Vivre le Bassin 3

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Histoire

Nº3

VIVRE LE BASSIN

QUAND BRETONS ET SARDINES DÉBARQUÈRENT !

Gujan--Mestras Gujan

DANS LES COULISSES DU CHÂTEAU MADER

HORS-SÉRIE DU MAGAZINE VIVRE BORDEAUX

Le magazine des gens du Bassin !

Rencontre

Portrait

Jérôme, sculpteur à la tronçonneuse CAZAUX

Romain, pêcheur “d’enragés” GUJAN-MESTRAS

Géraldine LANTON

Portfolio • LES •

SAFARIS DE CARLY AUDENGE

UN HORS-SÉRIE N°22 - AUTOMNE 2021

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édito • Vivre le Bassin 3

Le luxe ici c’est de vivre à l’année

© Patrice Bouscarrut

J’ai l’habitude de dire : « Le luxe ici, c’est de vivre à l’année. » À quoi bon investir dans une villa les pieds dans l’eau hors de prix pour n’en profiter que deux semaines dans l’année ? Bon ok, deux semaines, c’est déjà pas mal au paradis. Cependant, habitant de la presqu’île du Cap-Ferret, je me réjouis de voir de plus en plus de gens s’installer de façon plus pérenne, prendre conscience que grâce au télétravail, à l’arrivée de la fibre, de la 5G, Paris à 2 heures de Bordeaux… on peut bosser ici (presque) toute la semaine. Bref, profiter davantage du Bassin. On est de moins en moins entourés de villas fermées l’hiver, et la vie s’organise autrement. Évidemment, la saison estivale reste un moment privilégié. L’arrivée des estivants, cette frénésie si particulière où chacun veut sa part de Bassin. Mais l’été est passé, le rideau est tombé. Place à cette lumière chaude de l’automne qui annonce un retour aux sources plus contemplatif. Certainement ma saison préférée. Elle arrive avec ce numéro 3 de Vivre le Bassin. Après celui de cet été orienté vers le tourisme, ce numéro s’adresse plus à nous, ceux qui restent, ceux qui façonnent, ceux qui inventent le Bassin chaque jour. On y découvrira notamment le portrait du marin Yves Parlier, les aventures de Géraldine, la dernière bergère du Bassin, la poésie des herbettes de François Maurisse, ou encore les coulisses du château Mader à Gujan. Quand il m’a été demandé de collaborer à ce titre en janvier dernier, le challenge d’un trimestriel m’a tout de suite séduit. Parler des gens d’ici par une équipe d’ici. En valorisant l’actualité, les initiatives, la créativité, dans un esprit « feel good » rafraîchissant. C’est un vrai plaisir de partager tout ça avec vous.

Retrouvez l’actualité au quotidien sur : Facebook: facebook.com/vivrelebassin Instagram: instagram.com/vivrelebassin

Patrice Bouscarrut

Hors-Série N° 3 du magazine Vivre Bordeaux

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Directeur de la publication Rédacteur en Chef Yann Crabé (infos@vivrelebassin.fr)

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VIVRE LE BASSIN 501, avenue Gustave Eiffel 33260 LA TESTE-DE-BUCH

Administration et finance : Marjorie Batikian (marjorie@vivrelebassin.fr)

Direction artistique & Design graphique Grand National Studio (hello@grandnationalstudio.com) RÉDACTION : Journalistes & photographes Philippe Guillaume, Patrice Bouscarrut, Patrice Hauser, Armelle Hervieu, Karyn Juge Secrétaire de rédaction Isabelle Calmets

ABONNEMENTS : VIVRE LE BASSIN www.editionsvivre.fr Tél. : 01 58 88 37 00 (du mardi au jeudi 10 h-12 h / 14 h-17 h) VIVRE LE BASSIN est édité par CAPITALE PUBLISHING SARL de presse au capital de 5 000 € Siège social : 55, boulevard Péreire 75017 PARIS RCS Nanterre 517 815 908 Gérant : Yann Crabé

Vivre le bassin

PUBLICITÉ & PARTENARIATS : Karyn Juge : 06 74 35 94 41 karyn@vivrelebassin.fr DISTRIBUTION FRANCE : MLP Numéro commission paritaire : 1121 K 92550 ISSN : 2416-9609 Imprimerie : ROTIMPRES Girona, Espagne

La reproduction, même partielle, des textes, photos et illustrations est interdite sans l’autorisation de CAPITALE PUBLISHING. Le contenu des textes n’engage que la responsabilité de leurs auteurs respectifs. Photo de couverture : Armelle Hervieu


© Armelle Hervieu

SOMMAIRE • Vivre le Bassin 3

© DR

© Armelle Hervieu

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10 CULTURE 12 Les polars de Guy Rechenmann 16 Marine Thibault, femme caméléon 20 Les incroyables fleurs de François Maurisse 22 Jérôme Sabourin, le sculpteur de Cazaux

© DR

26

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FOOD

30 Géraldine Lucas Wilhelm, la dernière bergère du Bassin

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34 Saravane, importateur d’épices et de rêves 36 Romain Zambotti, pêcheur de crabes

40 MER 46 Les pare-battages révolutionnaires de Fabrice Duffour

54 la MéMOIRE DU BASSIN Le Bassin du temps où Arcachon, La Teste et Gujan formaient le premier port de France de la pêche à la sardine !

60 PORTFOLIO

48 Yves Parlier, le marin qui rêve de canopée

Les safaris audengeois de Carly

52 PinBall, un catamaran qui révolutionne la plaisance

70 MODE & DÉCO

73 Les bougies phares du Bassin



© Armelle Hervieu

SOMMAIRE • Vivre le Bassin 3

© Armelle Hervieu

© François Dhoury

74

110

80

74 Dans les coulisses du Château Mader

80 GREEN Les paniers de Pomone, tout le bio à la maison 82 Le Chien du Bassin soulage les animaux avec des produits naturels

© Patrice Bouscarrut

84 Svaba récupère l’herbe marine échoué

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88 Mathieu Sannier, le naturaliste de la LPO

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94 SPORT & BIEN-ÊTRE Les chars repartent à l’assaut la Salie 96 Entreprise de haut vol 98 Le Club bien-être renait de ses cendres 100 Benoit Laville voit avec ses mains 102 Ecume d’Arcachon rêve d’une crême solaire sans filtre

104 ENFANTS 106 Déchets sur les plages, HippoEco nous montre l’exemple 108 Cyril Jouhannet invente j’Emme, l’amusant stratagème 110 La ferme Saint-Henri, un régal pour les enfants


Salaire intéressant

Planning adapté

Présence de nuit

Même client

Réseau national




CULTURE 1re partie

Nadia croque avec humour les petites manies sur le Bassin Nadia Léonard dessine depuis son enfance. Après des livres jeunesse, elle vient de se lancer dans une série sur le thème du Bassin. Déjà huit illustrations tordantes sont sorties de son imagination féconde. Sans méchanceté, elle porte un regard amusé sur les petites manies des habitants, des touristes ou encore la pression immobilière… Son style inspiré de son grand mentor, le dessinateur Voutch, associe un dessin à la gouache à une phrase percutante. Du style : « J’avais vraiment besoin de quitter la cohue de la vie parisienne », dit par un touriste dans la foule menant à la plage du Truc vert. Ou encore : « Ça me donne envie de tout quitter pour devenir ostréiculteur », lâché par un jet-setteur, en train de siroter un verre de rosé avec deux filles sur un bateau. Les reproductions numérotées de Nadia Léonard se vendent déjà comme des petits pains. PB www.nadialeonard.fr

© Patrice Bouscarrut

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VIVRE LE BASSIN


© Patrice Bouscarrut

CULTURE • Portrait

Les polars de Guy Rechenmann au cœur de la Presqu’île

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e roi du polar du Bassin poursuit sa saga captivante, toujours avec son enquêteur Anselme Viloc. Parmi les auteurs qui vivent sur le Bassin, Guy Rechenmann, installé au Canon, a créé une véritable saga policière. Ce touche-à-tout, spécialiste de golf, s’est lancé dans l’écriture en 2009. Son héros, Anselme Viloc, utilise plus ses petites cellules grises, comme Hercule Poirot, que son téléphone portable… car ici, le polar détricote l’intrigue à l’ancienne, avec un petit soupçon de fantastique, de vies antérieures, à la Fred Vargas.

« J’ai toujours eu la nostalgie de cette époque où, dans les enquêtes, il fallait réfléchir », résume Guy Rechenmann. « Je pars du coin, du Bassin et on voyage dans le monde. » Car oui, l’intrigue se joue souvent ici. Dans son premier opus, Anselme, le « Flic de papier », quitte Chambéry pour enquêter sur une disparition, juste dans le quartier de l’auteur. On y retrouve des lieux incontournables de la Presqu’île. Anselme se retrouve toujours à la table n° 10 de l’Escale au Cap-Ferret. Son patron, David Lafforgue, fait partie des meubles, des personnages

récurrents. Il y a aussi le gars du Bouchon, Éva, la fille de Moules & Beef… ou encore ce commissaire Plaziat d’Arès, ancien patron des RG à Bordeaux. « Pour mes polars, j’ai pris des gens anonymes, dont on ne parle pas souvent, pas des stars », explique l’auteur. Du côté des coins, on retrouve souvent la villa « Sam Suffit » au Canon, le Chai Bertrand, le bar l’Arkeseon… « Des lecteurs me demandent de leur faire une petite visite guidée des endroits importants de mes livres », raconte Guy Rechenmann. « Dans quelques jours, d’ailleurs, je vais en organiser

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une. » Et il est vrai que le « Flic de papier » a une communauté de fans. Une des recettes de l’auteur : il aime à manipuler les connexions entre les époques, « elles me font créer de l’imaginaire ». La saga déjà parue : Flic de papier, Fausse Note, À la place de l’autre, Même le scorpion pleure et Une étoile en enfer, aux éditions Cairn. L’Extravagante Histoire de Lucia Fancini va sortir en 2022, avec une préface du célèbre romancier Didier Daeninckx. Le suivant devrait avoir pour titre Pas sorcier et partira dans les mystérieuses contrées de l’Afrique ésotérique.


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CULTURE • Festival

Ciné sans frontières pose son regard sur l’Afrique !

© DR

COUPS DE CŒUR DE L’AUTOMNE

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u 1er au 3 octobre, l’association Ciné sans frontières va proposer pour la première fois un minifestival consacré uniquement au cinéma africain. Rendez-vous dans les salles obscures de La Teste et d’Arcachon pour des voyages immobiles. L’année 2021 fut compliquée pour l’association de passionnés de cinéma du Sud Bassin, Ciné sans frontières. Ces bénévoles amoureux du 7e art

n’ont pu proposer leur traditionnel festival de cinéma international dans son intégralité. « En raison de la Covid, nous avons été contraints de scinder l’événement en deux parties : la première s’est tenue en juin dans des conditions difficiles (jauge limitée et couvre-feu), mais nous étions déjà trop heureux de pouvoir l’organiser ! » Il y avait cependant comme un goût d’inachevé pour les organisateurs. D’autant que l’équipe du festival ambitionnait cette année de dédier son « regard géographique » au continent africain et à son cinéma aux couleurs multiples. L’association a donc reporté ce second pan du festival en octobre. Pour le bonheur de tous les cinéphiles du Bassin, « Regards vers l’Afrique » permettra de découvrir des films issus de différents pays de cet immense continent. « Notre souhait est, grâce à ces projections, de gommer les clichés et de modifier le regard des spectateurs sur l’Afrique », explique Martine Lavaud, enthousiaste présidente de Ciné sans frontières.

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→ Sept films ont ainsi été sélectionnés • Lamb, film éthiopien de Yared Zeleke • Le Père de Nafi de Mamadou Dia • Adam de Maryam Touzani • Tu mourras à 20 ans d’Amjad Abu Alala • Atlantique de Mati Diop • A Girl from Mogadishu de Mary McGuckian • Liyana, film du Swaziland d’Aaron Kopp et Amanda Kopp En outre, les films d’animation Adama et Zarafa seront proposés au jeune public. À l’occasion de cet événement, l’équipe du festival invitera Dragoss Ouedraogo de l’université de Bordeaux-Montaigne, qui animera une conférence intitulée « Regards pluriels sur le cinéma africain ». Seront également invités à intervenir Mary McGuckian, réalisatrice du film A Girl from Mogadishu, les musiciens du groupe Migr’Art, le peintre Ako Wilson et la conteuse Bintou Sombié. AH

Toute l’année, Ciné sans frontières propose au public de découvrir ses coups de cœur. Voici ceux de l’automne : • le 21 septembre à 20 h 15 au cinéma Grand Écran d’Arcachon : présentation en avant-première du film documentaire Bigger than us de Flore Vasseur. Ce film fait partie de la section éphémère « Le cinéma pour le climat » du Festival de Cannes 2021. • le 4 novembre au cinéma Grand Écran d’Arcachon à 20 h 15 et le 7 novembre au Grand Écran de La Teste : film historique allemand La Leçon d’allemand de Christian Schwochow tiré du best-seller mondial de Siegfried Lenz. • le 9 décembre au cinéma Grand Écran d’Arcachon à 20 h 15 et le 15 décembre à La Teste : en partenariat avec le festival du film russe de Bordeaux, Spacewalker de Dmitry Kiselev. Des images impressionnantes sur une aventure qui a marqué l’histoire de la conquête de l’espace.


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CULTURE • Success story

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FEMME CAMÉLÉON

Marine Thibault est partout et particulièrement là où on ne l’attend pas. Elle est tout à la fois musicienne classique, premier prix de flûte traversière et DJ endiablée derrière ses platines. Femme libre et envoûtante, mère protectrice et féministe. Douce et combattante. Forte, à fleur de peau… Texte & photos Armelle Hervieu

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arine Thibault le revendique. Elle est DJ et mère au foyer. Et elle insiste sur le « ET » car, selon elle, ce n’est absolument pas incompatible. « On se fait tout un monde du métier de DJ. Les mecs ont tendance à aimer qu’on les sacralise derrière leurs machines. Mais, pour moi, c’est tellement plus facile d’être derrière ses machines que de passer des enfants à la cuisine ! » Marine Thibault, alias Lia Moon, de son nom de scène, est féministe jusqu’au bout des ongles, qu’elle a très jolis d’ailleurs. Elle le prouve : oui, on peut être une femme manucurée ET faire bouillir la marmite ! On peut jouer devant des milliers de personnes avec Wax Taylor dans une tenue sexy tout en ayant une montée de lait parce qu’on allaite son bébé. Mais, qu’on ne se méprenne pas, cette assurance, cette confiance, Marine ne les a pas toujours eues. Passionnée de musiques électroniques depuis le plus jeune âge, baignant dans cet univers hyper masculin, voire macho, elle a longtemps pensé qu’elle n’avait pas sa place aux platines. On lui a d’ailleurs régulièrement

“LES FEMMES QUI GÈRENT TOUT SONT DES DÉESSES” réaliser son rêve : s’imposer comme DJ. Aujourd’hui, elle s’assume comme elle est, avec ses contrastes qui sont autant de richesses. Artiste engagée, après ces temps de confinement, où Marine a vu tant d’amies s’épuiser à jongler entre vies pro et perso, assurant de tous côtés que, plus que jamais, elle veut célébrer les femmes et rappeler que « l’égalité, on en est loin ».

fait comprendre. « On me prenait pour la groupie ou la copine du DJ… » Étonnamment, c’est en devenant maman que Marine est parvenue à s’affirmer et à

VIVRE LE BASSIN

→ Un album dédié à toutes déesses « Mon prochain album , qui sort cet automne, s’appelle House Wife. C’est un hommage aux nombreuses femmes qui gèrent tout : boulot, foyer, enfants… Ce sont des déesses. J’ai envie de leur dire : vous êtes belles, vous êtes fortes, je vous admire ! » clame Marine qui mène, ellemême, de front l’éducation de ses deux petits garçons et sa vie de musicienne


CULTURE • Success story

“A DREAM IN RED MANSIONS EST LE FRUIT D’UN VOYAGE EN CHINE QUI L’A FASCINÉE” professionnelle. Comme sa propre mère, musicienne aussi et qui a élevé seule ses trois filles. Marine est la dernière. Ses deux aînées sont peintres. Elle est la seule à avoir choisi la musique même si elle a longtemps lutté contre. « J’en voulais beaucoup à l’univers musical. Avant d’arriver sur le Bassin à 10 ans, j’ai grandi dans la violence et la drogue, au château d’Hérouville, parmi les stars de la pop à l’ego démesuré.. » Elle a fait la paix désormais avec ce monde de musiciens. Surtout depuis sa rencontre avec Gasandji, artiste d’origine congolaise, qui l’a embarquée

sur ses tournées européennes. « C’est vraiment une belle personne. » → Heureuse sur les scènes du Bassin Marine adore les métissages à tous les étages de sa vie. Fascinée par la culture asiatique, elle est mariée à un Coréen. De ses premières années de vie parisienne, elle garde de fantastiques souvenirs de son école où se côtoyaient tous les milieux sociaux et toutes les nationalités. Ce fut un peu rude d’ailleurs en arrivant sur le Bassin… Mais elle a eu tôt fait de remettre du métissage dans son quotidien en mêlant musique classique, flûte traversière pratiquée à très haut niveau, et house music, électro. Son premier album, Organic, sorti en 2005, a fait craquer l’auteur, compositeur et producteur de trip-hop, Wax Tailor. Une tournée internationale

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et des scènes de plusieurs milliers de personnes partagées avec le barbu plus tard, Marine sort, en 2013, Nomade, son deuxième album nommé Talents RFI. Son troisième opus, A dream in red mansions (Le rêve dans le pavillon rouge) est le fruit d’un voyage en Chine qui l’a fascinée. Son quatrième album, sorti en janvier 2020, Marine l’a composé sous le nom de Cat’s Eyes avec la chanteuse de Wax Tailor, son amie Charlotte Savary. Baptisé Seyes, leur duo s’adonne à la musique expérimentale. Le résultat est envoûtant ! Cet été, Marine, alias Lia Moon, a arpenté les rues et les petites scènes du Bassin qu’elle aime tout autant que les grosses. Cet automne et cet hiver, vous pourrez la voir à Paris et à Bordeaux. Prenez de ses nouvelles sur Facebook ou Instagram (Liamoonoff).


