Vivre le Bassin 1

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Nº1

Piraillan

Biganos

La Teste-de-Buch

P.16

P.98

P.46

LE REPOS DE GÉRARD RANCINAN

RENCONTRE AVEC LA FÉE DES FORÊTS

DANS L’ATELIER D’UN MAÎTRE VOILIER

– VIVRE LE BASSIN – TRIMESTRIEL – MARS / AVRIL / MAI 2021 –

Andernos

Les secrets DES MOULINS

LA SECONDE VIE DES OBJETS D’OCCASION

Les GENS DU JARDIN acteurs du changement

À GUJAN-MESTRAS

DU BASSIN

Portfolio

EMMANUEL FAZEMBAT Le chamane du Bassin

Enfants

IL FAIT DOUX À LA FERME DU LOUP

Le magazine des gens du Bassin ! L 11962 - 1 H - F: 3,50 € - RD


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édito • Vivre le Bassin 1

Vivre

ou plutôt revivre comme avant… nous y aspirons tant à l’heure où sort ce premier magazine qui aura attendu près d’une décennie pour être enfin lancé… À mon arrivée à La Teste, jeune éditeur de presse, j’avais bien tenté de marier le papier et le Bassin. Déjà, La Gazette en 2012, puis Voyager Ici & Ailleurs spécial bassin d’Arcachon en 2014… puis s’ensuivirent, chaque été, des numéros de Vivre Bordeaux consacrés au bassin d’Arcachon mais jamais un magazine entièrement dédié aux gens du Bassin, à ceux qui l’inventent, qui l’animent et le font vivre au quotidien.

Le

jour est enfin arrivé ! Il faut dire que la région ne se dompte pas aisément… Il faut montrer patte blanche pour faire sien le Bassin, il faut l’apprivoiser, lui donner pour qu’il vous rende. Et ils sont nombreux ses habitants à créer, à donner… Dans ce numéro, nous avons rencontré Valérie qui transmet sa passion lors de visites guidées animées, Mathie, jeune prodige du bodyboard qui flirte avec l’océan, Marion, créatrice de la charmante et ressourçante Ferme du loup. Nous avons également pénétré l’antre d’un maître voilier, retracé l’histoire des moulins du Bassin… Sans oublier de donner la parole à Jeanne, Isabelle, Cyril, Charlotte, Aurélie, Marion… Tous ont un point commun, ils sont profondément épris du Bassin !

Bassin

Pour écouter la chanson "Le Bassin d’Arcachon” de Ric Ridol’s scannez ce QR Code

un jour, bassin toujours ? Je le crois vraiment. Dans les années 70, Gérard Liotier alias Ric Ridol’s fredonnait cet air entêtant : « Est-il des coins plus enchanteurs sur Terre, que les bords de notre si beau Bassin ? Des lieux charmeurs où l’on ne peut que se plaire. Un climat doux, du vent frais, un air très sain… » Et il avait raison ! Que l’on vive au nord, au cœur ou au sud, le bassin d’Arcachon est un havre de paix qu’il faut protéger, une ode à nos cinq sens… Et même si à l’heure où j’écris ces quelques mots, le goût et l’odeur ne m’ont toujours pas été rendus, il me reste toujours le bonheur de contempler ces ciels chaque jour différents, d’entendre l’océan gronder au loin et de toucher le doux sable de nos plages océanes… Merci le Bassin !

Retrouvez l’actualité au quotidien sur : Facebook: facebook.com/vivrelebassin Instagram: instagram.com/vivrelebassin

Je vous souhaite un printemps régénérant ! Yann Crabé

N° 1 – PRINTEMPS 2021 / Prochain numéro mi-juin

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Directeur de la publication Rédacteur en Chef Yann Crabé (infos@vivrelebassin.fr)

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VIVRE LE BASSIN 501 avenue Gustave Eiffel 33260 LA TESTE-DE-BUCH

Administration et finance : Marjorie Batikian (marjorie@vivrelebassin.fr)

Direction artistique & Design graphique Grand National Studio (hello@grandnationalstudio.com) RÉDACTION : Journalistes & photographes Pauline Boucher, Patrice Bouscarrut, Xavier Davias, Philippe Guillaume, Armelle Hervieu, Sabine Luong, Pascal Bataille Secrétaire de rédaction Isabelle Calmets

ABONNEMENTS : VIVRE LE BASSIN www.editionsvivre.fr Tél. : 01 58 88 37 00 (du mardi au jeudi 10 h-12 h / 14 h-17 h) VIVRE LE BASSIN est édité par CAPITALE PUBLISHING SARL de presse au capital de 5 000 € Siège social : 55 boulevard Péreire 75017 PARIS RCS Nanterre 517 815 908 Gérant : Yann Crabé

VIVRE LE BASSIN

PUBLICITÉ & PARTENARIAT: Responsable publicité Karyn Juge : 06 20 68 88 66 karyn@vivrelebassin.fr DISTRIBUTION FRANCE : MLP Numéro commission paritaire : 1121 K 92550 ISSN : 2416-9609 Imprimerie : ROTIMPRES Girona, Espagne

La reproduction, même partielle, des textes, photos et illustrations est interdite sans l’autorisation de CAPITALE PUBLISHING. Le contenu des textes n’engage que la responsabilité de leurs auteurs respectifs. Photo de couverture : Armelle Hervieu Remerciements : Isabelle, Aurélie et Charlotte des Gens du jardin


© Patrice Bouscarrut

SOMMAIRE • Vivre le Bassin 1

© Sabine Luong

© Patrice Bouscarrut

16

34

52

08 CULTURE 12 Valérie Sutra

Un chef gastro sur les routes

nous donne le goût du Bassin

36 Aliment-Terre

16 Gérard Rancinan

Ils veulent nourrir le Bassin

Le repos du guerrier

40 MER

24 Danza

44 Mathie Goujon

L'école des sœurs danseuses

26 FOOD

© DR

34 Emmanuel Gonçalvez

De la peur à l'amour des vagues

46 Starvoiles

32 Kalalahti

Dans l'atelier du maître voilier

Le « savoir-fumer » finlandais

50 L'Audengeois

46

004/116

Denis Ruiz ou le génie maritime

52 DOSSIER Les moulins du Bassin Le pays de Buch au temps des moulins

60 PORTFOLIO Emmanuel Fazembat Le troisième œil

70 MODE & DÉCO

70 Atelier MF Reine de la lumière vintage

73 Oh Les Jolis Ouverture d'un nouveau showroom



© Day2505

SOMMAIRE • Vivre le Bassin 1

© Armelle Hervieu

98

© Armelle Hervieu

102

86

76 Brigitte Boulet

94 SPORT & BIEN-ÊTRE

104 ENFANTS

Des perles de culture

96 Christelle Gauzet

C'est quand le bonheur

80 GREEN

De Koh Lanta à Défi d'elles

Il est urgent de reconnecter les enfants à la nature

84 Les huîtres MarGo

98 Sylvothérapie

L'abajouriste du Pyla

78 Les 12 de Larros

Les premières huîtres bio du Bassin

86 Les Gens du jardin © Patrice Bouscarrut

gagnent à être connus

88 Sème 104

Le grain de folie bio

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Et si on allait se baigner en forêt ?

102 Le Petit Atelier Un salon de coiffure Solid'hair

107 Le Bassin des petits 108 Frédéric Plénard

110 Ferme du loup Un endroit à croquer

114 LE BASSIN DE

Le billet de Pascal Bataille



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© Carole Malaval


CULTURE 1re partie

Le bestiaire de Kako bientôt édité en abécédaire

Son petit frère l’appelait Kako. Devenue grande, ce surnom lui colle toujours à la peau. Carole Malaval l’a choisi comme pseudo. La jeune femme a toujours dessiné mais c’est au contact de l’artiste bordelais Jean-Pierre Beyries qu’elle a un coup de foudre pour la sanguine. Cette famille de pigments de couleur terre lui rappelle Mayotte où elle a vécu : « Pour moi, c’est la couleur de la nature. » En cherchant un cadeau pour le fils de sa meilleure amie, elle se lance dans un abécédaire en forme de bestiaire. Kako joue avec la première lettre du nom de chaque animal et dessine 26 portraits : Basile le bonobo, Léopold le lion, Félix le fennec… Chaque planche de dessin est accompagnée d’un texte, pour que les enfants apprennent tout en s’amusant. Kako, qui recherche un éditeur pour son projet, assure : « On protège ce que l’on connait et ce que l’on aime. » AH

VIVRE LE BASSIN


CULTURE • News

On rêve, Plongée dans la vie d’un on vit, couple d’ostréiculteurs on aime

PREMIER FESTIVAL DE L’HUMOUR à gujan-mestras Rire, on en a une énorme envie ! Quelle belle idée que de lancer les Gujaneries, premier festival de l’humour de Gujan-Mestras, qui aura lieu les 9 et 10 avril 2021 ! Les Gujaneries, en référence à l’animal à grandes oreilles réputé bête et têtu, proposera trois shows de deux humoristes et un magicien. C’est l’association gujanaise

© DR

Sous la plume vive et allègre de l’auteure Marie-Laure Hubert Nasser, nous suivons, dans son troisième roman, le parcours de septuagénaires qui s’embarquent pour une nouvelle odyssée à l’automne de leur existence. Un projet de vie en commun, dans un Bordeaux dont nous devinons les contours et les codes, des rencontres insolites, des flamboyances inattendues nous entraînent au fil de ces pages, avec un optimisme réconfortant, vers un avenir aux teintes douces. Entre chantier et amitiés, coups de cœur et espérance d’une liberté autrefois hypothéquée, nous suivons ces femmes qui ont décidé qu’il n’y avait pas d’âge pour vivre ses rêves. Jubilatoire ! Éditions Passiflore

ces jeunes gens enthousiastes et attachants. La voilà donc embarquée, à leurs côtés, de longs

mois, dans leur vie d’ostréiculteurs. Au fil des saisons, de la marée à la production en passant par les marchés, Au bonheur des huîtres, second livre de photos de Fabienne Herreyre, nous conte la grande histoire de ce métier par le prisme d’un portrait très bien brossé. Un joli témoignage disponible sur la page Facebook de l’auteur, chez Mollat ou à la maison de la presse du CapFerret. AH

© Fabienne Herreyre

Fabienne Herreyre n’est pas auteur photographe de métier mais par passion. Elle avait déjà sorti un premier livre consacré à l’ostréiculture en 2018, Paysans de la mer. Mais elle était restée sur sa faim et voulait aller plus loin en explorant le quotidien de ces « agriculteurs » du Bassin. Fabienne a rencontré Loris et Clothilde, un jeune couple qui venait de s’installer aux Jacquets. Elle a eu un coup de cœur pour

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les Couleurs du rire qui est à l’origine de cette nouveauté dans l’agenda culturel de la ville du Bassin connue, jusqu’à présent, notamment pour son festival de littérature policière. La soirée phare du samedi 10 avril se déroulera en compagnie de la désopilante Céline Francès et de son one-woman-show, Ah qu’il est bon d’être une femelle. Un peu plus tôt dans la journée, les enfants auront droit à un numéro de magie signé François Démené. Quant au vendredi 9 au soir, rendez-vous avec Seb Bad, l’humoriste qui est aussi pilote de chasse à ses heures perdues ! AH


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© DR

© Armelle Hervieu

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CULTURE • Portrait

Valérie Sutra nous donne le goût du bassin

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ongue chevelure, grand sourire et puits d’énergie. Voici Valérie Sutra sur son vélo. La lumineuse guide-conférencière parcourt le bassin d’Arcachon depuis dix-sept ans pour faire découvrir ses trésors et son âme aux visiteurs mais aussi aux habitants désireux d’apprendre leur territoire. Si Valérie a nommé sa petite entreprise de guide-conférencière l’Anecdote, ce n’est pas un

­ asard. Ce nom dit beaucoup h de la façon dont elle envisage son métier. Chaque visite doit être riche, vivante, pleine d’émotions et d’anecdotes bien sûr. Non seulement expliquet-elle l’histoire et l’architecture à ses clients, mais Valérie Sutra les embarque avec elle dans une expérience, une aventure, à la découverte de ce qu’elle nomme « l’esprit Bassin ». Bordelaise d’origine, adolescente, Valérie envisageait le Bassin comme un

« truc de vieux ». Une saison passée à bosser pour les bateliers plus tard, la jeune femme ne voulait plus repartir. Elle est restée et a fait sa vie ici. « Je n’en finis pas de découvrir, d’explorer et d’aimer le Bassin. Il change tout le temps. Sa physionomie faite de sable évolue en permanence. » Sa passion pour le Bassin, Valérie la transmet avec talent. Comme ses connaissances qui sont à l’image de son expérience, vastes. Titulaire

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de la carte de guide-conférencière, elle pourrait faire visiter des monuments historiques. Elle préfère la Ville d’hiver, Le Pyla ou Le Moulleau, quartier qu’elle affectionne tout particulièrement et dont elle est, en quelque sorte, la spécialiste. Le Moulleau, sa jetée, son église qu’elle « adore » et tous ses petits recoins dans elle connait sur le bout des doigts les secrets. Il ne tient qu’à vous de les découvrir à ses côtés ! AH


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04/03/2021

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- Crédit photo : E.Lamy

Découvrir, pleinement

À Marseille, évidemment !


CULTURE • Portrait

© Bouscarrut

Pierre Malrieux, l’indomptable centenaire

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oujours bon pied bon œil, le peintre Pierre Malrieux traverse les décennies avec son regard attentif et bienveillant. Aujourd’hui, du haut de son centenaire, il poursuit son interminable tâche de peindre ce qu’il voit avec son cœur. Entre ses peintures et esquisses, ses voyages, ses parties de jeu d’échecs avec ses amis, l’artiste ne change rien à ses habitudes malgré son grand âge. Et il suffit de le rencontrer pour

s’assurer que ça tourne toujours aussi vite dans sa tête, même si quelques petits pépins de santé, vite oubliés, viennent égrener son quotidien. → Comme un poète Cet artiste aura réussi à traverser le siècle sans déroger à sa règle : ne faire que ce dont il a envie. « Hors de question de livrer une pinasse ou des fleurs parce qu’on me les commande. Peindre, ce n’est pas un travail mais un

plaisir, une façon de s’exprimer, comme un poète », explique Pierre Malrieux, avec un air malicieux. Il puise son inspiration dans toutes les directions, avec toujours ce style reconnaissable au premier regard. → Grande rétrospective Il aura imposé non seulement sa vision de la peinture mais aussi celle du sujet. « J’ai la chance de faire sentir aux gens ce qu’ils n’ont pas trouvé ail-

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leurs, de leur procurer un choc, dit l’artiste. Il n’y a pas un jour où je n’ai rien appris. Je peins comme je respire, ça sort de moi, c’est tout. » Centenaire oblige, Lège-Cap-Ferret voulait lui rendre hommage, en proposant une grande rétrospective dans plusieurs lieux de la presqu’île. « Tout est prêt », assure Niquette, sa femme. « Il y aura de grandes toiles, on a retrouvé de vrais trésors dans l’atelier. » Reste à patienter un peu.



CULTURE • Rencontre

“JE SUIS UN TÉMOIN ÉVEILLÉ DES MÉTAMORPHOSES DE NOTRE HUMANITÉ”

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LE REPOS DU GUERRIER Le photographe Gérard Rancinan expose ses œuvres sur tous les continents. Toujours à fond, il vient se ressourcer chez lui à Piraillan. Deux mondes, deux ambiances. Texte Patrice Bouscarrut Photos Patrice Bouscarrut (portrait) & Gérard Rancinan

C

ôté ville, Gérard Rancinan, avec sa casquette vissée sur la tête, ses lunettes noires, vit à 200 à l’heure. D’abord photojournaliste, il aura immortalisé tous les grands de ce monde avec des portraits spectaculaires, de Fidel Castro au Dalaï Lama, du pape à Yasser Arafat… et aura collectionné les prix World Press comme on enfile les perles. Aujourd’hui, c’est l’un des artistes contemporains les plus réputés mais aussi les plus singuliers. Toujours dans un avion vers Hong Kong ou Los Angeles, enchaînant les shootings dans ses différents studios, les installations de ses expositions monumentales, il ne s’arrête jamais. Du pur rock and roll, dans son univers artistique où se mêlent visions de décadence, de violence et de sexe et une critique au scalpel d’une société à la dérive. « Je suis un témoin éveillé des métamorphoses de notre humanité, martèle le photographe. Je ne dis pas, au travers de mon travail, que c’est la fin du monde, mais celui d’un monde, tout est décadence et recommencement, c’est un cercle perpétuel, nous sommes en plein Moyen Âge. » Ces œuvres à l’esthétique extrême sont toujours un choc, un coup de poing pour le spectateur. Originaire de Bordeaux, la ville a eu la chance d’accueillir deux de ses expositions, avec la participation de sa complice, l’écrivaine Caroline Gaudriault. Une en 2016 à la Base sous-marine, La possibilité du miracle, qui a attiré 60 000 personnes, et une en 2019, à l’institut Bernard Magrez, Festin. Contraste saisissant avec la vie de l’artiste côté

Bassin. Gérard Rancinan est installé en lisière de forêt, à Piraillan. Quand on a en tête son œuvre underground, on s’attend à rencontrer un homme enchaînant les nuits parisiennes sur fond de musique techno et d’excès en tout genre. Pas du tout. « Cet endroit est calme, reposant, je ne suis pas quelqu’un qui sort, avec ma femme, on a une vie très paisible ici », résume Gérard Rancinan. « J’ai toujours passé ma vie dans les avions, souvent en décalage horaire, c’est important d’avoir un endroit pour me retrouver, je suis chez moi, loin des bruits des villes obèses, des courses folles et des égos démesurés. »

VIVRE LE BASSIN

→ Souvenir d’enfance On l’aura compris, ici, c’est le repos d’un guerrier un brin contemplatif. « J’ai vu de magnifiques endroits dans le monde, mais je n’ai rien trouvé d’aussi exotique que le Bassin, assure le photographe. Je n’ai pas envie de faire 12 heures d’avion pour partir ailleurs, le repos, c’est chez moi. Même quand je suis à Hong Kong, j’ai la perspective du Ferret, de ses dunes de sable dans lesquelles je plante mes fragiles racines. » Gérard Rancinan connaît le coin depuis toujours. Il se souvient : « Il y avait deux maisons de vacances du journal


CULTURE • Rencontre

“QUAND J’ÉTAIS ENFANT, LA LIGNE D’HORIZON ME FASCINAIT, J’AVAIS LE RÊVE DE VOIR CE QU’IL SE PASSAIT AU-DELÀ” s’il n’apprécie pas de photographier le Bassin, comme un « touriste », cette ligne d’horizon de l’océan, Gérard Rancinan en a fait une série de photos proche de l’abstraction qu’il a exposée au musée océanographique de Monaco, à Dubaï et en Corée.

Sud-Ouest, dans lequel mon père était typographe, au Cap-Ferret au pied du phare, la résidence Plume au vent était réservée aux ouvriers du livre, c’était le bout du monde, il n’y avait encore personne ici. C’est là, avec mes parents et ma sœur Michelle, qu’enfant je passais mes vacances. Les journalistes, eux, passaient leurs vacances sur la dune du port de Claouey, c’était plus chic ! » Cette époque est bien lointaine… Ses spots ? Marcher à travers les dunes et découvrir la plage océane à marée basse. Avec au bout, cette ligne d’horizon : « Quand j’étais enfant, elle me fascinait, j’avais le rêve de voir ce qu’il se passait au-delà. » C’est ce qu’il aura fait toute sa vie et encore aujourd’hui. Même

→ Vrai et juste Sur l’eau aussi Gérard Rancinan trouve dans le Bassin des coins exotiques. Le delta de la Leyre, « ce sont des paysages de guerre du Vietnam ! », le banc d’Arguin, « une langue de sable comme en Afrique où La Méduse avec son célèbre radeau a échoué ». Le choix de s’installer du côté de la forêt a été stratégique pour lui : « Cela offre plusieurs possibilités. Quand on rentre d’une journée sur l’eau, qu’on arrive dans sa maison au bord du Bassin, on voit toujours le même paysage marin, alors que la forêt nous apporte la quiétude, le repos, la méditation nécessaires… cela me rappelle les romans de François Mauriac et ses pins qui griffaient le ciel. » La presqu’île hors saison reste pour lui un havre de paix. « Ici il n’y a pas de feux rouges, de trottoirs, de parcmètres et, pourtant, il n’y a pas de bazar. Il faut que tout reste comme ça, ne pas créer d’interdits. Tout le monde respecte les lieux, c’est ça qui la rend vivable, c’est une immense liberté. » Covid oblige, le photographe a

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ralenti la cadence, exit les voyages à l’international. Mais il propose une expo à Paris à la galerie Nag de Natacha Dassault. Avec une trentaine de photos inédites, il se confronte pour la première fois à la création de natures mortes. Il nous invite à un Voyage immobile, comme l’indique le titre de son exposition. Avec toujours cette volonté de témoigner d’un monde à la dérive, de dénoncer une société qui se perd. « Je ne me soucie pas d’être exact, je veux être vrai et juste, reconnaît-il. En vingt ans, le monde s’est bouleversé, métamorphosé. Tout le monde y va de sa morale, la pensée unique a envahi les esprits, la dictature des minorités impose sa loi au plus grand nombre. Le rétrécissement de la pensée est à l’œuvre, la sous-culture bat son plein. » → Le photographe pose Pour la petite histoire, inutile de dire que tirer le portrait d’un monument de la photographie, ça intimide un peu. Gérard Rancinan joue le jeu, met à l’aise. Ce champion des mises en scène grandioses, en s’amusant, reprend même la pose, dans les pins, d’une de ses œuvres majeures, le Martyr de saint Sébastien. Au sommet d’une dune : « Eh ! Prépare ton appareil, mets-toi plus bas. Voilà. Tu es prêt ? » Et il saute dans le vide. C’est dans la boîte. Du pur rock and roll.


