procure un tel bien-être que je ne peux m’en passer ! Et je crois que plus on y va, plus on en a besoin », s’amuse t-elle. Ce bain quotidien l’a aidée, dit-elle, à affronter les moments les plus durs de sa vie. La mort de sa mère et quelque temps après seulement la maladie de son fils, à qui l’on a diagnostiqué une leucémie.

« Le matin, avant que le soleil se lève et que l’on parte à l’hôpital à Bordeaux, j’allais à l’eau pour essayer d’affronter le reste de la journée avec plus de sérénité. Je pense que cela m’a vraiment aidé à tenir durant ce si long combat. » Marie-Cécile a tout compris car, si l’on en croit la science, les vertus des bains de mer sont nombreuses. Ils seraient bénéfiques sur le plan immunitaire, nerveux, articulaire, cardiovasculaire et même pour le psychisme, via la régulation de l’humeur ! AH

© Armelle Hervieu

“CELA ME PROCURE UN TEL BIEN-ÊTRE QUE JE NE PEUX M’EN PASSER ! JE CROIS QUE PLUS ON Y VA, PLUS ON EN A BESOIN”

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Le banal est l’ennemi du bien Appartement contemporain, en vente sur espaces-atypiques.com

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© Brigitte Canovas

SPORT • Voile

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Deux Arésiennes CHAMPIONNES DE FRANCE !

Éloïse Clabon et Maë Cottereau sont nées à Arès, ont 17 ans et viennent de familles de « voileux ». Maë Cottereau a un papa skipper et une grande sœur en cours d’études pour le devenir. Elle a déjà obtenu de bons résultats en championnat de France (3e et 4e). Éloïse Clabon a toujours navigué sur le catamaran de son père. Armand, son frère, a été champion de France et d’Europe, avant de commencer des études d’ingénieur qui l’obligent à ne plus faire de la voile qu’en loisir. Texte Brigitte Canovas Photos Voir mentions

É

© Eric Bellande/FFVoile © Eric Bellande/FFVoile

→ Un avenir tout tracé Depuis la rentrée, elles ont intégré le pôle Espoir de La Rochelle pour naviguer en équipage mixte sur un Nacra 15, petit frère du Nacra 17, le bateau olympique. Elles sont en terminale et envisagent de continuer des études de Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives), pour devenir kinésithérapeute pour Éloïse et skippeuse pour Maë. Pensionnaires à La Rochelle, et prises

par leurs entraînements intensifs, elles rentrent rarement dans leur famille, à Arès, sur le bassin d’Arcachon. En août, elles ont remporté ensemble le championnat de France Espoir Glisse 2021, en catamaran SL 16. Seul duo 100 % féminin, elles sont arrivées en tête avec 11 points d’avance sur les seconds après 5 jours de compétition, à Martigues sur l’étang de Berre. Éloïse, à la barre, a dirigé le catamaran avec tactique, dans des conditions de vent et de houle très variables, avec tantôt des vents violents, de 15 à 20 nœuds, des vents très faibles (5 nœuds), et parfois la pétole, le calme plat. Elles ont réussi à garder la première place tout au long de ce championnat, devançant les 18 autres équipages, pour certains partenaires d’entraînement. Début novembre, elles ont participé aux championnats du monde, en équipage mixte, sur Nacra 15, à La Grande-Motte, et ont donc été concurrentes… Ces deux championnes très souriantes et dynamiques sont à la recherche de sponsors pour aller au bout de leurs rêves, car participer à des compétitions engendre beaucoup de frais. Maë a monté un dossier et obtenu une aide de la ville d’Arès…

© Eric Bellande/FFVoile

loïse et Maë, licenciées au club nautique d’Arès et lycéennes s’entraînaient à La Rochelle au Pôle d’entraînement régional depuis septembre 2020, mais ne naviguaient pas ensemble. L’équipière d’Éloïse s’est blessée et celle de Maë n’était pas disponible en août pour le championnat de France Espoir Glisse 2021. Alors, elles ont décidé de participer ensemble sur un bateau mis à leur disposition par le club nautique d’Arès. Le duo a bien fonctionné puisqu’elles ont gagné. Elles ont obtenu cet été leur diplôme de monitrice de voile et peuvent ainsi faire partager leur passion dans leur club d’origine, qui a bien sûr organisé une petite fête en leur honneur.