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CULTURE • Art floral

“QUAND JE RECHERCHE LES FLEURS, C’EST COMME UNE TRANSE, JE LEUR PARLE”

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Francois Maurisse

DONNE VIE À SES FLEURS Un peu chamane, à l’écoute de la nature, François Maurisse livre un art floral tout en poésie.

F

rançois Maurisse est un sacré personnage. Installé à Lège, il a passé plus de dix ans en Afrique, en Côte d’Ivoire. En alternant les activités : guide de pêche, chercheur d’or, chasseur de papillons géants… Il est resté aussi un an et demi à vivre dans la forêt primaire. « Il a fallu que j’utilise les techniques de survie pour ne faire qu’un avec la nature », se souvient François. Les autochtones étaient surpris de voir arriver ce « Blanc » dans un endroit si hostile. « Soit tu cherches à mourir, soit tu es venu ici trouver quelque chose », lui disent-ils. Ils n’avaient pas tort. « On m’a initié dans la forêt sacrée, j’ai été en relation avec les chamanes. Cela m’a donné un contact intime avec la nature. Une impression nouvelle. Comme un poste radio où l’on se met sur la fréquence directe de la nature », résume-t-il. De retour en France en 2000, François Maurisse est un nouvel homme et devient un explorateur du monde floral. Il invente même un mot pour sa nouvelle activité : exflorateur. C’est cette histoire qui est concentrée dans ses créations : les herbettes. Il donne vie à des silhouettes de femmes avec les fleurs et plantes qu’il trouve dans la nature. Chacune a un nom. « Les herbettes nous apportent un message, toujours différent mais universel, elles sont d’actualité dans ce monde où l’on cherche des émotions au fond de nous », explique l’artiste. Ces femmes florales à l’élégance délicate, aussitôt créées, sont immortalisées par François avec son appareil photo. Il leur redonne vie sur de grands tirages qu’il expose dans des lieux prestigieux.

© François Maurisse

Texte & photos Patrice Bouscarrut (sauf mention)

→ Bientôt un défilé… Ce jour-là, on retrouve l’artiste dans les prés salés pour la création d’une nouvelle herbette. Aussitôt arrivé, il disparaît dans la nature. « Quand je recherche les fleurs, c’est comme une transe, je leur parle, m’excuse quand je les coupe, j’aime être seul dans ces moments. C’est intense », reconnaît François. Puis il choisit un lieu pour s’installer. Sort de son sac à dos, une chaise, une table… En peu de temps, il monte un véritable atelier, au bord du canal. Son matériel ressemble beaucoup à celui d’un pêcheur à la mouche, du fil, des pinces, un socle pour y installer l’herbette. Des gestes que lui a enseignés son père, quand, dans les Pyrénées, il lui a appris à monter des mouches de pêche. Et peu à peu la

VIVRE LE BASSIN

magie apparaît. Une créature se dévoile. Une jupe rouge, un chapeau en fleur de fruit de la passion, et une tête qui vous regarde, comme si elle avait pris vie. Magique. Jamais à court d’idées, François Maurisse est en train de préparer un spectacle. « Ce sera comme un défilé de haute couture, explique-t-il, une présentation de chaque herbette, un petit texte distillé par une voix, des sons qui nous plongent dans une ambiance. Ensuite, on l’installe sur un chevalet et on allume une petite lumière, un symbole, pour éveiller les consciences, retrouver l’essence de l’homme et de la nature. » Les herbettes n’ont pas fini de nous étonner. — www.herbettes.fr


CULTURE • Rencontre insolite

Jérome

Sabourin

SCULPTEUR SUR BOIS J

Jérome Sabourin est cuisinier de métier mais aussi et surtout artiste dans l’âme. Sculpteur par passion, il est l’auteur du totem polynésien installé sur les rivages du lac de Cazaux où l’artiste vit depuis 23 ans. Son univers est peuplé de personnages fantastiques, invitant au voyage. Texte & photos Armelle Hervieu

érome Sabourin vit dans les bois, à l’orée du bourg de Cazaux, sous les pins. Lui qui a de l’or dans les mains est arrivé pour bosser comme cuisinier au Plan d’eau, l’école de ski nautique de Cazaux. Pendant des années, il a préparé des petits plats pour les pratiquants de glisse tout en leur sculptant, de temps en temps, des grenouilles en bois. L’animal a fini par devenir le totem du lieu. Tout le monde en voulait un ! C’est un autre totem qui a propulsé

J­ érome Sabourin, artiste modeste et discret, sur le devant de la scène cazaline. « J’ai un copain qui travaille à la mairie et qui sait que je sculpte le bois depuis des

plein confinement, en mars 2020, Jérome Sabourin s’est retrouvé, tronçonneuse à la main, autorisé à sculpter tous les jours au grand air quand tout le monde restait

“C’EST PAR LES PIONS D’UN JEU D’ÉCHECS QU’IL DÉBUTE” années. Quand il s’est agi de couper le grand pin situé près de la halte nautique qui était malade, cet ami a proposé mon nom au service culture… » Et voilà comment, en

enfermé. Un souvenir exceptionnel pour le bonhomme qui a marqué les esprits dans le village testerin, mais pas seulement… → De nouveaux totems en réalisation Quelques semaines plus tard, le sculpteur recevait un coup de fil de la mairie de Parentis qui lui demandait de réitérer son œuvre de transformation à l’entrée des arènes de la ville où trônaient auparavant deux platanes devenus malades. Jérôme propose à la commune landaise de réaliser deux personnages en accord avec l’esprit du lieu : un écarteur et une danseuse de flamenco. Les œuvres, actuellement en cours de travail chez l’artiste, rejoindront bientôt leur destination. Si le Savoyard, descendu de sa montagne il y a plus de vingt ans pour vivre au bord de l’eau « une saison », sait sculpter le très grand, il préfère cependant les petites pièces, tout en détails. C’est par les pions d’un jeu d’échecs qu’il a d’ailleurs débuté son œuvre. « J’avais 20 ans. J’avais passé

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VIVRE LE BASSIN


CULTURE • Rencontre insolite

“LE BOIS QUE JÉROME PRÉFÈRE, C’EST L’AULNE. « LE SEUL QUI NE FEND PAS »”

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est ­achevé ! Un chef-d’œuvre qu’il conserve encore jalousement au fond d’un placard et qu’il ressort de temps à autre un brin ému.

mon enfance à voir mon père travailler le bois dans le garage de la maison et à devoir l’aider pour fabriquer ses meubles, sans aucun plaisir. Mais, lorsque mon grand frère m’a offert un livre peuplé de petits personnages en bois… » Jérome se met alors en tête de tous les réaliser. Sous ses mains, pourtant débutantes mais en fait déjà expertes, naissent elfes, trolls, lutins… « J’adore les êtres fantastiques ! » Trois ans et demi de travail plus tard, son jeu d’échecs

→ Le bouche-à-oreille pour seule communication Depuis, tout en menant en parallèle une carrière de cuisinier dans l’armée, puis dans le civil, Jérome a continué de s’aguerrir, de progresser en sculpture, sans jamais se lasser. « J’adore créer. Sculpter est comme une drogue pour moi. Je pars d’une idée et il faut ensuite que je trouve le bout de bois qui va. » Heureusement, ici, de bois, l’artiste n’en manque pas. Un copain élagueur lui a récemment donné du cèdre bleu, si agréable à travailler pour sa merveilleuse odeur et ses dégradés de couleurs. Le zoo de La Teste lui donne aussi régulièrement de beaux morceaux de pin au sein desquels il pioche à volonté. Mais le bois que Jérome préfère, c’est l’aulne. « Le seul qui ne fend pas » et qui lui permet donc de réaliser des sculptures très détaillées. Comme ce Ganesh dont, une fois n’est pas coutume, il est assez fier. Relativement

inconscient de son talent et très mauvais commercial, Jérome ne se vend pas. Il ne fait aucune publicité, attend qu’on vienne le chercher et, surtout, ne réalise que ce qu’il veut. « Je fais ce dont j’ai envie et je ne travaille que grâce au bouche-à-oreille. » En véritable artiste, il ne se laisse guider que par son imagination. Égypte, Inde, Amérique latine, Asie… chacune de ses sculptures est un prétexte, une invitation au voyage, à l’évasion.

“JE PARS D’UNE IDÉE ET IL FAUT ENSUITE QUE JE TROUVE LE BOUT DE BOIS QUI VA”

VIVRE LE BASSIN


FOOD 2e partie

L’Aillet séduit par son bon goût

C’est un nouveau restaurant qui a ouvert ses portes entre deux confinements au cœur de La Teste, place Gambetta. Aux commandes, deux jeunes garçons qui se sont connus il y a douze ans à Megève. L’un, Rémi Chéreau, est cuisinier. L’autre, Mathieu Malgogne, est barman et serveur. Tous deux partageaient la même envie de créer un établissement qui leur ressemble, un resto où ils auraient envie de passer leur journée. Le fruit de cette ambition commune est un bistrot où l’on mange bien dans une ambiance chaleureuse. Il s’appelle l’Aillet et affiche complet depuis son ouverture en juillet 2020. Il y fait si bon manger que le Michelin lui a déjà attribué un Bib Gourmand, saluant une table où il fait très bon manger à bon prix. Ici, pas de chichi. La carte est simple, toujours renouvelée en fonction des envies du cuisinier, des saisons et des meilleurs produits. Dans l’assiette, des mets frais préparés à l’instinct et à l’instant. En salle, de l’humour, de la chaleur et une jolie envie d’être ensemble, tout simplement. AH

© Armelle Hervieu

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VIVRE LE BASSIN


© DR

Les jardins de Vymm C’est chouette un homme qui réalise son rêve et c’est encore plus chouette quand sa femme réalise le sien, en même temps. C’est ce qui s’est produit en 2021 pour Yohann et Vanessa. Lui, petits-fils de paysan des Deux-Sèvres, formé à l’agriculture puis responsable de grosses exploitations agricoles pendant des années, espérait depuis toujours avoir sa propre ferme. Elle, commerciale dans le domaine du transport de fruits et légumes, souhaitait gérer un jour sa société. En rachetant l’Épi des sables pour le convertir en Jardins de Vymm, tous deux ont mené à bien leurs projets. « On travaille sans arrêt de 7 h à 20 h 30 mais on fait les choses comme on le souhaite ! », relève

Vanessa qui se charge de la partie commerciale tandis que son homme s’occupe de ce qui se passe dans les serres. → Pas question de tuer la vie Après plusieurs années de pratique agricole dans différentes exploitations de grande

© DR

Yohann en rêvait depuis l’enfance : avoir sa propre exploitation agricole. Ce petit-fils d’agriculteur a repris, en février dernier, la ferme de l’Épi des sables à Lanton. Il l’exploite désormais avec son épouse qui se charge de la vente en direct aux consommateurs.

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taille, Yohann avait envie de s’y prendre autrement. Chez lui, pas d’insecticide, pas d’engrais chimiques. Il ne travaille qu’avec des produits naturels pour stimuler la croissance et soigner ses plantes : des huiles essentielles, des engrais organiques, du purin d’ortie… Ainsi, pour lutter contre les pucerons, l’exploitant agricole originaire de Libourne utilise des coccinelles. De super alliées qui, comme les abeilles, sont de vraies auxiliaires de culture. Alors, pas question de leur faire la peau en utilisant des produits phytosanitaires ! À la boutique, Vanessa est fière de vendre les légumes cultivés par son mari (pommes de terre, carottes, salades, tomates, courges, radis, patates douces…) mais aussi les fruits et la viande de leurs partenaires agriculteurs du Lot-et-Garonne et des Landes. Reste maintenant à faire savoir à tous les habitants du Nord Bassin qu’ils peuvent désormais se fournir en produits agricoles de qualité à proximité ! AH


RoofTop à Arcachon surplombant le port et Bassin Ouvert toute l’année Terrasse fermée et chauffée face à la mer Restaurant et bar d’ambiance Tapas et DJ tous les soirs

Restaurant Les Terrasses du Port • Quai Goslar - 33120 Arcachon 05.56.83.08.41 • www.lesterrassesduport.net • lesterrassesduport@outlook.fr Facebook: Lesterrassesduport-Arcachon • Instagram: terrasses_arcachon


FOOD • Il était une fois...

Géraldine Lucas Wilhelm est à la tête de la toute jeune bergerie d’Ella, prénom de sa petite fille. Implantée au Potager de Lanton depuis quelques mois, cette pimpante quinqua possède 30 chèvres avec lesquelles elle produit des fromages que les clients s’arrachent ! Texte & photos Armelle Hervieu

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VIVRE LE BASSIN


FOOD • Il était une fois...

éraldine Lucas Wilhelm en impose ! Pas par sa taille menue mais par son parcours, étonnant, osé et inspirant. Il y a encore cinq ans, Géraldine était à la tête de deux entreprises de courtage sur le bassin d’Arcachon et à Mérignac. Cheffe d’entreprise à succès, elle vivait à 200 à l’heure mais ne se sentait plus heureuse dans son métier. « J’étais stressée, oppressée, tout le

ment paisible, reposant ! » Géraldine se souvient encore d’un échange avec le berger qui l’a profondément marquée. « Je venais d’ouvrir mon agence à Mérignac. J’étais vraiment speed. Je lui ai demandé à quel moment il stressait dans son boulot… » Le berger lui répond, philosophe : « Je ne stresse pas. Ce que je ne peux pas faire aujourd’hui, je le ferai demain. » Cette phrase, en apparence anodine, produit l’effet d’une bombe à retardement dans la tête de Géraldine. Elle qui vit en permanence sous pression, y repense sans cesse. → Le doux caractère des chèvres L’été suivant, la courtière contacte une fermière qui veut bien l’accueillir une semaine chez elle en immersion au Pays basque. Là, c’est la « révélation ». « J’ai rencontré une très belle personne avec du recul sur la vie. Elle a su me poser les bonnes

“IL LUI FAUDRA TROIS ANS DE RÉFLEXION AVANT DE PASSER À L’ACTE.” temps dans la culpabilité… » Géraldine n’avait plus envie de cette vie. Une rencontre décisive la conduit à changer de cap. Un été, elle part en vacances en famille au Pays basque, à Saint-Lary. Parmi les activités au programme, une journée avec un berger. « Ce fut un moment telle-

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questions. » Parmi elles, la fermière demande à Géraldine si elle est prête à gagner « beaucoup moins ». Pas tout de suite. À l’issue de cette immersion, il faudra trois ans de réflexion à Géraldine pour se décider à passer à l’acte. En 2016, elle vend ses deux boîtes. En 2017, elle part se former, toujours au Pays basque. En 2018, elle revient diplômée. Elle a appris tant de choses n’ayant rien à voir avec sa vie d’avant ! Les soins vétérinaires, les mises bas… S’ensuit une autre formation à Aurillac dans la transformation laitière et fromagère pour apprendre à fabriquer de délicieuses bûches et de somptueux crottins à partir du lait de ses chèvres. Les chèvres, justement, parlons-en ! Pourquoi Géraldine les a-t-elle préférées aux brebis et aux vaches ? Pour leur lait, un peu plus cher, mais surtout pour la relation à l’animal. « Elles sont très