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CULTURE • L’Île aux artistes

a famille Mouly LLES MAINS DANS LA TERRE

Il est des familles pour qui l’année 2020 fut heureuse et fertile. Les Mouly en font partie. Durant cette année, maudite pour beaucoup, les Mouly ont plus que jamais créé, soudé leurs liens et développé de nouveaux marchés depuis leur atelier arcachonnais, L’Île aux artistes. Texte & photos Armelle Hervieu (sauf mentions)

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ans la famille Mouly, on aime bien mettre, à tout bout de champ, les mains dans la terre. Pas pour faire pousser des légumes mais pour faire naître des objets et des œuvres d’art. Cette terre qui lie et relie Patricia, la mère, François,

“LA TERRE NOUS REND CE QU’ON LUI DONNE”

le père, et Arthur, le fils, c’est l’argile. « Nous la faisons venir de Dordogne, dont je suis originaire », précise la maman sculptrice. « C’est la terre de nos ancêtres », réplique le fils potier. Patricia a ouvert le bal il y a vingt-deux ans, à la naissance de son quatrième enfant. Elle est la première à s’enticher de la terre. « J’ai eu un flash, un coup de cœur pour la matière. » Un passage par une école d’art en Belgique plus

tard, elle devient sculptrice. Pendant ce temps, François assure la subsistance matérielle de la famille. Quatre enfants, ce n’est pas rien ! Il est cadre dans l’industrie pétrolière, voyage beaucoup, travaille beaucoup… Mais un jour de 2016, le jour de son anniversaire, François reçoit un drôle de cadeau, une lettre de licenciement. Le voilà victime d’un plan social. Plein de ressource, le père de famille décide de mettre à profit cette opportunité pour développer sa propre activité. « C’est bien tombé, finalement. J’avais envie d’autre chose. J’ai commencé par la conception d’objets 3D. Cela me plaisait mais je n’arrivais pas à les commercialiser. » « Moi, je sentais une forte demande au niveau de la poterie à laquelle je n’arrivais pas à répondre car je n’ai pas la rigueur nécessaire pour tourner comme un potier », se rappelle Patricia. « C’est toujours maman qui donne les idées ! », relève Arthur, le fils. → Un fils connu pour « son toucher si particulier » Arthur, justement, est le dernier en date à avoir « intégré » l’atelier. Ce ralliement est assez récent puisqu’il remonte au premier confinement, au printemps 2020. « Je venais de boucler mon master d’école de commerce. Impossible de trouver du boulot. Toutes les embauches étaient gelées. » Sa sœur

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CULTURE • L’Île aux artistes

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© Qasti

© Qasti

“J’AIME LE RAPPORT AVEC LA TERRE. ÇA VIDE L’ESPRIT. ON EST TOUT ENTIER DANS SES MAINS”


rend ce qu’on lui donne. Elle est notre reflet. » La maman voit ainsi, dans les volutes et les cercles dessinés par le tour, la signature de chaque potier. « Arthur est très spontané, brut dans son travail. Moi, c’est plus cadré, plus droit. On a deux univers très différents », relève François. → L’Île aux artistes, « une parenthèse heureuse » En tout cas, depuis que Patricia a amené la terre dans la famille Mouly, elle n’en finit pas de tourner. « J’adore la travailler. Ce que j’aime dans ce métier, c’est le rapport avec la terre. Ça vide l’esprit. On est tout entier dans ses mains », décrit Arthur. Le jeune homme s’est tellement pris au jeu qu’il n’imagine pas faire autre chose aujourd’hui que de tourner des objets et les vendre. Lui qui sortait tout juste d’une grande école de commerce se vit avec joie comme « artisan entrepreneur ». François, qui donne des cours de poterie à l’atelier, ne tarit pas d’éloges lui non plus sur les bienfaits de la terre. « C’est quelque chose qui

guérit, qui fait énormément de bien. Je le vois avec mes élèves. Elle les apaise et les valorise. » Entre les cours de poterie de François et ceux de sculpture de Patricia, une cinquantaine d’élèves passent chaque semaine par l’Île aux artistes. Un atelier que la sculptrice envisage vraiment comme une île dans laquelle elle invite les gens à embarquer pour « une parenthèse heureuse ». « Nous avons ouvert cet atelier en 2011 et mis beaucoup d’amour et de bienveillance à l’intérieur. C’est une bulle. Un refuge et un lieu de partage dans le même temps. Je veux que les gens se sentent bien ici. Pour moi, ceux qui viennent y œuvrer ne sont pas des élèves mais des artistes. Je veux qu’ils se pensent ainsi et que cette île existe pour tous ceux qui en ont besoin ! » Jolie invitation pour un grand voyage immobile…

“L’ATELIER EST UNE BULLE, UN REFUGE ET UN LIEU DE PARTAGE EN MÊME TEMPS”

© Social Food

Claire et lui, confinés ensemble sous le toit parental de l’Aiguillon, se lancent un défi. « On s’est motivés tous les deux en se disant qu’on allait en profiter pour se mettre à la poterie. » Seul Arthur s’accroche finalement au tour de potier. Mais sa sœur l’aide à développer la partie marketing de son activité. Elle fait grandir sur le web la notoriété d’Arthur le potier. La marque Arthur Pottery est née ! Aujourd’hui, Arthur Mouly vend ses pots, bols, tasses, mugs et autres saladiers sur le web et dans deux boutiques à Casteljaloux et à Bordeaux, chez Blue Madone, rue du Loup. Cet été, aussi, ses créations ont cartonné, aux côtés de celles de son père, sur les marchés d’Arcachon et de La Teste. « Avant, c’était un enfant de la tribu comme les autres, confie Patricia. Désormais, tout le monde le connait pour son toucher si particulier, pour son travail de la terre brute et de la terre mêlée qui est si révélateur de sa personnalité. » Patricia en est convaincue : « La terre nous

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CULTURE • École de danse

Danza L’ÉCOLE DES SŒURS DANSEUSES

Maïté et Jézabel Berbiale, sœurs de sang et d’âme, ont monté en 2017, à Gujan, l’école de danse Danza. Une école qui monte, avec 150 élèves inscrits la première année, 250 la deuxième et 350 la troisième. Ce succès doit sans doute beaucoup à la personnalité de celles qui l’ont créée. Explosive, fantasque et inventive.

© Fred Chapo

Texte Armelle Hervieu photos Joannagermain.fr (sauf mention)

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D

ans la famille Berbiale, on a l’art vissé aux tripes. Papa sculpteur « aux mains en or » et maman poète ont mis cinq enfants au monde, comme autant d’œuvres. Maïté et Jézabel, dix ans d’écart mais une même passion, sont devenues danseuses, faisant de leurs corps des tableaux vivants. Toutes deux ont grandi à Arcachon, quartier de l’Aiguillon, leur cocon. « Les petites cabanes, le Lapin blanc, la plage et tous les copains. Il y avait beaucoup d’enfants à l’époque… » C’est Jézabel, la plus jeune, qui a mis la première les pieds dans des chaussons de danse. À l’école

gym qu’on a inscrit cette enfant pleine d’énergie. Maïté y apprend la rigueur et y cultive son explosivité. Des qualités qui lui seront utiles plus tard. → Hip-hop pour Maïté, talons hauts pour Jézabel Un accident de voiture oblige la sœur aînée à cesser la gym et lui offre, finalement, l’opportunité de pousser les portes d’un studio. Ce sera celui d’Ysa Danse à La Teste. Le coup de foudre passé, Maïté s’engage dans une formation pour devenir danseuse et prof dans le même temps. Elle enseigne pendant trois ans chez Ysa puis décide,

“L’ÉCOLE EST UNE GRANDE ÉNERGIE POSITIVE”

Joseph Séverac, véritable institution de la danse classique à Arcachon. Très vite, le tutu l’ennuie. Jézabel se rêve couverte de paillettes et de plumes. Fan absolue de Joséphine Baker, la jeune femme s’oriente vers le cabaret. À 18 ans, elle passe un casting à Bergerac, travaille quelques années dans cette Mecque du music-hall, version Sud-Ouest, puis suit une formation de comédie musicale à Paris. Mais Jézabel l’avoue, elle ne va pas au bout. Elle laisse en plan tout ce qu’elle entame. Et si la danse n’était pas vraiment sa voie à elle ? Maïté, sa grande sœur, va la remettre en scène. Débutée plus tardivement pour elle, à la vingtaine, la danse lui apparaît pourtant comme une évidence. « Depuis toute petite, je rêvais d’être danseuse. » Mais, c’est à la

en 2013, de créer sa compagnie, avec sa sœur et une amie. Une compagnie qui leur ressemble, métissée, sans frontière. Danza Belladone est née et voilà le destin des deux sœurs lié. La troupe Danza Belladone se produit un peu partout en France : Incroyables Talents à Paris, le Grand Théâtre à Bordeaux et puis des petits spots sur le Bassin aussi. Après avoir mis au monde un bébé, en 2017, Maïté se lance dans un nouveau projet. Elle décide de créer une école, son école. Ce sera Danza, tout simplement. « Je savais qu’on avait quelque chose de différent à apporter avec Jézabel. » Sa plus jeune sœur la suit dans cette aventure. Chacune y enseigne son univers. Hip-hop contemporain pour Maïté. Burlesque hyper féminin pour Jézabel. Aujourd’hui, trois ans

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et demi après sa création, Danza cartonne. Malgré la crise sanitaire, élèves et profs restent profondément liés, attachés. Plus qu’une école, Danza, c’est une grande famille. Chez les Berbiale, on a l’esprit tribal ! Pour les spectacles, papa fabrique les décors, Jézabel fait les costumes, maman s’occupe des entrées, Maïté des chorégraphies, une autre sœur prépare les casse-croûtes… « Cette école, c’est beaucoup de bienveillance et une grande énergie positive à partager », affirme Maïté, dont l’ambition n’est autre que de faire grandir son bébé. Quant à Jézabel, ses rêves de paillettes et de plumes ne l’ont pas lâchée. Elle veut devenir costumière, couturière pour artistes dont elle confectionnera les tenues, de scène, bien sûr !


FOOD 2e partie

Frédélian, c’est aussi du chocolat ! Ah ! Frédélian au Cap-Ferret, ses glaces tant vantées, même en chanson par Pascal Obispo. Et aussi ses pâtisseries dont le maître des lieux, Nicolas Longein, a le secret. Mais peutêtre que ce que l’on connaît moins de cette adresse incontournable, c’est le travail du chocolat ! Depuis que Fany et Nicolas Longein ont installé en 2019 leur nouveau laboratoire et un second établissement, l’Atelier des pains, à Lège, sur l’avenue du Grand Crohot, Boris Weber, le chef chocolatier, a de quoi exprimer son talent dans les meilleures conditions. D’autant plus que Nicolas Longein a réussi à se fournir en chocolat de couverture chez le Suisse Felchlin, qui a la réputation de sélectionner avec rigueur ses clients. Pour Pâques, Boris va travailler plus de 500 kg de chocolat noir, au lait ou blanc. De quoi ravir tous les palais, même les plus exigeants. Frédélian au Cap-Ferret, fermé l’hiver, rouvre début avril. Promesse de gourmandise ! PB

© Bouscarrut

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FOOD• News

LE LEVAIN BIO 100 % BASSIN

Le Baccharis halimifolia, plus communément appelé « faux cotonnier », est loin de faire l’unanimité. Cet arbuste invasif, initialement introduit en France dans un but ornemental, se plaît effectivement à coloniser les rives du Bassin. Ce que l’on sait moins en revanche, c’est que cet éternel coupable voué à la crémation ou à l’arrachage est aussi un lieu de vie très prisé des abeilles. Certains apiculteurs ont même tenté l’expérience de produire du miel de cotonnier, un « très bon miel aux excellentes propriétés gustatives », selon un producteur audengeois. Néanmoins, cette gourmandise méconnue s’accompagne d’un inconvénient de taille : « Il a la particularité de sentir la vieille chaussette… Il faut le voir comme certains fromages qui peuvent rebuter mais qui finalement sont délicieux à la dégustation. » XD

Des huîtres chaudes à toutes les sauces Guillaume et Anne-Sophie Hugon ont repris l’ancienne Brasserie des arts, située au cœur d’Arès, à deux pas de l’église, en décembre 2017. Ils en ont fait un bistrot et l’ont rebaptisé le B comme Bistrot. Ce lieu, convivial et chaleureux, propose des produits de qualité et notamment de la viande de race limousine, pays dont sont originaires les patrons. Aux pianos de cuisson, Grégory regorge d’idées. Quand les responsables de la marque BA lui ont demandé, pour le réveillon, de réfléchir à des recettes originales d’huîtres, le chef a décidé de préparer des huîtres chaudes à toutes les sauces : crème à l’échalote gratinée au parmesan mais aussi poireaux, oignons et chorizo et, enfin, sabayon de champagne au piment d’Espelette. Cette dernière recette a recueilli tous les suffrages. Tant et si bien que Guillaume et Anne-Sophie ont décidé de la mettre à la carte de leur bistrot. AH

© DR

© Xavier Davias

Un miel en odeur de sainteté

© Xavier Davias

C’est un fait, le confinement du printemps dernier a poussé de nombreux Français à faire eux-mêmes leur pain. Un savoir-faire qui ne nécessite que quelques produits de base tels que farine et eau mais qui exige également une certaine maîtrise. Faire lever la pâte et obtenir une mie à votre goût peut donc relever du parcours du combattant. Conscient de cet engouement, Davy Duboy, un jeune entrepreneur gujanais, a eu l’idée de commercialiser le levain qu’il avait mis au point pour son propre usage. Au repos dans son atelier de La Hume, ce levain bio et naturel n’en est pas à sa première fournée puisque son créateur l’utilise depuis 2009. Issu d’un mélange de farine bio et d’eau de source des A ­ batilles, ce levain 100 % Bassin aux arômes riches est aujourd’hui vendu sous forme déshydratée dans le monde entier. XD Achat, recettes et astuces sur https://www.mylevain.com 07 82 26 26 90, contact@mylevain.com

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© Sabine Luong

Il faut se lever tôt le matin pour prétendre se lécher les babines avec les pâtisseries de Benjamin Moine ! Ses mini-sablés cœur fondant chocolat ou caramel, ses pâtisseries en pot ou ses tartelettes aux fruits de saison sont juste des bonheurs culinaires qui font exploser les papilles. Mais qu’est-ce qui fait son succès ? Certainement le talent, l’amour de son métier, le design de ses gâteaux et l’envie de partager depuis qu’il a débuté petitement dans un atelier aménagé chez lui en avril 2015. Son concept de fabrication de gâteaux sur commande lui vaudra le titre de Jeune Talent du terroir du Bassin en 2017. Le succès sera si fulgurant qu’il édite Mon livre de recettes en 2017. Puis, il fait faire sur mesure son

© Benjamin Moine

Benjamin Moine, le pâtissier au grand cœur

food truck « Hy tube » vintage, afin de s’installer au grand jour sur le marché testerin en avril 2019. Engagé, Benjamin

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donne de son temps à l’association M en Rouge en transmettant sa passion une fois par mois aux jeunes en situation de handicap. Une cagnotte pour eux a rapporté 800 € cette année. Écoresponsable, chaque pot en verre ramené équivaut à 40 centimes dans la cagnotte. Benjamin n’hésite pas à reverser un peu de son chiffre d’affaires aux associations caritatives. C’est aussi cela « consommer » MB Créations. Et, bonne nouvelle, il ouvrira prochainement sa pâtisserie Benjamin au 32, cours Victor Hugo. SL — Marché de La Teste du vendredi au dimanche de 8 h 30 à 12 h Réservation sur le site : www.mbcreation.info


FOOD• Portrait

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Julie dans ma cuisine, une cheffe rien que pour vous

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es copains sont invités mais vous avez la flemme de faire à manger ? Pas de panique, Julie Bayle est là ! La jeune cuisinière propose de venir dans votre cuisine pour vous mitonner des petits plats, selon vos goûts et vos envies. Julie s’est installée à son compte, il y a trois ans, sur le bassin d’Arcachon, en tant que cheffe à domicile. Un concept qui se différencie nettement du traiteur. « Je n’ai pas de labo, pas de menu préétabli. Je viens cuisiner chez

vous les produits que je choisis pour vous, en fonction de vos goûts. » Cerise sur le gâteau, Julie vous sert à table et range votre cuisine quand le repas est fini. → Local et bio Si elle vit à Piquey, Julie Bayle se déplace sur tout le Bassin pour cuisiner, du Pyla au Ferret où se situe sa plus grosse clientèle l’été. La jeune femme ne propose que des prestations sur mesure, selon ce qu’aiment ses clients, mais aussi en fonc-

tion de la saison et de ce que proposent ses producteurs préférés. Car Julie ne travaille que des produits achetés localement. « Je veux de la qualité et de la constance, des produits toujours au top. » Dès que possible, elle choisit aussi le bio et s’est engagée dans une démarche zéro déchet. Bien sûr, la cheffe travaille beaucoup pour les stars qui résident au Ferret, mais elle veut pouvoir cuisiner pour des personnes moins fortunées. Un apéritif dînatoire débute

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ainsi à 30 euros par personne. Un dîner haut de gamme coûte jusqu’à 100 euros. Parmi les plats phares proposés par Julie, pas mal de cuisine fusion, un mélange Asie-SudOuest, comme les nems de canard confit ou les ravioles de foie gras pochées dans un bouillon thaï. Mais aussi les fruits de mer qu’elle adore cuisiner à sa manière. Car Julie ne propose que des créations. Aucune de ses recettes n’est piochée sur Marmiton. AH



© Xavier Davias

FOOD• Portrait

→ Loin d’être une idée fumeuse Tout commence en Finlande où Katya et Olivier passent une partie de leur temps libre. Le Français y découvre une tradition culinaire populaire au fort potentiel. De retour en France, les époux réunissent

tion française de Kalalahti) naît en décembre 2020. Dans leur domicile à Biganos, un petit atelier permet de fumer chaque jour du poisson frais à basse température. Garant de la tradition, le couple va même jusqu’à importer du bois d’aulne de Finlande.

esturgeons sont élevés au Teich. Si le saumon utilisé est issu d’une filière islandaise, Katya et Olivier comptent bien jouer à fond la carte du circuit court et projettent de développer dans un avenir proche le mulet noir et la truite du Sud-Ouest. Et espèrent voir très

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onner une nouvelle dimension gastronomique au poisson. C’est le pari culotté de Katya et Olivier, un couple d’entrepreneurs proposant de revisiter les espèces locales à l’aide d’une technique finlandaise : le fumage à chaud. Le jour se lève à peine sur les exposants du marché de Gujan-Mestras. Parmi les vieux routiers de la vente au détail, deux néophytes ont fait leur apparition sur les étals il y a seulement quelques semaines. Mais la présence ici de Katya et Olivier ne fâchera personne. Le couple franco-russe n’est en effet pas là pour appâter le chaland coûte que coûte et faire montre d’une concurrence agressive. Leur produit (du poisson local fumé à chaud selon la tradition finlandaise) est tout simplement unique sur le Bassin et il convient d’abord de le faire connaître. De même que cette marque à l’étrange consonance, Kalalahti.