“CES DEUX CHAMPIONNES SONT À LA RECHERCHE DE SPONSORS POUR ALLER AU BOUT DE LEURS RÊVES” VIVRE LE BASSIN


© Patrice Bouscarrut

SPORT • Football

Damien Plaza Cent ans de football sur la Presqu’île

L

es mordus du ballon rond peuvent suivre les exploits de l’équipe de l’USLCF qui évolue en National 3 avec son maillot bleu ciel. Ce dernier rappelle d’ailleurs celui de l’OM, même si l’on est à Lège-Cap-Ferret. Un club bien dans ses crampons avec une bonne école de foot, des entraîneurs motivés… Un long fleuve tranquille. Mais l’histoire du football à LègeCap-Ferret est intimement liée à celle de la Presqu’île. Avec ses bouleversements, ses passions, ses hommes. Damien Plaza, professeur d’histoire-géo, est devenu le spécialiste du football en Aquitaine, on doit d’ailleurs l’appeler docteur, puisque cet

agrégé a soutenu une thèse intitulée : « Territoires et identités du football amateur aquitain ». Et quoi de mieux qu’un Légeois et spécialiste pour raconter l’histoire du foot sur la Presqu’île ? « Le football a toujours été ma vie, martèle Damien, j’avais toujours un ballon dans les pieds. Ici à Lège, il n’y avait que ça et le catéchisme ! » Une époque, quand un certain Georges Martin arborait sur son camion « Saucissons Mireille » et transportait l’équipe partout pour les matchs. La Presqu’île était aussi coupée en deux. D’un côté, Lège et de l’autre, le Cap-Ferret, toujours rattaché à La Teste. « Quand j’étais jeune, on n’allait jamais au Cap-Ferret, se souvient

“LA FUSION DES CLUBS ? 28 ANS DE FEUILLETON” Damien, sauf pour jouer des matchs. » Car oui, il y avait deux équipes bien distinctes ! → La mémoire du foot local Avec une multitude de noms de clubs. La création du premier date des années 1920, Lège Athletic Club (LAC), puis l’Union sportive ferret-capienne (USFC), le Club athlétique ferret-capien (CAFC), l’Union sportive légeoise (USL)… pour finir par la fusion, l’Union sportive de Lège-Cap-Ferret (USLCF). « La fusion ? vingthuit ans de feuilleton », résume

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Damien. Difficile en effet de concilier les deux extrêmes. Surtout au début des années 2000 quand un certain JeanPierre Papin vient renforcer les effectifs au Cap-Ferret, au sud, on révise ses ambitions… Il faudra attendre 2005 pour arriver à créer l’USLCF. Cette année, la commune fête ses 100 ans de football. Damien Plaza va sortir un livre, 100 ans de football à Lège-Cap-Ferret, et une exposition déjà présentée devrait être à nouveau visible aux archives municipales au printemps. À vos crampons. PB


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Kozoom L’ENTREPRISE QUI NE

SPORT • Billard

PERD PAS LA BILLE

Eh oui, quand il s’agit de billard, ce ne sont pas des boules mais bien des billes. Et pour le billard français, il y en a trois. D’où « Kozoom ». « On cherchait un nom qui n’existait pas et je voulais trois “O” dedans » sourit le patron, Xavier Carrer.