“ELLES SONT TRÈS CÂLINES, TRÈS TENDRES. JE LES AIME !” Bassin, installée depuis des années à Lège-Cap-Ferret, ne parvient pas à trouver une commune qui veuille d’elle… S’il le faut, elle envisage de partir à Belin-Beliet, Saint-Hélène…

câlines, très tendres. Elles ont chacune leur caractère mais sont toutes très proches de moi. La chèvre est un animal hyper attachant. Je les aime ! Elles font partie de ma famille ! » Au total, Géraldine a un troupeau de 30 chèvres, 8 chevrettes et un chevreau. Les premières sont arrivées pleines en décembre et ont mis bas au printemps. Géraldine devait s’installer avec elles à Andernos. Cela faisait deux ans qu’elle bossait sur le projet ! Mais tout a capoté

au dernier moment et Géraldine et son troupeau ont atterri en ­urgence au Potager de Lanton, où les propriétaires généreux et solidaires ont accepté de l’accueillir. Une solution qui ne peut malheureusement durer très longtemps. Alors Géraldine est toujours en quête d’un lieu pour l’accueillir. Au minimum un hectare de forêt et un endroit pour installer sa petite unité de production agricole. Elle qui est native du

→ Heureuse et sereine Pourtant, ses fromages s’arrachent ! Au Potager de Lanton d’abord, où ils sont vendus aux côtés des fruits et légumes produits sur place de façon 100 % naturelle. Et puis aussi sur le marché d’Andernos, un dimanche sur deux. Malgré toutes ces galères, malgré ses 300 euros de revenus mensuels, ses 7 jours sur 7 passés au boulot, Géraldine se sent aujourd’hui à sa place. Elle est heureuse lorsqu’elle part, chaque jour, marcher en forêt avec ses chèvres et ses chiens. Tandis que Pounette la blanche, Paprika, Pissenlit, Papyrus… nettoient les bois de tout ce qui est à leur portée, la bergère s’allonge sur son plaid et entame une sieste doucement interrompue par les câlins d’une chevrette…

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FOOD• Histoire de goût

“NOS ÉPICES POUSSENT À FLANC DE MONTAGNE DANS LE KERALA”

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IMPORTATEUR D’ÉPICES ET DE RÊVES Il était une fois un couple amoureux de voyages qui décida de faire de sa vie un rêve en ramenant dans son pays les plus belles épices du monde. Cette histoire, c’est celle de Florence et Yves Dupuis qui ont créé Saravane en 2000 à Gujan-Mestras. Texte & photos Armelle Hervieu

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ous n’avons pas eu le droit de pénétrer dans l’antre d’Yves Dupuis. L’ancien biologiste, reconverti dans la fabrication d’épices, garde jalousement les secrets de son laboratoire. Tout juste pourrons-nous l’imaginer d’après le témoignage de Florence, son épouse, qui, seule, a le droit d’y pénétrer. Ici, pas question de revendre des poudres toutes prêtes. Quand ils se sont lancés dans la vente d’épices, il y a vingt-et-un ans, Yves et Florence ont décidé de tout faire eux-mêmes, de bout en bout. C’est donc la matière brute qu’Yves travaille dans son laboratoire. C’est lui qui transforme intégralement noix de muscade, bâtons de cannelle… Un travail physique. « Il faut vraiment avoir la passion. Il y a des épices fibreuses, d’autres grasses, d’autres volatiles… On en prend plein les poumons ! » Oui, mais le résultat est là. Travailler la matière brute et la transformer en poudre juste avant sa mise en boîte, cela change tout sur le plan du goût. C’était le souhait initial des époux gujanais : proposer des produits haut de gamme, uniques et de grande qualité. L’aspect préféré de leur métier pour Florence est la partie voyages. « C’est pour ça qu’on a décidé au départ de se lancer. On voulait un métier qui nous fasse rêver. » Leur premier voyage se fera au sud-est de l’Inde, le long de la côte du Kerala. Dans cette région montagneuse, ils ont trouvé des trésors d’épices sauvages poussant sur les flancs des versants occidentaux. Depuis, quand les conditions sanitaires le permettent, ils y retournent tous les mois de février pour assister à la fin des récoltes et à la bourse au poivre. « Un grand nombre de nos épices vient de cette région. Sur place, nous avons noué des liens forts avec nos fournisseurs, des propriétaires terriens ou des villageois, qui vont cueillir nos épices dans la nature. Elles sont ga-

ranties 100 % naturelles et non ­traitées ! », insiste Florence, qui est tombée amoureuse de l’Inde et qui languit d’y retourner. → Des mélanges inédits Outre l’Inde, Saravane se fournit aussi au Maroc (pour le cumin et le safran), au Vietnam, en Indonésie, en Amérique centrale pour les fèves de tonka, la vanille du Mexique et les piments, en Turquie et Bulgarie pour le sésame doré et la moutarde jaune… À partir de tous ces produits, Yves, dont Florence vente

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l’incomparable nez, compose des mélanges inédits : Curry curepipe, Mélange des neiges, Massala kafé, Jamaïcan jerk, Curry bengali (sa première création), Mélange bérébéré, Mélange cajun… De quoi voyager dans le monde entier depuis une simple assiette ! « Créer, c’est ce qu’Yves préfère ! Nous avons des clients qui nous demandent d’inventer ou de réinventer des saveurs de leur enfance », se réjouit Florence qui sait combien son homme apprécie ce genre de défis. Le tout est conservé, c’est important pour la saveur et la couleur, dans de jolies petites boites métalliques qu’on peut venir recharger à volonté. Mais où trouver les épices Saravane, me direz-vous ? Sur les meilleures tables de France, au Georges V et au Plaza Athénée par exemple, mais aussi dans près de 150 épiceries fines en France, dans les produits des conserveurs (sardines, foie gras), d’artisans brasseurs, chocolatiers, confituriers… Car, comme l’assure Florence : « Un parfum d’épice, c’est le petit plus qui change tout ! »


FOOD• Last but not least

LE DERNIER PÊCHEUR “D’ENRAGÉS” DU BASSIN

Installé sur le port du Canal à Gujan, Romain Zambotti est le dernier pêcheur à traquer les crabes verts du bassin d’Arcachon. Ces petites bêtes, qu’on dit « enragées » tant elles sont coriaces et voraces, sont servies à nos plus grandes tables. Texte & photos Armelle Hervieu

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omain Zambotti est un vrai Zébulon ! Monté sur ressorts, comme le personnage du Manège enchanté à la fameuse réplique « Tournicoti, tournicoton », le fringuant quadra ne s’arrête jamais. Il est vif comme l’éclair. Il vaut mieux pour attraper les crabes et sortir les vers de leurs trous ! Romain, le verbe haut et la blague facile, déborde d’énergie. Sur le port du Canal à Gujan, où il est installé depuis 2013 dans une cabane jaune et fleurie, il est connu comme le loup blanc. À la saison, de mars à novembre, Romain travaille tous les jours de la semaine. Sur son petit canot, il est de toutes les marées : marée haute pour les crabes qu’il attrape dans des casiers faits maison et marée basse pour les vers qu’il déniche dans la vase armé d’une fourche. « La pêche aux vers, c’est la pêche la plus physique du Bassin. Il faut aller très bas sur l’estran et être très rapide pour les extraire de leurs cachettes. »

“LA PÊCHE AUX VERS EST LA PLUS PHYSIQUE DU BASSIN”

→ La lagune est son jardin En véritable môme du Bassin, Romain Zambotti a grandi sur l’eau. Il connait la lagune comme son jardin à force de la parcourir dans toutes les longueurs.

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« Je suis né au Nord Bassin. Mon père, ­originaire de Reims, était tombé amoureux du coin. Il est venu s’installer à Lège où il a construit sa maison pierre après pierre. » À 11 ans, le fils unique et heureux se voit offrir son premier bateau. « C’est mon papa qui me l’a donné. Je l’avais appelé Nino, comme le chien de ma mère », s’amuse Romain. Ado, ce dernier est champion de voile en dériveur. Il gagne même les championnats de France de 4,70. Dans la suite logique de ses performances sportives, quelques années plus tard, Romain devient moniteur de voile à Claouey. Puis, ce touche-à-tout se forme à l’électronique et à la mécanique. Il travaille à équiper les bateaux avant de se convertir en vendeur de meubles et de partir sur toutes les routes de France. Mais, après quelques tours de l’Hexagone en auto et un certain nombre d’armoires vendues, Romain se lasse, se languit de son pays et éprouve bientôt le besoin de « revenir bosser sur l’eau ». En 2007, il s’installe au Teich dans la maison de ses grands-parents décédés. Il travaille d’abord dans la palourde pour un patron gujanais, Philippe Léglise, avec qui il bosse pendant sept ou huit ans.


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FOOD• Last but not least

→ Le chef 2 étoiles Stéphane Carrade cuisine ses crabes Puis, en 2013, Romain décide de se lancer à son compte dans la pêche aux crabes. Il se souvient être allé voir sa banque qui refusa de l’accompagner au motif qu’elle n’avait pas de recul sur cette activité. « Normal,

“JE FAIS UN BOULOT QUE PERSONNE D’AUTRE NE FAIT. JE SUIS LIBRE” l’activité n’existait plus sur le Bassin ! », remarque l’intéressé. Les Bonnieu, famille gujanaise connue pour pêcher l’animal de génération en génération, avaient cessé de pratiquer cette spécialité. Romain se lance donc sans soutien. Il fabrique lui-même ses casiers, à partir

de roues de vélo et de nasses d’huîtres. Casiers qu’il conserve encore aujourd’hui « parce qu’on ne sait jamais, ça peut servir ». Le pêcheur imagine, en outre, d’autres débouchés pour ses crabes. Il décide de ne plus les vendre à bas coût aux mareyeurs mais plutôt de traiter

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en direct avec les fabricants de bouillabaisse et les vendeurs d’appâts. Depuis peu, Romain Zambotti vend aussi ses petites bêtes à pinces aux meilleurs restaurants du coin. Chez Yvette les utilise en soupe, le Bistrot 50 et l’Haaïtza en bouillon. « Cela me fait plaisir que Stéphane Carrade, chef 2 étoiles, cuisine mes crabes ! Je suis tellement content que je vais moi-même les lui apporter sur la plage devant son établissement dès que je le peux », se réjouit le Zébulon du Bassin. À 42 ans bientôt révolus, Romain se déclare heureux comme pas deux. « Je travaille dans un environnement extraordinaire. Je fais un boulot que personne d’autre ne fait. Je fais ce que je veux, quand je veux. Certes, je ne suis pas milliardaire mais je suis libre ! » Voilà son bien le plus précieux.


Port de Meyran Centre • 33470 Gujan Mestras

06 49 79 64 22 huitres3b.com


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© Alix Rivière


LA MER 3e partie

L’art d’immortaliser les poissons du Bassin Il était une fois, au Japon, à l’ère Edo, un samouraï qui avait eu l’idée, pour immortaliser un poisson qu’il venait de pêcher, de le badigeonner d’encre et déposer son empreinte sur un papier. L’art du gyotaku était ainsi né. Aujourd’hui, quelques artistes maîtrisent encore cette technique, dont Alix Rivière, spécialiste des poissons du bassin d’Arcachon. Turbo, dorade, bar… tous les poissons y passent. Elle leur insuffle une seconde vie en travaillant sur leur empreinte et laisse le hasard du motif ajouter cette touche de poésie toute particulière. Chaque gyotaku est unique et est réalisé sur du papier de riz chinois ou fibre de mûrier. Elle reprend l’esprit nippon en y ajoutant sa signature et des idéogrammes à la manière des peintres japonais. Alix Rivière, spécialiste de l’histoire de l’art, amoureuse du Bassin, attachée à la biodiversité, a trouvé ici le moyen idéal de tout concilier dans cette technique intemporelle. On peut découvrir quelques-unes de ses œuvres exposées chez Fumette, à Lège. Magique. Sur Instagram : rivierealix – 06 67 20 77 46

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© Patrice Bouscarrut

LA MER • Découverte

Un petit trésor insolite à bord de l’Escalumade

À

bord de l’un des bacs à voile les plus emblématiques du Bassin se trouve un objet historique surprenant. Parmi les vieux gréements que l’on croise sur le Bassin, le bac à voile l’Escalumade fait partie de ces bateaux majestueux qui ont été construits pour témoigner d’un lointain passé. Au XIXe siècle, avec l’activité ostréicole en plein essor, il fallait trouver un bateau à faible tirant d’eau. C’est Auguste Bert, charpentier de marine, qui trouve la solution lors d’un voyage sur la côte est des États-Unis. Voici donc la version arcachonnaise des sharpies de type américain. Mais il tombe ensuite dans l’oubli avec l’arrivée de la motorisation des embarcations dans les années 1930. Avec ses cousins, le Pierre Mallet et Tante Sophie,

l­’Escalumade est donc un témoin d’une navigation d’un autre temps. Construit conjointement par le lycée de la mer et les chantiers Bonnin de La Teste, ce bac à voile fête cette année ses 20 ans d’existence. Celui qui porte le nom gascon de cette brume de chaleur qui vient de l’océan, avec ses 100 m² de voilures, ses 6 tonnes, ne passe

jamais inaperçu. Il est aujourd’hui géré par une association installée à Claouey, qui compte 80 bénévoles. C’est un vrai bonheur pour eux de monter à bord, tout comme les touristes qui découvrent le Bassin sous un regard nostalgique. Mais le bout d’histoire le plus étonnant de ce bac à voile se trouve sur le pont, posé discrètement contre

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le plat-bord : un aviron. « On voit à peine l’inscription », explique Pierre Decoudras, le président de l’association L’Escalumade, « il est écrit Scharnhorst ». Eh oui, la rame du bac à voile provient du célèbre croiseur de bataille de la marine de guerre allemande, torpillé en 1943 durant la bataille du cap Nord, dans l’océan Arctique. « Il s’agit d’un aviron de chaloupe du Scharnhorst, on ne sait pas du tout comment il a atterri là. Était-il dans un chantier ? A t-il été récupéré à la suite du naufrage ? Le mystère reste entier », résume Pierre Decoudras, « mais j’aimerais que l’on puisse remettre officiellement cet aviron à la marine allemande. J’essaie d’avoir des contacts outre-Rhin. » Mais pour l’instant, quand vous monterez à bord de l’Escalumade, vous verrez cet aviron sous un autre angle. PB



LA MER • Transition écologique

BlueNav

A LE VENT EN POUPE C’est une société toute jeune mais à la croissance insolente. BlueNav a été créée en 2020 par le père et le fils Frouin. La start-up arcachonnaise est passée en un an et demi de 2 à 18 salariés. Son concept cartonne ! Il consiste à installer des motorisations hybrides sur les navires de plaisance pour qu’ils glissent, petit à petit, vers une navigation plus propre. Texte Armelle Hervieu Photos DR (sauf mention)

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© MarchalWorks

maginez l’île aux Oiseaux par un joli jour d’été entourée de bateaux qui croiseraient sur l’eau sans bruit. Ils avanceraient tranquillement pour permettre à leurs passagers d’apprécier toute la beauté et la quiétude du lieu… Ceci n’est pour l’instant qu’un rêve mais nous sommes nombreux autour du Bassin à espérer qu’il devienne réalité. Bien sûr, pour y parvenir, le plus simple, c’est la voile ! Mais tout le monde n’est pas prêt à tirer des bords. Pour ceux qui préfèrent allumer le moteur, BlueNav propose une solution innovante : l’hybridation douce. Quésako ? « C’est le fait d’alterner deux modes de navigation comme on le souhaite et ainsi, pourquoi pas, se rendre sur un lieu avec le moteur thermique puis, une fois arrivé sur place, allumer la motorisation électrique et se mouvoir sans bruit et sans odeur », détaille Thomas Frouin, l’un des deux cofondateurs de BlueNav. Son père, Hervé Frouin, complète : « Nous pensons qu’on ne passera pas du jour au lendemain au tout-électrique. Avec nos solutions hybrides, nous accompagnons la transition. »

© MarchalWorks

“AVEC NOS SOLUTIONS HYBRIDES, NOUS ACCOMPAGNONS LA TRANSITION” → Démocratiser la navigation électrique À l’image de ce qui se fait déjà dans le domaine de l’automobile, BlueNav équipe petit à petit les bateaux de plaisance du Bassin. Cet été, une dizaine d’entre eux, notamment quelques Dubourdieu, ont été dotés de Blue Spin, turbines électriques, rétractables et giratoires inventées par BlueNav. Progressivement, l’entreprise arcachonnaise, installée depuis cette année dans une partie des locaux de la criée d’Arcachon, espère conquérir toute la France puis l’Europe. Avec un carnet de commandes plein pour toute l’année 2021, BlueNav voit la vie en rose. L’entreprise ne comptait que deux salariés lors de son lancement il y a un an et demi. Elle

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en dénombre désormais 18 et table sur 40 collaborateurs d’ici un an. L’idée, une fois la solution d’hybridation douce bien implantée sur le Bassin, est de développer un réseau de revendeurs et d’installateurs dans toutes les zones de navigation adaptées à l’électrique. Pour l’instant, les Blue Spin permettent de naviguer entre 6 et 8 nœuds et possèdent une autonomie de 4 à 5 heures. BlueNav continue de plancher sur leur optimisation. Thomas Frouin résume l’ambition de sa société : « Démocratiser la navigation électrique pour mieux protéger des endroits fragiles et précieux comme le bassin d’Arcachon de la pollution des moteurs thermiques. » On ne peut qu’approuver !