© Xavier Davias

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Le “savoir-fumer” finlandais

les ingrédients de leur future aventure commerciale : utiliser des poissons locaux comme l’esturgeon ou l’anguille, puiser dans les recettes de famille, importer une tradition venue du Grand Nord… Le projet prend forme et la « Baie du poisson » (traduc-

→ Miser sur les circuits courts « Nous avons fait ce choix pour avoir un marqueur finlandais assez fort mais nous allons essayer prochainement de produire nos propres copeaux ici. Nous devons penser “local” au maximum. » Les anguilles proviennent du Libournais. Les

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prochainement ce met unique servi à la table des plus prestigieuses adresses du Bassin. XD — 52, rue du Port 33380 Biganos 07 86 18 55 00 kalalahti@kalalahti.fr



FOOD• Food truck

“JE PEUX TOUT FAIRE DANS MON FOOD TRUCK, J’ARRIVE À SERVIR PLUS DE 100 COUVERTS”

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UN CHEF GASTRO SUR LES ROUTES

C’est dur de quitter le Bassin. Ancien chef du Pinasse Café au Cap-Ferret, Emmanuel Gonçalves a bien essayé de tenter un autre coin. « Je me suis installé un an chef à domicile à Royan, mais non, ce n’était pas possible, le Bassin me manquait trop. Quand tu arrives au Ferret, c’est comme un poisson que tu ferres, tu ne peux plus le quitter », reconnaît-il. Texte & photos Patrice Bouscarrut

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etour au bercail mais avec une idée originale en tête : faire sa cuisine dans un food truck. Il prend la route tous les dimanches pour s’installer sur le marché d’Arès ; à la saison, on le retrouve à Bordeaux près du pont Chaban-Delmas, au Bétey à Andernos… « Mais je vois de plus en plus de gens venir chez moi », sourit le chef. Il a pris l’habitude, en cette période délicate pour les restaurateurs, d’installer son camion-cuisinelabo dans son jardin à Lège Bourg. Dans le quartier, on découvre même à l’avance son menu, au coin d’une rue. Pour accueillir les gourmets, il installe souvent une table, des chaises, pour se poser le temps de récupérer sa commande, entouré des plants d’herbes aromatiques qu’il utilise dans ses plats.

Emmanuel Gonçalves. Ce jour-là, il se creusait la tête pour une déclinaison céphalopode, avec peut-être un dessert à l’encre de seiche. Sa cuisine n’a pas de limite, tout comme son camion. « Je peux tout faire dans mon food truck, j’arrive à servir plus de 100 couverts »,

→ Une autre vision de la cuisine gastronomique Même le nom de son camion ne respire pas l’ambiance des lambris des grands restaurants, tout simplement : la Cuisine de Manu. Pourtant, dans l’assiette, c’est une autre histoire : tartare de dorade royale aux feuilles de géranium rosat, espuma de homard, wakamé au sésame et coquilles Saint-Jacques, blanquette de seiche au curcuma ou encore pavé de maigre rôti, crème de cèpes, noisettes torréfiées et chips de vitelottes. « Ma cuisine, c’est d’abord les produits de la mer du moment. J’aime décliner un thème sur l’entrée, le plat et le dessert, comme par exemple l’orange », explique

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explique le chef, « je préfère ça que d’être dans la cuisine d’un restaurant, c’est jamais pareil, il faut toujours s’adapter. » Entre les mariages, les anniversaires, les cocktails dînatoires, les cours de cuisine, le chef à domicile…Emmanuel Gonçalves peut se déplacer partout ou presque. « Je fais des repérages avant pour voir si je passe le portail » sourit le chef. Mais quand il s’installe dans un jardin, ouvre son food truck, aussitôt l’ambiance devient magique. Notamment quand il arrive à se garer juste au bord de la piscine. Cocktail de chef et baignade ! Que peut-on demander de mieux ? — La Cuisine de Manu sur Facebook et Instagram 07 70 25 16 55


FOOD • Engagement local

Nourrir les habitants du bassin d’Arcachon avec des fruits et légumes produits localement, c’est possible ! C’est en tout cas la conviction du collectif Aliment-Terre. Ses membres, des citoyens engagés pour la « bonne bouffe », militent auprès des élus du territoire. Pour eux, il est urgent de protéger les terres agricoles et de favoriser l’installation de nouveaux paysans. Texte & photos Armelle Hervieu (sauf mentions)

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FOOD • Engagement local

our découvrir le collectif Aliment-Terre, connaître sa raison d’être et rencontrer ses protagonistes, rendez-vous avait été donné sur les terres de Jeanne Duprat. À la tête de la ferme le Petit Panier bio à Biganos, elle est l’une des seules maraîchères du Bassin. « Ici, c’est l’exemple type du genre d’exploitations qu’on souhaiterait voir s’implanter tout autour du Bassin, explique Cyril

semaine aussi, et tout particulièrement depuis le début de la crise sanitaire, Jeanne doit refuser des dizaines de demandes émanant de particuliers, de collectivités, de restaurateurs… « La demande était déjà forte avant mais, depuis le premier confinement, elle a explosé ! Il ne se passe pas un jour sans que l’on m’appelle pour m’acheter mes légumes, mais je n’en ai pas assez pour tout le monde ! »

© Cyril Perpinat

© Jeanne Duprat

→ Des consommateurs en quête de petits producteurs « Les gens sont prêts ! Ils veulent changer leur alimentation. Ils veulent manger local. La demande est là et elle est très forte. Pourtant, au niveau du foncier, la situation n’a jamais été aussi bloquée », déplore de tout son cœur la Teichoise Séverine. Elle est l’une des membres fondatrices du collectif Aliment-Terre qui a vu le jour en 2015. « C’est né du fait que

l’on voulait que nos enfants mangent de bonnes choses à la cantine, pas des produits venus de loin et de mauvaise qualité. Avec d’autres parents d’élèves, on s’est mobilisés. On a cherché des producteurs locaux. Mais, en dehors de Jeanne et Aurélie à Gujan (voir pages 88 et 89), il n’y a personne ! » Amandine, elle aussi maman d’élève au Teich, poursuit : « Il faut lever les freins à l’installation et tout faire pour permettre le retour d’une agriculture vivrière sur le Bassin et le val de l’Eyre. » C’est ainsi que, depuis 2015, la vingtaine de membres du collectif Aliment-Terre se bat avec ses modestes moyens pour réimplanter des paysans sur le Bassin. Tous ont un boulot, une famille, une vie bien remplie. Pourtant, en citoyens investis, ils mènent des actions et font du lobbying auprès des édiles locaux pour l’avènement d’une véritable politique agricole sur le Bassin. « Les élus nous écoutent

“LES GENS SONT PRÊTS, ILS VEULENT MANGER LOCAL”

© Jeanne Duprat

Perpina, voisin de Jeanne, lui-même responsable de la serre ô Délices. Deux à trois hectares, comme ici, cela doit pouvoir se trouver dans chacune des communes du territoire. » Chaque semaine, avec seulement 7 000 m2 exploités, Jeanne fournit 42 paniers de fruits et légumes bio à autant de familles, toutes adhérentes de l’Amap Cœur de Bassin. Chaque

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→ Convaincre les propriétaires qui font de la rétention de terres Il est temps d’avancer pour le collectif qui, après avoir lancé un PAT (Projet alimentaire territorial) en 2018, invite aujourd’hui tous les acteurs du Bassin à marcher main dans la main. « Nous venons d’écrire aux intercommunalités car l’État, dans le cadre du plan de relance, propose de soutenir financièrement les projets alimentaires de territoire. Nous voudrions qu’un emploi soit créé à l’échelle du Sybarval, qui regroupe les 17 communes du bassin d’Arcachon et du val de l’Eyre. » Cette personne aurait un rôle central aux yeux du collectif : mener une veille sur les transactions foncières et mettre en lien les porteurs de projets avec les propriétaires fonciers. Les membres du collectif recensent actuellement pas moins de 20 porteurs de projets agricoles sérieux. « Des gens qui ont une vraie compétence et une volonté sincère de s’installer ici pour

!

LES ZAP, UNE SOLUTION ? C’est peut-être LA solution pour éviter toute spéculation foncière sur des terres agricoles du Bassin et du val de l’Eyre que de décider tout simplement de les classer en ZAP, « Zone agricole protégée ». Ce faisant, on enlèverait de l’esprit des gens, des propriétaires ou des acquéreurs, qu’un terrain agricole pourrait à terme être construit. Cette protection pérennisant dans le temps la destination agricole des parcelles situées dans la zone. La ville de Gujan-Mestras est en passe de créer une ZAP sur son territoire. Une première sur le Bassin !

© Jeanne Duprat

© Jeanne Duprat

“IL RESTE ENCORE BEAUCOUP DE TERRES EN FRICHE SUR LE BASSIN”

d’une oreille attentive mais c’est l’inertie qui prévaut. Sans doute par manque de connaissance et de compétence. En effet, aucune ville ne possède un adjoint à l’agriculture. Pourtant, toutes possèdent des terres agricoles et donc, potentiellement, la capacité de permettre à des paysans de s’installer », note Cyril Perpina. Mais, le nerf de la guerre, tous les membres du collectif Aliment-Terre le savent, c’est la terre ! La terre si précieuse sur le Bassin où les prix du foncier n’ont cessé de grimper ces dernières

années. Car si, ailleurs, un hectare de terre agricole vaut 8 000 euros en moyenne, ici, il est vendu le triple ! « Aucun petit porteur de projet agricole ne peut payer ça », assure Jeanne. « Une partie des terres agricoles du Bassin a déjà été artificialisée mais il en reste encore beaucoup en friche », constate Cyril. « Ces terres pourraient servir à nourrir les habitants du Bassin. Que des propriétaires les conservent en friche en espérant pouvoir les vendre à prix d’or, c’est pour moi un crime ! », tempête Séverine.

cultiver la terre et nourrir la population. Il faut les aider sinon ils iront ailleurs ! » C’est pourquoi, dernière idée en date, le collectif a rédigé un flyer à destination de tous les propriétaires qui possèdent des terres agricoles en friche. « Ces flyers seront remis, nous allons le demander aux mairies, avec le journal municipal. Nous espérons qu’ils permettront d’ouvrir les yeux aux propriétaires qui font de la rétention de terres agricoles. Eux aussi, par leurs choix, peuvent contribuer à une meilleure qualité de vie sur notre territoire », insiste Séverine.

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© Armelle Hervieu


LA MER 3e partie

Le Bassin surfe sur la vague des foils La navigation à foils, c’est l’avenir. Les coureurs de l’America’s Cup s’y sont mis. Ceux du Vendée Globe aussi. Le grand public y a encore peu goûté. Mais, le Bassin, sous l’impulsion du Cercle de la voile d’Arcachon, est l’un des premiers à proposer aux amateurs de naviguer sur ces fins appendices qui transforment les navires en avions. Julien Boënnec, responsable de la base nautique d’Arcachon, est l’un des artisans de cette évolution. Le Breton a apporté la planche à voile à foil, le windfoil, au CVA en 2019. Il œuvre désormais, avec le champion et licencié du CVA, Benoît Gomez, pour y proposer cet été le wing foil. Une discipline plus accessible aux débutants. Il espère aussi pouvoir proposer le catamaran à foils, une machine de guerre qui permet de glisser à plus de 25 nœuds sur l’eau. Le Bassin, avec son faible clapot, ses eaux protégées et ses vents constants et légers, présente les conditions parfaites pour l’essor de ce type d’engins. AH

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Chasses aux trésors, balades en bateau, paddle, parachute ascensionnel, jet ski, plongée sous-marine… Des Hommes et des Mers propose déjà un florilège d’activités pour découvrir toutes les facettes du Bassin. Mais l’entreprise d’événementiel prépare une belle surprise dès cette saison. Son nom ? L’Empreinte. Ce bateau qui va sortir du chantier naval ECLA, est entièrement aménagé pour la balade, les dégustations sur l’eau et surtout pourra sortir toute l’année. L’Empreinte va donc accueillir 10 passagers, 365 jours par an, 7 j/7. Une nouvelle offre qui devrait séduire aussi hors saison. deshommes etdesmers.com

Le CVA organise sa première régate de Dinghy 12

C’est un petit bateau mythique. Un monotype, un peu à la façon de ceux du Bassin, mais qui possède, pour sa part, une jolie coque à clins. Équipé d’une voile au tiers délicate à bien régler, vif à toutes les allures, on le choisit, en 1928, comme support pour les régates olympiques

d’Amsterdam. Ce petit bateau, plus connu en Italie et aux Pays-Bas, c’est le Dinghy 12. Il fera cet été pour la première fois son apparition dans les eaux du Bassin en régate. Le Cercle de la voile d’Arcachon a en effet décidé d’inviter ses pratiquants à prendre part,

aux côtés des monotypes du Bassin, à la Ronde du Bassin, les 28 et 29 août. On espère une quinzaine de bateaux venus de toute la France et autant d’équipages membres de la très active Association française des propriétaires de Dinghy 12. Joli spectacle en perspective. AH

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~ Des ~ balades sur le bassin toute l’année

MANDARINE ACCUEILLE LA PINASSE DÉBORAH II Stéphane Thomas est arrivé sur le Bassin il y a plus de trente ans. Il est d’emblée tombé amoureux des pinasses. Alors pour passer ses jours sur les belles vagues du Bassin, il a décidé de faire découvrir les charmes de la navigation en pinasse aux visiteurs. Stéphane, qui a créé la société Pinasse Compagnie il y a treize ans, naviguait jusqu’à présent sur une seule pinasse que tout le monde connaît pour sa jolie couleur orangée, Mandarine. Mais, en 2020, le marin a craqué pour une seconde pinasse, Deborah II, elle aussi construite au chantier naval testerin Rabat. « C’est l’une des cinq plus belles du Bassin ! », assure son nouveau propriétaire qui admire la perfection de ses courbes. Après avoir passé l’hiver à la bichonner, Stéphane Thomas propose d’emmener ceux qui le souhaitent à bord de Déborah II pour un tour de 2 heures, une virée de 3 ou 4 heures ou la journée entière sur le Bassin. AH

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LA MER • News

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Les récifs artificiels du Bassin colonisent la planète

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Jean-François Marailhac a son pied-à-terre sur la presqu’île, mais les yeux toujours rivés au-delà de l’horizon. Vers les lointains rivages où il cultive ses grands projets marins.

© Scaph Pro

→ Sauver la planète Aujourd’hui, Scaph Pro exporte son savoir-faire dans le monde. Après le typhon Yolanda en 2014, tout était à reconstruire aux Philippines. Jean-François Marailhac adapte son expertise en matière de récifs artificiels aux contraintes locales. Les structures sont faites en bambou ou en noix de coco et permettent de repeupler, en trois ans, la zone en poisson et laisser le corail recoloniser. Mais il faut aussi se fondre dans le paysage et convaincre les populations. « On crée des greniers à poissons, explique le plongeur, et on aide les

© Scaph Pro

n’avait encore jamais vus, se souvient Jean-François Marailhac, des spots de Saint-Jacques, de bucardes épineuses… »

© Scaph Pro

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résident de l’association de recherche océanographique Scaph Pro, il pose rarement ses valises plus d’un mois sur le Bassin, toujours en vadrouille pour épauler les populations locales dans la protection des fonds marins, entre Afrique et Asie. L’équipe de Scaph Pro a commencé par la création de grands chantiers subaquatiques dans le Bassin. D’abord en 2001 avec la mise en place du premier récit artificiel, en fibre de verre, installé entre Hortense et la Pointe, avec des résultats très positifs pour la faune locale. Ensuite, l’association a eu pour mission de répertorier les fonds marins des veines d’eau du Bassin. 12 000 points d’information sur 180 km de chenaux. « On a découvert des biotopes que l’on

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habitants à gérer ces greniers, on ne doit jamais pêcher dans les récifs, on travaille pour le futur. » Au Sénégal, même scénario, avec des récifs en tube de PVC. « Les villageois retrouvent des poissons qui avaient totalement disparu, poursuit-il, mais ils faut toujours laisser la parole aux populations, attendre de voir ce qu’ils en pensent. On veut sauver la planète mais sans embêter les gens. On ne peut pas faire de social sans environnement et vice versa. » Jean-François Marailhac compte bien ne pas s’arrêter là, il a plusieurs nouveaux projets en tête, au Bénin, en PapouasieNouvelle-Guinée ou encore en Sierra Leone. Les récifs artificiels créés dans le Bassin s’exportent sur toutes les mers du monde. PB


LA MER • Bodyboard

“EN COMPÉTITION, TU DONNES TOUT ET TU N’AS PLUS PEUR DE RIEN”

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Mathie Goujon DE LA PEUR À L’AMOUR DES VAGUES

Mathie Goujon n’a que 17 ans, peu d’années de pratique de la glisse derrière elle et pourtant déjà un palmarès impressionnant. Championne d’Aquitaine, victorieuse de plusieurs coupes de France, championne de France et vicechampionne d’Europe. Autant de performances en bodyboard à l’actif de cette jeune Testerine qui lui permettent de figurer depuis 2018 sur la très sélective liste des sportifs français de haut niveau. Texte Armelle Hervieu Photos Florian Azay (sauf mention)

→ Ancienne gymnaste aguerrie aux acrobaties La jeune fille dépasse sa peur des vagues qui l’impressionnaient, au début. Sa planche sous le bras et ses palmes aux pieds, elle enchaîne les sessions avec ses ami(e)s du club. Rapidement, elle devient complètement accro, enfile la combi été comme hiver, se perfectionne dans les figures aériennes, participe à ses premières compètes et les gagne d’entrée de jeu. Son principal entraineur, Nicolas Padois, est impressionné par sa jeune élève. Il pense que son passé de gymnaste l’a certainement aidée. « Je crois que ça m’a beaucoup apporté au niveau des acrobaties, pour me repérer dans l’espace. » Cette année 2020 a été

© Didier Boirie

C’

est à la maison ou presque que tout a commencé pour Mathie. À quelques encablures du domicile familial, sur la plage océane de la Salie. « Ma mère m’avait inscrite à un stage de glisse chez Ocean Roots. Je me souviens que j’ai direct apprécié les sensations. La vitesse, me sentir portée par la vague… » Un coup de cœur qui ne se concrétise pas tout de suite pourtant. À l’époque, Mathie était une petite gymnaste prometteuse. Inscrite au club de La Teste puis à Arcachon, elle enchaîne les entraînements et les compétitions. « À la gym, je n’aimais pas les compétitions. Alors qu’en bodyboard, j’adore ! Tu donnes tout et tu n’as plus peur de rien », constate Mathie amusée. Les années passent et Mathie se lasse de la gym. D’autant qu’entre-temps, elle a repris le chemin de l’océan avec Nico, Florian et Dorian, les entraineurs « au top » d’Ocean Roots.

compliquée pour Mathie, comme pour beaucoup de sportifs. « Frustrante » dit-elle même. Lors du premier confinement, elle était privée d’océan. « Ça a été vraiment long ! » Lors du second en revanche, elle s’est vengée. « En tant que sportive de haut niveau, j’avais le droit de m’entraîner. J’ai eu de magnifiques sessions ! » Mais beaucoup de compétitions ont été annulées ainsi que des déplacements à l’étranger pour s’entraîner. Tant pis. Mathie fait contre mauvaise fortune bon cœur et refuse de se lasser de son spot de la Salie. Un

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spot qu’elle adore forcément, c’est le sien. « Et puis, comme dit Nico, si vous savez surfer à la Salie, alors vous savez surfer partout ! » Pour la suite, Mathie Goujon trépigne de pouvoir reprendre les compétitions. « Rien n’est sûr pour le moment. Peut-être que cela reprendra en avril. On espère tous tant ! » D’ici là, elle aura bossé dur au lycée Grand Air pour avoir son bac. Son objectif : accéder au cursus qui la fait rêver, la faculté de STAPS à Bordeaux, qui lui permettrait d’allier études et entraînements, à la Salie évidemment !


LA MER • Réussite testerine

Starvoiles DANS L’ATELIER DU MAÎTRE VOILIER

Jérôme Dupin a dépassé ses rêves d’enfant. Lui le passionné de voile, de régate, de vitesse et de technique est devenu, à force de pratique, l’un des maîtres voiliers les plus reconnus de France. Il exerce depuis plus de trente ans à La Teste-deBuch, où il a créé en 1992 la marque Starvoiles qui équipe les meilleurs navigateurs français. Texte & photos Armelle Hervieu (sauf mention)

Quand je serai grand, je ferai des mâts parce que les voiles c’est trop difficile ! » À l’âge de 10 ans, Jérôme Dupin, déjà accro aux bateaux, n’osait même pas imaginer qu’il serait à la hauteur de ses rêves les plus grands. Pourtant, quelques années et beaucoup de régates plus tard, ce ne sont pas des mâts que l’artisan testerin fabrique mais bien des voiles. Des voiles qui équipent les meilleurs bateaux, ceux du Vendée Globe, du Figaro, des catamarans de 70 pieds ou encore des optimist vainqueurs des championnats de France.