© Patrice Bouscarrut

Texte Patrice Bouscarrut Photos Voir mentions

I

nstallée dans la zone artisanale ­d’Andernos, Kozoom est tout simplement l’un des acteurs les plus importants du billard européen, voire le premier. Rien qu’avec sa boutique en ligne d’accessoires de billard, Kozoom flirte avec le million d’euros de chiffre d’affaires. L’entreprise a même créé sa propre gamme de billes, jaune, orange

et blanche avec des gros points rouges, qui cartonne dans le monde et sont très photogéniques lors des retransmissions de compétions mondiales. Mais la force de Kozoom, c’est son expertise depuis des années dans la couverture vidéo des plus grands rendez-vous du billard mondial, que ce soit pour le français, l’américain… Toutes les fédérations s’arrachent la qua-

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lité du staff andernosien. Et à part les quelques amateurs du club local, personne ne soupçonne sur le Bassin l’aura de cette entreprise dans le monde. D’ailleurs si, en France, le billard baisse en notoriété, faute de pouvoir s’y adonner comme avant dans les bistrots, dans d’autres coins de la planète, ce n’est pas la même musique. En Asie, il y a plus de joueurs de billard fran-


çais (carambole) que dans l’Hexagone. « On ne sait toujours pas pourquoi mais en Corée, chaque jour, il y a 1,5 million de pratiquants, on compte 30 000 clubs de billard, quasiment un dans chaque building », explique Xavier Carrer. Ce dernier a une piste, les Asiatiques aimeraient se prendre la tête, et le billard français doit bien les combler… → Un studio à la pointe Reste que l’Asie est une manne pour cette entreprise qui a choisi une niche très particulière. Et pour la petite histoire, Andernos n’est pas une destination par hasard pour Kozoom. Le Billard club andernosien est le plus titré de France et son président, Bernard Baudoin, aussi patron de l’Intermarché local, a donné un gros

coup de pouce à Kozoom. Notamment quand, en septembre 2020, l’entreprise voit plus grand et crée son propre studio de production. Déjà bien implantée dans le secteur, Kozoom se donne les moyens d’être la meilleure. En plein épisode de Covid, le studio peut diffuser en temps réel des compétitions dans ses locaux. Dans son studio de 100 m², entièrement peint en vert, l’équipe peut incruster des arrière-plans en temps réel. « On a des capteurs infrarouges sur les caméras, précise Xavier Carrer, ça gère les zooms, la mise au point, cela demande une synchronisation complexe, avec un système de multi-caméras, un décor virtuel. Ça n’a plus rien à voir avec la traditionnelle météo à la télé. Avant, seuls les studios de Hollywood pouvaient se

→ Des projets à faire tourner la tête Aujourd’hui, Xavier Carrer aimerait faire profiter de son studio à d’autres. Comme les agences de communication, de publicité… « L’idée, c’est de ne pas faire que du billard, et faire venir des boîtes de prod ici, résume le patron, surtout qu’on est trois fois moins cher qu’un studio parisien, et en plus on est sur le Bassin. » Kozoom est en train de rechercher des partenaires pour créer des décors en 3D en temps réel. Les possibilités vont être infinies. Autre projet qui va sortir bientôt des cartons : le lancement d’une chaîne TV gratuite sur le billard dans le monde. « Et là, on n’aura plus de frontière », conclut Xavier Carrer. — www.kozoom.com

© Kozoom

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© Patrice Bouscarrut

“AUTRE PROJET : UNE CHAÎNE TV GRATUITE SUR LE BILLARD”

le payer et, maintenant, on en a un à Andernos ! » C’est l’entreprise bordelaise EZtrack qui a apporté sa compétence pour que tout fonctionne à la perfection.