LA MER • Innovation

Un pare-battage TRÈS NOVATEUR BIENTÔT DANS LES PORTS Sorti de l’imagination de Fabrice Duffour, ce pare-battage se transforme en poubelle. Gain de place garanti à bord. Texte & photos Xavier Davias

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abrice Duffour est un spécialiste de la mer. À l’origine de l’entreprise Beacher, spécialisée dans la fabrication de bateaux de légende sur le Bassin, le voilà de retour avec une idée innovante qui devrait faire mouche : un pare-battage qui se transforme en poubelle ou espace de rangement. Nom de code : Fendsea. Vous connaissez les pare-battages ? Ces sortes de boudins blancs sur les côtés des bateaux, qui évitent les chocs quand ils sont bord à bord dans le port. Les plaisanciers le savent bien, quand ils ne servent pas, lors de la navigation, c’est un vrai problème de leur trouver une

“JE CHERCHE UN PARTENAIRE INDUSTRIEL” place dans les coffres. L’idée de leur donner une autre utilité trottait depuis longtemps dans la tête de Fabrice Duffour. Aujourd’hui, il vient de valider les brevets de son invention. Mais à 70 ans passés, il n’a plus envie de se lancer dans le parcours du combattant pour trouver un bureau d’études, se lancer dans le processus de fa-

brication… « Je cherche un partenaire industriel qui prendrait le relais », explique l’inventeur. « Normalement les pare-battage sont gonflés d’air, là il faut leur donner une rigidité, je penche plus vers un matériau comme le caoutchouc. Les pneus avec leur structure radiale sont un bon exemple. D’ailleurs, on en voit déjà depuis longtemps sur les

péniches, les bateaux… » Fabrice Duffour aimerait bien trouver un partenaire dans le coin, pour que la fabrication reste sur le Bassin. → Les avantages s’amoncellent Il est par ailleurs très sensibilisé aux problèmes environnementaux. C’est

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déjà lui qui avait eu l’idée, il y a quarante ans, des poubelles flottantes que l’on trouve aujourd’hui sur le Bassin. Un pare-battage qui sert de poubelle incite à mieux gérer le tri sélectif et serait une avancée majeure. « J’ai navigué un peu partout, notamment dans les îles ; il y a beaucoup de bateaux à la location et les skippers sont toujours embêtés pour gérer les déchets. Tout le monde sait qu’on en retrouve beaucoup dans la mer, sur les plages. Ce système permettra de ramener les déchets à terre, peut-être de mieux imposer le tri sélectif dans les ports », argumente Fabrice Duffour. Pour l’heure, ce pare-battage révolutionnaire est déjà dessiné, avec un bouchon à baïonnette, attaché pour qu’il ne parte pas à l’eau. Avec un fond plat pour pouvoir le poser sur la table lors des repas. « Peut-être qu’on s’orientera vers une forme plate avec un système à soufflets, ce qui permettrait de gagner de la place dans les ports, et pour le rangement dans les coffres », s’interroge le créateur. Toujours est-il que ce parebattage 2.0 devrait rendre bien des services ! — www.fendsea.com


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LA MER • Portrait

Yves Parlier LE MARIN QUI RÊVE DE CANOPÉE Dompter le vent pour sauver le monde, c’est en résumé l’ambition à la fois géniale et stratosphérique d’Yves Parlier. L’ancien coureur des mers peaufine depuis dix ans son idée de kite géant et automatisé capable de tracter les plus gros navires pour réduire la pollution qu’ils génèrent. Un objectif très haut placé. Pas étonnant quand on sait qu’Yves Parlier a passé sa vie à se lancer des défis… Texte Armelle Hervieu Photos DR (sauf mention)

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algré son sourire doux, ses yeux clairs et sa grande timidité apparente, ne vous y trompez pas, Yves Parlier est un homme déterminé. Depuis son plus jeune âge, il se bat pour vivre ce pour quoi il pense être né : se dépasser. Enfant, déjà, il ne grimpait pas aux arbres, non, il visait la canopée ! Et, à force d’entraînement, il y est arrivé. Le marin se souvient : « La forêt située à côté de chez moi, sur le plateau des Ulis, près d’Orsay, a été mon premier espace d’évasion. Je passais d’arbre en arbre, l’objectif était d’aller toujours plus haut. Un jour, j’ai réussi à grimper en haut du plus grand des arbres et j’ai découvert la canopée. Je me suis dit que j’étais le premier à voir ça. J’ai ressenti une très grande fierté. » Yves Parlier confie que, depuis, il passe sa vie à tenter de retrouver cette sensation. Yves Parlier est le troisième d’une tribu de cinq enfants nés d’un père astrophysicien et d’une mère hôtesse de l’air devenue infirmière. Cette dernière explique à qui veut l’entendre qu’elle a deux types d’enfants. Les roux, dociles et faciles, et les bruns, colériques, au mauvais caractère. Yves est un brun. Il s’oppose à tout et surtout à sa mère. « Dys tout » comme il dit, ses résultats scolaires sont médiocres. Un prof de français lui donne même un - 56 en dictée ! La vie est un combat pour ce môme différent. Mais, plutôt que de se morfondre, le petit Yves décide : « Je ne pleure plus. Je n’ai plus froid. » Et il conclut : « Mon destin est à moi. Mes limites sont celles que je me fixe. » → Son premier bateau construit avec le bois de sa forêt S’il est en difficulté à l’école, l’enfant est brillant pour concevoir et fabriquer. À 12 ans, son père, constatant que sa seule lecture est la revue Voiles et Voiliers, lui offre Damien, l’histoire du voyage de deux jeunes gens partis à l’aventure autour du monde sur un cotre en bois. Ça y est, Yves tient sa destinée : « Je ferai un tour du monde en voilier. » Pour commencer, il va utiliser le bois de sa forêt. Il se construit un kayak à voile qu’il tire derrière son vélo en remorque, à destination des lacs du coin où il apprend seul à naviguer. En véritable explorateur, il dessine ses propres cartes, y retranscrit le tracé des chemins qu’il a parcourus… Son enfance est aussi bercée par la mer… Ses étés, il les passe à Arcachon. « En juillet, je venais seul retrouver ma grand-mère pour ouvrir avec elle la maison de famille du Moulleau. Ensuite, on était 25 enfants dans la maison ! J’ai de super souvenirs. On allait à la plage, à l’océan. Je naviguais sur Querido, notre monotype. »

“MON DESTIN EST À MOI. MES LIMITES SONT CELLES QUE JE ME FIXE” 048/116


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© Christophe Goussard


LA MER • Portrait

© Bertrand Charmentray

→ Départ pour le Vendée Globe

Yves Parlier avec Éric Tabarly ↓ ← Yves Parlier avec Ellen MacArthur

Adulte, Yves Parlier est venu s’installer à Arcachon, en Ville d’hiver, aux portes de cette forêt qu’il apprécie tant. « J’aime l’odeur du grépin au soleil, la lumière qui filtre au travers des pins. J’adore ce pays ! »

“ELLEN ET MOI, ON EST CÂBLÉS PAREIL. ON FONCTIONNE À LA PASSION”

→ Son révolutionnaire Aquitaine remporte la Mini-Transat Après la lecture de Damien, l’adolescent se passionne pour les sciences de la navigation : géométrie, trigonométrie… Il passe un bac C, intègre un DUT de génie mécanique. Il veut apprendre à construire des bateaux. Il suit un DEST en matériaux composites à Bordeaux. Le grand kif ! « Carbone, époxy… je suis comme un gamin devant ses cadeaux de Noël ! » Yves sympathise avec ses profs ingénieurs détachés des grands groupes de l’aérospatial à Bordeaux et aussi avec Gérard Carrère du lycée de la Mer où il suit deux modules de cours. À l’issue de ses études, il construit avec le lycée gujanais et le soutien de la région Aquitaine, un 6,50 mètres révolutionnaire : mat et safran en carbone, haubans en kevlar… Avec, Yves Parlier remporte la mini-Transat et met 48 heures dans la vue aux Bretons. Après cette première victoire

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rins. Le ciel aussi. Un mois après, Yves s’écrase avec sa nouvelle aile de parapente dans les Alpes. Il se réveille à l’hôpital de Briançon. Sa cheville est en morceaux et son fémur a traversé sa hanche. Six mois plus tard, Ellen MacArthur vient le voir à Pellegrin où il a été transféré. Elle lui propose de refaire la Jacques Vabre avec elle. « Ellen et moi, on est câblés pareil. On fonctionne à la passion. » Alors qu’Yves se remet à peine de son accident, ils finiront

© DR

→ Il perd son héros et s’écrase en parapente En juin 1998, son héros meurt en mer d’Irlande. « Éric m’avait invité aux 100 ans de Pen Duick. Il est mort sur le chemin… » La mer est parfois cruelle avec les ma-

“ON POURRAIT RÉDUIRE DE 2 % LES ÉMISSIONS MONDIALES DE CO2”

© LK Pinasse électrique

en solitaire, le marin se dit qu’au lieu de construire les bateaux des autres, il va faire les siens ! Et les victoires s’enchaînent pour lui, même s’il ne s’enorgueillit d’aucune : Solitaire du Figaro, Transat anglaise, Route du café, Route du rhum, Fastnet, Route de l’or, Course de l’Europe, Transat Jacques Vabre… Au-delà de la performance sportive, l’homme que les Français connaissent surtout pour être parvenu à boucler, en 2001, un Vendée Globe mythique après avoir réparé lui-même son gréement et survécu en mangeant des algues, est avant tout un aventurier. Parmi ses plus belles navigations, celles partagées avec son « maître », Éric Tabarly. Tous deux ont la même passion pour les bateaux et l’architecture navale. Ensemble, ils causent bateaux mais ils naviguent aussi. En 1997, ils courent le Fastnet qu’ils dominent, puis la transat Le Havre Carthagène qu’ils explosent. « Nous avons partagé des moments d’échange intenses. C’était un tête-à-tête avec mon héros. Il n’y avait aucune rivalité entre nous. Il était si humble. Comme on courait sur mon bateau, il me disait : Yves, c’est toi le chef, moi je suis ton équipier. »

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­ uatrièmes ! Depuis, le marin a raccroché q les gants. Son corps abîmé l’empêche de remonter sur le ring des compétitions. Tant pis, il s’est lancé d’autres défis. Comme, d’abord, de battre des records de vitesse avec ­l’Hydraplaneur, son avion sur l’eau. Depuis 2011 et la création de Beyond the sea, sa société consacrée à la traction de navires par kite, il tente désormais de contribuer, à sa façon, à un monde meilleur. « On pourrait réduire de 2 % les émissions mondiales de CO2 avec cette évolution du transport maritime. » Yves y travaille d’arrache-pied avec sa petite équipe d’ingénieurs. Cet automne, ils vont remettre à l’eau ­l’Hydraplaneur, transformé en Sea Kite, pour faire des essais avec leurs partenaires. L’objectif : montrer aux leaders mondiaux du transport maritime que l’on peut tracter de gros bateaux avec des ailes. Un nouvel Everest à gravir… Sea Kite en travaux ↓


LA MER • Nouveauté

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Pinball Unique en son genre, le catamaran Pinball, créé par un ingénieur de La Teste, devrait changer la vision du nautisme. Texte Patrice Bouscarrut Photos DR

C’

est certain, quand le Pinball va naviguer sur le Bassin, il ne passera pas inaperçu, d’autant qu’il n’existe rien de comparable jusqu’à présent. Imaginez : un catamaran de 9 mètres avec ses moteurs électriques et hybrides, qui peut embarquer 15 personnes sur 20 m² de surface utile. Le rêve pour passer une journée entre copains. « On a dessiné le bateau autour de la plancha », sourit son créateur, Pascal Duclos, ingénieur installé à La Teste-deBuch. « C’est comme quand vous invitez des amis à un barbecue à la maison, mais ici c’est sur l’eau ». Ce n’est pas faux… Car si ce nouveau bateau est un condensé d’innovations techniques, le Pinball est d’abord tourné vers la convivialité. Outre évidemment la plancha installée à l’arrière pour mieux préparer ses repas, un verre de rosé à la main, on trouve un bain de soleil à l’avant de 6 m², deux kayaks et deux paddles gonflables… même le gonfleur fait partie du lot. Et dans la cale, bienvenue dans le futur. Un savant mélange entre une propulsion électrique sous deux tuyères et un moteur inboard. Ce système E-Hybrid a d’ailleurs été breveté par l’ingénieur. D’autant que l’on peut recharger la batterie lithium de 200 kg durant la navigation.

le soleil, le geste sûr… Pas du tout. « Je resterai toujours un marin d’eau douce », plaisante Pascal Duclos. « Je suis conscient des difficultés que rencontrent les plaisanciers occasionnels. J’ai cherché ce qu’il me manquait sur un bateau. » Il fait certainement partie des gars qui ont bien galéré pour rentrer leur bateau au port… dans ce mélange de stress et de panique. Il aura fallu près de

→ Un bateau pour profanes On pourrait penser que ce nouveau bateau sort tout droit de l’imagination d’un baroudeur des mers, le visage buriné par

→ De nouveaux marchés en perspective Résultat : « Ce catamaran, c’est comme deux lames de couteau qui fendent la vague. Dans la pratique, les deux moteurs électriques

“ON PEUT REMONTER UN ESTEY SANS STRESS” six années d’études pour sortir des cartons ce nouveau concept. Notamment côté technique, pour concilier la navigation 100 % électrique pour les manœuvres fines, avec celle du moteur essence qui pousse à 25 nœuds. Les compétences d’ingénieur d’électrotechnique que Pascal Duclos avait mises en pratique dans l’une de ses entreprises, Goupil industrie, spécialisée dans la fabrication de véhicules électriques, ont été un bon atout.

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permettent à des plaisanciers novices de bien gérer les manœuvres dans le port. Sur le Bassin, on peut remonter un estey, en mode électrique, sans stress, car il n’y a pas d’hélice dans l’eau qui peut accrocher. On attend que le bateau touche et on peut s’échouer. » L’occasion de découvrir des coins insoupçonnés, surtout que les deux flotteurs permettent une bonne stabilité pour passer un après-midi à sec. Alors à qui est destiné ce nouveau bijou ? Ce bateau facile à manœuvrer, avec sa plateforme de loisir, va intéresser le pilote du dimanche pour une sortie à la journée, mais surtout les loueurs de bateau. « L’avenir de la plaisance, c’est la location à la journée », est convaincu l’ingénieur. « Ici on n’a pas besoin de skipper, ce qui n’est pas du tout la même expérience, on aime tous être aux commandes. » Outre évidemment le marché porteur du bassin d’Arcachon, Pascal Duclos mise aussi sur la Méditerranée et le Morbihan. Après un prototype, un premier exemplaire… Un troisième bateau est sur le point d’être finalisé au chantier Ocqueteau à Oléron, entreprise mythique dont Pascal Duclos a aussi pris la barre. Pour la première fois, le Pinball sera présenté aux salons de Cannes et La Rochelle en septembre. Et la production va être lancée, avec un délai de commande de 3 à 4 mois. — Prix du Pinball : 250 000 € www.pinball-boat.com


Det esdessardines Bretons La mémoire du bassin • Bretons et sardines

qui les suivirent

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Comme le dit Olivier Marliave, fin connaisseur de l’histoire du Bassin : « On l‘a bien oublié,e mais Arcachon, La Teste et Gujan ont formé, au début du XX siècle, le premier ensemble portuaire de France de pêche à la sardine. » Et pour pêcher et mettre en boîte ces nuées de sardines, des vagues de Bretons et de Bretonnes débarquèrent ici. C’est l’histoire de cette double migration que nous allons vous conter ici.