L’histoire de Starvoiles et de son créateur a commencé sur les rivages du lac de Biscarrosse. Là où Jérôme Dupin a grandi et fait ses premières armes en optimist. « J’étais le seul mordu du collège. Je me rappelle que je filais au lac dès que je quittais les cours. J’y passais toutes mes fins d’après-midi. Le club m’autorisait à sortir tout seul sur mon petit voilier. » Les parents Dupin s’en souviennent sûrement. Eux qui ont dû parfois aller chercher Jérôme à la nuit tombante, coincé sur sa coque de noix au milieu du lac, car le vent était tombé…

→ Faire avancer les bateaux toujours plus vite Collège, lycée, études supérieures… les années filent et la passion pour la voile de Jérôme ne s’arrange pas. Elle s’aggrave même ! « La voile c’était toute ma vie. J’y passais tout mon temps. » Le jeune compétiteur acquiert au fil des ans un niveau international. Il est dans les trois meilleurs Européens en 420, dans les quinze meilleurs en 470 et dans les cinq premiers Français en optimist. Alors, évidemment, les études dans tout ça… Il préfère se concentrer sur ses courses. « Ce qui me passionnait et

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“JE FILAIS AU LAC DÈS QUE JE QUITTAIS LES COURS. J’Y PASSAIS TOUTES MES FINS D’APRÈS-MIDI”

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VIVRE LE BASSIN


© Arnaud Brucknoff

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© Arnaud Brucknoff

LA MER • Réussite testerine

qui me passionne toujours, c’est la régate, les bateaux et trouver des solutions pour faire aller vite les bateaux. » Très naturellement, à l’heure de gagner sa croûte, Jérôme Dupin décide de s’orienter vers le métier de designer de voiles. Une forme d’évidence. « J’avais passé tellement de temps à réfléchir aux performances des voiliers, près de 300 jours par an à faire des courses. Vous imaginez combien j’ai eu l’occasion d’approfondir la question ! Et puis, pour faire des voiles, il ne faut pas être sorti de Centrale ! » Jérôme commence seul. Il va apprendre « sur le tas » comme on dit, en reprenant une entreprise testerine existante et dont les patrons veulent prendre leur retraite. Non content de développer cette entreprise, Jérôme Dupin va même, quelques années plus tard, créer la sienne. C’est en 1992, la naissance de Starvoiles. En 1995, Starvoiles s’installe au 98 rue Lagrua. La voilerie n’a pas bougé depuis. C’est là que

“DES CHAMPIONS ACHÈTENT STARVOILES” 048/116


le maître voilier va forger petit à petit la réputation qui est aujourd’hui la sienne, taillant sur mesure chacune des voiles qui sort de son atelier, qu’il s’agisse d’un spi de 450 m2, d’une grand voile de 200 m2 ou d’une voile pour optimist de 3,5 m2. « Nous mettons la même attention dans chacune des voiles que nous faisons, assure l’artisan. Pour moi, le génois sur enrouleur du croisiériste a autant d’importance que la nouvelle voile du champion du moment. » Des champions qui ont fait confiance à Starvoiles, il y en a un paquet ! Parmi les plus connus, on citera notamment Jean Le Cam, qui vient de boucler avec brio son dernier Vendée Globe, mais aussi Franck Cammas, élu marin de la décennie 2010-2020, Pascal Bidégorry, vainqueur du Figaro, de la Transat Jacques Vabre, de la Volvo Ocean Race…, Yves Parlier, qu’on ne présente plus, Kito de Pavant et bien d’autres encore.

“LE BASSIN EST UN ÉCRIN SUPERBE” chargé du développement commercial de la structure. Jérôme incarne à lui tout seul « le bureau d’études » de Starvoiles. Il dessine sur mesure chacune des unités qui sort de l’atelier. « Pour cela, je mets au service de mes clients toutes mes années de pratique en tant qu’artisan, mais aussi en tant que compétiteur. Je m’adapte à l’objectif de celui pour qui je

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→ « Pour la voile, c’est Disneyland ici ! » Dans l’atelier testerin de Starvoiles, ils sont six à contribuer, chacun à leur façon, à la fabrication et à la vente des voilures de ba-

teaux. Il y a Anne, la couturière danoise qui a décidé de changer de vie et qui coud, depuis, des brassées de spis. Il y a Cédric et Fred, les spécialistes des autres voiles au tissu plus rigide, plus lourd. Il y a Valérie, l’épouse de Jérôme, véritable tour de contrôle, elle veille sur tout le volet administratif de l’entreprise. Et, le dernier arrivé, Théodore, qui est

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­ essine la voile ainsi qu’au plan d’eau sur lequel d il va naviguer. Je vais voir son bateau. Si c’est possible, je navigue avec lui…. » Une fois dessinées, les voiles sont découpées à La Rochelle puis assemblées à La Teste. Du 100 % made in France ! S’il est implanté sur le Bassin depuis plus de trente ans, ce n’est pourtant pas ici que Jérôme Dupin vend le plus de voiles. « Je réalise l’essentiel de mon chiffre d’affaires à l’extérieur de la Gironde et des Landes. J’ai beaucoup de clients à La Rochelle, en Bretagne et au bord de la Méditerranée. Sur le Bassin, il n’y a pas assez de voileux ! », déplore le designer de voiles qui assure cependant que nous possédons ici « un vrai stade nautique ». Et le navigateur, sept fois champion de France sur le 8 mètres JI Vision of Sebago, de se lancer dans un véritable panégyrique de notre lagune… « On a une chance de fou chez nous. Le bassin d’Arcachon est un écrin superbe pour la voile. Un plan d’eau fermé avec un décor fantastique et une hydrographie qui met du piment, avec une faune exceptionnelle, avec du vent presque tout le temps et pas de cailloux auxquels se frotter. C’est Disneyland ici ! »


LA MER • L’Audengeois

Denis Ruiz GÉNIE MARITIME Denis Ruiz a dû apprendre autant de métiers qu’il était nécessaire afin de réaliser son rêve d’enfant : construire son propre bateau. Mais le concepteur de l’Audengeois, un bac à voile avant-gardiste mis à l’eau il y a quelques semaines, n’en est pas à son premier coup d’essai. Portrait. Texte & photos Xavier Davias

L’

homme n’est pas du genre à rester à quai. De tout temps, Denis s’est laissé guider par son envie de mettre les voiles. À 54 ans, cet Audengeois se souvient des maquettes navales de son adolescence qu’il délaissa pour sillonner le Bassin avec son paternel. Il tire ses premiers bords sur un corsaire (un monotype de 5,5 mètres) qui lui donnera pour toujours le goût des belles courbes. Alors, quand l’occasion de prendre le large s’est enfin présentée à lui, le mousse s’est fait capitaine pour conquérir le golfe de Gascogne. → Pris dans la tempête Régates, convoyages, expéditions… Lors de l’une de ces épopées l’amenant de La Rochelle au port du Crouesty dans le Morbihan, l’équipage essuya un vent de force 10 et des creux de 5 mètres. « Ça t’apprend à regarder deux fois la météo avant de partir… » S’il en plaisante aujourd’hui, le souvenir du froid est en revanche toujours vivace. « On avait 18 ans, on ne se rendait pas compte. On était partis en jean alors que le bateau engouffrait jusqu’au pied de mât à chaque vague, c’était infernal ! » Cette nuit-là allait influer significativement sur la personnalité du futur concepteur. Il ne le sait pas encore à ce moment-là,

intérieurement et je l’ai fabriqué à ­l’identique, pièce par pièce. » Ces six années de chantier en solitaire allaient s’avérer fructueuses puisque Prana n’a « jamais eu un seul pépin en quinze ans ».

mais chacun de ses futurs bateaux seront conséquemment définis par deux prérequis, sécurité et confort. → En solitaire… Opiniâtre, Denis décide dans les années 2000 de renouer avec les plans et les maquettes. Mais cette fois, il passe à l’échelle 1/1. Son premier projet consista en l’aménagement d’une coque nue, « un dériveur intégral en acier entièrement aménagé pour le voyage ». La trentaine naissante, le peintre de profession se fait ébéniste, électricien naval, plombier… « J’ai tout appris sur le tas. J’avais une idée de ce que je voulais

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→ Sacrilège, compétiteur, épicurien… Jamais à court d’idées, Denis s’est alors piqué de construire à partir de rien un bac à voile traditionnel, l’Audengeois. Mis à l’eau il y a quelques semaines, il fut inspiré par les vieux gréements des ports voisins. « Gujan-Mestras, La Teste… avaient leur bac mais pas Audenge… Je me suis dit : “Je le fais !” » Ce coup de tête lui a valu de consacrer huit années de plus à la réalisation d’un bac singulier. Une coque en résine, une cabine avec couchettes, un winch électrique, un arbre d’hélice monté sur crémaillère… Autant de choix qui seront, Denis le sait, considérés comme un sacrilège par les puristes. Mais il s’en moque. Ce qui compte, c’est de représenter la ville d’Audenge au départ des futures régates et de profiter pleinement du Bassin. « Naviguer dans très peu d’eau, s’échouer à l’île aux Oiseaux et dormir sur l’eau… » Un plan de navigation alléchant qui ne calmera que quelque temps cet infatigable bricoleur, déjà tourmenté par son prochain projet : la rénovation du corsaire de son enfance.


“S’ÉCHOUER À L’ÎLE AUX OISEAUX ET DORMIR SUR L’EAU…”

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La mémoire du bassin • Le temps des moulins

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Cela peut étonner mais il y a bien eu des moulins sur le bassin d’Arcachon et le val de l’Eyre. Moulins à eau, moulins à vent ou à marée, quelques vestiges (sans ailes) demeurent non loin des cours d’eau et de la petite mer de Buch. Se questionner sur ce patrimoine ancestral ne peut que nous plonger dans une histoire d’un autre temps. Texte & photos Sabine Luong (sauf mentions)

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La mémoire du bassin • Le temps des moulins

Carte du cartographe Masse de 1708

! CHIFFRES

© Images d’autrefois de la Gironde

de Paul Perrein

La Teste-deBuch : 12 moulins à vent et 7 à eau. Un seul debout, le moulin de Bordes. ­Gujan-Mestras : 14 moulins à vent entre 1708 et 1860, 4 à eau. Il ne reste que les moulins à vent de Cantaranne, dans la propriété du château de Ruat, qui traitait jusqu’à 300 kg de farine par jour en 1809, le moulin du Larros, et celui de Chaouchoun.

© Images d’autrefois de la Gironde de Paul Perrein

SUD-BASSIN

“Avoir un moulin et un four était signe de noblesse” ventes et accords officiels entre les seigneurs de l’époque et les différentes paroisses, les fouilles le long des cours d’eau. À vent ou à eau, il y en aurait eu près d’une centaine. Le premier moulin à eau aurait vu le jour au XIe siècle du côté de Lège, sur l’estey de Campagne. La parole, les mémoires vivantes et les légendes gasconnes ont toute leur importance ici. → Un peu d’histoire Pour comprendre la présence des moulins dans ce pays de Buch, il convient de se pencher sur les mœurs et coutumes des habitants de ce territoire qui s’étend du Porge au nord à La Teste-de-Buch au sud, en passant par Belin-Béliet à l’est. Jadis, avant l’occupation romaine, les seuls habitants s’appelaient les Boïates ou les Boïens, et leur habitat s’étendait

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Le moulin de Cantaranne

© F. Taffard / Archives Municipales La Teste-de-Buch

→ L’histoire des moulins, de passionnantes recherches Recenser les moulins du pays de Buch n’est pas une mince affaire, car ils n’ont pas tous été construits à la même époque. De nombreuses études ont été effectuées par des historiens locaux, pas toujours d’accord sur leur nombre. Ils se sont plongés dans des documents d’archives : les cartes du cartographe Masse de 1708, Cassini de 1744, Beleyme de 1785, Beautemps-Beaupré de 1829, les extraits de cadastres de 1848-1849, les documents officiels ou notariés stipulant

jusqu’à Lacanau, Le Temple, Croix d’Hins et Salles. Ils vivaient dans des conditions difficiles sur une terre pauvre et marécageuse, bordée d’une côte aux sables mobiles qui recouvraient tout, rendant la terre difficilement cultivable. Il faudra attendre le XVIIIe siècle avant que des pins ne soient plantés selon les directives des seigneurs de l’époque, les captaux de Buch, afin de ralentir l’érosion éolienne et d’assécher les marécages.


© Archives Municipales

La Teste-de-Buch

Le moulin de Javal

! CHIFFRES

NORD-BASSIN À Arès, 5, dont le moulin de Javal qui, avec ces créneaux, proche de l’ovniport, est encore visible. À Andernos, un seul à eau, dit du Milieu. À Lanton, 3, dont 2 à eau, le dernier a été démoli en 1982. Il reste les ruines du moulin Dussol. Et enfin, Audenge en aurait eu 5.

Le Vieux Moulin, Lanton

C’est la seule condition pour prétendre cultiver la terre et les céréales nécessaires aux moulins. Terre de transhumance, de forêt et de sable, de pêcheurs et de résiniers, de charpente navale et de conserverie de poissons, on peut se demander si la culture de céréales était importante. Elle s’élevait à la fin du XVIIIe siècle pour les communes de La Teste, Gujan, Le Teich, Mios, Biganos, Audenge, Lanton, Andernos et Lège à 15 200 hectolitres pour le seigle, 814 hl pour le froment, 567 hl pour le mil, et 800 hl pour

“Les pins datent du XVIIIe siècle”

Vestiges du moulin à eau du PontNeau, Biganos

le maïs. (Source : Jean Cavignac – Arcachon et le val de l’Eyre, 1974.) Autant dire que cultiver les céréales ne suffisait pas aux besoins des habitants. → La vie dans les airials du pays de Buch En ces temps, les échasses et les charrettes à bœufs représentaient les moyens de se déplacer sur les chemins impraticables. Les habitants se regroupaient dans des airials espacés, sortes de villages « d’Astérix » très hiérarchisés construits autour de la maison d’un ou deux maîtres terriens. Ces communautés familiales fonctionnaient grâce à une économie d’autosuffisance

et utilisaient le troc. Il y avait des métayers, des brassiers (ceux qui louaient leur bras), des bouviers (conducteurs de bœufs), un charpentier, un maréchal-

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ferrant, et un meunier lorsqu’il y avait un moulin. Et entre les airials, il y avait une sacrée compétition ! Avoir un moulin et un four était signe de notoriété,


La mémoire du bassin • Le temps des moulins

DE L’EYRE

Il y aurait eu une trentaine de moulins à eau sur les affluents de la Leyre, qui traverse les communes du Barp, de Mios, de Biganos et de Salles. Seule aujourd’hui la toponymie des lieux en garde le souvenir. La mairie de Biganos a restauré en 2012 les vestiges du moulin du Pont-Neau datant du XVIe siècle, qui évolua en forge puis en moulin papetier, ancêtre de l’usine de la Cellulose du pin Smurfit Kappa. Il reste celui de la Cassadotte (caviar), mais le moulin lui-même a été transformé.

→ Le meunier, personnage important des airials La place du meunier était essentielle au sein des seigneuries, tout comme celle des forgerons. Le meunier prélevait sur la mouture la « pugnehade », c’està-dire 1/16 du produit pour le prix de son travail, ce qui faisait de lui un indépendant considéré comme avide et rusé. Les gués avec les passeurs de rivière qui percevaient l’octroi étaient très fréquentés. Le moulin était à bien des égards fort utile et à la pointe du progrès. Car, outre sa fonction première avec ses meules en silex, certains moulins à eau étaient

“Le moulin du Martinet avait un marteau de forge”

© F. Taffard / Archives Municipales La Teste-de-Buch

! VAL

de noblesse. Faire son pain, base de l’alimentation, était un luxe et un pouvoir. Alors l’airial avait son moulin, d’une rentabilité douteuse, surtout pour les moulins à vent positionnés parfois en dehors du lit du vent. Ils ne fonctionnaient qu’en automne et en hiver, en raison des conditions climatiques, des cours d’eau à faible débit et du manque de grain à moudre.

Le moulin de Larros, Gujan-Mestras

équipés de courroies, de potences et d’étriers réglables sur lesquels on pouvait adapter des outils pour casser, scier ou soulever des charges lourdes grâce à la force mécanique de l’eau. C’était le cas du moulin du Martinet à Salles qui avait son marteau de forge, ou la forge du Bran, dont il ne reste que quelques pierres et le mécanisme hydraulique. Salles a compté une douzaine de moulins à eau, essentiellement sur les affluents de la Leyre, celleci étant jugée trop impétueuse. Ce fut le cas lors des pluies diluviennes de janvier 1843, inondant prés, champs et jardins, anéantissant toutes les cultures. Cette catastrophe marquera la fin de nombreux moulins à ossature bois de la Haute-Landes. (Source : Serge Martin, La Leyre, contes et chroniques d’autres temps.) → La particularité des moulins de La Teste-de-Buch La présence de nombreux moulins à vent sur les bords du Bassin semble liée à une histoire ancienne qui rapprochait les autochtones des Bretons. Ils venaient chercher des produits

Carte du cartographe Cassini de 1744

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de carénage de bateau, des goudrons de pin et le brai utilisés pour le calfatage des navires que les habitants du Bassin produisaient. En échange de quoi, les Bretons amenaient du blé. Ils abandonnaient les pierres de lest, qu’ils utilisaient pour stabiliser le bateau et avoir de meilleures qualités nautiques, au niveau de l’Aiguillon. Ces pierres qui ne dépasseront pas La Testede-Buch ont servi à construire certaines habitations et les douze moulins à vent et sept à eau de cette commune. Les autres moulins du bassin d’Arcachon seront faits de bois d’alios et de pierres importées du centre de la France.

→ La fin des moulins Les taxes d’État inciteront les propriétaires à ôter les ailes des moulins. Les moulins en bois seront démontés, ceux en pierre

“Certains moulins étaient faits en pierre bretonne”

privés d’ailes ne seront plus que des tours qui tomberont en ruine. L’arrivée du chemin de fer en 1841 reliant Bordeaux à La Teste-de-Buch est une trop forte concurrence pour la fourniture des farines, la sylviculture plus rentable et l’arrivée de l’électricité sonneront le glas de la plupart des moulins du pays de Buch.

Le moulin de Bordes, La Teste-de-Buch

! LE DERNIER À TOURNER

© Moulin de Dubern

Un seul moulin est encore en fonctionnement, le moulin à eau de Dubern à Salles. Construit au XVe siècle et transformé en minoterie en 1930, il a été entièrement rééquipé en 1989 par la famille Dufaure. Il produit aujourd’hui 2 tonnes de farine par heure, pour les pains (seigle, blé, etc.), mais aussi pour les pâtes à pizza. Le moulin Debat a été transformé en habitation.

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La mémoire du bassin • Le temps des moulins

“C’est un moulin à vent classique dit à ‘toiture tournante’.”

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Rencontre avec Michel Doussy, écrivain-journaliste, propriétaire du dernier moulin de La Teste-de-Buch : le moulin de Bordes Propos recueillis par SLNT

→ Michel, pouvez-vous nous en dire davantage sur le moulin de Bordes ? Je l’ai acheté dans les années 1960 au professeur Rocher, orthopédiste bordelais. Dans les années 1940, le moulin n’avait plus de toit avec une charpente effondrée. L’escalier en bois était inexistant, seulement deux marches subsistaient. Le mécanisme démonté depuis longtemps n’était représenté que par des fragments de meules en silex blond dont on peut voir un morceau à droite de l’entrée du moulin. On situe sa construction au début du XVIIIe siècle, mais certains détails constructifs pourraient reculer sa construction au moins au siècle précédent. Mais ceci reste une hypothèse.

→ Avez-vous rencontré des difficultés lors de sa rénovation ? C’est un moulin à vent classique dit à « toiture tournante ». Je voulais le restaurer à l’identique dans sa structure, mais sans ailes. Pour les escaliers qui n’existaient plus, cela m’a posé des soucis. Et j’ai fait une faute. Quand je l’ai acheté c’était vide. Il y avait encore les excavations. Alors je me suis mis une pige avec un liteau au milieu pour avoir mon implantation. J’ai enquillé les marches que j’avais préparées à l’avance, mais je suis arrivé à un point où c’était effondré. J’ai compris plus tard que le moulin avait une coursive en bois. Du coup, à partir de cet endroit, il a fallu que je creuse dans les

murs. Ce moulin, n’était pas fait en alios, ce grès ferrugineux d’extraction locale, comme le sont les autres moulins du Bassin. Il était en granit, importé par les bateaux comme lest et abandonné ensuite sur la côte, puis récupéré par les autochtones pour leur construction. Heureusement, mon père m’a beaucoup aidé pour l’escalier et la poutraison. Je suis issu d’une famille qui travaillait le bois, d’ailleurs moi-même j’ai été compagnon menuisier-charpentier, ce qui m’a bien aidé dans la rénovation du moulin. Je l’ai sauvé de la ruine mais je ne l’ai pas rétabli dans ses fonctions. Aujourd’hui, c’est une habitation. Il est le seul moulin de La Teste-de-Buch à garder la mémoire des 18 ou 19 autres moulins de la commune. → Avez-vous des documents concernant ce moulin ? Très peu. Il y a des cartes marines du XVIIe siècle qui le font apparaître symboliquement avec sa tour et ses ailes comme amers, une sorte de repère pour les marins. En revanche, j’ai un tableau de 1822 peint par Antonio Brugada, un disciple du peintre Goya. J’ai une gravure de Léo Drouyn où il figure, ainsi qu’une aquarelle daté de 1879 qui montre le moulin sans ailes. On y voit l’emplacement actuel : le moulin, le puits et la maison du meunier. Sources : Conservatoire patrimonial du bassin d’Arcachon. Les bulletins de la Société historique et archéologique du bassin d’Arcachon. Histoire et traditions du bassin d’Arcachon. Archives de La Teste-de-Buch.