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© Yann Crabé


Enfants 7 e partie

Du vintage pour les petits ! Cela fait déjà trois mois que la boutique dépôt-vente Les petites mains de maman a ouvert ses portes, au 960 avenue de l’Europe à La Teste-de-Buch. Sur place, vous y trouvez des articles de seconde main (vêtements 0-5 ans, matériel de puériculture…), du neuf produit par des créatrices locales telles que ZD la Chouette, l’Atelier de Lia, mais aussi trois belles marques fabriquées en France (Néobulle, le Biberon français et les Bougies de Charroux). Élodie, à l’initiative de cette mine d’or pour maman en quête de pépites à prix doux, voit en sa boutique « un Vinted version physique » qui viendrait briser les chaines de la surconsommation. Cette jeune entrepreneuse prône un mode de consommation plus conscient, soucieux de l’environnement et des forces vives locales. Parents, vous avez là l’occasion de « vider les placards de vos enfants tout en vous faisant un peu d’argent » ! Ineh

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ENFANTS • Sport

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ÀONl’école du golf APPREND LA CONFIANCE EN SOI Cap Golf, installé au domaine du Four entre Claouey et les Jacquets, a toutes les infrastructures pour mettre en place une école de golf digne de ce nom. Entre le practice, le putting green et le 9 trous compact, il y a de quoi bien s’entraîner. Restait à trouver un bon professeur de golf. C’est fait. Texte & photo Patrice Bouscarrut

A

“LE GOLF C’EST DU SPORT, AUTANT MENTAL QUE PHYSIQUE”

rbo (diminutif de Arbogast, nom venant d’Alsace d’où il tire ses origines), n’a qu’à peine 18 ans, mais avec son handicap de 4, il en impose quand il tape des balles au practice. Surtout quand, d’un coup de fer 5, sa balle passe au-dessus des grands filets du fond alors que les autres rament avec leur driver. Après avoir commencé le golf à 8 ans, effectué des années de sport études à Metz, dispensé un peu d’enseignement à Strasbourg, Arbo s’est installé sur la Presqu’île. Derrière son côté nonchalant et calme (des qualités louables dans ce sport) se cache un vrai tueur des greens. Et dans sa nouvelle école, qui accueille les enfants à partir de 5 ans, ce n’est pas vraiment la garderie. « Le but est de faire découvrir ce sport, explique Arbo. Mais je veux aller loin avec les jeunes, rentrer dans un système de classement, faire des compétitions. Les amener à améliorer leur niveau constamment. Ici on ne vient pas taper dans la baballe. » → Apprendre à se surpasser Arbo s’inspire de la pédagogie de son professeur et mentor à Metz, notamment sur le travail du mental. C’est en effet une partie essentielle de ce sport qui est souvent oubliée dans la pédagogie classique. Avec sa jeunesse, il apporte aussi un enseignement moderne, à l’image du golf de haut niveau d’aujourd’hui. Il reste intarissable sur la mécanique du

swing, l’apprentissage progressif de chaque geste. Bref un bon « psychopathe » de la petite balle blanche. À l’école, le matériel pédagogique ne manque pas pour améliorer son swing. Entre les coussins d’air à glisser sous le pied pour la stabilité, les ceintures pour mieux sentir le bon mouvement, un miroir pour bien putter en ligne… tout y passe. Sans oublier les séances vidéo pour tout décortiquer. On l’aura compris, ici c’est du sérieux. Et en quelques séances, même les plus jeunes voient avec émerveillement les progrès qu’ils font. Et le golf, ça apporte quoi aux enfants ? « On apprend à persévérer, commence Arbo. Le golf c’est dur, si je n’y arrive pas, je vais travailler, je vais prendre du temps pour mieux jouer. » Et c’est aussi rester calme en toutes circonstances. « Je leur apprends des stratégies, assurer suivant les situations. Ma balle est derrière un arbre, c’est compliqué mais je suis confiant. » « Le golf c’est du sport, autant mental que physique, résume Arbo. Pour être performant, il faut travailler beaucoup de muscles, les lombaires, les abdos, avoir beaucoup de souplesse. Côté mental, je leur transmets ce que j’ai reçu, je les pousse à se surpasser, à vouloir devenir meilleur en tout, être confiant en soi et à se muscler ! » PB — Cap Golf, les mercredis et samedis à 14 h Domaine du Four 05 57 70 49 92 ou 07 72 31 79 36