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La mémoire du bassin • Bretons et sardines

temps immémoriaux, les Bretons ont toujours été considérés comme de hardis pêcheurs. Parmi les poissons qui ont marqué l’histoire de la pêche armoricaine, il en est un plus petit mais plus brillant que tous les autres : la sardine. Sardine pour laquelle, du Morbihan au Finistère, on érigea des centaines d’usines de conserverie. Sardine grâce à laquelle se forgea, plus encore que des savoir-faire, une véritable culture sardinière. Mais voilà, sans que l’on sache vraiment pourquoi, un beau ou plutôt un mauvais jour, la sardine décida de quitter les rivages bretons pour descendre s’installer plus au sud. Débuta alors une grande migration qui

appelait “lesOnsardines des royans”

conduisit les bancs de « royans », ainsi qu’on les appelait alors dans le Sud-Ouest, de la Bretagne à la Vendée, de la Vendée à la Charente puis de la Charente au bassin d’Arcachon. Les sardines envolées laissent les Bretons au chômage. Là-haut, à partir de 1880, avec les premiers soubresauts de la migration, mais surtout à partir de 1902 avec ce que l’on appelle « la grande crise sardinière », la misère se fait de plus en plus présente à mesure que le poisson s’absente. Au début de l’automne 1902, la sardine a disparu des côtes bretonnes et vendéennes ; 15 0 00 à 20 0 00 ouvrières des conserveries et le double de pêcheurs sont au chômage. Sur le Bassin, c’est

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l’inverse qui se produit. Les pêcheurs du coin et même les ostréiculteurs « qui n’oubliaient jamais de prendre leur filet pour partir à la marée », selon l’auteur Michel Doussy, font des prises miraculeuses. Se produit alors une seconde migration. Voici que les Bretons emboîtent le pas aux sardines et viennent s’installer en masse sur le Bassin. → Échange blé contre pierre « Ce n’était pas la première fois que l’on voyait des Bretons par ici car les échanges furent toujours nombreux entre nos deux peuples au cours de l’histoire. Les Bretons venaient sur nos rivages chargés de céréales et de pierres de lest qu’ils échangeaient contre du bois et tous les produits du gemmage qui leur servaient notamment pour le carénage de leurs bateaux. Nous, avec le granit, nous avons


construit nos moulins et d’autres édifices », conte Michel Doussy, lui-même propriétaire du moulin de Bordes et qui s’est intéressé de près à la « diaspora bretonne ». En revanche, cette fois, entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, l’immigration bretonne fut massive. Michel Boyé, ancien président de la Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch, se souvient : « J’ai grandi quartier SaintFerdinand à Arcachon, un quartier de pêcheurs et un quart des enfants de ma classe à l’école Victor Duruy était d’origine bretonne ! » « La population bretonne fut alors presque prépondérante dans certains quartiers d’Arcachon », ajoute Michel Doussy, avant de noter : « Mais il n’y a eu aucun souci d’intégration. » Ces migrants venaient pour travailler et, du boulot, il y en avait pour tous, du moins au début, tant la ressource était abondante.

→ Les coiffes des Bretonnes se remarquent Les pêcheurs vont être suivis très rapidement par les patrons des sardineries, qui implantent sur le Bassin des « succursales » de l’industrie armoricaine, puis par les Bretonnes venues mettre la main à la pâte dans ce que l’on appelait ici « les confiseries ». Ce

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“Les femmes travaillaient dans les «confiseries»”


La mémoire du bassin • Bretons et sardines

aration des sardines pour la miset “Laen prép boite ne s’effectuait que manuellemen ”

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sont ces Bretonnes qui apprirent les gestes aux femmes du cru. Toutes travaillaient sous l’œil d’un contre-maître. La préparation des sardines pour leur mise en boite ne pouvait s’effectuer que manuellement. Les opérations étaient nombreuses et délicates : salage, étêtage, lavage, mise sur le grill pour séchage puis, après la cuisson, la mise à longueur, mise en boite, trempage dans l’huile, pressage et sertissage… D’où le nombre important de personnes employées dans les sardineries du Bassin et l’apport crucial d’une main-d’œuvre bretonne, déjà experte en la matière. Michel Doussy se souvient des femmes qui portaient la coiffe. « On les remarquait bien ! J’entends encore ma grand-mère dire : “Ah voilà la Bretonne qui passe…” » Le Testerin témoigne aussi de la grande religiosité des Bretons. « C’était une


Les marins “pêchaient sur de petits doris” population très pieuse, très catholique. Les Bretons étaient plus que majoritaires dans les concessions. »

→ Un essor aussi fulgurant que fugace L’essor de l’industrie sardinière est fulgurant sur le Bassin. Il débute à Gujan où, au plus fort de la pêche, le port abritait non moins de 90 navires sardiniers alimentant une douzaine d’usines de conserve. Cet essor se poursuit à La Teste puis à Arcachon où la première usine sardinière ouvrit en 1907. Il est impressionnant de voir avec quel type d’embarcation les hommes partaient au large, au Peugue comme on dit ici pour évoquer la grande mer. Ils passaient les passes et atteignaient l’océan dans des pinasses de 10 mètres environ

à bord desquelles prenaient place 4 ou 5 petits doris (canots sardiniers) que l’on mettait à l’eau une fois arrivé sur la zone de prise pour laisser les pêcheurs faire leur ouvrage seuls sur ces frêles esquifs. Il va sans dire que de nombreux drames se produisirent au large du Ferret et que quantité de marins laissèrent leur vie pour quelques sardines. Heureusement, il y eut aussi des miracles ! Comme ce 3 janvier 1904 où 169 marins navigant sur 70 pinasses furent secourus après avoir fait naufrage dans les passes par les chalutiers Saint-Georges et Le Morse. Cette

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histoire va s’achever comme elle a commencé, par un nouveau départ des ­sardines vers le sud ! Déjà, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, la ressource commence à manquer. Petit à petit, les sardines repartent voir ailleurs, vers l’Espagne puis le Maroc. Sur le Bassin, l’industrie sardinière s’essouffle. Les bâtiments des sardineries sont peu à peu délaissés, détruits ou reconvertis vers d’autres usages : hôpital de guerre, maison d’édition… En revanche, les Bretons et les Bretonnes eux, ne sont pas tous repartis. Beaucoup ont fait souche. En témoignent les nombreux patronymes à consonance armoricaine qui figurent encore dans le bottin du Bassin : Le Bihan, Le Gall, Cloarec, Sevelec…


Portfolio

Vous croiserez peut-être un jour José Gonzalez, dit Carly, au détour d’un chemin, sur le domaine de Certes et Graveyron. Cet amateur de nature arpente « son domaine » tous les jours, appareil à la main, en quête d’animaux qu’il ne mitraille qu’en photos pour capturer l’instant magique, l’image parfaite. José Gonzalez, plus connu sur les réseaux sociaux et de ses amis sous le pseudonyme de Carly, est un amoureux des grands espaces, des animaux et tout particulièrement des oiseaux. Depuis qu’il est « tombé en invalidité », il y a quinze ans, ce chasseur d’images traque inlassablement la vie tout près de chez lui, à Audenge. Il n’a qu’à sortir de sa maison, située en lisière du domaine de Certes, pour exercer sa passion. Après une vie passée derrière les fourneaux, en cuisine, Carly a débuté, comme beaucoup de photographes amateurs du Bassin, en shootant ses paysages, ses couleurs, ses lumières. Il ne s’est attaqué à la faune

locale qu’après une rencontre décisive avec Grégory Pol, photographe animalier internationalement connu, auteur d’une exposition géante en 2020 sur les murs de l’Orangerie du jardin du Luxembourg. « Je l’ai connu il y a quelques années à Andernos. Il était venu exposer ses clichés du harfang des neiges. Je lui ai acheté une photo. On a discuté. On a échangé. On a sympathisé… » Depuis, le lauréat de nombreux prix photographiques et spécialiste de la photo animalière retourne souvent à Audenge voir son ami, comme l’an dernier lorsqu’il lui a fait la surprise d’être présent pour sa première expo. → Son secret : prendre son temps « Il pourrait avoir la grosse tête car il est très connu. Mais, non, il est juste généreux. Il m’aide à progresser », confie Carly qui se remémore, non sans humour, ses débuts en photo animalière, avec ses cinq chiens. Depuis, l’Audengeois va crescendo en difficulté. Il a d’abord shooté

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les chevreuils, présents tous les jours au domaine, puis les autres mammifères plus discrets et furtifs : écureuils, renards, loutres… Désormais, Carly traque les espèces les plus rares et les plus difficiles à photographier. Comme le martin pêcheur, son chouchou au plumage bleu et roux, le pic épeiche au bas ventre écarlate, les tadornes, milans, faucons, grèbes huppés, hérons cendrés… Pour parvenir à photographier ces animaux sauvages, Carly s’équipe comme un chasseur. Tenue de camouflage de rigueur, il garde en permanence les sens en éveil. Il faut un œil de lynx et une grande rapidité pour obtenir les plus beaux clichés. La plus grande patience est aussi requise. « Il m’arrive de ne parcourir que 5 kilomètres en 4 heures ! » Ce n’est pas la performance sportive qui attire l’Audengeois mais plutôt la magie de la rencontre et du partage. Pour le bonheur de tous, Carly a créé une page Facebook, « Les merveilles du Bassin », sur laquelle il poste régulièrement le fruit de ses surprenants safaris. AH


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© Armelle Hervieu


Portfolio Echasses blanches au Domaine de Certes et Graveyron

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Cygne tuberculé capturé en plein vol au soleil couchant dans le ciel audengeois

Tortues cistude se dorant la pilule à la réserve du Teich

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Portfolio

Impressionnant vol d'oiseaux, dont des Laridae, au Teich

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Portfolio

Un épervier d'Europe au Domaine de Certes

Spatules et courlis

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L'aigrette garzette, très commune sur le Bassin

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Portfolio

Le grèbe huppé, au printemps, en parade nuptiale

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Envol d'un faisan

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MODE & déco 4e partie

“Par amour” pour Marine En mai, boulevard de la Plage à Arcachon, une nouvelle boutique a ouvert ses portes. Par amour est un concept store qui ne vend que des objets et des vêtements réalisés par des créateurs. À sa tête, une entrepreneuse férue de création française. Mélissa Puerta n’a que 28 ans mais son histoire personnelle l’a poussée à ouvrir sa boutique très jeune. « Ce projet, nous devions le réaliser à deux avec Marine mais la maladie nous en a empêchées », confie Mélissa qui a réalisé seule le rêve de son amie d’enfance décédée d’un cancer à l’âge de 27 ans. Ensemble, elles créaient et s’imaginaient vendant leurs créations une fois Marine guérie. Cela ne s’est jamais produit mais Mélissa lui a juré de le faire pour elle. C’est à Arcachon, ville pour laquelle elle a eu un coup de cœur, que la jeune femme a décidé d’implanter Par amour. La boutique, ouverte à l’année, est remplie de jolies choses faites avec amour et passion. AH

© Par Amour

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Déco • Artisans

Les P’tits Travaux d’Ewen Petits travaux pour grands services En ces temps de pénurie de main-d’œuvre, difficile de trouver des prestataires efficaces et réactifs pour les interventions et les petits travaux à domicile. Ewen Kerrien a créé sa petite entreprise, qui ne connait pas la crise… es voyageurs qui parcourent le vaste monde le savent bien : quel que soit le coin de la planète où vous vous retrouvez, il est quasiment impossible de ne pas croiser un breton sur sa route. C’est une loi invariable, aussi sûre que celle qui veut qu’un chat retombe toujours sur ses pattes. Si cette constante s’applique aux lieux les plus reculés du globe, on imagine sans peine qu’elle concerne aussi le bassin d’Arcachon, qui abrite de nombreux représentants de ce beau pays. À l’instar d’Ewen Kerrien, casquette vissée sur la tête, sourire accroché aux lèvres et le teint halé de celui qui ne passe pas sa vie enfermé dans un bureau. Ewen (mot breton qui veut dire « bonne souche ») s’est installé il y a peu sur le Bassin pour créer sa petite boite de travaux/dépannages à domicile.

Un boulot passionnant, mais qui lui faisait faire 70 000 km par an. « Je ne voyais plus mes gosses, j’étais stressé, épuisé et j’ai fini par me dire qu’obtenir le titre de consultant européen de l’année en surpassant les

→ Changement de vie Diplômé de l’École supérieure des arts graphiques Estienne, il a longtemps travaillé dans une importante société de communication avant de devenir ingénieur technico-commercial chez Konica.

objectifs fixés par mon entreprise n’était pas ce qu’il y a de plus important dans la vie. » « Ça faisait longtemps qu’avec ma femme Fanny, nous souhaitions venir nous installer sur le Bassin où nous venons depuis toujours et où vit ma mère. » « Au début, je voulais

! CONTACTS

Les P’tits Travaux d’Ewen 06 33 27 14 10 ewen.travaux @gmail.com

© Patrice Hauser

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monter un “T-shirt truck”, un concept de T-shirt fabriqué à la demande dans une belle caravane Airstream, et puis mon fils Théo m’a dit : Papa, tu es super fort en bricolage, pourquoi n’en ferais-tu pas ton métier ? »

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→ Banco Avec les P’tits Travaux d’Ewen, le Finistérien a monté une petite entreprise qui propose tous les types d’interventions possibles et surtout très utiles : électricité, plomberie, dépannage, entretien, jardinage (hormis le gros œuvre). Il intervient sur tout le Bassin et son carnet de commandes s’est très vite rempli grâce au bouche-à-oreille. « Avec cette activité, je suis en adéquation avec moi-même, je me suis recentré sur ma famille tout en faisant un métier utile pour les autres et gratifiant pour moi. Et puis, en termes de qualité de vie, on a trouvé une autre Bretagne ici. C’est un lieu encore très préservé où il fait bon vivre, avec un brin de soleil en plus… » PH


© La Bougie Phare

La Bougie phare du Bassin illumine les jolis moments

Manon Gazeau a lancé, en décembre 2020, la Bougie phare du Bassin. Sa petite entreprise propose un panel de bougies parfumées qu’elle fabrique à la main dans son mini-atelier lantonais. anon Gazeau n’a que 24 ans mais déjà deux boulots. Commerciale d’un côté, artisane de l’autre, la jeune femme s’éclate à fabriquer à la main des bougies naturelles aux senteurs qui rappellent, pour certaines, le bassin d’Arcachon. Cette idée, c’est sa cousine canadienne qui lui a donnée. Pendant le confinement, alors que tout le monde s’ennuyait, elle lui envoie un kit de bougies à faire soi-même. Manon et sa mère se prennent au jeu. « J’adore les bougies. Elles accompagnent nos meilleurs moments : un dîner entre amis ou tout simplement le

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bain. Elles apportent une ambiance chaleureuse et dégagent une senteur agréable. » Manon, qui a la fibre entrepreneuriale comme le reste de sa famille, se dit que ce serait sympa d’essayer de vendre ce qu’elle fabrique. Elle prend sur ses économies et, en décembre 2020, se lance dans la commercialisation de ses bougies faites main. → Toute la famille participe D’abord à petite échelle, via le bouche-àoreille. Puis, elle crée le site internet de sa marque avec l’aide de son frère, à la tête de l’agence de communication Marée montante, et qui l’a déjà aidée à trouver un nom pour ses bougies. « On a choisi le phare en clin d’œil à celui du Ferret et puis aussi parce que le phare s’allume comme la bougie », retrace Manon conseillée aussi par sa mère

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cheffe d’entreprise, à la tête de la boutique Troc Passion d’Andernos. Les bougies de Manon sont faites de cire de soja européenne et de parfums produits à Grasse. Elles sont contenues dans des flacons en verre fabriqués dans la région lyonnaise. Une autre de ses cousines lui fournit aussi des pots en céramique qu’elle confectionne elle-même, les « Pot ma douce ». Cet été, Manon a cartonné sur les marchés d’Andernos et du Ferret. Les touristes ont apprécié ce produit fait main sur le Bassin. Cet hiver, Manon espère séduire toujours plus de clients avec ses bougies ambre vanille, fleur de coton, frangipanier ou sapin (qui rappelle l’odeur des pins). Outre sur son site web, on pourra aussi les retrouver dans les boutiques Mamahani à Andernos et Cap Golf au Cap-Ferret. AH


Déco • Renaissance d’un château

Texte et photos Armelle Hervieu

MADER,

le château des amoureux Construit en 1908 par les Roméo et Juliette du Bassin, le château Mader a manqué tomber en ruines. Il fallait toute la passion d’un couple amoureux de lui, les Le Pendeven, et près de quatre années de travaux pour lui redonner vie. Aujourd’hui, le château gujanais, fidèle à son romantique destin, héberge les futurs conjoints.