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© Bouscarrut

Portfolio

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→ Avoir l’œil photographique, c’est bien. En avoir deux, c’est pas plus mal. Mais que dire quand on en a un troisième. Avec une approche insolite, entre chamanisme, écoute des esprits et ésotérisme, Emmanuel Fazembat, en seulement quatre ans de pratique, s’est imposé comme l’un des photographes les plus reconnus du Bassin. Avec bien souvent le respect de ses pairs. « Mes confrères m’appellent “l’œil”, “le couteau suisse de la photo”, “maître”… Hé ! Arrêtez tout, les gars ! », sourit Emmanuel Fazembat, un brin gêné. Pourtant, rien ne destinait ce spécialiste en cigares pendant des années à la Régence place Tourny à Bordeaux, avant que l’établissement ne ferme, à une telle reconversion. « Je me suis installé sur la presqu’île, à Claouey, et j’ai commencé à prendre des photos avec mon iPhone ; elles ne cassaient pas trois pattes à un canard », se souvient-il. Le déclic est arrivé après un week-end chamanique. « Après

cette expérience, mes photos ont changé, j’ai commencé à entendre des voix, comment faire mes réglages, orienter mon appareil photo. Je vois des lignes qui apparaissent, je suis dans un état de transe, comme si ce n’était pas moi qui prenais la photo. » Si les esprits le guident, ils doivent aussi bien se marrer quand il fait tomber son matériel à l’eau. Son téléphone n’aura pas duré longtemps et Emmanuel a dû mieux s’équiper. Il ne compte plus le nombre d’appareils plongés dans l’eau salée. Mais quand on veut le meilleur cadrage, avec le boîtier sur son pied installé dans les courants, c’est toujours risqué. Aujourd’hui, il est passé au moyen format, le Graal de tout photographe contemplatif, alors, il fait davantage attention à son matériel. Il s’est aussi penché plus longuement sur la technique, « mais j’ai eu une facilité particulière à apprendre, je ressens que mon aisance n’est pas normale », reconnaît-il. Reste qu’il a réussi à se débarrasser

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des contraintes du métier pour ne voir que l’essentiel. Le matin tôt ou au crépuscule, il part sans but précis, guidé par les esprits, pour être « au bon moment, au bon endroit ». « Je ne veux pas être un photographe de lever et de coucher de soleil, mais j’adore la charge énergétique de ces moments. Ils mettent en valeur les objets singuliers, et dans les chakras, l’eau est associée à la couleur orange, l’émotion, j’aime cette résonance. Je me suis aperçu que dans mes photos, on retrouve l’eau, l’air, le feu, la terre, je veux faire apparaître l’invisible », explique Emmanuel. Avec ses 11 500 followers sur Instagram, son univers semble bien taper juste. Pour ne pas se cantonner à un seul thème, il enchaîne aussi les challenges photographiques sur le site GuruShots… dont il est rapidement devenu l’un des gourous, et certains de ses clichés sont exposés dans une galerie à New York. Instagram.com/emmanuel.fazembat


© Emmanuel Fazembat

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© Emmanuel Fazembat

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MODE & déco 4e partie

Reine de la lumière vintage

Dans « la rue de la déco » à Petit Piquey, une nouvelle boutique vient de s’installer. Murielle Franceries est une véritable passionnée de lustres et lampes en tout genre et de toute époque, qu’elle chine inlassablement. Avec des coups de cœur pour les verreries de Vianne, Degué ou encore Mazzega. Dans ce bric-à-brac poétique, on peut dénicher des petits trésors que Murielle restaure et illumine à nouveau. Ses réalisations ont déjà une belle notoriété et l’on fait appel à elle pour donner un style vintage à son éclairage, comme à Bordeaux, la maison Lascombes et sa brasserie Puy Paulin. On peut découvrir aussi ses pots Hugues, bruts ou émaillés. Elle a en effet créé sa propre marque de pot à résine. Et comme Murielle aime le partage, elle n’hésite pas à héberger des œuvres de créateurs locaux, comme de magnifiques céramiques raku et bien d’autres surprises. PB 50, route de Bordeaux, Petit Piquey www.ateliersmf.fr, instagram : ateliers_mf

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MODE & Déco • News

énormément du Bassin, de ses paysages, de son énergie. Ainsi, son fauteuil vague évoque la mer sans équivoque. Et qu’on ne s’y méprenne pas, ses meubles ont beau être très légers et donc faciles à transporter, ils n’en sont pas moins très costauds ! Ils supportent 100 kilos au cm2 ! AH

© Laurence Bortil

© Laurence Bortil

Qu’on se le dise, les bracelets et accessoires en paracorde (corde de parachute) de Laurent Texier sont uniques et entièrement faits à la main ! Tout doux, solides et résistants à l’eau de mer et aux UV, ils font déjà sensation auprès des entreprises qui commandent également des dragonnes et porte-clefs. Plus de 100 modèles aussi variés que colorés peuvent se parer de perles, d’ancres, manilles, maillons de chaines de vélo et autres… Même les chiens peuvent avoir leur collier ou leur laisse. Laurent travaille sur mesure et peut refaire n’importe quel cordage qui a rendu l’âme. SL Contact sur Facebook : NouagesCréations. 06 85 58 47 93 nouages.texier@gmail.com Présent sur les marchés de ­Marcheprime, Andernos, La Teste-de-Buch, en été nocturne d’Arcachon et sur le front de mer avec les Artisans del Païs.

formidables avec un matériau très ordinaire ». La notion de recyclage est capitale pour la jeune femme dont l’atelier est installé chez elle, à Biganos. « Je récupère les cartons des entreprises du Bassin qui veulent bien me les donner et je leur donne une seconde vie. » Pour créer, Laurence s’inspire

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Le spécialiste des noeuds

Laurence Bortil est une créatrice originale. Elle est la seule au bord du Bassin à transformer les cartons en meubles et en objets. On appelle cela un designer cartonniste. Le résultat est vraiment sympa et le concept excellent. Pour Laurence, il s’agit de « montrer que l’on peut faire des choses

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Laurence Bortil transforme les cartons en créations

© Kokobelli

ET LA PIGNE DEVIENT BIJOU Carole Maret, artisane d’art à Lège, est déjà bien connue pour ses bijoux en ivoire végétal. Un travail d’orfèvre sur la « tagua », cette graine issue d’un palmier tropical de la famille des cocotiers. Mais Carole cherchait depuis longtemps un matériau local sur lequel elle pourrait laisser libre cours à son imagination. C’est enfin trouvé ! La pigne, ou la pomme de pin, dévoile une richesse insoupçonnée qu’elle met en lumière sur des bagues, boucles d’oreilles, pendentifs ou broches, le tout habilement renforcé par la beauté de l’ivoire végétale. L’artiste découpe des tranches dans le cœur même de la pigne : « Dès mon premier test, j’ai découvert une esthétique incroyable, on y trouve des motifs géométriques, graphiques, comme des fractales. Cela représente pour moi le cycle de la vie », explique Carole Maret. PB www.kokobelli.fr

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© Sebago

Oh Les Jolis ouvre son showroom

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SEBAGO TRAVERSE L’ATLANTIQUE ET S’INSTALLE à Arcachon

O

h Les Jolis a réussi en cinq ans à devenir l’une des marques les plus tendance du Bassin. D’abord avec ses pochettes aux graphismes soignés et colorés, puis des mugs, casquettes, porteclefs… et enfin des sweats, t-shirts et vareuses… Derrière le concept, un couple de jeunes plein de talents. « On voulait créer une marque inspirée du coin, pas kitsch mais fraîche, colorée », expliquent ces enfants du Bassin. Océane a grandi entre le Canon et le Pyla, et Jérémy, petit-fils d’ostréiculteur, n’est jamais très loin de sa planche de surf. Dans cette aventure, ils se sont partagé les tâches.

Océane est graphiste et crée logos, motifs et design. Jérémy est aux manettes dans l’atelier. Oh Les Jolis garde toujours à l’esprit le côté éthique (coton bio) et local (les broderies et impressions sont faites dans l’atelier). Et justement, c’est la bonne idée de la marque : proposer des produits entièrement personnalisables. Par exemple, pour la gamme phare « Capitaine » et « Fille de l’océan », chacun peut demander de rajouter son petit texte. → Une boutique à l'année Afin de dénicher cette marque, il fallait jusquelà attendre la saison pour retrouver le couple au Cap-

Ferret, 65 boulevard de la Plage, ou dans des boutiques éphémères ou encore commander sur le site. Océane et Jérémy viennent enfin d’installer leur atelierboutique à Andernos. Dans cet espace chaleureux, à leur image, on peut leur rendre visite toute l’année. Que ce soit pour personnaliser un produit, flâner dans le showroom ou récupérer des commandes internet. PB — 13, rue Nicéphore-Niépce dans la zone artisanale d’Andernos, les lundis, mardis et mercredis de 10 h à 17 h et le reste de la semaine sur rendez-vous. 07 69 96 21 86 www.ohlesjolis.com Instagram : @ohlesjolis

VIVRE LE BASSIN

Sebago installe sa toute première boutique en France et plus précisément dans le centre-ville d’Arcachon. Pour l’occasion, la marque américaine créée en 1946 a choisi un espace technique et fonctionnel de 50 m2 ultra-moderne mêlant astucieusement le bois, l’aluminium et l’esprit marin. Parfait pour y découvrir un univers de chaussures iconiques et de prêt-à-porter de qualité qui convient au quotidien de tous les Arcachonnais : ceux qui aiment avoir les pieds dans l’eau (Docksides), les plus citadins (Citysides) ou encore les baroudeurs des temps modernes (Campsides). Tous les fans de Sebago et les autres seront ainsi séduits par cette nouvelle boutique qui surfe sur la vague du chic, de l’authentique et de la côte Atlantique ! PB Rendez-vous dès le 12 mars au 46 avenue Lamartine, 33120 Arcachon.


MODE & Déco • Réduction des déchets

a recyclerie LDONNE UNE

SECONDE VIE AUX OBJETS D'OCCASION La recyclerie Atenoba a ouvert ses portes en janvier 2019 à Andernos. On y déniche ce qu’il faut pour équiper sa maison, de la petite cuillère à la perceuse en passant par les jouets, les livres, les CD, DVD… Le tout de seconde main, bien sûr, puisque le but du lieu est de consommer autrement en donnant une seconde vie aux objets et en réduisant nos déchets. Texte & photos Armelle Hervieu (sauf mention)

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n vous le dit d’entrée de jeu. Vous n’irez pas à la recyclerie Atenoba pour le charme du lieu. Un grand hangar de 320 m 2, situé dans la zone industrielle d’Andernos, dans lequel on gèle en hiver et on étouffe en été. En revanche, vous irez pour y dégoter tout un tas d’objets utiles et vraiment pas chers. Vous irez aussi à la recyclerie et vous y reviendrez même pour côtoyer plein de gens sympas. Employés ou bénévoles, tous sont animés de la même foi. Il faut arrêter de donner n’importe quoi à manger à nos poubelles. C’est la même histoire qui a conduit Jessica, Mado, Charlotte ou Carole à venir travailler ici. La même prise de conscience. Une même poubelle qui déborde. « En arrivant sur le Bassin, il y a deux ans et demi, je bossais dans le stylisme. Je ne me sentais plus à ma place. J’avais besoin d’être utile et de vivre une aventure humaine », retrace Carole qui embarque dans l’aventure Atenoba (Atelier Nord Bassin, nom de l’association qui porte la recyclerie) pour y mettre, notamment, à l’œuvre ses talents de recycleuse. « J’adore fabriquer des objets avec d’autres que l’on croit destinés au rebut. » À la recyclerie, Charlotte trouve, toutes les semaines, dans les dons des habitants, de quoi assouvir sa passion pour la customisation et le bricolage.

“JE VENAIS ICI COMME CLIENTE PUIS JE ME SUIS PRISE AU JEU” → « J’ai décoré la chambre de ma fille grâce à la recyclerie » Jessica, une autre bénévole, est quant à elle la reine des chineuses. « J’ai commencé à venir ici en tant que cliente puis je me suis prise au jeu. Maintenant, à la maison, on est zéro déchet et seconde

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main. La chambre de ma fille de 4 ans est entièrement meublée et décorée de choses achetées ici. Et elle en est ravie ! » Le plus grand bonheur de Jessica, quand elle est à la recyclerie, c’est de voir des gens partir avec des objets qu’elle a donnés et dont elle sait qu’ils vont ainsi vivre une


!

EN PRATIQUE

© Charlotte

Les dons/apports à la recyclerie se font les mercredis toute la journée et les vendredis après-midi sur rendez-vous. La boutique est ouverte à la vente tous les samedis, toute la journée.

autre vie. Mado est venue à la recyclerie « parce qu’on avait besoin de monde dans la collégiale ». L’association est en effet gérée par un collectif de personnes. « Je faisais partie de Bassin en transition, ce regroupement qui est à l’origine du projet de base autour de la réduction des déchets, du Repair café… » Hors temps de Covid, la recyclerie Atenoba accueille toujours le Repair café et d’autres ateliers en lien avec le zéro-déchet. Ici, ce n’est pas seulement un lieu de vente. C’est aussi un

lieu de convivialité où l’on vient partager des objets, des idées et du temps. → Tout ce qui entre et tout ce qui sort est pesé La recyclerie Atenoba est une structure peu ordinaire pour une zone ni vraiment rurale, ni vraiment urbaine comme le bassin d’Arcachon. Elle a vu le jour grâce à ceux qui ont défendu le projet, comme Carole Malaval, qui en est aujourd’hui l’une des deux employées, mais aussi

VIVRE LE BASSIN

grâce à des partenaires institutionnels : l’intercommunalité du Nord Bassin, la Coban et puis l’Europe, l’Ademe, la Région et l’État. Pour rendre des comptes à ces partenaires et mesurer l’utilité de l’endroit, tout ce qui entre et tout ce qui sort de la recyclerie est soigneusement pesé. À la fin de l’année, les membres d’Atenoba peuvent ainsi quantifier précisément quel tonnage d’objets ils ont contribué à sauver en les réinjectant dans nos maisons.


Brigitte Boulet

mode & déco • Luminaires

ET LA LUMIÈRE FUT…

Osant la reconversion, Brigitte Boulet a renoué il y a peu avec la passion d’une vie, les abat-jour. Entre charme désuet et design moderne, cette équilibriste assumée fait désormais partie des quelques dizaines d’artisans français spécialistes d’un véritable art de vivre. Texte & photos Xavier Davias

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ur les hauteurs de Pyla-sur-Mer, la lumière, à peine filtrée par la cime des pins, pénètre sans mal dans l’atelier de Brigitte. À sa table de travail, l’abajouriste vit un rêve. Elle s’affaire à découper et assembler avec une liberté dont elle s’est pourtant longtemps privée. Qu’estil arrivé à cette petite fille de 8 ans qui passait alors son temps à décorer des abat-jour un peu trop fades à son goût ? « C’est une passion qui ne m’a jamais quittée, mais il y a le rêve et la réalité… » Cette même réalité, secondée par la pression parentale, l’amènera à embrasser au plus vite une carrière aux antipodes de sa personnalité. « Je suis devenue contrôleuse de gestion… » confie-t-elle sans emphase. « C’est un métier où il y a peu de place pour la fantaisie. »

→ Arcachon, ses villas, son ambiance feutrée Sa passion des abat-jour demeura longtemps dans l’ombre d’une vie « réaliste » dans le 17e arrondissement de Paris. Attendant la vie au tournant justement, Brigitte vit enfin l’opportunité d’une reconversion en 2017. Son mari et elle décident alors de quitter la capitale afin de rejoindre la Gironde natale de monsieur. Un déménagement qui est surtout l’occasion de pousser sa chance. C’est dans l’intimité des villas arcachonnaises que commence à prendre forme son rêve d’enfant. « Il y avait une forte demande pour la restauration de lampes. Ces maisons disposaient souvent de beaux meubles, d’un patrimoine issu d’héritages…

“LES LAMPES PASSENT DE LA TRISTESSE D'UNE PIÈCE À LA PIÈCE MAÎTRESSE”

VIVRE LE BASSIN

la première année, je n’ai fait que ça. » Cet hiver-là, les rues désertes de la station balnéaire et un carnet de commande aux pages noircies l’ont tenu confinée dans son atelier. « Ces heures passées, sans distractions, m’ont obligée à me poser et à vraiment réfléchir à mon projet. » → Sortir de l’ombre Cette introspection salutaire et une réputation naissante furent alors pour Brigitte le viatique de sa réalisation professionnelle. Détournement d’objets, créations, revisites… Libre de voir ses idées lui filer entre les doigts, c’est donc vers le design que notre abajouriste s’oriente désormais. Ces lampes, qui demeuraient autrefois la « tristesse d’une pièce », deviennent entre ses mains la « pièce maîtresse » d’un intérieur. L’engouement récent du grand public pour la déco conduit, il est vrai, des clients toujours plus nombreux à sa porte. Fidèle à sa créativité retrouvée, Brigitte a fait de son mantra une marque de fabrique : « Je veux faire rêver mes clients ! » — Abat-jour B&Déco, 09 53 02 24 79 www.abatjourbetdeco.fr Instagram : @abatjourbetdeco


MODE & Déco • Gîtes

12 PERLES de Larros LesDES DE CULTURE…

À la confluence du patrimoine, de l’hôtellerie immersive et du street art, les « 12 de Larros » se définissent comme une « résidence hôtelière ». Mais l’établissement d’Anne-Sophie Jean et Brice Lafon – des « enfants du pays » – est cependant bien plus profond et complexe que cette modeste définition. Texte & photos Xavier Davias

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itués sur le flanc ouest du port de Larros, à Gujan-Mestras, les douze gîtes tutoient les patronymes qui ont fait les grandes heures du port. Les Dubourdieu, les Couach et les Laban d’aujourd’hui, mais également les Ducourau et les Druart d’autrefois qui participèrent à l’essor du site, notamment par l’ostréiculture. À plus d’un titre, les fondations des « 12 de Larros » sont profondément ancrées dans la mémoire du lieu. Entre maline et Bassin, la façade bardée de pin à la manière des cabanes traditionnelles complète ainsi une carte postale très prisée. → Entre deux mondes… Mais cet écrin en première ligne n’a pourtant rien d’une coquille vide. C’est en effet une ouverture sur la culture et la nature que les concepteurs du lieu ont souhaité. Limitant les volumes et l’emprise au sol, les douze gîtes laissent passer la lumière et offrent une expérience tournée vers les bassins de décantation au sud, et vers le bassin d’Arcachon au nord. « La faune n’est pas la même des deux côtés de l’établissement » nous fait remarquer Anne-Sophie qui, depuis les terrasses suspendues au-dessus des malines, observe l’envol de ses voisins au couchant. → Un art de vivre autochtone se dévoile Cormorans, pieds rouges, martins-pêcheurs… Au milieu de tout ce monde, les gîtes servent de passage, comme une « invitation au voyage ». Douze artistes (douze perles du street art) y ont pris part

“ICI ON VIT LE BASSIN DE FAÇON PLUS AUTHENTIQUE” en apposant leur griffe sur ces murs. « Il y a autant d’ambiances différentes, chacune rattachée à un titre de chanson française », poursuit Anne-Sophie. « Chaque lodge possède son identité, avec une bibliothèque et une playlist choisies par nos artistes partenaires. C’est un peu comme un album à découvrir, une autre forme de voyage. » Cette expérience inspirante n’est par ailleurs pas seulement tournée vers « l’intérieur », puisque les gérants ont souhaité offrir à leur clientèle de

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« vivre le Bassin » de la manière la plus authentique. Aller chercher ses huîtres directement chez le producteur, mise à disposition de vélos, sorties en pinasse, balades contées, pétanque… Autant de façons de partir à la rencontre d’un art de vivre façonné par le bassin d’Arcachon, que l’on soit touristes ou même locaux. « Beaucoup de nos clients sont en effet du Bassin mais ils viennent et reviennent car ici, ils prennent le temps de redécouvrir leur territoire. »


Pour en savoir plus : les12delarros.com 06 99 75 94 74.