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ENFANTS • Enseignement

L’école internationale du Bassin ne ressemble à aucune autre C’est une école unique en son genre. Installée sous les arbres à Gujan, à deux pas de la Chêneraie, elle se veut à la fois proche de la nature et soucieuse de l’humain, bilingue, alternative, bienveillante et « cocooning ». Reportage à l’école internationale du Bassin qui a vécu cette année sa troisième rentrée et dont le nombre d’élèves ne cesse d’augmenter. Texte & photos Armelle Hervieu

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ENFANTS • Enseignement

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ans la cour de l’école internationale du Bassin, on croise des enfants venus des quatre coins du globe. Un jeune Japonais, un Italien qui, il y a peu, ne parlait ni français ni anglais mais qui désormais parle les deux, deux sœurs nées à New York de parents français et tout un tas d’enfants dont l’un des parents est étranger et l’autre français ou francophone. Tout ce joyeux monde s’amuse sans que les différences de langues ne posent problème à quiconque.

→ De l’espace et des sorties En effet, les élèves semblent heureux de venir à l’école internationale du Bassin. Quand on leur pose la question, Lilian et Ambre, auparavant dans une école publique classique, expliquent que « c’est bien mieux ici ». « On a plein d’espace dans la cour. On fait beaucoup plus de sorties, dans la forêt, à la ferme Saint-Henri… Et puis, on apprend mieux. On a plein d’objets pour s’aider ! » Les objets auxquels les enfants font référence sont, entre autres, du matériel Montessori mis à leur disposition ainsi que les outils de la méthode Singapour, pour les maths. Assises un peu plus loin,

Tantôt en français, tantôt en anglais, chacun trouve sa façon de s’exprimer. Et l’ambiance est à la bonne humeur. « Les enfants sont heureux ici », confient plusieurs professeurs.

© DR

“ON VEUT ÊTRE UN TREMPLIN POUR NOS ÉLÈVES”

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sous les pins, les deux sœurs nées à New York ajoutent : « Ce qui est bien ici, c’est que l’on peut continuer à parler anglais et que l’on fait beaucoup d’activités. » → Un quotidien anglophone La méthode de l’imprégnation a été choisie par la fondatrice et codirectrice de l’école, Fanny Bragard. « Elle consiste à immerger les enfants dans un quotidien anglophone. Ici, on fait tout en anglais. On les accueille en anglais, on parle avec eux en anglais, on donne les cours en anglais… Et ça fonctionne à fond ! Tous nos élèves ont été reçus l’an dernier au Cambridge Test qui est l’examen de référence internationale pour juger du niveau d’anglais. » Sarah, professeure d’anglais pour les plus grands, confirme : « Je parle en anglais la majorité du temps et, même s’ils ne parlaient pas anglais au départ, très vite, les élèves comprennent. Les capacités des enfants sont énormes. Ils peuvent tout apprendre. » Imprégnation, Montessori, Singapour, enseignement différencié… Fanny Bragard affirme prendre le meilleur de tout ce qui se fait à l’international pour le ramener dans son école. Elle-même est issue d’une famille d’enseignants. « Je suis la troisième génération.


La transmission, c’est quelque chose que je porte en moi. Mais je ne pouvais pas m’inscrire dans le système classique. Cette école internationale, j’y pense depuis longtemps. Je suis mariée à un Canadien. J’ai fait mes études en Allemagne où j’ai ensuite enseigné. C’est pour cela que j’ai décidé que l’on serait hors contrat, pour avoir la liberté de piocher dans les meilleurs outils et techniques d’enseignement. » Mais, la directrice rassure ceux qu’une scolarité hors contrat pourrait effrayer : « On a tissé un partenariat avec le rectorat. On amène les enfants au moins aux attendus de leur niveau d’âge et même au-delà en anglais, en sciences et en éducation civique et morale. » Et, Fanny Bragard ajoute : « On suit le socle de compétences communes de l’Éducation nationale. On veut que les enfants puissent switcher et quitter notre école pour une école publique ou une école privée sous contrat sans difficulté. On veut être un tremplin pour eux dans tous les cas, même s’ils partent ou repartent à l’étranger. »