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Déco • Renaissance d’un château

est une histoire terriblement romanesque qui a donné naissance au château Mader (qu’on écrit parfois à tort château Madère), l’histoire de Camille et Clara Mader. Elle, née Thépenier, était une roturière fortunée, fille d’un entrepreneur auvergnat. Lui était un jeune scientifique bordelais passionné par la mer et seul héritier des richissimes frères Godard. Leurs familles respectives voyaient d’un très mauvais œil leur liaison. C’est peu dire d’ailleurs… La mère de Camille est même allée jusqu’à faire rédiger un acte notarié pour affirmer qu’elle

“Clara fit construire ce château en gage d’amour pour son Camille”

s’opposait à leur union. Pas question cependant pour nos Roméo et Juliette de renoncer à leur amour. Ils prirent la poudre d’escampette et vinrent trouver refuge sur les rivages du Bassin. Clara fit construire en 1908 à Gujan, avec sa fortune personnelle et en gage d’amour pour son Camille, le château nommé initialement de la Hourcade, du nom du domaine où il est implanté. Mais très vite, les Gujanais le rebaptisèrent château Mader, patronyme de ses propriétaires. L’amoureuse ne mégota pas pour son héros. Elle fit bâtir un édifice de 530 m2 de style néo-classique aux riches ornements de pavillon versaillais, avec un toit-terrasse de 220 m 2 et une tour vitrée depuis laquelle Camille pouvait observer et admirer le Bassin à souhait. Malheureusement, comme souvent les grandes histoires

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d’amour, celle de Camille et Clara finira mal. Et vite ! Fragile des poumons, Camille contracta la tuberculose dont il décéda en 1911, trois ans seulement après s’être installé au château avec sa douce. Clara y viva ensuite encore de nombreuses années avec son fils. Elle conserva le château jusqu’en 1946 où elle prit la décision de le vendre et partit s’installer avec son nouvel époux en région parisienne. → Des cascades d’eau dans l’escalier Plusieurs propriétaires se succèdent alors à la tête du château Mader. Mais tous n’ont pas les moyens de l’entretenir comme il se doit et, peu à peu, l’immense palais et son grand parc de 4 000 m2, son bassin et sa gloriette, dépérissent. Heureusement, en 2013, un homme fortuné marié à une Gujanaise en tombe amoureux. Pierre Le


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Déco • Renaissance d’un château

Pendeven, Breton formé aux Ponts et Chaussées et installé depuis des décennies aux États-Unis où il bâtit et rénove des villas haut de gamme en Californie, décide de relever ses manches et de délier les cordons de sa bourse pour sauver le palais des Roméo et Juliette du Bassin. Il le rachète et y entreprend des travaux titanesques. Très vite, le propriétaire breton s’adjoint les services d’un collaborateur zélé, Fabien Delooecher, qui en assurait déjà l’entretien comme il pouvait. Le jeune homme, comme c’est étonnant (!), confie avoir eu « le coup de foudre » pour Mader lorsqu’il l’a vu pour la première fois. C’était au début des années 2010. Le Briviste raconte son « flash devant cette énorme villa au style italien ». Le menuisier d’art la trouve si fascinante qu’il fait tout pour y travailler. Damien est embauché d’abord par l’ancien propriétaire puis reprit par le nouveau qui l’embarque dans l’aventure de la réhabilitation de l’édifice. « Le château était en sale état. Seuls restaient intègres ses murs et son sol [un beau parquet en bois d’origine]. Tout le

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reste était à refaire. L’eau s’était infiltrée partout du fait du toit-terrasse. Il y avait même, par temps de pluie, une cascade qui courait dans l’escalier… », se remémore Damien qui est aujourd’hui le gardien du château et qui veille au quotidien à le maintenir en bon état de conservation. Il faudra près de quatre années de boulot et de travaux pour redonner à Mader sa superbe. → Une kyrielle d’artisans locaux a participé à la restauration Ensemble, propriétaire et employé redessinent et réalisent toutes les moulures. Pierre et Damien font, par ailleurs, appel à une kyrielle d’artisans locaux, la plupart gujanais, pour œuvrer sur le chantier. Ébéniste, plaquiste, plombier, maçon se succèdent. Petit à petit, pièce après pièce, étage après étage, la presque totalité du château est restaurée. Seul reste encore le sous-sol à achever. L’ensemble a retrouvé tout son

prestige d’antan. Mader, d’abord voué en 2016 à la location de tourisme, ne sert plus désormais qu’à accueillir des mariages. Et ça marche ! « Nous sommes complets depuis le printemps et jusqu’en novembre, semaines et weekends compris », note Fabien qui s’est transformé par la force des choses en wedding planner. Un métier qui n’a rien à voir avec la menuiserie d’art mais qui lui sied parfaitement. « J’adore m’occuper des gens afin qu’ils se sentent ici comme dans leur maison. Ils louent le château quelques jours et moi je me charge de gérer leur mariage de bout en bout : l’accueil des familles et amis, les repas, les soirées de fête, le bon déroulé des nuits, le ménage… » Le lieu, intégralement privatisable, peut recevoir jusqu’à 180 convives pour un repas en extérieur, 100 en intérieur. Il possède 7 chambres pour une capacité d’accueil de 22 personnes qui évoluera, d’ici l’an prochain, à 30 personnes pour 9 chambres. De nombreuses personnes s’interrogent sur VIVRE LE BASSIN

“J’adore m’occuper des gens afin qu’ils se sentent ici comme dans leur maison” Mader. Tous ceux notamment qui le longent en train ou en voiture depuis l’ancienne route nationale, rue Pierre Dignac. Peu connaissent vraiment son histoire. Peut-être certains Gujanais qui ont eu la chance de connaître des anciens propriétaires ou bien encore ceux qui ont eu l’occasion de jouer dans ses couloirs quand il était abandonné. Pierre Le Pendeven et son allié Damien, qui considère que le château fait désormais partie de lui, sont heureux de pouvoir le faire découvrir ou redécouvrir à tous les amoureux de vieilles pierres et amateurs de belles histoires d’amour aussi !


GREEN 5e partie

Tout le bio à la maison

La patronne du Panier de Pomone est une guerrière du bio. « J’étais rempli de colère », se souvient Nathalie Gidelle, lorsqu’elle a lancé son concept en 2017, « je voulais aider les gens à mieux manger, être dans la consom’action. » Dans son magasin, à La Teste, elle expérimente tous les modes de livraison, de distribution, de participation, de recyclage… « On fait tout ce qui n’existait pas et tout est à la carte », résume Nathalie. Comme le « blabla-cagette », où ce sont les clients qui peuvent en livrer d’autres dans leur quartier s’ils le veulent. Nathalie parcourt chaque semaine plus de 600 km pour s’approvisionner chez la trentaine de producteurs locaux bio, ramasse les tomates dans les champs, assure les livraisons le soir, met à jour le site internet… elle ne s’arrête jamais. Dernières trouvailles à venir : « Je vais essayer d’installer une table d’hôte, pour cuisiner sur place et manger ensemble, lancer des ateliers… » explique Nathalie. www.panier-pomone.fr ­– 06 45 47 77 23

© Xavier Davias

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VIVRE LE BASSIN


GREEN • Animaux de compagnie

“Le Chien du Bassin” soulage les animaux avec des produits naturels Raphaël Lagarde et Camille Carlier sont les deux vétérinaires à l’origine de l’entreprise le Chien du Bassin qu’ils ont créée au printemps dernier. Ils nous disent tout de leur histoire, de leurs valeurs et de leurs projets…

Camille, Raphaël, qui êtes-vous ? Nous sommes tous les deux vétérinaires et amoureux de la nature. Nous essayons d’adapter notre pratique de la médecine vétérinaire à nos valeurs et à nos choix de vie. Comme c’est l’endroit que nous préférons au monde, nous avons décidé de nous installer sur le Bassin pour créer l’entreprise qui nous ressemble, le Chien du Bassin. Racontez-nous votre histoire. Raphaël : J’ai terminé mes études de vétérinaire aux ÉtatsUnis où j’ai découvert une tout autre médecine. Une médecine ouverte aux alternatives : la physiothérapie, la phytothéra-

pie, l’hydrothérapie… alors qu’en France, nous commençons seulement en 2021 à l’envisager. Camille : Moi, je suis la touche écolo du duo ! Je suis bénévole dans des associations humanitaires de défense de l’environnement et de la protection animale.

Quelles sont vos valeurs ? On a choisi de lancer un produit à base de CBD français, du chanvre le plus local possible, produit à moins de 100 km du bassin d’Arcachon. Un chanvre 100 % bio issu d’une agriculture responsable. Un packaging le plus responsable possible : des étiquettes en papier recyclé, un flacon noir évitant les emballages (car les rayons lumineux ne traversent pas un flacon en verre noir). Pas de rajout de

Pourquoi avoir créé le Chien du Bassin ? Bien évidemment, il n’est pas toujours possible, dans nos pratiques, de ne passer que par des alternatives naturelles mais cela peut être complémentaire. Alors, nous avons commencé par utiliser du CBD (huile à base de cannabinoïdes) avec les animaux. Malheureusement,

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matière superflu, pas de rajout d’huile d’origine animale, pas de rajout d’huile d’origine végétale autre que celle issue du chanvre lui-même. C’est un produit que nous donnerions à nos animaux les yeux fermés. Comment commercialisez-vous ce produit ? Le CBD n’est pas un médicament et il ne saurait les remplacer. C’est un aliment bienêtre, un super-aliment. Le CBD est réglementé en France. Sa vente ne peut se faire par internet ou en magasin. Elle a besoin d’être encadrée et conseillée par des professionnels. Ainsi, il n’est revendu que par des vétérinaires. La plupart des cliniques vétérinaires du Bassin sont déjà nos partenaires et, progressivement, nous nous étendons à Bordeaux, la Nouvelle Aquitaine et toute la France ! AH

© DR

© DR

on ne trouvait que des produits étrangers, avec peu de traçabilité sur l’agriculture qui le produit. Or, la France est tout de même le troisième producteur mondial de chanvre ! Pourtant, en 2019, il était impossible de trouver un produit 100 % français et bio à destination des animaux. Aujourd’hui, c’est possible avec le Chien du Bassin !



GREEN • Engrais bio

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SVABA

la zostère, elle en fait son affaire

C’est une petite entreprise du Bassin qui exploite une richesse bien de chez nous : la zostère. SVABA récupère l’herbe marine échouée sur nos plages pour la transformer en engrais et « médicament » pour les plantes 100 % naturels. Sa petite sœur, la société Apiomarine recycle, elle, la zostère morte en produits cosmétiques. Texte & photos Armelle Hervieu

C’

est une herbe qui vaut de l’or. Une petite herbe naine qui pousse dans les faibles profondeurs du bassin d’Arcachon. Son nom scientifique est Zostera noltii, du grec zoster = ruban ou ceinture, et noltii en hommage à Ernst Ferdinand Nolte, botaniste allemand. Ici, sur le Bassin, on l’appelle souvent improprement varech même si notre zostère naine n’a rien à voir avec l’algue bretonne. La zostère est précieuse d’abord sur le plan écologique. Elle a un rôle essentiel pour le milieu aquatique. Elle contribue, par la photosynthèse, à l’apport en dioxygène

“L’ACIDE ZOSTÉRIQUE JOUE LE RÔLE D’ENGRAIS NATUREL” et en nutriments aux eaux du Bassin. Les herbiers de zostère constituent aussi des zones de reproduction, de nursery et des aires de nourrissage. Ils servent d’abri à divers animaux (crevettes, hippocampes, oursins…), favorisant une grande diversité biologique de nos eaux. Mais, les chimistes à l’origine de SVABA ont par ailleurs découvert que la zostère avait aussi un intérêt agronomique. Les deux frères bretons, qui ont créé SVABA avec

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Henry Corriols, le financier du projet, ont établi que cette espèce marine de plante à fleurs avait pour principale propriété de repousser bactéries et maladies, tout en stimulant la croissance des plantes. « L’acide zostérique qu’elle contient joue le rôle d’engrais naturel mais aussi d’antiadhésif. Il empêche les maladies d’accrocher aux feuilles », débute Henry Corriols avant de raconter l’expérience menée par sa société dans des rangs de vigne.


GREEN • Engrais bio

“NOUS ATTENDONS QUE LES ZOSTÈRES SE DÉTACHENT, COMME LES FEUILLES À L’AUTOMNE” « Nous avons traité 20 rangs de vigne avec nos produits faits à base de zostère, dans le saumur et le bordeaux. Il y a eu une attaque de mildiou et les pieds de vigne qui avaient été traités avec des produits chimiques ont été contaminés 15 jours avant ceux traités avec nos produits. » → Utilisée par des producteurs de bananes en Martinique La société SVABA a développé deux produits à partir de l’herbe marine qui s’échoue chaque été sur les plages du Bassin : Zostigreen, poudre à répandre au pied de la plante, et Zostim, liquide à pulvériser sur ses feuilles. Henry Corriols assure qu’il s’agit des seuls engrais 100 % naturels du marché. Zostim et Zostigreen sont commercialisés dans certains magasins de bricolage du Bassin ainsi que chez des fleuristes et ils sont aussi vendus, loin d’ici, à des producteurs martiniquais de bananes, désireux de tourner la page du chlordécone. Dès septembre, les quatre dirigeants de SVABA vendront en outre leurs produits en direct au consommateur, via leur nouveau site web et sur le lieu de

production, dans la zone industrielle de La Teste. La Teste qui est, soit dit en passant, la première commune du Bassin à avoir décidé d’utiliser Zostigreen sur ses plantations. Ainsi, au printemps 2021, la poudre de zostère a été répandue au pied des tapis de fleurs de la ville dans l’espoir de leur permettre de mieux lutter contre les maladies. Comment procède SVABA pour fabriquer ses produits ? De manière très artisanale, dans sa petite unité de production, avec un seul employé qui manipule des engins agricoles reconvertis. Concernant la ressource, Henry Corriols insiste sur le fait qu’il est strictement interdit d’arracher les zostères vivantes, dont les herbiers sont d’ailleurs en cours de régression sur le Bassin. « Nous attendons que les zostères se détachent, comme les feuilles des arbres à l’automne mais, pour ces herbes marines, la chute a lieu en été. » C’est la ville d’Arcachon qui livre SVABA en matière première. « Nous avons noué avec eux un partenariat. Ils nous donnent ce qu’ils ramassent. Nous trions et nettoyons. » La station balnéaire ne veut pas sur son littoral de ces feuilles

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que les touristes considèrent comme un déchet. « Avant, Arcachon emmenait les zostères ramassées à Libourne. Quand on s’est installés et qu’on leur a demandé de nous les donner, ils ne nous ont fait aucune difficulté ! », se réjouit Henry. Depuis, le partenariat dure même si certaines voix s’élèvent pour dire que la zostère échouée constitue un lieu de vie pour de nombreux insectes, comme les puces de mer dont se nourrissent les oiseaux. → Les utilisations de la zostère sont multiples « Nous travaillons à une échelle artisanale et nous valorisons uniquement ce qui est destiné à être jeté », conclut Henry Corriols avant d’énumérer les autres usages qui sont faits de la zostère naine échouée : des cosmétiques par la société sœur de SVBA, Apiomarine, qui fabrique sa propre crème Zosteram et qui revend son extrait de zostère au parfumeur Écume d’Arcachon pour sa crème hydratante, ainsi qu’à un laboratoire landais qui travaille pour Dior et Cacharel. Cette plante décidément « merveilleuse » aurait en effet aussi « des effets tenseurs sur la peau » !


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GREEN • L'amour des oiseaux

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OISEAU RARE

Mathieu Sannier a réalisé son rêve de gosse. Il est naturaliste à la LPO. Son boulot est de veiller sur les insectes et les oiseaux. En 2012, il a créé le festival de la bernache cravant, oie sauvage dont un tiers de la population mondiale passe l’hiver sur le Bassin. En 2019, il a aussi initié, avec Julie Brousse, le projet « Des hirondelles et des citoyens » à Mios. Texte & photos Armelle Hervieu

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GREEN • L'amour des oiseaux

Ma mère m’a dit que, quand j’étais petit, je voulais travailler à la LPO », relève, amusé, Mathieu Sannier. Objectif accompli pour le petit garçon amoureux de nature, né par erreur en région parisienne, devenu accompagnateur de montagne avant d’être recruté, en 2011, par la Ligue pour la protection des oiseaux en tant que guide/ani-

un pied dans tous les pôles. » Ainsi, quand il ne compte pas les punaises, les criquets, les bécasseaux ou les passereaux, le jeune homme apprend au grand public comment les reconnaître via des formations. Enfin, le naturaliste contribue à protéger certaines espèces de par certaines de ses actions…

“BIENTÔT UN ATLAS DES PAPILLONS D'AQUITAINE” mateur. Depuis quelques années, Mathieu se concentre de plus en plus sur les fondamentaux du métier de naturaliste. Son quotidien : se rendre dans la nature et effectuer des comptages de petites bêtes. Soit des insectes, soit des oiseaux, les deux étant liés, les seconds mangeant les premiers ! En fin d’année, Mathieu publiera à ce sujet, avec le Conservatoire des espaces naturels, un atlas des papillons qui présentera toutes les espèces présentes en Aquitaine. S’il fait beaucoup de terrain pour « accumuler de la donnée » et savoir quelles sont les espèces en danger, Mathieu passe encore un peu de temps au contact de ses congénères. « La LPO a trois missions : connaître, faire connaître et protéger. J’ai un poste atypique avec

→ Faire connaître la bernache En 2012, il a initié, avec la LPO, le festival de la bernache sur le bassin d’Arcachon. Depuis, l’événement a lieu tous les deux ans. Le prochain se déroulera en 2022. « J’ai créé ce festival pour mettre en valeur cet oiseau qui vient passer l’hiver sur le Bassin. Nous avons

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ici le plus grand rassemblement mondial de bernaches. Un quart à un tiers de la population totale de bernache cravant vient passer l’hiver sur le Bassin ! » Cette petite oie sauvage à la tête noire originaire de Sibérie est proté-


gée. Comme beaucoup d’autres oiseaux migrateurs, elle séjourne sur le Bassin, immense vasière à l’importance colossale pour ces voyageurs. « Ici, ils peuvent se reposer et se nourrir. Sauf, évidemment s’ils sont sans cesse déranger par les chiens non tenus en laisse ou par les bateaux », remarque Mathieu. Malheureusement, sans que l’on sache pourquoi, la bernache reste de moins en moins longtemps sur le Bassin. « Elle arrive fin septembre et repart de plus en plus tôt. Peut-être est-ce dû à la régression de la zostère [plante à fleur aquatique caractéristique du bassin d’Arcachon] dont elle se nourrit ? En tout cas, une étude de l’Ifremer a prouvé que, contrairement à certaines accusations, les bernaches ne sont pas responsables de la régression de la zostère », insiste Mathieu Sannier. Le naturaliste avance plutôt, comme causes plus probables de cette inquiétante régression, le changement climatique, les canicules et la pollution.