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GREEN 5e partie

À vélo & sur les flots Ce sont près de 70 kilomètres que Laure et Matthias vous proposent de parcourir à vélo. Il s’agit, ni plus ni moins, d’une boucle touristique autour du bassin d’Arcachon, à la découverte de ses plages, son patrimoine et ses trésors cachés. Cette offre unique en son genre, au départ de la gare d’Arcachon, vous propose une balade de deux à trois jours. Bagages, hébergement, restauration, visites, dégustations… tout est prévu. Profitez d’une escapade gourmande exceptionnelle de 4 à 12 personnes. Les sites incontournables du Bassin sont évidemment au rendez-vous, de la dune du Pilat au phare du Cap-Ferret. Mais ce « tour du Bassin » est aussi l’occasion de découvrir des sites plus confidentiels tels que les esteys de SaintBrice à Arès, les plages d’Andernos ou encore l’esturgeonnière du Teich. La boucle s’achèvera par la traversée en bateau du Cap-Ferret jusqu’à Arcachon. Des vélos à assistance électrique peuvent être mis à disposition sur demande pour les moins sportifs. XD www.arcachonecotours.com – 06 68 58 40 93

© Xavier Davias

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GREEN • News

Recycler

Tchiloé, première boutique éco alimentaire au cœur d’Arcachon © DR

ces temps de crise écologique : du local en direct producteur. Pas d’intermédiaire et des produits rigoureusement sélectionnés par Manon et Adèle pour leur qualité et leur production écoresponsable. Chez Tchiloé, on peut faire ses courses mais aussi s’attabler ou prendre un repas à emporter. Le lieu propose un point restauration dans lequel sont transformés en quiches, crumbles et soupes tous les invendus de l’épicerie. Pour que rien ne se perde ! AH

© DR

Manon et Adèle sont les cofondatrices de Tchiloé, toute nouvelle boutique alimentaire ouverte en mars, 14 cours Tartas à Arcachon. Ces deux amies ingénieures en agronomie, ancrées dans la nature, amoureuses des animaux étaient désireuses de se lancer ensemble dans l’aventure entrepreneuriale. À tout juste 28 ans, les voici à la tête de leur première boutique. Tchiloé est un magasin alimentaire au concept simple et percutant en

NATURE GASCONNE VEUT CRÉER UNE FERME PÉDAGOGIQUE

© Alexabdre Bert

Votre bateau de plaisance se meurt au mouillage, au port ou dans votre jardin. Il ne vous sert plus à rien et ne ressemble plus à rien. Mais vous ne savez qu’en faire. L’APER (Association pour la plaisance écoresponsable) vous propose de venir le récupérer, où qu’il se trouve, et de le transporter jusqu’à un centre agréé qui se chargera de sa déconstruction. L’APER s’occupe ainsi de tout pour vous et vous n’avez rien à régler, sauf le transport jusqu’au centre de déconstruction/ dépollution et recyclage le plus proche de votre vieux bateau. En vous rendant sur www.recyclermonbateau.fr, non seulement vous faites un geste écologique, environ 70 % des matériaux issus de votre bateau seront valorisés, mais en plus vous faites probablement aussi des économies, en n’ayant plus de place au port ou de gardiennage à payer. AH Tout détenteur d’un bateau de plaisance en fin de vie, immatriculé en France et mesurant entre 2,5 et 24 mètres, peut bénéficier de ce service gratuit.

© DR

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votre vieux bateau !

Le projet est tout prêt, tout beau. Il ne lui manque « plus » qu’un terrain de deux hectares environ pour voir le jour. « Nous voulons créer une ferme pédagogique en permaculture et aquaponie avec une partie production de fruits et légumes bio et une partie avec des animaux de la ferme, des ânes, chèvres, poules, canards, lapins et porcs gascons », détaille Alexandre Bert, président de l’association boïenne Nature gasconne qui porte ce projet de ferme pédagogique avec l’agriculteur Mathieu Labarrere. Nature gasconne, créée en 2014 pour « réconcilier les habitants du Bassin avec leur patrimoine naturel », œuvre déjà à Biganos et à Audenge pour faire découvrir les merveilles naturelles du Bassin. Avec cette ferme pédagogique, elle veut aller plus loin en se dotant d’un lieu pour accueillir et sensibiliser le public. AH

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Mélodie, reine des colibris Mélodie Chibrac a eu la révélation de sa vie à la naissance de sa première fille – elle en a trois maintenant. « Nous vivions à Strasbourg. On était en appart. Avec les couches et tout le reste, on produisait plein de déchets et on avait honte de nos poubelles. On a décidé de participer à un challenge de Zéro Waste France. On s’est pris au jeu et on a dé-

© Armelle Hervieu

© Armelle Hervieu

© DR

© Armelle Hervieu

La Teichoise Mélodie Chibrac agit, au quotidien, pour un monde sans déchet. Elle a créé, en 2018, Effet colibri devenu Zéro déchet bassin d’Arcachon. En 2019, elle inventait le P’tit Mercat, le marché qui part en vrac. Aujourd’hui, elle anime des ateliers zéro déchet et milite pour la naissance d’une maison du même nom.

Si tout le monde vivait comme Mélodie, le monde serait meilleur. Pleine de vraie modestie, pourtant, elle refuse qu’on la cite en exemple et rappelle qu’elle était une grosse pollueuse, avant. Née au Teich, où elle est revenue aujourd’hui,

couvert un monde parallèle fait d’échanges, de bienveillance et d’entraide. » Lorsqu’elle revient sur le Bassin en 2017, Mélodie a un choc. Tout a changé par rapport à son enfance. Plus de vaches dans les prés du Teich, plus de solidarité entre les gens,

plus cet esprit de village, plus de feu de la Saint-Jean et plus, non plus, de conscience de l’environnement. Gros coup de nostalgie mais aussi forte envie d’agir. Mélodie lance l’association Effet colibri au sein de laquelle elle se démène pour la réduction des déchets sur le Bassin. Elle anime des ateliers chez elle, puis à la Maison des associations de Gujan. Elle crée le P’tit Mercat, ce marché où tout est vendu en vrac. Elle fédère des dizaines de personnes et suscite bon nombre de vocations. Pas moralisatrice pour un sou, elle considère que la démarche zéro déchet doit être accessible à tous. « L’important, c’est d’être en chemin. » Chez elle, Mélodie met en

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œuvre les préceptes qu’elle prêche. Tous les produits ménagers sont faits maison. Les cosmétiques aussi. « Les enfants adorent les fabriquer ! » Les restes sont conservés dans des emballages réutilisables (les bee wrap). Le marc de café sert à nourrir le potager. Le composteur transforme les épluchures en terreau. Mélodie a même décidé récemment de se passer de frigo. « On est plus lentilles que viande ! » Prochaine étape, pour cette militante souriante, la création d’une maison zéro déchet sur le Bassin. « Une sorte de pavillon témoin où l’on pourrait voir fonctionner une maison sans déchet et acheter tout ce qu’il faut pour passer à l’acte. » À suivre… AH


GREEN • Ostréiculture

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MarGo,

LES PREMIÈRES HUÎTRES BIO DU BASSIN Il fallait un sacré caractère et beaucoup de patience pour se lancer dans la production et la labellisation d’huîtres bio sur le bassin d’Arcachon. Mais de détermination, Anne Marquet n’en manque pas ! « On nous avait dit que le Bassin n’était pas bon pour le bio au niveau de la microbiologie. » Qu’à cela ne tienne !

A

Texte & photos Armelle Hervieu

nne, la trentaine pleine d’énergie, s’emploie à prouver à l’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité) que ce bassin, vidé deux fois par jour par une chasse d’eau naturelle et qui est aussi centre naisseur d’huîtres européen, possède les qualités nécessaires pour produire des coquillages bio. → L’entêtement porte ses fruits Au bout de près de trois ans de démarche, fin 2020, l’ostréicultrice obtient enfin gain de cause. Les huîtres qu’elle et son compagnon associé, Nicolas Goderel, élèvent avec amour sur des zones laissées à l’abandon ou des parcs achetés à La Vigne, à Arguin et au Grand Banc obtiennent le précieux label.

“DES HUÎTRES 100 % NATURELLES, NÉES ET ÉLEVÉES DANS LE BASSIN” « Pour une fois que mon entêtement ne m’a pas porté tort ! », plaisante Anne. Petit bout de bonne femme d’à peine 50 kilos toute mouillée, Anne Marquet sait ce qu’elle veut. Il y a dix ans, quand cette enfant de la presqu’île décide de se lancer « avec Nico » dans l’ostréiculture, elle a déjà une idée bien précise des huîtres qu’elle veut vendre : des huîtres 100 % naturelles, sans modification chromosomique (zéro triploïdes), nées et élevées de A à Z dans le bassin d’Arcachon. « On a tout de suite mis la barre très haut avec Nico. On voulait être des producteurs hyper rigoureux. Cette démarche nous colle à la peau. Une démarche écolo qui n’a rien de bobo. » → Un papa et une maman des huîtres Mais la vie n’a pas toujours été rose pour les MarGo. Ni Nicolas, ni Anne ne viennent de familles d’ostréiculteurs et on les attend au tournant avec leurs belles ambitions.

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Aucune banque ne veut leur prêter de quoi racheter une concession et les professionnels du Bassin ne leur en font aucune. Heureusement, un couple ferret-capien leur ouvre les portes de leur cabane. « Hervé et Agnès Pontet ont accueilli nos huîtres, chez eux, aux Jacquets. On a signé ensemble le premier contrat d’entraide sur le Bassin en ostréiculture. Ils nous ont tant aidé ! Ce sont en quelque sorte notre papa et notre maman des huîtres. » Depuis un an et demi, ça y est, les huîtres MarGo ont enfin un toit. Les Marquet-Goderel sont installés sur le port de La Teste, avenue des Pêcheurs, dans une chouette cabane qu’ils ont tous deux entièrement retapée. D’ici l’été 2021, le couple espère ouvrir sa terrasse de dégustation. Une forme d’aboutissement pour ces producteurs opiniâtres et passionnés dont les ventes, confinement ou pas, ne cessent de grimper.


GREEN • Initiative

Les Gens du Jardin GAGNENT À ÊTRE CONNUS

C’est une petite communauté bien sympathique qui est née lors du premier confinement et qui ne demande qu’à accueillir de nouveaux membres. Les Gens du jardin se sont rencontrés au printemps dernier au Jardin gourmand de Gujan-Mestras. Ils se sont soudés en semant, plantant et rempotant. Aujourd’hui, ils, ou plutôt elles, car ce sont en majorité des filles, veulent connecter les habitants du Bassin à ce lieu magique, autour de la préoccupation écologique. Texte & photos Armelle Hervieu (sauf mentions)

résume : « Sans l’aide des filles, on n’aurait pas tenu. Elles nous ont sauvés ! On n’avait jamais eu une telle demande ! » Pendant le confinement, les habitants du Bassin, comme tous les Français, se mettent en masse au jardinage. Ils viennent par vagues chercher des plants. Il y a la queue devant le Jardin gourmand.

© Charlotte de Riz

C’

est une histoire vraiment jolie. Comme un conte de fées surgi en plein chaos. Alors que la France tremble et se rétracte tout entière du fait de la crise sanitaire, en avril 2020, une poignée d’habitantes du Bassin se mobilise et répond à l’appel à l’aide des agriculteurs. « J’étais cliente du Jardin gourmand. Je voulais me rendre utile. Ils avaient besoin de soutien pour rempoter leurs plants. Je suis venue bénévolement avec d’autres. Et on s’est retrouvées ainsi, à plusieurs nanas, hyper sociables, hyper actives avec la même énergie et la même envie de retour à l’essentiel », explique Charlotte, responsable événementiel dans une précédente vie et aujourd’hui en passe de devenir agricultrice. Aurélie et Alexandre, responsables du Jardin gourmand, sont infiniment redevables « des filles ». « Le printemps, c’est la période la plus chargée de l’année pour nous. Celle où l’on a le plus besoin de main-d’œuvre. Or, impossible, du fait de l’épidémie, de recruter des stagiaires », se souvient Aurélie. Alexandre, son mari et cogestionnaire de la ferme,

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→ Un événement phare au Jardin gourmand au printemps Finalement, même s’ils ressentent un peu de gêne à le dire, les Gens du jardin ont eu un confinement joyeux. « Ce n’était pas du travail d’être au champ. On était heureuses ! », confie Charlotte. « On s’est fait des ami(e)s ici », ajoute ­Marion.


© Charlotte de Riz

© Charlotte de Riz

“L’IDÉE EST D’ACCUEILLIR PLUS DE GENS” Isabelle achève : « D’où la création de l’association. L’idée est de s’ouvrir encore davantage, d’accueillir plus de gens, de partager. Plus on est nombreux, plus l’échange est riche. » Les idées ne manquent pas pour occuper les Gens du jardin. Les filles veulent créer des ateliers autour du

j­ ardinage, du maraîchage, de la cuisine, le tout en suivant les saisons. L’ambition est aussi d’organiser des événements festifs au Jardin gourmand. Des concerts, des projections, des conférences, des rencontres avec d’autres producteurs. Bref, d’en faire un vrai lieu d’échanges où l’on se rassemble autant pour s’amuser que pour apprendre. Alex et Aurélie soutiennent à fond cette idée. La pédagogie fait partie de leur ADN et ils l’ont remarqué, au fil des années : « Les gens s’intéressent de plus en plus à la nature, à l’écologie, aux plantes. » « Ils nous posent de

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plus en plus de questions. Ils ont une vraie soif de savoirs. » Ce qui tombe plutôt bien vu qu’Alexandre et Aurélie ont envie de transmettre ! L’association les Gens du jardin lancera sa première grande action ce printemps 2021. La date n’est pas encore fixée mais l’idée est de débuter par un événement phare qui donnera envie aux gens d’adhérer et de participer aux ateliers à venir. Une chose est sûre, si l’évolution de l’épidémie le permet, il y a aura des bandas, une guinguette et de bonnes choses à manger !


GREEN • Boutique bio

LE GRAIN DE FOLIE BIO ! « Vous êtes de grands malades ! » Cette remarque d’une employée en dit long sur l’état d’esprit des patrons et aussi sur l’ambiance décontractée de ce magasin bio hors normes situé à Arès. Ingrid Sème pousse son mari Nicolas Rey dans un chariot à travers les allées. « On refait la pub d’Adopte un mec », lance Nicolas, amusé par ce petit challenge de mise en scène photographique.

M

Texte & photo Patrice Bouscarrut

ême à cette heure creuse, les quelques clients n’ont pas l’air de s’émouvoir de cette situation surréaliste, tant ils semblent habitués à ce commerce peu conventionnel. Pourtant, rien ne destinait ce couple à se lancer dans la création d’un magasin bio, avec restaurant, en 2018, d’autant plus qu’il ne connaissait rien au secteur. Et pourtant aujourd’hui, les confrères se succèdent pour les rencontrer et voir comment ils ont réussi à changer les codes, et créer du lien. Sème est une grande famille. Avec Ingrid, Nicolas, mais aussi Daniel Rey, le père de Nicolas que tout le monde ici appelle « papy ». Chef cuisinier et traiteur de profession, il donne un coup de main au restaurant. Dans son parcours, Nicolas avait fait un tour dans la grande distribution, chez Danone. « Je m’étais promis de ne plus jamais travailler dans la distribution alimentaire, ni dans la restauration comme mon père », sourit Nicolas. Et voici Sème, l’une des plaques tournantes du bio dans le Nord bassin avec aussi son restaurant qui, Covid oblige, propose des plats à emporter. → En route pour une nouvelle vie Autrefois dans des situations professionnelles très confortables dans le secteur du matériel médical, Ingrid et Nicolas ont tout plaqué. « Il n’y avait plus d’empathie dans notre métier, se souvient Nicolas, la naissance de nos enfants, l’arrivée de la quarantaine, on a voulu donner du

sens à notre vie. On a rêvé d’un endroit qu’on aurait aimé en tant que consommateur, où l’on nourrit le corps et l’esprit. Ici, tout n’est pas parfait mais sincère. » Nicolas revendique avoir été le premier dans le coin à proposer du vrac liquide. Sème planche aussi constamment sur le gaspillage alimentaire. Dernière trouvaille en date, l’arrivée des épices en écorecharges. « On n’a pas de limite et on ne s’interdit rien », telle est la philosophie de ce couple, qui n’oublie pas aussi de vivre. Ingrid peint et Nicolas joue de la guitare.

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“NOUS VOULONS PARLER DES PRODUCTEURS” → Une boutique multifonction Et on ne vient pas chez Sème que pour acheter des produits bio… ­Parenthèse Covid mise à part, on y trouve des concerts, des soirées ciné, des cours de théâtre pour enfants, des cours de musique et même une bibliothèque en libre accès. Sans oublier les 2 ou 3 ateliers par semaine et des événements aussi inattendus qu’une soirée gospel et miel… Pour faire tourner la boutique, le couple s’est partagé les tâches.

Ingrid s’occupe des achats, avec pour mission de proposer une offre engagée et accessible. Nicolas planche sur le marketing et la gestion. Mais leur principal métier, c’est de créer des ponts. Entre producteurs et consommateurs, mais aussi entre artistes, praticiens… « Il n’y a plus de valeur de l’humain, nous voulons parler des producteurs, de leur travail, prendre en compte les logiques de terroir », explique le couple. Avec la crise sanitaire, les agriculteurs ne peuvent plus rencontrer les clients dans le magasin. Qu’à cela ne tienne, Nicolas a pris son bâton de pèlerin et va à leur rencontre afin de réaliser des reportages qu’il diffuse ensuite. Histoire de garder le lien et de faire de belles rencontres. — www.onseme.bio

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GREEN • Association de quartier

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des familles Le Jardin GARANT DE LA PAIX SOCIALE

Où en sont les jardins partagés de la Règue verte ? Cette initiative testerine mise en place par un collectif de résidents chapeauté par le référent social Alain Villechenoux est un exemple qui a obtenu en 2016 le Prix spécial des jardins solidaires décerné par le jury régional du label Villes et Villages fleuris d’Aquitaine. Texte Sabine Luong Photos DR

C

e jardin, au départ de 200 m2, a vu le jour en 2008 dans la Maison des habitants de la Règue verte, au pied d’une cité testerine gérée par Gironde Habitat où le vertical domine. Ici, c’est 300 logements sociaux pour environ 1 000 habitants dont la grande majorité est inactive. C’est dire s’il fallait trouver des alternatives pour cultiver la paix sociale et le respect de chacun. Ateliers informatique, cuisine, anglais, chant, gym, laverie solidaire, accompagnement à la parentalité, aide aux devoirs, accès aux droits, les 40 bénévoles y sont très impliqués.

→ Entraide et transmission Ce jardin, voulu par les 150 familles adhérentes du centre social est une seconde famille où la pédagogie est reine. Douze familles y font pousser sur des parcelles de 6 m2, légumes, arbres et fleurs, à condition de respecter un contrat écrit par les habitants eux-mêmes, d’un an renouvelable, basé sur l’entraide, la transmission et le jardinage « zéro pesticide ». Ça donne confiance en soi de

ici, tout est intergénérationnel. Chacun transmet aux enfants et adolescents cet éveil à la nature. Margotte explique : « On travaille actuellement sur les quatre saisons, Saint-Exupéry et les sept merveilles du monde. Nous inventons des mondes féeriques avec des objets donnés par les habitants, que je place sur la nouvelle parcelle réservée aux habitants où il n’y aura que des fleurs, offertes par la mairie. Ça va mettre de la couleur dans nos vies. »

manger ce que l’on produit et de partager avec les plus nécessiteux. → Un éveil à la nature Margotte, bénévole ingénieuse, adepte de la récupération, aidée par les bénévoles Bruno, Ghislaine Carole et les agents très appréciés qui ont un œil sur tout, Sébastien et Alain, a investi la serre pédagogique, immense et adaptée aux enfants et aux seniors. Car

→ Tout le monde participe Christian et Sébastien gèrent une aire de compostage collectif, installée après l’annexe du centre social, le city stade et le boulodrome. Tout le monde participe à la bonne tenue du jardin qui s’agrandit et il n’est pas rare qu’une partie de pétanque ou de foot soit interrompue si des bras sont nécessaires. La prochaine étape sera la mise en place d’un puits et d’un restaurant solidaire qui servira des plats faits avec les légumes cultivés dans l’harmonie. — 05 56 54 99 73 ou 06 83 98 78 54

“NOUS INVENTONS DES MONDES FÉERIQUES AVEC DES OBJETS DONNÉS PAR LES HABITANTS” VIVRE LE BASSIN


Quatre puces QUI ÉLECTRISENT GREEN • Mobilité

LE BASSIN

Un gabarit contenu, une progression tout en silence grâce à leur moteur électrique et, surtout, une bonne bouille qui met instantanément de bonne humeur : voici quatre propositions qui réconcilient la ville et l’automobile. Entre style, chic et pragmatisme, à vous de faire votre choix. Texte Philippe Guillaume Photos Constructeurs

MINI COOPER SE

LA LÉGENDE AU GOÛT DU JOUR Depuis 1969, la Mini est la coqueluche des beaux quartiers et ce n’est pas la version « XXIe siècle », plus dodue, apparue en 2001 quand BMW a pris le contrôle de Mini, qui a interrompu la légende. Cette version Cooper SE est pleinement dans son époque, avec une

motorisation entièrement électrique. Mini a toutefois souhaité ne pas trop la différencier des versions thermiques : à part quelques éventuels inserts jaunes, difficile de la distinguer du premier coup d’œil. Idem à l’intérieur, où le grand écran central et les commandes par basculeurs restent au rendez-vous… pour le plus grand bonheur des fans de Mini. Les sensations de conduite restent, là aussi, en phase avec ce que l’on connaît : les performances vous

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permettront de décoller en tête au feu vert, et le comportement garde l’aspect « karting » typique de la marque. Le confort et le volume intérieur sont supérieurs à ses concurrentes. LE VERDICT : on choisit la Mini Cooper SE pour ses performances, sa stabilité, ses aptitudes routières, son confort, son volume intérieur par rapport à la concurrence, son intérieur design…

! EN CHIFFRES Moteur : électrique, 184 ch Batteries : 32,6 kWh Autonomie théorique : 270 km Autonomie réelle constatée : 200 km Tarif : à partir de 37 600 ¤


RENAULT TWINGO ELECTRIC

HONDA E

SEAT MII ELECTRIC

Elle a une bouille digne d’en faire une figurante dans un film de science-fiction ! À l’intérieur, l’ambiance est tout aussi surprenante, avec des inserts en liège et de beaux sièges en tissu chiné. Mais si l’on est entouré d’écrans TFT, jusque dans les contreportes, puisque les rétroviseurs sont remplacés par des caméras ( !), tout comme le rétroviseur central, la Honda e est une auto futuriste qui rend hommage, par son design, à la rondouillarde Honda N 360 de 1967. Le grand écart temporel est maîtrisé à la perfection. Autre touche de modernité : les poignées de porte qui sortent de leur logement, quand on approche l’auto, clé en poche. Au volant, difficile de ne pas tomber sous le charme. Son gabarit compact (3,89 m de long) la rend redoutablement agile. Autre bonne surprise : pour une citadine, les commandes (précision de la direction, qualité de l’amortissement) sont parfaitement bien calibrées et le plaisir de conduite est au rendez-vous.