→ Des repas en commun Tout le temps, à l’école internationale, on parle aussi de bienveillance et de communication non violente. Pas question ici de crier sur les enfants ou de les dénigrer. Ces derniers sont respectés comme des adultes en devenir. « Avec toute l’équipe, on fait un gros travail sur nos émotions. On échange sur nos pratiques. On s’entraide. » Comme les enseignements se font pour moitié en français et pour moitié en anglais, l’école compte quatre professeurs, deux anglophones et deux francophones, ainsi que les assistantes pour les toutpetits. Ces dernières favorisent au maximum l’autonomie des enfants. Ainsi, Véronique, qui explique : « On leur apprend à manger seul, à débarrasser tout seul, à gérer leurs pipis… Tout cela avec beaucoup d’attention parce qu’il n’y a pas plus de 20 élèves par classe ici et que l’on peut prendre plus de temps pour chacun. » À midi, quand il fait beau, tout le monde se retrouve dans le parc arboré pour pique-niquer sur des tables en extérieur. Les enfants amènent

“LES ASSISTANTES FAVORISENT L’AUTONOMIE DES TOUT-PETITS”

leur lunch-box préparée par leurs parents, car ici il n’y a pas de cantine. Enfants, enseignants, assistantes et directrice, tout le monde mange ensemble. « On est un peu comme une grande famille », assure Véronique.

VIVRE LE BASSIN


ENFANTS • Fêtes personnalisées

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eglam L DE LA DÉCO FESTIVE POUR LES ENFANTS Vous souhaitez connaître les indispensables pour un anniversaire mémorable ? Il vous faut : des super copains, un bon gâteau, quelques confiseries, des animations et… l’atelier Leglam pour une chouette déco personnalisée ! Texte & photos Ineh

L’

“NOUS FAISONS DU SUR-MESURE ET SOMMES À L’ÉCOUTE DE NOS CLIENTS”

atelier Leglam, c’est l’agence événementielle créée par Aimel et Gaëlle, deux mamans boïennes qui souhaitent égayer les goûters d’anniversaire des enfants du bassin d’Arcachon et des environs. Leur idée : personnaliser la déco pour offrir un anniversaire unique aux enfants. Des gobelets aux assiettes, des verres aux pochettes à bonbons en passant par les boites à pop-corn ou la guirlande à fanions, elles réalisent un graphisme sur le thème de votre choix. « Nous faisons

du sur-mesure et sommes à l’écoute de nos clients afin de leur proposer une décoration fidèle à leurs attentes », indique Gaëlle. Passionnées par le monde de l’enfance et les loisirs créatifs, les deux fondatrices de la MAM, « Mes années malicieuses », aujourd’hui fermée, sont désormais au taquet pour se positionner dans le domaine de l’événementiel à destination des drôles. « Nous souhaitons avant tout répondre au besoin des familles en matière de décoration festive personnalisée, indique

de la décoration globale de l’événement », souligne Gaëlle.

L’indispensable pour une fête réussie : la location d’une machine à barbe à papa !

Aimel. Nous aimons l’innovation, les défis et nous avons envie d’être novatrices. Nous intervenons lors des anniversaires mais pouvons aussi proposer nos services dans le cadre d’un mariage avec la réalisation d’un joli espace enfant, par exemple », poursuitelle. À l’écoute et très réactives, Gaëlle et Aimel réalisent des scénographies à la demande. « Elles permettent de se projeter, d’avoir en tête la mise en scène