→ Compter les hirondelles Faire connaître et aimer les bernaches du Bassin n’est pas la seule mission de protection dans laquelle Mathieu s’investit. En 2019, il a lancé, avec Julie Brousse, sa compagne, son âme sœur, l’enquête Hirondelles à

“LA BERNACHE ARRIVE FIN SEPTEMBRE MAIS REPART DE PLUS EN PLUS TÔT”

Mios. « On a monté ça tous les deux. On voulait dresser un inventaire exhaustif des hirondelles de Mios, notre commune, avec ses habitants. On a réussi à mobiliser la population autour de ce projet. Plein de gens ont participé… », témoigne Mathieu avec beaucoup

d’émotion dans la voix. En 2020, Julie, qui s’est battue de toutes ses forces contre la maladie, a été terrassée par le cancer. Mios a érigé, depuis, une tour « Julie » pour que les hirondelles puissent nicher en plein centre-ville et pour que tout le monde se rappelle de cette jeune femme passionnée de nature et investie dans sa protection. Malgré la douleur, immense, Mathieu poursuit leur œuvre commune. En 2021, il a de nouveau demandé aux Miossais de compter les hirondelles et, avec l’aide de ses collègues de la LPO, des nids ont été fabriqués dans les écoles. Les nids doivent être installés à Mios avant le mois de mars pour l’arrivée des hirondelles. Et le projet « Des citoyens et des hirondelles » vient d’être doublé à Gujan-Mestras. La ville souhaite elle aussi connaître sa population d’hirondelles et la protéger.

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En ville et EN SILENCE

GREEN • Mobilité

La mobilité « verte » peut prendre plusieurs formes. Outre le 100 % électrique, tellement agréable en termes d’utilisation et de silence, la technologie hybride rechargeable peut s’avérer séduisante, à condition de jouer le jeu des recharges régulières. Dans ce cas, les trajets quotidiens se font sans brûler une goutte de carburant fossile et le rayon d’action, lors des départs en vacances, par exemple, reste celui d’une auto conventionnelle. Pas mal, non ? Texte Philippe Guillaume / Photos Constructeurs

VOLKSWAGEN ID.4 L’EXPOSITION UNIVERSELLE ! EN CHIFFRES Moteur : électrique, 204 ch Batteries : 77 kWh Autonomie théorique : 490 km Autonomie constatée : 450 km Tarif : à partir de 40 600 ¤

Dans la nécessité de faire oublier le « Dieselgate », Volkswagen développe à marche forcée une stratégie d’électrification. La marque allemande avait déjà séduit avec l’ID.3, au format d’une Golf, et enfonce le clou avec l’ID.4, au look SUV tellement à la mode de nos jours. Un look réussi, d’ailleurs, avec un Cx de 0,28, gage d’efficience aérodynamique. Avec son gabarit de 4,58 mètres de long, proche d’un Tiguan, l’ID.4 offre un bel espace intérieur grâce à l’implantation des batteries dans le plancher. La modernité continue à l’intérieur : plus besoin de clé de contact, on s’assoit, on presse la pédale de frein, et hop, comme par magie, l’auto est prête à démarrer. Ensuite, silence, confort,

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autonomie, capacité de recharge rapide : toutes les cases sont cochées. On apprécie la sensation de sérénité qui se dégage de l’ambiance intérieure et de cette conduite en douceur. Mention spéciale à l’affichage tête haute à réalité augmentée, qui donne une tout autre dimension au guidage du GPS, par exemple. L’offre ID.4 est large, avec des moteurs de 149 à 299 ch, et des batteries sde 52 à 77 kWh. Une version GTX, plus puissante, chapeaute la gamme. LE VERDICT : Elle a été élue « auto mondiale de l’année 2021 » et force est de constater que l’ID.4 est une vraie séductrice !


SUZUKI ACROSS TOUT TERRAIN

PEUGEOT 508 PSE

LE LION SORT SES GRIFFES 2.0

AUDI E-TRON SPORTBACK S

Plutôt spécialiste des petites autos (Jimny, Swift, Ignis…), fort réussies par ailleurs, Suzuki a développé pour sa propre gamme une technologie d’hybridation douce. Pour intégrer plus de batteries, la marque japonaise a signé un partenariat avec un autre spécialiste du genre : l’Across est donc une version rebadgée du Toyota Rav4 et il y a en réalité très peu de différences entre les deux autos. Le moteur thermique est ici secondé par deux moteurs électriques, alimentés par une batterie à la capacité fort généreuse, s’agissant d’une hybride rechargeable. Résultat : l’autonomie revendiquée est exceptionnelle, d’autant qu’elle se vérifie facilement sur le terrain. Par ailleurs, le confort est lui aussi de très haut niveau, de quoi faire de cet Across un choix très recommandable.

Oubliez le label GTI, popularisé par la 205 chère à la marque sochalienne : désormais, PSE (Peugeot Sport Engineering) prend le relais des autos performantes, car quand le lion sort ses griffes, c’est en mode 2.0 avec la technologie hybride rechargeable. Cette grande berline élégante, à l’allure soulignée de touches d’un « jaune kryptonite » qui évoque une forme de sportivité responsable, peut en effet se mouvoir sur ses propres batteries et parvient ainsi à échapper au malus. On retrouve avec plaisir l’ambiance intérieure à la fois chic et épurée, propre aux Peugeot de dernière génération, tandis que le confort de suspensions est absolument remarquable s’agissant d’un véhicule à la vocation un tantinet sportive. Cette 508 PSE est ainsi une redoutable routière.

Audi est d’abord entré dans la mobilité électrique avec le e-tron, un gros SUV mu par des batteries. Disponible en configuration classique 5 portes ou en Sportback, au hayon plus incurvé. De même, une version S, que nous avons eue à l’essai, vient coiffer la gamme et offre plus de dynamisme avec ses 503 chevaux. Une puissance plus que respectable, mais que, en réalité, on utilise peu souvent. D’abord parce que la quête d’autonomie incite à une conduite apaisée, ensuite parce que l’on ne décolle pas toujours au feu vert en ayant envie d’atteindre 100 km/h en 4,5 secondes, soit 1,2 de moins que l’e-tron standard. Reste une ambiance intérieure inimitable, un confort de très haut niveau, une tenue de route et un niveau de sécurité parmi les meilleurs.

LE VERDICT : En fonction de vos affinités, choisir cette Suzuki ou son alter ego de chez Toyota prodiguera le même service !

! EN CHIFFRES Moteur : hybride rechargeable, 306 ch Batteries : 18,1 kWh Autonomie électrique théorique : 75 km Autonomie réelle constatée : 70 km Tarif : à partir de 53 990 ¤

LE VERDICT : Avec cette griffe sportive, Peugeot s’affirme face aux traditionnels premiums allemands. La tenue de route est impeccable et l’autonomie électrique dans la norme.

CHIC ET DYNAMIQUE

LE VERDICT : Belle démonstration d’Audi avec cet e-tron S, qui allie prestance et dynamisme, en englobant le tout dans un niveau de confort remarquable. ! EN CHIFFRES

! EN CHIFFRES Moteur : hybride rechargeable, 360 ch Batteries : 11,5 kWh Autonomie électrique théorique : 42 km Autonomie réelle constatée : 40 km

Moteur : électrique, 503 ch Batteries : 95 kWh Autonomie théorique : 360 km Autonomie réelle constatée : 320 km

Tarif : à partir de 67 100 ¤

Tarif : à partir de 99 200 ¤

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SPORT & BIEN-ÊTRE 6e partie

Les chars repartent à l’assaut de la Salie ! La saison du char à voile recommence sur le Bassin. Après la pause estivale liée à la forte fréquentation du littoral, la saison de char reprend à la Salie avec l’Association sportive testerine (ast.buggycharavoile@gmail. com). La trentaine de licenciés du club vous invitent à les rejoindre, dès que le vent et la marée le permettent, pour rouler, poussé par le vent sur cette belle plage océane qui se prête particulièrement bien à la pratique de ce sport plus connu sur les plages du nord de la France que le long de la côte atlantique. Sensations fortes garanties sans trop d’effort. Le char à voile est accessible à tous, dès l’âge de 12 ans (il faut juste être suffisamment grand pour toucher les pédales !) et quelle que soit sa forme physique. Le plus ancien des licenciés de l’AST char à voile est âgé de 77 ans ! AH

© William Rey

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SPORT • Pilotage de pro

Des drones oui, MAIS À I00 À L’HEURE Swann Faydi et Lucile Gravelier, de l’entreprise Drone Eye, proposent des images spectaculaires.

© Drone Eye

© Drone Eye

© Drone Eye

Texte & Photos Patrice Bouscarrut (sauf mentions)

L’

utilisation des drones s’est généralisée, popularisée. Souvent sur la plage, on entend ce bourdonnement caractéristique, on lève les yeux et l’on découvre ce gros insecte qui prend des images avec de la hauteur. Dans ce contexte, il fallait être gonflé pour en faire son métier. Swann Faydi et Lucile Gravelier viennent de créer Drone Eye, leur entreprise de production audiovisuelle autour d’images de drone. Et en seulement trois mois d’existence, le jeune couple de 25 ans croule déjà sous les projets et réalisations pour les entreprises et les collectivités. Leur recette : ne pas faire comme les autres et utiliser de vrais bolides des airs. Leurs drones de course (FPV) passent de 0 à 100 km/h en 1 seconde. Donc pas vraiment à la portée du public amateur, ce qui permet d’obtenir des vidéos sidérantes. « On voit vraiment la différence dans nos images, assure Lucile, on peut faire des gros dives, des loopings, des plongeons… tout en obtenant des images très stabilisées. On ne se bloque sur aucun projet, on peut tout faire. » Bref du travail de pro. → Il pilote, elle monte Si Lucile s’occupe pendant des heures du montage des images, c’est Swann, télépilote professionnel diplômé de l’aviation civile, qui est aux manettes de

“ON PEUT FAIRE DES LOOPINGS TOUT EN OBTENANT DES IMAGES TRÈS STABILISÉES” ces bêtes de course. Un pilotage entièrement manuel et très précis. « Si je lâche la télécommande, le drone tombe comme une pierre », résume Swann qui s’est déjà fait quelques grosses frayeurs malgré sa maîtrise. Et pour suivre les péripéties de ce drone high-tech en temps réel, le pilote utilise un casque immersif. Parfois lors de ses entraînements quotidiens, histoire de ne jamais perdre la main, il propose aux passants de regarder dans un second casque de contrôle. Sensations extrêmes garanties. On a l’impression d’être dans le cockpit d’un avion de chasse.

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→ Il relève les défis Calme en toutes circonstances, Swann s’éclate à piloter et relève tous les défis demandés par les clients. Parmi leurs petits bijoux à découvrir sur leur Instagram (droneeyevideo) ou leur site, des images inédites du phare du Cap-Ferret, collection été 2021 de « Iconic Mood », de la pinasse Altaïr, des reportages à 100 à l’heure avec des quads, des motocross, des drifts… rien ne les arrête. — www.droneeye.fr


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bien-être • Pratiques douces

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-Être e club Bien L RENAÎT DE SES CENDRES Le club Bien-Être, espace de vie créé pour et par une trentaine de thérapeutes du Bassin, avait pris feu en février dernier, rendant orphelins clients et praticiens. Sophie Piccolo, responsable de la structure, a réussi le tour de force de retrouver un espace en un rien de temps pour accueillir le nouveau club à Gujan, 15 avenue de l’Actipôle. Texte & Photos Armelle Hervieu (sauf mentions)

© Club Bien Etre

Sophie Piccolo est informée qu’un espace se libère 15 avenue de l’Actipôle, dans la zone industrielle de Gujan. Évidemment, de loin, le lieu ne fait pas rêver. « Mais nous avons reconstitué ici notre cocon, avec un espace pour les thérapies individuelles et une grande salle pour les pratiques collectives. » Si certains des anciens du club ont continué leur bonhomme de chemin tout seuls en trouvant de nouveaux lieux de pratique, un grand nombre d’entre eux sont heureux de pouvoir exercer dans le nouveau club Bien-Être. → Une vingtaine d’activités proposées Sur place, une vingtaine d’activités différentes sont proposées. « Toutes sont complémentaires et enseignées par des professionnels diplômés ou certifiés », assure Sophie Piccolo. On ne vous fera pas d’inventaire à la Prévert mais sachez tout de même que vous pourrez découvrir l’intégralité de l’offre sur le site leclubbie-

netre.fr. Qu’il s’agisse de yoga, de pilates, de méditation, de musicothérapie… ou de danse récréative, toutes ont le même objet : vous faire du bien. Sophie Piccolo en est persuadée : « Notre société génère beaucoup d’anxiété et nos modes de vie beaucoup de stress. Or, la médecine conventionnelle n’a pas réponse à tout. Bien sûr, nous ne sommes pas là pour nous y substituer mais pour proposer un accompagnement complémentaire aux gens. » La professeure de yoga constate d’ailleurs que de plus en plus de médecins font appel à ses services pour aider des patients en difficulté. Sophie Piccolo est si heureuse, aujourd’hui, de pouvoir accueillir de nouveau tous les habitants qui souhaitent prendre soin d’eux dans ce nouveau lieu ! Travailler ensemble, cocréer, co-accompagner est désormais son credo ainsi que celui de tous les praticiens du club dont la maxime tient en quelques mots : « Tout seul on va plus vite. Ensemble on va plus loin. »

© Club Bien Etre

I

l était parti en fumée quelques mois seulement après sa création. Telle une plante coupée en pleine floraison, le club Bien-Être avait à peine eu le temps de vivre sa vie qu’on le donnait déjà pour mort. C’était sans compter l’opiniâtreté et l’énergie de sa créatrice, Sophie Piccolo. Cette professeure de yoga, ex-business woman, en a vu d’autres dans sa carrière même si ce coup-là a été très dur ! « Je tenais beaucoup à ce lieu de partage et d’ouverture que nous avions coconçu avec les praticiens du Bassin. Quand il a brûlé, en février, six mois seulement après son ouverture, ça a été très violent à vivre. » Sophie se demande un temps si elle va repartir. Après tout, elle a déjà son studio de yoga à Arcachon. Mais la dynamique du club Bien-Être est trop forte et les liens noués avec les autres praticiens trop précieux pour que l’ancienne cadre à l’international et mère de famille renonce. Après un ou deux rendez-vous en haut lieu,

“TOUTES LES ACTIVITÉS SONT COMPLÉMENTAIRES ET ENSEIGNÉES PAR DES PROFESSIONNELS DIPLÔMÉS OU CERTIFIÉS” VIVRE LE BASSIN


bien-être • Ostéopathie

Benoît Laville VOIT AVEC SES MAINS Beaucoup le considèrent comme le meilleur ostéopathe du Bassin. D’autres comme le meilleur judoka. Benoît Laville ne voit presque plus, car il est atteint de rétinite pigmentaire depuis plusieurs années mais cela ne l’empêche pas d’exceller dans son métier, comme dans sa passion. Texte & Photos Armelle Hervieu (sauf mention)

B

enoît Laville a grandi entre l’Afrique et le Bassin. Son père était médecin militaire, originaire du quartier de l’Aiguillon à Arcachon. « On a séjourné de nombreuses fois avec ma famille au Tchad, au Burkina, au Cameroun, au Gabon… mais, chaque fois, entre deux missions, on revenait à Arcachon. J’étais scolarisé ici, à l’école des Abatilles. » À deux pas de son cabinet d’ostéopathie aujourd’hui ! Après avoir lui-même un peu bourlingué en France, c’est tout naturellement que Benoît Laville est revenu poser ses valises au bord du Bassin. « J’aime sa tranquillité, même si elle est désormais toute relative en été… J’aime traverser le Bassin à la nage [il participe régulièrement à la TransOstréa] et puis je suis licencié depuis des années au dojo gujanais. » Ce club est un peu comme sa seconde famille. Le président, Bernard di Mercurio, est son ami. « Nous avons passé en même temps notre 6 e dan à Paris il y a deux ans [le 6 e dan de ceinture noire est le premier palier des haut gradés de judo]. » → Ce que ses yeux ne peuvent voir, ses mains le sentent Malgré la maladie dégénérative des yeux dont il souffre, Benoît Laville n’a jamais cessé de pratiquer sa passion. « Le judo, je suis tombé dedans quand j’étais tout petit. À l’âge

de 6 ans, en voyant mon grand frère pratiquer, j’ai dit : c’est ça que je veux faire. » Et, depuis, il n’a jamais cessé de se rendre sur les tatamis, quels que soient les obstacles. Ainsi, son

“L'APPROCHE DE L'OSTÉOPATHIE EST HOLISTIQUE” handicap n’empêche pas Benoît Laville de préparer les meilleurs judokas du Bassin au passage de leurs grades. Sa plus grande chance, c’est que son sport soit un sport de contact ! Comme son métier qui est

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aussi un métier de contact, au sens propre comme au sens figuré. Ce contact humain, c’est d’ailleurs l’une des choses qu’apprécie le plus l’ostéopathe arcachonnais. « J’aime la relation à l’autre et puis aussi soulager la douleur des gens. Je ne supporte pas la souffrance. » Ses clients disent qu’il a « quelque chose en plus dans les mains ». Il le reconnaît : « J’ai peut-être une approche et un toucher différent du fait de ma cécité partielle. Interroger le corps avec les mains, c’est la base du métier d’ostéopathe mais j’ai été obligé de développer encore plus mon toucher en perdant la vue. » → Halte à la douleur Tout ce que souhaite Benoît Laville, c’est aider son prochain, « faire en sorte qu’il souffre moins ». Dans son cabinet, il reçoit énormément de gens bloqués du dos. « C’est le mal du siècle. Mais il faut parfois aller chercher plus loin. Il y a énormément de douleurs projetées. Il faut aller chercher la source. » Entorses, migraines, douleurs articulaires… Benoît Laville prend toutes sortes de pathologies en charge. « La force de l’ostéopathie est de prendre le patient dans son ensemble. Son approche est holistique. Notre corps est une unité fonctionnelle qui n’est pas dissociée de l’esprit. » D’où le fait que les chocs émotionnels puissent entrainer des lésions corporelles.