Elle n’a pas de feux à LED, d’écrans TFT partout, d’infodivertissement complexe. Elle n’a même pas de GPS intégré, mais compense avec un support de smartphone doté de sa prise de recharge : voilà qui résume bien la Seat Mii Electric. C’est un choix pragmatique et malin, où l’efficience passe avant la techno. Malin parce son constructeur a réussi à caser un gros pack de batteries dans un gabarit mini de 3,55 m : résultat, on parvient à avoir l’autonomie la plus grande et le gabarit le plus compact de ce quatuor. De fait, on peut aussi gérer plusieurs jours de trajets quotidiens et envisager un trajet vers un aéroport sans se poser vraiment la question de la recharge. Et, avec 3,9 secondes pour le 0 à 50 km/h, c’est vous le roi du feu vert ! À noter que la Seat Mii Electric a des « clones » au sein du groupe Volkswagen : très proches dans leur apparence, les VW e-Up ! et la Skoda Citigo e-IV diffèrent par des détails d’équipements – la Seat dispose d’un système de recharge rapide des batteries, auquel n’a pas droit la Skoda, par exemple.

LE VERDICT : on choisit la Renault Twingo Electric pour son homogénéité (et si c’était elle, la meilleure des Twingo ?), son agrément et sa vivacité en ville.

LE VERDICT : on choisit la Honda e pour son allure craquante, son intérieur design, ses écrans techno avec fonction jeu vidéo ou aquarium (à l’arrêt seulement !), ses novateurs rétroviseurs par caméra…

LE VERDICT : on choisit la Seat Mii Electric tout simplement parce que son rapport prix/prestations est imbattable et que son gabarit contenu en fait une arme en ville. Le choix malin…

! EN CHIFFRES

! EN CHIFFRES

! EN CHIFFRES

Moteur : électrique, 82 ch

Moteur : électrique, 154 ch

Moteur : électrique, 83 ch

Batteries : 22 kWh

Batteries : 35,5 kWh

Batteries : 32,3 kWh

Autonomie théorique : 190 km

Autonomie théorique : 220 km

Autonomie théorique : 260 km

Autonomie réelle constatée : 160 km

Autonomie réelle constatée : environ 170 km

Autonomie réelle constatée : 220 km

Tarif : à partir de 21 350 ¤

Tarif : à partir de 33 900 ¤

Tarif : à partir de 21 920 ¤

LA PUCE 3.0

Choc : en 1993, Renault sort une petite auto bizarre au look de batracien à roulettes. Avec ses phares globuleux, son intérieur en plastique coloré, ses couleurs chatoyantes, son intérieur spacieux et modulable, la Twingo était une merveille d’ingéniosité, et qu’elle soit devenue un mythe, à la ville où à la campagne, où d’ailleurs de nombreux exemplaires circulent encore, n’est que justice. En 2021, la troisième génération de Twingo se convertit, elle aussi, à l’électrique. C’est clairement une « seconde auto », typiquement urbaine, car Renault n’a pas choisi d’y installer de force un gros pack de batteries. Mais prise dans le cadre d’une auto qui ne servira que pour les trajets quotidiens ou pour aller faire les courses, elle s’impose par son homogénéité et sa facilité de conduite.

FUTURO-RÉTRO !

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LE MEILLEUR DEAL


SPORT & BIEN-ÊTRE 6e partie

Une roue, un max de sensations !

Le onewheel est un ovni dans le domaine de la glisse. Un skate électrique à une roue inspiré du surf ou du snowboard. L’équipe de Ride on Experience, installée à Lège et Bordeaux, a été la première en France à miser sur ce nouveau mode de déplacement, venu d’outre-Atlantique, qui procure de fortes sensations au cœur de la nature, mais sans la dénaturer. Ride on Experience propose des séances de découverte en milieu urbain mais aussi en forêt, sur la plage… et assure une prise en main de la bête en quelques minutes. Le secret du onewheel : un système d’autostabilisation, qui donne un contrôle de la planche intuitif par simple transfert de poids. Avec une vitesse de 30 km/h et une autonomie de près de 30 km, il y a de quoi faire des rides sympas. PB www.rideonexperience.com

© Ride on experience

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© Océopin

SPORT & bien-être • News

Les embruns océaniques dans un flacon

Mettre les gants pour le titre mondial © Steffy Click

Océopin, implanté sur la presqu’île du Cap-Ferret, s’est déjà fait une belle réputation avec sa gamme cosmétique à base d’huile de graines de pin unique au monde, 100 % bio et végane. Dernière nouveauté, la brume d’intérieur. Une bonne idée pour retrouver les parfums de la plage océane dans sa maison pour des moments cocooning propices à la rêverie. Cette brume est un mélange subtil des senteurs balsamiques de pin maritime et celles, délicates et enivrantes, des immortelles des dunes. La brume d’intérieur, fabriquée artisanalement à la main, est élaborée avec un parfum 100 % naturel, de l’alcool bio obtenu par distillation de blé français. Vaporisez deux pressions autour de vous et en direction des tissus, coussins, rideaux pour que la magie opère. PB La brume d’intérieur, 35 €, 100 ml www.oceopin.com

C’est un champion que l’on ne présente plus sur le Bassin. Enzo Payrastre, espoir de la « boxe thaï » entraîné au Fighting Club Boïen, a pris l’habitude de ne pas revenir les mains vides de ses compétitions. Champion de France, champion d’Europe, il décroche depuis plusieurs années toutes les ceintures. Et si l’année 2020 a été synonyme

de débâcle pour les clubs, elle a été pour Enzo un excellent millésime. Quelques jours avant la crise sanitaire, le boïen était revenu de Thaïlande avec un titre intercontinental qui allait marquer une nouvelle étape dans sa jeune carrière. Aujourd’hui âgé de 15 ans, Enzo ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Son succès au

« berceau de la boxe thaïlandaise » lui a permis d’asseoir une notoriété grandissante et de parfaire son entraînement auprès de la MMA Factory à Paris. Désormais, c’est un titre mondial qu’il vise avec sa participation le 3 avril prochain au championnat du monde WBC Muaythaï à Lomé, au Togo. À suivre… XD

© Stephane Painchault

signature coach propose des “parenthèses” de 48 heures 48 heures pour déconnecter, se ressourcer, revenir à l’essentiel et se recentrer. C’est ce que propose le coach sportif testerin, Stéphane Painchault. Une nouveauté pour Signature Coach créée il y a 13 ans par ce grand passionné de sport et d’enseignement, pour qui « l’humain est une priorité ». Stéphane Painchault voulait offrir à ses clients une vraie parenthèse pour qu’ils oublient leurs soucis et puissent (re)conquérir une estime de soi. L’idée de ces immersions de 48 heures, au cours desquelles dix personnes maximum vont alterner activités sportives, pilates, méditation pleine conscience et « quelques surprises », lui est venue pendant le confinement. Ces parenthèses seront basées au Pyla, dans une grande villa, « pour que chacun ait son espace ». En arrivant, les clients déposeront à l’entrée portable, voiture et ennuis afin de se rendre 100 % disponibles pour une vraie expérience de vie. AH

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CHRISTELLE GAUZET, DE KOH LANTA À DÉFI D’ELLES A

ncienne policière, à la PJ et à la protection rapprochée des personnalités, Christelle Gauzet a été sous les projecteurs lors de la saison Koh Lanta de 2008, qu’elle a remportée ! Christelle est une battante, une guerrière même, et c’est probablement cette aventure extrême qui l’a conduite à changer de vie. Aujourd’hui, sa mission est de faire partager cette énergie hors du commun au plus grand nombre de femmes, dans des raids à travers le monde avec son entreprise Défi d’elles, entourée par ses amies Laure Manaudou, Valérie Trierweiler ou encore Laury Thilleman.

Avec toujours en ligne de mire le combat pour la prévention du cancer du sein, la protection de l’environnement et l’égalité hommes-femmes. Née sur le bassin d’Arcachon en 2017, Défi d’elles organise près d’une dizaine de raids par an, en Islande, en Laponie et aussi dans les Pyrénées, les Alpes, à Oléron… Et encore et toujours sur le bassin d’Arcachon. Cette année, c’est le Cap-Ferret qui va accueillir deux raids, du 4 au 6 juin et du 17 au 19 septembre. « On a décidé, c’est une première, d’en organiser deux tant la demande était forte chez les participantes, explique Christelle Gauzet. On aurait même pu faire quatre raids car les deux sont déjà

© Défi d’Elles © Défi d’Elles

“IL Y AURA DES ÉPREUVES À L'OCÉAN, SUR LE SABLE, EN FORÊT”

complets. » Les participantes, « de 18 à 65 ans, de tous niveaux, de la sportive du dimanche à la triathlète », ont été particulièrement séduites par l’attrait de la presqu’île. Mais elles ne savent pas ce qui les attendent car Christelle est en train de concocter un programme haut en couleur. « Chaque année on change les épreuves, cette fois-ci, il y aura des épreuves en forêt, sur le sable, à l’océan », dévoile Christelle. Au programme : de la course à pied, du « bike and run », de la natation et la découverte du longe-côte, une marche aquatique d’un nouveau genre. Sans oublier les petites épreuves dans le style de Koh Lanta dont Christelle a le secret : « Le but est aussi de faire découvrir les coutumes locales. » Et enfin, comme toujours, le nettoyage de la plage en fin de raid pour sensibiliser les participantes à la protection de l’environnement. Un programme dense et passionnant. PB

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BIEN-ÊTRE • Sylvothérapie

Texte Armelle Hervieu Photos Christine Sanchez (sauf mention)

Les arbres nous font du bien. S’immerger parmi eux, dans la forêt, abaisse cortisol (hormone du stress), taux de sucre dans le sang, tension… Mais, comment expliquer que l’on se sente si heureux, harmonieux aux côtés de ces grands frères feuillus ou résineux ? Réponse avec Christine Sanchez, praticienne en sylvothérapie installée à Biganos et native du Bassin.

O

n croyait naïvement que l’on allait marcher dans les allées, tambour battant, s’arrêter, de temps en temps, pour faire un ou deux câlins à un arbre, enlacer le pin ou le chêne à proximité et puis s’en aller. Ça, c’était avant de faire la connaissance de Christine Sanchez, spécialiste des bains de forêt sur le Bassin, et d’expérimenter avec elle notre premier vrai bain de forêt. Christine a grandi au milieu des arbres, dans une petite maison située au cœur de la forêt de… Meyran. À cette époque, ce quartier de Gujan était peuplé d’arbres, assure Christine. « Aujourd’hui, la forêt n’existe plus. C’est une route passante qui a pris la place. » Mais pas de défaitisme. Si le Bassin s’est énormément urbanisé depuis son enfance, Christine estime, quand même, qu’il reste plein « de petites pépites » où elle emmène ses clients.

© Yuriy Seleznev

→ Marin, DRH, consultante… avant de devenir sylvothérapeute Avant d’être diplômée, en juillet 2019, en sylvothérapie, Christine Sanchez a exercé bien d’autres métiers. Marin d’abord. « J’étais parmi les premières à embarquer dans la marine marchande. À l’époque, les femmes étaient encore moins nombreuses que maintenant. Je voulais voir du pays… » Finalement, Christine avoue avoir surtout vu des pétroliers et des ports. Pas de quoi combler celle qui a « toujours rêvé de travailler dans la nature ». Elle bifurque et devient directrice des Ressources humaines puis consultante en ressources humaines jusqu’au jour où, il y a quatre ans, elle tombe par hasard sur un livre consacré aux bains de forêt. « J’étais en pleine période de réflexion et j’ai immédiatement pensé : voilà ce que je veux faire ! » Sa formation en sylvothérapie a duré un an. Elle lui a enseigné comment permettre aux autres de se rendre disponible pour accueillir les bienfaits des bains de forêt dont elle était, pour sa part, déjà parfaitement convaincue. Depuis, Christine s’est installée à son compte et emmène avec elle des groupes, des couples ou des personnes seules en forêt. « C’est comme un rêve pour moi de faire ce métier. L’été dernier, l’office de tourisme d’Audenge

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“IL FAUT DEUX HEURES POUR BIEN S'IMPRÉGNER DE TOUS LES BIENFAITS DES ARBRES”

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BIEN-ÊTRE • Sylvothérapie → « Ils ne regardent plus les arbres de la même façon » Christine accompagne régulièrement en forêt des soignants, des gens très tendus, stressés et même des personnes atteintes de cancer. « Les bains de forêt ne remplacent pas la prise en charge médicale mais ils offrent un bon complément dans le cadre de la convalescence et, pour les soignants, un appui important. » Christine, elle, dit qu’elle n’est pas pour grand-chose là-dedans. « C’est la forêt qui soigne.

© Day2505

“ON RÉALISE UN MANDALA AU PIED DE L'ARBRE” m’a envoyé beaucoup de monde. J’ai bien travaillé, pourtant je n’étais pas fatiguée. La fatigue disparaissait après deux heures passées en forêt. » En fonction des saisons et des envies, la sylvothérapeute change de terrain de pratique. Cet été, elle était à Mios, au bord de la Leyre, pour la présence conjuguée de la forêt et de la rivière. Christine pratique aussi au Ferret, à La Teste, à Biganos… → On a testé pour vous… Mais, c’est à la Chêneraie que la sylvothérapeute nous a fait découvrir sa méthode pour approcher les arbres. Déjà, on apprend à dire bonjour quand on entre dans la forêt. Une question de respect. « Il faut saluer les arbres et les remercier pour tout ce qu’ils nous apportent. » Ensuite, Christine nous demande de fermer les yeux et nous fait marcher ainsi. C’est fou comme, même au travers des chaussures, on ressent les feuilles, le tapis de mousse ou les petits bois sous nos pieds ! Ensuite, il faut tendre les bras. Nous sommes vraisemblablement face à un arbre. Christine propose de le saluer et de faire

connaissance. On le touche. On le sent. On le fait sien. C’est amusant. Christine nous balade de nouveau, mirettes fermés, puis nous demande d’ouvrir les yeux et de retrouver celui qu’on vient de quitter mais qu’on a découvert à l’aveugle. Rigolo. Finalement, on le retrouve vite et bien. Le voilà, c’est lui, tout recouvert de mousse et de lierre. On réalise ensuite un petit mandala (cercle ou sphère en sanskrit) à ses pieds pour le remercier de l’instant partagé, avec des feuilles, des glands, des bouts de bois… tout ce que l’on peut trouver. « C’est surtout l’intention qui compte », nous dit Christine. C’est vrai que notre

mandala n’est pas brillant… On n’aura pas le temps pour la méditation proposée d’ordinaire aux pratiquants de bains de forêt. « Cela dure au minimum deux heures normalement, le temps de vraiment s’imprégner de tous les bienfaits des arbres et de rééquilibrer tous les paramètres du corps. » Christine propose habituellement aussi des techniques respiratoires « pour être plus réceptif » à toutes les substances bénéfiques dégagées par les arbres : ions négatifs, terpènes, phytoncides… « Ils nous envoient tellement de molécules qui sont bonnes pour l’humeur, le système immunitaire, les échanges cellulaires… »

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Nous, les praticiens en sylvothérapie, on est juste des facilitateurs. » Au cours de la petite cérémonie du thé qui clôture toujours ses bains de forêt, Christine nous conte quelques jolis retours qu’elle a reçus des dizaines de personnes qu’elle avait accompagnées. « Je reçois souvent des messages de mamans qui sont touchées par ce que cette expérience a fait vivre à leurs enfants. Ils ne rentrent plus jamais dans une forêt désormais sans dire bonjour aux arbres. » D’autres la remercient de leur avoir fait découvrir avec sensibilité ces êtres vivants qu’ils ne regardent plus tout à fait de la même façon, maintenant.


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bien-être • Portrait

e Petit Atelier L UN SALON DE COIFFURE SOLID’HAIR

C’est un petit salon de quartier, un peu caché, en retrait du boulevard de la Plage, à Arcachon. On y entre par hasard mais on y revient touché par la personnalité solaire de sa propriétaire et parce qu’ici, on est éthique et solidaire. Les client(e)s sont bichonné(e)s avec des produits qui ne nuisent pas à la santé et aucun cheveu ne se perd. Tous recyclés. Pour faire des perruques destinées aux femmes victimes de cancer ou pour dépolluer la mer. Texte & Photos Armelle Hervieu

S

e faire belle ou beau, tout en faisant une bonne action, ça vous dirait ? Alors, c’est au Petit Atelier qu’il vous faut aller. Ce salon est à l’image de celle qui le tient, un joli cocon où on vous veut du bien. Gaëlle Olives est tombée dans la coiffure quand elle était petite. « Je suis issue d’une famille de coiffeurs, sur quatre générations. J’ai grandi dans le salon de ma grand-mère, à Talence. Je balayais. Je faisais les shampoings. C’est toute mon enfance ! » Un poil têtue, Gaëlle n’écoute pas ses parents qui rêvent d’autre chose pour elle que d’une vie dans un salon. Elle passe son bac pour leur faire plaisir et bifurque vers un CAP, puis un brevet de coiffure. « Je savais très tôt que je voulais faire ce métier. Il est tellement beau ! Je donne le sourire à mes clientes et je vis dans une encyclopédie. Tous les jours, j’apprends en les écoutant. » La jeune femme débute dans les grands salons bordelais. « J’ai utilisé tellement de produits toxiques, avant », confie-t-elle. Et puis, un jour, il y a dix ans, c’est le déclic. Une cliente lui explique qu’elle sort de chimiothérapie. Elle veut une coloration, oui, mais avec des produits naturels. « J’ai appris alors que les méde-

cins conseillent à leurs patientes atteintes de cancer d’arrêter les couleurs chimiques. J’ai fait le lien avec ma cousine qui est hermaphrodite, une pathologie qui touche principalement les familles de coiffeurs, comme les cancers de la vessie… » → Une petite fille et sa mère donnent leurs cheveux pour les victimes de cancer Le jour où Gaëlle Olives ouvre son propre salon, en février 2017 à Arcachon, elle n’hésite pas. Elle se spécialisera dans les produits naturels et les colorations aux plantes. Elle refuse d’empoisonner ses clientes. À celles qui exigent un recours à la chimie traditionnelle, elle n’oppose pas de refus catégorique mais elle explique ce qui se passe dans le cheveu quand on le brûle avec des produits oxydants. « C’est leur corps. J’estime qu’elles ont le droit de savoir. » Son choix de proposer des colorations bio et aux plantes tinctoriales fait aujourd’hui le succès de Gaëlle. Notamment chez celles qui sortent de chimiothérapie, justement. « J’ai pas mal de clientes qui sortent de chimio. Elles viennent avec 1 cm de cheveux sur la tête. Quelques mois plus tard, elles ont une chevelure de fou ! », dit Gaëlle, avec la

banane. Argile, huiles végétales et essentielles, amla, henné… au Petit Salon, on veille à ne mettre que des bonnes choses sur votre tête. Pour boucler la boucle, dans la continuité de cette éthique, Gaëlle Olives récolte aussi dans son salon les dons de cheveux destinés aux femmes victimes de cancer. Elle accueille ainsi une vingtaine de donneurs par an, hommes, femmes ou enfants. « Les donneurs sont toujours touchants. J’ai eu une mère et sa fille de 7 ans. Des soignantes du service oncologie de l’hôpital, des vieilles dames qui ont gardé toute leur vie des mèches de cheveux coupés quand elles étaient enfants… » Ces dons, Gaëlle les envoie ensuite gracieusement à l’association Solid’Hair, qui les revend à des perruquiers pour, avec cet argent, subventionner l’achat de prothèses capillaires pour des victimes de cancer ayant des difficultés financières. Enfin, les cheveux coupés au Petit Atelier qui ne sont pas assez longs pour des dons ne sont pas perdus pour autant. Chez Gaëlle, on fait le ménage au vinaigre blanc et on pratique le zéro-déchet de cheveux. Ainsi, les moins de 30 cm partent direct en sac. Ils serviront à dépolluer les ports.