VIVRE LE BASSIN

→ Les bonbons en scène Vous pourrez ainsi apprécier en avantpremière la décoration de votre future baby shower ou gender reveal. Vous rêvez d’une arche de ballons en XXL et d’une sweet table dignes des plus belles publications Instagram pour le baptême de votre enfant ? Les deux amies manient parfaitement l’art de décorer et de mettre en scène les gourmandises. Une compétence qui participera à la magie de votre événement tout comme la boîte de chocolats personnalisée à offrir à vos convives. Pour terminer, notez que l’essentiel des articles proposés par l’Atelier Leglam sont fabriqués en Europe. « Nous restons dans la zone euro pour des raisons éthiques. Nous réalisons des événements pour les enfants, ce n’est pas pour faire travailler d’autres enfants », conclut Aimel. — Retrouvez Aimel et Gaëlle sur Instagram @atelier.leglam atelier.leglam@gmail.com


LE BILLET de PASCAL BATAILLE

Y a que la vérité qui compte !

V

→ Sans artifice aucun S’il n’y a que la vérité qui compte, alors c’est bien pendant cette période hivernale que nous devons savoir regarder, apprécier et aimer au mieux notre paradis, car c’est à cette saison qu’il est le plus vrai, le plus dépouillé de tout artifice et qu’il se montre

valeur, et c’est ce qui rend encore plus intéressant d’y vivre car ceux qu’on y côtoie ont, pour la plupart, la même façon de regarder et d’habiter ce territoire hors du commun, sans tricher, sans « se la raconter ». Ils l’ont dans la peau et y sont souvent plus heureux en hiver qu’au cœur de la saison estivale.

© Patrice Bouscarrut

oici déjà quinze ans, je présentais sur TF1 une émission arborant cette maxime impérative en guise de titre. Je repensais récemment à cette devise en me promenant à vélo dans une forêt de la Presqu’île, en ce mois de novembre où notre bassin d’Arcachon se débarrasse de ses fards et de ses atours. Disparus les « people » et autres personnalités qui, de plus en plus, viennent s’afficher dans le dernier endroit à la mode, finies les soirées interminables aux chaleurs sensuelles, affadis les couchers de soleil flamboyants de juillet qui teintent de rose la dune du Pilat et les eaux du banc d’Arguin, fermées les terrasses de restaurant clinquantes et les boutiques à touristes chamarrées, rangées au garage les Aston Martin et autres Ferrari pétaradantes, évanouis les norias de corps-morts blancs et tous les bateaux qui, souvent, ne les quittent pas de l’été.

dans son authenticité la plus incontestable. J’ai toujours adoré le Bassin en hiver, ses lumières toujours variées et surprenantes, ses senteurs plus denses et plus animales, les brouillards humides qui plongent les paysages dans des flous artistiques, les matins pluvieux et les soirées silencieuses, et surtout, les gens qui y demeurent, les vrais, ceux qui vivent le Bassin toute l’année, qu’ils y travaillent

ou se contentent d’en jouir et qui en connaissent les secrets d’initiés, l’intimité si attractive , les trésors cachés, mais aussi la rigueur quasi monacale, l’absence totale de coquetterie et de marketing, l’exigence d’être pris tel qu’il est et non comme on le rêve dans les pages des magazines racoleurs et dans les vidéos publicitaires. Le Bassin en hiver, il faut certaines qualités pour l’apprécier à sa juste

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→ Beauté brute Ce n’est pas pour rien qu’à cette période, l’immense majorité des villas arbore des volets clos et que de nombreux propriétaires censés demeurer ici à l’année s’enfuient en réalité de novembre à mars, redoutant les gelées matinales et les tempêtes nocturnes, les rues désertées et les rideaux fermés des magasins, l’austérité apparente des lieux et des journées. Ils ont tort. Car, comme on désire souvent plus fort encore la femme qu’on aime quand elle s’éveille, décoiffée, sans maquillage, telle qu’en ellemême la nature l’a faite, je crois qu’on ne peut être vraiment amoureux de notre Bassin que si on a succombé à son incomparable charme hivernal et qu’on a su découvrir, derrière l’apparente mise en sommeil de sa séduction, son intangible beauté, brute, prenante, imprégnante et tellement unique. Et, de tous les visages du Bassin, pour moi, c’est cette vérité-là qui compte !



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