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bien-être • Recherche

RÊVE D’UNE CRÈME SOLAIRE SANS FILTRE Le parfumeur arcachonnais Dominique Bourdier travaille à la création, pour l’été prochain, d’une crème solaire principalement basée sur des actifs végétaux photo-protecteurs afin d’éviter au maximum les filtres chimiques qui polluent l’environnement quand ils ne sont pas, en outre, toxiques pour l’homme. Texte & Photos Armelle Hervieu

Le problème avec l’Europe, c’est qu’elle nous impose, lorsqu’on veut créer une crème solaire, d’utiliser des filtres soient chimiques soit minéraux », explique d’emblée Dominique Bourdier, petit-fils de Jean Bourdier qui a donné naissance

en 1933 au parfum Écume d’Arcachon. En digne héritier de son grand-père, Dominique voudrait parvenir à se passer de ces filtres qui sont toxiques soit pour l’environnement, soit pour l’homme, soit pour les deux. Il voudrait, comme son aïeul, pouvoir

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utiliser uniquement des éléments naturels, mais non moins efficaces, pour composer sa recette. Comme il le fait déjà pour ses crèmes, huiles et sérums, le parfumeur arcachonnais veut aller puiser dans les ressources locales, notamment, pour proposer


“IL FAUT ABSOLUMENT S’INSPIRER DE LA NATURE”

un produit de qualité qui stimule les défenses de la peau face au soleil. Il cite entre autres plantes photo-protectrices la zostère du Bassin, « un anti-photosensibilisant naturel », ou encore le germe de blé « qui protège des UV », mais aussi le pépin de raisin et les aiguilles ou l’écorce de pin. « Le pin utilise lui-même ses propres produits actifs pour se protéger du soleil. » Et Dominique Bourdier de conclure : « Il faut absolument s’inspirer de la nature. » → Des filtres cancérigènes quand ils vieillissent L’homme a cessé depuis longtemps de faire confiance aux grands laboratoires pharmaceutiques et cosmétiques pour lesquels il a longtemps travaillé quand

il était ­parfumeur. Surtout lorsqu’il a pris conscience, avec amertume, que ces firmes pouvaient, en toute connaissance de cause, prendre le risque de rendre malades leurs clients. Il cite notamment l’un des effets pervers possibles des produits solaires vendus dans le commerce par de grandes marques et conservés trop longtemps : « En vieillissant, l’octocrylène de certaines crèmes se transforme en benzophénone. Un produit cancérigène. » Le professeur de la Sorbonne Philippe Lebaron, auprès duquel Dominique Bourdier s’est énormément documenté, argue même du fait que ces produits sont des perturbateurs endocriniens qui provoquent des altérations et mutations génomiques et épigénétiques ainsi qu’un dysfonctionne-

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ment mitochondrial qui peut contribuer à l’apparition de maladies chroniques… Tout cela, Dominique Bourdier n’en veut pas. Il veut pouvoir appliquer un produit solaire sur la peau de son fils de 7 ans sans trembler pour lui et pour la qualité des eaux de ce bassin d’Arcachon qu’il aime et qui l’a vu naître. Alors, le parfumeur arcachonnais, qui a déjà sorti une ligne courte de cosmétiques écoresponsables composés à plus de 97 % d’actifs naturels, veut innover. Avec le laboratoire rochelais qui est son partenaire, il s’évertue à inventer cette solution nouvelle pour protéger nos peaux du soleil sans nous empoisonner. Dominique Bourdier espère sortir ce nouveau produit avant l’été prochain. À suivre !


Enfants 7 e partie

Le yoga des kids ! Cela fait plus de dix ans que Cécile Lucot enseigne le yoga aux enfants. Cette ancienne journaliste reconvertie en enseignante est tombée amoureuse du yoga en le pratiquant. À la naissance de son fils, comme une évidence, elle a voulu transmettre son savoir aux enfants pour les aider à se sentir mieux dans leur corps et à gérer leurs émotions. Dans son studio arcachonnais, Shanti Yoga, elle dispense ainsi des cours à l’année et pendant les vacances scolaires. Tous les enfants sont accueillis : avant 4 ans, lors de cours parents/enfants et ensuite par groupes d’âge. Le principe est toujours le même avec les petits, il faut que ce soit ludique ! Ainsi, Cécile les embarque dans des « yoga aventures » au cours desquelles les jeunes participants croisent toutes sortes d’animaux qui sont autant de prétexte pour exécuter des positions. Au programme aussi, des exercices de respiration et de relaxation qui sont autant d’outils pour permettre aux petits de gérer au mieux les soucis de la vie ! AH

© Cécile Lucot

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ENFANTS • Initiative

Déchets sur l es p l ages HIPPO ÉCO NOUS

MONTRE L’EXEMPLE

C’

→ Employés de la ville talentueux et enfants motivés Non content d’être beau, Hippo Éco se veut aussi utile. Cet élégant animal érigé vers le ciel à l’entrée de la plage du Petit Nice, où l’on retrouve souvent des montagnes de déchets après les grandes marées, parle de lui-même. Le pauvre bestiau a en effet la tripaille remplie de plastique, comme quasi toutes les espèces qui vivent dans la mer aujourd’hui d’ailleurs. Hippo Éco est là pour montrer à tous qu’il faut arrêter de laisser traîner ses bouteilles et ses emballages derrière soi. À ses pieds, des bacs de tri ont ainsi été installés pour permettre aux visiteurs du littoral testerin de jeter facilement et dans la bonne poubelle leurs déchets. « Cet été, les gens ont globalement joué le jeu. Ils y ont mis leurs plastiques »,

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est une sculpture en forme de symbole qui a été installée en juin face à la plage du Petit Nice à La Teste. Elle a été construite par les petites mains agiles du service Culture de la ville et nommée Hippo Éco par les enfants du Conseil municipal des jeunes qui ont contribué à sa fabrication. Cet hippocampe de métal dont le corps est rempli de bouteilles en plastique est là pour rappeler à chacun la nécessité de trier ses déchets, même en vacances et même à la plage !

“CET ÉTÉ, LES GENS ONT JOUÉ LE JEU. ILS Y ONT MIS LEURS PLASTIQUES” témoigne Angélique Tilleul, adjointe à l’Environnement de la ville de La Teste. « C’était notre but au maire et à moimême quand on a lancé l’idée de cette structure géante en décembre dernier. » Les employés de la ville se sont emparés du projet avec zèle et talent. Géraldine, du service Culture, a ainsi conçu et réalisé la sculpture. Les enfants du

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CMJ l’ont aidée en allant récupérer les bouteilles de plastique vides dans les accueils de loisirs de la commune. Cette œuvre collective est la première étape d’une démarche environnementale plus globale que veut mener la capitale du Bassin afin de respecter au mieux la charte « ville sans plastique » à laquelle elle a adhéré en 2019. AH


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ENFANTS • Jeu de société

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C yril Jouhannet INVENTE J’EMME, L’AMUSANT STRATAGÈME Cyril Jouhannet a eu mille vies avant de devenir testerin. Enfant mexicain, jeune barman dans les îles, globe-trotteur sac à dos, papa à domicile, prof de langues, traducteur puis concepteur de jeux, cet épicurien confie que « c’est créer qui le rend heureux ». Sa nouvelle création s’appelle J’emme, excitant jeu de stratégie à consommer en famille. Texte Armelle Hervieu Photos DR

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es jeux, Cyril Jouhannet en conçoit sans cesse dans sa tête. « Mon père fut prof d’échecs et moi j’ai toujours aimé les casse-têtes », s’amuse ce grand garçon devenu papa qui n’a de cesse, depuis, de mettre au monde de nouvelles idées pour amuser son fils. J’emme est toutefois la première de ses créations à être commercialisée. En octobre, elle sera en vente dans les magasins de jouets français. Grâce à son éditeur, David Perez, Cyril Jouhannet est parvenu à convaincre le banquier de l’aider à se lancer. « On l’a fait jouer et, comme tous ceux qui jouent avec J’emme, il s’est amusé ! » J’emme, jeu de mots signifiant « j’aime jouer avec des gemmes », plaît à tous selon son concepteur et président de la société éditrice Ouimba Games. « Il est simple à comprendre et en même temps excitant car il faut tantôt s’associer avec ses voisins et tantôt les trahir. Vos ennemis peuvent devenir vos alliés en très peu de temps ! » Non content d’être drôle et efficace – les parties se jouent en 10 à 20 minutes

max – J’emme se veut aussi écolo. Conçu à La Teste, il est entièrement fabriqué en Europe et sans plastique : carton pour la boite, verre pour les gemmes, tissu pour le tapis de jeu. → « Donner le sourire aux gens » L’ambition de Cyril Jouhannet, avec ce premier jeu, est de donner « le sourire aux gens ». Si J’emme trouve son public, le créateur a déjà plein de petits frères en stock, dans sa tête et sur son ordinateur : un jeu d’échecs médiéval, un scrabble bilingue et le Solaris, inspiré du calendrier aztèque. Car l’ailleurs n’est jamais bien loin avec Cyril qui s’est toujours nourri de voyages. « J’ai grandi dans les Caraïbes, puis au Mexique, à Mexico. Ensuite je suis parti étudier à Strasbourg… » Contraste violent mais nécessaire pour apprendre son premier métier : professionnel de la restauration. Il embarque dans la foulée comme barman sur des bateaux de croisière avec au menu Turk and Caicos, Bahamas,

Antilles, Bermudes… Puis il s’offre une année sabbatique et parcourt à pied et en stop l’Amérique, du Canada au Guatemala. Il reprend en suivant des études d’hôtellerie en Suisse, est recruté dans les plus grands palaces parisiens et repart travailler dans les îles ! Il en habite 25, de Saint-Barth à la Nouvelle Calédonie en passant par Bora Bora et les Seychelles où il songe un temps s’installer pour de bon. Dès qu’il le peut, il vit avec les tribus locales. Des expériences si riches et intenses qu’il en pleure encore en voyant des images de ces peuples ancestraux. Si le retour en France est douloureux pour l’homme, il est heureux pour le père qui quitte la restauration et se lance dans l’enseignement à domicile « pour pouvoir voir grandir son fils ». Avec Ouimba Games et son premier jeu, J’emme, Cyril Jouhannet s’apprête à écrire une nouvelle page de sa vie. Heureux et excité, tel l’enfant qu’il n’a jamais cessé d’être. — ouimbagames.com

“J’EMME EST SIMPLE ET EXCITANT, CAR IL FAUT TANTÔT S’ASSOCIER AVEC SES VOISINS ET TANTÔT LES TRAHIR” VIVRE LE BASSIN


ENFANTS • Cueillette

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Un régal pour les enfants

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Quoi de plus amusant quand on est gamin que d’aller cueillir soi-même framboises, myrtilles, fraises… directement en plein champ ? C’est ce que permet la ferme Saint-Henri, installée depuis 24 ans à Gujan. Du printemps jusqu’à l’automne, elle offre le fruit de sa terre en vente directe aux familles du Bassin qui ont envie de voir comment pousse ce qu’elles mangent. Texte & photos Armelle Hervieu

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ENFANTS • Cueillette

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maginez vos enfants gambadant entre les rangs de tomates, un panier à la main, ramassant les plus beaux spécimens pour la sauce pizza de ce soir ! Mais, vous n’avez pas la main verte et vous n’aimez pas le jardinage… Vous vous dites donc qu’il vaut mieux être réaliste et filer avec eux au supermarché. Mais, non ! Grâce à la ferme Saint-Henri, pas besoin de savoir jardiner pour pouvoir manger de bons fruits et légumes cueillis directement dans un grand

“LES FIDÈLES VIENNENT, DÈS LE PRINTEMPS POUR NOS ASPERGES” « potager ». Située sur la gauche quand on emprunte la route de Sanguinet en partant de Gujan, la ferme Saint-Henri a ouvert ses portes en 1997. « C’est mon beaupère qui a acheté l’exploitation. Mon mari, Marc, l’a reprise et nous travaillons aujourd’hui avec ses deux frères, Édouard et Charles, qui se chargent de la commercialisation sur les marchés », témoigne Stéphanie, responsable de la partie vente directe. Une jolie histoire de famille qui semblait presque écrite d’avance ! En effet, les propriétaires se nomment Henry et la parcelle de terre achetée pour y établir la ferme est située « lieu-dit Saint-Henri »… Un signe du destin !

→ Transparence totale Après un démarrage en grandes cultures et une vente de la production aux grossistes, le père de Marc Henry fait le choix de vendre en direct aux consommateurs. Un pari osé il y a vingt ans

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car cela se faisait peu à l’époque. « Au départ, quand on avait cinq clients dans la journée, on était contents ! », se remémore avec amusement Stéphanie. Désormais, la ferme est visitée chaque année par des centaines de clients, lorsqu’elle est ouverte au public, entre mars et octobre. Les habitués ont fait circuler l’info par le bouche-à-oreille, car la ferme ne fait aucune publicité. « Nous avons maintenant une clientèle fidèle qui vient, au printemps pour nos asperges puis tout l’été pour nos fruits et nos tomates », confie la femme du maraîcher en chef. Outre la vente directe dans leur magasin, la ferme Saint-Henri a aussi décidé de proposer à ses clients la libre cueillette. Un choix parfois contraignant pour ses responsables car il faut que les rangs soient sans cesse entretenus et puis il faut aussi repasser


derrière les clients pour cueillir ce qu’ils n’ont pas cueilli. Mais, un choix de cœur qui permet de montrer, en toute transparence, ce que l’on fait. « Nous pratiquons l’agriculture raisonnée. On met le moins de choses possible dans nos champs et 85 % des produits que l’on utilise sont ceux de l’agriculture bio. Je dis souvent aux gens que la meilleure preuve de la qualité de notre travail, c’est le fait qu’ils soient dans nos champs. Cela prouve que l’on n’a rien à cacher ! » → Le compost est produit sur place Et ça marche ! Surtout auprès des familles qui viennent nombreuses

et de loin (parfois depuis Bordeaux !) pour faire leurs propres récoltes. « Nous sommes les seuls en Gironde à proposer la cueillette à la ferme », précise Stéphanie. À la ferme Saint-Henri, on trouve non seulement tous les fruits et légumes produits sur place mais aussi d’autres variétés venues d’exploitations qui travaillent en collaboration avec les Henry. Les produits de la ferme gujanaise sont par ailleurs vendus sur les marchés du Pays basque où les commercialisent Charles et Édouard ainsi qu’au marché de La Teste, tous les jeudis matin. Si vous n’avez pas le temps d’aller les cueillir sur place, venez donc retrouver ces fruits et légumes produits localement sur les étals du plus gros marché du Bassin ! Pour ce qui est de la cueillette en direct, ne tentez pas votre chance cet hiver ! Elle s’achèvera en octobre et reprendra en mars, par les asperges. Entre-temps, les Henry ne chômeront pas. Il leur faudra repiquer carottes, pommes de terre… et fabriquer leur propre compost avec tous les déchets végétaux générés par la ferme.

“NOUS SOMMES LES SEULS EN GIRONDE À PROPOSER LA CUEILLETTE”

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L’humeur du moment Illustratrice et graphiste parisienne, Laure Cozic est aussi maman de deux petits chérubins-diablotins qui l’inspirent beaucoup pour les pastilles humoristiques de son compte Instagram. Elle sort ces jours-ci avec Marion Escot Le Guide des réparties anti-relous (éd. Les insolentes), un manuel rigolo pour faire face aux attaques sexistes du quotidien. Pour Vivre le Bassin, elle fait un petit clin d’œil forcément facétieux à l’actu du moment !

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