“CE MÉTIER EST TELLEMENT BEAU ! JE DONNE LE SOURIRE À MES CLIENTES” 102/116


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© Sergey Nivens


Enfants 7 e partie

Les Moussaillons de l’Aiguillon C’est une école de pêche pour les petits qui a ouvert ses portes en juillet 2020, quartier de l’Aiguillon, à ­Arcachon. Une école tenue par des papys, tous amis, désireux de transmettre leur passion pour la mer et les poissons. Des papys soucieux de donner du bonheur aux enfants. Elle est dirigée par Yves Bieniaszewski. « J’ai créé cette nouvelle école, parce qu’avec des copains, on voulait partager nos savoirs avec les enfants du Bassin. » Les papys ont construit une belle cabane à la pointe de l’Aiguillon et viennent d’obtenir des financements pour un bateau neuf qui leur permettra d’emmener les jeunes, de 8 à 15 ans, filles ou garçons, à la recherche du poisson. En attendant, ils pratiquent le surf casting, pêche pratiquée depuis la plage, ou encore la pêche à pied, notamment. Tous bénévoles, ils sont « payés en sourires ». AH

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ENFANTS • News

© ouscarrut

Une presqu’île comme sur des roulettes

La presqu’île est un paradis pour les skateurs. Elle compte pas moins de trois sites avec chacun ses particularités : Lège, dernier skatepark en date, très moderne et actuel, Cap-Ferret, idéal pour débuter et, enfin,

Claouey, plus difficile mais très pratique avec sa mini-rampe. L’association Skate Club Ferret propose des cours du niveau débutant, à partir de 4 ans, au niveau compétition. Avec une nouveauté cette année, une sec-

tion girls pour skater tranquille entre filles. « Le skate a une identité masculine », reconnaît François Montjoie, du staff du club, « avec beaucoup d’a priori. Les filles hésitent à pratiquer à côté des garçons, elles adorent se retrouver

entre elles. » Et peut-être bientôt une section longboard pour les adultes qui aimeraient s’aventurer sur une planche pour leurs déplacements doux. — www.skateclubferret.fr

Même pas Cap, la fabrique à histoires organisait des salons au centre expo de Cannes Mandelieu. « Quand la cinquantaine a commencé à frapper à la porte, on a décidé de changer de vie, explique Christophe. Mon père était viticulteur à Loupiac et l’on a toujours passé nos vacances sur le Bassin. On a voulu créer notre propre aventure ici. » « L’idée de notre boutique est d’amener des histoires, on aime fouiller, trouver des perles rares », poursuit-il. Avec comme fil conducteur : « Une approche écoresponsable et sociale, on vérifie toujours que les usines ne font pas travailler des enfants. »

© ouscarrut

Même pas Cap, le concept store installé à Petit Piquey à Lège-Cap-Ferret est une véritable caverne d’Ali Baba pour les familles. On peut y dénicher des jouets et de la déco que l’on trouve nulle part ailleurs. On trouvera par exemple des pâtes à modeler de Chypre fabriquées à base d’huile d’olive, des voitures en bois vintage, des boîtes à musique entièrement montées à la main ou encore des jeux de plage très design. C’est la nouvelle idée d’un couple venu récemment s’installer sur le Bassin après des années d’activités intenses dans le Sud-Est. « On voulait monter un projet familial, autour du monde de l’enfance, expliquent Emma et Christophe Daumenc, on est toujours resté de grands enfants. » Ancien directeur commercial dans des sociétés de textile,

Christophe a créé avec un ami un concept de franchise dans les marinas de Méditerranée, dont le siège se trouve à Monaco. Emma

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49, route de Bordeaux, Petit Piquey 05 57 05 13 70 Instagram : meme_pas_cap_store Facebook : meme pas cap


C’est quand le bonheur ? Le Bassin des petits est un concentré de bons plans pour les enfants et leurs parents. Ce blog qui commence à cartonner est surtout le secret du bonheur d’Ineh, une jeune entrepreneuse de Biganos.

→ Blog-trotteuse Cette ouverture d’esprit, au-delà d’une leçon de vie pour ses enfants, est

notamment la griffe de son blog, Le Bassin des petits. Un concept qui, à ses yeux, doit logiquement passer avant sa personne. « C’est vrai, on ne me voit quasiment jamais. On me dit souvent que je suis une “blogueuse” mais ce n’est pas le cas. » Ni blogueuse, ni influenceuse, Nathalie veut simplement partager avec d’autres ce qui semblerait bien à nos yeux être la recette du bonheur. Un plat gourmand concocté en famille qui se déguste chaud ! « C’était ça que je recherchais. Être disponible pour mes enfants, les voir grandir, partager des choses. C’est court une vie et je

© Xavier Davias

Sa page Facebook est suivie par près de 3 700 abonnés, mais qui peut vraiment dire qui se cache derrière le pseudonyme d’Ineh ? Si cette maman de deux garçons, connue pour partager ses idées sorties et activités pour les enfants, cultive une certaine discrétion, ce n’est pourtant pas par timidité. Au contraire, cette pétillante quadra à la parole facile ne boude jamais

l’occasion de faire de nouvelles rencontres. Ce « saut dans l’inconnu », Nathalie, de son vrai nom, l’a expérimenté il y a six ans quand elle a quitté la région Île-de-France avec mari et enfant pour « arriver sur un coup de tête sur le Bassin ». Mettant un terme à de longues études et une carrière réglée comme du papier à musique, le couple décide simplement d’offrir à leur fils – et celui à venir – la possibilité de profiter de la vie ensemble dans un environnement privilégié.

VIVRE LE BASSIN

ne voulais pas faire partie des parents qui diront plus tard : “Merde, je n’ai pas vu grandir mes enfants !” » Joignant l’acte à la parole, Nathalie lève le voile sur son prochain projet : un tour du monde en famille. Rien n’est encore planifié, mais « Ineh » sait mener sa barque, surtout s’il est question d’une nouvelle aventure. « Pour que mes enfants sachent que l’on peut tout faire si l’on ne reste pas bloqué par des a priori. Il faut apprendre à voir grand et c’est ce que je veux leur offrir ! » NM — https://lebassindespetits.fr


ENFANTS • Retour à la nature

Frédéric Plénard

“Il est urgent de reconnecter les enfants à la nature” Tour à tour enseignant, réalisateur, auteur et surtout chercheur, Frédéric Plénard est un électron libre. Un inclassable iconoclaste, épris de liberté et animé d’un véritable besoin de servir. L’ancien professeur audengeois de sciences de la vie et de la terre a ainsi entrepris de reconnecter, via deux documentaires, un livre et un site web, les enfants à la nature pour faire d’eux les écocitoyens de demain. Texte Armelle Hervieu Photos DR (sauf mention)

D’

→ Des tours de Pessac aux nuits en montagne Obligé de revenir à mi-temps dans l’enseignement, le réalisateur en profite pour mûrir d’autres projets. « Après avoir fait des films sur commande, j’ai décidé de réaliser le film que je voulais : un documentaire sur la relation entre l’enfant et la nature. » Frédéric Plénard se tourne vers des petits très éloignés de la nature. Des enfants qui ont grandi dans des tours et qui n’ont jamais passé une nuit dehors : six gamins de la cité Saige Formanoir à Pessac. La question posée au travers du film Le Lien, qui suit ces jeunes Pessacais plongés au cœur de la montagne pendant dix jours, est : peut-on se reconnecter à la nature en si

à se reconnecter en allant ensemble au cœur des espaces naturels et en menant des approches sensorielles. » De 2018 à 2019, Frédéric Plénard tourne son second film avec cinq groupes de dix enfants dans cinq régions de France. Pendant vingt-cinq jours, les jeunes, et les adultes qui les accompagnent, expérimentent : se promener les yeux fermés dans la forêt, écouter les bruits, sentir les odeurs, toucher un arbre, se recouvrir de feuilles, marcher pieds nus dans l’herbe…

© Nathalie Plenard

abord enseignant pendant quinze ans, Frédéric Plénard n’aimait pas suivre les programmes. Ce qui le bottait, c’était de monter des projets avec les gamins. Ainsi, pour le cours sur les fossiles, le professeur avait embarqué ses élèves pendant trois mois dans les carrières de Blaye, à la recherche de végétaux fossilisés. « Je trouvais que la vie n’était pas assez présente dans ce qu’on enseignait, alors j’emmenais les enfants dehors. » Et l’ancien professeur de conclure qu’avec lui, les élèves ont peut-être moins appris mais que, ce qu’il leur a enseigné, ils le gardent encore sûrement en eux. Au bout de quinze ans, Frédéric Plénard s’essouffle dans l’enseignement. Il en a marre, pas des enfants, mais de l’institution. Il se tourne alors vers sa seconde passion : l’image. Il monte sa société de production, Aquitaine Vidéos, avec laquelle il tourne des films institutionnels pendant huit ans, mais la crise de 2008 met un coup d’arrêt brutal à son activité.

peu de temps ? « La réponse est oui ! Ces gamins, en dix jours, sont passés d’un état de violence et d’irrespect vis-à-vis d’autrui à un état de considération pour les autres et pour la nature et d’autonomie aussi. » Non seulement les enfants se sont reconnectés à la nature mais aussi aux autres et à eux-mêmes. Avec Le Lien, Frédéric Plénard fait le tour de la France. Plus de 150 projections et, chaque fois, le même constat face au public. Les enfants présents dans les salles rêvent de vivre ce genre d’aventure. Les parents ne savent pas répondre à cette demande. Ils ont peur de la nature. Ils en sont coupés. « Je décide alors de tourner un deuxième documentaire, Le Grand Secret du lien, pour expliquer aux adultes comment aider les enfants

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→ Les enfants changent de regard sur la nature Un groupe de chercheurs accompagne les immersions. Conclusion : les expériences sensorielles dans la nature renforce la solidarité vis-à-vis du groupe social et change le regard posé sur la nature. « Les enfants disent qu’ils se voient désormais comme faisant partie d’elle. » C’est un lien charnel qui les unit maintenant. Frédéric Plénard en est certain : « C’est en ramenant les enfants dans la nature qu’on en fera des écocitoyens. » Il entreprend de lever tous les freins à une approche sensorielle de la nature : peurs, fausses idées, manque de matériel, manque de connaissance. Il écrit L’Enfant et la Nature, un livre en forme de guide à l’attention des parents, paru en août 2020 aux éditions du Rocher. Enfin, dernière pierre à l’édifice, Frédéric Plénard lance une plateforme numérique pour mettre en contact ceux qui ont des compétences en matière d’éducation à l’environnement et ceux qui ont des besoins. La plateforme s’appelle a­ ctionnature.org. En cours de construction à l’heure où nous mettions sous presse, on doit désormais pouvoir y tendre la main ou la saisir…


L’Enfant et la Nature aux éditions du Rocher

“LES EXPÉRIENCES SENSORIELLES RENFORCE LA SOLIDARITÉ”

VIVRE LE BASSIN


ENFANTS • Poney-club

La Ferme du Loup Un endroit à croquer

C’est un petit havre de paix bien caché près du chemin du Loup à Gujan, niché entre landes et forêt. Pour le trouver, il faut sortir du chemin et commencer à se perdre un peu dans la nature. La Ferme du loup s’offre ensuite à vous, tout entière, solaire et généreuse à l’image de Marion Blavier, celle par qui tout a commencé… Texte & photos Armelle Hervieu (sauf mentions)

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VIVRE LE BASSIN


ENFANTS • Poney-club

M

arion a deux passions dans la vie, la nature et l’équitation. Elles l’ont accompagnée tout au long de son parcours mais c’est uniquement depuis un an qu’elle les a réunies en un même lieu. Fidèle à ses rêves, Marion a créé le spot qui lui ressemble et dont elle a toujours eu envie. « J’ai toujours voulu ouvrir un poney club et une ferme de maraîchage qui soit aussi une ferme pédagogique pour accueillir les gens, apprendre l’équitation aux enfants et produire des légumes. » Et comme, parfois, la vie est vachement bien faite, la Ferme du loup a ouvert ses portes en juillet dernier, comme dans un conte

elle est arrivée à 18 ans sur le bassin d’Arcachon, en l’an 2000. Elle y a fait sa vie. D’abord monitrice d’équitation pendant dix ans, elle enseigne dans plusieurs centres équestres du Bassin, à Arcachon et Marcheprime notamment. Apprendre aux gens à monter à cheval, elle adore, mais dans ces grandes structures, il faut enchaîner les cours, gérer beaucoup de monde en reprise et Marion ne se reconnaît pas dans ce type d’enseignement. Elle décide d’arrêter pour se tourner vers la puériculture. → Un moment enchanteur : la rencontre avec Philippe Merlin Marion est elle-même devenue maman. Elle a eu deux filles, dont l’une

de fées. Discrètement, sans publicité et pourtant avec beaucoup de succès. Mais, au fait, qui est exactement Marion Blavier, la créatrice de la Ferme du loup ? Bretonne d’origine, avec ce que cela suppose de caractère on imagine,

© DR

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“J’AI TOUJOURS VOULU UN PONEY CLUB ET UNE FERME DE MARAÎCHAGE”

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pratique l’équitation assidûment. Marion passe son CAP Petite enfance et obtient son diplôme d’auxiliaire de puériculture. Elle travaille avec les tout-petits, s’éclate, mais la nature lui manque. Trop. Un jour, dans la boutique de sa mère, elle fait la rencontre de Philippe Merlin. Un moment enchanteur. Les étoiles s’alignent soudain. Marion lui parle de son projet. Il lui propose un terrain. « Philippe voulait que son terrain, chemin du Loup, soit utilisé d’une manière qui lui plaît. Il a tout de suite adhéré à mon projet et il m’a beaucoup aidée. » D’autres petites fées se sont ensuite penchées sur le berceau du projet. Elisabeth, dite Babeth (prononcez Babé), en est. Commerçante de métier, elle en avait un peu ras-le-bol de son quotidien. La terre lui manquait, elle qui s’était formée il y a longtemps au métier de paysagiste. Marion l’embarque bien volontiers dans son arche du chemin du Loup. Babé va beaucoup l’aider pour défricher, planter et entretenir le terrain, mais aussi pour entretenir la comptabilité. Au total, il a fallu quatre ans pour que la Ferme du loup voie le jour, entre les premières discussions et l’ouverture. « Le projet s’est tissé petit à petit. » Tel l’oiseau qui fait son nid. Aujourd’hui, la Ferme du loup est bien là, comme un cocon, hors du temps, hors des soucis, bien à l’abri. C’est un lieu où l’on cultive la bienveillance en même


temps que les légumes. Un lieu où l’on apprend à s’occuper des poneys après avoir « cueilli » les œufs des poules. Un lieu où règnent les brebis landaises Mouchette et Juliette, toujours proches des humains dans l’espoir de récolter un câlin ! « Ce sont de vrais petits chiens. Elles se baladent en liberté et nous suivent partout. Elles ont une laine et un caractère tout doux », confie Marion qui avoue un gros faible pour ces deux petites bêtes toutes rondes tellement attachantes et parfaitement adaptées au biotope. « Elles font tous les jours un gros boulot de nettoyage et de défrichage. Elles mangent la bourdaine, la bruyère, les ajoncs. Elles m’aident beaucoup. Et puis c’était important pour moi de choisir cette race-là, car la brebis landaise est malheureusement en voie de disparition. » → Deux brebis, 25 poules, un chat et huit shetlands Dans l’arche de Marion, il y a aussi des poules. Beaucoup de poules. Vingtcinq au total, bien protégées dans un poulailler sécurisé digne d’Alcatraz pour résister aux attaques de renards, mais surtout de fouines. Ces poules comptent aussi beaucoup pour Marion. « Elles mettent de la vie dans la

ferme. Elles nous donnent de bons œufs et leurs fientes sont utiles au jardin. Et puis, les enfants les adorent ! » La chatte Ninou, qui veille seule sur la ferme la nuit, les adorent aussi. « Elle s’installe régulièrement au milieu du poulailler. Les poules n’en ont pas peur du tout. Elles s’entendent bien. À tel point que si certaines meurent, la chatte déprime. » Mais les vrais stars de la Ferme du loup, ce sont les shetlands de Marion. Ils sont au nombre de huit. Une petite bande de poneys poilue et craquante. La fermière cavalière veille sur eux comme une louve sur ses petits. C’est grâce à eux qu’elle peut transmettre sa passion aux enfants. « Ce sont plus que des collègues de travail pour moi. Ce sont de véritables partenaires. Ils sont tous hyper cool, hyper faciles. Je les ai choisis pour ça. Ils comprennent très vite ce qu’on leur demande pour peu qu’on le fasse gentiment et, en récompense, ils adorent être grattouillés ! » À la Ferme du loup, où qu’on aille, au jardin ou dans la carrière, la notion de bienveillance revient tout le temps. Vis-à-vis du poney d’abord. « Il y a des jours où Spirit ou Princesse sont de mauvaise humeur, moins enclins à travailler. Pas question de les brutaliser. Je l’enseigne aux élèves. Il faut les respecter. » La bienveil-

“JE VEUX QUE TOUT LE MONDE SE SENTE BIEN. JE SUIS À L’ÉCOUTE”

lance est aussi de mise avec les enfants et leurs parents. Ici, pas de recherche de performance, la seule ambition à la Ferme, c’est de s’amuser.« Je veux que tout le monde se sente bien. Je suis à l’écoute. Chacun vient comme il est, progresse à son rythme. » ­Et Marion garde toujours le meilleur pour la fin ! Après chaque cours, elle emmène ses petits cavaliers, âgés de 2 à 10 ans, se balader à poney dans la forêt, à la recherche de ses trésors cachés…

VIVRE LE BASSIN


LE BILLET de… En 2007, l’animateur-producteur Pascal Bataille a bâti Côté Sable, un superbe hôtel quatre étoiles avec une vue imprenable sur le bassin d’Arcachon. Hôtel Côté Sable & Spa by Clarins 37, bd de la Plage, 33970 Lège-Cap-Ferret hotel-cotesable.com

V

ivre le Bassin… vivre sur le Bassin… vivre ici… Longtemps, je me suis couché tard et levé de bonne heure afin que ce rêve, vivre le Bassin au quotidien, devienne une réalité. C’était comme un horizon, ce Graal qu’on imagine pouvoir saisir en tendant simplement la main et qui se dérobe sans cesse, reculant à chaque fois qu’on s’en approche un peu, comme un mirage qui vous nargue, un bonheur qui se refuse.

© DR

Pascal Bataille J’avoue, j’en ai bavé (pas vous ?) avant de pouvoir enfin revenir vers mes premières amours, moi qui me suis toujours senti un enfant du Cap-Ferret, exilé, et qui revendique une seconde naissance le jour où, âgé de quelques mois à peine, ma mère m’a emmené respirer « le bon air de la presqu’île ». Ce jour-là, j’ai chopé le virus, pas cette saloperie qui nous mine depuis un an, non, le bon, le beau virus du Bassin, celui qui génère une addiction bénéfique à cette terre préservée

pour produire cet état de sérénité qu’on nomme plénitude. Les bienheureux qui ont toujours habité ici et n’ont pas eu à espérer y revenir ne comprennent peut-être pas à quel point on peut être en manque du Bassin. Pour autant, j’ai rarement rencontré un « autochtone » blasé. Il y a toutes ces plages sauvages ou apprivoisées, tous ces panoramas à découvrir pour appréhender les cent visages du Bassin, toutes ces dunes à gravir pour s’éblouir d’un soleil levant ou s’ébahir de

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la ­couleur du ciel quand il plonge dans l’océan, toutes ces marées qui génèrent des paysages mouvants, changeants, fascinants, toutes ces lumières à chaque instant différentes, envoûtantes, captivantes, tous ces scintillements sur l’eau depuis les rives de Biganos, de la pointe aux Chevaux, du port de Larros, de la plage d’Hortense, des prés salés d’Arès… Et puis, il y a ces femmes et ces hommes qui font le Bassin, qui se battent pour le préserver et le dynamiser à la fois, des gueules burinées mais aussi tant de jeunes, nés ici ou accourus, et qui n’en partiraient à aucun prix. Personne sans doute ne pourra vraiment vous résumer ce qui fait le charme si prégnant de notre territoire, mais tous vous en parleront avec, dans les yeux, cette petite lueur qui traduit non seulement un attachement viscéral mais aussi la fierté d’appartenir à une caste privilégiée. Car on ne s’approprie pas ce lieu si particulier en quelques jours. C’est un décodage minutieux, une initiation. Il faut être prêt, en être digne, manifester quelques prédispositions. C’est comme un parcours amoureux, un enracinement progressif et consciencieux. Ce magazine, au fil de ses parutions, en sera certainement un sésame indispensable. Vivre le Bassin… Quel beau projet !



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22/02/2021 12:10


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